n°868 - 22/02/2018
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Les campagnes 2018 soutenues par ReSPUBLICA et le Réseau Éducation Populaire

par Évariste

 

Nous avons dans nos derniers numéros du journal Respublica explicité notre point de vue sur la situation économique, sociale et politique présente. A plusieurs reprises, nous avons dit qu’une des conditions d’avoir une perspective de transformation sociale et politique était de lancer des campagnes d’éducation populaire refondée pour engager la bataille pour une nouvelle hégémonie culturelle. Nous proposons dans cette chronique les deux premières campagnes qui nous semblent indispensables. Il y en aura d’autres bien sûr.
La première est de de combattre l’Action​ Publique 2022 du gouvernement qui visent à accélérer la privatisation des services publics et de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires par non-remplacement et plan de départ volontaire.
La deuxième est de mener la campagne “Combat laïque, combat social” suite à l’Appel “Combat laïque, combat social, fédérer le peuple” lancée le 15 décembre dernier concomitamment dans Marianne et dans Respublica. Nous avons fait dans le dernier numéro un compte-rendu de la réunion des signataires du 10 février. Maintenant, il faut passer à la multiplication des initiatives sur le territoire national. La prochaine initiative est prévue le 10 mars de 13H30 à 18H30 au Maltais rouge à Paris (40 rue de Malte, Paris 11ème près du métro République)  en présence de nombreux initiateurs et signataires de l’Appel “Combat laïque, combat social, fédérer le peuple”.

Combattre la politique d’action publique 2022, nouvelle attaque gouvernementale contre les conquis sociaux et les services publics

Le gouvernement ayant lancé un simulacre de consultation électronique, la Convergence nationale Services publics (Convergence nationale SP), présidé par Michel Jallamion (signataire également de l’Appel “Combat laïque, combat social”), a lancé un contre-questionnaire que nous vous invitons à remplir sur le site de la Convergence nationale www.convergence-sp.fr
La Convergence nationale SP prévoit ensuite une rencontre à la Bourse du travail samedi 24 mars après-midi avec montée des collectifs de la Convergence, avec les syndicats CGT, FSU et SUD-Solidaires ainsi que toutes les organisations politiques et associatives qui soutiennent la Convergence nationale SP (voir sur son site). À cette réunion, le débat sera ouvert sur la base d’une proposition de la Convergence nationale SP  de campagne nationale et locale au deuxième trimestre sur l’ensemble du territoire national en ouvrant sur une perspective de mobilisation.

Combat laïque – Combat social

Déjà, des signataires de l’appel s’organisent pour monter des réunions en Ile-de-France et en province pour engager les débats nécessaires pour mener la gigantesque bataille pour obtenir in fine une nouvelle hégémonie culturelle visant à relier le combat laïque au combat social sur la base de l’appel. Le débat est nécessaire car le travail de convergence  ne peut pas se faire sans débat préalable dans les territoires. Il ne peut pas se décréter sur un claquement de doigt d’autant que le texte de l’appel appartient maintenant à tous ceux qui le signent et le portent dans la bataille actuelle. Nous sommes partis pour une campagne longue, autant partir de bon pied.

Les initiateurs de l’appel ” Combat laïque-combat social, fédérer le peuple” Elisabeth Chamboredon Présidente de l’Ufal régionale IDF, Patrice Hemet, président du MS21, Catherine Jousse, présidente du Réseau Education Populaire (Rep), Jean-Jacques Mitterrand, responsable de l’association cinéma​tographique “0 de conduite”, Bernard Teper, co-animateur du Réseau Education populaire (Rep), Monique Vézinet, présidente des Amis de Respublica,​ estiment que :
cet appel appartient désormais à tous les signataires actuels et futurs qui en porteront haut et fort le contenu.
qu’il est urgent de mener sur tout le territoire national et de façon horizontale et non dans une structure verticalisée et centralisée le débat nécessaire pour engager la meilleure stratégie pour mener le combat laïque et social.
En conséquence les dits initiateurs ​ci-dessus ​soutiendront toutes les réunions publiques animées par des initiateurs et signataires de l’appel “Combat laïque-combat social, fédérer le peuple” pour mener le débat nécessaire. Donc ils soutiennent la réunion du 10 Mars au Maltais rouge de 13H30 à 18H30​.

Par ailleurs, en plus de ces réunions qui se préparent en Ile-de-France et en province avec des initiateurs et des signataires de l’appel, est en train d’émerger un nouveau réseau visant à offrir des lieux réguliers (salles de cinéma, MJC, centres sociaux, bourses du travail, mutuelles résistantes, etc.) pour organiser des cycles de conférences publiques et de cinés-débats, d’abord en Ile-de-France mais qui pourrait se constituer en province où il est encore plus facile d’organiser des cycles dans un lieu donné. Ce réseau mutualiserait un ensemble de films engagés et de conférences publiques qui tourneraient dans des lieux qui présenteraient alors des cycles à leurs publics. Le nom de ce nouveau Réseau est en discussion et vous sera communiqué dès que nous en aurons connaissance.

Caractéristique de la période

Les difficultés que nous rencontrons tant dans le champ politique que dans le champ syndical pour résister et produire une alternative (voir notre dernière chronique ) nous entraîne à travailler et à débattre sur les conditions pour faire converger les luttes et les forces sociales. Mais cela ne se décrète pas. Et cela ne peut pas se faire avec des pratiques de cartels formés sur le plus petit accord consensuel en refusant de débattre des contradictions existantes au sein du peuple. Nous pensons que la liaison du combat laïque et du combat social est l’une des conditions pour faire avancer cette convergence. Voilà pourquoi nous vous proposons de lier la campagne de la Convergence nationale Services publics et celle de “Combat laïque-combat social” qui doit se déployer à partir de l’appel paru le 15 décembre dans Marianne et Respublica. ​A bientôt donc!​

Combat laïque - Combat social
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Je suis laïque…

par Metref Arezki

 

Nous reproduisons ici la prise de Parole d’Arezki Metref lors la journée du 10 février “Combat laïque Combat social”.

Je suis laïque…

Pourquoi j’ai signé l’appel ? Parce que je suis laïque. Et Pourquoi je suis laïque et comment je suis laïque ?

La question n’est pas simple. Et pourtant la réponse n’est pas compliquée.

► Je suis laïque parce que j’ai vu de très près, dans les années 1980 et 1990, les ravages que provoque la religion lorsqu’elle sert de combustible à une occupation totalitaire du terrain politique.

► Je suis laïque parce que j’ai vu des jeunes en déshérence manipulés par des sergents recruteurs, les poches pleines de dollars des pétromonarchies wahhabites, devenir des machines à tuer au nom d’une épuration morale basée sur un usage hermétique et exclusif du fait religieux.

► Je suis laïque parce que j’ai vu, en Algérie et dans de nombreux pays où l’islam est religion d’Etat, des politiques, des dirigeants, jouer avec le feu de la religion avant de se faire ingérer, et devenir eux-mêmes les plus dangereux des pyromanes.

► Je suis laïque par fidélité à la mémoire et au combat de mes amis victimes de l’islamisme, j’allais dire des islamismes, car je pense à l’islamisme réel, visible, et à l’islamisme masqué, celui-là-même que certains gouvernements utilisent pour se débarrasser de certains de leurs opposants.

► Je suis laïque non par posture intellectuelle mais parce que, né « musulman sociologique » pour reprendre l’expression de Maxime Rodinson, je veux être défini à partir de mon appartenance et de mon engagement citoyen.

► Je suis laïque, en fait, parce que je ne veux être caractérisé ni par ma religion, ni par mes origines ethniques.

► Je suis laïque parce que j’ai envie d’être libre dans l’expression de mes opinions et que si je respecte le sacré, il n’y a cependant aucune raison pour que je l’adore.

► Je suis laïque par goût de la liberté, celle des autres, la mienne. Toutes les libertés : démocratique, citoyenne, d’expression, de confession.

► Je suis laïque car, quand je suis arrivé en France en 1993 chassé de chez moi précisément par l’islamisme, j’ai été outré de voir que la République de la loi de 1905 offrait alors plus et mieux d’asile aux islamistes venus recharger leurs accus après leurs crimes, qu’aux laïques, leurs victimes.

► Je suis laïque parce que je n’ai jamais compris pourquoi certains de mes amis de gauche, en France, me disaient en toute bonne foi, sans mauvais jeux de mot, que la laïcité hors de France était un pâle mimétisme. Et que par conséquent, au nom d’un relativisme culturel fatal, il nous fallait en Algérie accepter une république islamiste.

►Je suis laïque parce que je ne veux pas qu’en raison de mon prénom et de mon patronyme-à-consonance, on me somme, chaque fois que le terrorisme frappe, de dénoncer les extrémistes islamistes. Comme si du seul fait que je m’appelle Arezki, je suis comptable de l’islam, de l’islamisme, du terrorisme…

► Je suis laïque parce qu’un jour, dans une réception avec mes amis de gauche, j’ai refusé de prendre un verre de vin parce que j’avais sans doute trop bu la veille, on me décoche la flèche essentialisante : « Tu ne bois pas a cause de l’Islam ? ».

►Je suis laïque parce que je ne veux pas que se reproduise l’incident qui est arrivé à un de mes amis, qui porte lui aussi un nom-à- consonance – et qui a le faciés qui va avec-, qui, un jour de ramadan, a été menacé par des jeunes à Montreuil parce qu’il avait un sandwich à la main…

► Je suis laïque parce que je ne veux pas être assigné a une identité essentialisée, et péjorée, ni ici ni ailleurs et où que je sois, je voudrais être un citoyen, et rien qu’un citoyen, sans aucun complément d’objet direct ou indirect…

►Je suis laïque car, ici mon patronyme laisse penser forcément que je suis trop musulman et que ce n’est pas bien et qu’en Algérie je ne le suis pas assez et c’est encore moins bien…

►Je suis laïque parce que, militant dans une association laïque, je suis dubitatif de voir qu’on nous prive de subventions et qu’on se précipite pour cajoler a coups de largesses électoralistes des associations qui ne cachent pas leur contenu communautariste et leurs buts religieux.

► Je suis laïque parce qu’une nation, une société, ne se définit pas par des croyances religieuses mais par un projet commun et la volonté de vivre ensemble dans des règles claires qui respectent les droits de chacun et impose les mêmes devoirs a tous.

►Je suis laïque car je constate, sans aucune difficulté, que ce sont les milieux les plus socialement défavorisés qui sont exposés à subir les injustices sociales mais aussi à l’exploitation des frustrations sociales par les Vendeurs de Paradis.

►Je suis laïque parce que … Je peux continuer comme ça longtemps….

►Je suis laïque tout simplement parce que je suis pour la justice sociale et que sans la laïcité, elle ne peut pas s’accomplir.

 

 

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De la laïcité

par Guy Schurtz

 

Tous à présent s’en réclament. La loi de 1905 devient un fétiche, rejoignant De Gaulle et Johnny Halliday au panthéon national. Le débat la concernant, qu’on croyait clos, devient réellement pourri, infecté qu’il est par la propagande de l’extrême droite d’une part, par l’offensive de l’islam politique de l’autre. Les obsessions névrotiques d’un Manuel Valls ne contribuent pas à le rendre plus clair. Le recul général de la pensée rationnelle, et en particulier de la pensée critique à gauche, ajoutent à la confusion générale. Les mots employés sont détournés de leur sens, et les argumentaires reposent sur des rhétoriques abusives, voire délibérément fallacieuses.

 

De la métonymie et de la tactique du hareng fumé.

Nos sociétés sont des systèmes de domination. La domination s’exerce par la force, mais il est préférable qu’elle soit consentie. Le consentement s’obtient par l’idéologie, mais aussi par l’humiliation, qui conduit à la haine de soi. « Les dominés méritent leur sort, ils sont inférieurs». En ont été victimes les Irlandais de l’Angleterre préindustrielle, les peuples colonisés, et de façon générale, la classe dangereuse, les prolétaires. Dans l’occident libéral, où la frange la plus pauvre du prolétariat est majoritairement issue de peuples anciennement soumis, cette mécanique d’infériorisation revêt la forme particulière du racisme. L’humiliation commence avec l’échec scolaire et se continue avec la discrimination et le harcèlement policier. Le racisme, le machisme, le mépris des “sans dents”, ne sont pas des injustices particulières, ni des traits regrettables auxquels un gouvernement bienveillant pourrait remédier. Ils sont consubstantiels à une société inégalitaire.

Le racisme est réprouvé par la morale commune, le catéchisme républicain et le Vatican. Son expression publique est réprimée par la loi. Les partis d’extrême droite ne peuvent accroître leur audience sur la base d’un racisme assumé. Alors s’opère un glissement sémantique. On va désigner les immigrés par un de leurs caractères particuliers, et dans le discours, substituer “musulman” à “maghrébin”. Quand le FN parle d’islam, il faut entendre immigration. Tout le monde comprend. Ce qui permet également de détourner les codes et le vocabulaire républicains. Cette frange, de tous temps hostile à la séparation de l’Église et de l’État, brandit à présent l’étendard de la laïcité. Les fascistes deviennent dialecticiens : pour détruire ce qu’ils abhorrent, ils s’en emparent et le pourrissent. Comme les esclaves marrons, qui, pour égarer l’odorat des chiens lancés à leur poursuite, disposaient des harengs, le FN va instrumentaliser la profonde a-religiosité de la population française pour mieux y instiller ses visions ethnicistes.

 

De l’amalgame et du déshonneur par association.

Ces mêmes catégories de paralogisme sont utilisées par les inventeurs du concept douteux d’islamophobie et ceux qui prétendent la combattre. La France est terre de mission pour l’islam et la religion devient le symbole identitaire d’une population reléguée et d’une jeunesse qui se sait privée d’avenir. L’illusion d’égalité républicaine, qui est démentie par les faits, peut faire place à l’illusion religieuse. Pain bénit pour les tenants de l’islam politique, les fondamentalistes de tout poil, les marchands de paradis. La liberté de conscience fonde la philosophie des Lumières. La laïcité l’inscrit dans la loi. Bien que ce concept soit peu compatible avec des dogmes qui criminalisent l’apostasie, il va être exploité jusqu’à la corde. Vous combattez la religion ? Vous êtes donc anti-laïque ! Vous vous opposez à la loi coranique ? Vous voilà islamophobe. Vous êtes islamophobe ? Vous êtes donc raciste.

Image inversée de la propagande raciste, ce terme d’islamophobie repose lui aussi sur l’amalgame entre une religion et ceux qui la pratiquent, entretient la confusion entre le refus d’une doctrine sociale réactionnaire et la haine d’une religion particulière. Il permet, par association déshonorante, ou si on préfère, de « réduction à Le Pen », de disqualifier les athées universalistes.

Le FN n’est pas « islamophobe ». Il est raciste.

Les athées ne sont pas « islamophobes » : ils sont théophobes (ou ils s’en foutent).

Les universalistes athées combattent les croyances, ils respectent les croyants.

Du politiquement correct et de l’argumentum ad misericordiam

Les absurdités et les crimes imputables à la dictature stalinienne étaient connus bien avant le rapport de N.Khroutchev au XXeme congrès du PCUS. Parmi l’intelligentsia française de gauche, certains étaient dans le déni, d’autres préféraient se taire au titre “qu’il ne faut pas désespérer Billancourt”. Selon eux, la lutte de classes pouvait donc se conduire dans une illusion entretenue, celle du paradis des ouvriers, ou pensaient-ils simplement que les prolos de chez Renault étaient trop stupides pour pouvoir tirer leçon du dévoiement de la révolution d’Octobre ? Ou craignaient-ils qu’ils le fissent ? Dans les deux cas, quel mépris de classe, quelle condescendance s’exprime dans ces termes ! Quel aveu aussi de leur répugnance à un véritable projet d’émancipation dont ils n’eussent pas été les directeurs.

La petite bourgeoisie instruite de gauche est charitable, compassionnelle, prompte à s’enflammer pour les causes justes et la défense des opprimés. C’est bien. Mais la réflexion critique n’est pas toujours son fort. Elle a été « communiste » dans les années 50, puis maoïste et castriste dans ma jeunesse, s’auto-illusionnant sur le caractère dictatorial de ces régimes, en justifiant les excès par l’oppression coloniale dont ces peuples ont été victimes, et leur supposé grand état d’arriération. “On ne critique pas les opprimés, ça fait le jeu de leurs oppresseurs”. Et puis, « ce sont des cultures différentes, ils n’ont pas la même notion que nous de la liberté ». Relativisme anti-Lumières, mépris assumé de ceux que nous jugeons malgré tout nos inférieurs !

Le dernier truc à la mode sur le marché du prêt-à-penser, c’est la “lutte contre l’islamophobie”, alliance inattendue d’une partie de la gauche et de la pire bigoterie religieuse. Où on voit des gens parfaitement athées, précédemment anti cléricaux forcenés, prendre la

défense de l’islam parce que c’est la religion (supposée) des opprimés de notre pays. Ben oui, le FN conchie l’islam, moi je combats les fachos, donc je défends l’islam. Les trois religions du livre propagent à peu près les mêmes, et également détestables, idéologies patriarcales. Si il demeure de bon goût de dénoncer les âneries de la Manif pour tous, il devient extrêmement risqué de rappeler ce que l’islam politique a de fondamentalement réactionnaire : l’anathème, l’exclusion, le procès en lepenisme sont la sanction immédiate. Je me demande souvent si le militant « anti-islamophobe » ne considère pas simplement que l’immigré moyen est trop ignorant pour accéder à la libre pensée, de même que le métallo des années 50 ne devait pas être informé des turpitudes du stalinisme. Ignorent ils ce que les peuples de culture arabo-berbère comptent de lettrés, de libre penseurs, de miltant.es progressistes, de féministes, et les violences qu’ils subissent ? Le racisme, le mépris de classe, peuvent aussi se nicher là où on ne les attend pas.

 

Métonymie et fausses analogies.

Les humains n’ont de cesse que de s’enchaîner volontairement à leurs propres créations. Ils créent l’automobile, et s’échinent toute leurs vies dans des tâches absurdes afin d’en posséder une. Ils créent Dieu, et se prosternent devant lui. Ses prophètes le proclament : il n’y a pas de bonheur ici-bas, il n’y a que mort et souffrance, soumission et obéissance. Renoncez à vos pulsions de vie, aimez la mort, et le paradis vous est promis.

Dans ce sens-là, les religions ont le mérite d’adoucir d’autres chaînes, celles-là bien réelles. Même de les représenter, dans l’image inversée du monde réel, ordonnancée selon la volonté du créateur, où figurent côte à côte les tables de la loi et les lois du marché.

Les socialistes d’autrefois l’avaient bien compris : il n’y a pas de critique de la domination sans critique des représentations de la domination. Le combat pour l’émancipation, c’est aussi le combat pour une pensée libérée des dogmes religieux.

Aphorisme anarchiste : “il n’y a pas de pensée libre dans la puanteur des églises”. J’en ai autant pour les synagogues et les mosquées. On aura compris qu’il ne s’agit pas de bâtiments. Ni de ceux qui les fréquentent. Il s’agit de religion. C’est une métonymie, quoi.

Autre objet de métonymie : le voile islamique. S’il s’agit d’un voile, c’est un morceau d’étoffe. Ça peut être bien pratique pour se protéger du froid ou du soleil. S’il s’agit d’un voile islamique, c’est autre chose, c’est un objet dont le port est conforme à une injonction religieuse. Il véhicule un sens, et sans doute plusieurs sens : allégeance à une religion, dissimulation de l’impudeur supposée de la chevelure féminine, revendication identitaire, pression sociale exercée sur celles qui n’en portent pas, ou subie par celles contraintes de le faire, protection contre le harcèlement sexuel, ….

Le voile islamique n’est donc pas un vêtement. L’analogie avec la minijupe, les talons hauts, ou toute autre fantaisie vestimentaire, est donc parfaitement fausse et relève du sophisme. Critiquer le port du voile, c’est critiquer une religion, pas une personne, ni un groupe humain.

Faut-il pour autant réglementer le port du voile ? Pas plus qu’il ne faut zigouiller les curés. L’argument de l’atteinte à l’ordre public est un renversement absurde des responsabilités, puisque l’ordre public n’est en fait troublé que par ceux qui importunent ou menacent les femmes voilées. Et aussi parce qu’une interdiction prise au nom de l’autonomie des personnes préjugerait des motivations, donc des convictions intimes, des femmes qui le portent, portant ainsi atteinte à leur liberté. Mais il est en revanche impératif que les personnes que la société investit d’une autorité morale, éducateurs, enseignants, magistrats, s’abstiennent de toute propagande religieuse, donc de tout signe distinctif.

Il n’y a pas d’émancipation économique sans émancipation des esprits. Combat laïque et combat social sont indissociables. La lutte contre les dogmes révélés, contre la prétention des religions à règlementer la vie civile, et le contrôle des esprits par les prêtres, doit être sans concession. Mais le respect des personnes, de leur droit absolu à ressentir une transcendance et à pratiquer le culte de leur choix doit l’être aussi. La voie de la laïcité est étroite, entre les lâches accommodements du politiquement correct, les revendications identitaires, et le racisme à peine déguisé en anti-islamisme de l’extrême droite. Le débat est piégé, fait d’approximations, de mots trafiqués, de sophismes, de rhétorique fallacieuse. La confusion présente est telle qu’une certaine rigueur dans le débat serait nécessaire. Elle est loin d’être toujours au rendez vous.

 

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La gauche peut-elle être complice des religions ?

par Yvon Quiniou

 

Nous assistons à un retour catastrophique des religions. Que le pouvoir politique de Macron s’en accommode, voire s’en félicite, ne doit pas nous étonner. Mais que la gauche, dont l’identité est laïque et fondée sur une critique rationnelle et raisonnable des méfaits des religions dans l’histoire, s’en fasse la complice est surprenant. Nouvelle défaite de la pensée progressiste ?

La gauche a choisi de croire que les révoltes paysannes d’apparence religieuse au Moyen-Âge, les prêtre ralliés à la révolution française, les prêtres ouvriers et les curés rouges, et même les théologies de la libération pouvaient faire oublier que les Églises, en tant qu’appareils, ont toujours été du côté des puissants, des dominants, des exploitants. Nous devons nous en souvenir deux ans après la manif contre l’égalité des droits face au mariage et quelques jours après la mal nommée « marche pour la vie ». Les religieux de toute croyance sont de retour et ceux qui reviennent aujourd’hui sont les pires.

La gauche dans le passé a constamment entretenu un rapport critique avec les religions, fondé sur son idéal d’émancipation intellectuelle, personnelle et collective, que celles-ci n’ont cessé de bafouer. Cette critique se fondait sur une valorisation de la raison en même temps que sur son projet de transformation progressiste de la société. Tout cela s’éloigne depuis la fin des illusions liées à la tragédie que fut l’expérience soviétique : le post-modernisme, complice du libéralisme triomphant, fait des ravages, jusqu’à mettre en doute l’idée de vérité et à remplacer le souci moral des autres par un « souci de soi » terriblement apolitique et narcissique. Le retour du religieux peut s’engouffrer dans cette brèche irrationaliste et proposer un sens de substitution.

Pourtant, cette même gauche avait pu négocier avec les religions, dans un cadre résolument laïque (qu’elles avaient d’ailleurs combattu), spécialement lorsque le PCF « tendait la main » aux ouvriers chrétiens : l’attention à la commune situation d’exploités des ouvriers croyants et incroyants permettait d’envisager leur alliance dans le combat de classe contre le capitalisme bien, au-delà de la résistance commune face au nazisme. Le facteur religieux passait au second plan, sans cesser d’être un objet de critique, dans laquelle la raison, à nouveau, était présente. On n’est plus dans ce contexte historique. Nous sommes face à une remontée des religions dans leurs aspects les plus réactionnaires. Intellectuellement le refus de la rationalité scientifique refait surface via, en particulier, un créationnisme intégral venant des Etats -Unis, refusant Darwin et sa thèse de l’origine naturelle de l’homme. Même l’Église catholique, prenant acte pourtant de cette théorie, a refusé de l’appliquer à l’esprit humain ! Et l’on n’insistera pas sur le cas de l’Islam, radicalement hostile aux sciences de l’homme. Intégrisme, fondamentalisme et sectarisme marchent de plus en plus d’un même pas ! Or, de tout cela, la gauche officielle et les écologistes ne paraissent guère s’émouvoir, voire manifestent une complaisance indigne, qui traduit une démission idéologique autant qu’un électoralisme à courte vue, les croyants étant des électeurs.

C’est pourquoi la gauche doit reprendre son flambeau théorique initial. Elle ne doit à aucun moment renoncer à sa défense intransigeante de la raison, même si, ce faisant, elle s’oppose aux mythes religieux les plus répandus. Comme elle ne doit pas accepter l’ambition des Églises de vouloir influer sur le pouvoir politique : la loi de Dieu doit s’effacer, dans la Cité, devant les lois humaines et c’est en ce sens que la société doit aussi être laïque. De même, elle doit maintenir son lien essentiel avec la critique des religions qui nous vient de la philosophie des Lumières et des penseurs qui ont suivi (Feuerbach, Marx, Nietzsche, Freud), lesquels ont démontré définitivement que, issues du malheur humain, elles l’alimentent.

Derrière ce renoncement, Il y a le refus d’investir les questions morales, sinon spirituelles, de l’existence sur une base non religieuse, qui permettrait pourtant de leur apporter des réponses non partisanes, favorisant le vivre-ensemble. Mais il y a aussi un refus idéologique du rationalisme marxiste tel que le système soviétique a cru l’incarner. Un nouvel obscurantisme, insidieux, a alors entraîné une partie de la gauche à accepter l’idée que nombre de questions brûlantes, comme celles du féminisme ou de la crise écologique, pouvaient être traitées sans mettre en cause le capitalisme, ce qui est absurde. Seul un pouvoir démocratique de la collectivité sur elle-même, qu’on l’appelle éco-socialiste ou éco-communiste, en est capable, hors de la dictature de l’argent.

Cela implique aussi le refus de tous les intégrismes, au-delà du seul intégrisme religieux, car l’intégrisme politique ou l’intégrisme économique relèvent du même esprit. C’est le cas de l’économie érigée en valeur absolue, qui oublie la sphère de l’épanouissement personnel qu’une vraie politique de gauche doit au contraire favoriser, ou de la « religion » de la croissance, ce « nouvel opium du peuple ». Reste que c’est le totalitarisme religieux, au sens strict, qui nous importe ici, d’autant qu’il est couplé avec une apologie du libéralisme économique dont les théocraties islamiques sont le pire exemple, avec la complicité tacite de nos dirigeants. Ajoutons que le christianisme peut alimenter une anthropologie fondée sur le culte d’un individu libre et responsable, soustrait aux déterminismes sociaux que la raison sociologique révèle et sans que la référence à une transcendance aide en quoique ce soit à moraliser le jugement politique porté sur notre société, comme on le voit chez Macron. Une exigence démocratique complète implique donc que l’on dénonce la religiosité ambiante qui nous enfonce un peu plus dans ce qui est bien une crise de civilisation ! Une gauche authentique, laïque mais aussi sociale, doit rester irréligieuse dans tous les domaines.

Source : https://blogs.mediapart.fr/yvon-quiniou/blog/130218/la-gauche-peut-elle-etre-complice-des-religions?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66

 

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Régle verte et ReSPUBLICA

par Michel Marchand

 

Chaque année, l’activité humaine consomme davantage de ressources naturelles que la Terre ne peut en fournir et produit davantage de déchets humains que l’écosystème humain ne peut en absorber. Le déséquilibre qui en résulte constitue la dette écologique. Les premières mises en garde face à une telle situation remontent en 1972 avec le rapport du Club de Rome « The limits of growth ». Vingt ans plus tard à Rio, un appel de 1 700 scientifiques dresse un état des lieux avec cette mise en garde « les être humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision ». Vingt cinq ans après, la trajectoire n’est pas déviée et ce sont 15 000 scientifiques qui adressent une mise en garde « avant qu’il ne soit trop tard » à l’ouverture de la COP23, appel dont RESPUBLICA s’est fait l’écho en début d’année.

La dette écologique est engendrée par le capitalisme et le productivisme, en raison d’un système de production et de consommation de masse axé uniquement sur le profit. Dans un tel système, le travail ne vise pas seulement à produire des valeurs d’usage pour satisfaire les besoins humains mais à produire de la valeur et cela à l’infini quel qu’en soit les conséquences sociales et écologiques. La transformation radicale de nos modes de vie devient une exigence face à l’urgence écologique.

Martine Billard (PG, secrétaire nationale à l’écologie) présente la règle verte comme l’outil pour prendre en compte la priorité écologique. On peut y voir une réponse politique radicale d’autant plus forte si elle est insérée dans la Constitution. C’est lors d’un meeting à Clermont-Ferrand en mars 2012 que Jean-Luc Mélenchon évoque pour la première fois l’idée de la règle verte pour introduire dans le débat politique la question du temps long de la planification écologique. Depuis, aucun débat politique de fond n’est intervenu pour examiner comment la règle verte peut être l’amorce d’une transformation sociale et écologique de notre société ;

  • la règle verte est-elle compatible avec les fondamentaux de l’Union européenne ?
  • Avec quels pays peut-on envisager un coopération commune sur une telle base ?
  • Comment les organisations syndicales réagissent-elles à l’énoncé d’un tel concept qui surplombe l’ensemble des activités du pays ?

RESPUBLICA en publiant l’article de Martine Billard (voir ci-dessous) souhaite ouvrir le débat sur cette question qui est la réponse politique à l’appel des 15 000 scientifiques pour que demain ne soit pas trop tard.

La règle verte, l’outil indispensable pour prendre en compte la priorité écologique

Dans la course à la compétitivité, le court terme domine les choix économiques. Il faut faire le plus de profit le plus rapidement possible. Mais aujourd’hui il n’est plus possible d’ignorer la contrainte écologique. Aussi tout est repeint en vert. Mais sans vision globale. Car il n’est pas question de remettre en cause les profits financiers.

Pourtant, le réchauffement climatique avec la cohorte de dérèglements qu’il entraîne, la raréfaction d’espèces animales et le recul d’espèces végétales, les pollutions et contaminations avec leurs conséquences sur la santé, sont bien réels.

La population mondiale continue à augmenter avec ses conséquence en terme de besoin de production agricole et d’espace pour se loger.

Ces réalités provoquent beaucoup de discours mais peu d’actions, il sera toujours temps demain.

Pourtant il y a urgence à une remise en cause incontournable de notre modèle de production, d’échange et de consommation.

En France, sous la pression des luttes écologistes, la Charte de l’Environnement a été intégrée en 2005 dans le bloc de constitutionnalité. Elle affirme trois principes : prévention, précaution et pollueur-payeur. Depuis son adoption, nombreuses ont été les offensives pour la faire modifier notamment l’article 5 portant sur le principe de précaution accusé d’empêcher le progrès technique et de paralyser la recherche.

En fait le contentieux est très réduit, le conseil constitutionnel est très timoré dans ses décisions et il a refusé que la Charte puisse servir à contrôler des dispositions législatives.

Le Code de l’environnement précise le principe de précaution à l’article L 110-1. Son application est restreinte par l’introduction «à un coût économiquement acceptable ». Or nous savons que dès qu’on oppose l’économie à l’écologie, la réaction première est comme dirait Sarkzoy « l’environnement ça commence à bien faire ». Mais à toujours repousser le moment des choix douloureux, on prépare des lendemains encore plus difficiles.

Le principe de précaution est aussi limité par l’existence du principe de compensation introduit par par la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature et précisé par en 2016 par la loi biodiversité à l’article L. 163-1.-I Les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité visent un objectif d’absence de perte nette. Il est aussi question d’équivalence écologique.

Voici ce que dit Maxime Combes, économiste d’Attac, de ce principe de compensation : «les surfaces impactées sont sous-estimées, les zones humides sont mal caractérisées et sous-évaluées, la biodiversité présente est minorée (oubli d’espèces, etc). De nombreux travaux scientifiques internationaux soulignent également l’échec des dispositifs de compensation et l’impossibilité de récréation de milieux constitués au fil des siècles (on ne remplace pas un arbre vieux d’un siècle par dix arbres âgés de dix ans ou une prairie naturelle ancienne par un pré saturé en nitrates). «

La création de sites naturels de compensation ouvre la voie à des activités spéculatrices avec la vente d’unité de compensation. Une fois de plus après le marché carbone, échec retentissant de lutte contre les émissions de CO2, un gouvernement invente la marchandisation de la nature pour soi-disant la sauvegarder.

Le principe de précaution tel qu’affirmé par la Charte de l’environnement et défini par le code de l’environnement est donc largement insuffisant. On le voit d’ailleurs à l’usage puisque ni la Charte ni le code ni la loi biodiversité n’ont été considérés par les tribunaux comme opposables au projet de Notre-Dame des Landes.

Il est donc indispensable de réaffirmer la nécessité d’une pensée globale et de la gestion du temps long des ressources de notre planète. Car une fois des espèces disparues on peut toujours se lamenter mais c’est trop tard. Si on continue à déforester et à bétonner les sols, à faire disparaître les zones humides qui servent à absorber les pluies excédentaires, il ne faut pas ensuite s’étonner des inondations.

C’est pourquoi il faut affirmer la priorité écologique sur l’intérêt économique. Il est urgent de diminuer nos émissions de CO2 sous peine de se retrouver sur une planète difficile à vivre et en proie à des conflits armés pour l’accès aux ressources indispensables : eau, terre, air non pollué.

La règle verte, que nous voulons inscrire dans la constitution, c’est l’obligation de ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer ni de produire plus que ce qu’elle peut supporter.

Elle sera ainsi opposable à tout projet d’aménagement. Sa concrétisation dans la loi passerait par l’obligation de bilan écologique global comprenant les conséquences en matière d’émission de gaz à effets de serre, d’empreinte écologique et de pollutions.

Cela permettra d’interdire les projets de bétonisation de zones humides ou de terres agricoles ou de destruction de zones de biodiversité remarquable ou de zones agricoles. Est-ce que cela peut avoir comme conséquence d’empêcher toute construction de logements, équipements publics ou entreprises ? Non car de fait il reste en France de nombreuses friches ou emprises non construites qui peuvent être mobilisées, ainsi que des zones déjà construites qui peuvent être réaménagées. Cela par contre aurait pu être opposé au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes sur une zone humide puisqu’il existe déjà un aéroport à Nantes, et peut être opposé aux nombreux projets de méga centres commerciaux. Ils ne sont pas indispensables et sont en général prévus sur des terres agricoles (Europacity, Val Tolosa…)

Si les humains ont longtemps cru que les ressources de la terre et ses capacités d’absorption des déchets étaient inépuisables, on sait maintenant qu’il n’en est rien. Nous sommes rattrapés par nos déchets ménagers tout comme par les déchets des plastiques (qui se retrouvent dans les océans et pour finir dans les estomacs des poissons et des oiseaux de mer qu’ils rendent malades) et de nos appareils divers et variés (ordinateurs, téléphones portables, télés, électro-ménagers, voitures ..) que nous exportons vers les pays pauvres. Notre planète ne peut plus les supporter. Face à cette situation, la réaction consiste en général à expliquer qu’on finira bien par trouver des solutions pour leur traitement. C’est ainsi que la France a développé de nombreux incinérateurs pour traiter nos déchets ménagers provoquant l’émission de polluants comme la dioxine. Et pour que les incinérateurs reste rentables il faut continuer à les alimenter d’où un cercle vicieux qui ne favorise pas la politique du tri sélectif et du recyclage.

La meilleure solution est donc d’aller vers zéro déchet. Cela suppose de revoir intégralement la conception de nos produits dans une démarche de récupérer, réparer, recycler.

La règle verte permet ainsi de s’opposer au suremballage et au tout jetable puisque ce n’est pas supportable par la planète : tout produit doit avoir une durée de vie la plus longue possible (allongement des durées de garantie) et en fin de vie doit pouvoir être démonté, récupéré, réutilisé ou recyclé.

Elle a pour conséquence d’inciter les branches industrielles à fabriquer des produits éco-conçus : utilisation au maximum de matière première recyclée pour économiser les matériaux et minerais non renouvelables et le minimum de matière première non renouvelable, priorité aux mono-matériaux plutôt qu’aux multi-matériaux et composites plus difficiles à récupérer, conception du produit prévoyant sa réparation et son recyclage.

Au niveau chimique la règle verte implique que les molécules utilisées ne mettent pas la planète en danger.

En résumé , elle est donc opposable aux OGM comme aux pesticides synthétiques et autres produits phytosanitaires dangereux tout comme aux entreprises qui organisent l’obsolescence programmée de leurs produits.

Ses conséquences en terme d’approche du développement, de réorientation des branches industrielles, impliquent un effort important de recherche et donc l’embauche de chercheurs mais créé aussi de l’emploi dans la production tout comme dans la réparation et le recyclage.

L’impossibilité d’employer des produits phytosanitaires dangereux implique le passage d’une agriculture agro-industrielle à une agriculture bio et donc suppose plus de main d’œuvre.

La règle verte nécessite en conséquence de modifier les modalités de débat public prévues par la loi et de traduire dans la loi les règlements et règles à respecter.

La règle verte nécessite aussi de nouveaux indicateurs de progrès humain car le PIB est le pire indicateur qui soit pour la prise en compte de l’impératif écologique. Elle va de pair avec une planification écologique afin de gérer les ressources et les besoins.

Enfin il ne suffit pas de bifurquer en France dans une économie écologiquement soutenable et socialement juste. Il est nécessaire de mettre en place un protectionnisme solidaire pour éviter que des produits ne répondant pas aux normes fixées par la loi puissent être importés.

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Courrier des lecteurs : hommage à Michel Zerbato

par ReSPUBLICA

 

A Respublica,

C’est avec beaucoup de tristesse que j’apprends grâce à votre revue la disparition de Michel Zerbato. En ces temps de destruction systématique de notre pays au nom d’un libéralisme qui n’est autre que l’impérialisme en tant que  stade suprême du capitalisme ses analyses et ses connaissances en économie politique nous manquerons. Toutes mes condoléances à sa famille.

fraternelles pensées

Raphaël FAVIER



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