Chronique d'Evariste
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Se préparer aux municipales de 2014

par Évariste
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Les élections municipales de mars 2014 choisiront 520.000 élus municipaux et 40.000 élus communautaires. Par la proximité de ces élus avec les citoyens, ces élections sont très importantes pour chaque territoire et pour la démocratie.
Elles vont se dérouler dans un contexte de grave crise économique, politique, sociale, culturelle, environnementale : les politiques néolibérales menées par l’UMP et le PS amènent la désespérance sociale et la peur de l’avenir ; l’abstention populaire grandissante redonne un avenir au Front national, formation d’extrême droite.

Premier regret : il y aura de nombreuses communes où il n’y aura pas d’autre choix au premier tour qu’entre des listes dirigées par des candidats proches de l’UMP, du PS ou du FN. Comme quoi, le Front de gauche, tiraillé par des contradictions fortes, n’est pas malheureusement, dans de nombreuses communes, à la hauteur des enjeux.

Et la démocratie dans les territoires ?

Ces élections vont se dérouler alors qu’est lancé le premier volet (les métropoles) de l’acte III de la décentralisation néolibérale, acte III qui vise à renforcer la mise en concurrence « libre et non faussée » des territoires, c’est-à-dire la guerre des territoires. Il s’agit d’éloigner le citoyen des décisions politiques, ce qui va encore amoindrir la démocratie déjà insuffisante de nos institutions. Un comble, quand le leitmotiv de la décentralisation était de rapprocher le citoyen des décisions politiques.
De plus, comme nous l’avons souvent noté, la nouvelle géographie sociale des territoires qui déporte dans la grande périphérie des villes et les zones rurales des catégories sociales en difficulté ne favorise pas la participation aux formes traditionnelles de la démocratie locale dans la mesure où il y a beaucoup moins de militants dans les zones périphériques et rurales.
Ajoutons que le projet, actuellement débattu à l’Assemblée nationale, de « loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine » porte en réalité une atteinte grave à la cohésion territoriale. Sous couvert de rationalisation (« redéfinir sur une base claire et lisible les territoires sur lesquels la politique de la ville doit être menée, d’instaurer un cadre local d’action plus efficace et de créer de nouveaux outils pour favoriser la participation des habitants »), encore une réforme qui vise à réduire le coût de l’action publique.
En effet, selon les informations que nous a transmises une lectrice impliquée et « malmenée » dans l’affaire, la fusion de divers organismes (ACSé, DATAR, SGCIV) au sein d’un Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) devrait réduire le nombre de quartiers en zone prioritaire de 2 500 à 1 300 et précariser encore plus des personnels contractuels, fragiliser encore plus des associations déjà en difficulté ou quasi moribondes, etc. Ainsi, derrière une façade vide, la casse sociale laisserait les maires sans moyens, alors que l’action contre tout type de discrimination, notamment  pour l’accès des jeunes à la culture, est absolument nécessaire pour contrer la montée en puissance de l’extrême droite.

Deuxième regret : Il y a peu de communes où le débat sur l’avenir des communes aura lieu alors que le premier volet de l’acte III de la décentralisation est lancé.

Et le débat sur l’Europe ?

Ces élections vont se dérouler juste avant les élections européennes. Ce pourrait être l’occasion d’ouvrir un débat sur l’influence de la construction européenne sur les politiques locales. Débat nécessaire, car le carcan de l’UE et de l’euro contraint fortement les États à abandonner l’aménagement du territoire national, laissant notamment les collectivités locales rurales sans les moyens nécessaires pour faire face à la fragilisation de leur population.

Troisième regret : le débat sur le lien entre la construction européenne, relais de la mondialisation et non le bouclier annoncé, et les politiques municipales sera rarement mené.

Et la « vraie vie » ?

Néanmoins, il y aura le plus souvent débat sur l’aide sociale, la santé, la politique familiale (crèches, PMI, contraintes nouvelles liées à la réforme des rythmes scolaires, etc.), les transports, l’eau, etc., c’est-à-dire sur la partie municipale de la sphère de constitution des libertés (école, protection sociale et services publics).

Les droits formels de la République bourgeoise (liberté, égalité en droits, etc.) ne sont pas des droits réels tant que la sphère de constitution des libertés (école, services publics, protection sociale) n’est pas suffisamment développé. Est-on libres et égaux en droits si on ne peut pas se soigner (entre autres 19 % des assurés sociaux font de la renonciation de soins pour causes financières malgré les aides), si les couches populaires et les couches moyennes intermédiaires n’ont pas d’accueil de haut niveau pour les jeunes enfants, si la retraite est insuffisante, si les maisons de retraite publiques, les unités de soins de longue durée, les services de soins de suite et de rééducation ne sont pas présents à proximité, si une partie de la population ne peut pas se déplacer facilement en transports en commun, s’il n’y a pas d’accès à la culture, s’il n’y a pas d’activités périscolaires, d’éducation populaire, etc. ?

Voilà pourquoi la campagne des municipales revêt une grande importance pour ceux qui veulent travailler à la transformation sociale et politique. Bien évidemment, cela ne se conçoit pour nous que dans la lutte. Car les néolibéraux de droite et de gauche et leurs alliés (que l’on retrouve aussi malheureusement dans certaines parties de « la gauche de la gauche », par exemple quand ils s’allient dès le premier tour des municipales avec les néolibéraux de gauche !) ont un argument massue : « Ce que vous dites est très bien, mais il n’y a plus d’argent dans les caisses ! ». Donc, circulez, il n’y a rien à voir. C’est bien contre cette formule défaitiste et pseudo réaliste  qu’il faut agir. Voilà à quoi sert l’éducation populaire ! Comprendre pourquoi et développer l’émancipation, la conscientisation et la puissance d’agir ! Distribuer un tract sur les marchés (quel qu’en soit le contenu !) est donc loin d’être suffisant pour exister réellement dans la lutte des classes. Militer sans pratiquer l’éducation populaire, c’est comme « vouloir gagner une course sur une seule jambe » quand les adversaires marchent sur leurs deux jambes ! Combien de campagnes municipales oublient que sans centre de santé (à ne pas confondre avec une maison de santé !), il n’y a pas d’accès de qualité partout et pour tous à la prévention et aux soins. Combien de campagnes municipales oublient que sans crèches collectives ou familiales partout et pour tous, l’accueil des jeunes enfants n’est pas satisfaisant. Et on pourrait continuer avec les autres secteurs de la « vraie » vie de proximité énumérés plus haut. Ne pas mener une campagne municipale de cette façon, c’est abandonner à leur sort les couches populaires.

Notre partenaire centre de ressources, le Réseau Education Populaire (plus de 300 conférences et animations par an, visibles sur l’agenda du site), est disponible pour aider les équipes militantes à mener ces débats et combler les lacunes que nous avons pointées. La campagne des municipales est un très bon temps pour l’éducation populaire. Nous invitons donc les organisateurs d’éducation populaire et nos lecteurs à y participer. N’hésitez pas à nous écrire, à nous contacter, nous sommes à votre disposition pour en discuter.

Laïcité
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Le nouveau statut de l'école catholique

par Jean Riedinger, Jacques Haab

 

NDLR - Cette année, c’est à Tours que s’est déroulé le colloque du CEDEC (Chrétiens pour une Église Dégagée de l’École Confessionnelle), le 5 octobre 2013, sur le thème de la liberté de conscience, socle de la laïcité. ReSPUBLICA suit avec attention et sympathie les travaux de ce mouvement et signale que les Actes du colloque seront accessibles en intégralité (au prix de 10 €) auprès du CEDEC : contact  Monique Cabotte-Carillon, présidente du CEDEC.
On y trouvera l’intervention de Henri Pena Ruiz, ainsi que celle de Eddy Khaldi, cette dernière étant déjà accessible en ligne : « Réforme des rythmes scolaires. Activités périscolaires des écoles privées ».
On lira d’ores et déjà ci-dessous une partie des analyses très fouillées et critiques de deux autres intervenants sur le nouveau statut de l’école catholique, publié le 1er juin 2013 pour remplacer celui de 1992 et qui assurerait selon J. Haab un “verrouillage” encore mieux assuré par la hiérarchie de l’Eglise.

Quelques observations de base

Par Jean Riedinger, Secrétaire de l’OCL (Observatoire Chrétien de la Laïcité)

C’est un texte où la langue de bois ecclésiastique ne réussit pas à cacher les incohérences et les contradictions, mais d’où il ressort clairement ce qu’André Vingt-Trois avait bien résumé il y a déjà quelques semaines, avant que le statut ne soit officiellement publié : Le risque serait que l’Enseignement catholique soit réduit à être une branche quelconque du privé. «L’Enseignement catholique est d’abord confessionnel ».
Après lecture des pages générales de présentation de la première partie du statut : La responsabilité éducative de l’Église, et quelques sondages essentiels dans le reste du texte, concernant notamment les structures de gestion du système national ultra centralisé je retiens ceci : L’Enseignement catholique n’est pas une branche quelconque du privé ; c’est l’institution sociale scolaire voulue par le Christ, ce qui a pour conséquence que l’enseignement catholique est d’abord une structure soumise entièrement à la direction de l’épiscopat qui est mandaté par Jésus, c’est-à-dire Dieu en (seconde) personne lui-même, depuis 2000 ans.
Je ne développerai pas ce que nous connaissons parfaitement de la structure actuelle, hiérarchique et impériale, de l’Église catholique. Mais je note que le nouveau statut de l’école catholique en France renforce l’intégration de l’institution scolaire catholique dans cette structure pyramidale de l’Église. Comment ?

Dans la quatrième partie, section 1, il est précisé ce qu’est la nécessité de la tutelle : « Une école catholique reçoit sa mission de l’Église qui est au principe de sa fondation. C’est par l’autorité de tutelle que lui est donnée une existence ecclésiale. Tout établissement catholique d’enseignement relève donc nécessairement d’une autorité de tutelle, mandatée ou agréée par l’évêque du lieu… » (art.178). « Agréée », le mot est là pour faire plaisir aux congrégations à « vocation » éducative qui ont peur pour l’autonomie de leur pédagogie et pour la gestion propre des établissements dont ils sont créateurs.

Puis tous, qu’ils soient sous tutelle diocésaine ou tutelle congréganiste, « veillent à ce que leurs divers établissements s’inscrivent dans les orientations pastorales définies par l’évêque pour son diocèse » (art. 180). Il va y avoir du « rififi » entre évêques libéraux et évêques intégristes… Mais on va constater qu’au plan national on prévoit une solide charpente. Sera-t-elle « efficace » ? Peut-être que oui… ou bien que non. On verra à l’usage si les conflits importants entre évêques s’apaisent, comme c’est souvent le cas, pour éviter de faire mauvaise impression devant l’opinion publique et pour laisser croire à l’unité (confondue avec l’unicité) de l’Église (je veux dire de la hiérarchie).
En effet, au niveau national, le « Comité national de l’Enseignement catholique » a pour président l’évêque désigné à cet effet par la conférence des évêques de France » (art 335).

D’autre part « le secrétaire général de l’enseignement catholique est élu par l’assemblée plénière de la conférence des évêques sur proposition du conseil permanent de la conférence des Évêques de France après consultation du Conseil épiscopal pour l’Enseignement catholique qui sollicite l’avis des membres de la Commission permanente du Comité national de l’Enseignement catholique » (Art. 355).

Étant donné que les évêques reçoivent leur mandat du Pape, les établissements de l’enseignement catholique relèvent donc d’une aristocratie aux ordres d’une Autorité dont la structure impériale, monarchique est absolue puisque prétendument d’origine divine.

Rappelons pour mémoire ce que prévoit la Loi Debré à propos de la notion de Contrat :

« Les établissements d’enseignement privés du premier degré, du deuxième degré et technique peuvent, s’ils répondent à un besoin scolaire reconnu, demander à passer avec l’État un contrat d’association à l’enseignement public (art. 4) » (…)
« Les établissements d’enseignement privés du premier degré peuvent passer avec l’État un contrat simple suivant lequel les maîtres agréés reçoivent de l’État leur rémunération déterminée, notamment, en fonction de leurs diplômes et selon un barème fixé par décret.
Ce régime est applicable à des établissements privés du second degré ou de l’enseignement technique, après avis du Comité national de conciliation.
» (art. 5)

Il n’est pas nécessaire d’être un expert juridique pour constater que le statut de l’enseignement catholique (c’était déjà le cas de l’ancien) exclut la possibilité pour un établissement privé qui se veut confessionnel catholique de passer un contrat avec l’État sans passer par l’accord de la structure hiérarchique de l’Église, en respectant la cascade d’autorités mandatées du Vatican à l’évêque du lieu.
Ce n’est pas nouveau. Il y a belle lurette que les évêques ont le pouvoir en cette affaire. Et que l’État en prend son parti, traitant et contractant avec la structure diocésaine plutôt qu’avec les établissements. Mais, cette fois-ci, les libertés sont définitivement cadenassées… et il faudra sans doute que l’État s’adresse directement au sommet de cet Everest.
Cela risque, de fait, d’être une invitation à l’ouverture d’établissements religieux hors contrat qui seront libres de toute allégeance, et dont on sait qu’ils sont, pour leur grande majorité, sous influence intégriste.
Il est vrai que, grâce à ce nouveau statut, « l’Enseignement catholique n’est pas réduit à être une branche quelconque du privé » (André Vingt Trois) – branches quelconques que sont sans doute aux yeux de notre prélat des établissements musulmans ou juifs, voire privés laïques sous contrat.

L’Église dont il est question abondamment dans le texte, c’est, à de très rares exceptions près, la hiérarchie impériale, comme c’est souvent le cas d’ailleurs dans notre tête formatée par des millénaires d”usage linguistique et de pratique institutionnelle. Les catholiques, laïcs ou clercs « subalternes », y sont mandatés, et doivent fidélité à l’origine et aux finalités de tout ce fonctionnement, y compris quand il est question d’une certaine autonomie des pédagogies et des enseignants. Ils doivent se soumettre aux décisions épiscopales en ce qui concerne la conception de l’école catholique. Il y a bien des déclarations d’autonomie des institutions, des conseils d’école, des associations parentales, il y a l’idée de coopération, d’échanges, de libertés octroyées localement… Mais c’est sous le regard et l’étroite surveillance de leurs supérieurs mitrés diocésains ou nationaux. Car, comme le dit clairement l’article 8 « de cette mission (porter la Bonne Nouvelle par le biais de l’école catholique) dans chaque diocèse, l’évêque est le responsable premier et le garant », affirmation qu’il faut comprendre non en termes de service, mais en terme de pouvoir, étant donné les prérogatives institutionnelles qui lui sont données. En effet tout, dans le texte, est orienté vers une reprise en main très claire de la hiérarchie sur l’ensemble du système scolaire, et vers l’enfermement rigoureux de ses structures à tous les niveaux dans le carcan d’un système que, s’il était politique, on appellerait totalitaire. Le centralisme démocratique est un modèle de démocratie par comparaison avec le rôle que joue l’épiscopat comme fondateur, régulateur, donneur d’ordre, référence suprême, etc., dans la mesure où l’autonomie des établissements dépend de l’accord de la structure épiscopale, et où elle n’est soumise à aucun jugement ou contrepoids d’une base populaire ou d’une structure de contre-pouvoir. On peut espérer que les syndicats joueront leur rôle comme ils le font déjà. Mais il ne faut pas trop compter sur les associations de parents d’élèves souvent dirigées par les plus réactionnaires d’entre eux… L’école catholique est un instrument de la politique et de la stratégie des hommes de pouvoir que sont les évêques, eux-mêmes représentants du Vatican.

L’école catholique n’est pas une structure sociale ouverte, nous allons le voir précisément, mais l’instrument d’une stratégie « missionnaire », y compris quand elle se dit ouverte à tous les enfants sans exception. Bien sûr, il y a des évêques plus ou moins ouverts et libéraux, et d’autres qui sont des tyranneaux locaux. Mais la structure d’ensemble est là.
Je vais essayer de le montrer avec quelques exemples significatifs tirés de plusieurs passages des statuts.

Dès le début (article 8 et 9), les choses sont claires. L’École catholique est revendiquée comme un fait historique (avec des accents d’éternité) : « Aujourd’hui comme hier, l’Église est engagée dans le service de l’éducation. » Cela au nom d’une interprétation idéologique anhistorique de la mission que lui a donné le « Christ »: « faire connaître la Bonne Nouvelle du Salut. » Faut-il comprendre que la parole « Allez enseigner toutes les nations » (Mat. 28,19) est le fondement d’une institution scolaire spécifiquement catholique ? Il le semble bien. Une telle exégèse serait pour le moins étonnante (enseigner serait alors pris dans un seul sens: confondant celui de témoignage de la Foi et celui d’éducation scolaire, dernier sens qui, à l’évidence pour tout lecteur de bonne foi, n’est pas le sens évangélique). Car dire que le Christ envoie l’Église enseigner toutes les nations et affirmer qu’elle est là pour faire connaître la bonne nouvelle du Salut, c’est, dans le contexte, la même chose.

Le statut ignore l’histoire de l’humanité, l’évolution sociale, culturelle, politique de la transmission des savoirs, des savoir-faire, des valeurs d’une génération à l’autre, ainsi que le partage intergénérationnel des usages et pratiques socio-cultuelles. Il ignore la place changeante de l’Église et des religions en général selon les siècles et les pays dans les sociétés et les cultures historiques. Les premiers chrétiens n’ont pas eu la moindre idée que le Christ leur demandait d’ouvrir des écoles catholiques…

Le nouveau statut semble revenir pratiquement à une vision moyenâgeuse de la chrétienté, selon laquelle les institutions de la société devraient être nécessairement chrétiennes, et qu’en conséquence l’Église (entendez la Hiérarchie) devrait en être soit l’organisatrice en tant que telle, soit au minimum le juge et censeur. Ce n’est pas le cas dans les sociétés modernes sécularisées Dans cette vision archaïque du système éducatif, il faut justifier la nécessité de structures chrétiennes comme modèles en quelque sorte pour la société toute entière.

Comment comprendre ce redressement, si soigneusement préparé par l’Église ?

Par  Jacques Haab, historien, membre du bureau du CEDEC

Il y a, semble-t-il, tout un faisceau de motivations, et il est difficile de savoir ce qui a pesé le plus dans la direction prise. Je préfère, pour l’instant, m’en tenir à des hypothèses, sous forme de questions, que j’essaierai néanmoins de rattacher à des indices, autant que possible. [On peut d’ailleurs solliciter le contenu des interventions de l’évêque Claude Dagens lors de la « Convention de l’Enseignement catholique » (une nouveauté) réunie les 1er et 2 juin 2013 (…)]
- Y a-t-il de plus en plus d’établissements, qui, d’une manière ou d’une autre, pour des raisons de recrutement des personnels ou sous la pression des parents, cherchent à échapper à la « tutelle » confessionnelle et ne pratiquent pas convenablement les missions « pastorale » et de « proposition » religieuse ? Ce ne serait pas étonnant : les usagers de l’école sont, en grande majorité au moins, des croyants peu convaincus, sinon des non-croyants et des croyants d’autres religions. Les enseignants leur ressemblent de plus en plus fréquemment : l’expérience montre par exemple qu’ils rechignent le plus souvent à assurer bénévolement la catéchèse. [Cl. Dagens a le courage de dire que parfois dans les écoles catholiques des élèves « étonnent ou même tournent en dérision » leurs camarades qui disent leur foi, et que les enseignants, par exemple, ne veulent pas perdre de temps à discuter avec les catéchistes de leur établissement.]
- D’autres parents (souvent les mêmes), mais aussi des enseignants, veulent-ils éviter que la « tutelle » incite à faire des choix privilégiés, orientés, dans le programme d’enseignement général, arguant de la condition malléable des enseignés ? Se souvenir par exemple récemment de la résistance rencontrée ici et là, lorsque la « tutelle » a « proposé » des leçons contre le mariage pour tous. […] Les mêmes veulent-ils d’abord profiter de la liberté accordée par le « caractère propre » en utilisant cette liberté privée par exemple pour inventer des méthodes plus efficaces ?
- Les généreux donateurs (leurs dons sont importants, et on doit y ajouter les glissements contributifs permis depuis la loi Astier) sont le plus souvent des gens de tradition, ainsi que les bénévoles (les catéchistes par exemple). Eux, au contraire, pour différentes raisons, tiennent au caractère « chrétien » de l’école. Faut-il donc les rassurer face aux exigences inverses ?
- De même, plus généralement, les plus conservateurs et identitaires des catholiques, encouragés par certains de leurs évêques (se souvenir par exemple des déclarations de l’évêque de Toulon et des projets de l’archevêque d’Avignon dès 2007), ont réactivé la vieille antienne : « l’école catholique, oui, mais qu’elle le soit vraiment », c’est-à dire qu’elle doit être considérée comme un modèle de communauté chrétienne et le moyen le plus efficace pour enseigner et propager la foi. Ce qui serait prendre le risque de ne plus respecter intégralement la liberté de conscience exigée par la loi Debré. Est-ce pour couper l’herbe sous les pieds des traditionalistes de toute envergure, et aider au rapprochement des catholiques séparés de « Rome » que le nouveau statut insiste tant sur le caractère pastoral et celui de « proposition »? […]
- La radicalité du statut est-elle un moyen pour faire taire une fois pour toutes ces chrétiens qui, à l’autre bord de l’Église, prétendent assidument que, dans un pays comme la France, la persistance d’une école garantie « catholique » par l’Église est contraire à l’esprit de l’Évangile ? D’ailleurs, même des ordres religieux enseignants, pour cette raison, ont quitté les écoles et offrent dorénavant leur générosité à des activités sociales vraiment proches des pauvres et des exclus. […]
Toutes ces « bonnes » raisons de consolider le statut ont pesé dans la décision, c’est certain.
Pourtant ce qui semble être le plus motivant dans cette âpre lutte en faveur du maintien de l’école confessionnelle, c’est d’abord pour l’Église, une question de visibilité sociale et politique, à garder et si possible accroître. Elle avait longtemps eu beaucoup d’occasions de faire savoir qu’elle existe, qu’elle a un poids d’influence (sociale et politique) dont les autorités publiques en particulier devaient prudemment tenir compte. Tous ces éléments visibles s’effacent à tour de rôle, et pas seulement en Europe et en Amérique du Nord. La société parait de plus en plus indifférente aux religions chrétiennes établies. Restent les cloches qui sonnent à la volée, les spectaculaires et sélectifs JMJ et… les écoles catholiques. Mais en consolidant son autorité sur son école, la hiérarchie ecclésiale donne l’apparence d’incarner une Église forte et qui peut mobiliser de nombreux partisans : personne cependant ne devrait être dupe du sous-entendu : « D’ailleurs vous avez vu en 1984 ? Et, récemment, contre le mariage pour tous, comme nous sommes forts, hein ? ». Le nouveau statut contribuera donc à faire briller, dans l’opinion et les médias, ce qui est pour une grande part un jeu d’illusion.
En réalité si 60% de Français se disent prêts à défendre l’existence de l’école catholique, ce n’est pas, en très grande majorité, pour y chercher la certitude de sa foi, ni une connaissance de la façon dont l’Église lit l’Évangile [Cl. Dagens le sait et l’a déjà reconnu]. Ce n’est même pas parce que « l’inspiration chrétienne est bonne pour l’enseignement », [comme Cl. Dagens semble étrangement le croire maintenant]. Pour beaucoup d’entre eux, c’est avant tout une possibilité d’échapper, parfois momentanément, aux problèmes de l’école publique ou, selon eux, d’éviter définitivement aux enfants des risques de « mauvaises » fréquentations socio-culturelles. Plus généralement, c’est parce que cette école, témoin d’un rôle nécessaire qu’elle a eu dans le passé, possède un réseau géographique d’établissements suffisamment serré pour servir commodément d’école privée. C’est d’autant plus attractif que le coût de ce choix est amorti par l’aide publique, que les moyens d’accueil et d’accompagnement sont soutenus par les généreux donateurs, que l’ambiance générale est favorisée par les souplesses d’organisation accordées par le fameux « caractère propre ».
Sur ce dernier point, les responsables (l’Église d’abord, par le fait) ne peuvent pas nier le droit réel de sélectionner les élèves (par exemple, une école catholique peut toujours renvoyer un élève, et l’Enseignement catholique n’est pas tenu de le recueillir ailleurs, à la différence de l’enseignement public) et les maîtres. Ce qui n’empêche pas d’afficher une mixité sociale et culturelle acceptable par les parents les plus suspicieux (souvent influents) et variable selon les secteurs géographiques, en dose toujours suffisante pour sembler respecter la lettre de la loi. Et de faire de tout cela un magma d’autosatisfaction publicitaire dont l’Église tient à profiter et que l’on retrouve encore une fois, d’une manière éclatante, dans les discours prononcés lors de la fameuse Convention de juin dernier. Alors que si tout était devenu aussi bien qu’on le proclame, si la confiance régnait toujours dans les équipes éducatives et entre celles-ci et la « tutelle », si les résultats attendus sur le plan pastoral avaient été satisfaisants, le fort resserrement actuel du statut sous l’autorité des consacrés hautement missionnées n’aurait pas de sens. Croit-on réellement avoir finalement trouvé ainsi la vraie mesure de l’école catholique et de son efficacité dans tous les domaines, surtout religieux ?

Combattre le racisme
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"Les préjugés racistes sont plus forts que le droit" 

par ReSPUBLICA

 

Trente ans après la marche contre le racisme et pour l’égalité à laquelle elle participait, Yamina Benchenni milite dans les quartiers Nord de Marseille. ReSPUBLICA a publié récemment son témoignage et un appel des habitants aux autorités publiques.
En réaction à l’attaque raciste subie par Christiane Taubira, elle nous a communiqué une réflexion qu’on pourra lire dans Médiapart.  “Comme un virus, le racisme est mutant ; il  s’adapte malgré l’arsenal juridique pour le détruire”, estime-t-elle. Pour lutter contre les préjugés, il faut renforcer dans les programmes scolaires l’enseignement de l’histoire des luttes contre le racisme et l’antisémitisme.

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Mobilisation contre le racisme

par ReSPUBLICA

 

Face à la violence des paroles racistes de l’extrême droite nous devons nous mobiliser et nous rassembler pour réclamer à contrario  une véritable politique Européenne, Française, Municipale de lutte contre le racisme et les discriminations pour FAIRE DE L’ÉGALITÉ UNE RÉALITÉ.

Nous vous invitons à vous inscrire sur ce formulaire sur le site de http://www.poteapote.com/inscription-ue-2013 pour participer les 5,6,7 décembre à Paris aux Universités Européenne des Maisons des potes.

Les Maisons des Potes vous invitent pour 3 jours de débats les 5.6.7 octobre avec Christiane TAUBIRA, des leaders du Front de Gauche tels que Alexis CORBIERE,, Raquel GARRIDO, Danielle SIMONNET, et des parlementaires tels que Marie Noelle LIENEMANN, Claude DILAIN, Bariza KHIARI, Sergio CORONADO (EELV), mais aussi des journalistes tels que Caroline FOUREST, Claude ASKOLOVITCH et les leaders de partis tels que Gérard FILOCHE, Julien DRAY; des élus locaux, des représentants de syndicats, des leaders d’organisations antiracistes français mais aussi de 10 pays d’Europe.

Mariage pour tous
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Décision historique pour les couples de même sexe en Grèce

par l'UFAL (Union des FAmilles Laïques)
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Source de l'article

 
Le 7 novembre 2013, dans une décision historique dans l’affaire Vallianatos et autres c. Grèce, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé que, en refusant l’accès à l’union civile pour les couples de même sexe, la Grèce a violé la Convention européenne des droits de l’homme.

Dans une décision de la Grande Chambre, la majorité des juges (16 contre 1) a jugé que les couples de même sexe ne peuvent pas être victimes de discrimination et devraient avoir le même accès aux unions civiles de couples de sexe différent. Dans sa décision, la Cour a observé que « les couples de même sexe sont tout aussi capables que les couples de sexe différent d’entrer dans des relations engagées stables » et qu’ils avaient « les mêmes besoins en termes de soutien et d’assistance mutuelle que les couples de sexe différent ».

La Cour observe en outre qu’« une tendance émerge actuellement qui concerne l’introduction de formes de reconnaissance légale des unions de couples de même sexe ». Aujourd’hui, neuf États membres du Conseil de l’Europe leur permettent le mariage et dix-sept États membres leur autorisent certaines formes de contrat d’union civile. Sur les 19 pays qui autorisent des contrats d’union civile, seules la Grèce et la Lituanie ferment droit aux couples de mêmes sexes.

L’Union des FAmilles Laïques (UFAL), membre de la Fédération Humaniste Européenne (FHE), se félicite vivement de cette décision et espère qu’elle ouvrira la voie à la reconnaissance des unions civiles homosexuelles et des mariages homosexuels dans tous les États membres du Conseil de l’Europe.

De plus cette décision de justice fera jurisprudence européenne et pourra être utilisée pour condamner les quelques élus réactionnaires qui refusent de respecter la loi française du mariage pour tous.

Communiqué de presse du 14/11/2013

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Ne laissez pas le champ libre aux associations catholiques, soutenez les laïques !

par l'UFAL (Union des FAmilles Laïques)
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http://www.ufal.org

 

ReSPUBLICA a décidé de relayer cet appel à adhérer à l’Ufal, car il faut que les républicains de gauche aient conscience que le combat laïque se joue aussi sur le terrain de la famille. La récente mobilisation de l’ensemble des réseaux catholiques contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels est venue le rappeler avec force : laisser le champ libre aux associations catholiques dans l’institution familiale (Unaf) est une erreur qui permet à ses mouvements réactionnaires de trouver un écho et des financements auprès des pouvoirs publics sans commune mesure avec leur poids idéologique réel dans la société.
La rédaction.

Rejoignez l’UFAL, l’association familiale laïque, progressiste et indépendante, qui défend les citoyens et les familles, toutes les familles !

La cérémonie de commémoration du 11 novembre de Paris a été perturbée par plusieurs groupes d’extrême-droite parmi lesquels le “Printemps français” qui regroupe les militants familialistes intransigeants souvent liés avec les Associations Familiales Catholiques (AFC).

Avant hier, ils manifestaient contre le droit à l’avortement et hier contre le mariage pour tous. Aujourd’hui, ils vocifèrent leur haine de la République. Ces AFC défendent une conception réactionnaire et patriarcale de la famille.
Or, elles ont une influence importante au sein de l’Union nationale des associations familiales (UNAF), institution représentative officielle des familles, financée par l’argent public prélevé sur les cotisations sociales.
Les évêques de France viennent de lancer un appel politique visant à renforcer les AFC. L’objectif de l’Église et celle de la direction des AFC est de consolider leur place à l’UNAF et à en prendre la présidence afin d’en faire un fer de lance contre tout progrès social et sociétal.

Il est urgent que les laïques se rassemblent ! La réaction cléricale n’est pas représentative de la majorité des citoyens et des familles, qui est loin de partager ses orientations. Ce dont les citoyens et les familles ont besoin aujourd’hui, c’est que l’on prenne en compte leurs préoccupations et que l’on réponde à leur besoins, pas que l’on fasse de l’idéologie rétrograde. Il est urgent que les républicains et les laïques adhèrent massivement à l’UFAL (www.ufal.org/adherer) afin que l’institution familiale UNAF ne soit pas abandonnée aux réactionnaires.

L’UFAL lance donc un appel à tous les laïques, car c’est un combat important : adhérez à l’UFAL, créez des associations familiales, résistez !

International
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Tunisie : témoignage et billet d'humeur

par Rabâa Ben Achour-Abdelkéfi
Agrégée et docteur en Lettres et Civilisation françaises, a enseigné à l'université de Tunis.

Source de l'article

 

« Que nos erreurs ne fassent point nos calamités » (titre original de l’article)
Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII, « Prière à Dieu »

On parle beaucoup en Tunisie. Les débats politiques rythment  nos journées, polluent nos rêves et perturbent notre appréciation du temps comme de l’espace. La valse des mots nous entraine dans sa folle cadence ;  nous sommes comme anesthésiés, réduits à n’être plus que les infatigables récepteurs de discours sans cesse ressassés. Un désir compulsif d’en savoir toujours plus nous fige devant nos écrans. Depuis trois ans, nous sommes tenus en haleine par le feuilleton politique, par des coups de théâtre savamment  construits et par l’attente d’un improbable dénouement.
Le temps passe et nous emporte dans ses circonvolutions, nous empêchant de marquer la pause qui nous permettra de nous dresser contre la mort programmée de l’institution scolaire républicaine et l’embrigadement des enfants. Dans les écoles coraniques rénovées, on leur enseigne la haine de l’autre et le mépris des femmes, le culte de la virilité et de la violence, le rejet de l’histoire nationale, la honte d’être libres et les péchés capitaux: aimer, rire, créer, penser et douter.
Tandis que les associations caritatives et les écoles religieuses et bon nombre de prédicateurs, ministres et  cadres de l’administration poursuivent insidieusement mais sûrement leur travail d’endoctrinement et de remodelage de la société tunisienne, nous  observons, ironiques mais sourds à notre faiblesse, la chevauchée fantastique de l’intégrisme religieux, heureux de relever ses dérapages, l’ignorance et l’incompétence de ses représentants, l’inélégance de ses militants ; soucieux de contrecarrer son avancée par nos marches massives, nos cris de révolte, nos  slogans, nos pancartes, sûrs de nous-mêmes, de notre histoire et  de nos institutions, de nos jeunes et de nos femmes.
« Les femmes sauveront le pays », répète-t-on à l’envi. Oui, sans doute, mais il est possible d’ajouter que les femmes  ont aussi le pouvoir d’anéantir le pays quand, renonçant à leurs droits, à leur liberté et leur dignité, elles ne sont plus qu’un corps voilé dont on use et abuse. Les islamistes le savent. Leurs discours misogynes et parfois obscènes révèlent que l’enjeu est de taille. Cacher les femmes, c’est tenir un pays sous tutelle.
Les Nahdhaouis ne nous craignent pas : ni les grandes manifestations populaires dans la capitale ou à l’intérieur du pays, ni la répression de la marche du 9 avril 2012, ni l’attaque  de l’ambassade des USA, en septembre 2012, ni la violente répression des jeunes contestataires de Siliana, en novembre 2012, ni les assassinats de Lotfi Nagdh, de Chokri Bélaïd, de Mohamed Brahmi, de Mohamed El-Mufti, des soldats au mont Châambi n’ont suffi à amoindrir leur arrogance de vainqueurs du scrutin  du 23 octobre 2012.
Leur surprenante résistance tient tant à leur psychologie qu’à l’assise sociale et aux liens politiques qu’ils se sont appliqués à constituer. Convaincus qu’ils sont les élus de Dieu et que leur endurance les conduira tôt ou tard vers la gloire terrestre et éternelle, ils ne craignent ni la souffrance, ni les brimades. Que peut-il leur arriver qu’ils n’aient déjà vécu ? Ne sont-ils pas déjà morts et ressuscités ?
Les Nahdhaouis nous échappent. Comment pourrions-nous les comprendre et comment pourraient-ils nous comprendre quand notre appréciation de l’espace et du temps diffère. Si leur idéologie les projettent dans un passé révolu, elle les conduit aussi à l’étendre, à en effacer les contours temporels et à l’universaliser  en adoptant les moyens que leur offrent la science et les progrès techniques et technologiques.  Qu’est la Tunisie pour eux ? Rien. C’’est juste une petite parcelle d’un monde corrompu qui,  tout comme les autres pays du monde, doit mourir pour ressusciter débarrassée des mécréants et des impies, artistes, intellectuels, journalistes et touristes.
Le terrorisme, la crise économique, la détérioration des villes ne les inquiètent pas, la culture de la mort constitue au contraire, à leur sens, les conditions nécessaires à l’émergence d’un homme nouveau. Le dépérissement du pays n’est pas accidentel, il est sciemment programmé et s’inscrit dans  le projet islamiste international qui comporte deux temps : La destruction systématique et, simultanément, la formation des jeunes, puis la construction du califat.
Que leur importe que le pays tout entier croule sous les ordures, que les trottoirs de la ville soient squattés  par les marchands ambulants et les cafetiers, que l’irrespect des lois soit devenu une règle de conduite, que l’absentéisme des fonctionnaires soit considéré comme un droit, que les malades agressent les médecins et les élèves les professeurs, que le vol et la corruption soient érigés en système, que leur importe en effet la misère matérielle, morale, la mort du civisme et de la citoyenneté, l’essentiel n’est-il pas pour eux de parvenir à créer l’anarchie, à détruire les repères sociaux et à contraindre un peuple enfin fragilisé et désabusé à accepter la théocratie, ses cadres et son idéologie.
Cette politique de mise à mort de la Tunisie s’accompagne d’un travail visant à inculquer aux jeunes l’idée qu’ils sont élus par Dieu pour un destin exceptionnel et que leur vie, ici-bas, n’est qu’une étape obligée dans le parcours initiatique qui doit les conduire au paradis. Missionnaires de Dieu, ils sont investis du rôle de réformer les hommes, en particulier les mauvais musulmans, par la prédication ou par la force. C’est ainsi que de jeunes tunisiens, garçons et filles, adolescents pour la plupart, ont choisi respectivement de sacrifier leur corps, dans le djihad ou dans le commerce du sexe.
Notre pays agonise, mettons fin à notre logorrhée, que nous appelons abusivement liberté d’expression, et veillons à sauver nos enfants, nos villes et nos campagnes, nos  institutions scolaires et notre administration en cessant de nous entredéchirer et de nous méfier les uns des autres.
L’heure n’est plus à la guerre des chefs. Les discordes de nos responsables politiques démocrates d’autant plus stériles   qu’elles contribuent à la démobilisation populaire, au désenchantement et à la morosité des Tunisiens et qu’elle sert, par conséquent, le parti islamiste et ses alliés.
Nos divergences ont offert le pouvoir aux Nahdhaouis, le 23  octobre 2011 ; nos dissensions ne feront que leur donner la force et la vigueur qui leur permettra achever le travail d’anéantissement de notre pays et de poser les fondements du califat dont ils rêvent.