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A la veille d’un 17 novembre hétéroclite, comment structurer la mobilisation populaire et en élargir les enjeux ?

par Évariste

 

Une commerçante d’une zone périurbaine lance une pétition contre la hausse des carburants. Officiellement celle-ci est destiné au transfert progressif du diesel vers l’électrique ou encore l’installation des commerçants en zone périurbaine ou rurale, etc. Très vite, des routiers habitant aussi en zone périurbaine appellent au blocage des routes le 17 novembre. Puis dix jours plus tard, l’extrême droite dans toutes ses variantes du populisme identitaire embraye en soutien à cette initiative. Une fois de plus la gauche politique et syndicale surprise n’est pas à la hauteur des enjeux. Elle peine à agir à court terme car elle n’a pas su comprendre ce qui se passe dans le pays, ni comprendre les causes de ce qui se passe en Europe ou dans le monde.
Comme dans l’Italie de Matteo Renzi, le gouvernement Macron est engagé dans une spirale baissière de sa cote de popularité car les gens d’en bas sont de plus en plus mécontents, notamment les ouvriers et les employés qui sont massivement impliqués dans l’abstention lors des derniers scrutins électoraux . De plus, nous voyons poindre des colères en provenance des zones périurbaines et rurales, zones où les ouvriers et les employés sont de plus en plus nombreux notamment à cause du phénomène de « gentrification » des banlieues de la première couronne des grandes villes. D’autres colères s’agrègent, provenant de la partie de la petite bourgeoisie qui se sent glisser vers les déclassés de la mondialisation néolibérale.
Et pendant ce temps-là, les directions du mouvement syndical revendicatif n’ont pas pris la mesure de l’échec de leurs stratégies de mobilisation comme par exemple le désastre de la manifestation, pourtant totalement unitaire, du 22 mai 2018 qui fut la plus faible manifestation des fonctionnaires de toute l’histoire de France ! Quant à la « marée populaire » du 26 mai 2018, qui a pourtant vu converger positivement les forces syndicales, politiques et associatives, elle n’a pas été à la hauteur des enjeux et en tous cas notoirement insuffisante pour « renverser la table ».
Après la défaite des cheminots du printemps dernier, le mouvement syndical nous a proposé, de fin septembre à mi-novembre, les traditionnelles manifestations « saute-mouton » sans aucune préparation massive avec seulement quelques distributions de tracts et toujours sans campagne massive d’éducation populaire. Les directions syndicales se complaisent dans le soi disant « dialogue social » qui n’est qu’une chambre d’enregistrement des discours des gérants du Capital, le tout sans aucun résultat !
Quant au champ politique, nous avons le choix entre un entre-soi groupusculaire sans effet sur la réalité sociale, ou encore, pour le Parti communiste, une période de congrès sans que l’on puisse déceler un débouché politique capable de mobiliser les masses populaires. Notons cependant que le directeur de l’Humanité a pris une position plus claire à la télévision sur le 17 novembre Enfin, la France Insoumise qui a rencontre à l’annonce du mouvement du 17 novembre des difficultés pour avoir une réponse cohérente et mobilisatrice aux mobilisations en cours (dans un premier temps la FI félicite ceux qui seront dans le mouvement… et ceux qui n’y seront pas!) pour in fine prendre une position cohérente en soutien au mouvement du 17 novembre par voie de vidéos et de meetings.

Arrive alors le mouvement du 17 novembre

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la mise en mouvement d’une politique de lutte des classes, pensée par le couple infernal Macron-de Rugy , à savoir que la « politique écologique » de transition énergétique doit être payée par les plus pauvres par le simple fait qu’ils sont les plus nombreux. Car bien évidemment il n’est toujours pas question de taxes sur les transports maritime ou aérien qui sont dévastateurs en matière de CO2 envoyé dans l’atmosphère. Que dire encore de la destruction programmée du fret ferroviaire et du transport des voyageurs par train, ou du refus de développer des services de transports pour tous, qui engendrent ipso facto une augmentation (surtout pour les zones rurales et périurbaines) de l’utilisation de la voiture individuelle pour aller travailler, accompagner les enfants à l’école, ou tout simplement pour se nourrir. Ajoutons à ce tableau de baisse du pouvoir d’achat la compression des salaires directs et socialisés, ainsi que l’augmentation des dépenses contraintes. Cette politique de régression va de pair avec les plans de destruction des services publics et de la Sécurité sociale. Tout cela a pour but de permettre à l’oligarchie capitaliste d’avoir toujours plus de liquidités pour spéculer dans la finance internationale aux fins d’augmenter des taux de profit qui n’arrivent plus à être suffisants dans l’économie réelle.

Pour structurer le mouvement populaire, créer des comités de lutte

Alors, comment faire pour  mobiliser le 17 novembre, puisque ce mouvement est légitime, sans se retrouver à la remorque des fascistes de tout poil en cas de prolongation du mouvement dans les semaines qui suivent ? La réponse est simple, appliquer la stratégie du double front contre Macron, le gérant du capital d’une part et les extrêmes droites d’autre part. C’est-à-dire qu’il faudrait que les travailleurs et leurs organisations développent la convergence des luttes et animent le mouvement à la base, lui donnant des objectifs unitaires et progressistes d’ensemble. D’une simple révolte dénonçant l’augmentation du prix du diesel, il faut tout faire pour passer à une lutte globale pour le pouvoir d’achat.
Par ailleurs, il faut proposer la création de comités de lutte de base sur ce thème, et les rendre permanents. Enfin, il faut proposer une coordination locale, puis régionale et enfin nationale. Ces assemblées de citoyens et de citoyennes doivent être composées de délégués élus et révocables. La structuration du mouvement populaire est la garantie de l’hégémonie du camp progressiste sur celui-ci. L’extrême droite n’a jamais dirigé dans l’histoire un seul mouvement de conseils populaires.
Les militants de gauche dans cette action nationale doivent être les plus efficaces, les plus respectueux et imaginatifs de ces assemblées populaires. Il faut « servir le peuple », en se détournant des pensées magiques (comme le revenu universel, etc.), des pensées surplombantes des petits gourous (une seule idée qui surplombe toutes les autres) et des pensées que la petite bourgeoisie de gauche veut imposer, contre leur gré, aux ouvriers et employés majoritaires dans le pays, comme le communautarisme par exemple.
Visiblement la direction de la CGT commet la même erreur qu’en Mai 68 en dénonçant a priori un mouvement qu’elles ne comprent pas et ne maîtrisent pas. La CGT dans un communiqué dénonce les « ressorts obscurs » de ces appels à l’action  « tapageurs », y décelant un « danger pour le monde du travail » et, au passage, défend notre « modèle social et républicain ». Quelle surprise est la nôtre: la CGT croirait elle encore que nous sommes dirigés en 2018  par le programme du CNR de la Libération ? Car nous ne sommes plus dans un « modèle social et républicain », nous sommes déjà dans un modèle néolibéral inégalitaire. Si la direction de la CGT dénonce à juste titre les « manœuvres » de l’extrême droite autour du 17 novembre, elle déclare qu’il faut « se mobiliser massivement dans les entreprises », et reproche aux appels pour le 17 novembre de n’avoir pas de « réelle ambition de bloquer l’économie ». Sans donner les modalités de ce mouvement qu’elle propose, elle en est réduite à une proclamation sans le moindre commencement d’action concrète, bref il s’agit de propagandisme pur et simple. En ce qui concerne Solidaires, pas un article sur la page d’accueil sur sa position stratégique sur le mouvement du 17 novembre. Devant ce vide stratégique, force est de constater que sa seule remarque est de dire qu’il faut une action syndicale contre l’extrême droite… Visiblement, aucune autocritique de la grève de la SNCF, où la CGT et Solidaires se sont ralliés à un non-blocage du pays, n’a été faite. La FSU est aux abonnés absents sur le 17 novembre. Les cheminots ont payé cher, au sens propre et figuré, ces journées « saute-mouton » désespérantes et perdantes. Même si Sud –Rail avait des positions différentes de la CGT, force est de constater qu’il n’a pas réussi à créer le moindre rapport de force.
Oui, il existe en France un vrai danger de prise de pouvoir par la droite radicale et l’extrême droite. Mais la seule manière de l’empêcher est de provoquer justement un mouvement de masse qui agit, lutte et gagne. Il faut enfin rompre avec les défaites à répétition qu’encaisse le mouvement social depuis la dernière mobilisation victorieuse en novembre 1995. Sans l’action populaire, rien n’est possible. Le 17 novembre peut être une opportunité qu’il faut tenter pour lancer un processus de prise de conscience de sa force par le peuple. C’est la seule manière de ne pas rejoindre politiquement les pays baltes, la Pologne, la Hongrie, l’Autriche, l’Italie, le Brésil, les USA..

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Face à Trump, le come-back de la gauche aux États-Unis, incarnée par des « gens ordinaires »

par Cole Stanger

 

NDLR – On lira en écho à cette analyse le texte précédemment signalé par ReSPUBLICA (Comment être socialiste aux États-Unis et gagner les élections sans perdre son âme – Paru le 31 juillet 2018 dans le blog de Marc Saint-Upéry) dû à Alexandria Ocasio-Cortez (29 ans) qui apprend comment militer à ceux (majoritaires) qui se désespèrent en militant de travers… Car, ce n’est pas un phénomène uniquement américain. On peut en tirer des enseignements pour nos prochain rendez-vous électoraux (rajeunissement des candidats, clarté et simplification de propositions centrées sur le vécu, sans pour autant tomber dans le populisme, pluralité des profils des candidats incarnés par des « gens ordinaires » représentant toutes les diversités sociales, mais aussi et surtout unité d’action, etc.)

Donald Trump sort affaibli des élections intermédiaires aux États-Unis, qui se sont déroulées mardi 6 novembre. Les Démocrates ont conquis une majorité à la Chambre des députés. L’aile gauche du parti a même marqué des points lors de ce scrutin, en présentant de nombreux candidats, souvent plus jeunes et souvent des femmes, qui ont réalisé de bons scores : des « gens ordinaires » dont les propositions sociales ou écologiques sont loin de la ligne néolibérale incarnée par Hillary Clinton. Certains caressent l’espoir que ce retour en grâce de la gauche ouvre la voie à de véritables changements.
Sam Bell, futur sénateur de l’Assemblée générale de Rhode Island, l’équivalent du Parlement au niveau de chaque État, n’a que 29 ans. Dans d’autres circonstances, ce « data scientist » de Providence, la capitale de ce minuscule État de la Nouvelle Angleterre, n’aurait probablement pas entamé une carrière politique. Mais sur de nombreux sujets — l’économie, la santé, la réglementation des armes à feu — les élus du parti démocrate local n’ont cessé de décevoir. Ce jeune militant qui se décrit comme « progressiste » et « socialiste démocratique » a décidé il y a dix mois, un peu en désespoir de cause, de se lancer dans la primaire démocrate. Objectif : représenter les opposants à Trump aux élections de mi-mandat – les Midterms – qui se sont déroulées ce 6 novembre. Et cela lui a plutôt réussi.

« J’étais tellement inquiet que je me sentais presque obligé de me présenter aux élections, raconte-t-il. Au final, j’ai fait une campagne très simple, je me suis engagé en faveur de l’abrogation de la baisse des impôts pour les riches [approuvée par l’Assemblée de l’État en 2006] et j’ai parlé de l’importance d’investir au lieu de faire des coupes budgétaires. » Le renforcement du droit à l’avortement — un sujet plus d’actualité que jamais avec l’arrivée du juge ultra-conservateur Brett Kavanaugh à la Cour suprême, qui pourrait mettre en péril ce droit au niveau fédéral — constitue un autre thème fort de sa campagne ; ainsi qu’un meilleur financement du Medicaid, le système d’assurance maladie destiné aux populations vivant sous le seuil de pauvreté ou risquant d’y basculer.

Reconstruire la démocratie américaine sur un modèle progressiste

La victoire était loin d’être assurée. L’adversaire de Bell, l’avocat Paul Jabour, est connu, et il s’appuie sur une vingtaine d’années d’expérience à l’Assemblée. Mais au mois de septembre, les électeurs démocrates ont choisi le changement : c’est Bell qui arrive en tête, avec 44 % des suffrages face aux 39 % de Jabour. Le Parti républicain, impopulaire et peu implanté à Rhode Island, ne présente pas de candidat aux élections générales. Ce mardi 6 novembre, Sam Bell est officiellement élu.
Son élection ne constitue pas une anomalie. Motivés à la fois par leur hostilité au président Trump et par une vision nettement plus à gauche que celle défendue par les dirigeants du principal parti d’opposition, de nombreux jeunes candidats se sont présentés pour la première fois lors de ces élections. Beaucoup d’entre eux ont gagné, du niveau municipal jusqu’au niveau fédéral. S’ils viennent d’horizons différents — une donnée significative dans ce pays peuplé par plus de 300 millions d’habitants —, ils partagent certaines revendications et certaines convictions communes. Pour eux, il ne suffit pas de battre Donald Trump, mais de reconstruire la démocratie américaine sur un modèle progressiste : faire en sorte que le pays devienne plus social, plus écologique et plus solidaire, bref, qu’il réalise ses promesses non-tenues jusqu’ici.

Augmentation du salaire minimum et défense du droit à l’IVG

Globalement, le Parti démocrate a réalisé un bon score ce 6 novembre. S’il a perdu du terrain au Sénat — dont le tiers des sièges renouvelés en 2018 se situent dans des États qui ont tendance à voter à droite —, il a gagné, en revanche, une majorité à la Chambre des représentants (219 sièges contre 193 pour les Républicains), entièrement renouvelée tous les deux ans. Le parti a conquis, par ailleurs, sept nouveaux postes de gouverneur, notamment le Wisconsin et le Kansas, et plus de 330 sièges au sein des parlements locaux [1]. Parmi les vainqueurs : de nombreux candidats venus de l’aile gauche du parti.

Certains, comme Sam Bell, se définissent comme « socialistes ». C’est notamment le cas de deux futurs députés à la Chambre de représentants, Alexandria Ocasio-Cortez (29 ans), de New York, et de Rashida Tlaib (42 ans), du Michigan. La première appelle à une production d’énergie 100 % renouvelable avant 2035 ainsi qu’à l’abolition de l’United States Immigration and Customs Enforcement, une agence de police douanière vivement critiquée pour son rôle dans la séparation des familles sans-papiers. La seconde appelle à la gratuité de l’enseignement supérieur public et à un salaire minimum de 15 dollars de l’heure — le salaire minimum fédéral est aujourd’hui de 7,25 dollars de l’heure, même si certains États l’ont augmenté.

D’autres préfèrent l’étiquette « progressiste », mais défendent un programme plus ou moins identique, tel qu’Ilhan Omar (36 ans), immigrée somalienne élue au Congrès de Minneapolis, la ville la plus peuplée du Minnesota. D’autres encore ont perdu, tout en réalisant de bons scores dans des zones qui ont largement voté en faveur de Trump il y a deux ans : Richard Ojeda (48 ans), ancien officier de l’armée a récolté 44 % des voix dans une circonscription rurale de la Virginie-Occidentale où, il y a deux ans, Hilary Clinton dépassait difficilement les 26 % en moyenne. Dans l’Iowa, J.D. Scholten (38 ans), juriste et ex-joueur de baseball a gagné 47 % des voix face à Steve King, un député Républicain et nationaliste blanc qui noue des liens avec l’extrême droite européenne.

« Il ne suffit pas de faire des modestes réformes »

Pour certains, la tendance est confirmée : le Parti démocrate est bien et bel en train de basculer à gauche. C’est ce qu’affirme David Duhalde, directeur politique de Our Revolution (« Notre révolution »), l’organisation nationale créée par Bernie Sanders suite à sa campagne pour l’investiture démocrate en 2016. Comptant environ 200 000 adhérents, l’organisation a donné son soutien à quelque 300 candidats lors du cycle électoral, dont Sam Bell et Alexandria Ocasio-Cortez. « Le parti et sa base deviennent de plus en plus explicitement progressistes, explique David Duhalde. Et ils deviennent de plus en plus implicitement sociaux-démocrates, dans leurs orientations, leurs engagements et leurs préférences de vote. »
Plusieurs facteurs seraient à l’origine de ce basculement. Tout d’abord, explique David Duhalde, il y a l’occupant actuel de la Maison Blanche et la forte hostilité qu’il provoque. Son accession au pouvoir et sa popularité non-négligeable soulignent, pour beaucoup de jeunes États-uniens, la gravité d’une crise politique et sociale dont les leaders démocrates ne semblent pas toujours conscients. Comme le constate Sam Bell : « Je pense que notre pays est face à une crise. Il ne suffit pas de faire de modestes réformes. Le parti doit changer maintenant pour qu’on puisse sauver notre pays. »

Un effet Bernie Sanders ?

Il existe une autre source d’inspiration, nettement plus positive. La campagne présidentielle de Bernie Sanders en 2016 aurait joué un rôle déterminant dans la vague de jeunes et nouvelles candidatures, selon David Duhalde. Dans les ultimes jours de cette campagne qui a connu un succès inattendu, le sénateur du Vermont a appelé les « gens ordinaires » à se présenter aux élections. Une plate-forme progressiste s’est depuis mise en place, largement inspirée du programme présidentiel de Sanders : l’augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l’heure ; la gratuité des universités publiques ; l’extension du système d’assurance maladie publique et universelle, « Medicare », actuellement réservé aux personnes âgées, au reste de la population. La revendication est mieux connue sous le mot d’ordre Medicare for all, « Medicare pour tous ».
« C’est une revendication que les électeurs soutiennent massivement et que de plus en plus de candidats ajoutent dans leurs plateformes », explique David Duhalde. D’après un sondage Reuters-Ipsos publié au mois d’août, 70 % de la population des États-Unis soutiennent la proposition de « Medicare pour tous », y compris une majorité d’électeurs républicains. Les aspirants au Congrès semblent en être conscients : selon le journal USA Today, plus de 50 % des candidats démocrates à la Chambre des représentants en 2018 se sont prononcés en faveur de la demande.

Une progression de l’aile gauche du Parti démocrate à nuancer

Ce n’était pas toujours le cas. Bernie Sanders a longtemps été l’un des seuls à défendre cette idée au Congrès. Lorsqu’il a soumis une proposition de loi à cet effet au Sénat en 2013, aucun sénateur démocrate ne l’avait soutenue. En revanche, une proposition quasi-identique de Sanders au Sénat l’automne dernier a recueilli 16 « co-sponsors » démocrates. La preuve d’un rapport de forces en évolution.
Chris Townsend, un des dirigeants de la principale fédération syndicale des travailleurs du transport aux États-Unis (Amalgamated Transit Union, ATU), pense qu’il faut relativiser la progression de l’aile gauche du Parti démocrate. « L’establishment démocrate se distingue des Républicains sur des sujets sociétaux, dit-il. Mais pour tout ce qui concerne l’économie, l’importance de défier la dictature des marchés, et les questions clés de la guerre et de l’impérialisme, ils sont un allié au Parti républicain. »

« Faire élire des gens qui répondent aux associations citoyennes de base et aux syndicats »

Par ailleurs, le syndicaliste reste sceptique face à la perspective de transformer le Parti démocrate en une force de gauche, ni même en un parti social-démocrate à l’européenne : « Il y a eu des efforts faits par des progressistes, des socialistes et de gens de gauche pour transformer le parti depuis une centaine d’années », rappelle-t-il. Et, clairement, le bilan n’est pas positif. Pour David Duhalde, de Our Revolution, l’objectif est, d’une certaine manière, plus modeste. « Il faut savoir que les Démocrates et les Républicains ne sont pas des partis politiques comme ceux qui existent en Europe, explique-t-il. Ce ne sont des partis que de nom. Ce sont plutôt des larges coalitions, une coalition de centre-gauche et une coalition de droite. »
De plus, la structure du Parti démocrate fait qu’il est intrinsèquement difficile de le contrôler. S’il y a un comité national qui fait le choix de financer certains candidats — et cette instance reste davantage fidèle à la ligne d’Hillary Clinton qu’à celle de Bernie Sanders —, celui-ci reste distinct des partis existants aux niveaux des États, des comtés et des municipalités. Le but de Our Revolution ? Non pas transformer le Parti démocrate en tant que tel, mais construire une majorité politique animée par des forces progressistes. Comme l’explique Duhalde : « Faire élire des gens qui peuvent devenir la majorité du parti et qui répondent aux syndicats, aux mouvements sociaux et aux associations citoyennes de base ». Ces élections semblent marquer un premier succès de cette stratégie.

Le retour en grâce du « socialisme »

Autre indice du tournant à gauche qu’a pris la politique états-unienne ces dernières années : l’attraction qu’exerce un mot qui a longtemps été imprononçable pour beaucoup, au pays du maccarthysme [2] : le mot « socialisme ». L’organisation Democratic Socialists of America (« Socialistes démocratiques des États-Unis »), plus connue sous l’appellation DSA, compte actuellement plus de 50 000 adhérents. En novembre 2016, elle ne recensait que 5 000 membres. Encore une fois, la popularité de Sanders en est en partie responsable de ce regain d’attractivité. Mais elle n’est pas seule.
Les victoires d’autres candidats qui s’identifient comme « socialistes » ont contribué à populariser l’image du DSA, notamment Alexandria Ocasio-Cortez et Rashida Tlaib, toutes deux adhérentes. D’autres candidats se décrivant comme « socialistes » sont sortis victorieux du cycle électoral 2018 : c’est le cas de Bell dans le Rhode Island, ainsi que de trois députés à l’assemblée générale de Pennsylvanie, et d’une autre à l’assemblée générale de Californie.

« Nous vivons une époque marquée par des inégalités ahurissantes »

Alex Press est journaliste et rédactrice à Jacobin, un magazine new-yorkais très proche du DSA et qui offre une « perspective socialiste sur la politique, l’économie et la culture ». Pour elle, l’intérêt croissant du socialisme aux États-Unis trouve ses origines dans la dégradation des conditions de vie de la grande majorité de la population. « Nous vivons une époque marquée par des inégalités ahurissantes, on est submergés de dette, [et] on voit nos amis et des membres de nos familles enfermés par un système pénal qui est injuste et brutal, explique-t-elle. Peu importe qui est au pouvoir, il y a très peu de changement. »
En réalité, l’idée du socialisme aux États-Unis reste assez vague, plus proche d’un programme social-démocrate que d’un appel à la révolution : les socialistes états-uniens parlent davantage du salaire minimum que d’autogestion ouvrière. Alex Press reste optimiste tout en reconnaissant les limites de ce retour en grâce : « Cela représente un énorme changement pour la gauche et cela donne de l’espoir. Mais c’est un pays énorme et il y a encore des millions de jeunes qui restent totalement détachés de toute action politique. » Pour le syndicaliste Chris Townsend, cette nouvelle énergie au sein de la gauche reste prometteuse. « En tout cas, dit-il, vue la situation, les choses ne peuvent qu’aller en s’améliorant ».

Source : https://www.bastamag.net/Face-a-Trump-le-come-back-de-la-gauche-aux-Etats-Unis-incarnee-par-des-gens

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Sauvez un lieu associatif parisien à rayonnement national !

par ReSPUBLICA

 

8 impasse Crozatier dans le 12ème à Paris, l’EDMP, un grand local, avec plusieurs salles et une cuisine, permet depuis 42 ans la rencontre de nombreux groupes, qui font vivre des pratiques et des échanges autour des livres, de l’édition, du syndicalisme, de l’initiation à la langue française et de l’aide à la scolarisation des étrangers, de la mémoire des immigrations, des alternatives de consommation, du rapport au corps…. Sans oublier les AG et coordinations de mobilisation au niveau de l’Ile-de-France comme national (précaires, éducation prioritaire…). Ce local se veut une bourse du travail, au sens originel de lieu d’éducation et de défense des travailleurs ses.
Les lieux alternatifs et de réunion se font de plus en plus rares, car les loyers flambent, des villes expulsent les bourses du travail ou limitent leur accès, les squats et les occupations sont vite réduits à néant. Ce local doit donc rester, central à Paris, près de la gare de Lyon (qui favorise son rayonnement national), au service des alternatives et des luttes ; comme il l’est depuis longtemps, grâce à son projet coopératif : plus d’une centaine de personnes et de structures participent mensuellement au financement, mènent les activités qu’elles souhaitent dans le local et y disposent d’une librairie associative. Ces coopérateurs·trices définissent en AG les grandes lignes de l’utilisation du local et un comité de gestion s’assure de la bonne mise en œuvre de ces orientations.
Les augmentations énormes du loyer et les procès pour les imposer compromettent la poursuite du projet coopératif. L’AG des coopérateurs trices a donc décidé l’achat du local : une promesse de vente valable jusqu’au 15 octobre a été signée en juillet pour 650 000 euros, somme dont nous disposons d’un tiers.
Vous pouvez participer à ce sauvetage d’un local militant historique et du projet qu’il porte de plusieurs façons complémentaires.
En augmentant notre apport : pour faire baisser l’emprunt bancaire en dessous de 400 000 euros, iI nous manque 50 000 euros (5000 fois 10 euros ou 100 fois 500 euros).
Pour ce faire, deux possibilités :
– donner à la cagnotte internet: https://www.lepotcommun.fr/pot/i13l3ebo
– ou verser un apport à l’association par chèque ou virement
sur le compte BRED de « L’EMANCIPATION DIFF MEDIA PROG » 8 IMPASSE CROZATIER 75012 PARIS
IBAN : FR76 1010 7001 3300 8200 4850 025 ;
BICS : BREDFRPPXXX

En contribuant au remboursement du prêt par la souscription d’un virement régulier de 5 à 20 euros par mois (ou plus) sur le même compte ci-dessus, et en devenant ainsi, si vous le désirez, coopérateur trice.

Pensez à nous informer de vos initiatives par courrier, par mail (achampeau01@infonie.fr) ou par téléphone (0620555761). Ces contacts peuvent vous apporter toutes les précisions désirées.

L’Emancipation par la Diffusion de Medias Progressistes, avec RESF, Emancipation, les éditions Spartacus et Noir et Rouge,Memoria Viva, l’AMAP les Trognons de la Nation…

Brève signée « Un collectif »



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