Chronique d'Evariste
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Un homme qui opprime une femme ne saurait être libre

par Évariste
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Elles étaient des milliers, le 17 octobre dernier, dans Paris, à manifester pour une réelle égalité des droits entre les femmes et les hommes, à l’appel du collectif national pour le droit des femmes et le soutien des organisations syndicales, des associations laïques et des partis de gauche.

Les manifestantes ont dénoncé l’ignoble violence faite aux femmes dans notre pays et dans le monde. C’est ainsi qu’en France, une femme en meurt tous les deux jours et demi, et une autre est violée toutes les dix minutes (48 000 par an). Ces chiffres terrifiants s’ajoutent à ces milliers d’autres femmes qu’on oblige à s’adonner à la prostitution, qui n’est ni un métier, ni l’expression d’un libre choix de la part de ces malheureuses, mais l’une des plus abjectes formes d’exploitation de la personne et d’atteinte aux droits humains. Elles sont encore des milliers de jeunes françaises victimes de mutilations génitales, de violences sexuelles, de mariages forcés, etc. Tout ceci est inacceptable et doit cesser ! Pourtant, nos parlementaires ne semblent pas pressés, à l’exception d’une minorité d’entre eux, de voter la loi-cadre contre les violences faites aux femmes, loi que le Collectif national pour les droits des femmes leur avait soumis en 2008.

Elles ont également appelé à défendre la laïcité, hélas !, bien mise à mal par les communautaristes de gauche comme de droite, alors qu’elles constituent un barrage devant l’offensive des intégristes religieux et des traditions rétrogrades, pour interdire les ports des signes religieux dans l’école publique, la burqa dans l’espace public, etc.

La lutte contre les préjugés sexistes, notamment la lesbophobie, et pour la liberté sexuelle n’a pas été oubliée. Cette lutte passe notamment par la sécularisation totale du Code civil français avec l’abolition des discriminations entre les familles fondées sur des couples hétérosexuels et les familles fondées sur des couples homosexuels.

Il s’agit également de défendre le droit de disposer librement de son corps à travers notamment la liberté et la gratuité d’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse, droits actuellement la cible de menées réactionnaires de la part de la droite, qui est en train de fermer de nombreux centres d’I.V.G.

Elles ont également exprimé leur solidarité agissante avec les migrantes, victimes « collatérales » de la législation sur l’obtention et  la conservation d’un titre de séjour, mettant nombre d’entre elles à la merci de maris violents. Elles ont exprimé aussi cette solidarité avec ces Françaises, auxquelles on applique des accords bilatéraux que la France a signé avec certains pays. Ainsi, les intéressées se voient appliquées sur le sol français, très souvent à leurs détriments, un droit étranger, du seul fait qu’elles sont originaires de ces pays.

Nos concitoyennes sont également victimes de discriminations dans le monde du travail. Si, avec 83% des femmes qui travaillent, notre pays s’enorgueillit à juste titre de figurer dans le peloton de tête en Europe, il n’en va pas de même sur d’autres plans. C’est ainsi que les femmes représentent 80% des travailleurs pauvres, occupent 85% des emplois à temps partiel, et perçoivent des salaires 27% moindres en moyenne que ceux des hommes et des pensions de retraire souvent inférieures à celles de leur mari. Nous pouvons incriminer les politiques familiales en France favorisant le maintien au domicile des mères, l’insuffisante compensation des préjudices subis durant leur carrière professionnelle, de ce fait les atteintes à la qualité et à l’universalité des modes d’accueil des jeunes enfants, ainsi que l’absence d’un service public de la petite enfance.

Elles se voient aussi pour la plupart barrer l’accès aux postes à responsabilité dans les entreprises, notamment dans les plus grandes où elles ne sont que 9% des membres des Conseils d’administration, contre 40% en Norvège, 17% au Danemark, 15% aux États-Unis d’Amérique. Elles sont également à peine moins discriminées négativement dans la haute administration de la fonction publique. De même qu’elles ne sont que 14% dans les instances dirigeantes des syndicats patronaux, mais 36% des syndicats de salariés (encore un effort, camarades !).
Quant à l’Assemblée nationale et au Sénat, leur nombre demeure ridiculement bas, ainsi que dans les Conseils régionaux, généraux et municipaux.

Une loi a bien été votée, en 2006, prévoyant des sanctions contre les entreprises qui pratiquent des inégalités salariales, mais elle est inapplicable en l’état. Et pour cause ! Elle ne précise pas la nature des sanctions à l’encontre des contrevenants.

Brigitte Grésy, inspectrice générale des affaires sociales, avance, dans son rapport de juillet 2009, pas moins de quarante propositions pour établir l’égalité entre les deux sexes.

Marie-Jo Zimmermann, députée UMP et présidente de l’observatoire sur la parité hommes-femmes dans le domaine politique, a, quant à elle, déposé en 2008 une proposition de loi relative à l’instauration d’un quota de 40% de cadres de sexe féminin dans les Conseils d’administration des grandes entreprises françaises.

Il est par ailleurs important, pour l’efficacité de la lutte, de ne pas se tromper sur la nature fondamentalement démocratique, et non pas de classes, du combat pour les droits des femmes. Par démocratique, on entend ici d’abord une question qui concerne les femmes de toutes les classes, couches et catégories sociales, même si cela n’est pas vécu ou perçu avec la même acuité. Et ensuite, que du progrès d’une question particulière, et en même temps aussi primordiale que la condition féminine, dépend le progrès général de la société.

Ceci n’empêche pas chacune des femmes de lui ajouter — ou lui substituer le cas échéant — un contenu de classes ou catégoriel. De là, devrait découler une stratégie de lutte inclusive, et non pas exclusive. Cette distinction sur la nature de ce combat nous évite d’opposer artificiellement entre elles, par sectarisme politique, les diverses luttes pour les droits des femmes, mais de les conjuguer, car chacune d’entre elles, même celles dont les objectifs sont modestes ou nous apparaissent comme tels, constitue à la fois un jalon et un tremplin pour d’autres luttes et d’autres acquis au profit de tous les Hommes.

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Les catégories fondamentales du capitalisme

par Guillaume Desguerriers

Dans un article du Monde, daté du dimanche 4 octobre et lundi 5 octobre 2009, Sylvain Cypel exposait : « … par ailleurs, en 2008 la FDIC a dû, dans le cadre du plan de sauvetage financier, garantir 1 500 milliards de dollars de dettes “pourries” de ses adhérents », le FDIC étant la compagnie fédérale de garantie des dépôts bancaires américaine. Rappelons que le budget de l’État français est d’environ 400 milliards d’euros… La garantie portée ne repose donc sur rien de tangible. Comment la machine économique a-t-elle pu en arriver à ce point de rupture avec la réalité et l’entendement ?

« L’économisme » : paradigme dominant de l’ère industrielle

Depuis le tournant entre le XVIIIe et le XIXe siècle, le paradigme dominant est l’économisme. Ce paradigme consiste en un système de valeurs éthiques et culturelles dont les pratiques réduisent la totalité de la compréhension du réel à la seule sphère économique ; de là, les catégories fondamentales (pour le dire en langage marxiste) du capitalisme : argent (capital), travail et le trio production/exploitation/consommation. Il faut comprendre qu’un paradigme gouverne à la représentation du réel et donc aux actions dans les trois rapports fondamentaux qui concernent l’individu : l’individu par rapport à lui-même, par rapport à autrui et par rapport au monde vivant. Se retrouvent bien les trois grands piliers que sont : la perception et la construction de l’individualité, de la société et de l’écosystème.

Dans cette représentation, il découle que l’argent, la production, l’accumulation, sont « tout », qu’ils sont « la finalité », et que le travail et l’exploitation n’ont d’autres finalité que d’amasser et produire. Mais dans cette représentation, il découle également que tout est un moyen au service de cette finalité. L’homme, les sentiments, le monde, la nature, le temps, tout est exploitable sans limite à cette seule finalité qui est la mesure d’une vie réussie. De là les adages : « le temps c’est de l’argent », « le travail c’est la santé » ou le fameux « le travail rend libre » que l’on doit à Hegel dont Stakhanov sera le digne représentant.

L’économisme est donc ce réductionisme de pensée, qui réduit la compréhension de toute chose à la seule compréhension et finalité économique. Rien d’étonnant qu’aujourd’hui le programme politique se réduise à des mesures économiques ! Rien d’étonnant également à ce que dans ce système de valeurs l’individualité soit réduite, et pensée, par la force de production. A ce titre, l’expérience du soviétisme illustre l’échec de ce paradigme dont la conséquence était de penser que la modification des moyens de production permettrait l’émergence d’un homme nouveau.

Conclusion parfaitement logique dans un monde réduit à l’économie, où la politique n’est que de « l’économique politique ». Mais face à la réalité du monde et de ce qu’est un être humain, cet échec montre que l’hypothèse de départ (à savoir l’économisme lui-même) repose sur une perception erronée du monde (il ne peut donc en découler que des erreurs).

Voilà un enseignement que la gauche du XXIe siècle doit comprendre, elle qui a fini par accepter au cours du XXe siècle l’indépassabilité de l’économisme et argumenter l’unique possibilité d’aménagement du capitalisme, au lieu de son dépassement pur et simple (ce qui était historiquement sa raison d’être). Problème : son dépassement demande de sortir de l’économisme, donc de penser un autre paradigme, c’est-à-dire de construire une ligne politique sur autre chose que l’économie et de refuser les catégories du capitalisme : travail, argent, production / exploitation / consommation.

Historique

Le paradigme de l’ère industrielle naît dans la classe bourgeoise d’avant la Révolution et se constitue en opposition au paradigme de la noblesse de l’Ancien Régime. Il se développe dans la seule « niche » que les nobles concèdent à la bourgeoisie : l’activité économique. L’économisme va s’imposer plus ou moins violemment dans les sociétés européennes (par la Révolution en France, mais plus facilement en Angleterre) au tournant du XVIIIe et XIXe siècle. Ce paradigme constitue un véritable renversement des valeurs éthiques et culturelles au profit de l’univers de vie du bourgeois marchand. Sur ce point, Max Weber dans Ethique protestante et esprit du capitalisme montre comment le protestantisme, dont Hegel se revendiquait, illustre une justification d’un mode de vie, c’est-à-dire d’un ensemble de valeurs éthiques et culturelles exclusivement tournées vers l’activité économique. Hegel soulignant : « le dur travail contre la subjectivité de la conduite, contre l’immédiateté du désir, aussi bien que contre la vanité subjective du sentiment de l’arbitraire et du bon plaisir ». Du sommet jusqu’à la base de la société, il s’agit de légitimer une conception du monde et de la vie fondée sur les catégories fondamentales de l’activité économique que sont : travail, argent, production / exploitation / consommation.

Le fordisme représente certainement le point le plus abouti de cette conception du monde. La culture de l’argent occupe les possédants, la production et l’exploitation les industriels, le travail légitimant la fierté et la construction identitaire des autres (c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de capital et qui sont aliénés par leur propre condition). Aujourd’hui, les cadres stressés arguent que le stress est « normal » lorsque l’on « réussit »… eux aussi, simples employés aliénés dans la machine capitaliste.

La grande intelligence de Ford est d’avoir compris que si le capitalisme s’impose par son appareil productif, il se pérennise par son attachement individuel, donc par ce qu’il permet de façonner l’individu. Autrement dit, Ford tâche de développer la consommation, car elle permet, par l’usage de la publicité, de pousser l’aliénation jusqu’à la construction identitaire au lieu de la cantonner au collectif (dans le travail). L’aliénation par le travail pour lesquels certains, y compris à gauche, tentent de fonder une construction de l’individualité, ne suffit pas, il lui faut un adjuvant pour finir d’emprisonner l’individualité jusque dans son propre foyer (son salon, sa salle de bain, etc. ).

Par la publicité, le capitalisme travaille à faire croire à la liberté et la construction individuelle par la possibilité de consommation et ainsi il finit d’emprisonner la construction identitaire, donc construit l’attachement aliéné au capitalisme. C’est précisément cet élément de construction identitaire qui manquera au soviétisme ou à l’état social dans la France d’après-guerre qui miseront sur un attachement purement collectif, au lieu de jouer sur les deux tableaux (l’individu et le collectif). De fait, si le capitalisme s’impose collectivement par son appareil productif, il se maintient au moyen des individus par l’aliénation aux mécanismes de consommation qui asservissent même les plus démunis et garantissent que si l’un d’entre eux parvient à échapper financièrement à sa condition, il sera un serviteur zélé de l’ordre existant.

Mais, dans ce schéma bien huilé, plusieurs ruptures fondamentales vont subvenir pour mener à la crise actuelle qui marque les impossibilités de l’économisme face aux réalités du monde ; c’est-à-dire son incapacité, avec ses catégories fondamentales, que sont le travail, l’argent et le trio production / consommation / exploitation, à asservir le réel et à poursuivre son développement. Ce sont ces ruptures (développées dans l’article du prochain numéro) qui vont révéler encore davantage l’incapacité de l’économisme dans sa gestion du monde, mais également montrer que l’économisme est aujourd’hui incapable, sur son terrain de prédilection, de faire face à une crise économique de la valeur.

La gauche du XXe siècle avait accepté l’indépassabilité du capitalisme et renoncé à son dépassement. Aujourd’hui, la crise actuelle montre que la ligne d’acceptation / soumission à l’économisme est une erreur politique. Il faut donc renouer avec le dépassement du capitalisme au cœur du projet politique et refuser absolument les catégories fondamentales du capitalisme pour fonder ce projet politique : l’individu ne sera pas plus libre s’il reste asservi à une machine de production. En d’autres termes, il s’agit de mettre en avant les éléments d’un nouveau paradigme sur lequel ancrer le rapport à l’individualité, le rapport au collectif, le rapport au monde vivant propre à dépasser le capital, le travail, et la production / consommation / exploitation.

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Le communautarisme, un virus mortel pour la République

par Mohamed Sifaoui
Journaliste, Ecrivain et Réalisateur.
www.mohamed-sifaoui.com/

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Une équipe de football composée de « musulmans pratiquants » refuse de jouer un match contre une autre formation dont les membres revendiquent leur homosexualité. L’information a créé un scandale. Entre les deux associations sportives, la rencontre risque fort bien de se dérouler dans l’enceinte d’un tribunal puisque l’équipe discriminée – c’est de cela qu’il s’agit – songe à porter l’affaire devant la justice et elle a raison.
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Beaucoup semblent s’étonner que de telles choses se produisent. J’avoue que cette affaire est loin de constituer une surprise pour ceux qui suivent avec attention la société française et notamment cette effroyable montée des communautarismes. Il est une évidence inquiétante à mes yeux : les Français ont de plus en plus de mal à se mélanger. Les citoyens – qui ne le sont plus vraiment – préfèrent côtoyer d’autres Français avec lesquels ils partageraient une religion, des origines ethniques, une orientation sexuelle ou une corporation, mais certainement pas des valeurs. Aussi, lorsque des équipes – y compris de football – naissent sur ces bases, il ne faut plus s’étonner de rien. L’équipe des Antillais du sud de la France, la section football des Juifs sépharades, le club des homosexuels, l’association des musulmans footballeurs sont des dénominations qui peuvent exister de nos jours. Tout comme existent une multitude d’associations dites « citoyennes » dont les adhérents ne défendent rien d’autre que leur petite chapelle. Bonjour la France républicaine une et indivisible.

Ces dernières années, des associations juives sont nées pour se battre – et c’est un combat légitime – contre l’antisémitisme, mais la plupart d’entre elles, ne se battent que contre ce fléau et sont totalement insensibles aux autres racismes ; des associations islamiques sont nées également pour défendre les droits des musulmans, mais des musulmans seulement, et certaines d’entre elles préfèrent même propager des idées nauséabondes comme celles contenues dans le salafisme par exemple ; des associations d’homosexuels ont aussi vu le jour, mais elles ne s’intéressent, pour la plupart, qu’à l’homophobie ; des associations noires sont apparues et quelques-unes veulent une repentance sur l’histoire de l’esclavage bref, les exemples regorgent et le repli sur soi fait peur. Il fait peur parce qu’il est souvent accompagné de crispations identitaires hallucinantes.

La France est devenue un pays segmenté et je pense même que la société française est prête à recevoir le communautarisme à bras ouvert, en tout cas, elle s’en accommode allègrement. Les ghettos ne sont plus géographiques et basés sur des considérations socio-économiques, ils sont désormais mentaux et reposent sur des considérations ethno-raciales, culturelles, religieuses, mais aussi sexuelles.

Il ne s’agit pas de cacher son identité, je ne plaide guère pour de tels comportements, mais je m’interroge sur toutes ces personnes qui brandissent tel un étendard un, et un seul, composant de leur identité. Les citoyens ne savent plus dire « je suis français » : ils sont « homos d’abord, Français ensuite » ; « juifs d’abord, Français ensuite » ; « musulmans d’abord, Français ensuite » ; « Africains d’abord, Français ensuite », etc.

La France est devenue en quelque sorte une résidence secondaire, utilisée comme lieu de villégiature par beaucoup de ses citoyens. Les gens y vivent en gardant les yeux rivés sur un ailleurs idéalisé. Les plages de Tel-Aviv seraient ainsi meilleures que celle de Marseille et le soleil d’Alger ou de Rabat plus luisant que celui de Nice. Il fait bon vivre à Toulouse, mais on lui préfère Dakar. Si la France est douce, l’ailleurs, l’est beaucoup plus !

Voilà en substance, l’état d’esprit qui règne dans cette société qui risque de devenir celle du repli sur soi et de l’exclusion. L’intolérance s’installe sous nos fenêtres et beaucoup continuent néanmoins de chanter « Douce France ! »

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En défense du Darwinisme

par Nicolas Voisin
Membre du Bureau National du Parti de Gauche
nicolas.voisin.over-blog.fr
www.lepartidegauche.fr

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Publié sur le site du Parti de Gauche

Dans quelques jours, sera célébré en France et partout dans le monde, le 150ème anniversaire de la première publication de L’Origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (traduction littérale du titre original en anglais). En effet, le 24 novembre 1859, à Londres, les 1250 exemplaires du premier tirage du livre de Charles Darwin étaient vendus dans la journée. Il s’agissait d’un pas de géant dans l’histoire de l’Humanité, dans sa marche pour la connaissance scientifique, mais aussi pour son émancipation, permettant une compréhension scientifique - libérée des croyances et des idéologies - du mécanisme de transformation et de diversification adaptative des espèces dans leur milieu, désignée aujourd’hui comme la théorie darwinienne de l’évolution. Cette découverte, enrichie des apports ultérieurs de la génétique, constitue le seul socle scientifique d’explication de l’évolution des organismes vivants.

Cet événement est célébré aujourd’hui dans le monde entier, et « l’année Darwin » qui a été organisée en France a été marquée par un grand nombre de publications, de manifestations, de conférences, d’expositions, dont il faut se féliciter et qui soulignent toute l’importance et la modernité de l’œuvre. Cependant, il y a lieu aussi de s’inquiéter de l’offensive radicale et massive du mouvement créationniste qui avance aujourd’hui sous sa forme contemporaine du Dessein Intelligent (Intelligent Design - ID). Un ouvrage très synthétique et très documenté a été publié sur ce sujet en 2008 aux éditions Syllepse, sous le titre Les créationnismes : une menace pour la société française ?. S’il ne fallait en lire qu’un, ce serait celui là !

Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau décrivent d’abord les différentes branches du mouvement créationniste qu’il est utile d’identifier : littéralistes ; partisans de « l’inerrance » de la bible ; promoteurs des « sciences » de la Création cherchant des preuves matérielles des événements racontés par la Bible ; etc… Mais l’essentiel de l’ouvrage est consacré au dessein intelligent et à sa stratégie globale mise en œuvre depuis une quinzaine d’années.

On aurait bien tort de prendre à la légère ce mouvement, et de le considérer comme une spécificité - un peu folklorique - des États-Unis, où fleurissent comme on le sait des musées de la création faisant cohabiter sur le pont de l’arche de Noé des T-Rex et des hommes. Du reste, on peut déjà considérer avec gravité le fait que ces formes les plus grossières du créationnisme prospèrent à ce point au cœur même de la première puissance économique du monde, disposant de relais institutionnels, financiers et médiatiques très puissants, jusque dans l’entourage immédiat de la précédente présidence.

Qu’est-ce que le Dessein Intelligent ?

L’idéologie du dessein intelligent se distingue habilement de ce créationnisme primitif et caricatural. Elle ne nie pas frontalement ni le temps géologique ni le principe de l’évolution des espèces. Elle les admet même volontiers, mais l’évolution qu’elle retient n’est pas celle qui est définie dans la théorie darwinienne qui repose sur le hasard, la variation indéterminée des traits héréditaires, et la sélection naturelle par adaptation au milieu.

Au nom d’une démarche prétendument expérimentale, accréditée par des « spécialistes » de la génétique ou de la paléontologie, les idéologues de l’I.D. se concentrent sur des exemples particuliers, comme certains systèmes biologiques considérés par eux comme sont trop complexes pour être le résultat de l’évolution (thèse de la « complexité irréductible », des flagelles cellulaires et système immunitaire par exemple), afin d’insinuer le doute sur l’ensemble de la théorie darwinienne. Là se trouve l’argument central de l’I.D. : si un seul exemple de système biologique observé vient à échapper à la théorie darwinienne de l’évolution, alors c’est bien sûr l’ensemble de la théorie qui s’effondre. La brèche est alors ouverte pour d’autres explications, impliquant une intervention divine ou intelligente dans la création et l’évolution de la vie. Cette thèse, qui tient beaucoup du sophisme et repose sur beaucoup d’approximations dans les exemples décrits, est rejetée par une immense majorité du monde scientifique.

Aux États-Unis, les tentatives d’introduire l’idéologie du dessein intelligent dans les programmes de l’enseignement public comme une alternative à la théorie darwinienne se heurtent d’ailleurs - jusqu’à présent (procès de Dover en 2005) - à une résistance forte. Mais sur le terrain pseudo scientifique, des fondations et institutions privées pullulent et débordent aujourd’hui très largement les frontières des Etats-Unis.

Une stratégie politique mondiale

Car l’autre originalité de la démarche des obscurantistes contemporains de l’I.D. réside dans la stratégie politique qu’ils développent au travers de ces organismes prétendument universitaires, en cherchant notamment à créer des carrefours où se croiseraient, à égalité pour expliquer le monde et chercher un sens à la vie, des représentants de la science, des religions, des mouvements philosophiques et politiques. Il s’agit là d’une attaque frontale, niant les principes fondateurs de la méthode scientifique héritée des Lumières.

Très implantée aux États-Unis, cette entreprise trouve partout dans le monde des relais financiers et institutionnels très influents. En Europe, des théologiens des trois religions monothéistes - juive, chrétienne et musulmane - la relaient ouvertement en trouvant dans l’I.D. un argument redoutable pour imposer la réintroduction des religions dans le domaine public. Sous l’impulsion de Benoît XVI, le Vatican s’implique de plus en plus dans les débats concernant la science. Des responsables politiques et des personnalités célèbres de la communauté scientifique y apportent leur caution. Au sein même des institutions de l’UE, ses promoteurs ont déjà provoqué des incidents multiples, notamment sur la place de la thèse créationniste et de la théorie darwinienne de l’évolution à égalité dans l’enseignement. Des ministres européens en fonction ont pris position dans ce sens. Berlusconi a tenté un passage en force pour modifier les programmes scolaires. La liste que dresse l’ouvrage de Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau des exemples révélant l’influence en Europe du dessein intelligent dans le monde est impressionnante.

En France aussi, ce mouvement s’est implanté, avec notamment l’Université interdisciplinaire de Paris (UIP), principale officine de l’I.D. à la française, largement financée par la Fondation Templeton « pour le progrès de la Religion », et dont l’objet clairement affiché est de favoriser les convergences entre science et religion. Il existe bien d’autres structures comme le Cercle scientifique et historique (CESHE) ou et le Centre d’étude et de prospective sur la science (CEP).

On découvrira dans l’essai Les créationnismes : une menace pour la société française ? un inventaire assez exhaustif du réseau créationniste dans notre pays. On aura la grande surprise de découvrir le nom de certaines personnalités connues, qui s’expriment régulièrement sur l’actualité de la science sur les grands médias nationaux, qui publient des ouvrages très largement diffusés, cohabitant dans les organismes liés à l’I.D. aux côtés d’acteurs bien connus de mouvements religieux traditionalistes, intégristes et bien souvent liés à l’extrême droite.

Mais au-delà de cette enquête très documentée sur une entreprise idéologique redoutablement structurée et déterminée, ce livre révèle aussi la grande fragilité des remparts qui existent dans notre pays, avec une école publique de plus en plus fragilisée, une recherche publique démantelée, et, de plus en plus ouvertement, la remise en cause de la loi de la séparation des Eglises et de l’Etat (discours de Latran du président de la République Nicolas Sarkozy).

Une idéologie au service du capitalisme

A partir de la lecture de ce livre, qui invite à de passionnantes réflexions, un lien évident apparaît entre la diffusion actuelle de l’idéologie de l’Intelligent Design et la nature actuelle du capitalisme financier. Comme on le sait, ce dernier a modifié en quelques décennies la totalité des rapports humains, imposant ses normes productivistes et mercantiles jusque dans les relations les plus intimes de l’homme au monde. Cette sorte d’hyper-matérialisme mercantile, dont le caractère parfaitement amoral est apparu à l’occasion de la crise mondiale du système, a besoin d’une idéologie renouvelée pour se justifier et se maintenir. Il faut observer pour s’en convaincre l’agitation des derniers G8 prétendant « moraliser » le capitalisme. Dans ce cadre, les fondements matérialistes de la théorie darwinienne de l’évolution apparaissent comme un danger mortel, puisqu’ils contribuent depuis 150 ans à désacraliser l’homme et son évolution. Voici ce qu’on peut lire dans le Wedge Document, publié par la puissante institution créationniste américaine Discovery Institute : « Discréditant les conceptions traditionnelles de Dieu comme de l’Homme, des penseurs comme Charles Darwin, Karl Marx et Sigmund Freud ont dépeint les humains non comme des êtres moraux et spirituels, mais comme des animaux ou des machines évoluant dans un univers régi par des influences purement impersonnelles, dont le comportement et même les pensées sont dictés par les forces inébranlables de la biologie, de la chimie et de l’environnement. Cette conception matérialiste de la réalité a fini par contaminer quasiment tous les domaines de notre culture - de la politique et de l’économie à la littérature et à l’art. » L’Intelligent Design propose donc une « théorie » globalisante, indispensable au maintien du modèle de société capitaliste, qui promet de « renverser la vision matérialiste du monde et de la remplacer par une science conforme aux convictions chrétiennes et théistes ».

Si le Parti de Gauche n’a pas vocation à se mêler du contenu de la recherche scientifique, il est en revanche directement impliqué lorsque sont remises en causes les conditions politiques et matérielles qui garantissent l’indépendance de l’école et de la recherche scientifique. C’est exactement ce qui est en train de s’accomplir avec l’offensive actuelle des créationnistes de l’Intelligent Design. S’attaquant aux fondements même de la science, cette entreprise n’a rien de scientifique et il serait irresponsable de laisser la communauté scientifique se défendre seule. L’Intelligent Design est une entreprise clairement politique qu’il s’agit de combattre politiquement.

Les créationnismes. Une menace pour la société française ?
Cyrille Baudouin et Olivier Brosseau,
Editions Syllepse, mai 2008, 138 p., 7€

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Musulmanophobie, ce mot mal aimé

par Hakim Arabdiou

Au grand dam des féministes et des laïques (de gauche comme de droite), le terme islamophobie, employé dans sa fausse acception de racisme anti-musulmans, est en train de se généraliser mondialement et même d’être officialisé à l’ONU, sur instigation des régimes islamistes.

En effet, beaucoup de citoyens, de démocrates et d’anti-islamistes, tant en France que dans de nombreux pays, ont adopté ce mot par méprise et aussi, parce qu’il est d’un emploi facile, comme le reconnaissent certains de ses détracteurs.

Or, on sait que les régimes et les organisations islamistes, avec le soutien d’une frange de la gauche en Occident, utilisent ce terme pour dénoncer aussi bien le racisme et les discriminations en Europe et en Amérique du Nord, dont sont victimes des musulmans ou des personnes de cette origine, uniquement pour disqualifier la légitime critique de l’islam et surtout de leur projet de société réactionnaire et inégalitaire.

Ils accusent également les opposants laïques ou féministes au terme islamophobie de négationnisme envers le racisme anti-musulman, tout en imposant un silence total sur le mot musulmanophobie, si tant est que leur intention est de lutter – exclusivement – contre le racisme touchant les adeptes de cette religion.

Cependant, nombre de féministes et de laïques vivant dans les pays musulmans ou en Occident s’inquiètent que cette accusation puisse trouver un certain écho auprès de diverses opinions publiques et dans des instances internationales ; et pas seulement à cause de l’existence effectivement d’une frange, ultra-minoritaire, de laïques musulmanophobes ou Arabophobes.

Si pour ces féministes et ces laïques le rejet du mot islamophobie est largement justifié, ce qui l’est beaucoup moins, c’est l’obstination des adversaires de ce mot à refuser, à l’instar des islamistes, l’emploi d’un terme de substitution, tel que musulmanophobie.

Selon eux, ce dernier terme cumule pourtant les deux avantages : il exprime avec clarté la haine des musulmans et il est d’un maniement facile ; d’autant plus qu’on a créé facilement les termes, lesbophobie, homophibie, judéophobie… Aussi, l’universalité de la lutte antiracisme n’entraîne-t-elle pas logiquement un traitement similaire pour les Arabes et les musulmans ou de ces origines victimes de ce fléau ?

D’où leurs interrogations : « Pourquoi les détracteurs du terme islamophobie imposent-ils, depuis des années, le black-out sur le mot musulmanophobie ? » « Ne font-ils pas ainsi le jeu des islamistes et des forces réactionnaires en France et dans le monde ? » « Ne font-ils pas également le jeu des racistes et des négationnistes de tout bord ayant trait à ce type de racisme ? », etc.

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L’islam politique

par Samir Amin
Président du Forum Mundial des Alternatives (FMA)

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Texte publié en Janvier 2007 sur le site à l’Encontre

Quelle est la nature et quelle est la fonction, dans le monde musulman contemporain, des mouvements politiques qui se prétendent la seule vraie foi islamique ? En Occident, ces mouvements sont habituellement appelés «fondamentaliste islamique». Je préfère l’expression utilisée dans le monde arabe : «L’islam politique».

Nous n’avons pas là affaire à des mouvements en soi religieux – les divers groupes sont tous assez proches les uns des autres ­­– mais à quelque chose de beaucoup plus banal : des organisations politiques dont l’objectif est la conquête du pouvoir, ni plus ni moins. Si ces organisations se drapent dans la bannière de l’islam, c’est tout simplement par opportunisme.

L’islam politique moderne a été inventé par les orientalistes au service du colonialisme britannique en Inde et a été repris tel quel par Al-Mawdûdî au Pakistan [né au sud de l’Inde en 1903, établit au Pakistan en 1947 suite à la «partition» de l’Inde, avec la création du Pakistan ; il est décédé à Lahore en septembre 1979]. Sheikh Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî fut le fondateur, en 1941, du parti Jamaat-i-islami. Son approche visait principalement à «prouver» que les croyants musulmans ne peuvent vivre que sous le régime d’un Etat islamique, car l’islam ne peut pas permettre la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ces orientalistes, qui préparaient ainsi la partition de l’Inde, oubliaient fort à propos que les Anglais du 13e siècle avaient exactement cette conception du christianisme.

L’ennemi sans merci de la libération

L’islam politique ne s’intéresse pas à la religion qu’il invoque. Il ne propose aucune critique théologique ou sociale. Ce n’est pas une «théologie de la libération» analogue à ce qui s’est développé en Amérique latine1 . L’islam politique est l’ennemi de la théologie de la libération. Il professe la soumission et non l’émancipation. Mahmoud Muhammad Taha [né du famille modeste vers 1909, dans le Soudan qui était encore une colonie britannique] au Soudan a été le seul intellectuel islamique qui a essayé de développer l’élément de l’émancipation dans son interprétation de l’islam. Quand Taha a été condamné à mort en 1985 pour ses idées par les autorités de Khartoum2 , son exécution n’a été condamnée par aucun groupe islamique, ni «radical» ni «modéré». Aucun des intellectuels qui se réclament de la «renaissance islamique» n’a pris sa défense, ni même ceux qui veulent seulement «dialoguer» avec de tels mouvements. Son exécution n’a même pas été rapportée par les médias occidentaux.

Les hérauts de la «renaissance islamique» ne s’intéressent pas à la théologie et ils ne font jamais référence à des classiques de la théologie. Pour de tels penseurs, une communauté islamique se définit par l’hérédité, comme l’ethnicité, plutôt que par une conviction personnelle forte et intime. Il s’agit d’affirmer une «identité collective» et rien de plus. C’est pourquoi l’expression : «islam politique» est la désignation appropriée à de tels mouvements.

De l’islam, l’islam politique ne retient que les coutumes partagées de la vie musulmane contemporaine, principalement les rituels dont il exige un respect absolu. En même temps, il exige un retour culturel complet aux règles publiques et privées qui avaient cours il y a deux siècles dans l’Empire ottoman, en Iran et en Asie centrale, sous les pouvoirs qui y dominaient alors. L’islam politique croit, ou prétend croire, que ces règles sont celles du «véritable islam», celui de l’époque du Prophète. Cela n’a pas vraiment d’importance. Il est certain que l’islam rend possible une pareille interprétation afin de légitimer l’exercice du pouvoir. De fait, c’est ainsi qu’a été utilisée une telle interprétation depuis les origines de l’islam jusqu’aux temps modernes.

En ce sens, l’islam n’est pas original. La chrétienté a fait la même chose avec le christianisme pour justifier les structures du pouvoir politique et social dans l’Europe prémoderne, par exemple. N’importe qui doté d’un minimum de conscience et d’esprit critique reconnaît que derrière les discours justificateurs il y a des systèmes sociaux réels ayant passé par des histoires réelles.

L’islam politique ne s’intéresse pas à cela. Il ne propose aucune analyse ou critique de ces systèmes. L’islam politique contemporain n’est qu’une idéologie basée sur le passé, une idéologie qui propose un retour pur et simple au passé, et plus précisément un retour à l’époque immédiatement antérieure à la soumission du monde musulman à l’expansion du capitalisme et de l’impérialisme occidental. Que des religions comme l’islam, le christianisme et d’autres soient ainsi interprétées d’une manière réactionnaire [au sens de retour en arrière] et obscurantiste n’exclut pas d’autres interprétations, réformistes voire révolutionnaires. Non seulement le retour au passé n’est pas souhaitable ; d’ailleurs cela n’est pas réellement souhaité par les peuples au nom desquels l’islam politique prétend parler. De plus, c’est simplement impossible.

C’est la raison pour laquelle les mouvements qui constituent l’islam politique refusent de proposer un programme précis, contrairement à ce qui se fait habituellement dans la vie politique. Pour répondre aux questions concrètes dans les domaines social et politique, l’islam politique répète le slogan creux : «l’islam est la solution».

Lorsqu’ils sont poussés dans leurs retranchements, les porte-parole pour l’Islam politique ne manquent jamais d’opter pour une réponse en harmonie avec le capitalisme libéral. Par exemple, lorsque le gouvernement égyptien accorde une liberté de manœuvre absolue aux propriétaires terriens, et rien du tout aux paysans ayant le statut de fermier qui travaillent leur terre dans leur malheureux effort de produire une «Economie Politique Islamique». Les auteurs de manuels sur le sujet (financés par l’Arabie Saoudite) n’ont réussi qu’à camoufler les préceptes les plus banals du libéralisme américain. sous une couche d’aspect religieux

Une dictature enturbannée en Iran

La République Islamique d’Iran prouve cette règle générale, malgré les confusions qui ont contribué à son succès : un développement rapide du mouvement islamiste en parallèle avec la lutte séculière, socialiste, menée contre la dictature du Shah [renversé en décembre 1978], socialement réactionnaire et alignée sur les Etats-Unis.

Suite au renversement du Shah, le comportement extrêmement excentrique des mollahs était «compensé» par leurs prises positions anti-impérialistes, dont ils tiraient une puissante légitimité populaire et qui avaient des échos bien au-delà des frontières de l’Iran. Mais, graduellement, le régime a montré qu’il était incapable de fournir la direction indispensable pour stimuler un développement socio-économique vigoureux et novateur, alors qu’il disposait d’une rente pétrolière. La dictature enturbannée des hommes de religion qui ont repris celle des «Caps» (militaires et technocrates) a entraîné une dégradation massive de l’appareil économique du pays. L’Iran, qui se vantait d’avoir «fait la même chose que la Corée du Sud», se trouve maintenant dans le groupe des pays du Quart-monde.

L’indifférence manifestée par l’aile de la droite dure du régime face aux problèmes sociaux que doit affronter la classe travailleuse du pays a suscité des «réformateurs», dont le but a été de modérer la dureté de la dictature théocratique, mais sans renoncer à son principe de base : le monopole du pouvoir politique.

En reconnaissant l’étendue du désastre économique de la République Islamique , les «réformateurs» ont pris la décision pragmatique de réviser graduellement leurs postures «anti-impérialistes». Ils visent à réintégrer l’Iran dans le monde banal comprador3  du capitalisme dans les périphéries.

Le système de l’islam politique en Iran a atteint une impasse. Les luttes sociales et politiques dans lesquelles le peuple Iranien est maintenant plongé pourraient bientôt conduire au rejet du principe même de «wilaya al faqui», principe qui place le clergé au-dessus de toutes les autres institutions de la société politique et civile. La République islamique d’Iran n’a pas conçu un autre système politique que celui d’une dictature du parti unique monopolisé par les mollahs.

On a souvent fait des comparaisons erronées entre les partis islamistes et les partis de la démocratie chrétienne en Europe. Autrement dit, puisque les démocrates chrétiens ont gouverné l’Italie durant 50 ans, pourquoi un parti islamiste ne gouvernerait-il pas l’Algérie et l’Egypte ? Mais une fois au pouvoir, un gouvernement islamique abolit immédiatement et définitivement toute forme d’opposition politique légale.

Une théocratie néolibérale

Si l’Islam politique n’est qu’une version du néolibéralisme, prônant les vertus du marché - évidemment totalement dérégulé - il est aussi la négation absolue de la démocratie. Selon l’Islam politique, la loi religieuse (la sharia) a déjà donné une réponse à toutes les questions, soulageant ainsi l’humanité de la difficulté d’inventer des lois - une définition de base de la démocratie - et nous permet tout au plus d’interpréter les nuances de la loi divine.

Ce genre de propos idéologiques ignore la réalité, ignore l’histoire actuelle des sociétés musulmanes, dans lesquelles il a été évidemment nécessaire d’inventer des lois, même si cela a été fait sans l’avouer. Cela signifiait que seule la classe qui gouvernait avait le droit et le pouvoir d’interpréter la sharia. L’exemple extrême de ce genre d’autocratie est l’Arabie Saoudite, un pays sans constitution, dont les dirigeants déclarent que le Coran est un substitut satisfaisant. Dans la pratique, la Maison des Saoud a le pouvoir d’une monarchie absolue ou d’une chefferie tribale.

L’islam politique contemporain n’est malheureusement pas le résultat des soi-disant abus du sécularisme, comme cela a souvent été expliqué. Aucune société musulmane de l’époque moderne – sauf sous des formes spécifiques dans l’ancienne Union Soviétique – n’a jamais été réellement laïque, et encore moins été offensée par les innovations audacieuses d’un pouvoir athée et agressif. Les états semi-modernes de la Turquie de Mus tafa Kemal Atatürk [qui arrive au pouvoir en 1923, décède en 1938], de l’Egypte de Nasser [1954-1970|, de l’Irak et de la Syrie du Baas4 , ont seulement domptés les hommes de religion (comme cela s’est souvent passé autrefois) pour leur imposer des idées dans le seul but de légitimer les options politiques de l’Etat.

En fait, l’islam politique n’est rien d’autre qu’une adaptation au statut subordonné du capitalisme comprador. Sa prétendue forme «modérée» constitue probablement le principal danger qui menace le peuple, puisque la violence des «radicaux» ne sert qu’à déstabiliser l’Etat en attendant l’imminente installation d’une nouvelle puissance compradore qui s’ajuste aux objectifs des «modérés» si aimés par l’Occident (ceux en Iran en sont un bon exemple5 ). Le soutien constant offert par les diplomaties pro-américaines des pays de la triade (Etats-Unis, Europe et Japon) vers la recherche de cette «solution» au problème est tout à fait cohérent avec leur désir d’imposer l’ordre néolibéral globalisé au service du capital dominant transnational.

La combinaison d’une économie libérale et d’une autocratie politique convient parfaitement à la classe compradore dominante chargée de gérer les sociétés à la périphérie capitaliste contemporaine. Les partis islamistes sont tous des instruments de cette classe.

Cela est vrai non seulement des Frères musulmans et d’autres organisations considérées comme modérées, et dont les liens étroits avec la bourgeoisie sont bien connus. C’est également vrai des petites organisations clandestines qui pratiquent le «terrorisme». Les deux sont des instruments utiles de l’islam politique, et la division du travail est hautement complémentaire entre ceux qui utilisent la violence et ceux qui infiltrent les institutions d’Etat (surtout dans les domaines de l’éducation, du judiciaire, des médias de masse, et, si possible, de la police et des militaires).

Pour tous ces groupes et activités, il y a un seul objectif : la saisie du pouvoir d’Etat, même si au lendemain de la victoire prévue, les «modérés» mettront un terme aux excès des «radicaux». Immédiatement après la révolution iranienne, les mollahs ont massacré les militants se positionnant à gauche (Fedayin et Mujahedin) ; ils avaient tenté de faire cause commune entre leurs objectifs populistes révolutionnaires, inspirés par le Socialisme, et la mobilisation plus profonde de l’islam politique. Sans les Fedayins et Mujahedins, le triomphe de la révolution «islamique» (sous la direction de Khomeyni) n’aurait pas pu s’imposer de la même façon. Depuis lors, les mollahs ont recruté et entraîné des millions de terroristes politiques parmi le lumpen-prolétariat dans le but d’appliquer leur autorité.

Les structures de pouvoir existantes contre lesquelles les mouvements de l’islam politique se heurtent, actuellement, dans de nombreux pays sont les couches compradores, la bourgeoisie nationale de la région, complètement subordonnée aux diktats de la globalisation néolibérale. Les classes compradores ne sont pas particulièrement démocratiques, même lorsqu’elles offrent des élections parlementaires qu’elles appellent «multipartis» et souvent ils prennent prétexte du terrorisme islamique pour justifier leur refus d’une démocratie significative, comme en Algérie [les élections sont suspendues en 1992, après la montée du FIS – Front islamique du salut – lors des élections municipales de 1990 et lors des législatives de 1991, qui marquaient pourtant un recul par rapport à 1990]).

Ce que cela signifie, c’est que l’affrontement entre les compradores et les islamistes n’est qu’un conflit entre factions des classes dominantes – une lutte pour le pouvoir, rien de plus, entre des dirigeants concurrents et leurs clients.

Selon les circonstances, la forme du conflit varie, allant de l’extrême violence, comme c’est le cas en Algérie, au dialogue, comme en Egypte, où le gouvernement mène des pourparlers directs avec les Frères Mus ulmans. Les deux parties dans le conflit utilisent la démagogie islamique dans leurs tentatives de capturer pour leur propre bénéfice l’allégeance d’une population qui se trouve dans la confusion sur le plan politique.

La confusion politique contemporaine ressemble de près à celle qui a suivi la déception des espoirs suscités par les nationalismes populistes de la période précédente. Cependant, la bourgeoisie au pouvoir est loin d’être laïque. Elle prétend être aussi «islamique» que ses adversaires, par exemple en donnant force de loi à beaucoup de préceptes de la loi islamique – surtout dans le domaine de la famille – transformant ainsi la ruse en réalité. Les solutions de «compromis» qui en résultent renforcent inévitablement l’ordre néolibéral et antidémocratique dominant. Ainsi, les pouvoirs politiques et économiques dominants à l’échelle internationale, conduits principalement par les Etats-Unis, ne voient aucun inconvénient dans l’exercice du pouvoir par l’islam politique. Cela nous en dit beaucoup sur l’hypocrisie des tenants occidentaux de la «démocratie», et démontre que, contrairement à l’idée que «marché» égal «démocratie», ces deux «principes» sont en conflit direct dans les faits.

Complémentarité idéologique

Loin d’être antinomiques, les discours du capitalisme néolibéral globalisé et celui de l’islam politique sont complémentaires. L’idéologie des «communautarismes» américains, actuellement à la mode, fait écran à la conscience et aux luttes sociales, et les remplace par les prétendues «identités» collectives qui les ignorent.

Cette idéologie est donc parfaitement apte à être manipulée dans la stratégie du capitalisme dominant, puisqu’elle transfère le combat de la scène des réelles contradictions sociales au monde imaginaire que l’on dit être culturel, transhistorique et absolu, alors que l’islam politique est justement un «communautarisme».

La diplomatie des puissances du G7, et en particulier celle des Etats-Unis, choisit en connaissance de cause de soutenir l’islam politique. Le G7 fournit ainsi soutien et assistance à des pays allant de l’Egypte à l’Algérie, en passant par l’Arabie saoudite. En Afghanistan, le soutien étatsunien et des pays de l’UE (France, Allemagne, etc.) n’a pas hésité à présenter, à l’époque, les islamistes afghans comme «des combattants de la liberté» contre «l’horrible dictature du communisme». Or, ce dernier était en fait une sorte despotisme éclairé, moderniste, national et populiste, qui avait eu l’audace d’ouvrir des écoles pour les filles. Les dirigeants occidentaux savent que l’islam politique a la vertu – pour eux – de laisser les peuples concernés sans défense, et donc de permettre facilement leur transformation en position subalterne.

Au vu de son cynisme inhérent, l’establishment américain sait comment tirer un deuxième avantage de l’islam politique. Les dérives barbares des régimes inspirés par l’islam politique - par exemple les Talibans en Afghanistant - ne sont pas du tout des dérives, mais font en réalité partie intégrante de la logique de leurs programmes. Ils peuvent, au besoin, être exploités à chaque fois que l’impérialisme estime utile d’intervenir brutalement. La «sauvagerie» attribuée aux peuples qui sont les premières victimes de l’islam politique est susceptible d’encourager l’«islamophobie», ce qui peut faciliter l’acceptation d’un «apartheid global», résultat logique et nécessaire d’une expansion capitaliste en perpétuelle polarisation.

Le soutien occidental à l’islam politique a atteint des proportions grotesques en fournissant des armes, du soutien financier et de l’entraînement militaire aux agents de l’islam politique. Dans le cas de l’Afghanistan, le prétexte était la «lutte contre le communisme», mais le comportement odieux de ces islamistes (fermeture des écoles pour filles qui avaient été ouvertes par les terribles «communistes») n’ont apparemment suscité aucun regret, ni de la part des gouvernements qui les soutenaient ni de la part des organisations féministes occidentales. Ceux que l’Occident appelait des «combattants de la liberté afghans» (en réalité des voyous entraînés par la CIA) et «volontaires» (musulmans algériens, égyptiens et autres), jouent actuellement des rôles décisifs dans des actions militaro-terroristes autour du globe, y compris dans de villes importantes des US. Le soutien à l’islam politique a inclus la rubrique illusoire du statut de «réfugié politique», offert par les US, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, et qui a donné aux militants de l’islam politique la force nécessaire pour organiser et diriger leurs opérations depuis l’étranger, avec un maximum d’efficience et un minimum de risque.

L’accompagnement idéologique de cette alliance entre les puissances occidentales et l’islam politique est une campagne permanente de légitimation dans les médias occidentaux, qui se traduit généralement par une distinction illusoire entre «modérés» et «radicaux», ou des louanges pieuses des vertus de la diversité multiculturelle, si chère aux Américains, comme tout le monde le sait. De telles formes de «respect» pour les diverses «communautés» sont très utiles pour la gestion des objectifs du néolibéralisme et de la globalisation capitaliste, car ils n’impliquent aucune confrontation sur le terrain des véritables défis. Les «communautés» en question jouent le jeu du néolibéralisme, en faussant le débat, si et quand il a lieu, en le détournant des problèmes réels et pratiques, ici et maintenant, vers les régions inoffensives célestes de l’imaginaire culturel.

L’islam politique n’est ainsi en aucune manière l’adversaire de l’impérialisme, mais au contraire, son parfait serviteur. Ce fait n’empêche pas les idéologues occidentaux et les faiseurs d’opinion de faire appel, chaque fois que cela est nécessaire, aux formules de contes de fées de l’islam en tant qu’ennemi implacable de la modernité occidentale, le «choc des cultures» si cher à Samuel Huntington et à ses mécènes de la CIA.

De telles guerres ne se déroulent que sur le plan de l’imaginaire, alors que dans le monde réel, les victimes des «communautés» représentées par l’islam politique souffrent terriblement sous des coups très réels. D’ailleurs, la guerre idéologique fournit encore un écran de plus pour l’intervention militaro-politique par les Etats-Unis et ses «alliés» subalternes, quand et où le besoin se manifeste.

Nous ne devrions pas être surpris si les Etats-Unis étaient satisfaits des services que rend l’Islam politique à son projet d’hégémonie mondiale. Washington ne désigne comme ennemi aucun mouvement de l’islam politique à l’exception du Hamas, en Palestine et du Hetzbollah au Liban (avant le 11 septembre) et des Talibans (post-11.9). Le fait qu’avant le 11 septembre le Hamas et le Hetzbollah aient été désignés par le Département d’Etat américain comme étant des «organisations terroristes» était clairement un accident de géographie politique, puisque les deux s’opposaient à l’Etat d’Israël, ce qui était évidemment prioritaire dans les considérations des Etats-Unis.

Le Hamas et le Hetzbollah sont les seules manifestations de l’islam politique qui se battent contre une occupation militaire étrangère, alors que les autres dirigent leur violence seulement sur leurs compatriotes. Deux poids, deux mesures et de l’hypocrisie - pouvons-nous attendre autre chose de la part des impérialistes ?

Pour conserver et étendre son hégémonie, les Etats-Unis doivent toujours donner une importance prioritaire à ses interventions militaires. Si nous l’oublions ce sera à notre propre péril.

  1. Voir à ce sujet l’ouvrage de Michael Löwy, La guerre des dieux. Religion et politique en Amérique Latine, Paris, Ed. du Felin, 1998 et l’article sur ce site, du même auteur, intitulé : «La théologie de la libération : Leonardo Boff et Frei Betto», mis en ligne le 16 janvier 2007. (NdR) []
  2. En 1945 Mahmoud Muhammad Taha crée un Parti républicain, lorsque le Soudan est encore sur contrôle britannique. Cela lui vaudra répression et emprisonnement. La très influente université Al Azhar du Caire dénonce «l’apostasie» de Taha. Et l’apostasie, d’après la Charia, cela mérite la mort. En 1969 un coup d’état donne le pouvoir au général Nimeiry, considéré comme nationaliste de gauche. Le Parti Républicain lui apporte soutien mesuré. Cela n’empêche pas Taha d’être emprisonné pendant un mois en 1976 pour avoir critiqué le pouvoir saoudien et son rigorisme religieux. En effet, l’Arabie saoudite est aussi un bailleur de fonds vital pour le Soudan. Dès 1983 Nimeiry opère un renversement d’alliance au profit des Islamistes qu’il avait jusque-là combattus. Cela ne se fait pas sans concession. Le PC soudanais paiera le prix. L’établissement progressif de la Sharia s’effectue. Il y aura bientôt l’arrestation de la bête noire des Islamistes, Mahmoud Muhhamad Taha. En janvier 1985, plusieurs de ses partisans sont arrêtés à Omdurman pour avoir diffusé un tract critiquant le pouvoir. Taha organise une manifestation pacifique. Il est arrêté lui-même le 7 janvier. Le procès a lieu le 8 janvier 1985 et aboutit à une sentence de mort. On leur accorde toutefois trois jours pour se «repentir», ce qui est conforme à la Charia… Taha maintient ses positions alors que ses quatre coaccusés se sauvent en acceptant de se repentir. Il est pendu le 20 janvier au matin. (NdR) []
  3. Couche sociale, en général commerçante ou rentière, qui sert les intérêts d’occupants coloniaux ou les intérêts néocolonialistes. (NdR) []
  4. Le Baath (Renaissance en arabe) est le parti politique au pouvoir en Irak et Syrie depuis les années 1960. Le mouvement baathiste a été créé à Damas dans les années 40 par le chrétien Michel Aflak et le musulman sunnite Salah Al Din Bitar. En 1953, ce mouvement prend le nom de Parti baath Arabe Socialiste. Il atteint son apogée dans les années 60, et devient l’une des principales expressions du nationalisme arabe. (NdR) []
  5. Le président Mahmoud Ahmadinejad est présenté comme la figure publique des «radicaux». Par contre, Mohammad Hachémi, le frère de l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, et Hassan Rohani, dirigeant l’équipe des négociateurs sur la question du nucléaire sont qualifiés de «modérés». (NdR) []
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Valréas: la résistance populaire paye !

par Bernard Teper
Secrétaire National de l'Union des FAmilles Laïques
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Source de l'article

Une décision gouvernementale annulée par un tribunal après une campagne résistante organisée par le Comité de défense de l’hôpital de Valréas, par la municipalité et par le Collectif des jeunes mamans et largement soutenue par les habitants du bassin sanitaire, cela méritait d’être publié ! Même si ce n’est pas fréquent en ce moment, ce n’est pas la première fois, rappelez-vous Saint-Affrique en Aveyron et Die dans la Drôme !

D’une façon générale, dans la période actuelle, il n’est possible de “gagner” que lorsque la population tout entière — ce qui veut dire couches populaires (ouvriers, employés) comprises — se mobilise. Et elle ne se mobilise que lorsqu’est mise en place une stratégie à front large sur une ligne stratégique claire. Ce fut le cas à Valréas. Cela nous change des actions désespérantes qui allient sectarisme et groupuscularisme, ou des actions uniquement organisées pour les couches moyennes minoritaires dans la population française.

Revenons à Valréas. Tenir compte des besoins d’un bassin sanitaire et social est devenu une incongruité pour la droite néolibérale. Il n’y a que l’action consciente du peuple pour organiser de ce point de vue la résistance.
Voilà la chronologie des événements:

  1. 26/08/09 Tribunal Administratif (TA) de Nîmes suspend la décision de l’ARH de fermer la maternité. L’ARH a un mois pour donner les moyens permettant à la maternité de fonctionner.
  2. 29/09/09 Mme Bachelot, ne tenant pas compte des décisions de justice, décide la fermeture le 30/09/09.
  3. 09/09/09 Rencontre avec la Préfecture et la DDASS.
  4. 17/09/09 Conseil Administration de l’Hôpital à l’unanimité : rejet d’un centre de périnatalité sans hébergement. OUI à l’autorisation de fonctionnement de 5 ans.
  5. 22/09/09 Inauguration annulée de l’agrandissement de la maternité de l’hôpital d’Orange. Mme Bachelot se dégonfle-t-elle ??? L’ARH sera là !!! Puis report. Devinez pourquoi!!!!
  6. 27/09/09 Manif à Valréas : 3500 personnes, la Coordination nationale est présente ainsi que les comités d’Aubenas, Cavaillon, Die, Lure, Pertuis, Privas, Vaison-la-Romaine, etc.
  7. 29/09/09 Rencontre au sommet (Maire, Gendarmerie, hôpital, comité). La tension est à fleur de peau. Au soir, pique-nique citoyen devant l’hosto. 22 H 30, le comité investit les locaux de la maternité.
  8. 08/10/09 Audience au TA. Le Président du CA de l’hôpital ainsi qu’un collectif de futures mamans attaquant la décision de Bachelot. Le comité local s’associe à ces démarches.
  9. 09/10/09 Décisions du TA : la décision de Mme Bachelot est suspendue. Huit jours sont accordés pour la réouverture de la maternité. Astreinte de 100 euros par jour de retard (somme ridicule, mais c’est un très important symbole).
  10. 10/10/09 Pique-nique citoyen (près de 350 convives + Maire + Conseil Général + élus + les 2 avocats). Désolé de ne pas être présent au CA de notre Coordination du 10 octobre à Paris. Décision : on continue à occuper les locaux de la maternité.
  11. 11/10/09 De très nombreux volontaires se joignent à l’occupation.

Et bien sûr, la lutte continue… En fait, à Valréas comme ailleurs en France, en Europe et dans le monde, le taux de profit est prioritaire par rapport aux besoins et aux décisions du peuple. Les arguments avancés par les néolibéraux pour marchandiser, privatiser, désertifier, nous pouvons les contrer un par un. Par exemple, les néolibéraux disent : “On ferme la maternité pour des raisons de sécurité”. Mais pourquoi donc les gestionnaires néolibéraux n’ont-ils pas assuré cette sécurité ? Dans une grande ville, un praticien peut prendre la garde sur plusieurs établissements, ce qui lui permet d’effectuer un grand nombre d’accouchements. Dans la ruralité, l’État libéral préfère fermer les maternités plutôt que de rechercher tout autre solution. Pourquoi, par exemple, ne pas demander aux médecins concernés de faire chaque année une période en CHU pendant laquelle ils seraient remplacés par un médecin de l’hôpital universitaire ? En médecine, comme ailleurs, c’est la rentabilité qui est privilégiée, les armées, puis les administrations et enfin les services de santé quittent nos territoires. Petit à petit, les citoyens de ce pays vont être poussés à rejoindre les grandes agglomérations. C’est ainsi que se met en place la version ultra-libérale de l’aménagement du territoire.

Alors, pourquoi donc supprimer une maternité ou un hôpital de proximité largement plébiscités par la population? Pourquoi la montée des inégalités sociales de santé n’est-elle pas prise en compte par les gestionnaires néolibéraux? Pourquoi le taux de refus de soins pour cause financière n’est-il pas pris en compte? Tout simplement parce que ses gestionnaires sont des néolibéraux aux ordres du cléricalisme financier. Point barre. Une seule solution, la résistance républicaine!

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Droit des femmes : l’angle mort de la gauche ?

par Sébastien Claeys
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Samedi 17 octobre, 5000 personnes ont manifesté pour le droit des femmes. Pour Mélenchon, la gauche n’a pas pris ses responsabilités dans ce combat.

Les manifestants des 103 associations féministes, syndicats et partis de gauches se sont réunis à l’appel du Collectif National pour les Droits des Femmes et de l’association Femmes Solidaires. « Ensemble pour une réelle égalité » et sur des mots d’ordre aussi divers que ceux de la dignité, de la solidarité, de la laïcité ou de l’autonomie. Au-delà de l’unité affichée dans le cortège, c’est aussi la multiplicité des préoccupations et des perspectives féministes qui ont donné de la voix. Points de vue.

Clémentine Autain (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique)

« Le féminisme, ce sont des théories et des pratiques ancrées dans l’histoire des luttes contre la domination masculine. Elles visent à l’émancipation et à l’égalité de droit et de fait des femmes et des hommes. Mais ce qui me paraît important, c’est de faire le lien entre les différentes luttes pour l’égalité en pensant l’ensemble des facteurs qui la font vivre en France. »

Yvette, MLF (Mouvement de Libération de la Femme)

« Le Mouvement de Libération des Femmes soutient, mais dépasse le féminisme. Militer pour l’égalité entre les hommes et les femmes ne suffit pas, nous avons besoin d’un mouvement de civilisation. Il faut reconnaître la différence et la complémentarité entre les sexes, au-delà de la simple égalité en droit. Selon nous, les hommes et les femmes ne sont pas assimilables. Si on n’admet pas les différences entre les sexes, le droit à l’égalité ne pourra pas être appliqué. Cependant, dans la conjoncture actuelle, notre combat majeur est de mobiliser les femmes de 30-40 ans qui semblent se reposer sur leurs acquis. »

Christine Prézac, militante du Planning Familial

« L’enjeu du féminisme est d’intégrer les hommes dans la lutte. Une meilleure compréhension des hommes ferait évoluer les mentalités, notamment sur l’avortement. À Orléans, plus de 2000 femmes viennent se faire avorter tous les ans. 90% d’entre elles viennent seules et sont reçues dans des conditions d’accueil déplorables. Ces femmes sont maltraitées dans les hôpitaux par des médecins qui pratiquent l’IVG à contrecœur. Notre but est de les faire parler et de leur faire prendre conscience qu’elles méritent un accueil digne de ce nom. Le droit à l’avortement est également menacé par la fermeture des centres IVG. »

Ana Andrade, responsable du collectif de l’égalité professionnelle (CGT cadres et techniciens, BNP Paribas)

« Je travaille sur les affaires de discrimination directes et indirectes. L’inégalité est souvent structurelle. Un exemple : s’il n’y a pas assez de place dans les crèches, c’est traditionnellement le conjoint qui gagne le moins qui assume la garde des enfants. C’est pour cela que le choix se porte toujours sur les femmes. En effet, dans le cadre professionnel, les femmes doivent subir le plafond de verre qui leur rend difficile l’accès aux postes de cadre. Quand elles y accèdent, elles gagnent 30% de moins que leurs homologues masculins et n’accèdent pas aux responsabilités. Il y a beaucoup de femmes cadres travaillant aux 4/5ème qui sont pénalisées car elles touchent un salaire moindre alors que leur charge de travail est équivalente à celle d’un temps plein. »

Jeanne Fidaz, présidente de la Commission Féminisme du Parti de gauche

« Pour le Parti de Gauche, le féminisme est une bataille culturelle. Nous militons pour l’émancipation des femmes du système patriarcal. Si je devais choisir un combat emblématique, ça serait celui de la place des femmes dans les médias et la lutte contre la publicité. Nous allons aussi lancer le débat sur l’abolition de la prostitution. Actuellement, le gouvernement criminalise les prostituées. Il faudrait plutôt criminaliser les clients, démanteler les réseaux et assurer la reconversion des prostituées. C’est un combat d’avant-garde que nous devons mener pour ne pas nous contenter d’un consensus mou sur l’égalité des droits ».

Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de Gauche

« Le féminisme a été un angle mort de la pensée de gauche pendant longtemps. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que deux aspects étaient essentiels dans ce combat. D’une part, la place particulière de la main d’œuvre féminine dans le processus d’exploitation capitaliste permet de profiter de leur situation dégradée pour enfoncer le front social. D’autre part, nous devons défendre la lutte pour la liberté individuelle, et en particulier pour le droit à l’avortement, à l’heure où l’Eglise catholique mène une offensive contre les législations favorables à l’avortement partout en Europe et en Amérique Latine (en Espagne, au Nicaragua et en Uruguay). Contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire, ce n’est pas un combat du passé. Il faut avoir conscience que rien n’est acquis. »

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Retour sur la grève à Pôle Emploi

par Sarah Gambetta

Suite à des négociations catastrophiques concernant la mise en place de Pole Emploi et face à des conditions de travail qui se dégradent jour après jours, 7 syndicats (SNU-Pole Emploi FSU ; CGT ; CFDT ; CGC ; UNSA ; SUD-Emploi ; SNAP) ont appelé à la grève le mardi 20 octobre sur les mots d’ordre suivants :
- Arrêt du déploiement des Sites Mixtes (regroupant agents ANPE et agents ASSEDIC) qui se fait actuellement dans la précipitation (mutations forcées pour les agents en place et demandeurs d’emploi changés d’agence et de conseiller du jour au lendemain) et au mépris de l’avis des instances représentatives du Personnel.
- Abandon de l’Entretien Unique qui est une illusion et un mensonge, car ce n’est pas par des formations de 5 jours qu’un agent anciennement ANPE pourra calculer les indemnités d’un demandeur d’emploi et être un interlocuteur sérieux pour ce dernier.
- Arrêt au recours massif au CDD qui n’empêche pas des taux de prise en charge particulièrement lourds pour les conseillers et des tailles de portefeuille insupportables et une précarisation des agents indigne d’un organisme public qui traite les questions de l’emploi.
- Arrêt de la sous-traitance et de l’externalisation qui livrent aux organismes privés : la mission de placer et d’accompagner les chômeurs (le conseiller ne servant plus qu’à orienter le demandeur sans lui demander son avis et sans avoir effectuer le bon diagnostic). Politique de privatisation sans meilleurs résultats que le service public et pour un coût financier très élevé.
- Mise en place d’objectifs réalistes et arrêt des pressions permanentes. L’injonction à Pole Emploi par les pouvoirs publics d’objectifs quantitatifs inatteignables a été une des causes d’une quinzaine de suicides ou tentatives depuis le début 2009. Et la consigne de la Direction générale du Travail de ne pas intervenir à l’Inspection du Travail chez Pôle Emploi laisse présager des dégradations supplémentaires dans les conditions de travail.

La négociation de la nouvelle Convention Collective Nationale (CCN) et le Statut Public ont été les principaux enjeux de cette grève.

Cette CCN faite pour servir de référence individuelle et collective pendant de nombreuses années est négociée à marche forcée et doit être signé sur ordre du gouvernement le 29 octobre.
Des points fondamentaux sont renvoyés à des négociations ultérieures sans aucune sécurité pour les salariés : formation, durée du travail, activités sociales et culturelles, retraites…
Un nombre important de points ne respectent pas les engagements de la Ministre sur le « meilleur des deux » : le texte ne contenant pas d’assurance sur la garantie de l’emploi.
Parallèlement, les syndicats ont exigé que soit ouverte une négociation pour faire évoluer le Statut Public de 2003 qui régit la carrière des anciens agents ANPE et que le décret Fonction Publique modifiant la grille des catégories B soit respecté.
Ces pseudos négociations sur la nouvelle CCN ayant pour l’instant abouti à mettre fin aux comités d’entreprise des 2 établissements, l’intersyndical a demandé que quelle que soit l’origine ou le statut des personnels, la continuité dans le versement des prestations, des œuvres sociales et activités sociales et culturelles.

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AREVA veut autre chose que des mâles blancs !

par Nicolas Pomiès

Anne Lauvergeon, Présidente du Directoire d’AREVA s’exprimait, dans le cadre du Women’s Forum de Deauville, au sujet de la politique d’AREVA en faveur de la mixité et de la diversité professionnelles.
Évoquant les recrutements du groupe, Anne Lauvergeon a déclaré : « Si nous voulons une vraie diversité – diversité homme/femme, diversité culturelle, diversité d’origines – à un moment donné il faut effectivement des actes positifs, pas des actes positifs gadgets, parce que je trouve cela humiliant. Il faut des compétences mais à compétences égales, on choisira autre chose que le mâle blanc. »

Voila à quoi abouti la segmentation de l’humanité en genre et race et la farce de la discrimination positive.
Dans la discrimination il y a toujours un groupe qui est écarté.
Les propos de Mme Lauvergeon sont consternants, le communiqué de presse du service de communication d’AREVA voulant rattrapé la boulette l’est tout autant.
Le service de communication veut surtout préciser que Madame Lauvergeon ne souhaitant en fait discriminer positivement les femmes et qu’aucune couleur de peau n’avait d’importance. La discrimination de genre est donc plus politiquement correcte que le différencialisme ethnique.

Triste réalité dans laquelle notre société est tombée.
Bien évidemment l’extrême-droite identitaire s’est emparée du dossier et hurle au racisme anti-blanc en rencontrant un certain écho.
Voila comment l’inconscience d’élites voulant instrumentaliser les “bonnes” consciences aboutie à renforcer le pire !

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Un mur à Rio pour sécuriser la coupe du monde ?

par Christophe Ventura
Mémoire des Luttes,
co-auteur de "En finir avec l'eurolibéralisme" (Editions des 1001 Nuits, Paris, 2008).

Source de l'article

Les récents affrontements dans les favelas de Rio ont fait ressurgir la question des gigantesques inégalités qui minent le « nouveau grand du sud ». Christophe Ventura nous dresse le portrait d’une société en crise.

Quelques jours après les violents affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre brésiliennes et les trafiquants de drogue dans les favelas de la zone nord de la ville de Rio de Janeiro, l’effervescence médiatique internationale, stimulée par l’épisode de l’impressionnant crash en pleine ville d’un hélicoptère de la police abattu par les trafiquants au cours de la bataille, a laissé place à un imposant déploiement de la police militaire.

Sa troupe de choc, la Bope (Bataillon des opérations spéciales de police), sillonne les quartiers de Morro dos Macacos , de São João, de Prazeres, de Nova Holanda, de Villa Cruzeiro et de Parque União pour se livrer à ce qui s’apparente désormais à un véritable « nettoyage » mortel. Cette unité des forces spéciales, dont un rapport d’Amnesty international en 2004 avait fortement dénoncé les méthodes, mène des « opérations » dont le bilan s’alourdit de jours en jours loin des caméras internationales.

Ce sont désormais 33 victimes (trois policiers, trois habitants des quartiers, 27 « suspects » selon les termes des autorités) qu’il faut dénombrer depuis les incidents du 17 octobre (on en déplorait alors 12).
Dans la nuit du mardi 20 octobre et la matinée de ce mercredi 21 octobre, une nouvelle opération de la police militaire dans le quartier de Fallet e Fogueteiro vient de se solder par la mort de quatre hommes (les identités ne sont pas communiquées) et le recensement de trois autres personnes blessées.
A cela s’ajoute une vague d’arrestations difficile à évaluer. La police militaire a indiqué qu’elle pourrait garder, « pour un temps indéterminé », des habitants de la zone nord de Rio dans le cadre d’interrogatoires.

La situation semble donc se détériorer. Le choix fait depuis des années par les autorités locales et fédérales de s’en remettre exclusivement à une stratégie répressive pour faire face au développement constant de la criminalité liée au trafic de drogue et de ses moyens matériels et financiers dans les principales métropoles du Brésil produit une nouvelle conséquence : les populations des favelas elles-mêmes semblent désormais rejeter la présence policière et de l’Etat dans leurs quartiers. A Rio, où les autorités ont développé une nouvelle politique d’installation permanente de la police dans certains d’entre eux, des témoins ont affirmé que lors des affrontements, des tirs opposaient en réalité des habitants et des policiers connus pour leurs comportements violents et corrompus. Cela pourrait expliquer la présence d’habitants dans la liste des victimes.

Dans le pays, l’heure est maintenant au bilan politique. Il est presque certain que cette phase réflexive et la secousse de Rio de Janeiro ne se traduiront pourtant en aucun changement structurel dans le pays tant celui-ci a créé, au cours de son histoire, un véritable monde parallèle – celui des favelas – aux portes de ses mégalopoles.

Certains observateurs et acteurs de la vie politique brésilienne, y compris dans la gauche politique et sociale qui reste relativement silencieuse sur une problématique qu’elle a du mal à appréhender, n’hésitent plus à admettre que l’explosion des favelas pourrait constituer, en réalité, un problème sans solution. Ces zones où s’accumulent et s’organisent, depuis la fin du 19ème siècle, tous les exclus d’une société brésilienne et d’un modèle de développement économique violemment inégalitaires, racistes, générateurs d’expropriations massives et continues des travailleurs des campagnes et d’exodes vers les villes, de migrations, de misère et d’une extrême pauvreté, ont connu un développement permanent et n’ont jamais fait l’objet d’une véritable politique publique depuis des décennies.

Le cas de la ville de Rio de Janeiro est symptomatique. La deuxième ville du pays (12 millions d’habitants intra-muros et aire urbaine comprise) connait, selon Luis Carlos Lopes (professeur à l’Institut des arts et de la communication sociale à l’université fédérale de Fluminese –UFF-) « des problèmes socio-urbains (…) très graves. (Ceux) d’une ville divisée entre une petite partie très riche et 600 favelas ou plus très difficiles d’accès »1.

S’il est impossible de savoir combien de personnes vivent précisément dans ces dernières, elles sautent néanmoins aux yeux du voyageur débarquant de l’aéroport de Rio pour former une mer de murs rouge recouvrant, chaque année, des surfaces toujours plus grandes autour de la ville. Elles ont ainsi connu une forte croissance ces dernières années.

L’archipel des favelas de Rio, comme ailleurs dans le pays, révèle, dans une singulière incarnation territorialisée, la persistance et le développement des inégalités et de la pauvreté dans le Brésil de Lula qui s’est pourtant beaucoup enrichi ces dernières années. Loin des satisfécits en modèle de développement économique et social efficace et de progrès délivrés par les médias internationaux et les institutions financières internationales au gouvernement Lula, l’existence des favelas rappelle l’approfondissement des fractures sociales et raciales sous ses deux mandats.

Comme l’indique Luis Carlos Lopes, la « situation (…) nécessite de prendre des mesures concrètes pour déminer ces bombes de relégations sociales dans l’actuel phase de modernité. Une politique d’emploi, de nouvelle répartition des richesses, de scolarisation réelle (…) et, surtout, d’exemplarité et d’honnêteté des institutions publiques pourrait faire la différence »2 .
Une telle politique n’a jamais été réellement menée par Lula dont le dernier mandat se terminera en 2010.

Pour sa part, Sérgio Cabral Filho, gouverneur de l’Etat de Rio, a avancé une solution pour honorer les engagements du Brésil en 2014 (Coupe du monde de football) et 2016 (Jeux olympiques à Rio de Janeiro) : construire un mur pour séparer certaines favelas du reste de la ville…

  1. « Tráfico, favelas e violência » ( 18/10/2009) : http://www.cartamaior.com.br/templates/materiaMostrar.cfm ?materia_id=16197 []
  2. Idem []
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Malgré les promesses faites à Obama, la construction continue dans des douzaines de colonies de Cisjordanie

Des militants des droits de l’homme qui surveillent la Cisjordanie, rapportent que malgré les engagements pris le mois dernier par Israël auprès de l’administration du président Barack Obama, un programme de construction étendu a commencé il y a trois semaines dans au moins douze implantations différentes.

Les travaux consistent à préparer le terrain, creuser des fondations et couler le béton.

Ces travaux de construction ne font pas partie des projets sur lesquels Israël et les Etats-Unis s’étaient déjà entendus. En son temps, le premier ministre Netanyahu et le ministre de la défense Ehud Barak s’étaient mis d’accord avec l’administration américaine pour terminer 2500 logements déjà en cours de construction.

Les douze sites identifiés cette semaine ne font pas non plus partie de la liste des 492 unités de construction que le ministère de la défense a publiée après qu’Ehud Barak eut approuvé leur construction.

Les travaux sur ces douze sites ont commencé après que cette liste ait été publiée. Ces constructions ont lieu dans les colonies de Carmel, Kiryat Arba, Betar Ilit, Elazar, Shilo, Talmon, Nili, Yitzhar, Bracha et Rosh Tzurim.

Les procédures habituelles de construction en Cisjordanie stipulent qu’aucun travail de préparation des fondations ne peut avoir lieu sans autorisation du ministère de la défense. Le ministère peut autoriser ces travaux seulement après que la demande de permis de construire ait été publiée, et que les recours éventuels aient été soumis et éventuellement rejetés.

Le ministre des transports Israël Katz (Likoud) a, quant à lui, autorisé jeudi dernier plusieurs projets de travaux en Cisjordanie. Israël Katz a rencontré treize responsables régionaux dans les Territoires et accepté, entre autres choses, que la société nationale israélienne responsable, construise des routes d’accès à plusieurs implantations. Le ministre a aussi approuvé des plans pour améliorer la sureté des implantations, en particulier pour des entrées, des trottoirs et des feux de circulation près des écoles.

Katz a déclaré à Haaretz que ces plans n’ont aucune signification politique.
Plusieurs routes de Cisjordanie ont aussi été rénovées durant les six dernières semaines.

800 constructions dans 34 implantations

Des travaux de construction ont lieu également dans les colonies de Tekoa, Nokdim, Alon Shvut, Alonei Shilo, Bakan, Givat Zeev, Dolev, Har Gilo, Talmon, Yitzhar, Kochav Yaakov, Kfar Adumim, Kfar Etzion, Mevo Horon, Matityahu, Naaleh, Etz Efraim, P’duel, Tzofim, Kedar et Kalia.

Le mouvement « La Paix Maintenant » a rapporté la semaine dernière que des travaux de préparation pour la construction de 800 logements étaient en cours dans 34 implantations.

Shaul Goldstein, président du conseil régional du Goush Etzion a répondu :
« La Paix Maintenant ne cherche qu’à provoquer et à fomenter des querelles. Ce sont des agents étrangers, envoyés par des gouvernements étrangers pour surveiller des constructions parfaitement légales de gens qui aiment leur peuple et leur pays. Il est temps que La Paix Maintenant disparaisse. »
Akiva Eldar et Haim Levinson

Traduction par Marc Lefevre pour la Paix Maintenant

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1121544.html

Agenda

samedi 24 octobre 2009, 14:30
6 Heures pour le Climat et la Justice Sociale

Le Samedi 24 Octobre à partir de 14 h 30,
Espace Reuilly, 21 Rue Hénard, 75012 Paris
M° Montgallet (Ligne 8) ou Dugommier (Ligne 6)

toutes les infos sur http://climatjustice.org

samedi 24 octobre 2009, 19:30
Ma vie à contre-Coran : une femme témoigne sur les islamistes

Une conférence-débat autour du livre Ma vie à contre-Coran

LIBRAIRIE LA LUCARNE DES ECRIVAINS
115, rue de l’Ourcq - PARIS 19ème
Tél : 01 40 05 91 29

Appeler cette librairie pour vous inscrire car le nombre de place est limité.

vendredi 23 - dimanche 1 novembre 2009
Forum Social Local « Octobre Verre »

Le collectif « Octobre Verre » organise la 5ème édition du Forum Social Local du Pays du Verre et du Cristal du vendredi 23 octobre au dimanche 1er novembre 2009.
Le pays de Bitche va accueillir de nombreux intervenants de toute la France : Paul Masson, Didier Harpages, Patrick Mignard, Ian Dufour, Marc Dufumier, Eros Sana, Alain Bihr, Bertrand Rambaud, etc…
Objectif : penser un avenir « autrement » dans la cadre de réunions festives, populaires et joyeuses pour se faire une idée du monde dans lequel on vit et qu’on peut bien transformer à notre façon pour mieux le partager.
Concerts, théâtre, ateliers et échanges animés autour de grandes questions contemporaines, ça rigole, ça s’engueule, ça sème, ça s’aime ; les gens repartent avec le sourire et des discussions en tête, bref ça vie ! En savoir plus pour vivre mieux.
Le programme est en ligne sur http://octobreverre.free.fr

samedi 14 - samedi 14 novembre 2009
Formation citoyenne sur la question de la gestion de l'eau

FORMATION CITOYENNE

Nous organisons une formation sur la question de la gestion de l’eau, avec un spécialiste Monsieur Linossier.

A la MAISON DES ASSOCIATIONS
2 rue des Corroyeurs DIJON
Grande salle du RC

Programme

La formation est essentiellement interactive pour être sûr de ne pas
passer à côté des attentes du public.

Programme sur l’organisation de la gestion de l’eau en France via les agences de l’eau notamment. Soit :
- la gestion de la ressource en France
- la gestion locale de la distribution d’eau et de l’assainissement
- les modes de gestion

  • la règlementation, les lois ;
  • les acteurs ;
  • les usagers et leurs associations ;

- que peut faire le collectif

  • les données sur lesquelles il doit s’appuyer
  • vers qui doit-il se tourner pour gagner son combat.

Etude à partir d’un contrat, en principe celui de Dijon.

Pour organiser cette formation une inscription est nécessaire dans les meilleurs délais et avant le 1° novembre.

Ecrire à “Eau 21 - 3 impasse du Vauloin 21370 LANTENAY”

Une participation aux frais, à votre bonne volonté, sera proposée. Le repas de midi pourra être pris à proximité au Foyer des Jeunes Travailleurs

jeudi 19 - jeudi 19 novembre 2009
Femme Travail Handicap

Sous le patronage de la Mairie de Paris
L’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir »
Organise son quatrième forum national

Parrainé par Claudie HAIGNERÉ,
présidente de la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris, médecin et spationaute

Le jeudi 19 novembre 2009 à la Mairie du 18ème arrondissement de Paris

Télécharger le programme et le bulletin d’inscription.