Chronique d'Evariste
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Un nouveau traité européen en 2013 ou 2014… pour sauver les banques d’un krach au premier trimestre 2012 !

par Évariste
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Comment peuvent-ils y croire ? Comment peuvent-ils même garder leur sérieux ?
La énième réunion de « la dernière chance » pour soi-disant sauver l’euro — en vérité le système bancaire européen ! — a débouché sur une décision ubuesque : changer les traités européens dans un à deux ans pour résoudre une crise de liquidité terrible et sauver les banques à horizon d’un ou trois mois.
Sur le fond, il va sans dire dans nos colonnes que cette proposition de soumission et de subsidiarité des politiques économiques et budgétaires des États au conseil des chefs d’états européens et à la Cour de justice de l’Europe sonne comme la destruction définitive des restes de démocratie politique sur notre continent. À quoi vont donc pouvoir servir les parlements nationaux en dehors de la figuration ?
Mais, et nous pesons nos mots, ce problème est peut-être en fait accessoire, car il est bien possible que ce nouveau traité ne voie tout simplement jamais le jour… faute de temps. En effet, le problème de la dette des États est secondaire par rapport au sujet principal : la nécrose du système bancaire en Europe. La preuve ? Jeudi 8 décembre, la BCE a engagé un sauvetage grand format du système bancaire européen. Elle a pris trois mesures destinées à aider celui-ci à sortir d’une crise de liquidité annoncée qui allait faire obstacle à ses opérations de refinancement : l’ouverture de deux guichets pour des crédits à 36 mois, à taux fixe de 1 %, et en quantité illimitée, un fort assouplissement des règles d’éligibilité du collatéral apporté en garantie, et une diminution du pourcentage des réserves obligatoires.
Posons-nous la simple question suivant : où en sera l’Europe, où en sera l’euro en 2013 ou 2014 ? Bien malin qui peut le dire aujourd’hui. Mais surtout où en sera le système bancaire européen à cette date ? Car ne nous y trompons pas et n’écoutons pas passivement les communiqués quasi quotidiens de la Merkozy : ce sont bien les banques que les « politiques » tentent fébrilement de sauver une fois de plus. Comme nous le disions dans nos colonnes, les banques européennes, et françaises en particulier, sont engagées sur le « marché gris », ou le shadow banking, pour des centaines de milliards sur des CDS (Credit Default Swap, des sortes d’assurances crédits garantissant un investissement en actions, en obligations ou en tous autres produits financiers), sur les dettes grecques, italiennes, espagnoles ou portugaises. Notons surtout que quelques banques, en particulier françaises, sont dans la nasse à cause des CDS qu’elles ont émises sur les taux des obligations d’État. Chaque augmentation des taux d’emprunts fait perdre des sommes considérables, notamment à la Société Générale ou à la BNP… Jouer au casino de la finance globale n’est pas sans risque ! Si un autre pays fait défaut, y compris à l’est comme la Hongrie par exemple, c’est la faillite assurée pour de nombreuses banques dans plusieurs pays.
Ce sommet de la soi-disant « dernière chance » est mis en scène pour tenter de faire passer un seul message : « financiers et banquiers de la planète, rassurez-vous, les États ne feront plus défaut et donc les CDS ne se déclencheront plus ! » Sauf que personne n’y croit. J’entends par « personne » : ni Wall Street à New York, ni la City à Londres… ceci explique la position du premier ministre britannique qui, réaliste, n’adhère pas au conte de fée du couple infernal franco-allemand.
Les prochains épisodes de cette saga tragi-comique risquent de tourner d’ici peu au drame pour les peuples d’Europe. Car le titre du prochain épisode est déjà connu : « le renflouement des banques par les trésors publics des nations à coup de centaines de milliards d’euros ! »
Pour qu’une force politique se lève sur le continent contre l’austérité et la paupérisation des couches populaires, la condition sine qua non est d’avoir au minimum conscience de l’imminence du choc bancaire qui est l’Alpha et l’Oméga de cette crise de fin d’époque. Il appartient donc à chacun d’entre nous d’en tirer les conséquences et de s’engager pour changer le rapport de force : l’indignation ne suffira pas !

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La gueule de l’emploi

par Jacques Duplessis

 

Vous souvenez-vous de ce documentaire explosif que France 2 proposa il y a deux mois (c’était le 6 octobre 2011 à 23h10) et qui semble avoir déjà fait long feu ?

L’auteur Didier Cros, dont il faut pourtant saluer la performance, nous avait, ce soir là, projeté en pleine figure, une scène de genre parfaitement représentative et ô combien réelle des dérives au quotidien d’un monde devenu fou. Ce monde, c’est celui d’une entreprise en délire, prise la main dans le sac du mépris et de l’impunité banale, dans le cadre d’une séance de recrutement filmée sur le vif. On y voyait comme rarement à la télévision, ce dont est capable une firme quand elle se prend les pieds dans son plan de com, et ce qu’elle révèle alors à son corps défendant, de culture managériale exacerbée, omnipotente et totalement décomplexée.

Deux mots émergent de cette pitoyable danse du scalp concoctée autour du recrutement de commerciaux par le GAN, rebaptisés « conseillers » pour la circonstance et cornaqués par un cabinet de clowns de choc : humiliation et soumission. Merci RST de nous avoir révélé de façon si convaincante, une réalité organisée sous le signe de l’obscène et filmée avec l’accord du bourreau lui-même en forme d’authentification suprême.

Humiliation, c’est ce que disent eux-mêmes, à tête reposée, les candidats. Malmenés, promenés, bernés, manipulés, tout fut bon pour les faire gesticuler, se justifier, se contredire, tout à leur préoccupation de présenter leur meilleur profil d’insectes pris au piège d’un chômage prolongé ou d’indemnités en berne. Jusqu’à solliciter une prolongation de supplice pour mieux faire leurs preuves le lendemain ! Une famille à nourrir, un trou de CV accusateur, un moral menacé de flancher, une pression sociale devenue difficile à supporter, l’envie était grande pour eux d’en sortir une fois pour toutes et de reprendre pied, ce qui ne pouvait au passage que les conduire à commettre l’irréparable dont ils s’accusent a posteriori : se prendre les pieds dans le tapis qui leur fut maintes fois tendu, ou s’être laissés aller au petit jeu très glauque de la surenchère, de la dénégation des évidences, ou de la peau de banane traitresse à l’encontre de leurs camarades de souffrance.

Sous les yeux d’un client souverain et discrètement amusé, et à deux exceptions près qui ont d’emblée planté là leur tourmenteur d’un jour, ils se sont donc pliés au jeu abject qui leur était imposé, et dont beaucoup sont ressortis tenaillés par un malaise d’autant plus amer qu’à l’échec s’ajoutait le sentiment de s’être eux-mêmes trahi ou sali complaisamment. Gageons qu’ils ont du mettre quelques jours à s’en remettre ou à reprendre le cours d’une recherche d’emploi déjà si frustrante et usante pour les nerfs ou la motivation. Quelle déchéance que de se voir invités à danser devant les loups, tels les invités d’un Staline finissant, ridiculisant les dignitaires du régime en les soumettant à son bon plaisir malsain !

Soumission en effet. Fille de l’humiliation consentie et de l’efficience magnifiée. Soumission en effet que, dans le sujet tourné, revendiquent sans vergogne les tristes sires et les marionnettes de la DRH, mettant en avant le « formatage » nécessaire au nom des exigences de l’entreprise et de la loi du genre. Et voilà leur grand ordonnateur, capo d’un jour, labellisé, légitimé dans son odieux jeu de rôle au prétexte de ne faire que reproduire en circuit fermé la dure réalité de la vie professionnelle, la loi d’airain du « terrain », et la dure réalité du métier de la vente. Ah comme les arguments les plus rationnels président toujours à la bêtise, pour ne pas dire à la barbarie triomphante, abritant sous les plus belles protestations d’efficacité ou de vertu, les instincts douteux de tout misérable ayant décidé de soumettre à sa loi, le premier malheureux qui lui passe à portée de la main.

La vie des affaires n’est pas un long fleuve tranquille, certes. Justifie t’elle pour autant de telles singeries ? Comment ne pas deviner derrière le paravent des réalités, l’impératif de compétitivité ou le prétexte d’expérimentation, la très vilaine envie de tenir à sa main, de dominer sans partage, de disposer sans limites, de soumettre sans retenue ? Bref, l’envie d’écraser, le besoin de rabaisser, le souci de se rassurer qui par carence éducative ou démission de l’autorité, confinent comme en l’espèce à la veulerie la plus sordide.

J’entends d’ici les commentaires scandalisés et les réactions vertueuses de la profession tout entière déniant à cette triste pantalonnade tout caractère représentatif, toute portée réelle ou mettant en garde contre la tentation de généralisation. Je les refuse par avance. Le management moderne a outrepassé depuis longtemps les bornes de la morale la plus élémentaire et s’appuie comme jamais sur le marché pour justifier l’injustifiable. Et nous le savons parce que nous y consentons, tous autant que nous sommes, victimes ou bourreaux, bourreaux ou spectateurs, spectateurs ou instigateurs. Nous sommes aux premières loges, mais nous préférons détourner la tête de ce qui se déroule tous les jours sous nos yeux. Dans l’entreprise. Dans nos entreprises. À des degrés divers, certes. Mais sans véritable rempart ni garde fou par nature. Ce fut la principale vertu de cette émission que de nous le rappeler. Non de nous en faire prendre conscience, comme on le dit toujours au bord de la nausée, quand on feint de découvrir l’innommable ou pour le moins l’indécent.

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L'origine des systèmes familiaux. Tome I. L'Eurasie, d'Emmanuel Todd

par Monique Vézinet

 

J’ai abordé ce « pavé » d’érudition (600 pages sans compter les annexes, publié chez Gallimard cet automne) avec deux a priori défavorables : le premier dû au fait que l’auteur fasse usage d’une méthode diffusionniste un peu oubliée sinon discréditée en sciences sociales ; le second, à la crainte que la mise à jour du caractère primordial de la famille nucléaire ne soit utilisé de façon simpliste par les tenants de l’ordre moral. En outre les interviews de l’auteur d‘Après l’Empire, ne se faisant pas faute de rappeler le caractère prémonitoire de ses précédentes analyses (notamment sur la faillite du système soviétique à partir des chiffres de la mortalité infantile), ont fortement souligné les hypothèses qu’Emmanuel Todd formule sur les réussites de l’Occident en raison de la présence de systèmes familiaux favorisant l’individualisme, tandis que parmi les grands émergents que sont la Chine et l’Inde, l’infanticide sélectif (le « féminicide ») est annonciateur de récession. N’y avait-il pas là des causalités un peu rapidement posées ? Eh bien non, rigueur et prudence caractérisent ce livre. Et l’auteur se garde – à partir des bénéfices de l’individualisme – de le louer  quelque forme que ce soit de libéralisme.
Sans chercher à donner une vue complète du contenu, ni rentrer dans des discussions techniques, je dégagerai des points d’intérêt particulier.

Si le stucturalisme a régné sans partage pendant près d’un demi siècle dans les sciences sociales, on sait que Cl. Lévi-Strauss  en privilégiant les « structures élémentaires de la parenté » (celles où le conjoint doit appartenir à un groupe donné ou être  un parent déterminé) laisse de côté les sociétés à « structures complexes » (les plus nombreuses, ce sont notamment celles de l’Occident, où le choix du conjoint pour un individu est dit « libre » sous réserve de divers déterminismes sociaux et  à l’exception de quelques parents prohibés). E. Todd rappelle que la pensée structuraliste a buté sur le « mariage arabe » et son caractère endogame (préférence pour la cousine parallèle paternelle). Pour sa part, il ne bâtit aucune théorie nouvelle sur la parenté mais accumule les données disponibles de l’histoire ancienne ou moderne et de l’anthropologie pour donner sens à la diversité des structures familiales de par le monde. Si ce premier tome ne concerne que l’Eurasie, le second rassemblera l’Afrique, l’Amérique et l’Océanie, continents où sont plus fortement représentées les « structures élémentaires » : avec beaucoup de rigueur, l’auteur suspend d’ailleurs la vérification du caractère universel de ses principales hypothèses à la finalisation de cette seconde partie.
Le choix d’une méthode diffusionniste, basée sur le conservatisme des zones périphériques, le conduit  à utiliser un échantillon très abondant (et il est vrai hétéroclite : les registres anciens ne fournissent pas les mêmes données que les monographies, les règles d’héritage ne sont connues que tardivement…). Mais l’autorise à formuler un schéma inverse de celui que l’on postule généralement : au lieu d’aller de la complexité vers la simplicité, les structures familiales, dans le temps et l’espace, se sont complexifiées à partir de la famille nucléaire. En gros la diffusion de systèmes patrilinéaires se serait produite à partir de la Chine, de l’Inde du Nord et de ce qu’on appelle aujourd’hui le monde arabe – car bien avant l’Islam la patrilinéarité aurait trouvé sa source en Mésopotamie.  A cet égard, l’Europe occidentale se retrouve en grande partie « périphérique ».
Les hypothèses de Todd sur cet immense phénomène sont passionnantes dans le détail des différentes zones où il les décrit et devraient attirer l’attention des féministes. En effet, réglant en 3 pages son sort au fantasme de la matrilinéarité et plus encore du matriarchat « primitifs », il établit une corrélation entre  la dégradation du statut de la femme (qui n’a jamais été équivalent à celui de l’homme) et les progrès de la patrilinéarité.
D’une façon nuancée qui emporte aisément la conviction, il fait l’hypothèse d’un rapport fonctionnel entre la densification démographique (le monde « plein ») et familles  patrilocales qui permettaient de maintenir les unités de résidence et de production agricole d’une part, et d’autre part poussaient à l’expansion des sociétés devenant guerrières. (Lorsque le droit d’aînesse  y apparaît, il n’oppose pas seulement les hommes aux femmes, mais les aînés aux femmes et aux cadets !). Or ces traits auraient joué finalement un rôle paralysant au regard du développement économique de ces sociétés à l’époque moderne et notamment parce que l’éducation des enfants qui relève principalement de la sphère féminine se trouve appauvrie par un statut dégradé des femmes. Que voilà une explication sympathique !
Il s’agit là d’une reprise des recherches que E. Todd exposait dès 1984 dans L’enfance du monde. Structures familiales et développement. De même, l’idée que certaines formes de familles élargies ont à voir avec l’aire géographique du totalitarisme allemand ou des communismes russe et chinois a déjà été évoqué en 1983 dans La troisième planète. Structures familiales et systèmes idéologiques.

Même s’il faut un moment pour s’acclimater à la typologie des systèmes familiaux utilisée dans l’ouvrage, sa lecture est toujours stimulante et il est toujours fascinant de voir l’inventivité humaine en matière d’« ingénierie sociale ». C’est l’occasion de réfléchir à l’évolution des rapports de genre et aux avantages de notre marche semble-t-il irrévocable vers l’individualisme. Et un voyage dans l’espace et le temps auquel j’inviterais volontiers ceux qui ont un peu de temps à y consacrer à l’occasion de vacances… et en attendant le tome 2.

Quant à la crainte exprimée au début de ce compte rendu d’une interprétation réactionnaire concernant la famille nucléaire, il faudra la combattre si elle se manifeste car rien n’y donne prise chez Emmanuel Todd et, d’ailleurs, l’anthropologie ne cesse de démontrer : 1/ que lorsqu’on parle d’une unité constituée des « père, mère et enfants », elle n’a rien de nécessairement durable ni d’obligatoirement biologique, 2/ que la monogamie est un phénomène statistique dominant et non l’objet d’un jugement de valeur. L’examen des systèmes familiaux hors Eurasie devrait renforcer la vision décentrée à laquelle nous invite ce panorama.

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Départ en trombe du Réseau Éducation Populaire (REP)

par le REP
Réseau Éducation Populaire
http://www.reseaueducationpopulaire.info

 

Regroupant des intellectuels, des conférenciers, des organisateurs d’éducation populaire d’une grande diversité, le Réseau Éducation Populaire (REP) souhaite modestement contribuer à une refondation profonde de cette forme d’engagement militant. Ce réseau se constitue à un moment singulier : la triple crise économique, financière et de la dette publique entre en effet dans une phase où l’implosion des constructions néolibérales n’est plus impossible. Il apparaît donc nécessaire de présenter sur tous les sujets une analyse critique, le niveau des enjeux et des propositions alternatives au système existant. L’éducation populaire, tournée vers l’action et attentive aux demandes issues du mouvement social, est donc plus que jamais une nécessité.

Aujourd’hui, le cycle « Compréhension du monde contemporain » fonctionne sur un rythme d’environ 150 initiatives par an sous forme de conférences publiques, de stages de formation ou encore de cycles d’universités populaires. La typologie des organisateurs est de plus en plus diverse : des associations locales de la LDH, d’Attac, de l’Ufal, de la Convergence Services publics, de collectifs divers, des comités de défense des hôpitaux publics, des mutuelles attachées à la sécurité sociale, des lycées publics, des MJC, des centres d’animation, des structures syndicales locales de la CGT, de Solidaires, de la FSU, de la Confédération paysanne, de l’Unsa, des structures politiques comme le PRG, le PS, le PCF, le PG, le Front de gauche…

Les sujets traités demeurent liés à la demande sociale : la triple crise, l’Europe, la protection sociale, la santé, les retraites, la politique familiale, la perte d’autonomie, l’école, les services publics, la gouvernance mondiale (G8-G20, FMI, BM, OMC), l’immigration et la nationalité, le féminisme, l’écologie, la bioéthique, la démocratie , la laïcité, les partis politiques, les syndicats, la franc-maçonnerie, etc. Face à la diversité de ces thèmes, la particularité de ce Réseau est de s’appuyer sur des séminaires de cohérence afin de construire des outils d’éducation populaire pertinents et innovants. Ces séminaires sont orientés par un modèle politique explicite : la république sociale.

Le REP souhaite toutefois rassembler d’autres formes d’éducation populaire, fédérer d’autres pratiques afin de renforcer le secteur dans son ensemble. Cela veut dire s’intéresser à d’autres modalités de la transmission populaire (théâtre, conférences gesticulées, musique, etc.) et à d’autres types de programmation. Les cycles « Instruire le citoyen » s’attachent par exemple à promouvoir la culture scolaire auprès de celles et de ceux qui ont perdu de vue l’école, d’ouvrir à une pratique des grands textes ou de s’initier aux savoirs scientifiques, sur le modèle par exemple de ce qui se fait au sein de l’Université conventionnelle, université populaire du 11e arrondissement de Paris. Les cycles « diffuser la culture » souhaitent quant à eux permettre à des initiatives culturelles engagées de rejoindre le réseau et de se faire connaître ainsi d’un plus large public.

Beaucoup, bien sûr, reste à faire. Le site à l’adresse suivante www.reseaueducationpopulaire.info constitue un outil privilégié pour tous ceux qui souhaitent œuvrer avec nous au travail culturel appelé par la nécessaire transformation sociale et politique. Nous organiserons ainsi ultérieurement, avec tous ceux qui le souhaitent, des assises pour une refondation de l’éducation populaire.

À bientôt donc,

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La république nous appelle... à sa refondation. Le cercle Archimède vous invite à visiter son site

par Bernard Teper

 

Le cercle Archimède est un club de réflexion (think tank en anglais). Un de plus me direz-vous ?
Sans doute. Mais celui-là a l’ambition d’effectuer une refondation rendue nécessaire par l’approfondissement de la crise financière et de la crise des dettes souveraines et par l’effondrement des modèles totalitaires et bureaucratiques. Et comme le dit son manifeste, « … en histoire, rompre est aussi parfois renouer ». Tourner le dos au modèle néolibéral demande donc de revisiter les modèles qui n’ont pas été épuisés par l’histoire. La République sociale et ses impératifs démocratiques, laïques et écologiques font partie de ceux-là. Mais aussi d’autres pensées.
Albert Einstein ne déclarait-il pas qu’« aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré. » Voilà donc une tâche exaltante à laquelle le Cercle Archimède veut contribuer.
Tout est à faire, car « Quand les idées même d’intérêt général, de bien public, de raison gouvernante, de planification et de coordination des initiatives ont été pilonnées pendant quarante années, quand ne sont offerts par l’histoire que les exemples désastreux de l’économie bureaucratisée à superstructure dictatoriale, les hommes de progrès doivent reconstruire au milieu d’un champ de ruine » dit le manifeste du Cercle Archimède.

L’heure est à « une nouvelle radicalité » qui doit concerner, en premier lieu les relations à établir entre État et marché et le « reprofilage » du contenu du droit de propriété… Ce travail passe par la reconstitution des « Communs » (c’est-à-dire des biens et services communs de l’humanité soustraits à toute forme d’appropriation privative) et la fixation de leur statut de propriété et d’usage, la reformation d’une économie publique … une maîtrise collective de création monétaire et du système de crédit, la reconfiguration des pouvoirs au sein de l’entreprise organisée… la réhabilitation de la fonction publique. La nouvelle radicalité que nous devons exprimer doit croire que propriété publique peut rimer avec démocratie, organisation avec diversité et capacité d’initiative, entreprise privée avec service de l’intérêt général, démocratie avec liberté et autonomie des communautés de travail. »La nouvelle radicalité est « à rechercher aussi dans l’encouragement à l’initiative et à l’esprit d’entreprise, dans l’aide à l’entrepreneur et à l’inventeur, qu’il faut non pas combattre, mais protéger de l’hégémonie du capitalisme oligarchique ».
Tourner le dos aux modèles épuisés, comprendre « que c’est l’État bureaucratique qui a été le fossoyeur des conquêtes de 1945 », et promouvoir un débat sans concessions notamment dans la campagne présidentielle qui s’annonce, le chantier est immense.
Mais qui sont les membres du Cercle Archimède ? « Exerçant ou ayant exercé des responsabilités et connu des engagements dans des domaines multiples (politique, administration, enseignement et recherche, industrie), les membres du cercle ARCHIMÈDE entendent participer, avec la modestie qui s’impose, à ce travail de redéfinition des concepts fondamentaux d’une action politique aujourd’hui, sans sectarisme et sans tabou, et sans jamais négliger que le débouché de toute entreprise de ce genre est nécessairement politique. Ils invitent tous ceux qui partagent le projet exprimé ci-dessus à les rejoindre. »
Vous avez compris qu’il fallait aller sur le site lire le manifeste, l’éditorial, les textes intitulés « La question des Institutions », « L’Europe, l’euro, la crise », « La République en quel État ». Mais aussi proposer vos offres de service pour participer à l’œuvre collective.

Laïcité et féminisme
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Unies par un même idéal laïque, pour le triomphe des droits des femmes sur les deux rives de méditerranée !

par l'ANPLA-Immigration
Association nationale pour la promotion de la laïcité en Algérie.
Section Immigration

 

Déclaration de l’ANPLA aux Etats Généraux des Femmes à Paris, le 4 décembre 2011

Les nouvelles de Tunisie, de Lybie, du Maroc, d’Egypte , du Moyen-Orient de façon générale sont bien inquiétantes et assombrissent lourdement le climat politique.

A la lame de fond démocratique et l’euphorie des premiers mois de l’année 2011 succède aujourd’hui la perspective d’une gouvernance islamiste dont les effets néfastes et dévastateurs sont largement sous estimés voire sciemment passés sous silence.

Le mouvement islamiste, organisé de longue date et implanté massivement grâce au maillage impressionnant de la société par un réseau dense de mosquées, a capté à son profit la colère des peuples arabes pour réaliser le hold-up du siècle ! Il a récupéré, détourné et confisqué ce que l’on a baptisé précipitamment de « printemps arabe ».

Une telle dérive était prévisible. En effet, les rapports de forces qui ont dominé dans cette région du monde ne se sont jamais exercés pour faire triompher l’Etat de droit et les libertés individuelles. Dictateurs et islamistes, en parfaite connivence, adoubés par un Occident aveuglé par les calculs étroits du court terme, ont eu les mains libres pendant des décennies pour assécher la vie démocratique et réduire à néant les efforts des démocrates arabes à l’organisation politique de leurs peuples. Décapité et cassé par une répression féroce, le mouvement démocratique a été laminé et réduit en poussière.

Ceux qui ont porté aux nues le « printemps arabe » comme par enchantement ont viré leur cuti du jour au lendemain et aujourd’hui, nous rassurent sur notre avenir en tressant les lauriers de l’islamisme « modéré ».

De qui se moque t-on ?

Obama pactise avec les terroristes que lui-même avait catalogués dans les black-lists, encourage le retour triomphal des Talibans dans le cadre de la pseudo « Réconciliation Nationale » en Afghanistan et encense le nouveau «modèle» tunisien. Même son de cloche du côté européen : Pendant que Sarkozy et Cameron ferment les yeux sur la nature hideuse de la clique du pouvoir lybien, Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne se répand en courbettes devant les nouveaux maîtres du pouvoir.

Tout concourt à penser que le « plan du Grand Moyen-Orient » décliné en 2004 au Congrès par George W. Bush est entrain de se mettre en place.

Hier on nous demandait d’accepter des autocrates pour éviter les islamistes. Aujourd’hui, on nous demande de se faire bouffer à la sauce « light » de l’islamisme « modéré »! Décidément l’heure est au grand écart ! Pourquoi cette volte-face à 180 degrés ?

Qu’entendent-ils donc ces prestidigitateurs du verbe par « islamisme modéré » ? Quel est le contenu concret qu’ils donnent à leur lubie ?

  • Qu’ils nous disent alors ce qu’est le Tutorat « modéré » du mâle sur les femmes !
  • Qu’ils nous définissent ce qu’est la polygamie « modérée » !
  • Qu’ils nous expliquent ce qu’est la répudiation « modérée » !
  • Qu’ils nous montrent de quelle taille doivent être les pierres pour lapider « modérément » les femmes !
  • Qu’ils éclairent nos lanternes sur ce qu’est une fatwa « modérée » !

Par quel tour de magie, une idéologie de combat, comme l’islamisme, fondée sur des lois divines, accepterait-elle de se soumettre aux lois humaines?

Les questions qui se posent aux femmes algériennes restent entières depuis longtemps. Voilà plus d’un quart de siècle que le code de la famille algérien, rebaptisé à juste titre, « code de l’infamie », impose depuis 1984 un carcan de souffrance et d’humiliation aux femmes en en faisant des mineures à vie.

Les femmes algériennes ont connu toutes les versions de l’islamisme : sa barbarie et son discours mielleux. C’est pourquoi, elles peuvent en parler en connaissance de cause comme leurs sœurs afghanes et iraniennes. Elles savent surtout que quelle que soit la version, la « hard » ou la « soft », ce ne sont en fait que les deux faces du même monstre : l’islamisme politique.

Quand la religion est au pouvoir, elle le corrompt et l’avilit. Elle l’entraîne aussi dans les bas-fonds de la violence. La confusion de la religion et du pouvoir est toujours un mélange qui détonne et celui-ci explose en premier lieu à la gueule des femmes, les premières victimes de l’islamisme politique comme le démontre l’histoire de l’Algérie.

Quelle différence y a-t-il entre un poison tout court et un poison « modéré » sinon celle de crever sur le champ ou de souffrir à petit feu toute une vie ? Comme le cyanure, l’islamisme politique est mortel à toutes les doses !!

De quelque point de vue que l’on se place, ni la polygamie, ni la répudiation, ni la lapidation ne sont de l’ordre de l’humain. Elles sont toutes une injure à l’Humanité entière !

Il ne peut pas, il n’y a pas d’alchimie heureuse entre l’islam et la politique.

La malédiction des femmes algériennes continue jusqu’en France où les « conventions bilatérales » continuent d’exercer, au mépris de l’EGALITE CITOYENNE, leur chape de plomb et livrent les femmes algériennes à la férule de lois d’un autre âge.

En effet, la convention bilatérale de 1964 permet la reconnaissance de décisions rendues en Algérie (la répudiation de la femme par le mari) et sont validées par l’exequatur (procédure de reconnaissance, par le droit interne, d’une décision de droit d’un Etat étranger). L’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, notamment l’article 6, prévoit que le renouvellement du certificat de résidence est subordonné à une communauté de vie effective entre les époux. En conséquence, dans le cadre de la loi du 9 juillet 2010 relative aux violences faites aux femmes, les Algériennes même si elles peuvent bénéficier de l’ordonnance de protection, hésitent à s’engager dans une procédure de divorce. Elles vivent dans la peur de ne pas obtenir leur certificat de résidence ou son renouvellement (soumises au pouvoir discrétionnaire du préfet) et d’être confrontées à une procédure de reconduite à la frontière. Elles risquent de choisir de retourner chez le conjoint violent et rester à vivre avec leur bourreau face à un dispositif juridique qui discrimine et n’abolit pas les violences à l’égard des femmes.

En France, les pressions se font de plus en plus sentir sur les garderies d’enfants, les écoles, les marchés, les hôpitaux, les cafétérias, les piscines, les services publics, les rues. Elles se cachent sous le masque de la tolérance, du pluralisme, du respect de la différence, du vivre ensemble, de la liberté d’expression, du respect de l’autre, de l’ouverture à l’autre, de l’identité de l’autre, de la communauté de l’autre, de la culture de l’autre, des traditions de l’autre et bien évidemment de la religion de l’autre.

Le prosélytisme des évangélistes fleurit de plus en plus aux abords des gares et dans les marchés. Les intégristes catholiques redressent la tête. Ils tentent de perturber à Toulouse deux pièces de théâtre qu’ils jugent «blasphématoires» et font carrément irruption sur la scène du théâtre de la ville de Paris lors de la présentation de la pièce « Sur le concept du visage du fils de Dieu »

Les intégrismes prospèrent en écho sur les deux rives de la méditerranée mais nous ne cèderons pas à cette offensive généralisée contre les droits des femmes.

Pour nous, la démocratie ne se limite pas à la seule arithmétique comptable. La démocratie repose aussi sur le socle des valeurs universelles et nous n’accepterons jamais que le droit à l’égalité Femme/Homme soit sacrifié sur l’autel de la trahison et des compromissions avec l’islamisme politique. Les droits des femmes ne sont ni secondaires, ni négociables et aucune politique ne pourra prétendre défendre l’Humanité entière si elle ignore les droits des femmes.

C’est pourquoi toutes les femmes du monde doivent converger leurs efforts pour lutter ensemble contre les intégrismes de tout bord pour qu’enfin soient reconnues une place entière aux femmes et que s’épanouissent leurs droits. Un tel combat ne réussira pas s’il n’est pas mené contre toutes les atteintes à la laïcité. Sans laïcité, aucune place ne sera faite aux droits des femmes.