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Chronique d'Evariste
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École : en finir avec la causalité unique et clarifier un débat complexe

par Évariste

 

Le débat sur l’école rejaillit une fois de plus après la dernière attaque qui, sous couvert des rythmes scolaires, engage la fin de la séparation entre le scolaire et le périscolaire, avant celle, ultime, contre un statut des enseignants qui gêne le mouvement réformateur néolibéral. Cette nouvelle attaque contre l’école, engagée par la néolibérale Najat Vallaut-Belkacem sur la « réforme du collège », a ainsi au moins réussi ce que peu de ses prédécesseurs avaient fait, à savoir pousser à l’union des syndicats enseignants contre son texte, même si une analyse plus fine montrerait le jeu ambigu de certains(et non des moindres) au démarrage de la réforme.​
La ministre veut maintenant faire passer ce texte au forceps comme tous les autres textes importants de l’équipe Hollande-Valls. Devant la forte opposition à ce projet, la direction néolibérale a chargé le pédagogiste Antoine Prost (digne successeur des Meyrieu, Legrand et consorts) de défendre sa ministre. Rien que du normal jusque-là. Vous pouvez lire son texte de propagande pleurnichard sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/18/marre-de-la-nostalgie-elitiste_4635667_3232.html
Immédiatement, Pierre Albertini, professeur de khâgne, lui répond dans un article percutant intitulé « Critiquer Najat Vallaud-Belkacem au nom de l’égalité » (http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/20/critiquer-najat-vallaud-belkacemau-nom-de-l-egalite_4637059_3232.html). Cette critique est très juste, mais elle nous laisse sur notre faim : le texte est notoirement insuffisant quant à la caractérisation de l’opération du mouvement réformateur néolibéral dans l’école. Il fait ainsi le jeu du journal Le Monde qui organise un débat inscrit dans le modèle politique néolibéral, comme si le seul problème qui se pose aujourd’hui à l’école était le pédagogisme contre l’instruction, nous n’en sommes plus à ce stade. Hier, avec le début de la crise du capital, le pédagogisme masquait une première attaque néolibérale contre l’école par une justification idéologique reposant sur une vision d’essence petite-bourgeoise de l’intérêt général.

Aujourd’hui, il s’agit d’une attaque globale dans laquelle le masque petit-bourgeois tombe devant les intérêts directs de l’oligarchie capitaliste.​
Sur quatre ans de collège​, cette réforme supprime une demi-année scolaire d’enseignement. Elle renforce l’autonomie des établissements, favorise la concurrence « libre et non faussée » entre établissements publics, tout cela préparant à terme la destruction de l’Éducation nationale comme administration de l’État. Ce que fait déjà le processus en cours de privatisation rampante de l’école, que ce soit en favorisant l’école privée de toutes confessions, et même patronale, ou en important les méthodes de management du privé dans une concurrence de plus en plus vive au sein même de l’école publique.
Sans oublier le processus de suppression progressive des programmes nationaux (avec 20 % des heures du collège qui seront soumises à des discussions locales, voire communautarisées), ce qui induit des craintes sur le statut même des enseignants (suite notamment au décloisonnement scolaire et périscolaire où à l’abandon des décrets de 1950).
Cette réforme est à mettre en perspective avec le but avoué du quartier général de l’oligarchie, à savoir qu’il faut réduire les dépenses socialisées pour faire face à la crise du profit. Le cœur du discours devient ainsi l’installation du socle de compétences juste nécessaire pour l’employabilité du futur travailleur, en négligeant dans les nouveaux programmes, comme par hasard, la formation de l’esprit critique du futur citoyen.
Plus que jamais, l’ensemble de la sphère de constitution des libertés (école, services publics et protection sociale) est sous le feu des politiques néolibérales qui non seulement leur imposent l’austérité, mais changent leurs rôles politique et social pour les mettre au service direct des intérêts capitalistes.Nous ne pouvons pas ne pas faire état dans le même temps du débat de sophistes néolibéraux entre Najat Vallaud-Belkacem et Bruno Le Maire (http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-soir2/najat-vallaud-belkacem-bruno-le-maire-le-debat-969780), qui se sont mutuellement remerciés, chacun présentant l’autre comme repoussoir, la ministre présentant Le Maire comme le tenant d’un collège à deux vitesses, Le Maire présentant la ministre comme fossoyeur de l’élitisme républicain. Deux discours en miroir pour une même politique, chacun faisant croire qu’il n’y a pas d’autre politique possible.
Dans son article, Prost se lamente parce que les différentes « réformes » et les différents « projets » n’ont pas été complètements réalisés. On peut lui répondre classiquement et justement que c’est heureux, parce qu’elles ont suffisamment dégradé l’école, et que si elles se sont heurtées à une résistance populaire effective, c’est qu’il y a de la part de groupes sociaux qui ne sont pas du tout des héritiers, une forte demande d’école, de valorisation de la transmission des connaissances et du travail scolaire. Mais si les oppositions aux « contre-réformes » sont certes partiellement efficaces, elles sont seulement défensives et n’ont pu que réduire les dégradations. C’est ce qui pourrait arriver une fois encore.
Prost met au défi les opposants à cette nouvelle contre-réforme de proposer une autre réforme. C’est un piège, car l’enjeu véritable est une nouvelle logique politique et une nouvelle politique scolaire, ce qui n’est évidemment pas l’objectif de Le Maire et de l’UMP. Nous estimons donc qu’Albertini n’a que partiellement répondu à Prost et que nous, nous pouvons y répondre au sein d’un modèle politique alternatif au modèle capitaliste…

Sans doute, certains lecteurs trouveront-ils que nous en rajoutons. Nous leur disons par avance qu’il ne suffit pas de s’indigner, de commenter, ou d’interpréter, mais de résister d’abord pour ensuite transformer en même temps l’école et la société. Jamais dans l’histoire les mutations de l’école n’ont été indépendantes de la transformation sociale et politique du moment considéré.
Voilà pourquoi il faut nommer l’adversaire et ne pas faire comme s’il suffisait de changer les conseilleurs du prince.

A lire en complément :

  • Réforme du collège. Communiqué de l’intersyndicale du second degré (21 mai 2015)Signez et faites signer la pétition intersyndicale !
    Les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU, SNALC-FGAF, SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ’action, SUD Éducation, SNCL-FAEN et SIES-FAEN dénoncent la publication des textes concernant la réforme du collège au soir même d’une grève majoritaire dans les collèges. Cette provocation et ce mépris des personnels sont contre-productifs : il est illusoire d’espérer mettre en œuvre une réforme contre les professionnels.
    Elles dénoncent les manœuvres de récupération politiciennes et les amalgames.
    Elles demandent l’abrogation de ces textes, décret et arrêté, et la reprise immédiate des discussions sur l’avenir du collège. En tout état de cause, elles refusent de discuter des modalités d’application de cette réforme.
    Elles appellent les personnels à signer et faire signer la pétition intersyndicale, à poursuivre les mobilisations en cours : assemblées générales, délégations, rassemblements etc., et à mettre en débat une journée de grève nationale en juin.
    Elles appellent d’ores et déjà à faire du jeudi 4 juin une nouvelle journée nationale de mobilisation dans tous les collèges : heures d’information syndicale, rencontres et débats avec les parents.
  • « Si l’on apprenait le français ? La réforme du collège et de ses programmes« , par Jean-Michel Muglioni (20 mai 2015), ici dans Mezetulle
  • Motion sur le projet de nouveaux programmes de français pour le Collège,  par le Bureau de l’APLettres (26 mai 2015)
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Les inégalités sociales s’envolent, jusqu’à quand ?

par ReSPUBLICA

 

Selon le nouveau rapport de lOCDE , lenquête de lInsee sur les inégalités sociales devant la mort , lObservatoire des inégalités, ou Bip 40, les inégalités sociales de revenus, de patrimoine, de santé, de logement, devant la mort, sont en croissance forte. Même le secrétaire général de lOCDE (bureau détudes du néolibéralisme) vient de conclure que lon en est arrivé à un point critique. Mais comme cest le résultat de politiques menées selon les intérêts de loligarchie capitaliste et de ses alliés les plus proches, les lamentations ne suffiront pas à changer le cours des choses car du point de vue des oligarques, on ne change pas une équipe qui fait gagner son camp. Sans logique alternative appuyée sur une ligne stratégique anti-système capable de mobiliser les couches populaires dabord alliées aux couches moyennes intermédiaires, cette politique continuera.

Selon le rapport cité de l’OCDE, les inégalités de revenu ont atteint des niveaux record dans la plupart des pays de l’OCDE et se maintiennent à des niveaux plus élevés encore dans de nombreuses économies émergentes. Les 10 % les plus riches de la population de la zone ont aujourd’hui un revenu d’activité qui est 9,6 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, alors que la proportion était de 7,1 dans les années 1980 et 9,1 dans les années 2000.

La France n’échappe pas à la tendance générale : pendant les premières années de la crise, les 10 % les plus riches ont vu leurs revenus continuer à augmenter alors que ceux des 10 % les plus pauvres ont baissé.

Le rapport estime que la montée des inégalités, entre 1985 et 2005, dans les 19 pays de l’OCDE analysés, a diminué la croissance de 4,7 points entre 1990 et 2010. Mais là, l’OCDE «  se mord la queue », puisqu’elle préconise la continuation du néolibéralisme tout en disant qu’il faut faire l’inverse de la seule politique qui permet le maintien d’un fort taux de profit pour l’oligarchie capitaliste. Nous n’utiliserons donc ce rapport que pour les statistiques fournies.

Daprès lObservatoire des inégalités, au cours des dix dernières années, les 1 % des salariés les mieux rémunérés ont vu leur salaire mensuel brut progresser de 5426 euros, passant de 19374 à 24 000 euros (+28 %). Un certain nombre de très hauts cadres peuvent recevoir des salaires encore supérieurs, jusqu’à 400 fois le Smic. Alors que pour la plupart des 60% des salariés les moins bien payés, le gain n’a pas dépassé les 130 euros. Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 80 et 270 années de Smic… par an (en dehors de tous leurs avantages).

Mais pire que cela, le phénomène de concentration est encore plus fort sur les patrimoines.. En 2012, les 10 % les plus riches possédaient la moitié du patrimoine total des ménages et les 1 % les plus riches en possédaient 18 %. Alors que les 40% les moins riches ne possédaient que 3 % du patrimoine total des ménages.

Selon la même source, concernant les plus grandes fortunes de France, le seul patrimoine professionnel de Gérard Mulliez, l’homme le plus riche de France selon le classement 2009 du magazine Challenges, représente 15 milliards d’euros. Il faudrait à un smicard 938 000 années pour gagner cette somme… Il s’agit uniquement de son patrimoine professionnel, c’est-à-dire les magasins Auchan, et non pas de ce qui relève de son domaine privé.

En France, les 10 % les plus riches possèdent 46 % de la fortune nationale. Les 5 % les plus fortunés disposent d’un tiers de la richesse du pays, les 50 % les moins fortunés en possèdent 7 %… 90 % des ménages ont un patrimoine inférieur à 382000 euros, dont 30 % inférieur à 15000 euros. Les jeunes sont les plus frappés : 40 % des jeunes occupent un emploi atypique et la moitié environ des travailleurs temporaires ont moins de 30 ans. La rémunération des femmes sont inférieures d’environ 15 % à celle des hommes.

Les inégalités sociales devant la mort s’accroissent

Passons à l’INSEE. Les inégalités sociales devant la mort sont en forte hausse. Cette étude réalisée sur les années 1980 à 1995 montre que les ouvriers continuent de mourir plus jeunes que les cadres car ils bénéficient moins du progrès médical.

Au milieu des années 1990, l’espérance de vie à 35 ans des femmes cadres était de 50 ans, dépassant de 3 ans celle des ouvrières. Chez les hommes, l’écart était de 7 ans entre les cadres et les ouvriers, les premiers pouvant espérer vivre encore 46 ans, contre 39 pour les seconds. Un écart qui s’est accru d’un an par rapport à la période précédente (1983-1991). Tout porte à croire que les politiques suivies depuis ont amplifié ce phénomène.

Inégalités sociales scolaires : une hausse inquiétante

Plus de la moitié des enfants dont le père ne dispose d’aucun diplôme ont déjà redoublé au moins une fois quand ils entrent en troisième (15 ans), contre 14 % de ceux dont le père a un diplôme supérieur au bac. Les enfants d’ouvriers, d’employés et de chômeurs constituent 84 % des élèves en difficulté, alors qu’ils ne sont que la moitié des jeunes qui suivent un enseignement général. Les enfants d’enseignants et de cadres en représentent 2 %, soit dix fois moins que leur part dans l’enseignement général. Les enfants de cadres moyens (les professions intermédiaires) ou d’artisans et de commerçants sont eux aussi nettement sous-représentés.

Inégalités sociales de santé : une forte augmentation

 Les personnes à bas revenus consultent plus rarement un médecin. Parmi celles âgées de moins de 50 ans, 21 % n’ont pas consulté de généraliste au cours de l’année 2006 (derniers chiffres de l’Insee), contre 17 % dans le reste de la population. La proportion est de 53 % quand il s’agit de spécialistes, contre 40 % pour les autres personnes. L’écart entre les bénéficiaires d’une couverture complémentaire de santé et ceux qui n’en disposent pas est important : 22 % des ménages les plus pauvres n’y ont pas accès, contre 7 % du reste de la population. Pour lobésité, il y a deux fois plus d’adultes obèses chez les ouvriers, les employés, les artisans et les petits commerçants que chez les cadres supérieurs. L’obésité ne touche pas de la même façon les différentes catégories sociales. De plus 19% des assurés sociaux font de la renonciation aux soins pour cause financière.

La pauvreté en forte hausse

Le Réseau d’alerte sur les inégalités (un collectif d’associations, de syndicats et de chercheurs) publie chaque année son Baromètre des inégalités et de la pauvreté (Bip), appelé Bip 40 en référence au Cac 40 des actionnaires et construit sur plus de 60 séries statistiques regroupées en six grands domaines : revenus, emploi, éducation, logement, santé, justice.

Il mesure une forte progression de la pauvreté et des inégalités due, bien sûr, à la montée du chômage, notamment le chômage non indemnisé ou rendu invisible. L’indicateur officiel du chômage recense aujourd’hui moins de la moitié (47 %) des personnes en sous-emploi ou au chômage contre 61 % en 1996 et 75 % en 1981. Mais plus grave, le nombre de maladies professionnelles reconnues explose. Quant au côté précarité, le taux de travail à temps partiel a progressé de plus de 4 points entre 1990 (12 %) et 2003 (16,1) et le taux de travail intérimaire a quasiment doublé. Enfin, le RSA ne diminue pas la pauvreté, qui augmente, mais pérennise les petits boulots.

Compilation et commentaire réalisés par Zohra Ramdane et Bernard Teper

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Témoignages sur la situation sanitaire en Grèce aujourd'hui

par Solidarité France-Grèce pour la santé

 

NDLR – Extraits d’un rapport à lire en version intégrale dans le Journal REsistance SOciale n° 137, mai 2015, pp. 2 à 6, sur www.resistancesociale.fr. Certains commentaires de cet article demandé par Résistance Sociale à Jean-Claude Chailley, qui y représentait la Coordination nationale des Hôpitaux et maternités de proximité, sont en dehors du champ de la Coordination, ils n’engagent donc que lui. Les citations sont reproduites en italiques.

La délégation Solidarité France-Grèce pour la santé s’est rendue en Grèce du 11 au 16 mai1.Elle a eu des rencontres dans des dispensaires sociaux solidaires (DSS), avec le ministre délégué et le ministre de la santé, des député(e)s du groupe parlementaire santé de Syriza, avec l’association Solidarité pour tous, la Coordination des dispensaires sociaux, des personnels et syndicalistes des hôpitaux, les responsables syndicaux E.K.A. / GSEE de la région d’Athènes et de META (syndicat lié à Syriza).)

La Grèce est bien le laboratoire de l’austérité de la troïka

Partout le même constat quant à la situation sociale, l’explosion de la pauvreté, un secteur de la santé au bord de l’effondrement.

  • 7 ans après la crise dite des subprimes il y a un recul généralisé en Europe, aggravé dans la zone euro. Mais l’ampleur de la régression en Grèce est unique : depuis 2008 chute de 25 % du PIB (OCDE) et de 25,5 % du budget santé par personne (Eurostat en parité de pouvoir d’achat)
  • Le fait que le respect des mémorandums continue à être exigé par la Commission européenne et tous les gouvernements européens prouve que la Grèce est cobaye d’une austérité destinée à se généraliser
  • Les chiffres sont abstraits, mais ils traduisent une réalité humaine dramatique

Les entreprises veulent pouvoir licencier comme elles veulent. Chômage passé de 9 % en 2009 à 26 % en 2014 (50 % chez les jeunes.

C’est la 1ère priorité: aucun système de santé ne peut tenir avec un tel taux de chômage.
Baisse des salaires, des retraites, suppression des conventions collectives…
Allocations chômage (concernent 7 % des chômeurs)passées de 460 € à 360 €.
En Grèce lorsqu’on perd son travail on perd aussi l’assurance sociale soit immédiatement, soit dans un délai d’environ 10 mois.
2,5 millions de personnes sont sans couverture sociale (population grecque :11 millions)

Le système de santé et la majorité des hôpitaux sont au bord de l’effondrement.
Alors que la demande a augmenté de 30%, l’offre s’est réduite de 40 % et le personnel de 30 %. L’offre publique en dentaire est quasi inexistante, même pour les assurés
Ces mesures ont entraîné pauvreté sanitaire et développement de la privatisation.

Le gouvernement signe un arrêté qui garantit un accès aux soins pour tous, assurés ou non, à un suivi médical de base, aux examens en laboratoire, aux vaccins, aux médicaments nécessaires, à l’hospitalisation en hôpital public. Développer l’offre en dentaire. Le forfait de 5 € est supprimé.

Il faut un renforcement des personnels soignants et para médicaux et leur financement

Des économies sont possibles car la désorganisation provoquée et favorisant le privé a un coût. Il faut réorganiser le système de santé avec au centre le 1er recours et la prévention, un fonctionnement plus démocratique et participatif.

Renforcer la production locale de médicaments, surtout génériques, fixer de nouveaux critères pour leur mise sur le marché. Il faut mettre fin en Europe au diktat des entreprises pharmaceutiques, créer une agence européenne du médicament …
L’idée fondamentale de Syriza est d’organiser la société à partir des besoins, en particulier pour la santé. Elaborer une carte sanitaire… rôle des collectifs

Remarque : même position de la Coordination nationale des hôpitaux et maternités et de Notre Santé En Danger

Les conditions de la mise en œuvre de cette politique

Avec des dépenses de santé de 4,5 % du PIB quand la moyenne européenne est au-dessus de 7 %, on ne peut y arriver.
Pour qu’il y ait un système de soins il faut arrêter l’austérité.
La question d’un accord avec la troïka est brûlante. Il y a une vraie angoisse de la société quant à savoir si on va arriver à un accord qui permette de rester un membre de l’euro à part égale mais sur d’autres bases, les besoins, et en donnant tout son sens à la protection sociale.
Les hospitaliers ont fait observer que voter une loi d’accès à la santé pour tous est positif à condition de donner les moyens nécessaires, sinon faute de pouvoir les accueillir, ça renforcera la désorganisation des hôpitaux.
A la question « qu’est-ce qui vous permet de penser qu’un accord acceptable avec la troïka est possible ? » la réponse fut la suivante : les rapports de force au sein de l’UE sont défavorables. Le problème n’est pas l’accord sur les comptes, on a un projet extrêmement bien pensé et financé. Le problème est politique. Ou l’Europe va changer avec les peuples, avec les luttes syndicales et politiques, les choix démocratiques, ou cette Europe n’a pas d’avenir.
C’est pourquoi ce sujet est très important, est-ce que l’Europe des bourses peut tolérer la démocratie ou non ? Il faut un front social européen, une Europe de la cohésion sociale, des libertés, de la démocratie, voilà notre message.

Assemblée nationale : groupe santé de Syriza

Les député(e)s de différentes régions, professionnels de différentes spécialités, confirment le caractère dramatique et général de la situation sanitaire. Extraits : augmentation des décès à la naissance, 20 % des bébés naissent avec un poids inférieur à la normale, augmentation / retour de maladies infectieuses, beaucoup ne peuvent se faire vacciner faute de 6 euros, sérieux problèmes de santé des personnes âgées, la grippe tue plus que partout ailleurs, augmentation des dépressions…

Aujourd’hui les hôpitaux sont transformés en asiles avec des lits dans les couloirs, la promiscuité, alors que des salles sont vides faute de lits alors que les 2 hôpitaux psychiatriques sont menacés de fermeture.
Les gens ne pouvant s’adresser aux structures de quartier vont à l’hôpital alors qu’on a réduit le personnel, ce qui renforce leur saturation et leur désorganisation alors que les mémorandums interdisent de recruter des médecins qui vont vers le privé ou à l’étranger.
Il arrive quotidiennement que des médecins meurent de burn out…
Le secteur privé s’est développé de manière gigantesque après la crise alors qu’il est plus cher et non universel. Il fait pression sur le gouvernement
Des malades du cancer ne peuvent se faire soigner ou tardivement… La marchandisation de la santé conduit à la mort.
Les mémorandums ont fixé un plafond pour la santé que le gouvernement doit inverser.

Au grand hôpital Sotiria d’Athènes

Les hospitaliers font le même témoignage :sous financement, manque de personnel, les personnels partant à la retraite ne sont pas remplacés, parfois des gardes de 112 patients en 24 heures, pas moyen d’avoir un CHSCT, manque de matériel, plusieurs services déjà fermés, les petits hôpitaux ferment, le plus dur c’est pour les patients, les femmes enceintes, les populations défavorisées. La troïka avait obligé les femmes à déclarer leur accouchement et à verser 1000 € . Si elles ne peuvent pas le fisc se retourne vers la famille et si la famille ne peut pas ils procède à des saisies. Chute des naissances depuis 2010. La tuberculose se développe de façon vertigineuse, retour de la malaria…
Le programme de Thessalonique de Syriza n’est pourtant d’une gauche « radicale ».
Avant la contre-révolution libérale des années 80, dans laquelle s’inscrit la construction européenne actuelle, les programmes des partis socialistes allaient bien au-delà de ce programme corrigeant une partie des dégâts pour les « plus démunis ».
Extraits du programme sur lequel Syriza  a remporté la victoire :

  • Electricité nécessaire gratuite à 300.000 foyers sous le seuil de pauvreté.
  • Subvention alimentaire à 300.000 foyers sous le seuil de pauvreté
  • Soins médicaux et pharmaceutiques accessibles à l’ensemble de la population par l’augmentation du remboursement et la gratuité pour les plus défavorisés.
  • Garantie du logement pour environ 30.000 familles
  • Paiement d’un 13e mois aux retraités et pensionnés dont la retraite ou la pension est inférieure à 700 €
  • Gratuité des transports publics pour les personnes sous le seuil de pauvreté.
  • Baisse de la TVA sur le fuel de chauffage au niveau antérieur au mémorandum.
  • Rétablissement du salaire minimum au niveau d’avant les memoranda sans critère d’âge, c’est à dire l’augmentation du minimum actuel des 586 € (même 427 € pour des jeunes) vers les 751 € pour tout salarié. (Relèvement étalé dans le temps depuis)
  • Volonté de rétablir la législation du travail (abrogée par les memoranda)….
  • Grand projet pour la création de 300.000 emplois dans le pays dans les secteurs public, privé et dans l’économie solidaire
  • Nous envisageons d’étendre le nombre de bénéficiaires de l’allocation chômage, ainsi que la durée du droit à celle-ci. (seulement 10% des chômeurs en bénéficient).
  • Arrêt de la privatisation du port du Pirée (rétablie depuis) et de la compagnie nationale d’électricité, réouverture de la télévision publique (faite)

Il n’y a pas de demande de nationalisation. Par exemple sur la politique du médicament le ministre de la santé a confirmé qu’il ne demandait pas la nationalisation de Sanofi.

Les dispensaires sociaux solidaires (DSS)

Il y en a en tout près de 50 en Grèce2.

  • Le 1erdispensaire a été fondé en Crète par l’actuel ministre délégué à la santé, Andéas Xanthos pour des immigrés qui avaient fait naufrage. Depuis, avec la politique menée en Grèce les grecs sont devenus les 1ers usagers.>
  • Les dispensaires sont des organisations de bénévoles. Les locaux peuvent être fournis par la mairie, l’aménagement par des chômeurs…Ils assurent la médecine de premier recours. Si la gravité du diagnostic le justifie les patients sont envoyés à l’hôpital
  • Les médicaments qui arrivent tous les jours de multiples sources ne sont donnés que sur ordonnance. Les pharmacies sont toutes reliées.
  • Ils récusent le terme d’ONG, car au-delà de leur mission sanitaire ils mobilisent les patients pour mettre fin à cette politique, participent aux manifestations devant les hôpitaux….
  • Les décisions sont prises en assemblée générale.
  • L’avenir des dispensaires sociaux est en réflexion, en lien avec la réussite ou non du gouvernement d’Alexis Tsipras
  • Les dispensaires sociaux ne peuvent se substituer à un service public de santé digne de ce nom. Si le gouvernement Syriza réussit, s’il y a un service public de santé universel, la nécessité de ces dispensaires paraît moins évidente.
  • Si ce n’était pas le cas est-ce tenable dans la durée ? Pas évident, la charge pour les bénévoles étant énorme

Association « Solidarité pour tous »

  • Issue de la crise, notamment des mobilisations en 2011 : Les gens retournent dans les quartiers et créent des structures auto organisées, surtout à l’initiative de gens de gauche, pour survivre
  • Les 1ères structures ont concerné la collecte et la distribution de nourriture, puis la santé avec des médecins, un secrétariat… Elles évoluent vers tous les services : vêtements, meubles, préparation d’examen pour que les étudiants issus de milieux modestes puissent réussir, logement …
  • Les collectifs trouvent eux-mêmes à 92 % leurs ressources en faisant participer le maximum de personnes : ils demandent aux clients de super marchés de faire un don de nourriture, ils établissent des relations directes producteur – consommateur…
  • Différence avec par exemple les Restos du cœur : démarche militante. Par exemple les femmes de ménage ont été soutenues et ont gagné, obtenant même un temps complet
  • Les relations avec le clergé sont bonnes : si besoin ils guident vers les religieux
  • Solidarité pour tous est un facilitateur mais l’entité centrale est parfois perçue comme « l’œil de Moscou » alors que ce n’est pas le cas, on essaie de mettre en place des structures type grands frères. On en a parlé à la réunion panhéllénique avec des participants de 30 villes

Rencontre avec le syndicat E.K.A. (GSEE) de la région d’Athènes

Remarque – En Grèce il y a 2 syndicats : GSEE (confédération générale des travailleurs grecs du privé) et ADEDY (confédération des syndicats des fonctionnaires publics). Ces syndicats sont composés de courants liés aux partis politiques. Le CA est composé de 9 PAME (PC), 5 PASKE (PASOK), 5 META (SYRIZA), 4 NP (Nouvelle voie, libéral), 3 ENI, 3 DAK (Nouvelle Démocratie, droite), 2 trotskistes.

  • Chômage, baisse des pensions, des salaires de 45%, des droits des salariés, de la protection sociale, conditions de travail déplorables, les entreprises font ce qu’elles veulent en licenciements, en horaires de travail, difficulté d’accès des pauvres aux services publics, particulièrement la santé et l’enseignement…
  • Tout se discute avec les créanciers. avec la politique de l’Union européenne mise en œuvre sous les gouvernements de droite ou libéraux. Les coupes budgétaires dans les hôpitaux rappellent le tiers monde. La question du « cout du travail «  et la situation dans les hôpitaux sont liées
  • La difficulté c’est que presque toutes les tendances du syndicat ont été au pouvoir.
  • Le plus grave est que ces dernières années les syndicats ont subi une défaite stratégique. Ces 5 dernières années on a fait 40 grèves générales sur les salaires, les pensions, les conventions collectives. L’offensive a été si forte qu’on n’a pu organiser des luttes efficaces. On a 120 000 syndiqués alors qu’il y en avait 180 000 il y a 10 ans. Les jeunes n’adhèrent pas. Les travailleurs se sont dit pourquoi rester au syndicat s’il ne fait rien alors qu’on supprime les conventions collectives, qu’il n’y a pas de hausse des salaires, qu’on supprime les hausses passées ? Il y a eu beaucoup de grèves et manifestement un débat sur la stratégie.Les choix auraient pu être différents s’il y avait eu un autre leadership, il y avait des différences de stratégie.>
  • Aube dorée a voulu créer des syndicats mais a échoué
  • Nos priorités : rétablissement du SMIC à 751 €, des conventions collectives, protection contre les licenciements massifs, trouver des ressources pour pensions, la Sécurité sociale…
  • Crainte d’une augmentation importante de la TVA réclamée par les créanciers.
  • A la question : Faut-il mobiliser ? Il y a un engagement du gouvernement on attend qu’il tienne ses promesses. On est attentifs.
    Remarque : cette position n’est pas unanime, les militants santé de META (Syriza), des députés sont pour la mobilisation.
  • La solidarité internationale est bienvenue car la troïka ne veut ni des réformes des syndicats, ni celles du gouvernement.

Conclusion : le maintien ou non de la Grèce dans l’euro, voire dans l’UE

Avec la victoire de Syriza l’éventualité pour la Grèce de quitter l’euro et l’Union européenne est de fait posée…
Syriza veut rester dans la zone euro ce qui implique un accord avec la troïka.
La troïka et les USA souhaitent éviter que la Grèce quitte l’euro pour plusieurs raisons : 1) la situation financière mondiale est si instable que même la goutte d’eau du défaut de la dette grecque peut avoir des conséquences incalculables; 2) montrer que même un gouvernement de « gauche radicale » ne peut échapper aux cures d’austérité; 3) Eviter de mettre à l’épreuve la possibilité pour un pays de sortir de l’euro. Ils entendent faire pourrir la situation jusqu’à ce que Syriza perde son soutien populaire pour le contraindre à poursuivre pour l’essentiel les mémos.

Une urgente solidarité

La délégation Solidarité France-Grèce pour la santé a réalisé sa mission d’aide sous des formes diverses aux dispensaires sociaux solidaires. Bien entendu il faut la poursuivre.
Nos interlocuteurs de tous niveaux demandent la solidarité internationale dans leur bras de fer avec les « institutions ». L’étranglement de la troïka et des chefs d’Etat nous concerne tous, citoyens, partis, syndicats… Chaque minute compte en Grèce !

  1. Délégation : ATTAC, Coordination des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité, CODEGAS, CGT Sanofi, SNESUP-FSU, SUD Santé Sociaux, SMG, USMC/SNCDCS, Ensemble, NPA, PCF, PG []
  2. Faut-il importer en France les dispensaires sociaux bénévoles ? Le projet de loi sur la santé et le projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement font la promotion du bénévolat, moyen de couper les budgets des services publics et de la protection sociale. En France il faut les défendre, les reconquérir, les développer. La Coordination des hôpitaux et maternités de proximité– qui participera à Guéret – demande entre autres de développer les centres de santé (avec rémunération correcte du personnel. []
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Jean Zay le ministre assassiné 1904-1944, par Antoine Prost et Pascal Ory

par Bernard Teper

 

Très beau livre de plus de 150 pages (coédition Canopé/éditions Tallandier, 24,90 euros) avec beaucoup de photos et de documents manuscrits.
Jean Zay, personnage fulgurant, député à 27 ans, ministre à 32 ans, assassiné à 40 ans. Il restera un ministre qui a républicanisé l’école au sens où on l’entend dans Respublica. Il a fait entrer l’école dans un processus visant à parfaire la mission de l’école à savoir construire la pensée personnelle des futurs citoyens. D’autre part, contrairement à beaucoup d’autres responsables du Front populaire, il possédait une ligne juste face à la montée de l’extrême droite et du nazisme. On peut regretter qu’Antoine Prost ait légèrement déformé la biographie de Jean Zay pour laisser croire à la lecture au rôle de précurseur de Jean Zay par rapport  aux politiques pédagogistes des gouvernements à partir de la décennie 70 (la théorie du continuum alors qu’il y a rupture !) alors que Jean Zay donnait à l’école la mission de former le futur citoyen ce qui devient de moins en moins le cas dès les années 70. Il passe étonnamment sous silence les trois circulaires laïques de Jean Zay du 1er juillet 1936, du 31 décembre 1936 et du 15 mai 1937 qui pourtant sont les circulaires qui interdisent les signes politiques et confessionnels dans l’école publique, fort importantes pour l’époque. Il y a simplement dans le livre un fac-similé d’un tract qui fait mention de la circulaire du 15 mai 1937 sans lui donner son importance capitale.

Cela dit, le livre détaille sa jeunesse et son éducation républicaine et dreyfusarde. Son père juif mosellan est titulaire de la Croix de guerre. Sa mère protestante issue d’une famille qui a maintenu la mémoire des persécutions organisées par le pouvoir et l’église catholique. Boursier, primé au concours général, il participe et dirige plusieurs journaux tant politiques que littéraires. Le livre relate bien l’affaire du poème pacifiste « Le drapeau », écrit dans sa jeunesse et publié dans Le grenier, qui a valu à Jean Zay une ignoble campagne mettant en cause son patriotisme. Brillant avocat, il ranime les JLR (Jeunesses laïques et républicaines). Ministre, il est le ministre du début de l’unification dans le second degré des primaires supérieures et des classes secondaires payantes. Il dépose le 5 mars 1937, un projet de loi de 22 articles sur l’organisation du primaire et du supérieur. il traite en même temps les activités dirigés et les activités sportives dans un esprit de formation complète du futur citoyen. Loin des nouveaux prêtres actuels des « sciences de l’éducation » , il est favorable aux expérimentations pédagogiques au sein de l’école publique mais avec la liberté pédagogique de l’enseignant. Il développe la Recherche. Étant ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts, il est un grand développeur du secteur culturel et les grandes innovations culturelles de la Libération proviennent pour beaucoup des innovations expérimentales de Jean Zay.

Jean Zay a vécu dans l’adversité et cumulait les haines en provenance de l’extrême droite parce qu’il était juif mâtiné de protestantisme (mal vu aussi à l’époque), franc-maçon du Grand Orient de France, opposant à la doctrine sociale de l’Église en provenance de la droite en matière de politique scolaire, car il souhaitait une école populaire pour tous. La milice l’a assassiné sans doute parce que, pour elle, l’emprisonnement n’était pas une sanction suffisante.

Lire ce livre pour éviter de faire de Jean Zay un mal-connu célèbre à l’instar de Jaurès

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2014, Jaurès vivant, par l’Association Jaurès Espace Tarn (AJET)

par Zohra Ramdane

 

Ce document (216 pages, 14 euros) publié dans le n° 237 de la Revue du Tarn du printemps 2015, devrait être une priorité de lecture. D’abord pour comprendre que le vrai Jaurès est méconnu. Puis parce qu’il y a des articles de qualité. Notamment parmi d’autres, les articles intitulés « Les usages politiques de Jaurès » de Marion Fontaine, « Existe-t-il une philosophie politique de Jaurès ? » de François Dutrait, « Jaurès et les grèves : soutenir les luttes, conforter les organisations ouvrières, ne jamais perdre de vue le but fondamental » d’Alain Boscus , « Jaurès vivant. Lecture/montage d’un spectacle » d’Ivan Morane, « L’actualité de la pensée de Jean Jaurès » de Bernard Teper, « L’idéal laïque de Jaurès » de Jean-Paul Scot, « Jean Jaurès face à la question coloniale » d’Alain Ruscio.

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Une histoire populaire de la laïcité. Pour une laïcité d’émancipation, par Marceau Pivert.

Préfacé par Eddy Khaldi

par Bernard Teper

 

Ce livre (Editions Demopolis 2015, 205 pages, 19 euros) est une réédition du livre de Marceau Pivert de 1932. En lisant ce livre, tous les militants de la laïcité et tous les militants de la gauche de transformation sociale et politique apprendront quelque chose. Car la connaissance de l’histoire des luttes est un impératif catégorique pour mener les bons combats aujourd’hui. La ligne directrice de ce texte est qu’il y a un lien charnel entre le combat laïque, le combat social et le chemin de l’émancipation humaine.

C’est d’abord et avant tout un livre d’histoire des rapports entre l’Eglise et la laïcité dans les luttes sociales en partant des origines jusqu’à l’alliance de la bourgeoisie et de l’Eglise du vivant de Marceau Pivert en passant par le christianisme dans l’Empire romain, le moyen âge , la Réforme, la Révolution française, l’Empire, la Restauration, la loi Falloux, la Commune de Paris, les lois laïques du début de la troisième République. Dans une deuxième partie plus courte, c’est ensuite un travail doctrinal sur le catholicisme social comme idéologie de l’Eglise contre le prolétariat et un travail de clarification entre la laïcité bourgeoise de Jules Ferry, la laïcité ouverte (eh oui, c’était déjà un concept clérical : il a été repris depuis les années 1970 par la Ligue de l’Enseignement, la Ligue des droits de l’homme et la gauche néolibérale, puis par la droite néolibérale avec Sarkozy) de l’abbé Desgranges et bien sûr une conception de la laïcité qu’il qualifie d’émancipation.

L’auteur montre très bien la capacité de la mobilisation de l’Eglise catholique contre la loi de 1905 puis dans sa bataille contre la loi, puis son accommodement lorsqu’elle s’allie avec la bourgeoisie contre le prolétariat. Il explique bien l’action conjointe de la droite, de l’extrême droite et de l’église à partir de 1918 grâce à l’Union sacrée pour reconquérir le terrain qu’ils ont perdu entre 1905 et 1914. On mesure là que l’Eglise a bénéficié de l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, lui qui s’opposait à l’Union sacrée…

Il explique en détail la mobilisation massive de l’alliance de  la droite, de l’extrême droite et de l’église contre le Bloc des gauches en 1924 contre l’application de la loi de 1905 en Alsace et en Moselle.

Il montre que de tout temps depuis le IVe siècle, l’Eglise a été du côté des puissants contre le mouvement progressiste et contre la volonté du peuple de s’émanciper. Il montre pourquoi les structures religieuses, toutes les structures religieuses, sont des adversaires de la révolution et du progressisme.

Quel beau livre à opposer à la partie actuelle de la gauche et de l’extrême gauche qui accepte les alliances avec les tenants de la doctrine sociale des églises ou avec les islamistes obscurantistes et réactionnaires, car ils pensent que les « musulmans » ont remplacé la classe ouvrière dans le schéma marxiste (en utilisant un mot d’ordre mortel pour le prolétariat : les ennemis de mes ennemis sont mes amis) et que la lutte contre les discriminations a remplacé la lutte des classes devenue obsolète pour eux.

Quelle belle occasion de remarquer que les arguments contre le principe de laïcité d’avant 1932 sont les mêmes aujourd’hui – réactualisés bien sûr avec les mots de notre époque – tant chez les adeptes de la laïcité d’imposture fréquents dans la gauche solférinienne et aussi dans l’Autre gauche, que chez les adeptes de l’ultra-laïcisme anti-laïque de la droite et de l’extrême droite. La reprise des écrits des cléricaux de l’époque permet facilement de faire ce parallèle.



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