n°902 - 14/05/2019
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Les réfugiés environnementaux et leur protection

par Michel Marchand

 

Cet article fait suite à celui de Emnet Gebre dans ReSPUBLICA « Du réfugié politique au réfugié(s) climatique(s) : une catégorie de personnes vulnérables en quête d’une protection juridique » et constitue une contribution au débat sur l’immigration au moment des élections européennes de mai prochain.
Le nombre de migrants environnementaux ne cesse d’augmenter et ils demeurent « invisibles » au plan juridique parce que non identifiés dans les textes qui traitent de la protection internationale des personnes. Pourquoi une telle situation et quelles seraient les pistes pour élaborer une protection juridique spécifique qui leur soit dédiée ? Voilà les termes du débat qui devrait avoir lieu.
A la fin du XXe siècle, la Croix rouge estimait le nombre de réfugiés écologiques à 25 millions. A l’horizon 2050, le nombre de personnes déplacées pour des raisons environnementales varie entre 140 millions (Banque mondiale) et 250 millions (ONU). Le changement climatique a un impact migratoire mondial et certaines régions sont particulièrement concernées, notamment les méga-deltas et plaines côtières (Bangladesh, Vietnam, deltas du Nil et du Niger), les zones arides (Sahel africain, régions sèches d’Amérique et d’Asie), les États insulaires de faible altitude (Tuvalu, Kiribati, les Maldives), les régions polaires d’Alaska et du Canada. Les causes de départ des migrations environnementales sont multiples et dépassent le seul changement climatique ; elles englobent des causes exclusivement naturelles (tremblement de terre, tsunami, éruption volcanique) ou humaines (accidents industriels, conflits armés, pollutions), ou des causes naturelles induites par les activités humaines (variabilité climatique, érosion des sols, destruction de la biodiversité). Les migrations environnementales constituent le plus souvent une solution de dernier recours. Les populations migrent non à cause de persécutions individuelles mais du fait d’une situation environnementale ne leur permettant plus de vivre décemment. Un migrant environnemental est toujours un migrant économique.
Si les causes de départ sont multiples, les situations qui en résultent sont tout aussi complexes. La migration se limite le plus souvent au sein d’un État (migration interne) ou au contraire être transfrontière à une échelle régionale ou extra-continentale. Les situations rencontrées montrent la pluralité des migrations environnementales qui peuvent être traditionnelles, lointaines ou de relative proximité, voire circulaires, elle peuvent être temporaires, longues ou définitives. La variabilité climatique dans une même région n’induit pas les mêmes situations : les sécheresses sont synonymes de migrations lointaines et de longue durée alors que les inondations conduisent à des migrations de proximité et généralement temporaires. La réalité des migrations environnementales doit prendre en compte les politiques des États concernés et les politiques de libre échange qui très souvent saccagent l’économie vivrière des pays fragiles. La situation ultime concerne la disparition des territoires pour partie (zones deltaïques) ou en totalité (îles du Pacifique) conduisant des populations à migrer, se retrouvant pour certaines d’entre elles en situation de personnes apatrides.
Nommer juridiquement les victimes des migrations environnementales signifie devoir les identifier pour les protéger. La terminologie est une question importante au vu de la diversité des causes de départ et des situations rencontrées. Une pléthore de termes sont utilisés pour qualifier ceux qui migrent « réfugiés climatiques », « migrants environnementaux », « réfugiés écologiques », « éco-réfugiés », « éco-migrants », « déplacés climatiques », « déplacés environnementaux », La définition adoptée en 2007 par l’Organisation internationale des migrations (OIM) [« on appelle migrants environnementaux, les personnes ou groupes de personnes qui, essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur foyer ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur de leur pays ou en sortent »] met l’accent sur le facteur environnemental (et non seulement écologique1, sur la durée, sur la migration forcée ou volontaire, sur la migration interne ou transfrontière.
Si de nombreux textes traitent de la question du réfugié et de l’environnement, aucun texte juridique contraignant ne lie les deux problématiques. Certains textes offrent toutefois par « ricochet » ou par « extension » des possibilités de protection. La Convention de Genève dans son article 1er (le réfugié est celui qui craint « avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques ») n’évoque pas directement le réfugié environnemental ou écologique. Seul le critère « appartenance à un groupe social » peut être avancé comme possibilité de protection. La Déclaration universelle des droits de l’homme (article 13 « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ») protège la personne sans la catégoriser. Elle affirme des droits qui ont peu d’effets concrets contraignants. Les migrants qui ne peuvent revenir dans leur pays qui aurait disparu (certains États insulaires), devenant de ce fait apatrides, pourraient bénéficier de la protection au titre de la Convention de Genève.
Les négociations climatiques n’abordent qu’en 2010 (soit 18 ans après la signature de la Convention cadre des Nations Unies des changements climatiques CCNUCC) la « migration induite par le changement climatique ». L’Équipe spéciale sur les déplacements de populations, créée au moment de l’Accord de Paris en 2015, n’a fourni aucun élément concret de protection à la dernière conférence en Pologne en 2018.

Pour l’Union européenne, la proposition faite en 2004 par deux députés Verts d’élaborer un statut communautaire de réfugié écologique n’a pas été adoptée par le Parlement européen. La Directive Qualification (2011/95/UE) qui définit les critères que doivent remplir les ressortissants de pays tiers ou d’apatrides pour pouvoir bénéficier d’une protection subsidiaire (protection alternative à la protection conventionnelle) ne reconnaît pas ce droit aux réfugiés écologiques ou environnementaux2. Le dernier document de la Commission européenne « Changement climatique, dégradation environnementale et migration » publié en 2013 n’envisage aucune amendement à la Directive Qualification et renvoie cette question au dialogue avec les pays tiers en matière de coopération au développement. Les migrants environnementaux restent donc « invisibles » dans le droit européen.

En France, le droit français n’envisage pas la question du refuge écologique (cf. la décision du Conseil d’État pour les victimes de Tchernobyl). S’il n’existe aucune protection spécifique, un accueil « régalien » est toutefois possible au titre de l’article 53-1 de la Constitution3 qui indique que la protection de la France peut être sollicitée pour « un autre motif » (entendu par rapport au droit international et aux directives européennes). L’OFPRA a déjà reconnu (de manière épisodique) comme groupe social des personnes victimes de dégradations environnementales et octroyé une protection écologique (cas d’un berger mauritanien qui a fui la désertification de son pays). Le Pacte de Marrakech adopté en décembre 2018 pour des migrations sûres, ordonnées et régulières rappelle qu’il « établit un cadre de coopération juridiquement non contraignant ». Le Pacte ignore la nécessité de rendre « visible » les migrants environnementaux, c’est à dire leur donner un statut en vue de leur protection.

La protection des migrants environnementaux se heurte à deux types d’obstacles, l’un juridique, le second de mise en œuvre. La protection internationale est enserrée dans les deux principes du droit international, la souveraineté des États et le principe de non ingérence, alors que la crise écologique ignore les frontières. La mise en œuvre d’une protection pose également plusieurs difficultés au juriste, (i) la première difficulté tient à la durée de la migration, temporaire (inondations), longue (sécheresses) ou définitive (disparition d’États insulaires), (ii) la seconde difficulté doit aborder la question du « va et vient » dans le pays sinistré (à l’inverse du réfugié politique), permettant au réfugié de quitter temporairement le pays d’accueil tout en continuant à bénéficier de ses droits, (iii) le statut de protection doit être suffisamment large pour bénéficier également aux migrants internes et aux migrants transfrontières, (iv) la dernière difficulté concerne les droits au regroupement familial et au travail.

Trois orientations se dessinent autour de la protection à construire pour les migrants environnementaux. Certains préconisent l’amendement de l’article 1er de la Convention de Genève en ajoutant au persécuté, la victime « de conditions environnementales dégradées menaçant sa vie, sa santé, le moyen de subsistance ou l’utilisation de ressources naturelles ». La seconde orientation est de privilégier les protections alternatives comme la protection subsidiaire en amendant la Directive européenne Qualification permettant aux migrants environnementaux de pouvoir bénéficier de cette protection internationale. La pratique montre aussi que les protections alternatives sont souvent synonymes de précarisation des droits. La troisième orientation, issue de l’Appel de Limoges en 2005 est de créer un statut international spécifique au « réfugié écologique ».
La proposition de la France insoumise faite en avril 2018 de créer un « statut de détresse climatique et humanitaire » demeure, semble-t-il, au stade d’une intention non argumentée. Cette proposition pourrait s’appuyer en droit français sur l’article 53-1 de la Constitution qui évoque la possibilité d’accorder l’asile pour « un autre motif ». Cette proposition pourrait également s’inscrire dans la demande de modification de la Directive Qualification en amendant les critères permettant aux migrants environnementaux de pouvoir bénéficier de la protection subsidiaire. A plus long terme, le statut juridique pour la protection internationale des migrants environnementaux (cf. Appel de Limoges) est un chantier de travail.
Si un statut juridique pour la protection des migrants environnementaux qui traversent les frontières est à rechercher, la question demeure pour la protection des victimes qui migrent à l’intérieur de leur propre pays, ceux-ci sont les plus nombreux et c’est là le plus gros problème.

Références utilisées

  • Appel de Limoges (2006) Appel de Limoges sur les réfugiés écologiques (et environnementaux). Revue européenne de droit de l’environnement, n°4.
  • Chemillier-Gendreau Monique (2006). Faut-il un statut international de réfugié écologique ?. In: Revue Européenne de Droit de l’Environnement, n°4, pp. 446-452.
  • Cournil Christel (2006) Les réfugiés écologiques : quelle(s) protection(s), quel(s) statut(s) ? Revue du droit public, n°4.
  • Cournil Christel & Vlasopoulos Chloé (coord.) (2015) Mobilité humaine et environnement. Du global au local. Ed. Quae.
  • Gebre Emnet (2018) Du réfugié politique au réfugié(s) climatique(s) : une catégorie de personnes vulnérables en quête d’une protection juridique. Respublica n° 871, 28 mars 2018.
  • GISTI (2007) Quel statut pour les réfugiés environnementaux ? Actes de la journée du 14 décembre 2007.

Notes

  1. Si l’on reprend la définition du terme « écologie », « science des rapports des organismes avec le monde extérieur », force est d’admettre la présence de l’homme et de son influence dans les cycles de la nature et de son influence de plus en plus grandissante sur les autres organismes vivants de la planète. Parmi les facteurs du monde extérieur (ce que l’on appelle à présent l’environnement) qui définissent les conditions d’existence, figurent les caractéristiques physiques et chimiques de l’habitat, le climat, la qualité de l’eau, la qualité de l’air, la nature du sol, etc…. L’homme vit également dans un environnement qui lui est propre et de plus en plus « dénaturalisé » : son lieu de vie, son lieu de travail (80 % de la production industrielle n’est pas liée au climat). Il y a par conséquent une distinction à faire entre les mots « écologie » et « environnement » []
  2. Les critères que doivent remplir les ressortissants de pays tiers ou les apatrides pour pouvoir bénéficier d’une protection subsidiaire pour un demandeur d’asile sont (i) la peine de mort ou l’exécution; (ii) la torture ou des traitements ou sanctions inhumains ou dégradants infligés à un demandeur dans son pays d’origine; (iii) des menaces graves et individuelles contre la vie ou la personne en raison d’une violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international. []
  3. Article 53-1 : « La République peut conclure avec les États européens qui sont liés par des engagements identiques aux siens en matière d’asile et de protection des Droits de l’homme et des libertés fondamentales, des accords déterminant leurs compétences respectives pour l’examen des demandes d’asile qui leur sont présentées. Toutefois, même si la demande n’entre pas dans leur compétence en vertu de ces accords, les autorités de la République ont toujours le droit de donner asile à tout étranger persécuté en raison de son action en faveur de la liberté ou qui sollicite la protection de la France pour un autre motif ». []
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La machine infernale de l'asile européen

par Michel Marchand

 

Voir aussi, dans ce numéro l’article « Les réfugiés environnementaux et leur protection« .

Le récent rapport d’observation de la Cimade sur le règlement Dublin le décrit comme la machine infernale de l’asile européen, synonyme de procédures interminables, suspicion continuelle à l’encontre des migrants demandeurs d’asile, peur pour ceux-ci d’être renvoyés dans un pays où ils ne souhaitent pas vivre. La procédure Dublin est née en même temps que l’espace de « libre circulation » en Europe. Formalisée pour la première fois sous forme d’une Convention signée à Dublin en 1990, le système a évolué vers un règlement européen, modifié plusieurs fois, le dernier en date étant Dublin III (le règlement Dublin III s’applique à l’ensemble des pays de l’UE plus quatre autres pays, Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein, soit un total de 32 pays). Le principe est simple, son application l’est beaucoup moins : il ne saurait y avoir qu’un seul examen d’une demande d’asile dans toute l’Union européenne (UE) et le pays responsable de cet examen est celui qui a laissé entrer la personne souhaitant demander l’asile.

Une crise migratoire en Europe ?

En été 2015, les images de milliers de personnes en quête de protection débarquant sur les îles grecques et remontant le long des voies de chemins de fer des Balkans font le tour du monde. Responsables politiques et médias décrètent une « crise des réfugiés ». L’Allemagne suspend l’application du règlement Dublin et plus d’un million de personnes accèdent à la procédure d’asile en Allemagne. La question migratoire devient une des principales priorités de la Commission européenne. En réalité, toutes les études contestent la réalité d’une crise migratoire en Europe, elle n’est ni massive, ni majoritairement clandestine comme le rappelle depuis plus de 10 ans François Héran, ancien directeur de l’Institut national des études démographiques et actuellement Professeur au Collège de France où il occupe la chaire Migrations et sociétés. En 2017, selon les données d’Eurostat, 650 000 demandes d’asile ont été déposées dans les pays de l’UE, marquant à une baisse de 43 % par rapport à l’année précédente. Les deux tiers des demandes d’asile se répartissent entre l’Allemagne, l’Italie et la France. Pour la même année, 120 000 demandes d’asile ont été enregistrées en France, environ 100 000 relevant de la procédure normale auprès de l’OFPRA et 20 000 relevant du règlement Dublin. En prenant en compte les « dublinés » requalifiés, les recours auprès de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), la France a accordé la protection à 32 000 personnes. Pour rappel, en 1979, la France accueillait plus de 120 000 réfugiés vietnamiens et cambodgiens.

La question migratoire fait partie du débat politique. En septembre 2018, Mediapart interrogeait six partis ou mouvements politiques classés à gauche sur l’immigration. Tous réfutaient l’idée d’une crise migratoire mais mettaient l’accent sur une crise de l’accueil. Mais la question de l’immigration ne fait pas consensus. Deux clivages politiques apparaissent à la veille des élections européennes. Le premier clivage est européen, marqué par le positionnement des partis européistes qui, s’ils peuvent se montrer critiques sur les orientations actuelles, n’envisagent toute inflexion des politiques migratoires que par des actions au sein des institutions de l’UE, et ceux qui ne le sont pas comme la France insoumise ou le NPA. Ce clivage affecte tout autant l’attitude des pays européens sur la politique de l’accueil (quotas de répartition des réfugiés) que l’adoption en décembre 2018 du Pacte de Marrakech pour lequel la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et l’Autriche s’associaient à la décision de retrait des États-Unis, d’Israël et de l’Australie. Le second clivage est d’ordre idéologique autour des questions fondamentales que sont la libre circulation des personnes, la liberté d’installation et le contrôle aux frontières. La France insoumise refuse pour sa part de considérer l’augmentation des migrations comme une fatalité et d’accepter que l’on ne peut rien faire face aux ravages de la mondialisation capitaliste qui pousse à l’exil des centaines de milliers de personnes confrontées à la misère économique. Le fait de s’interroger sur les sources des flux migratoires et leurs causes n’est nullement antinomique avec la volonté de mettre en place une politique d’accueil des migrants qui soit digne. Par ailleurs, l’idée que la main-d’œuvre puisse peser sur la masse salariale n’a guère de sens avec un chômage de masse qui atteint en France 9 millions de personnes et un solde migratoire qui est au maximum de 100 000 personnes. Il n’en demeure pas moins que la disponibilité sur le marché du travail de travailleurs sans droits et sans statuts peut conduire à leur instrumentalisation par le patronat, ce qui pose de manière récurrente la question de la régularisation des travailleurs sans papiers et plus globalement l’application de la directive européenne des travailleurs détachés qui génère la dégradation des droits sociaux.

Une politique de l’accueil indigne

La politique de l’accueil indigne (Règlement Dublin, missions de l’agence Frontex, externalisation du contrôle des migrants) est révélatrice d’une crise politique profonde et institutionnelle de l’UE. L’une des conséquences les plus directes de l’externalisation de la gestion migratoire par une coopération étroite avec la Turquie ou la Libye, conduit à une prise de risque accrue par les personnes sur les routes migratoires, et donc au nombre de personnes mortes ou disparues très important en Méditerranée ou dans le désert du Sahara.

Arrivées en France, plus d’un tiers des personnes demandant l’asile se retrouvent sous la procédure Dublin. A partir de 2016, sous la présidence de François Hollande, confirmée et amplifiée par la dernière loi Asile et immigration, il y a une volonté d’appliquer beaucoup plus fermement le règlement Dublin. Diverses stratégies sont mises en œuvre par les services de l’État : assignation à résidence, spécialisation des dispositifs d’hébergement, recours à l’enfermement administratif, déclaration de « fuite » prolongeant la procédure, interruption de l’hébergement et des aides financières.

Le règlement Dublin devient une machine infernale, dénoncé par le Défenseur des droits qui appelle le gouvernement à changer de cap. Quittant ses fonctions, l’ancien directeur de l’OFPRA, libéré de son obligation de réserve, parle de « complète faillite du système de Dublin » et dénonce la responsabilité de technocrates qui s’entête à maintenir un système qui génère des effets terribles pour les personnes concernées. La faillite du système est triple : (i) les moyens mis en œuvre par les États membres sont très importants pour une « efficacité » (au sens de l’objectif recherché) très limitée (en 2017, le nombre d’expulsion dans les 32 pays est très faible de 14 %), (ii) les États situés aux frontières extérieures de l’UE (Grèce, Bulgarie, Italie, Espagne) sont soumis à de fortes pressions, ceci en contradiction avec le principe de solidarité européenne, (iii) le système mène à la violation quasi systématique des droits des personnes en besoin de protection.

En 2016, la Commission européenne lançait la réforme du régime d’asile européen. Trois ans plus tard, cette réforme est toujours dans l’impasse. Les seules pistes avancées par la Commission est de limiter encore plus les droits des personnes demandant asile en Europe. La seule avancée a été la prise de position du Parlement européen en 2017 pour un système prenant en compte, en partie, les préférences des demandeurs d’asile. Mais aujourd’hui le règlement Dublin conduit à un acharnement administratif pour contrôler, enfermer, précariser les personnes « dublinées » et il semble que l‘objectif principal de l’UE est de dissuader à n’importe quel prix les personnes à accéder à une forme de protection et à leurs droits.

Les réformes attendues pour la refonte du règlement Dublin qui ne soit pas la machine infernale actuelle, passent par des conditions matérielles d’accueil dignes et similaires sur l’ensemble des États et par un mécanisme garantissant aux demandeurs d’asile les mêmes chances d’obtenir une protection quelque soit les pays. L’UE doit abandonner ses politiques d’externalisation, d’enfermement et de tri aux frontières. Le système d’accueil doit prendre en considération le choix des personnes qui demandent l’asile. En attendant un tel système , une solution pragmatique existe : la France comme les autres États européens peuvent faire usage de la clause de souveraineté (article 17 du règlement Dublin) afin de permettre aux personnes souhaitant demander l’asile de le faire sur leur territoire.

Références

La Cimade (2019). Rapport d’observation. Règlement Dublin. La machine infernale de l’asile européen.

François Héran (2004) Cinq idées sur l’immigration. Populations & Sociétés, n°397

François Héran (2018) L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes. Populations & Sociétés, n°558.

Mediapart (2018) Immigration : six partis de gauche répondent à nos quinze questions, 21 septembre 2018

Nations Unies (2018) Conférence intergouvernementale chargée d’adopter le Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières. Marrakech, 10 et 11 décembre 218

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Au sujet du Premier Mai

par ReSPUBLICA

 

Voir la chronique du précédent numéro : http://www.gaucherepublicaine.org/chronique-devariste/un-1er-mai-combatif/7405569

Lettre d’Annie Ascari Rame

Cher Evariste, je lis souvent avec attention et plaisir vos articles. J’avoue que la lecture de ce « Premier Mai combatif » m’a rendue perplexe. Je n’étais pas à Paris mais dans une très petite préfecture, et j’ai manifesté comme d’hab depuis des années contre la destruction de notre « modèle social » (les guillemets parce que je ne suis pas dupe du fait que la destruction de ce que des travailleurs ont conquis dans le sang et les larmes depuis le XIXe siècle, cette destruction est entamée depuis des décennies, certes). Il n’empêche que j’ai regardé de nombreuses vidéos, je me suis (comme d’hab) renseignée sur ce qui s’est passé, et pas sur BFMTV (sauf que regarder de temps en temps de brefs extraits des mainstream c’est bon pour l’adrénaline.) Je n’ai pas vu exactement la même chose que vous qui étiez, je pense, dans le cortège parisien.

Je trouve regrettable que vous fassiez des distinctions entre les différentes catégories de manifestants, première chose, cette distinction est difficile à faire parce que beaucoup de manifestants ne montrent pas forcément leur appartenance et les jeunes, je ne sais pas trop ce que c’est à quel moment ça commence  (et finit) et si c’est vraiment une catégorie sociale. Perso, et je ne suis pas la seule, je ne proclame pas mon appartenance dans les manifs, et je navigue d’une banderole à l’autre si elles disent des trucs qui me plaisent.

Deuxième perplexité (une sorte de reproche finalement), c’est votre attaque (soft, sans doute) des syndicats. Je trouve que c’est dangereux et contre-productif, ça me plonge dans le malaise. Depuis le début, j’ai un gilet jaune dans ma voiture parce que toute lutte sociale me semble importante, je ne le porte pas, y compris dans la grande manif gilets jaunes que j’ai faite, pour diverses raisons, en particulier parce que je ne vais pas sur les ronds points. Je suis depuis peu à la CGT (je suis une ex FSU déçue), par sympathie pour les luttes passées que trop de gens ont tendance à oublier et que la CGT a menées courageusement avec SUD et FO malgré leurs divergences. J’admire les Gilets Jaunes, mais je regrette toutefois leur refus catégorique des partis ou groupements politiques. Ils manifestent tous les samedis, bravo !  Qu’ils n’oublient pas qu’avant eux, il y a eu des gens dans la rue qui s’en sont pris plein la figure en se battant, par exemple, contre la loi El Khomeri (loi travail scélérate), en se battant pour les services publics et la SNCF, en essayant de promouvoir un programme d’émancipation avec la France Insoumise. Regardez les vidéos et les photos de 2016… Ce que demandent les gilets jaunes ne tombe pas du ciel… Sans organisation et programme défini, ils pourront manifester jusqu’à la fin des temps, tous les samedis, très courageusement, en face d’une police de plus en plus violente, ça transforme les mentalités en France, sans doute, mais quoi ? Ils n’ont pas inventé leurs revendications, ils ne sont pas les premiers et sont injustes (et naïfs) quand ils fustigent les syndicats et tous les partis politiques. Certains tombent du ciel et découvrent le monde politique, d’autres se battent depuis toujours…  Parmi mes connaissances, certains sont gilets jaunes depuis le début et continuent de le porter, et pourtant appartiennent à des syndicats. L’une d’elle m’a dit que c’était justement pour infléchir l’ignorance politique de certains de ses copains de ronds points qu’elle s’y rendait sans relâche.

Bravo les gilets jaunes… Bravo aussi tous les invisibles syndiqués et syndicalistes, dont certains ont fait de la prison, ont perdu leur emploi, ont eu des tas d’ennuis bien avant les GJ et ont réfléchi, travaillé sans relâche pour élaborer des pensées « politiques » qui ont préparé les revendications et les slogans des GJ. Sans tous ces gens qui ont œuvré avant, les GJ n’existeraient pas, certains d’entre eux le savent très bien, parce qu’ils sont syndiqués et politisés (et ne la ramènent pas là-dessus), d’autres – et j’en ai rencontré – pensent qu’ils sont les premiers à se battre (avec panache, je le répète) et se laissent aller à donner des leçons aux autres, alors que certains parmi eux affirment avoir voté pour le petit apprenti dictateur. Je suis gênée que Respublica aille un peu dans ce sens.

Votre admiration des Black blocs est un peu surprenante : que font-ils quand ils ne font pas leur charge dans les manifs depuis 20 ans ? Sont-ce toujours les mêmes ? S’ils pensent qu’il faut une révolution violente, pourquoi ne la font-ils pas ? Et l’après-manif ? Bref, ils me fascinent, mais cette fascination est plus romantique que porteuse d’émancipation. Ce que je trouve bizarre, c’est qu’aucun ne soit jamais arrêté en amont, alors que de pauvres manifestants de base se retrouvent en garde à vue ou pire. Que fait la police ? Incapable de repérer les lieux d’organisation de cette formation. Ne trouvez-vous pas que c’est bizarre ? N’est-ce pas, malgré la sincérité de certains de ces BB, inespéré pour le gouvernement ?

Il n’est jamais bon de trop fustiger les syndicats, même s’ils font des erreurs, de n’en fustiger que quelques-uns (Sud n’est pas toujours magnifique non plus, soyons justes, d’après deux de mes copains sudistes), ce n’est pas un signe favorable, je pense que si la gauche se met à mépriser les syndicats, quelles que soient les erreurs de ceux-ci, Macron et les grands capitalistes néo libéraux ne pourront que se frotter les mains ; et affirmer avec Warren Buffet que la lutte des classes, ils l’ont gagnée (définitivement ?)

Réponse d’Evariste

Tout d’abord, merci de votre fidélité et de votre courrier qui, par sa précision, exige une réponse tout aussi claire, du moins nous l’espérons.

Venons-en à la couverture de la manifestation du 1er mai  par notre journal en ligne. Précisons, si cela est nécessaire, que le rédacteur se trouvait bien dans le cortège. Son article a ensuite circulé dans notre rédaction, et d’autres de ses membres, également présents à la manifestation, ont corroboré l’essentiel du texte, en y ajoutant quelques éléments en particulier sur l’épisode de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Vous nous adressez trois reproches principaux : tout d’abord notre critique à l’encontre de la CGT, puis une caractérisation que vous estimez confuse des manifestants que nous nommons « jeunes », et enfin  une certaine forme de complaisance par rapport à ce qu’on appelle par facilité le « Black Bloc ».

Sur le premier point, si nous critiquons l’attitude de Martinez, loin de nous l’idée de dénoncer « la CGT » ou « la FSU » par exemple. C’est parce que nous savons,  comme vous d’ailleurs, l’importance et le caractère indispensable du mouvement syndical, que nous nous désolons lorsque un dirigeant ne se montre pas « à la hauteur ». Or, vers 13h 45 le 1er  mai au carrefour Vavin, dans un contexte de violence  policière effectivement inouïe, que l’organisateur du cortège le quitte et fasse « remballer » les dispositifs syndicaux ( la totalité pour la FSU et une bonne partie pour la CGT), était parfaitement irresponsable. Dans cette atmosphère de répression brutale digne des 1er-Mai des années 1930, qu’allait-il se passer pour les dizaines de milliers de manifestants ainsi désorientés et sans encadrement ? Il se trouve que la multitude ainsi rassemblée  a fait preuve d’un grand courage et de responsabilité et que la manifestation a pu, dans la douleur et au prix de nombreux blessés, aller jusqu’à son terme. Mais cela Martinez ne le savait pas à 13h 45… C’est justement parce que la tension était à son comble et que tout pouvait arriver, y compris le pire, qu’il fallait « tenir » la manifestation, comme l’a fait d’ailleurs spontanément la foule anonyme.

Nous émettions aussi une autre critique envers la direction CGT dans la conclusion de cet l’article en lui prédisant un congrès difficile dans les jours prochains. Nous assumons cette position. Car tout de même, nous sommes depuis cinq mois dans l’un des plus importants  mouvements social que la France ait connu. Or, la direction CGT n’y comprend rien, ni avant ni pendant le mouvement des Gilets jaunes et leurs actions sur les ronds points ou lors des 25 « actes » du samedi. Fausse analyse d’un mouvement soi-disant manipulé par l’extrême-droite, refus de participation aux manifestations du samedi, aucun appel à une grève générale contre la répression (par exemple, le 13 mai 68, la CGT avait participé à ce jour de grève contre la répression au Quartier latin ). Et lorsque enfin au bout de cinq mois,  la CGT décide de faire cortège commun avec les Gilets jaunes lors de l’acte 24, le 27 avril dernier, le cortège syndical présent à Paris regroupe moins de… 500 personnes !  Le constat est clair : aucune solidarité concrète avec le mouvement des Gilets jaunes. Aujourd’hui, Martinez découvre la répression policière alors que le mouvement la subit depuis novembre. Il ne s’agit pas d’un égarement mais bien d’une faute politique. Espérons que son congrès, s’il n’est pas verrouillé, permettra de rectifier cette ligne erronée.

Votre deuxième critique, portant sur le flou du terme « jeunes » pour caractériser une part importante du cortège du 1er Mai, est fondée pour l’essentiel. En fait, le rédacteur de l’article a eu des difficultés pour décrire et même pour comprendre qui avait participé à cette manifestation et pourquoi. Qui a permis de faire de cette fête du travail la plus importante mobilisation depuis 2002 ? Sans banderoles, sans autocollants, sans drapeaux, une masse humaine, dans la vingtaine ou la trentaine, était là et refusait de se disperser malgré la violence policière. Hormis l’âge, quel point commun réunissait ces jeunes ? Difficile à savoir objectivement, mais incontestablement cette réalité a permis à cet événement de se « tenir ».

Votre dernière critique a pour sujet l’éventuelle complaisance dont nous ferions preuve vis-à-vis du Black bloc. Précisons tout d’abord que Respublica est en divergence politique avec ce courant hétérogène mais néanmoins relativement cohérent. Cette cohérence est donnée par une hégémonie des néo situationnistes autour du « comité invisible ». Or, ce courant refuse toute forme d’institution politique et se bat de manière assumée  pour une « destitution générale » et permanente. Le principe de l’institution d’une République sociale est donc totalement contradictoire avec l’idéologie de ce courant de pensée et d’action. Mais cette divergence fondamentale ne doit pas nous voiler les yeux et nous empêcher d’essayer de répondre à cette question pourtant  évidente : comment expliquer la proximité et même la  sympathie entre Black bloc et Gilets jaunes, au point par exemple que ces derniers  adoptent pratiquement tous les slogan des premiers ? Un élément de réponse repose certainement l’insuffisance du soutien politique aux Gilets jaunes lors des 25 « actes » des samedis. Par sa répression, le pouvoir a imposé la violence comme élément central de la confrontation sociale. Le niveau et l’intensité de la violence sont imposés de l’extérieur du mouvement, avec son cortège de blessés et de mutilés. Le Black bloc était avec eux dans ce combat physique, tout simplement. Les mouvements politiques de gauche, les associations et même les syndicats n’y étaient pas… tout simplement ! L’absence de complaisance ne nous empêche  pas de constater que le Black bloc a permis l’expulsion des éléments d’extrême-droite des cortèges des Gilets jaunes, en particulier à Paris et à Lyon. Cette action politique positive qui a évité la confusion à ce mouvement  social est à mettre au crédit du Black bloc par souci d’honnêteté intellectuelle.

 

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"Her job" et "Dieu existe, son nom est Petrunya"

par Jean-Jacques Mitterrand

 

« Her job »

Athènes de nos jours, dans cette Grèce soumise au diktat économique de l’Europe. C’est l’histoire d’une famille que nous découvrons; la femme au foyer, l’homme au chômage avec de petits jobs et des enfants en dérive dans cet univers qui se fissure. La femme tout en retrait dans le couple est passée de la demeure familiale au domicile conjugal, passant ainsi d’une domination à l’autre. La tension dans le couple devient plus vive lorsque Panayiota décide de travailler. C’est elle et non plus l’homme qui va faire vivre le foyer. Cette hésitation à prendre en main son destin, fruit incontestablement social, Nikos Labôt le réalisateur va, avec une grande retenue, nous la faire vivre dans les moindres détails. Dans une Grèce livrée à l’ultra libéralisme économique où les individus sont mis en concurrence, naissent de douloureuses confrontations faites de désespoir. La compréhension de l’autre, l’aide, la solidarité seront comme des fleurs fragiles sortant de dessous les pavés.

C’est la force de ce film et de son équipe de nous faire vivre cette entraide, cette dignité et principalement Marisha Triantafyllidou personnage sensible, fragile mais combien déterminée. Citons pour son personnage d’insoumise Maria Filini et pour son rôle d’Homme Dimitris Imellos.

Un film où toute la réflexion politique passe dans ce rapport entre les humains… ce rapport avec lequel viennent de renouer en France, celles et ceux des ronds-points.
J.J. M.

Her job, réalisateur : Nikos Labôt, avec Marisha Triantafyllidou, Dimitris Imellos, Maria Filini (Grèce – 2019 – 1h30 –VO) distributeur Jour2Fête.

« Dieu existe, son nom est Petrunya »

Ce film a fait partie de la sélection officielle de la Berlinale 2019 et a été primé . Tout part de ce que nous pourrions appeler un « fait divers », d’ailleurs inspiré d’une histoire réelle. A Stip, petite ville de Macédoine, tous les ans au mois de janvier, le prêtre de la paroisse lance une croix de bois dans la rivière et des centaines d’hommes plongent pour l’attraper . Bonheur et prospérité sont assurés à celui qui y parvient. Ce jour-là, Petrunya se jette à l’eau sur un coup de tête et s’empare de la croix avant tout le monde . Elle est la première femme à le faire et c’est le scandale . Tout le monde se ligue contre elle : la police, l’église, sa famille, son village

Ce film présente plusieurs aspects très intéressants :

  •  tout d’abord, la description actuelle de ce petit village macédonien qui essaie de s’adapter aux technologies nouvelles mais garde comme bases sociétales celles du Moyen-Age en terme de croyances et vieilles coutumes . Petrunya, jeune femme courageuse, se défend contre cette société patriarcale et rétrograde .
  • mais surtout ces croyances érigées en règle par le clergé dépassent les obligations légales même en matière de police et les compromis tentés par les policiers eux-mêmes pour ne pas s’attirer les foudres du prêtre et des villageois endoctrinés réussissent presque à l’emporter face au comportement pourtant rationnel et à la calme pugnacité de la jeune femme .
  • l’utilisation des vieilles croyances parle patriarcat pour maintenir sa domination apparaît clairement, tant envers Petrunya que la journaliste qui couvre l’évènement (et qui se fait licencier lorsqu’elle refuse d’arrêter son reportage sur ordre de son patron ;
  • enfin, et c’est sans doute le plus important pour nous, la situation d’extrême pauvreté (chômage, précarité même pour les diplômés) est sans doute la cause première de l’emprise du clergé sur les lois républicaines .

En conclusion, on peut dire que c’est un film de combat et de colère, même si son côté féministe est d’abord le plus visible. C’est aussi un film bourré d’humour et un véritable pied de nez au patriarcat et à la toute-puissance de l’Eglise.

C.G.

Dieu existe, son nom est Petrunya – film macédonien et 5e film de Teona Strugar Mitevska – 2019. Avec Zorica Nusheva et Labina Mitevska.

 



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