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ReSPUBLICA au seuil d'une année charnière

par ReSPUBLICA

 

2015 aura marqué un nouveau tournant pour le pays. La naissance du non de gauche le 29 mai 2005 , la crise de 2007-2008 qui laisse cette gauche sans réponse, les grandes mobilisations de 2010 sur les retraites qui n’ont pas arrêté le mouvement réformateur néolibéral, la bonne surprise des 11 % du Front de gauche à la présidentielle de 2012, puis les attentats de 2015 et les élections régionales de décembre 2015 : le point de non-retour de la décomposition de la gauche de la gauche est atteint.

Sans visibilité sur les lignes stratégiques qui seront adoptées pour l’élection présidentielle de 2017, et sauf à sombrer dans le gauchisme, maladie infantile de la transformation culturelle, sociale et politique, ReSPUBLICA va poursuivre avec vous, en 2016, l’analyse des faits, la recherche d’un modèle politique et du discours à porter par une « gauche de gauche ».

La nécessité de la double rupture que votre journal promeut depuis longtemps en politique intérieure comme pour les pays atteints par les intégrismes – rupture anti-capitaliste et rupture anti-communautariste – n’a-t-elle pas progressé auprès des militants et des citoyens, en partie sous l’effet des événements de janvier et novembre ? Nous voyons se renforcer les courants laïques des organisations de l’Autre gauche dont des représentants nous ont contactés pour travailler ensemble : ce n’est pas le moment de suivre les extrémistes de l’extrême centre qui croient encore à la possibilité d’un compromis avec les Indigènes de la République ! Nous ne pouvons plus par ailleurs nous satisfaire du discours antilibéral, c’est bien le discours anticapitaliste qui est nécessaire lorsqu’on porte attention aux lois tendancielles du mode de production.

Sur l’Europe, partant de la certitude que « l’Allemagne ne paiera pas », ReSPUBLICA ne s’est pas laissé bercer par l’espoir d’un euro social. Or l’accord grec du 13 juillet a cassé la majorité de la gauche de la gauche sur le plan A de l’euro social. Il reste à attendre l’atterrissage des nouveaux thuriféraires idéalistes du plan B… Notre « plan C » (http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/zone-euro-le-plan-c-entre-dans-le-debat/7396901) devient de plus en plus audible, même si cela navre les militants qui associent l’idéalisme au volontarisme.

Alors, chers amis lecteurs, nous ne comptons pas nous endormir dans la satisfaction de justes analyses. Nous comptons continuer en 2016 des stages de formation sur le modèle de celui conduit les 12 et 13 décembre dernier sur la monnaie et les lois tendancielles du capitalisme (dont le contenu sera prochainement diffusé).

Comme vous le savez, convaincus de la nécessité de compléter la production de textes en ligne par la diffusion de leurs contenus sous les formes de l’éducation populairen nous sommes en étroite proximité du Réseau Education Populaire (REP), nous relayons l’agenda de ses 350 initiatives et les demandes que vous pourriez lui adresser pour des interventions sur les lieux où vous militez.

En attendant le numéro 800 qui marquera à la rentrée les 15 ans de ReSPUBLICA, et comme il est courant en cette période pour les associations, nous attirons votre attention ci-après sur la façon de nous aider à poursuivre en toute indépendance par un don.

L’équipe de Rédaction vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année !

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Espagne : enfin l’instabilité !

Après les élections du 20 décembre 2015

par Alberto Serrano

 

Le scrutin du 20 décembre 2015 a bien eu le caractère historique qu’on lui pressentait, pour l’Espagne mais aussi pour l’Europe. 40 ans après la mort du grand criminel Franco et de ce qu’on appela alors la « Transition », par laquelle l’Espagne se débarrassait de la dernière dictature fasciste européenne (après la Grèce et le Portugal), ces élections ouvrent une phase d’importants bouleversements politiques. Pablo Iglesias – secrétaire général de Podemos – l’appelle une Nouvelle Transition.

Depuis 1982, le parti socialiste PSOE – colonne vertébrale du régime né de la Constitution de 1978 – et le grand parti de droite PP (nommé AP au début) ont alterné au pouvoir central, avec l’appoint au parlement des partis nationalistes indépendantistes basque et catalan qui obtenaient en contrepartie une totale impunité pour gérer voire mettre en coupe réglée ces territoires – notamment le très corrompu parti nationaliste catalan CDC (la corruption n’est pas un phénomène isolé ou une sorte de plaie inévitable, Podemos la dénonce comme étant un lubrifiant essentiel de tout le système politique espagnol).
PP et PSOE ont toujours additionné à eux deux 80 % des suffrages, ne laissant aux autres que des miettes et une place accessoire. C’était cela, la fameuse stabilité si indispensable aux « marchés » et si regrettée sur ce ton anxieux que prennent les journalistes français depuis dimanche : une alternance entre frères ennemis, passant de ministres à administrateurs de grandes banques et entreprises, mettant l’État espagnol au service de la finance et des rois du béton.
Quatre ans plus tard, PP et PSOE n’additionnent plus que 50 % des voix et ont perdu des millions de suffrages, dans un scrutin marqué par une forte hausse de la participation. La « stabilité » qui confisquait la démocratie c’est fini, pas de regrets !

L’austérité ne passe pas

Après sa réélection en 2008, le président du gouvernement socialiste Zapatero renonçait à la politique promise à ses électeurs pour appliquer le mémorandum d’austérité de la troïka aux ordres de Merkel – Commission européenne/FMI/BCE – allant jusqu’à voter avec le PP une réforme express de la Constitution qui donne la primauté au paiement de la dette avant toute autre dépense de l’État.

La cure d’austérité et d’ultralibéralisme a précipité le PSOE dans une défaite historique en 2011 : 29% et 110 députés, son plus mauvais score depuis 1978, le PP emportant la majorité absolue avec 45% et 186 députés. Les deux partis dominants réunissaient encore près de 75% des suffrages.

Ce 20 décembre, avec 22 % et 91 députés – soit 1,5 millions de voix perdues et 20 députés de moins qu’en 2011, le PSOE frôle de peu le cauchemar des marchés : il se trouve quasiment à égalité avec Podemos (20,7 %) et à deux doigts de devenir la troisième force politique. Le PSOE a été emporté par son adhésion docile à ce que Juan-Carlos Monedero, fondateur de Podemos, a pu qualifier « d’austéricide » (mettant un accent sur l’aspect mortifère de cette politique et la distinguant d’une austérité qui serait prise au sens de non gâchis des ressources et de non course effrénée au profit). Les socialistes espagnols sont bien sur la pente du PASOK grec (et sans aucun doute du PS français) : ils ont fait leur plus mauvais résultat depuis 1977.

Le parti au pouvoir, PP, prend aussi une raclée ce 20 décembre : il perd 3,7 millions de voix et passe de 44 % – avec majorité absolue au parlement – à 29 % et 123 députés, perdant 63 sièges. Ce résultat, le plus mauvais depuis 1989, maintient le PP au rang de premier parti, mais dans une position qui le met en très grande difficulté pour garder le pouvoir.

Il faut noter que le PP obtient ce résultat avec un déploiement inédit de propagande, la radio-télévision publique ayant été ouvertement annexée à son service pour taire la gravité de la situation sociale et économique et cacher l’ampleur colossale de sa corruption (dont le coût a été estimé par un groupe d’économistes à 48 milliards d’euros !), tout en étouffant le mouvement social grâce à l’application d’une loi ultra-répressive votée par lui seule et entrée en vigueur en juin dernier.

L’explosion Podemos

PP et PSOE croisent dans leur descente sur piste rouge la nouvelle force progressiste : Podemos. En moins de deux ans, depuis son lancement en février 2014 (devenant parti politique en novembre 2014) Podemos est passé de 8 % aux européennes de mai 2014 à 14 % aux régionales de mai 2015 puis à 21 % et 5,2 millions de suffrages ce 20 décembre.
Merkel a raison de faire la grimace, comme on a pu le voir dans une vidéo récente où le chef du gouvernement espagnol Rajoy l’informait des sondages en sa possession : Podemos suit la pente ascendante de Syriza, et à la même vitesse (sachant que la Grèce et l’Espagne sont dans des situations assez différentes et que Podemos n’est pas la réplique de Syriza).
Dès après les élections européennes, les gouvernants, sentant le danger, avaient pourtant pris des mesures fortes :

  • Abdication du vieux roi Juan-Carlos – totalement lessivé par le scandale de corruption impliquant sa fille et par les révélations sur son train de vie – pour le remplacer par le jeune et fringant Felipe à l’image plus moderne.
  • Remplacement du secrétaire général du PSOE, là encore par un jeune et très photogénique dirigeant, Pedro Sanchez.
  • Déchaînement, à partir de janvier 2015, d’une campagne médiatique outrancière pour tenter de salir les dirigeants de Podemos, avec multiplication des unes pleine page les plus grossières inventant des scandales bidon, tous éventés mais démentis seulement en petit caractère en pages intérieures et au milieu du mois d’août. Mention spéciale au quotidien soi-disant « de référence » et « de gauche » El Pais, fleuron du groupe PRISA, dont les articles sur Podemos semblaient tout droit sortis d’un tabloïd anglais. Le but de cette opération était de ternir à tout prix l’image de propreté de Podemos, qui contrastait avec les tâches de corruption indélébiles portées par le PP mais aussi le PSOE ou encore le parti nationaliste catalan au pouvoir à Barcelone. Cette campagne a réussi à déstabiliser un temps la direction de Podemos, poussant notamment l’un de ses fondateurs, Juan-Carlos Monedero, très attaqué, à la démission de son poste de dirigeant.
  • Montée en pression du défi indépendantiste catalan, utilisé par la droite corrompue catalane nationaliste pour se maintenir au pouvoir au prix d’une fuite en avant irresponsable, et utilisé par le PP mais aussi le PSOE pour appeler les Espagnols à resserrer les rangs face au danger de rupture de l’intégrité de l’Espagne – essayant ainsi de faire oublier leur faillite sur le plan social et économique.
  • Mise sur orbite d’un « Podemos de droite » selon le vœu d’Emilio Botin, président (aujourd’hui décédé) de la banque Santander et véritable parrain du patronat et du pouvoir financier en Espagne. C’est ainsi que le parti « Ciudadanos », créé en 2007 en Catalogne par le jeune et photogénique Albert Rivera (sur sa première affiche de campagne il s’exhibait nu avec ses mains sur son sexe pour tout vêtement), a commencé à bénéficier d’une couverture médiatique extraordinaire et de sondages lui prédisant un succès fulgurant en même temps qu’ils prédisaient l’effondrement de Podemos.

Ciudadanos a réalisé une performance remarquable, devenant la quatrième force politique espagnole avec 3,5 millions de voix et 40 députés. Toutefois, cette position est loin des perspectives que lui octroyaient tous les sondages et que lui souhaitaient les grands médias, les milieux financiers et les dirigeants libéraux européens : Ciudadanos a vocation à récupérer les voix perdues par le PP en se présentant comme le parti de rechange propre et neuf, et canaliser le désir de renouvellement des Espagnols en marginalisant Podemos, stigmatisé en parti extrémiste et pas sérieux.

La gauche « de gauche » espagnole : naufrage de la vieillesse

Pourtant, les efforts du pouvoir médiatique et des forces conservatrices ont pu bénéficier de l’appoint des organisations anciennes de gauche : à la tête de Izquierda unida, les vieux apparatchiks usés de ce qu’il reste des lambeaux du parti communiste espagnol ont d’abord lancé en juin dernier une campagne (appuyée par… El Pais !) pour exiger de Podemos une union de la gauche. Puis ils ont torpillé l’accord que leur candidat, le jeune Alberto Garzon, avait trouvé avec Pablo Iglesias pour aller ensemble aux élections (les organisations de IU en Catalogne et en Galice se sont tout de même intégrées aux candidatures de Podemos).

Ainsi, IU perd, le 20 décembre, 760 000 voix, passant de 7 % à 3,7 % et de 11 à 2 députés. Alberto Garzon, selon le bon vieux principe stalinien, a fait campagne en tenant le discours inverse de ce qu’il pense, dicté par les vieux propriétaires du parti, ne faisant qu’attaquer Podemos en le qualifiant de traître et de droite – car se donner les moyens politiques de gagner c’est forcément devenir traître et de droite, bonjour le fatalisme.
Si IU avait accepté l’accord Garzon/Iglesias trouvé en septembre, aujourd’hui les communistes auraient une dizaine de députés de plus, le PSOE serait troisième force politique et Pablo Iglesias pourrait revendiquer la direction du gouvernement.

Tournant le dos à l’héritage anti-stalinien et eurocommuniste du parti communiste d’Espagne des années 60 et 70, à rebours de la dimension politique de ses anciens dirigeants Santiago Carrillo et Dolorès Ibarruri « La Pasionaria » dans la lutte contre le franquisme puis dans le compromis historique de 1978, voici donc le vieux PCE dans le même rôle minable que le très stalinien parti communiste grec KKE contre Syriza : une béquille des forces du capital contre tout changement.

Podemos, le souffle du changement

Mais le souffle du changement est puissant en Espagne : il se nourrit de la révolte citoyenne du mouvement des indignés de 2011, que Podemos transfigure sur le terrain de la dispute du pouvoir politique. Il se nourrit de l’ampleur des mouvements populaires mais aussi de la rébellion citoyenne la plus large, dont on peut voir les symptômes avec les candidatures dans les listes Podemos des juges anti-corruption et de rien moins que l’ancien chef d’État-Major des armées espagnoles. Il se nourrit de l’engagement enthousiaste dans l’action politique, à partir du mouvement des indignés, d’une grande partie la jeunesse du pays.

L’opération Ciudadanos et la campagne médiatique intense présentant Podemos comme un phénomène de mode à bout de souffle n’ont pas permis d’endiguer la déferlante du mouvement populaire : Podemos, donné à 24 % en janvier 2015 puis à 13% en novembre dans les sondages, est bien la force montante du renouvellement politique en Espagne, et son fondateur et dirigeant Pablo Iglesias est clairement positionné comme aspirant sérieux à la présidence du gouvernement dans un très proche avenir.

Les meetings de Podemos ont connu un succès débordant toute prévision, ils ont été investis par un public massivement issu des milieux populaires, aux antipodes de la caricature de Podemos comme ne représentant qu’une élite intellectuelle universitaire.
Le vote pour Podemos, tout en couvrant tout le territoire espagnol, est le plus fort dans les quartiers populaires et dans la jeunesse. Podemos gagne les élections en Catalogne – dans une coalition conduite par la mairesse de Barcelone Ada Colau, une des grandes figures nouvelles de la politique espagnole – et en Euskadi (Pays basque) cette fois directement sous son nom. C’est en soi un séisme électoral et politique pour l’Espagne.

Podemos supplante le PSOE ou le PP comme deuxième force dans pratiquement toutes les autres régions, à l’exception de l’Andalousie. Dans cette région, la plus grande d’Espagne et la clef pour la première place au niveau du pays, Podemos aura souffert de sa division interne. La direction andalouse, dominée par le courant « anticapitaliste », a ouvertement milité contre Iglesias et combattu la composition des candidatures durant toute la pré-campagne ; puis elle a mené une « drôle de campagne », la secrétaire générale s’absentant de meetings importants. L’attitude des dirigeants andalous, faisant des socialistes leur ennemi numéro un au parlement régional, à rebours de la direction nationale qui désigne bien le PP comme l’adversaire, aura peut-être fait manquer à Podemos, pour le moment, la place qu’il mérite en Andalousie et la deuxième place ce 20 décembre.

Le PP, bien que conservant la première place, est dans l’impossibilité de former le gouvernement. Il pensait pouvoir compter sur Ciudadanos, mais ce parti n’a pas fait les résultats espérés par l’establishment, malgré la campagne outrancière du pouvoir médiatique en sa faveur et malgré le talent de son jeune, beau, ambitieux mais très opportuniste dirigeant.

Quel gouvernement ?

Pour gouverner, le PP a besoin de la « Grande coalition », la même que celle que conduit Merkel en Allemagne, avec les socialistes. La pression sur le PSOE est colossale : l’ancien secrétaire général Felipe Gonzalez, le groupe PRISA, l’internationale socialiste, tout l’appareil européen, le patronat, les pouvoirs financiers, etc.

Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, avait été poussé à ce poste à l’été 2014 par l’appareil de son parti, pour contrer l’aspirant Eduardo Madina, jugé trop à gauche. Mais il a passé en mai dernier un accord avec Podemos, permettant l’avènement des municipalités progressistes à Madrid, Barcelone, Cadiz, Saragosse, Valence, La Corogne, et la majorité des grandes villes espagnoles.
Sanchez sait très bien que la grande coalition signifie la « pasokisation » du PSOE, c’est-à-dire sa marginalisation au rang de petit parti d’appoint, et sûrement son éviction du poste de secrétaire général. Il a encore le choix d’imiter son homologue portugais, qui vient de prendre la tête du deuxième gouvernement anti-austérité en Europe – après Syriza en Grèce. Le scénario portugais apparaît comme tout à fait possible en Espagne.

Au centre, il y a Podemos – mais de quoi « centre » est-il le nom ?

Pablo Iglesias a été très clair : Podemos fera tout pour empêcher l’installation d’un nouveau gouvernement dirigé par le PP en Espagne. En même temps, Iglesias considère que « tout le monde va devoir parler avec tout le monde », pour trouver ce qu’il appelle lui-même – reprenant telle quelle l’expression d’Enrico Berlinguer – un « compromis historique » pour une nouvelle transition en Espagne.

Podemos réclame une réforme électorale (le système actuel privilégie à outrance les deux partis dominants) et veut faire passer dans la Constitution de nouveaux droits démocratiques et sociaux, des garanties pour l’indépendance de la Justice (bien mise à mal par les partis gangrenés par la corruption), l’interdiction des « portes tournantes » qui installent une dépendance des gouvernants envers les grands groupes privés. Podemos propose un nouveau projet national, partagé par tous les peuples d’Espagne et reconnaissant pour cela le caractère plurinational du pays et le droit du peuple catalan à décider de la place de la Catalogne en Espagne par référendum – les trois autres partis s’opposent au référendum.

Et voici l’élément crucial du nouveau panorama politique : même si Pablo Iglesias ne dirige pas le nouveau gouvernement, c’est bien Podemos qui est en position de fixer l’ordre du jour et l’agenda politique de cette législature.
Aujourd’hui, Podemos est au centre du jeu politique. La recherche de cette fameuse position au centre du jeu a été systématiquement caricaturée en recherche du « centrisme » par les médias mais aussi par une grande partie des milieux militants de gauche et d’extrême-gauche. Tout en revendiquant son ancrage progressiste, Podemos refuse de se laisser assigner une place à gauche ou à l’extrême-gauche, la majeure partie du peuple que Podemos entend rassembler ne se référant plus très bien voire plus du tout à cette topique.
Podemos est exactement là où les fondateurs de ce parti voulaient se trouver, validant ainsi la stratégie conçue et déployée par Iglesias malgré les cris d’orfraie de plusieurs « intellectuels-de-gauche » (AOP) et de milieux radicaux et se croyant « révolutionnaires »

C’est la victoire stratégique la plus importante et la plus voyante au soir de ce 20 décembre. Inspirés par Gramsci, « élèves » de Mouffe et Laclau qui leur ont fourni en quelque sorte une doctrine gramscienne pour la bataille politique et culturelle d’aujourd’hui, et désormais inspirés par l’approche et le style de Berlinguer dans un panorama politique « à l’italienne », les dirigeants de Podemos ont démontré leur intelligence et leur courage ; ils montrent aujourd’hui qu’ils ont appris vite et gagné en talent et capacités tactiques depuis leur pari audacieux voire un peu fou de janvier 2014.

Ils vont changer l’Espagne et l’Europe. Ça commence aujourd’hui.

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L’approche de Pablo Iglesias sur quelques grandes questions politiques : florilège

Choix de textes traduits et présentés par Alberto Serrano

par ReSPUBLICA

 

Pablo Iglesias, quelques jours avant le scrutin du 20 décembre, recevait les journalistes du quotidien en ligne « Publico » dans son désormais célèbre mais toujours modeste appartement, hérité de sa grand-mère, dans le quartier populaire madrilène de Vallecas.

La forme et le fond

Interrogé sur le ton très rude et la violence verbale entre les candidats socialiste et de droite lors d’un récent débat télévisé, il estime que la façon de s’exprimer en politique par la violence et la crispation sont d’une époque révolue, et qu’il convient d’être ferme et sans concession sur le fond sans pour autant jamais perdre la forme polie et le respect personnel dans le débat.

Cette posture de sa part change de celle de ses premiers mois de 2015, durant lesquels la pression des médias, faisant de chaque débat et interview un moment de tension et de harcèlement, avait réussi à donner de lui une image fâchée et polémique. Iglesias a profité de la pause estivale pour revenir à son ton et son style d’origine, inspiré (dit-il dans une autre interview) par les conseils de son amie la mairesse de Barcelone Ada Colau ainsi que ceux d’autres femmes de son entourage. Il revendique désormais ce qu’il appelle une nécessaire féminisation du langage politique – sans doute par contraste avec la vieille habitude des politiciens de se la jouer macho.

Mais c’est plus certainement une façon d’adapter au monde médiatique actuel l’exigence posée dès les années 70 par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, les grands inspirateurs de Podemos, qui ont proposé une lecture de Gramsci pour les temps à venir : Laclau et Mouffe posent la nécessité démocratique de faire de la politique comme compétition entre adversaires et non comme guerre entre ennemis, pour que la lutte des classes ne se ramène pas à la guerre civile et permette l’engagement le plus large des masses par la liberté d’opinion et d’expression, faisant de la démocratie le levier de la transformation sociale et culturelle.

Sans doute Iglesias se sera-t-il inspiré d’un dirigeant politique qu’il dit lui-même avoir découvert récemment (Iglesias publie sur twitter les photos des couvertures des livres qu’il vient de lire, avec un petit commentaire) : Enrico Berlinguer, secrétaire général du parti communiste italien décédé en 1984, inspirateur de l’eurocommunisme. Iglesias reprend intégralement le concept et l’expression de « compromis historique » pour s’adresser aux autres forces politiques espagnoles dans la période qui s’ouvre.

Tout le monde va devoir parler avec tout le monde

Selon Iglesias, « nous entrons dans une période historique où tout le monde va devoir parler avec tout le monde. Avec le PSOE nous pourrions parvenir à nous entendre sur les questions sociales. Avec [le parti émergent de centre-droit] Ciudadanos peut-être pourrions-nous nous entendre sur des sujets tels que la réforme électorale et des mesures de régénération du système politique. Je le pense malgré la déception de voir ce parti soutenir le gouvernement PSOE mouillé dans la corruption en Andalousie et le gouvernement PP mouillé dans la corruption à Madrid, et malgré ce qu’ils ont pu dire durant cette campagne électorale sur la violence machiste contre les femmes – qui les classe plutôt comme un parti de la vieille politique. »

« Notre projet politique est une alternative à la droite au pouvoir. Depuis le début nous avons désigné le PP [parti de droite au pouvoir] comme étant notre principal adversaire. Quand nous parlons du PSOE, c’est justement pour mettre en évidence combien il a déçu en se montrant en maintes occasions proche du PP. Moi, en tant qu’eurodéputé, j’ai pu voir qu’ils votaient ensemble au Parlement européen dans 75 % des cas. Mais c’est bien le PP qui est notre adversaire premier. »

« À Podemos, nous avons dû nous mettre à courir tout en nous attachant les lacets : depuis notre création en novembre 2014, nous avons dû faire face à plusieurs échéances majeures tout en nous construisant en tant que parti et en élaborant un programme et une alternative de gouvernement. Nous avons accusé le poids de ces difficultés durant un moment, après avoir commencé 2015 très fort avec notre rassemblement national à Madrid [plus de 200 000 personnes]. Nous avons certes traversé des moments difficiles et commis des erreurs, mais nous voici en plein forme dans la dernière ligne droite ! »

Du radicalisme à la modération ?

« Podemos a émergé comme force politique capable d’exprimer le sentiment d’indignation générale des Espagnols. Mais dès le début nous avons affirmé notre vocation à gouverner, nous le disions dès le 25 mai 2014 [alors que Podemos était une candidature aux européennes et pas encore un parti], lorsque nous n’avons pas sabré le champagne pour arroser le million et trois cent mille voix obtenues aux élections européennes. En un an et demi nous avons beaucoup grandi et nous sommes devenus un parti de gouvernement. Il ne s’agit pas de modération, de « centrisme », le mot qui définit le mieux ce que nous avons fait est maturité.

Nous avons conscience qu’en gouvernant, d’importantes mesures ne pourront se déployer que progressivement, telles que la baisse de l’âge de la retraite ou la nationalisation des entreprises électriques – pourtant autorisée par la Constitution espagnole elle-même – et nous avançons donc des mesures que nous sommes capables de défendre dans une approche de gouvernement aujourd’hui : briser l’oligopole des entreprises de distribution électrique, mettre en place un revenu minimum avec un dispositif complémentaire progressif pour huit millions et demi de personnes…

Notre projet de « rente basique » était critiqué comme étant « populiste » l’an dernier mais aujourd’hui d’autres partis notamment le PSOE l’ont repris tel quel ! Nous avons évolué vers une proposition qui peut être mise en œuvre dans les paramètres économiques actuels et qui permettrait de mettre fin à la pauvreté – qui frappe des millions de personnes et menace un tiers des enfants espagnols. Expliciter son financement, c’est gagner en crédibilité. »

Podemos et les militaires

« La présentation sur nos listes du général Julio Rodriguez [chef d’État-Major jusqu’en 2011] a été reçue avec un enthousiasme unanime dans Podemos. Nous sommes en contact avec les organisations démocratiques de militaires depuis le lancement de Podemos, avant même les élections européennes de mai 2014, c’est pour nous une question stratégique depuis le début. La participation du général Rodriguez à Podemos nous apporte crédibilité et solidité sur une dimension essentielle du gouvernement.
On nous a reproché de vouloir nommer un militaire plutôt qu’un civil ministre de la Défense. Mais jusqu’à présent ce n’étaient pas des civils qui étaient ministres, c’étaient des lobbyistes de l’industrie de l’armement ! Pour changer cela il faut quelqu’un au parcours et aux états de service impeccables.

Le prochain gouvernement devra faire face à une dette des dépenses de Défense de 21 milliards. Nous allons sans aucun doute revoir les contrats d’armement, auditer cette dette et la gestion du ministère pour savoir comment on en est arrivé là.

L’Espagne est dans l’OTAN et accueille des bases militaires des États-Unis. Nous appliquerons tous les accords internationaux, en même temps que nous agirons pour construire un système intégral de défense européen qui renvoie au passé le système centré sur les États-Unis. »

Podemos et le caractère pluri-national de l’Espagne

« Notre alliance stratégique avec les forces progressistes identitaires en Catalogne, Galice et Pays Valencien aura des développements importants dans les prochaines années. Pour moi, parler de Ada Colau (mairesse de Barcelone) qui est mon amie depuis quinze ans, de Monica Oltra (dirigeante du parti valencien « Compromis ») ou de Yolanda Diaz (dirigeante autonomiste galicienne), c’est comme parler de n’importe quelle personne de Podemos, je ne fais pas de différence.

La réalité de l’Espagne est pluri-nationale. On y parle plusieurs langues, on y trouve plusieurs identités nationales avec des configurations politiques singulières. La Catalogne présente un tableau politique très spécifique. Je regardais l’autre jour le résultat des élections de 1920, après le régime de Restauration : déjà à cette époque, on voyait nettement qu’en Catalogne tout était différent du reste de l’Espagne.

Dans le nouveau parlement, nous ferons le nécessaire pour qu’il existe un groupe parlementaire catalan, un groupe valencien et un groupe galicien. Pour nous c’est un choix stratégique. »

Podemos et la Grèce

« Nous avons beaucoup appris de l’expérience grecque. L’un de ces enseignements est l’importance des différences entre la Grèce et l’Espagne.

Malgré les immenses difficultés, Alexis Tsipras a donné une leçon d’intégrité démocratique et de courage politique, en constatant qu’il ne pouvait pas appliquer le programme qu’il voulait, qu’il devait changer de rythme, et en permettant aux Grecs de décider s’ils lui permettaient de continuer à la tête du gouvernement. Les Grecs ont agi de façon non équivoque et, petit à petit, le gouvernement parvient à réaliser des avancées avec le soutien de la majorité du peuple. »

École, laïcité, monarchie…

« Il est indispensable de développer l’enseignement public. Le fait que l’enseignement privé sous contrat remplisse les manques de l’enseignement public est une donnée historique, mais nous pensons nécessaire une transition vers la construction d’un service public complet d’Éducation nationale. Nous intégrerons progressivement les personnels des écoles privés dans la fonction publique, et nous cesserons immédiatement de financer les écoles qui séparent filles et garçons.

La religion doit être étudiée en cours d’histoire, comme un phénomène historique fondamental, notamment en Espagne. Mais en aucun cas il ne doit y avoir d’enseignement religieux à l’école publique.

Pour nous, un référendum sur République ou Monarchie n’est pas une priorité, et poser les choses en ces termes, c’est faire une faveur à la Monarchie. Nous préférons réaliser des avancées démocratiques ou tôt ou tard se posera la nécessité de l’élection démocratique du chef de l’État. Je crois que le roi Felipe aurait de bonnes chances de gagner une telle élection. »

Podemos, les communistes et le front de gauche Izquierda unida

En juin dernier, alors que les dirigeants de IU [Gauche unie, organisation créée en 1986 autour du PCE et qui a inspiré le Front de gauche en France] lançaient une grande offensive – curieusement relayée et pratiquement soutenue par les grands médias – pour exiger de Podemos qu’il « s’ouvre » à faire partie d’un grand front de gauche, Pablo Iglesias a répondu par quelques déclarations tranchées. Il s’est efforcé ensuite de les nuancer pour ne pas blesser les militants de IU, mais leur netteté a le mérite de ne pas tourner autour du pot…

« Établir un dialogue est toujours positif, mais pas question d’apparaître comme une coalition de partis de gauche. Ce n’est pas que j’aie un quelconque problème idéologique avec ça, personnellement je trouve ça génial, mais on ne gagne pas comme ça.

Il y a une sorte de fétichisme à gauche. On me dit : ce que tu proposes c’est de gauche ! Oui oui, ok ; la gauche aime tout ce que nous disons. Mais pour changer ce pays ça ne suffit pas ; l’identification symbolique avec le mot « gauche » et les symboles de gauche ne suffisent pas. Il faut une majorité sociale qui s’identifie à ton discours et tes propositions, et dans cette majorité sociale on trouve de nombreux secteurs qui ne s’identifient pas avec la gauche. D’une certaine façon c’est ce que nous avons démontré cette année : avec des propositions qui conviennent à la gauche, mais avec un discours et des façons de faire différentes, on peut gagner, on peut défier le pouvoir.

Récemment un journaliste de gauche nous disait en substance dans un article : « Vous vous trompez, il est faut que les Espagnols veuillent le changement, ils veulent juste une rechange, ils veulent Ciudadanos. Moi, je suis de IU. » Ce genre de posture est très révélatrice d’une partie de cette gauche, qui méprise son propre pays.

Vous avez honte de votre pays et de votre peuple. Vous considérez que les gens sont demeurés, qu’ils regardent la télé poubelle ou je ne sais quoi, tandis que vous vous considérez très cultivés et vous adorez vous confire dans une sorte de culture de la défaite. Le genre gauchiste triste, ennuyeux, toujours amer, la soi-disant lucidité du pessimisme… « On ne peut rien faire, les gens sont trop cons et votent à droite, moi je reste avec mes 5 %, mon drapeau rouge, etc. » Ok, je trouve ça super-respectable, mais je dis : foutez-moi la paix, nous ne voulons pas faire ça, nous voulons gagner.

Alors continuez à vivre votre pessimisme existentiel, à mijoter dans votre sauce pleine d’étoiles rouges et autres choses, mais ne vous approchez pas de nous, parce que vous êtes précisément les responsables si rien ne change dans ce pays, vous êtes de la cendre. Je ne veux pas de ces politiciens en cendre, qui en 25 ans ont été incapables de faire quelque chose, je ne veux pas de ces dirigeants de IU, pour qui j’ai travaillé comme conseiller politique, qui sont incapables de lire la situation politique du pays. Ne m’approchez pas, restez dans votre organisation, présentez-vous aux élections, chantez l’Internationale, sortez les drapeaux rouges ; moi je ne vais pas m’y opposer, je pourrais même m’y retrouver, parce que moi aussi ça m’émeut et j’aime bien. Mais je ne veux pas faire de la politique avec ça, alors laissez-moi tranquille. »

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Élements de géopolitique pétrolière

par Bernard Teper

 

Nous savons depuis longtemps que, dans notre formation sociale capitaliste, les guerres impérialistes en Irak, en Libye, en Syrie sont principalement dues aux nécessités de contrôle de la production énergétique par les multinationales pétrolières et gazières. Voilà pourquoi les États-Unis ont engagé ces guerres, avec des soutiens de la plupart des pays occidentaux.
Depuis, les prix du pétrole baissent pour deux raisons principales :

– d’abord, parce que l’OPEP a suivi la position de l’homme le plus influent de l’Opep, le ministre saoudien Ali al Naïmi. Ce dernier ne déclarait-il pas le 23 décembre 2014 dans une interview à l’Agence de presse officielle saoudienne : « Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de l’Opep de réduire leur production, quel que soit le prix, qu’il soit de 20 dollars, 40 dollars, 50 dollars ou 60 dollars » ? À noter qu’en dessous de 60 dollars le baril, les gaz de schiste américain ne sont plus compétitifs ;
– ensuite parce que l’impérialisme étasunien (et ses alliés) a intérêt à limiter la puissance des pays à rente comme la Russie, l’Iran, le Venezuela par exemple.

De plus,
– de nouveaux gisements apparaissent en Afrique, au Canada, en Océanie, etc.
– les découvertes de gisement de gaz au large d’Israël et de l’Egypte

Cette situation n’est pas tenable dans le long terme car les pays producteurs ne pourront pas supporter l’accroissement des investissements nécessaires pour tenir ce rythme, d’autant que pour certains pays, les réserves sont prévues à la baisse. Mais l’âpreté des guerres entre impérialismes les oblige à privilégier le court terme, ce que les écologistes idéalistes n’intègrent pas dans leur raisonnement. Plus dure sera la chute, mais plus tard !

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Venezuela : la défaite bolivarienne aux élections législatives

par Bernard Teper

 

Le président Chavez avait largement remporté les élections d’octobre 2012, avec environ 8,2 millions de voix contre un peu moins de 6,6 millions pour l’opposition. L’élection de son successeur Maduro avait été gagnée avec environ 7,6 millions de voix contre un pu moins de 7,4 millions de voix. À la récente élection législative du 6 décembre 2015, les bolivariens n’ont obtenu que 5,6 millions de voix. À cette dernière élection, l’opposition composite a obtenu environ 7,7 millions de voix et a remporté une grande majorité de députés au parlement : 112 sièges contre 55 aux bolivariens, soit plus des 2/3.

L’imposante victoire de l’opposition lui ayant donné la majorité des deux-tiers, elle peut donc utiliser le référendum révocatoire contre le président Maduro dès avril 2016 et peut aussi modifier la constitution. Seul le peuple pourrait désormais s’opposer au projet économique de l’opposition devenue majoritaire au parlement si elle s’avisait de toucher à la loi sur le travail ou à la politique sociale.

Cette défaite bolivarienne arrive après le retour de la droite en Argentine et des positions très délicates, pour ne pas dire plus, de la gauche au Brésil et au Chili. En Équateur, la succession de Correa est difficile. Seuls la Bolivie et l’Uruguay semblent solidement ancrés à gauche.
Les causes de l’échec des bolivariens sont claires :

– Ils sont soumis à une fronde médiatique sans précédent largement soutenu par les É-U.
– La baisse des prix du pétrole a été fatale. Chavez est arrivé au pouvoir avec un prix du pétrole élevé et a détourné les profits du pétrole des dividendes pour alimenter les politiques d’assistance au peuple. Mais ce pays est resté un pays à rente. Ce surplus n’a que peu alimenté une nécessaire industrialisation massive du pays qui aurait pu permettre une meilleure résistance populaire en cas de baisse des prix du pétrole. On ne dira jamais assez qu’il n’y a pas de politique révolutionnaire au pouvoir sans une réindustrialisation massive de l’économie nationale au service du peuple.
– Une lutte interne entre les bureaucrates bolivariens et les ouvriers se battant pour la démocratie ouvrière souvent remportée par les bureaucrates a sans aucun doute entraîné la baisse de la participation populaire, d’où une baisse de la participation électorale de 80 % en 2013 à 74 % en 2015.
– Une hyperinflation, une pénurie croissante des produits de base, un racket et le marché noir ont fait le reste.

Les enseignements de cet échec sont clairs. S’il est nécessaire, en cas d’arrivée au pouvoir dans un pays tel la Bolivie, de lutter rapidement contre les fortes inégalités sociales, il est primordial d’entrer rapidement dans une refondation économique structurelle, via un nouveau modèle politique (la République sociale), permettant de prendre le relais d’un financement principalement rentier de la redistribution par un financement sur ressources durables, c’est-à-dire provenant de la production de richesse, ce qui implique, comme le disait Jean Jaurès, de lever le tabou de la propriété dans les entreprises. Sur ce point, lire le premier tome du livre Penser la République sociale pour le XXIe siècle que vous pouvez acquérir sur notre site via http://www.gaucherepublicaine.org/librairie.

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Fonds de pension et démographie

par Pierre Mascomère

 

Les partisans des fonds de pension répètent que la « Répartition » dépend de la démographie en oubliant que la « retraite par capitalisation » en dépend tout autant.
Sans citer à ce propos toutes les bourdes de Mme Parisot ou de M. Gattaz, du Medef, sur le sujet, celle de Bernard Spitz lors d’une interview aux Echos du 29 octobre 2009 mérite de l’être. Son auteur est le Président en exercice de la FFSA. On aurait pu penser qu’un Président de la FFSA était un peu sérieux et ne serait pas rendu aveugle – ou même menteur – par les intérêts du lobby qu’il défend1. Que dit-il ? « Car si la crise a illustré certaines faiblesses de la capitalisation, la démographie montre les fragilités de la seule répartition. »

Rente et augmentation de l’espérance de vie

La valeur d’une rente viagère, c’est à dire son montant, pour un capital unitaire de 100 euros par exemple qui serait versé pour constituer cette rente, dépend de l’espérance de vie. Cette espérance de vie augmente depuis longtemps. Servir une allocation la vie durant à partir d’un certain âge, coûte donc de plus en plus cher au fur et à mesure que l’espérance de vie croit. Qu’il s’agisse d’une rente née d’un système de retraite en capitalisation ou d’une retraite née d’un système en répartition.
La valeur effective d’un capital ou d’une épargne constituée à un instant donné, « diminue » au cours du temps, au fur et à mesure de l’augmentation de l’espérance de vie, si on pense transformer ce capital en rente ou l’utiliser peu à peu sous forme de prélèvements périodiques.
Capitalisation ou Répartition sont ainsi touchées de la même façon par l’allongement de l’espérance de vie. (Et non pas, la seule Répartition ! n’est-ce pas M. Spitz ?) Les assureurs utilisent maintenant des tables de mortalité dites prospectives ou par générations. Elles intègrent la prévision d’augmentation de cette espérance de vie si bien qu’il n’y a plus, périodiquement, qu’à ajuster ces tables selon la réalité constatée. Mais si les assureurs utilisent désormais ces tables, les techniciens des régimes en répartition aussi, et, n’ayant aucun souci mercantile, ils faisaient depuis longtemps leurs prévisions en fonction de l’évolution probable de l’espérance de vie….

Exemple des rentes viagères dans un système en capitalisation

Du fait de l’allongement de l’espérance de vie le coût de 1€ de rente à 65 ans a considérablement augmenté au cours du temps. Cet allongement s’est traduit par des changement de tables de mortalité, ces tables qui servent à calculer l’espérance de vie des assurés. Le tableau ci-dessous indique quel est le capital nécessaire pour obtenir, à 65 ans, une rente viagère de 1 (l’unité) selon les tables utilisées (et donc l’époque) et d’un taux d’intérêt (dit technique). Ce taux, sorte de taux d’actualisation pour calculer la valeur de la rente, évolue comme les taux d’intérêt des emprunts d’Etat, proche de 0 % ou de 1 % aujourd’hui. Il était le plus fréquemment de 5 % ou de 4,5 % dans les années antérieures à 2000.

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On voit tout de suite qu’aujourd’hui, il faut 27,4 euros pour obtenir une rente viagère de 1 euro alors qu’il n’en fallait que 17,2 dans les années 80. Comme à cette époque c’était surtout des taux techniques de 4,5 % ou 5 % qui étaient en vigueur, il fallait 10,9 euros seulement pour obtenir une rente de 1 euro. Le coût a augmenté de 250 % ! Et M. Gattaz se plaignait que ces 50 dernières années les cotisations retraite aient pratiquement doublé ! Il plaidait dans le même temps pour une part de capitalisation dans la retraite…. Prendre les Français pour des imbéciles…
Mais les partisans des fonds de pension continueront à prétendre que la « Capitalisation » ne dépend pas de la démographie.

Répartition et démographie – Actifs cotisants/ Retraités

La répartition n’est pas indépendante de la démographie, loin de là.
Sur plusieurs dizaines d’années il est fait une prévision sur le nombre de cotisants et de retraités à chaque âge. Les paramètres de fonctionnement sont ajustés en conséquence, ce qui fait que par exemple le « papy boom », né du baby boom d’après guerre, est intégré depuis longtemps dans les calculs. C’est d’ailleurs assez drôle, ou triste, de voir les pseudo-experts attitrés à la télévision afficher à qui mieux mieux les ratio de retraités et d’actifs et prévoir un effondrement des retraites….
La Répartition équilibre les flux de cotisations et de prestations sur plusieurs dizaines d’années, et la démographie est très prévisible. Dès qu’un individu est né, on peut le suivre jusqu’à son décès et la population active de 20 à 65 ans, comme la population retraitée, peut faire l’objet de prévisions très correctes.
La démographie est bien plus prévisible, en tous cas, que les marchés financiers…

Capitalisation et démographie – Actifs cotisants/Retraités

La capitalisation est elle même affectée par la proportion d’Actifs et de Retraités.
Tout d’abord, l’élévation de l ‘espérance de vie entraîne mécaniquement un plus grand poids des classes d’âge vieilles que des classes d’âge jeunes, mais l’ ampleur est faible par rapport à un accroissement fort des naissances par exemple, qui se traduit inexorablement 60 ans plus tard par un accroissement fort des personnes âgées.
En revanche, la valeur des actifs financiers et immobiliers sur la quelle repose la Capitalisation (les cotisations versées étant transformées, en actifs financiers et immobiliers) est influencée par le nombre d’Actifs et de Retraités. En effet, pour payer les retraites au retraités il faut vendre des actifs financiers ou immobiliers, lesquels sont achetés par ou pour les actifs cotisants. De par la loi de l’offre et de la demande, si le nombre de retraités vendeurs augmente alors que celui des cotisants (pour qui sont achetés des actifs) diminue relativement, alors les « prix baissent ». Cela ne se voit pas forcément sur l’immobilier par exemple, d’une part parce que plusieurs marchés immobiliers (Paris, Marseille, etc.) ont toujours beaucoup plus de demandes que d’offres et d’autre part parce que des retraités, au contraire de vendre, achètent une résidence principale ou une autre résidence vers leurs 70 ans. De même les marchés financiers, largement interconnectés entre pays, sont constamment perturbés par nombre d’événement extérieurs ou par de nouvelles introductions en bourse provoquées par les privatisations2 en cascade et dans différents pays.
Supposons que tous les actifs financiers ou immobiliers n’existent que sous forme de Sicav ou FCP, et qu’il n’y ait essentiellement des opérations que dans un seul pays. Pour payer les retraites à servir il faut vendre des actifs financiers qui sont achetés pour ou par les cotisants. Ces derniers étant, par hypothèse, moins nombreux relativement, les prix baissent.
Cela se voit, par exemple, au Japon depuis de nombreuses années.
Cette sensibilité de la valeur des actifs financiers au vieillissement de la population est d’ailleurs une préoccupation première des gestionnaires de fonds de pension, des vrais fonds de pension, ceux qui, obligatoires pour un groupe professionnel, en contrepartie d’une cotisation, versent des allocations à leurs retraités, par exemple Calpers pour les personnels fonctionnaires de la Californie.
En France, toute tentative de parler de cette question (le quotidien économique Les Echos le fait régulièrement tous les deux ans environ3 mais rien entre-temps !
Tout est aussitôt étouffé par le poids des lobbies financiers. Motus ! Sujet qui fâche !
Ainsi, contrairement aux dires habituels, la retraite par capitalisation est bien affectée par le vieillissement de la population,

Répartition et chômage

Le chômage influe fortement sur la retraite par répartition. Sans même parler des périodes de chômage indemnisées, le nombre de cotisants à chaque âge est modifié par le chômage, et les cotisations effectives sont alors bien inférieures à celles qui étaient prévues si le chômage réel est plus important que le chômage prévu.
Ainsi les calculs pour la marche de l’Arrco faits en 2007 et 2010 montraient que ce régime était équilibré pendant plusieurs dizaines d’années. Mais ces calculs étaient menés avec un taux de chômage de 4,5 % au lieu de 10 % au moins aujourd’hui. Et le déficit est là,
heureusement il y a les réserves accumulées. Ce déficit est du au chômage, donc à la crise, et non pas à la démographie elle-même. D’ailleurs on n’a pas entendu le patronat ou les pseudo-experts médiatiques parler de la vraie cause du déficit… Il y avait un déficit et… pas de cause, surréaliste !
Pour pallier ces variations du chômage et donc ses effets sur les régimes de retraite en répartition, il faut un large fonds conjoncturel. Le Fonds de Réserve des Retraites créé pour des raisons autres, et en fait inutiles au moins pour le secteur privé, aurait pu servir à cet effet. Il a été jugé préférable de pratiquement le supprimer…
Tous les moyens sont bons pour les tenants des fonds de pension.

  1. A moins que M. Spitz n’ait pensé qu’à l’opération de capitalisation proprement dite. Selon le dictionnaire, l’opération de capitalisation consiste à ajouter à chaque période les intérêts au capital. Cette opération elle-même ne dépend effectivement pas de la démographie. Mais on ne soupçonnera pas M. Spitz d’avoir pensé à cette seule opération – et non à la retraite en capitalisation- afin de berner les Français en prétendant que la capitalisation ne dépendait pas de la démographie….. []
  2. On peut d’ailleurs remarquer que ces privatisations sont toujours demandées par des partisans de fonds de pension. Ils ont, en effet, tout intérêt à ce que les marchés grossissent malgré le vieillissement de la population. []
  3. JM Vittori, Enjeux Les Echos Novembre 2010, « Sous la crise la démographie » []
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Situation de la France, de Pierre Manent

« Un brûlot anti-laïque et anti-républicain », pour C. Kintzler

par ReSPUBLICA

 

Dans Situation de la France, Pierre Manent diagnostique un état de faiblesse et propose des remèdes. Selon lui, le régime laïque se révèle impuissant à inclure une des composantes sociales de la France, à savoir « les musulmans ». Il serait alors nécessaire de modifier le dispositif en leur proposant un contrat, point d’entrée d’une reconnaissance politique des religions. À l’issue de l’ouvrage, c’est toute la conception philosophique du modèle républicain – immanentiste, minimaliste et atomiste – qui est congédiée.

Lire l’article complet de Catherine Kintzler : http://www.mezetulle.fr/situation-de-la-france-de-pierre-manent-petits-remedes-grand-effet/

Sommaire

1 – Visite rapide d’un brûlot anti-laïque et anti-républicain

2 – Une présentation sophistique du régime laïque
Confusions et ambivalences
Effacement des religions ou laïcité ?

3 – Un régime laïque incapable, inadapté et obsolète ?
Une laïcité en miroir avec le catholicisme
« Les musulmans » auraient-ils un problème avec la laïcité ?

4 – Un programme contractuel apparemment dérisoire
Trois clauses d’un contrat de reconnaissance
Quatrième clause serpent de mer : le financement public des cultes

5 – Un ample projet politique de communautarisation sous la houlette d’une transcendance enfin retrouvée
L’Église reprend du service public
Un anti-atomisme
La République est-elle un contrat ? Un modèle archaïque et inégalitaire

Notes

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« A demain Gramsci », de Gaël Brustier

par Olivier Nobile

 

En cette fin d’année morose pour les républicains en général et la gauche en particulier, voila un livre à recommander pour ceux qui croient encore en la possibilité d’une gauche des idées tournée vers l’action. Avec A demain Gramsci (édition du Cerf, 2015), Gaël Brustier nous livre une analyse aussi concise (67 pages) que percutante en nous invitant à redécouvrir l’œuvre considérable d’Antonio Gramsci, figure majeure du Parti communiste italien, et intellectuel majeur de l’histoire des idées politiques du XXe siècle. Plus encore, l’auteur démontre que la (re)lecture de Gramsci est une formidable clé de compréhension des causes de la terrible déréliction de la gauche française actuelle, laquelle a été capable de gagner toutes les batailles électorales jusqu’en 2012 sans se rendre compte qu’elle avait perdu la plus importante : celle de l’hégémonie culturelle.

L’auteur commence par rappeler l’apport considérable de Gramsci en matière d’analyse politique tournée vers l’action : sa recherche obstinée d’un « service public intellectuel » au profit d’un « projet politique qui fasse sens commun ». L’auteur revient ensuite sur la situation de crise actuelle, la crise consistant selon Gramsci « dans le fait que l’ancien meurt et que la nouveau ne peut naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Et l’auteur de citer ces phénomènes morbides en question : « le complotisme, le fanatisme religieux la frénésie identitaire, le délire antisémite, ou des mouvements comme les Indigènes de la République ». Autant de phénomènes qui prospèrent sur l’absence de « cadre idéologique crédible » en provenance de la gauche.

Il démontre ensuite comment la gauche social-démocrate française et européenne s’est littéralement sabordée en substituant à la réflexion la « communication, dont l’alpha et l’oméga sont la prise de décision ». Cette même gauche qui n’a pas su comprendre l’enjeu essentiel des évolutions majeures née de la post-industrialisation et de la crise financière de 2008 et qui est désormais partagée entre, d’une part, une frange social-libérale à l’encéphalogramme plat dont le projet européen est devenu l’unique point d’ancrage programmatique et, d’autre part, un gauche radicale tiraillée entre la nostalgie des équilibres socio-politiques des 30 Glorieuses et le désir de création d’une nouvelle hégémonie culturelle.

La droite, à l’inverse, serait devenue, sans le savoir, gramscienne en gagnant d’importantes victoires culturelles, autour de ses valeurs traditionnelles et sécuritaires, comme le prouve l’importance de la Manif pour tous, dont la « force est de proposer des réponses qui donnent un sens à l’expérience quotidienne ». Mais également en martelant un discours rôdé autour du déclin pour mieux proposer des solutions « identitaires, inégalitaires et autoritaires ». Victoire d’autant plus aisée que le PS s’est totalement compromis dans l’abandon des principes républicains, dans l’accompagnement zélé du néo-libéralisme et dans un discours qui succombe au « césarisme rhétorique » visant à tenir toutes ensemble des forces pourtant contraires » : l’Islamisme, l’extrême droite, l’opposition de gauche radicale…

Gaël Brustier termine son ouvrage en nous invitant à observer deux événements marquants de la période actuelle qui devraient, à gauche, susciter quelque optimisme. Tout d’abord l’éclosion d’un « nouvel héros (sic) gramscien (?) », le pape François. L’auteur estime en effet que le discours proprement politique du nouveau pape, lequel rompt avec la tradition réactionnaire et homophobe de l’Eglise catholique tout en s’affichant résolument du côté des plus pauvres, marque un tournant politique et proprement culturel de l’Eglise catholique qui contribue à la diffusion mondiale de la culture de gauche. L’éloge papal, assez discutable au demeurant, n’occupe toutefois qu’une place limitée dans l’analyse gramscienne de l’auteur. En revanche, Brustier observe avec enthousiasme l’émergence des nouvelles forces politiques européennes qui ont su mettre la bataille culturelle au cœur de leur action politique : Syriza et Podemos. Et l’auteur de s’interroger sur ces nouvelles formations politiques qui ont su renouveler les façons de faire de la politique en plaçant la bataille idéologique et la proximité avec le Peuple au cœur de leur fonctionnement tout en affichant une ambition univoque pour l’exercice du pouvoir. Syriza et Podemos seraient-ils les nouveaux hérauts de la reconquête de l’hégémonie culturelle de gauche ? On peut l’espérer mais le cadre européen imposé par l’UE et la question de la sortie de l’euro sont des obstacles d’ampleur que ces mouvements devront, préalablement, être en mesure de surmonter.

A demain Gramsci est un ouvrage stimulant, dont l’analyse ne peut que ravir ceux qui observent la lente agonie de la gauche française, dont l’échec tient au renoncement de son propre héritage culturel issu des Lumières, de la Révolution française, du Front Populaire et du programme du Conseil national de la Résistance. Seul bémol, le format extrêmement réduit de l’ouvrage qui ne permet pas à l’auteur d’approfondir des thèmes essentiels qui nécessiteraient de plus amples développements, au risque d’une certaine frustration du lecteur. Il s’agit néanmoins d’une très belle (et très réussie) invitation à relire Gramsci et à lui rendre la place majeure qu’il n’a jamais cessé d’occuper dans l’œuvre de la gauche.

Note – ReSPUBLICA a rendu rendu compte de la parution en 2012 de Guerre de mouvement et guerre de position, Textes choisis d’Antonio Gramcsi, présentés par Razmig Keucheyan : http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/aller-voir-gramsci-dans-le-texte/4622



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