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Triste anniversaire du 10e anniversaire de la mise en circulation de l'euro

par Évariste
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De 1957 à nos jours, nous avons vécu une accélération exponentielle de l’histoire. Pierre Mendès France (PMF) stigmatise dès 1957 la contre-révolution antidémocratique incluse dans les traites de Rome instituant un marche commun1 . L’Acte unique européen de 1986 engage le marché unique et le début des politiques néolibérales. Le traite de Maastricht de 1992 accélère les contre-réformes néolibérales (création de la monnaie unique entre économies et systèmes de protection sociale et écologique divergents, indépendance de la Banque centrale européenne, etc.).

1er janvier 2002, mise en circulation de l’euro. Du traité de Nice au traité de Lisbonne, mise en place d’un arsenal néolibéral anti-démocratique, anti-social, anti-écologique, anti-laïque unique au monde. Été 2007, crise immobilière étasunienne entraînant une crise bancaire et financière mondiale. 15 septembre 2008, faillite de Lehman Brothers entraînant le risque d’un effondrement général du système bancaire et financier international. Transmission de la dette privée des banques à la dette publique des États. Démarrage rapide de la crise de la dette publique. Financement de la dette publique par des politiques d’austérité toujours plus fortes de trimestre en trimestre sans toucher aux causes de cette triple crise économique, financière et de la dette publique. Décision de la gouvernance européenne de construire une dictature financière européenne parachevant l’éradication de la démocratie pour les affaires économiques et financières… 1er janvier 2012, dixième anniversaire de la mise en circulation de l’euro.

Combien faudra-t-il de tristes anniversaires avant la seule alternative possible : l’instauration – révolutionnaire — d’une république sociale réellement démocratique, laïque et écologique  !
Combien faudra-t-il de tristes anniversaires pour que les citoyens prennent confiance dans la capacité de la politique à surmonter les supposées « fatalités » économiques et obtiennent de leurs représentants qu’ils soient à la hauteur des enjeux !
Combien faudra-t-il de tristes anniversaires pour que tous les militants comprennent l’importance de l’éducation populaire tournée vers l’action, qu’ils ne pratiquent toujours pas, pour armer idéologiquement les citoyens en vue des changements évoqués ci-dessus ?

  1. Extrait du discours de PMF à l’Assemblée nationale le 18 janvier 1957: “L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale.” []
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TVA « sociale » : un train cache l'autre

par Monique Vézinet

 

Est-il nécessaire de revenir sur toutes les raisons de s’opposer la TVA dite sociale et notamment de rentrer dans les évaluations de son impact sur la compétitivité de l’économie française ? Pour que les importations de pays à bas salaires puissent contribuer au financement de la sécurité sociale, on ne peut tabler sur des produits présentant des différentiels de coût de l’ordre du multiple ; le retour à un commerce international raisonnable exige des mesures d’une toute autre ampleur, portant sur les équilibres monétaires et les déséquilibres permanents des balances commerciales.

Des textes de Respublica ont déjà rappelé le caractère inéquitable des impôts indirects et de la TVA en particulier, à l’époque où MM. Valls et Le Guen soutenaient cette mesure, et, à propos de la réforme des retraites, dénoncé le financement de la protection sociale par l’impôt.

Derrière l’actuel rideau de fumée, il faut aujourd’hui se reporter au rapport, dévoilé récemment par Les Échos, de la mission Bur, sur le financement de la branche famille car c’est elle qui doit faire les frais de l’opération. On le savait depuis le début 2009, le président Sarkozy envisageait à l’époque un cadeau de 30 Mds € au patronat par la suppression de ses cotisations à cette branche : il faut donc faire vite avant les élections, quitte à réduire la part de gâteau ! Le rapport chiffre comme hypothèse « équilibrée » un baisse de deux points de ces cotisations, soit quand même 13,8 Mds €, via une augmentation de « seulement » 2,1 points du taux normal de la TVA (le consommateur qui subit déjà la hausse du taux réduit appréciera). On ajoute des économies sur les prestations familiales, un soupçon de relèvement de la CSG sur les revenus du patrimoine et des placements, ainsi que sur les retraites… et le Medef n’a plus qu’à se montrer grand seigneur en ajoutant qu’on pourrait peut-être aussi baisser les cotisations salariales en contrepartie de l’instauration de la TVA sociale.

Mais continuons l’instructif commentaire du rapport Bur : pourquoi le choix prédominant du financement par la TVA ? C’est dit sans fard page 29 : « la mission estime qu’une hausse de CSG serait mieux comprise par le corps social si elle devait servir à résorber le déficit de l’assurance maladie ou contribuer à pérenniser le système de retraites par répartition ». Le plan de démantèlement du système de protection sociale se précise en ces termes : il est de fait que la prise en charge des « risques » sociaux par les ménages augmente avec une dichotomie entre les “risques” vieillesse, chômage et accidents du travail très majoritairement alimentés par la cotisation, d’une part, et les “risques” famille et maladie de l’autre. Puisqu’on constate « une nette corrélation entre les risques relevant d’une logique de solidarité et le financement par l’impôt et les contributions publiques », allons au bout du raisonnement de l’honorable mission parlementaire et évoquons la budgétisation de la branche famille car, au fond,  « l’existence des branches de la sécurité sociale n’a pas de valeur constitutionnelle ». Je vous laisse imaginer la suite de ce Mecano !

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Note sur l'économie sociale et solidaire et la situation de Seafrance

par Raphael Favier

 

L’économie sociale et solidaire (ESS) est basée sur une forme d’organisation particulière des entreprises ayant comme socle des valeurs de liberté et de solidarité. Ce sont des sociétés basées sur des personnes et non sur des capitaux. Le droit de propriétaire est remplacé par un droit à développer ensemble, c’est-à-dire un droit de copropriété. Il n’y a pas d’actionnaires et la démocratie se traduit par le principe une personne, une voix.

Les formes les plus connues de ces organisations sont les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations. Elles ont un ancrage territorial local qui, additionné à l’aspect collectif de la propriété, les protège d’OPA éventuelles.

Données quantitatives

En France (Sources : INSEE, rapport MINEFI Avril 2010 et Ap2E) :

  • Total ESS : 215 000 établissements en 2007 représentant environ 10 % de l’emploi salarié hors agriculture  %; sur les 22 millions de salariés que possède la France, 2,1 millions travaillent dans l’ESS. La masse salariale représente 8 % de la masse salariale nationale. Au total l’ESS contribue à 8 % du PIB dont 3 % pour les associations et fondations.

Les pourcentages des emplois par spécialité de l’ESS par rapport au nombre d’emplois de la spécialité au niveau national sont : le social (64,5 %), activités financières (34,6 %), sports et loisirs (21,4 %), éducation (9,8 %), santé (10,5 %).

D’autre part l’emploi féminin atteindrait le ratio de 65,5 %.

  • Les associations représentent 183 000 établissements (sur les 215 000). Elles possèdent 1,7 million d’emplois soit 7,6 % de l’emploi salarié et 5,7 % de la masse salariale nationale. Le budget cumulé est de 59 Mds €. Dit autrement, le volume d’emplois est de 1 050 000 emplois équivalents temps plein (ETP) qui utilisent 14 millions de bénévoles représentant un volume de travail équivalent à 935 000 emplois ETP dont l’impact n’est pas introduit dans le PIB.
  • Les coopératives et mutuelles représentent 24 000 établissements coopératifs et 7 000 établissements mutualistes. Dans ces deux secteurs réunis, les banques et assurances représentent 14 000 établissements coopératifs et 5 000 établissements mutualistes.

Le bilan de l’ESS est considéré comme très positif au point que le gouvernement lui a accordé l’année dernière un rapport accompagné de 50 propositions et un colloque. En effet malgré « la crise » l’emploi dans le secteur de l’ESS a continué à croître. L’une des raisons évoquées de son développement est relative à l’importance de son maillage très fin et à son ancrage dans le territoire national.

Dans ce rapport il est conseillé au gouvernement de développer les activités et les emplois de l’ESS. Dans la proposition 19, il est proposé de considérer certains projets relevant de ESS comme faisant partie de projets d’innovation sociale. Les propositions 29 et 38 recommandent de favoriser la reprise des PME en difficulté aux salariés ou la transmission des PME à d’autres organisations relevant de l’ESS sous forme de coopératives en soulignant le besoin d’apporter une attention aigüe aux aspects juridiques de telles organisations.

L’ESS en Europe (25 États) comporte 240 000 coopératives dans tous les secteurs de l’économie : l’agriculture, les intermédiaires économiques, le commerce de détails, le logement, l’industrie sous forme de Scop de travailleurs, la construction et les services en général. Ce secteur représente 3,7 millions d’emplois directs et rassemble 143 millions de coopérateurs

Dans le Monde (d’après un rapport des Nations Unies), de l’ESS et principalement des coopératives dépend la moitié de la population de la planète.

Seafrance

La société Seafrance est une SA filiale à 100 % de la SNCF qui se consacre au transport maritime entre Douvres et Calais. Au total 900 salariés dont 650 navigants. Son chiffre d’affaire s’élève à 222 M€. Cette entreprise est le premier employé de la ville de Calais.

Le transport transmanche sur cette ligne se décompose ainsi :

Sociétés/nature du transport Eurotunnel et SNCF via Eurostar ferroviaire P&O (britannique) maritime DFDS (danois) maritime Seafrance (France) maritime
voyageurs nombre de passagers 18,2 millions dont 9,5 par la SNCF et 8,7 par ses propres navettes 7,4 millions 2,5 millions 3,8 millions
Le fret (marchandises) en million de camions 1,5 million 1 million 420000 711 000 camions
+24 000 autocars
+713 000 voitures

 

Résultats d’exploitation de Seafrance ( source Les Échos) :

Année 2006 2007 2008 2009 2010 sous audit
millions d’€ + 0,26 +2,70 -18,22 -36,26 -33,0

 

D’une part à partir du moment où le gouvernement a refusé d’investir aujourd’hui comme hier, directement et non, à travers les indemnités de licenciement et surtout en raison du fait que les navires, c’est-à-dire l’outil de travail, demeureraient la propriété de la SNCF et allaient être mis en vente, les conditions pour créer une Scop n’étaient pas réunies. La proposition gouvernementale apparaît ainsi comme une fois de plus un enfumage ayant comme but de montrer que les salariés au fond ne souhaitaient pas gérer collectivement une entreprise.

À titre d’illustration, le cas de la société Brittany Ferries

Cette société assure les liaisons transmanche entre la France, l’Angleterre et l’Irlande au départ de Roscoff, Saint-Malo, Cherbourg, Ouistreham.

Créée en 1972 par les coopératives agricoles bretonnes sous le nom de Bretagne, Angleterre, Irlande (BAI). Cette société de gestion est aujourd’hui une SA à capital de 22,8 millions € détenu par une société de participation financière SOPARFI (64,19 %), les CCI bretonnes (12,03 %) d’autres organismes financiers (10,74 %), la CRAMA (caisse de retraite et maladie des agriculteurs (4,61 %), divers (8,43 %). Elle réalise un chiffre d’affaire de 332,3 M€, emploie 2476 salariés, dont 1 600 marins.

Mais les navires sont acquis et exploités par des sociétés d’économie mixte (SEM) dans lesquelles les collectivités locales (conseil régional, départements) ont la majorité. Il existe 5 SEM (Senamanche, Senacal etc.). Elles acquièrent les navires soit par l’achat direct en empruntant, elles sont alors propriétaires, soit titulaires d’un crédit-bail auprès de groupements d’intérêt économique (GIE). Dans ce cas ces GIE achètent les navires et louent les bateaux aux SEM qui les louent à leur tour à BAI. L’amortissement des bateaux pour les GIE serait de 8 ans.

Ainsi les SEM, c’est-à-dire les élus locaux, ont un pouvoir de censeurs, d’orientateurs, etc. vis-à-vis de BAI. Ce qui signifie en clair qu’une grande partie de l’endettement de BAI se situe au niveau des SEM.

En conclusion, même si nous ne connaissons pas le plan d’affaires proposé par les salariés de Seafrance, le rejet de la Scop était logique. Scop ou d’autres solutions auraient pu être trouvées. Mais malheureusement nous assistons une fois de plus à l’abandon de notre tissu industriel et de service et au petit jeu que se livre ce gouvernement pour ridiculiser et soumettre les salariés.

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Algérie : paroles de jeunes de Constantine

par Soad Baba Aïssa
Militante féministe laïque
(Initiative Féministe Européenne, Réseau Education Populaire

 

Vous allez vous réjouir de découvrir les « Plumes aiguisées ». Certains regretteront de ne pas y trouver de la grande littérature, les auteur(e)s sont sans prétention artistique, même si je pense que certaines plumes ont de l’avenir.  Ces jeunes filles et jeunes hommes vivent à Constantine, en Algérie. Jeunesse qui exprime simplement ses sentiments. C’est une parole libre. S’emparant de tous les sujets, ces jeunes les ont abordés sans tabou. Ils mettent en lumière toutes les interrogations liées à leur quotidien, à leur avenir en Algérie.  Au fil des textes, je fus heureuse de constater que l’école fondamentale algérienne n’avait pu atteindre totalement tous les esprits. Son objectif : « nourrir » ses enfants aux sourates du Coran, les clouer dans les archaïsmes des traditions et de la religion, leur ôter tout esprit d’analyse et de rationalité. Enfin, ces « Plumes aiguisées » déconstruisent le slogan des relativistes culturels « c’est leur culture », vérité sacralisée pour justifier des comportements archaïques et des visions passéistes dans nos démocraties occidentales !  Cette jeunesse rend visible des sujets politiques centraux : les droits des femmes,  l’égalité, la mixité, la laïcité. J’ai eu l’immense privilège de les rencontrer en juillet 2011 à Alger. Génération désenchantée ? Une génération où la force de vivre est positive et nous démontre à l’envi leur attachement à la démocratie et aux valeurs universelles.

Télécharger “Plumes aiguisées” (PDF)

NDLR – Voir aussi l‘entrevue à laquelle participent deux jeunes filles du PLD publiée dans un précédent numéro de Respublica.

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L'aberration du niqab à l'université

par Mohamed Larbi Bouguerra
Chimiste et universitaire tunisien.

 

J’ai suivi, éberlué et un tantinet incrédule face à la violence qu’elle a déchaînée, l’affaire du niqab à la Faculté des Lettres de Sousse et au final, je ne sais s’il faut en rire ou pleurer.

Cette jeune étudiante en niqab – et toutes celles qui auraient la mauvaise idée de porter cet accoutrement — risque en effet de se casser la figure lors des sorties sur le terrain du département de géographie par exemple. Imaginez cette pauvre étudiante en niqab relevant des lignes de niveau dans un terrain accidenté ou prélevant des échantillons dans un cours d’eau. Elle risque à tout moment de se tordre le cou ! Plus généralement, une étudiante en niqab pourra-t-elle respecter les normes de sécurité au laboratoire de chimie ou de biochimie en Faculté de Science ou en Faculté de Médecine ? Pourra-t-elle herboriser dans le cadre d’un cours de botanique ou d’agronomie ?

Soyons sérieux. Cet accoutrement est bien loin de nos us et coutumes. Il vient du fin fond de la Péninsule Arabique. Ce n’est pas ce lugubre chiffon qui fera d’une femme une bonne musulmane. Non ! Le cheikh Mohammed Abdou (1849-1905), de retour en Égypte après son exil en Europe notait : « En Europe, j’ai trouvé l’Islam, mais pas des musulmans. Ici, au Moyen-Orient, je trouve des musulmans, mais pas d’Islam. » Ce réformateur voulait dire que, ce qui compte, ce n’est pas l’observance mécanique des gestes et du rituel, mais les actions et le comportement des gens. En un mot comme en cent, leur morale et leur éthique.

Mais quel gâchis et quelle perte de temps dans nos institutions universitaires autour de ces questions exhumées par certains pêcheurs en eau trouble !

La Science est, aujourd’hui le moteur du développement, de la croissance et de la création d’emplois. Mais certains préfèrent discuter du sexe des anges. Or, que constate-t-on dans le monde, autour de nous ? La Chine et le Japon, qui ont fait des pas de géant dans le domaine du Savoir et du développement tous azimuts jusque et y compris l’espace, ont complètement laissé de côté la question religieuse. Mieux, la tolérance religieuse… est une religion au Japon, puisqu’on y naît bouddhiste et on meurt shintoïste si on le désire !

À l’heure où la science décide de la puissance des nations, il est criminel pour un petit pays sans autres grandes ressources naturelles que l’intelligence de ses enfants de porter atteinte à l’Université, à ses hommes et à ses équipements. L’année 2011 a été déclarée « Année Internationale de la Chimie » par l’ONU. Peu d’échos hélas ! dans notre pays de cette célébration d’une science qui a fait, entre autres pays, la puissance de l’Allemagne (l’aspirine synthétisée par un chimiste allemand a donné ces mastodontes industriels que sont Bayer et la BASF), de la Grande-Bretagne (les colorants synthétiques de Perkin ont révolutionné un pan entier de l’agriculture et conduit à la ruine les paysans du sud de la France où l’on cultivait la garance pour en extraite l’alizarine, une teinture végétale), la synthèse de la quinine – médicament antipaludéen- par deux pharmaciens français a aidé à l’établissement de l’empire colonial africain de la France… Pour ce qui concerne notre pays, sitôt son protectorat imposé à la Tunisie en 1881, la France a commencé à exploiter le phosphate du bassin de Redeyef-Metlaoui dès 1883, car le vétérinaire militaire Philippe Thomas, féru de géologie et installé en Algérie, connaissait la valeur du minerai qu’il avait fait analyser à l’École des Mines, Boulevard Saint-Michel à Paris!

Plus près de nous, que voit-on ? Le Prix Nobel de chimie 2011 a été remporté par l’Israélien Daniel Shechtman et non par un barbu ou par une dame arborant niqab. Le seul Prix Nobel de chimie d’origine arabe vit et travaille aux États-Unis.
La découverte par cet Israélien des quasi-cristaux en 1982 dans un alliage aluminium-manganèse lui a valu cette distinction. Elle couronne la ténacité d’un homme qui a tenu face aux idées admises en cristallographie qui réfutaient — à tort — sa découverte. La Science peut être remise en question. Elle n’a point de certitudes absolues. Elle est une école d’humilité. Linus Pauling, le grand chimiste américain – deux fois Prix Nobel — enseignait aux jeunes de ne croire que « leur esprit » et qu’aucune « autorité » n’existe en science. Galilée, Lavoisier, Einstein…ont été remis en question.

Alors de grâce, si nous voulons rejoindre le concert des nations émergentes, voire développées, encourageons notre jeunesse à épouser les valeurs scientifiques et épargnons à notre Université ces débats et cette violence d’un autre âge ! Le grand journaliste Samir Kassir, traîtreusement assassiné par des lâches à Beyrouth en juin 2005, écrivait : « Par un extraordinaire dessein de la nature, les principaux champs d’hydrocarbures se retrouvent dans des pays qui ont été en marge de l’histoire arabe depuis des siècles et qui n’ont pas connu le même développement politique et intellectuel. Deux pays y font exception, l’Algérie et l’Irak….La manne pétrolière a donné davantage de moyens aux élites gouvernantes de ces pays pour chercher à agir dans le champ des relations interarabes. Si bien qu’avec la richesse pétrolière le monde arabe a été rattrapé par l’arriération des pays de la péninsule arabique… Mais l’Arabie Saoudite a surtout nivelé par le bas le reste du monde arabe. Et le visage invisible des femmes qu’elle a réexporté un peu partout en est la plus triste preuve. » (Samir Kassir, « Considérations sur le malheur arabe », Actes Sud, Arles, 2004, p.86-87). Notre pays, notre Université et notre jeunesse se doivent d’effacer ce pénible témoignage qu’est le niqab !