Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • Chronique d'Evariste
  • Débats politiques
  • Politique française
  • ReSPUBLICA

Sens et non-sens des mobilisations protestataires en 2013 dans la perspective de la transformation sociale

par Évariste
Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

 

Nous sommes dans une nouvelle phase des mobilisations contre les conséquences du néolibéralisme. Contrairement à la dernière déclaration de Jean-Luc Mélenchon, nous ne sommes pas en 1788 mais bien dans les années 30, avec une incapacité de l’oligarchie de résoudre la crise du capitalisme et la montée forte de l’extrême droite. Nous avons les mêmes contradictions au sein de la gauche qui n’ont été surmontées dans les années 30 que dans une courte période de quelques mois à partir de juin 1936. Ensuite, c’est bien la guerre 39-45 qui sauve le capitalisme en généralisant les normes de production américaines et de nouveaux modes de management générant des gains de productivité importants qui, associés à la forte destruction de capital, permettent les taux de profit élevés des Trente Glorieuses.


La politique menée aujourd’hui par l’oligarchie capitaliste pour maintenir des taux de profits hauts a des conséquences dramatiques d’abord pour les couches populaires ouvrières et employées et les couches moyennes intermédiaires mais aussi pour des fractions de la bourgeoisie qui comprennent toutes qu’elles vont être les perdantes de la mondialisation
telle qu’elle va. Mais le niveau des armements ne permettant plus une troisième guerre mondiale, c’est le risque de guerres sociales dans chaque pays qui monte en puissance. Voilà pourquoi le combat pour la paix et la justice sociale est si nécessaire.
Pour maintenir des profits hauts dans le cadre du capitalisme, l’oligarchie capitaliste n’a pas d’autre moyen que la continuation des politiques néolibérales qui fonctionnent depuis plus 34 ans aux États-Unis et en Grande-Bretagne et depuis plus de 30 ans en France, sauf à abandonner sa stratégie d’alternance entre l’UMP et le PS solférinien. Sa seule alternative possible serait un gouvernement de la droite autoritaire de type UMP-FN.

De ce fait, les travailleurs considèrent de plus en plus comme une impasse les propositions de la gauche anti-libérale de type Europe sociale dans le cadre de l’UE, de la zone euro et donc du capitalisme (telles celles de la direction d’Attac ou du PCF). D’autres réponses techniques du type sortie raisonnée à froid de la zone euro par la transformation de l’euro en monnaie commune, matinées ou non de volonté internationaliste (Sapir, Lordon, etc.), ne prennent que dans les couches moyennes supérieures radicalisées. La proposition de Jacques Généreux, économiste membre du PG, de la désobéissance européenne est par contre intéressante car elle ouvre un processus de transition durant lequel des recompositions et des nouvelles alliances peuvent s’effectuer. Mais elle suppose que ce processus de transition serait suffisamment long pour que ces recompositions et nouvelles alliances puissent avoir lieu. Rien n’est moins sûr !

Comme nous l’avons déjà esquissé dans notre édito intitulé Zone euro: les 6 positions en présence, n’est-il pas concevable que la prochaine crise toujours plus grave que la précédente arrive bien avant que les conditions de la transformation sociale et politique soient réunies ? Ne faudrait-il pas préparer le cadre dans lequel les dernières de ces conditions se détermineront ? D’autant qu’il n’y a plus de solutions pérennes dans le capitalisme, sauf à vouloir supprimer les principes de la République sociale. Alors la globalisation des combats démocratiques, sociaux, laïques, féministes, écologiques, pour cette République sociale, les ruptures nécessaires et les exigences indispensables doivent nous porter à formuler la République sociale comme nouveau modèle politique alternatif.

Comprendre les réactions à la politique solférinienne

Dans ce cadre, l’analogie avec les années 30 a un sens. Car comme dans les années 30, les conditions ne sont pas aujourd’hui pré-révolutionnaires comme elles l’étaient en 1788.

D’abord, nous avons eu un mouvement, celui des « anti-mariage pour tous » qui dépassait de beaucoup son objet proclamé. Il fut en fait la première phase d’une recomposition idéologique et culturelle (au sens d’Antonio Gramsci) d’une nouvelle droite réactionnaire et autoritaire dans laquelle la césure UMP-FN serait appelée à être supprimée si le patronat international français changeait son fusil d’épaule.

Puis, nous avons eu le mouvement interclassiste des « bonnets rouges ». Ce mouvement a eu la particularité de mobiliser 15 à 20 fois plus de salariés bretons que l’intersyndicale qui a tenté de mobiliser ailleurs. Cela devrait suffire à inciter les directions syndicales à se poser la bonne question : pourquoi n’arrivent-elles plus à mobiliser les travailleurs face au mouvement ambigu et confus des « bonnets rouges » ? Car la capacité de mobilisation des organisations traditionnelles est faible eu égard au retard conceptuel de leur ligne stratégique et surtout à leur faiblesse dans les PME largement touchées dans la période.
L’ensemble des revendications catégorielles et des révoltes spécifiques qui se rassemblent dans le mouvement des « bonnets rouges » s’appuie sur une base minimale très instable. Tout simplement parce qu’un patron du Medef et un ouvrier licencié par lui ne pourront guère continuer longtemps leur rassemblement commun dans le cadre du capitalisme actuel.
La course de vitesse entre une gauche de gauche anticapitaliste et la droite autoritaire de survie du capitalisme est engagée. Pour l’instant, la « gauche de gauche » (au sens de Bourdieu) n’a pas l’avantage car elle n’est qu’une « gauche de la gauche ». Là aussi, l’analogie avec les années 30 , toutes choses étant inégales par ailleurs, a du sens.

Le paradigme de la lutte des classes des « exploités, des dominés et des expropriés, contre les exploiteurs, les dominants et les expropriateurs » n’a malheureusement, pour l’instant, pas le vent en poupe. Par contre, sa variante néo-chrétienne de la doctrine sociale de l’Eglise du soutien des pauvres contre les riches est déjà plus développée mais ne participe pas à une lutte efficace contre le capitalisme car elle trompe les salariés et les citoyens sur les véritables causes de la crise du capitalisme. Se développe aussi la tendance de l’interclassisme sous direction des petits patrons et agriculteurs. Nous montrerons ci-dessous les lieux où cette tendance a pris naissance.

Parenthèse: Notons l’incapacité de l’utilisation du mot « populaire » par les forces progressistes anti-libérales, encore un abandon de plus. S’opposer au « populisme » demande de se réapproprier le mot « populaire », sinon la bataille sémantique est perdue.
Nous sommes hostiles au fait de traiter les salariés qui se sont mobilisés dans le mouvement des « bonnets rouges », de « nigauds » ou d’imbéciles, tout simplement par ce que s’ils l’ont fait, c’est parce que les organisations traditionnelles syndicales et politiques n’ont pas su les mobiliser. C’est aux organisations de salariés de se mettre en ordre de marche, en modifiant leur ligne stratégique pour mieux convaincre les couches populaires ouvrières et employées et les couches moyennes intermédiaires.

Les prémisses des « bonnets rouges »

Tout converge vers l’Institut de Locarn - Cultures et stratégies internationales. Locarn , une ville de plusieurs centaines d’habitants à quelques kilomètres de Carhaix. Ce centre d’intelligence économique et politique a été crée en 1991. L’inauguration des locaux actuels a été présidée par Yvon Bourges, président du Conseil Régional de Bretagne et l’archiduc Otto de Habsbourg, membre de l’Opus Dei (structure secrète d’extrême droite qui a pris le contrôle de l’église catholique depuis Woytila, alias Jean-Paul II). En 2004, l’Institut de Locarn fête ses 10 ans en présence de Jean Yves Le Drian (PS), président du Conseil régional de Bretagne, Pierre Méhaignerie, ancien secrétaire d’État à la Mer, député du Morbihan, ancien ministre, député d’Ille-et-Vilaine et président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale et François Goulard, secrétaire d’État aux Transports et à la Mer, maire de Vannes.

Alain Glon, ex-président de l’entreprise Glon-Sanders et président de l’Institut de Locarn, est l’une des têtes pensantes. Christian Troadec, maire de Carhaix, gauche régionaliste et autonomiste, en est une autre. Le « Club des Trente » (avec Alain Glon, Pinault, Yves Rocher et autres) fait aussi partie de cette nébuleuse. Jean-Yves Le Drian, l’actuel ministre solférinien, avait choisi en 2006 l’Institut de Locarn pour présenter son projet pour la région…
Le projet de l’Institut de Locarn a été exposé par son fondateur, Joseph Le Bihan, qui dans une interview, donne son objectif qui est de faire passer la Bretagne « 
du rang d’objet au rang de sujet ». Tout un programme… Alain Glon, lors de l’université d’été de Locarn, déclarait : « Notre problème, c’est la France » ou encore : « L’agro-business breton n’a pas de futur avec la France ».
Le « 
capitalisme de proximité » prôné par l’Institut de Locarn est un détournement du « vivre et travailler au pays », revendication légitime des populations. Voilà donc le substrat idéologique proposé par l’Institut : la volonté de destruction des États-nations au profit de l’Europe des régions, un néolibéralisme à l’échelle de la Bretagne, un renouveau du catholicisme clérical le plus rétrograde comme ciment de l’ensemble.

Malgré tout cela, l’histoire n’est pas écrite

La marche du 1er décembre contre l’augmentation de la TVA et pour une révolution fiscale initiée par le Front de gauche a été une excellente initiative. L’idée de relancer la mobilisation dès janvier 2014 en est une autre. Dans son discours, Jean-Luc Mélenchon a eu raison de mettre l’accent sur la nécessaire mobilisation populaire sans laquelle aucune résistance aux politiques néolibérales du gouvernement solférinien allié au Medef n’est possible. Le rassemblement opéré avec d’autres groupes politiques, mais surtout avec des structures syndicales et associatives, est de bon augure pour la suite.
Mais pour aller vers un nouveau Front populaire, il conviendra de marcher sur nos deux jambes : la résistance mais aussi d’une construction partisane capable de porter la transformation sociale et politique, d’engager une éducation populaire dans tout le pays et au minimum dans chaque canton et de produire une stratégie gagnante pour le peuple.
Continuer la résistance et développer l’éducation populaire dans tout le pays,voilà notre tâche.

Combat social
Rubriques :
  • Combat social
  • Politique française
  • Protection sociale

Pour la première fois, c’est la gauche qui casse nos retraites

par Gérard Filoche
membre du BN du Parti socialiste
http://www.democratie-socialisme.org

Source de l'article

 

Il y a des jours tristes dans l’histoire de la gauche et des jours de honte. Il faut savoir les reconnaître. Et il faudra savoir laver la tâche qu’ils incarnent. Il faudra savoir corriger, redresser. La première loi contre les retraites jamais proposée par la gauche est une de ces tâches.

Les 15 octobre et le 22 novembre, les députés ont voté, de façon forcée et bloquée, à une faible majorité, un recul historique de nos retraites. Ce n’est ni une réforme modérée, ni juste, ni équilibrée. Ils ont effacé 30 ans d’histoire depuis la conquête de la retraite à 60 ans avec Pierre Mauroy et la gauche unie. Ils ont contrecarré 20 ans de grandes luttes sociales, de 1993 à 1995, de 2003 à 2010, contre les sales réformes successives de la droite.

Ils ont validé et aggravé ce qu’a fait la droite depuis 20 ans.

Il faut dire cette vérité et argumenter pour demander encore et encore à nos députés de ne pas confirmer : le vote final aura lieu le 18 décembre juste avant Noël.

La droite a fait passer le droit à retraite de 60 à 62 ans en 2010.

Elle a fait passer le nombre d’annuités cotisées de 37,5 à 42 entre 1993 et 2020

Elle a fait passer le nombre d’années pour calculer le taux de la retraite de 10 à 25 entre 1993 et 2008

Elle a fait l’âge du départ à taux plein (sans le nombre d’annuités cotisées) de 65 à 67 ans en 2010

Elle a fait passer la date butoir de 65 à 70 ans en 2009

Les pensions ont officiellement diminué de 9 % entre 1993 et 2003 selon le COR (conseil d’orientation des retraites)

Les pensions devraient baisser de 25,5 % entre 2011 et 2060 toujours selon le COR

Les pensions ne sont plus revalorisées selon les salaires mais selon les prix depuis 1993

Les régimes de retraite complémentaires ont été aussi diminués depuis 1996, le calcul du prix d’achat du point est fixé en fonction de l’évolution du salaire moyen alors que la valeur du point est indexée sur les prix

Les régimes spéciaux des grandes entreprises publiques ont été progressivement diminués.

Il s’agit de la pire contre réforme d’Europe (en Allemagne, les 67 ans étaient envisagés en 2029 et leur mise en œuvre est contestée, en Grande-Bretagne, les 68 ans sont envisagés en 2048…)

Tout cela s’est produit alors que le Pib doublait, et que la France devenait plus riche que jamais elle ne l’a été dans son histoire. Avec cette régression des retraites, les inégalités se sont creusées,

Chaque fois depuis 20 ans, la gauche a combattu ces mesures de régression :

- En 1993, Balladur a fait passer la première loi violente contre les droits du secteur privé, en plein été.

- En novembre décembre 1995, Alain Juppé s’est heurté à une grève quasi générale qui l’a obligé à annuler et à différr toute une parti de sa contre reforme anti retraite

- En 2003, il y eut 140 jours de lutte, 11 journées nationales de grève enseignante, 9 journées interprofessionnelles de lutte

- En 2010, il y eut 8 millions de participants au moins une fois aux différentes manifestations

La gauche a bénéficié électoralement de ces combats :

- En 1997 Lionel Jospin a été élu sous l’impact du grand mouvement de novembre décembre 1995. Il n’a pas touché aux retraites. Il a réduit la durée du travail à 35 h sans perte de salaires : il est contradictoire d’allonger la durée du travail sur la vie après l’avoir réduit sur la semaine.

- En 2004, elle a gagné 20 régions sur 22 en profitant du mécontentement issu du grand mouvement social non satisfait de 2003

- En 2012, elle a gagné la Présidence de la République, et la majorité Parlementaire en profitant du grand mécontentement du mouvement social non satisfait de 2010.

En 1995, la force du mouvement imposa l’unité syndicale et l’unité à gauche, et Lionel Jospin a du sa victoire, et celle de la gauche plurielle, de juin 1997 au grand mouvement de novembre décembre 1995 et en proposant les 35 h sans perte de salaire, il défendit même la ré-indexation des retraites sur les salaires dans sa déclaration d’investiture et se garda de toucher aux retraites tout son quinquennat en dépit des pressions de la droite.

En 2003 Bernard Thibault fut ovationné au congrès de Dijon de mai 2003 après que François Chérèque ait signé séparément dans le bureau du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. François Hollande, dans son discours de clôture au congrès fit ovationner la « retraite à 60 ans à taux plein ».

En 2010, le parti socialiste fut présent dans toutes les manifestations qui défendaient la retraite à 60 ans à taux plein avec les huit syndicats du pays. Il s’opposa dans son « projet » comme dans le programme du candidat à la présidentielle au report de l’âge légal et à l’allongement du nombre d’annuités.

En 2013 le revirement est complet, injustifié, honteux

En cet automne 2013, c’est l’abandon de tous ses projets, votes de congrès, déclarations, manifestations et luttes, par la majorité du PS : elle fait voter une contre réforme qui est un reniement complet, une trahison des millions de salariés qui ont lutté deux décennies, avec lui et voté pour lui, un recul social immense qui va plonger des millions de retraités dans la misère et dégrader la situation économique du pays, par une austérité durable.

La majorité du PS dans un premier temps prend une mesure limitée « à ceux qui ont commencé à travailler tôt » et qui ont atteint le nombre d’annuités avant 60 ans… puis avalise et aggrave tout ce qu’a fait la droite pendant 20 ans. Le PS fait voter :

1°) Une hausse de 0,3% des cotisations sociales salariées ce qui va diminuer le pouvoir d‘achat direct de 2,2 milliards

2°) Une hausse de 0,3% des cotisations patronales, équivalent aussi à 2,2 milliards. Mais le patronat se verra « remboursé » ces 2,2 milliards sous forme d’allégement progressif des cotisations aux caisses d’allocations familiales. Ces 2,2 milliards (sur un total futur de 34 milliards) seront repris par l’impôt…payé par les salariés.

Il faut noter que la part des cotisations patronales retraite était respectivement de 0,6 et celles des salariés de 0,4, là c’est moitié moitié.

3°) Une baisse des pensions par trois moyens :

a) un décalage de la date d’ajustement des pensions sur les prix par report du 1er avril au 1er octobre.

b) Une fiscalisation de la part de 10 % attribuée aux retraités qui ont eu trois enfants.

c) Un gel des hausses des retraites complémentaires désindexées des prix en 2013, 2014, 2015

Il s’ajoutera la hausse de la TVA qui, le 1er janvier 2014, va frapper autant les retraités que les autres salariés.

L’inflation prévue en 2013 est de 1,75 %. Le recul progressif en trois ans, des pensions, additionnant toutes ces mesures, peut-être estimé entre 4 et 7 %.

4°) Un allongement des annuités de cotisations de 41 ans et 3 trimestres en 2020 à 43 trimestres en 2035.

Des fausses « contreparties » ont été présentées abusivement comme des « avancées » : un système aléatoire et humiliant de « points individualisés » de « pénibilité » – prévu pour 2015 après la promulgation de 25 décrets – viserait à redonner à une fourchette de 100 à 150 000 salariés soumis à des travaux « pénibles » (sur 24,5 millions concernés) une partie des trimestres… qui leur sont enlevés par la loi.

L’opposition au sein du PS (sans doute 80 % des adhérents sont hostiles à cette contre-réforme) a pris des formes féroces au niveau parlementaire : il s’en est fallu de 21 voix pour qu’elle ne passe pas en 1e lecture.

Le Sénat a finalement voté contre un projet tellement remanié que le gouvernement lui même a appelé à voter contre et il a obtenu 0 voix.

En deuxième lecture à l’assemblée, devant le nombre d’articles retoqués par les députés, le gouvernement a été obligé de recourir à un vote bloqué (faisant exactement ce qu’il avait reproché à Sarkozy de faire en 2010).

Les écologistes, qui avaient envisagé de voter contre une réforme « qui n’est pas réussie » se sont finalement abstenus. Les radicaux de gauche, qui s’étaient abstenus après la première lecture, ont voté quasiment tous.

L’UMP que l’UDI ont voté contre ce texte, qui selon eux, « manque de courage » parce qu’il n’est pas assez violent et ne revient pas notamment sur l’âge légal de départ à la retraite, maintenu à 62 ans. Cela annonce ce qui nous attend si la droite revient : la retraite à 65 ans et à taux plein à 70 ans sur une base de calcul de pension affaiblie : le gouvernement a évacué « la convergence entre les retraites du privé et du public » selon l’UMP Denis Jacquat. Medef et droite surenchérissent.

Le gouvernement a dû menacer violemment son propre groupe parlementaire et afficher des concessions mineures de dernière minute : à 1h du matin, il a lâché une aide de 50 euros à l’acquisition d’une complémentaire santé pour les plus de 60 ans (disposant d’une retraite inférieure à 967 euros) et la revalorisation du minimum vieillesse deux fois en 2014. Un petit placebo qui n’empêchera pas la majorité des petites retraites de baisser dramatiquement dans les trois ans à venir. En deuxième lecture le scrutin a été acquis avec 291 voix contre 243 et 27 abstentions le 22 novembre.

Le projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites va désormais repasser entre les mains des sénateurs, qui devraient à nouveau le rejeter, puis les députés auront le dernier mot, le 18 décembre.

Rien, rien, rien ne justifie que la gauche ait fait cette concession aux libéraux de Bruxelles, aux agences de notation et aux marchés. 90 % de la « dette » présumée du pays ne provient pas de nos caisses sociales (Sécu, retraite…). Le « trou » prétendu de 7,5 milliards, attribué aux retraites cette année, c’est « peanuts » alors que nous savons qu’il existe 60 à 80 milliards de fraude fiscale, 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux, 200 milliards de dividendes, et que les 500 familles ont amassé 59 milliards de plus en un an, passant de 271 à 330 milliards (16 % du Pib). La France n’a jamais été aussi riche et c’est honteux de prendre aux petites retraites dont la moitié est inférieure à 993 euros.

L’annonce d’un « trou » de 20 milliards en 2020 faite par les médias n’a pas de sens : personne ne sait calculer la croissance et les déficits dans les 6 mois qui viennent, qu’en savent-ils pour 2020 ? La retraite n’étant pas une épargne mais assise sur les cotisations versées, en direct, en temps réel par ceux qui travaillent à ceux qui sont retraités, on peut régler un problème de 2020… en 2019 ! Il suffit de définir la prestation : un droit à retraite à 60 ans, 75 % de taux, calculé sur 10 ans, indexé sur les salaires, pas inférieur au Smic… et de moduler la cotisation pour y pourvoir.

Les difficultés présumées de nos caisses de retraites n’ont pas de raisons structurelles : l’espérance de vie stagne à nouveau, l’espérance de vie en bonne santé régresse depuis 5 ans, la démographie est favorable. Quand aux difficultés conjoncturelles, elles proviennent du chômage de masse : pour le combattre, il faut réduire la durée du travail, pas l’allonger. Pour la relance, il faut augmenter les salaires et les retraites et non pas les baisser !

Le gouvernement s’est réuni le 18 août 2013 pour plancher sur le « plein emploi » en 2025. Pourquoi propose t il une hausse des annuités de cotisations de 2020 à 2035 ?

Même si on accepte les chiffres du COR le Pib en 2011 s’élève à 2000 milliards, il devrait être multiplié par 2,25 en 2060 et donc atteindre 4500 milliards. Le Cor estime que la productivité du travail aura doublé : 1,35 cotisant produira en 2060 autant que 2,7 cotisants aujourd’hui. Il ne devrait pas être trop difficile d’augmenter la part du Pib destinée aux retraites, même avec 21,8 millions de retraités en 2060 contre 15,1 millions en 2011 ! En augmentant cette part de 8,1 points pour annuler les contre réformes depuis 2003, soit une augmentation de 365 milliards d’euros annuels en 2060, il resterait quand même 4135 milliards d’euros supplémentaires à partager entre l’augmentation des salaires directs, celle de l‘investissement public et celle des profits des entreprises.

Brèves
Rubriques :
  • Brèves
  • Combat féministe
  • Combat laïque

Quand les universités britanniques remettent au goût du jour la ségrégation sexuelle !

par Nicolas Gavrilenko
Membre du Bureau National de l'Union des FAmilles Laïques (UFAL)
http://www.ufal.org

Source de l'article

 

Dans un guide à l’attention des conférenciers, qui vient d’être édité par les Universités britanniques, on découvre une mesure effarante : afin de respecter les demandes d’ordre religieux de certains étudiants, les hommes et les femmes pourront être séparés spatialement au sein des salles de classe et amphithéâtres ! Attention, ceci n’est absolument pas une discrimination, précise le guide, puisque tout le monde est discriminé de la même manière (sic), les femmes priées de s’asseoir d’un côté de la salle et les hommes de l’autre ! Les conférenciers sont donc enjoints de respecter ces demandes ou d’aller voir ailleurs, car rien ne saurait être au-dessus des demandes religieuses… Cela en dit long sur le communautarisme à l’anglaise.

En savoir plus sur le site Fitnah (en anglais)

Une pétition qui demande la fin de cet apartheid de genre a été initiée par des féministes et laïques sur le réseau Aavaz (en anglais), pétition qui a recueilli près de 7000 signataires. N’hésitez pas à la soutenir et à la faire circuler !

Rubriques :
  • Brèves
  • Economie
  • ReSPUBLICA

6e rencontres « Actualité de la pensée de Marx et nouvelles pensées critiques »

par ReSPUBLICA

 

Sous le titre « Demain le monde !? Horizons de civilisation », elles ont lieu les 4, 5, 6 et 7 décembre 2013 à l’Université Montesquieu (Bordeaux 4), Amphithéâtre « Manon Cormier », organisées par Espaces Marx Aquitaine (contact Espaces.MarxBx@Gmail.com – Tél : 05.56.85.50.96 – 07.85.61.25.04)

On y note la contribution de notre ami Michel ZERBATO, “Pour une sortie anticapitaliste de la crise de la dette”
Résumé : Devant la crise qui dure, les critiques de l’inaction des politiques redoublent pour réclamer une vraie régulation de la finance afin de régler la crise de la dette, cause de tous les maux. Car ils considèrent, d’un côté, que la cupidité des financiers leur a fait prendre des risques inconsidérés, et ils constatent, de l’autre, que la régulation dans le cadre du marché ne fonctionne pas. Les plus avancés de ces critiques vont au-delà d’un simple anti-libéralisme, d’une simple demande de régulation, pour préconiser une sortie anti-capitaliste de la crise. Pour eux, la voie est double : d’abord, répudiation de la dette, ensuite, nationalisation du système bancaire. C’est insuffisant, car la racine de la crise est dans le rapport capitaliste, qui ne peut pas se réduire à la propriété privée, ni sa crise à la dérive de la finance vers la spéculation. Le programme du CNR allait dans le bon sens, il faut le reprendre, jusqu’à la République sociale qu’avait imaginée Jaurès.

A lire, à voir ou à écouter
Rubriques :
  • A lire, à voir ou à écouter
  • Brèves
  • ReSPUBLICA

« 40 000 suppressions d’emplois en 2014 : ce plan social invisible qui frappe le secteur associatif »

par ReSPUBLICA

 

Très intéressant article de Nadia Djabali publié le 18 novembre dans Bastamag, qui décrit bien les conséquences de l’application dans le champ social de la logique de réforme des politiques publiques promue par l’OCDE depuis plus de 30 ans : quasi privatisation des services publics par la mise en place de « quasi-marchés » (c’est le terme de l’OCDE). Il se base largement sur l’ouvrage que Didier Minot vient de publier, Des associations citoyennes pour demain (Ed. Charles Léopold Mayer, sept. 2013, 20 euros).
Il ne faut pas non plus être naïfs, les assos c’est pas le pays des Bisounours ; même dans les petites, il y a des luttes de pouvoir, des gaspillages, des accumulations de fonds, etc., et c’était le prix à payer pour que le bon existe. Quand la crise tarit la source de fonds et qu’il faut faire des choix, on voit ce que décrit l’article : la logique économique demande une évaluation de l’efficacité, donc promeut la technocratie-bureaucratie, qui exige des procédures quantitatives et aboutit finalement à des financements très peu efficaces.
Il faut donc résister à l’austérité, bien sûr, mais en même temps expliquer que cette résistance se situe dans le combat contre la crise du capitalisme et ses conséquences, ici la technocratisation du travail social.

Quelques extraits de l’article 

On ne compte plus les associations dont les comptes virent au rouge, plombés par les mesures d’austérité. Décidées au niveau national, ces coupes dégringolent en cascade jusqu’aux finances locales. Au bout de la chaîne, des associations mettent la clé sous la porte ou se séparent de leurs permanents. « Entre 2010 et 2012, le secteur associatif a perdu 11 000 emplois alors qu’il représente aujourd’hui un emploi sur dix du secteur privé », confirme Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative.
Ce n’est que le début.[…] Les petites associations étant majoritairement concernées, il n’y aura pas de plan social massif mais une multitude de licenciements épars, dans un secteur qui emploie 1,8 million de salariés à temps plein ou partiel, en plus des 16 millions de bénévoles actifs.

Avant, les dirigeants venaient du métier ou de l’association elle-même. Aujourd’hui, une partie des structures sont administrées par des gestionnaires professionnels. Elles sont munies de services très performants qui épluchent les appels d’offre publics. Leur taille leur permet de réaliser des économies d’échelle dans un contexte où la commande publique se contente souvent du moins-disant. Résultat, les petites associations locales ne font plus le poids et mettent la clé sous la porte. « Je connais une fédération de la Ligue de l’enseignement en région parisienne qui fait du marketing auprès de toutes les communes pour gagner des parts de marché sur les autres organisations d’éducation populaire. Ils ont maintenant un quasi monopole sur toute la vie scolaire », illustre Didier Minot.

L’État préfère les grosses structures associatives. En 2011, il a consacré 1,2 milliard d’euros aux associations, par des subventions directes. Deux tiers de ces aides sont allées à seulement 342 structures (sur les 21 119 subventions répertoriées). Et 3,5 % des associations subventionnées reçoivent les trois quarts de l’appui public. « De très grosses associations sont très fortement financées et une poussière de petites associations reçoivent une poussière de petites aides, qui sont néanmoins vitales pour elles », commente un observateur. D’autre part, 42 % de ces financements sont destinées à des organisations para-publiques […]. Un comble : les structures associatives les plus subventionnées en France se trouvent… au ministère des Finances ! À quelques étages sous le bureau du ministre de l’Economie Pierre Moscovici ! La cantine de Bercy est une association. Le comité des œuvres sociales du ministère est une association. Et le total des aides qui leur sont versées atteint 67 millions d’euros !

Rubriques :
  • A lire, à voir ou à écouter
  • International
  • ReSPUBLICA

Une saison au Congo, d’Aimé Césaire, mise en scène de Christian Schiaretti

par Brigitte Rémer
http://www.zerodeconduite.net/

 

C’est une pièce sur l’indépendance du Congo Belge (Kinshasa), actuelle République Démocratique du Congo, et l’assassinat de son vibrant Premier Ministre, Patrice Lumumba, six mois après sa nomination, en 61.
C’est un oratorio où domine la puissance du verbe et la dimension poétique d’Aimé Césaire, sur un plateau où plus de trente-cinq comédiens et musiciens - dont un groupe émanant du collectif burkinabé Béneeré et une quinzaine de figurants venant de l’agglomération lyonnaise -, développent un jeu d’une impressionnante intensité.

30 juin 60. Quartier de Léopoldville, la bière coule à flots chez Mama Makosi, on fête l’indépendance du pays, la musique et la danse saluent ce moment historique, avec allégresse. Le discours d’’investiture de Patrice Lumumba, nommé Premier Ministre est d’un immense courage, il s’adresse aux oubliés du pays et parle de justice sociale, avec simplicité et vérité. Les mots de Césaire ont ici tout leur poids et le message est clair : il faut aller très vite « tous ensemble ». Lumumba aura six mois avant de se brûler les ailes, six mois de liberté retrouvée pour le pays après la colonisation belge, avant d’être assassiné par les hommes de mains de Mobutu, en janvier 61. « Tous les révolutionnaires sont des naïfs, ils ont confiance en l’homme » écrit l’auteur.

L’état de grâce en effet ne dure pas. On assiste à sa traque et rien ne lui est épargné dans les coulisses du pouvoir : jalousies, trahisons, complots, ruse des nominations, menaces et chantage. Tous les coups bas sont permis : argent volatilisé, opposition du sénat, conflits entre ministres, soulèvement des chefferies, des chômeurs, problèmes inter-ethniques, corruption, confiscation des moyens de communication (la radio fait de l’agit-prop et la CNN dénonce les extrémistes communistes). Le colonisateur continue à tirer les ficelles au plan économique, et encourage la sécession du Katanga, région minière qui détient la richesse en cobalt, diamants et uranium, et qui se sépare du Congo, deux semaines après l’indépendance. « Comment laisser dépiauter le Congo » dit le charismatique Lumumba, exemplaire et combatif dans son engagement politique. Et l’ONU, dans son manque de neutralité, n’ébranle pas sa foi en l’avenir. « Vous n’agissez pas et vous ne nous laissez pas agir » lance-t-il, sans détours, au Secrétaire Général.

Imprudent, impulsif, passionnément engagé et extrême, Lumumba, magnifiquement interprété par Marc Zinga - et de manière troublante, tant il est proche de la figure historique - fut porté par le peuple en fête, les couleurs, la foi et l’espérance (saluons la création musicale de Fabrice Devienne, les chants et les danses, la scénographie de Fanny Gamet qui nous place au cœur de ville sous les lampadaires de Kinshasa, et les lumières de Vincent Boute). Sa chute fut vertigineuse. Révoqué en septembre 60, arrêté en décembre par Mobutu, il fut torturé et assassiné le 17 janvier 61.

Césaire, auteur du Cahier d’un retour au pays natal écrit en 39, nous prend à témoin. Comme Christophe de La Tragédie du Roi Christophe, autre pièce emblématique datant de 63, Une saison au Congo, écrite en 66 - et représentée à Bruxelles la même année, puis un an plus tard à Paris, sous l’égide de Jean-Marie Serreau -, s’intéresse à un poète et un visionnaire, héros et martyr, « Ce sont des vainqueurs qui se dressent alors que tout s’écroule autour d’eux ». Sa langue métaphorique, à laquelle se mêlent le lingala et le swahili est porteuse d’espoir. « La voilà notre Afrique … elle espère ».

La mise en scène de Christian Schiaretti, directeur du TNP de Villeurbanne depuis une dizaine d’années est éblouissante et nous projette avec lyrisme et sobriété dans l’agora congolaise, au cœur de l’Histoire. Tous les acteurs de ce spectacle, sur et hors plateau, sont à féliciter. C’est à la fois une tragédie shakespearienne et une expérience collective brechtienne qu’il propose à la troupe, une grande leçon d’engagement politique qui n’est pas sans faire penser à l’esprit de Vilar et au grand théâtre populaire qu’il développait.

Le TNP de Villeurbanne et Théâtre Les Gémeaux de Sceaux (92), tournée en France.

Courrier des lecteurs
Rubriques :
  • Elections

Municipales 2014

par ReSPUBLICA

 

Bonjour,

Je viens de prendre connaissance de votre article sur les municipales. Je lui trouve dans son approche politique, malgré une référence au secteur suburbain et rural, une vision très urbaine; Vous le savez certainement, mais 86,4 % des communes ont moins de 2 000 habitants. L’immense majorité des élus municipaux et communautaires seront donc issus de ces communes. Et dans ces communes, le choix ne sera pas entre PS/UMP/FN, ni du Front de gauche, car ils ne sont guère présents dans ces communes, mais entre des listes (quand il n’y a pas qu’une liste) de gens engagés dans le milieu associatif, intéressés par la vie de leur commune, engagé dans la lutte pour le maintien des services publics, de l’école, de l’environnement, de la culture,etc. Et je peux en témoigner, nombre d’entre eux sont les ferments d’une vision alternative de la société. Loin des querelles politiciennes et des ambitions perso qui touchent tous les partis.

Amicalement

Jean-Claude Mairal, président du CIDEFE , centre de formation de l’ANECR (association des élus communistes et républicains)

Agenda

jeudi 12 décembre 2013, 19:00
Cinéma Le calypso à Viry-Chatillon(92)
 
vendredi 13 décembre 2013, 19:00
à l'Hôpital de Lons le Saunier
 
samedi 14 décembre 2013, 13:00
Salle du Grenier à sel à Avignon(84)
 
lundi 16 décembre 2013, 19:00
Maison des Associations, 105, avenue Aristide Briand, à Montrouge (92)
 
mardi 17 décembre 2013, 18:00
Salle des mariages-mairie de Paris 12ème-130 Av.Daumesnil
 
jeudi 19 décembre 2013, 18:00
Moulin du Grand Poulguin quai Botrel à Pont-Aven(29)
 
jeudi 19 décembre 2013, 19:00
EDMP
 
jeudi 19 décembre 2013, 19:30
Moulin du Monde de la MJC : 12-14 place du Moulin à Vent 91130 Ris-Orangis
 
mercredi 8 janvier 2014, 19:00
Bagnols-sur-Cèze