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On ne peut contourner sans cesse le débat stratégique

par Évariste
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Il est toujours possible de retarder le débat stratégique mais pas indéfiniment… Celui que nous avions entrouvert dans notre dernière livraison du journal, vient de resurgir suite à l’annonce du départ de Marc Dolez du parti de gauche.
Bien que nous ne partagions pas toutes les réponses apportées par Marc Dolez et leurs conséquences, force est de constater qu’il répond aux questionnements du débat stratégique qui ont été largement évacuées par le Front de gauche en croyant que seule l’euphorie du sentiment et de la croyance permettra la nécessaire émancipation culturelle, sociale et politique.
Ces questionnements devraient se poser à tous les militants du Front de gauche et bien sûr au-delà, dans les assemblées citoyennes devenues trop souvent des comités de soutien aux élus et futurs élus du Front de gauche.
Voilà pourquoi nous insistons depuis longtemps pour remettre dans les priorités politiques, l’éducation populaire tourné vers l’action, qui est aujourd’hui le seul lieu, de notre point de vue, où ces problèmes sont posés.

Les processus des congrès des partis constitutifs du Front de gauche sont engagés. Nous vous invitons à aller voir si ces questions stratégiques vont être posées aux adhérents de ces partis, dans une démocratie renouvelée, et si les réponses vous semblent satisfaisantes. Nous reviendrons bien sûr sur toutes ses questions dès le début de 2013.
Ce qui est sûr, c’est que l’année 2013 va s’engager avec une attaque insensée contre la cotisation sociale et le financement solidaire (voir la lettre de mission du Premier ministre au nouveau Haut conseil du financement de la protection sociale), contre le système des retraites sur lequel le gouvernement semble souhaiter une évolution néolibérale à la suédoise des années 90, contre les droits légitimes des salariés, et bien d’autres choses dont les soubresauts de la crise systémique ne seront pas les derniers à nous inquiéter. Y a-t-il les réponses à la hauteur des enjeux ici et là ?
Voilà pourquoi nous allons participer, comme nous l’avons très souvent fait, avec le Réseau Education Populaire, partout où nous serons invités dès 2013 à ces débats cruciaux pour notre avenir culturel, politique et social.

En attendant, bonnes fêtes de fin d’année, et soyez fins prêts pour cette rentrée qui ne s’apparentera à aucune autre rentrée sociale et politique.

Débats
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Sur la valeur et son partage

par Michel Zerbato
Universitaire.
Auteur de "Néolibéralisme et crise de la dette, aux éditions "Osez la République Sociale"

 

Que le gouvernement soit de droite ou de gauche (pas de gauche), il suit depuis des années une logique globale qui vise à soutenir la compétitivité des entreprises en réduisant le coût salarial, c’est-à-dire, comme communément discuté, en réduisant la part du salaire dans le partage de la valeur ajoutée, ce qui tend à restaurer la profitabilité du capital. Keynes l’avait regretté, qui expliquait que tout pays qui a des difficultés peut certes s’en sortir en baissant les salaires, mais que c’est une solution de courte vue si tous font de même. Cette erreur des gérants du capital, Marx avait en avait donné la rationalité : devant la baisse tendancielle du taux de profit, vient inéluctablement le moment où les palliatifs deviennent inopérants et où il faut en venir à la dernière étape avant l’ultime, la dévalorisation brutale du capital, par une grande crise, généralement conclue par la guerre.
Cette baisse du salaire passe de plus en plus par une substitution continue de l’impôt payé par les ménages (TVA, CSG, etc.) aux charges patronales. Au sein de la gauche de gauche, des voix s’élèvent pour protester contre cette dynamique, notamment au motif que la cotisation serait anticapitaliste, car génératrice de valeur hors du marché du travail, tandis que l’impôt légitimerait ledit marché et le profit (voir le Monde diplomatique de septembre 2012 ou l’appel du Réseau salariat). Un débat s’en est suivi, plutôt confus car nombre d’interventions s’appuient sur des bases analytiques très incertaines. Un retour sur les « fondamentaux » en économie, permet de distinguer les discours libéraux ou alter d’un discours plus porteur d’avenir. Le point central est la nature de la richesse économique, de sa création et de sa mesure par la notion de valeur. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut discuter des modalités de son partage entre salaire et profit.

1ère partie : Richesse et valeur

Dans ce que Marx appelait le communisme primitif, l’homme vivait de chasse et de cueillette, des activités d’appropriation de la nature qui lui permettaient de vivre et de se reproduire. Avec la division du travail, ces activités se sont polarisées et sont devenues tâches d’organisation pour la classe dominante et tâches de travail pour la classe dominée, la classe des producteurs directs. Sont alors apparues les notions de richesse et de valeur, qu’il convient de bien distinguer, car les enjeux sont importants. La richesse économique, c’est le produit de la transformation de la nature par le travail de l’homme. La valeur économique, c’est la mesure sociale à travers le marché de l’utilité de cette transformation.

Selon A. Smith, la richesse est l’« ensemble des choses nécessaires et commodes à la vie », c’est-à-dire l’ensemble des biens disponibles, immédiatement consommables ou que l’on peut accumuler. Cette définition de la richesse comme moyens matériels de la reproduction des hommes reste pertinente, pour tous les vrais économistes, ceux de la valeur travail, tant pour Marx, explicitement, ou Keynes, implicitement. Ceux-là considèrent que la source de la richesse est la nature, mais que le travail des hommes, nécessaire pour se l’approprier, en fait la valeur économique. Don de la nature, la richesse est matérielle ; fruit du travail de l’homme, elle a une valeur sociale.

La théorie de la valeur travail ne nie pas l’idée d’utilité, c’est-à-dire que si une marchandise s’échange, c’est d’abord parce qu’elle est utile à celui qui ne la possède pas, parce qu’elle répond à un besoin. Mais elle pose que c’est un besoin socialement défini et que ce qui fait la valeur de la marchandise dans l’échange réside dans la difficulté de la produire, valeur qui se mesure donc par la quantité de travail social dépensé dans sa production. Le prix de la marchandise sur le marché exprime alors sa valeur par une quantité de monnaie. À l’opposé, l’économie vulgaire, comme disait Marx, celle de J.B. Say et aujourd’hui de ses successeurs néo-classiques, s’en tient à la seule utilité réduite au rapport psychologique de l’individu à la marchandise, donc hors de toute détermination sociale des besoins. C’est ainsi que le « Prix Nobel d’économie » est récemment allé à un pur psychologue ! C’est ainsi que cette approche individualiste en termes d’homo œconomicus est au fondement de tous les libéralismes.

Si le travail crée plus de richesse qu’il n’en détruit dans le processus de production, soit la richesse nécessaire pour reproduire les hommes et les moyens de production, il apparaît un surplus qui mesure la productivité des travailleurs. En termes de valeur, ce surplus est ce que Marx appelle la plus-value, et que l’on peut appeler le profit réel (c’est-à-dire sous la forme de biens). Dans le mode de production capitaliste, ce surplus revient de droit, sous la forme du profit monétaire, à « l’homme aux écus », qui a acheté le travail, contre salaire, et fourni les moyens de production. Si l’on ôte de la richesse nouvellement produite la partie affectée au remplacement des moyens de production usés, il reste ce qui constitue le revenu réel, qui se partage donc en richesse consommée par les travailleurs, le salaire réel, et richesse dont une partie est consommée par les capitalistes et l’autre accumulée pour élargir l’échelle de la production, le profit réel. Salaire réel et profit réel constituent le revenu réel. Le PIB est une tentative de mesure monétaire du revenu en termes de valeur ajoutée, mais dont le partage en salaire et profit (monétaires) donne une représentation trompeuse de la réalité.

En effet, tout travail, même socialement reconnu comme nécessaire, c’est-à-dire générant une valeur, n’est pas nécessairement directement productif de richesse. C’est le cas du travail producteur de services, qui consomme des biens, matières premières et moyens de production, mais sans les transformer en d’autres biens matériels. La fourniture de services provoque donc une destruction de richesse sans production de richesse nouvelle, ce qui n’empêche pas qu’un capitaliste puisse gagner de l’argent en fournissant ces services qu’il produit comme marchandises. Il y a bien, pour lui, individuellement, création de valeur ajoutée, puisqu’il y a profit (monétaire) mais ce profit individuel ne correspond pas à une richesse sociale nouvelle, il est capté sur le profit réel macro-économique pré-existant.

Adam Smith donnait l’exemple du chanteur d’opéra, qui fait gagner de l’argent à l’organisateur de spectacles, lequel, en bon capitaliste doit et peut faire du profit pour continuer d’exister en tant qu’organisateur. Mais le travail du chanteur ne produit aucune richesse matérielle, il en détruit seulement (fauteuils, instruments, boissons, etc.) La vente du spectacle crée de la valeur pour le capitaliste, au sens où elle génère un profit individuel, mais elle ne crée pas de valeur sociale : le profit du fournisseur de services, généré par la dépense du revenu des spectateurs, est capté sur la valeur créée par les producteurs de richesse sociale. Le spectacle est certes une richesse culturelle pour le spectateur, et s’il est consommé par un travailleur, il entre dans son salaire. Cependant, si le travail du chanteur permet le profit, ce profit ne correspond pas à des marchandises matérielles produites en surplus des besoins de reproduction. Le chanteur d’opéra est exploité par son employeur, parce qu’il lui permet de détourner à son profit une partie de la richesse produite par les travailleurs du matériel. Mais le surplus social n’est pas directement le fruit de son travail.

Cela ne signifie pas, cependant, que les services sont stériles. D’une part, les services consommés dans le procès de production industriel, qui sont une consommation intermédiaire, transmettent leur valeur au produit matériel et leur travail est donc un travail productif au niveau du capitaliste individuel. Le facteur qui transporte du courrier personnel apporte au destinataire un bien-être certain, mais aucune richesse économique, tandis que le facteur qui transporte du courrier d’entreprise est productif de valeur pour son employeur, mais improductif de richesse sociale. D’autre part, les services sont un facteur plus ou moins direct d’accroissement de la productivité sociale. Le développement des NTIC en direction de l’industrie, par exemple, est souvent gratifié d’avoir un effet important sur l’efficacité du travail : si c’est avéré, ces services sont indirectement productifs.

Ainsi, un capitaliste peut faire du profit sans créer de richesse, voire en en détruisant. Le travail de ses salariés est alors productif de valeur pour leur employeur, mais improductif du point de vue de la richesse sociale. Ce profit monétaire est capté sur la valeur préexistante via la consommation des ménages, salariés ou patrons, ou l’utilisation des services dans le procès de production réelle. Le profit des fournisseurs de services vient en déduction du profit des producteurs de richesse matérielle.

Ce qui signifie que l’industrie paie les services, que sans industrie, il n’y a pas de société viable. Contrairement à la pseudo-théorie de l’utilité des libéraux issus de la lignée de J.B. Say, il ne suffit pas que quelque chose “ait de la valeur” au sens où ça peut se vendre, pour que ce soit de la richesse sociale. Vendre une marchandise, c’est-à-dire réaliser sa valeur, et faire du profit, « créer de la valeur », n’est pas synonyme de créer de la richesse sociale. Situer l’analyse directement au niveau de la valeur est ambigu, car il y a le risque d’en rester au seul niveau du marché et de l’échange et d’oublier la production, qui ne peut être que matérielle, s’il s’agit bien de transformer la nature pour les besoins de la société. Créer de la valeur, c’est mettre sur le marché une marchandise vendable, qu’elle soit bien ou service, pour faire du profit, c’est le problème du capitaliste en tant qu’il est “l’homme aux écus”, c’est-à-dire aujourd’hui l’actionnaire (et, indirectement, l’épargnant). Créer de la richesse, c’est travailler et produire des biens qui ont de la valeur, sociale, parce qu’ils sont utiles à ceux qui ne les produisent pas. Parler d’industrie à propos de services est un non-sens, qu’il s’agisse d’industrie bancaire, financière ou autre, on parle même aujourd’hui de l’industrie culturelle !

Ainsi, création de valeur (économique) n’est pas équivalent à création de richesse, sauf dans le cas de la création de richesse fictive, produit de la spéculation. En effet, le degré ultime de l’illusion est atteint quand on croit qu’en faisant monter le cours de la bourse, la finance crée de la richesse, et que la chute dudit cours en détruit. Il y a bien création de valeur quand le spéculateur fait des profits (plus-values boursières, commissions bancaires, etc.), mais aucune création de richesse réelle n’est nécessaire. Celui qui possède des actions dont le cours monte s’enrichit, certes, mais fictivement : dans l’achat d’une action, via son assurance-vie, par exemple, il obtient, contre son argent, un droit à des dividendes, c’est-à-dire à une partie du profit futur, en abandon du droit à la richesse sociale que représente cet argent. L’entreprise qui a acquis ce droit, contre les dividendes futurs, l’exerce en investissant dans des machines qui lui permettront de le payer, c’est-à-dire verser les dividendes, si cet investissement génère des profits. La richesse initiale est utilisée, mais l’épargnant est toujours « riche » de son droit aux dividendes et il peut même s’enrichir en revendant ce droit à quelqu’un qui croit à des dividendes en hausse. Il se croit réellement riche, alors que cette richesse est seulement anticipée, le simple résultat d’un pari : elle n’a aucune réalité et si l’investissement échoue, la fiction se dissipe, « des milliards partent en fumée », et pourtant la société n’est pas plus riche ni plus pauvre d’un centime pour autant.

Au total, l’analyse du rapport de la valeur à la richesse a des enjeux théoriques et pratiques importants pour la définition de la stratégie anti-capitaliste.  Dans la deuxième partie, on en discutera deux : l’illusion d’une économie de services viable en rapport avec le débat sur la mondialisation et le partage de la valeur ajoutée en rapport avec le financement du modèle social.

Laïcité et féminisme
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France-Algérie : fraternité et mémoire ne peuvent laisser de côté les droits des femmes

par Soad Baba Aïssa
Militante féministe laïque
(Initiative Féministe Européenne, Réseau Education Populaire

 

Texte prononcé - lors de la soirée du 18 décembre 2012, organisée par “Au Nom de la Mémoire” et Mediapart pour fêter la reconnaissance en 2012 par la France de la sanglante répression de la manifestation du 17 - par Soad BABA AISSA, militante féministe laïque (Parti pour la laïcité et la démocratie en Algérie)
Demain, Monsieur le Président, vous foulerez le sol algérien. Le pays de mes ancêtres, de la Kahina1, de Fadhma N’Soumer2 , Mamia Chentouf3 , Nefissa Hafiz, Hassiba Ben Bouali, Djemila Boupacha, Djemila Bouhired, Djemila Amrane et de ces milliers d’Algériennes anonymes. Ce pays où pendant 132 ans le joug du colonialisme a laissé des traces indélébiles. Les relations entre nos deux pays, demeurent douloureuses car le sang et les larmes ne sont pas encore taris. Ce XXIe siècle doit être celui où se construiront des relations entre pays basées sur le respect de la dignité et des intérêts réciproques des peuples. Nous venez de franchir un pas important en reconnaissant pour la première fois la responsabilité de la France dans la répression féroce des manifestations pacifiques d’Octobre 1961. La politique française doit être décolonisée. Plus que cela, elle ne doit pas, elle ne saurait se faire au détriment des droits humains et en particulier en ignorant le principe d’égalité des femmes et des hommes.

Ayant été les victimes du statut personnel musulman organisé par le colonisateur, les Algériennes ont toujours souhaité promouvoir une législation civile. En Europe comme dans les pays du Maghreb, les premiers mouvements féministes des années 1970 ont construit leurs revendications pour des droits égalitaires exemptés de toute référence au religieux. Pour les féministes algériennes le principe de laïcité n’a jamais été une valeur occidentale, c’est en se basant sur ce principe qu’elles combattent pour la reconnaissance de leur pleine citoyenneté et pour l’émergence d’une société démocratique.
Depuis 50 ans, nos autocrates refusent l’universalité des droits et la combattent au motif qu’il s’agit d’une valeur importée qui doit s’effacer devant les sacro-saintes spécificités culturelles.
Notre spécificité culturelle, s’illustre par les stigmates que nous portons depuis plus d’un quart de siècle, ceux précisément du code de la famille algérien, fort justement rebaptisé, « code de l’infamie », outil d’oppression des femmes, d’idéologisation et d’instrumentalisation de la foi à travers lequel les dictateurs et les islamistes exercent leur domination contre les revendications de laïcité, d’égalité et de pleine citoyenneté. Ils imposent un carcan de souffrance et d’humiliation aux Algériennes en en faisant des mineures à vie, des sous-citoyennes.
La malédiction des femmes algériennes et bi-nationales continue jusqu’en France où soumises aux accords bilatéraux signés entre l’Algérie et la France discriminent les femmes françaises d’origine musulmane et les condamnent à vivre les injustices inspirées de la charia. Nous, citoyennes françaises d’origine musulmane ne sommes pas des citoyennes à part. Nous sommes des citoyennes à part entière et aspirons à vivre les valeurs de la République de liberté et d’égalité. Hélas, nous restons confrontées aux inégalités et à l’injustice sociale, au sexisme, à la xénophobie, et à la pression communautaire liée à la montée des intégrismes religieux.

Au-delà de l’Europe et du Maghreb, les droits des femmes sont un véritable enjeu planétaire :  il requiert toute notre détermination à combattre les politiques qui hypothèquent leur évolution, voire favorisent leur régression. Si la question de la laïcité et de l’égalité des droits ne sont pas posées comme une priorité politique, pour la garantie des libertés et des droits égalitaires, nous risquons de voir s’accélérer le processus de la montée des intégrismes qui menacent nos libertés. La solidarité internationale féministe a montré sa force dans le respect des droits humains universels donc indivisibles et non associables à telle ou telle culture.

Dans le monde arabe, les peuples, hommes et femmes, côte à côte, ont montré leur soif de liberté et de dignité. Hier, vous leur demandiez d’accepter des autocrates pour éviter les islamistes. Aujourd’hui, vous leur demandez de se faire bouffer à la sauce « light » de l’islamisme « modéré », la nouvelle sémantique des prestidigitateurs du verbe !
Qu’ils nous disent alors ce qu’est le tutorat « modéré » ? Serait-ce le fait que les femmes puissent désormais choisir celui, obligatoirement un homme, par lequel elles deviennent légalement des « incapables majeures » ? Qu’ils nous définissent ce qu’est la polygamie « modérée » ! La répudiation « modérée » ! La lapidation « modérée » ! Le crime d’honneur « modéré » ! Aucune politique ne pourra prétendre défendre l’humanité entière si elle ignore les droits des femmes.
La polygamie, la répudiation, la lapidation ne sont pas de l’ordre de l’humain. Elles sont une injure à l’humanité entière ! Non ! il n’y a pas et il ne peut y avoir d’alchimie heureuse entre la religion et la politique, entre l’islam et la politique.

Dans un pays démocratique, la coopération entre gouvernements doit être fondée, sur des rapports d’égalité, elle doit s’affranchir de tout soutien aveugle à des régimes autocratiques ou théocratiques régi par des calculs à court terme qui font fi du respect des droits humains pour les hommes et les femmes.
En Tunisie, en Egypte, en Syrie, au Maroc, en Algérie, les femmes se battent contre toute intrusion de la religion dans les législations et ses effets néfastes sur les droits des femmes. Elles veulent conquérir leur place dans l’espace public et dans l’espace privé. Par le contenu politique de leurs revendications pour la rédaction de nouvelles constitutions : inscription du principe d’égalité, séparation des sphères politique et religieuse, élimination de toutes les lois inégalitaires à l’égard des femmes, égalité des droits politiques, économiques, sociaux et culturels démontre à l’envie l’attachement des femmes des pays arabes aux valeurs universelles, à la démocratie égalitaire.

Le gisement des ressources pétrolifères et gazières ne pourront pas éternellement étouffer les ressources des forces démocratiques, des féministes.
« Ecoutez-le, entendez-le, le vent de la révolte gronde. Ce ne sont pas les gémissements de femmes battues, c’est le bruissement des femmes battantes. »

  1. Kahena (signifiant “prêtresse” , “devineresse” en arabe), de son vrai nom Dihya ou Damya (en tifinagh), est une reine guerrière berbère zénète des Aurès qui combattit les Omeyyades lors de l’expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle. []
  2. Lalla Fadhma N’Soumer (1830 - 1863), est une personnalité algérienne de la résistance des Kabyles (Igawawens : dénomination historique des Kabyles du Djurdjura) contre la conquête de la Kabylie par la France dans les années 1850. []
  3. Décédée ces derniers jours, elle fut la première sage-femme algérienne, militante nationaliste féministe au sein de l’Association des femmes musulmanes algériennes (AFMA), au côté de nombreuses autres femmes-courages à l’instar de Nefissa Hafiz, Malika Mefti, Baya Larab, Nassima Hablal, Meriem Benouniche, Zohra Tobiche, Izza Bouzekri, Zoreida Safir, Baya Nouari, Zoubida et Farida Saker, Manouba Khaked et tant d’autres « fidaiyates ». []
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Vu de Belgique : « Pour un droit de mourir dans la dignité en France »

par Centre d'Action Laïque
Bruxelles
http://www.laicite.be/

 

I. Le contexte français

Ce mardi, la Mission Sicard rend ses conclusions sur la question de l’accompagnement des personnes en fin de vie. Si cette Commission aborde des questions aussi diverses que le grand vieillissement, le sentiment d’inutilité sociale, la dépression, les tentations suicidaires, la dépendance et la perte d’autonomie, le point le plus attendu mais aussi le plus sujet à controverse reste la question de l’euthanasie : faut-il, oui ou non, modifier la loi Leonetti, relative à l’accompagnement des personnes en situation incurable ?

Malgré une adhésion très majoritaire des Français à une modification de la loi pour enfin ouvrir le droit à l’euthanasie active1, les débats et les opinions dans la presse récente française exprimaient une forte réticence à ouvrir un tel droit, le voyant plutôt comme une boîte de Pandore à des dérives inextricables.

II. La législation belge

Vu du Benelux, cette réticence étonne. Le 10ème anniversaire de la loi belge dépénalisant l’euthanasie a en effet permis d’affirmer le progrès éthique énorme qu’elle a permis, soulageant des milliers de malades et de familles.
Cette législation ouvre donc le droit à l’euthanasie, défini comme l’acte, pratiqué par un tiers (un médecin), qui met fin intentionnellement à la vie d’une personne à la demande de celle-ci. Elle repose donc sur le principe de l’autonomie de la personne. Ainsi, tout majeur ou mineur émancipé qui souffre d’une affection incurable, grave, sans issue, due à une maladie ou à un accident, laquelle entraîne des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et inapaisables, peut faire une demande d’euthanasie. La loi précise que cette demande doit être volontaire (sans pression extérieure), réfléchie et répétée (en dehors de tout état dépressif).

III. Une législation bénéfique pour tous

Les garanties accompagnant cette dépénalisation sont nombreuses : la déclaration anticipée d’euthanasie doit être contresignée par de deux témoins, dont l’un ne peut avoir un intérêt matériel au décès du déclarant ; elle peut être retirée ou modifiée à tout moment ; le médecin doit s’entretenir à plusieurs reprises avec son patient sur son état de santé, son espérance de vie, les possibilités offertes par les soins palliatifs et sa décision de mourir ; il doit consulter un confrère indépendant qui doit avoir un entretien avec le patient, l’examiner, prendre connaissance de son dossier, et s’assurer que l’affection est incurable et grave et que la souffrance (physique ou psychique) est constante, insupportable et inapaisable ; il doit s’entretenir à propos de la demande de son patient avec l’équipe soignante si elle existe et avec ses proches si le patient le demande (leur avis est uniquement consultatif).
Il convient en outre de rappeler qu’aucun médecin n’est tenu de pratiquer une euthanasie. C’est ce que l’on appelle la clause de conscience. Cette clause, personnelle, s’accompagne par contre de deux obligations incombant au médecin refusant de pratiquer une euthanasie : informer en temps utile le patient ou la personne de confiance qu’il a éventuellement désignée au préalable de son refus, en en précisant les raisons, et communiquer le dossier médical du patient au médecin désigné par le patient ou la personne de confiance.
Mais ce n’est pas tout : tout médecin qui a pratiqué une euthanasie doit confirmer le respect des conditions légales par une déclaration adressée à une commission parlementaire qui contrôle et évalue l’application de la loi relative à l’euthanasie dans les 4 jours ouvrables qui suivent l’euthanasie. Cette commission se compose de 8 médecins, 4 juristes, et 4 membres d’associations s’occupant de la problématique des malades incurables. Elle est chargée de vérifier, sur la base du volet anonyme du formulaire de déclaration envoyé par le médecin, si la loi a été respectée. Elle peut décider d’interroger le médecin ou de transmettre le dossier au parquet si elle estime que les conditions légales n’ont pas été respectées, ce qu’elle jamais dû faire jusqu’à présent. Elle doit enfin rédiger et remettre tous les deux ans au Parlement un rapport statistique ainsi qu’un rapport d’évaluation concernant l’application de la loi, éventuellement assortis de recommandations.2
En pratique, toutes les convictions philosophiques ont recouru à l’euthanasie et tous témoignent d’un décès digne, rapide et calme, sans souffrance ni effets secondaires. La mort peut enfin être appréhendée avec sérénité, permettant aux proches du malade de l’accompagner jusqu’à son dernier souffle.
Les euthanasies constituent encore et toujours 1% de l’ensemble des décès et concernent très peu les personnes âgées de plus de 80 ans. Les affections à l’origine des euthanasies sont pour la très grande majorité des cas des cancers généralisés ou gravement mutilants chez des patients dont le décès est attendu à brève échéance et dans une moindre mesure, d’affections neuromusculaires évolutives mortelles, voire de la coexistence de plusieurs pathologies. Près de la moitié des euthanasies ont été pratiquées au domicile du malade par le médecin généraliste.

IV. Conclusion

En conclusion, la loi belge a octroyé une sécurité juridique tant aux patients qu’aux médecins, en rendant possible cet acte ultime d’humanité, dans la plus grande transparence. Les médecins accédant à la demande de leur patient et respectant les conditions légales ne sont ainsi plus considérés comme des assassins. Une législation digne d’un Etat de droit se devant d’organiser des règles de vivre ensemble, respectant les conceptions des uns et des autres, n’imposant aucune morale sur une autre. Bref, une législation qui devrait inspirer les représentants du pays des droits de l’Homme, dont la première devise est la liberté. Parce que c’est bien de cela dont il est ici question : la liberté de disposer de son corps, de vivre, mais aussi de mourir.

Note du 18 décembre 2012

  1. Selon un sondage Harris Interactive de mars 2012, 92 % des Français se disent favorables à ce que la loi permette l’euthanasie active pour les patients atteints de maladies incurables. Selon un sondage Ifop d’octobre 2012, ils seraient 89 %. []
  2. Voir ]
Brèves
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Il y a prières de rue et prières de rue...

par ReSPUBLICA

 

S’il s’agit ici du centre IVG de l’Hôpital Tenon, ce n”est pas en raison de sa fermeture, mais de sa réouverture…  S’il s’agit ici d’occupation de la voie publique et de trouble à l’ordre public, c’est du fait de l’association SOS tout-petits. Ce que la Préfecture de police de Paris ne semble pas prête à admettre. D’où le communiqué de la maire du 20e arrondissement de Paris : CP_Frederique_Calandra_121219

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Quand l'enseignement catholique viole la neutralité

par ReSPUBLICA

 

Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC) a engagé une campagne pour mobiliser l’ensemble des personnels des 8 500 établissements qu’il contrôle en vue de la manifestation contre le « mariage pour tous » organisée le 13 janvier à Paris. Sous couvert de « l’intérêt supérieur des enfants qui [leur] sont confiés », il demande aux chefs d’établissement de « prendre les initiatives … pour permettre à chacun l’exercice d’une liberté éclairée » dans la participation au débat.
Voir les documents du SGEC cités par l’Union syndicale Solidaires à l’appui de sa protestation : http://www.sundep-sudest.org/spip.php?article1250

Courrier des lecteurs
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A propos de Florange

par ReSPUBLICA

 

En réponse à l’appel d’Edouard Martin dans la lettre 702, Robert K. nous écrit :

Je suis de tout cœur avec vous dans cette lutte pour sauver Florange et ses hauts fourneaux. Ayant transmis le lien pour faire signer la pétition à mes amis, l’un d’eux me répond en me disant qui ne signera pas et me donne ses raisons:

Je ne le ferai pas pour deux raisons :
1. Economiquement c’est une totale absurdité de maintenir une activité sidérurgique dans une région où il n’y a plus ni minerais ni charbon.
2. Ecologiquement, c’est un véritable crime de vouloir maintenir cette activité dans cet endroit. En effet, il faut transporter par bateaux, d’une part des minerais, de l’autre du charbon. L’activité ne peut donc se faire que dans un port, et en l’occurrence il y a Dunkerque et Fos sur Mer qui sont des sites totalement adaptés à cette industrie. Produire en Lorraine, c’est multiplier la noria des camions pour transporter et le minerais et le charbon, c’est-à-dire produire des gaz à effet de serre, et d’autre part gaspiller de l’énergie pour le transport de déchets (un haut fourneau sépare en effet l’acier, matière noble, du reste de gangue du minerais. En transportant le minerais, on transporte donc de la gangue c’est-à-dire du déchet).
Pour notamment ces deux raisons, le site est forcément condamné à terme, que ce terme soit plus ou moins proche. Ce qui veut dire que même s’il était sauvé aujourd’hui (à quel prix ?), il serait de toute façon fermé dans cinq ou dix ans. Ce serait donc gaspiller l’argent que nous n’avons pas
Le seul traitement possible à mon sens est un traitement SOCIAL du problème, certainement pas TECHNIQUE. Il convient donc d’accompagner la conversion de la région vers d’autres activités, de faciliter le reclassement et au besoin le déménagement du personnel (par exemple en demandant à l’état de racheter à bon prix les maisons des sidérurgistes qui se sont endettés pour construire)…

Réponse du comité de rédaction de Respublica

Votre ami semble bien péremptoire ! Il faudrait alors qu’il argumente car les déclarations urbi et orbi sans démonstrations ne remplaceront jamais l’étude raisonnée. Nous vous suggérons la lecture du rapport Faure de juillet 2012 et deux passages presse dont celui de l’Expansion, journal qui ne passe pas pour être un journal d’extrême gauche révolutionnaire : http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/florange-pourquoi-tant-de-mystere-sur-la-rentabilite-du-site_364988.html ; http://cfdt-arcelormittalflorange.blogspot.fr/

Par ailleurs, le projet Ulcos donnerait de l’avenir au site mais il faut investir, et Mittal dans son arbitrage ne semble pas vouloir.