Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
A la une
Rubriques :
  • A la une
  • Chronique d'Evariste
  • lettre 919

Public-privé : UNIS POUR GAGNER !

par Évariste

 

« Le gouvernement n’entend pas le mouvement social, joue le pourrissement de la grève et réprime la contestation. Fidèle à son enfumage habituel, il ouvre un énième round de pseudo-concertations dans l’espoir de diviser les travailleurs entre eux et de briser le front syndical unitaire. Quant au président des ultra-riches, nous n’attendons rien de ses vœux, si ce n’est sa morgue et son arrogance habituelles. Dans cette situation et ce mépris de classe, le mouvement de grève et de lutte se poursuit pendant les vacances scolaires.» Intersyndicale 94, 31/12/2019.

 

Comme les camarades du 94, nous n’attendions rien de « l’apaisement » de Macron annoncé par certains médias. Le chargé de missions de la bourgeoisie financière reste droit dans ses bottes. Même les syndicats prêts à collaborer sont renvoyés à la gestion du poids des chaînes…

Le mouvement de grève et de lutte s’est poursuivi pendant les vacances scolaires. C’est un signe d’une rupture entre le peuple travailleur et l’idéologie la classe dominante. Pour autant, la semaine de rentrée va être décisive, les secteurs du transport (RATP/ SNCF) et de l’Éducation ne peuvent gagner seuls. La seule question qui se pose aujourd’hui est celle de généraliser la grève, les blocages, les assemblées générales et piquets de grèves interprofessionnels et les caisses de solidarité aux grévistes.

NE NOUS REGARDEZ PAS,

REJOIGNEZ-NOUS !

Face au terrorisme
Rubriques :
  • Combat laïque
  • Face au terrorisme
  • Charlie Hebdo
  • lettre 919

Charlie Hebdo janvier 2015 : la guerre juste qui n'a pas eu lieu..

par Philippe Hervé

 

« Ils ont insulté le prophète, nous les avons tués au nom d’Al-Qaïda Yémen par la volonté d’Allah ! »

Contrairement à Coulibaly, le tueur de l’Hyper Casher et d’une policière municipale, qui se revendiqua de Daesh, les assassins de Charlie désignèrent Al-Qaïda pour la péninsule arabique comme responsable de la tuerie.

Le 7 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi, ont en effet tout dit en hurlant rue Nicolas Appert dans le 11e arrondissement de Paris après avoir exécuté leurs basses œuvres « d’escadron de la mort » islamiste contre la rédaction de Charlie Hebdo. Ils ont clairement revendiqué leurs crimes en désignant parfaitement les commanditaires.

Alors qu’est-ce que Al-Qaïda Yémen ? Faudra-t-il encore 5 ans, 10 ans, 20 ans ou un siècle pour vraiment dire les choses et enfin désigner les coupables de l’assassinat de la rédaction de l’hebdo libertaire ?

Parlons clairement : Al-Qaïda Yémen est une pure création des services spéciaux de l’Arabie saoudite ! Il y a un consensus mondial sur cette affirmation. Des dizaines d’universitaires à travers le monde ont méthodiquement disséqué les liens intimes de subordination entre cette organisation de terreur et le royaume arabique.

Plus récemment, la torture, l’assassinat, le démembrement et enfin la dissolution du corps dans l’acide du journaliste américano-saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, ont montré de quoi étaient capables ses assassins. Le sanguinaire « Al-Mukhabarat al-A’amah », le renseignement extérieur saoudien, est le bras armé de l’une des pires dictatures que la planète ait jamais portée. Elle est à l’origine de la création d’Al-Qaïda Yémen qu’elle a financé et dirige cette officine depuis toujours.

Mais voilà le drame : notre pays était et est encore l’allié stratégique de ce monstre : allié au Yémen dans une guerre atroce qui dure depuis près de cinq ans et qui a fait des dizaines de milliers de morts, civils pour la plupart, ou encore allié au Sahel où l’Arabie saoudite paye aujourd’hui les fins de mois de cette opération militaire intitulée « Barkhane ». La France vend des armes à cette dictature, la France est un pays entièrement ouvert aux capitaux saoudiens, ou qataris d’ailleurs, qui sont totalement exonérés d’impôts sur les plus-values. Le 8e arrondissement de Paris est quasiment en extra territorialité car vendu aux capitaux du Golfe et à l’Arabie saoudite en particulier.

Or, en ce fatal début 2015, le président Hollande était à mi-mandat et a progressivement remplacé le leadership du Qatar, allié privilégié sous Sarkozy, par les wahhabites saoudiens.  Bref, l’Arabie saoudite était le nouveau chouchou de la République française.

Les Saoudiens avaient pourtant prévenu par deux fois avant d’agir : en tant que gardiens des lieux saints de l’islam, ils ne pouvaient tolérer les caricatures du prophète. Les menaces étaient pourtant claires mais n’ont tout simplement pas été prises au pied de la lettre. Il n’est pas évident d’imaginer qu’un « allié stratégique » vous tire dans le dos ! Pour employer une litote, la sécurité des locaux de Charlie laissait à désirer : pas de protection particulière à l’entrée du 6 ou du 10 de la rue Nicolas Appert, pas de sas de sécurité, les quatre policiers de protection ont été remplacés par deux puis par un seul à l’intérieur des locaux, non coordination avec le commissariat du 11e arrondissement qui recevait les appels au secours des voisins sans savoir que l’immeuble abritait les locaux de Charlie, un comble !

Après le choc immense de l’attentat, le peuple français, et parisien en particulier, fut totalement mobilisé et déferla dans les rues par centaines de milliers, par millions. La défense de la République et de ses valeurs laïques étaient à l’ordre du jour. Le peuple français était prêt à affronter ces ennemis irréductibles.

Mais Hollande et le gouvernement Valls ne désignèrent pas le commanditaire véritable. Certains moments historiques demandent du courage et de rompre avec des collusions immorales. Visiblement, nos dirigeants n’étaient pas de cette trempe. Les autorités françaises ont « noyé le poisson »  et se contentèrent de proclamer de manière martiale la guerre « contre le terrorisme », terme vague, illusoire et qui n’engage à  rien. Les frères Kouachi, cellule dormante soudainement envoyée en mission punitive par le wahhabisme politique, furent qualifiés d’individus perturbés dès l’enfance, bref des caractériels en mal de reconnaissance médiatique. Le psychologisme avait bon dos et mettait dans l’ombre l’acte politique criminel d’un État étranger.

Ce manque de détermination de nos dirigeants fut un désastre politique et qui en préparait un autre encore plus sanglant quelques mois plus tard, à quelques centaines de mètres de la rue Nicolas Appert, c’est-à-dire au Bataclan, boulevard Voltaire.

En ce triste anniversaire, espérons par décence que Mohammed ben Salmane, dit MBS et leader de l’Arabie saoudite, que la presse française encense comme grand féministe car il autorise les femmes à conduire une automobile, nous dispense de toutes condoléances.

Protection sociale
Rubriques :
  • Débats
  • Protection sociale
  • Ambroise Croizat
  • lettre 919
  • Retraites
  • Sécurité sociale

Croizat, « ministre des travailleurs », ne peut être apparenté à la destruction de nos retraites !

par Franck Boissier

 

Rongé par la maladie, Ambroise Croizat déclare en 1950 ces quelques mots à l’Assemblée nationale au sujet de la Sécurité sociale : « Jamais nous ne tolérerons que soit mis en péril un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès ».

Confronté depuis le 5 décembre à une des plus grande mobilisation sociale de ces 50 dernières années, le gouvernement Macron-Philippe, bras armé du mouvement néolibéral, n’hésite plus à la récupération politique et à associer Croizat à la casse de notre système de retraite.

Ces derniers jours le sénateur LREM de Paris, Julien Bargeton à l’occasion d’un interview sur BFMTV et sur LCI, les 26 et 29 décembre 2019, a repris à son compte une citation d’Ambroise Croizat, « l’unité de la sécurité sociale est la condition de son efficacité ».

Il n’en fallait pas moins pour que les mots de ce sénateur fassent réagir bon nombre de militants engagés dans la défense de nos retraites et de cet idéal mise en oeuvre par le programme du Conseil national de la Résistance. C’est en ce sens que Pierre Caillaud-Croizat, petit-fils du « ministre des travailleurs » a pris la plume pour faire réponse au sénateur.

C’est cette dernière que nous vous proposons ci-dessous en lecture.

Monsieur,
Je viens de découvrir une publication dans laquelle vous apparaissez à côté d’une citation d’Ambroise Croizat. On m’a indiqué également que vous aviez cité Croizat lors d’une intervention sur le média BFM.

Que vous fassiez référence à Croizat est une démarche qui vous appartient, mais que vous cherchiez à l’utiliser pour donner du crédit à vos turpitudes de démantèlement du système qu’il a mis en place, c’est une infâme imposture.

Dans vos publications, vous ne semblez guère goûter les conséquences générées par le mouvement social et vous stigmatisez les grévistes comme des extrémistes bornés.

Quand on se réfère à Croizat, on ne peut occulter son engagement viscéral pour la CGT et le parti communiste. Il a consacré sa vie et toute son énergie à ces organisations pour la défense des plus démunis, pour plus de justice et d’égalité dans les rapports sociaux. Le projet de réforme des retraites que vous portez est la déconstruction du système de retraite par répartition basé sur la solidarité nationale et intergénérationelle. C’est une opération de nivellement des retraites par le bas et l’ouverture du système à la retraite par capitalisation.

Une originalité du système Croizat, c’était justement de mettre les cotisations à l’abri des appétits de la finance en général et de l’assurance privée en particulier.

Votre postulat qui consiste à faire sauter ces verrous ne vous permet pas de vous revendiquer de l’héritage de Croizat.

Lui n’a jamais pris le parti des privilégiés et des assurances privées. Votre culot n’a d’égal que votre duplicité.

Je considère que votre usurpation est une insulte à la mémoire de mon grand-père et je vous fais part très fermement de mon indignation.

Quant à la prétendue citation de Croizat à laquelle vous faites référence, je ne la connaissais pas sous cette forme. C’est à vérifier, mais il me semble que Croizat n’avait pas utilisé le terme unité mais unicité. (1)F. Boissier : L’unicité fait partie des quatre grands principes de la protection sociale, fondements même de l’identité sociale française :
– L’Unicité : tous « les risques sociaux » (maladie, maternité, vieillesse, accidents du travail…) sont regroupés dans une seule caisse.
– La Solidarité : un système de répartition entre actifs et non actifs, financé par les richesses créées dans l’entreprise, est la pierre angulaire de l’édifice.
– L’Universalité, sous tendue par l’idée de soigner toute la population et de suivre « dans sa santé, l’individu de sa naissance à son décès ».
– La Démocratie, c’est-à-dire la volonté de confier la gestion de l’institution aux bénéficiaires eux-mêmes.

Ce détail sémantique dont vous ne vous embarrassez pas ne fait que confirmer votre forfaiture.

Pierre Caillaud-Croizat, petit-fils d’Ambroise Croizat.

Pour aller plus loin sur la même thématique de l’histoire de notre système de protection sociale nous vous proposons d’écouter le dernier podcast du Réseau Education Populaire que vous retrouverez sur la plateforme https://podcast.ausha.co/reseau-education-populaire.

Notes de bas de page   [ + ]

1. F. Boissier : L’unicité fait partie des quatre grands principes de la protection sociale, fondements même de l’identité sociale française :
– L’Unicité : tous « les risques sociaux » (maladie, maternité, vieillesse, accidents du travail…) sont regroupés dans une seule caisse.
– La Solidarité : un système de répartition entre actifs et non actifs, financé par les richesses créées dans l’entreprise, est la pierre angulaire de l’édifice.
– L’Universalité, sous tendue par l’idée de soigner toute la population et de suivre « dans sa santé, l’individu de sa naissance à son décès ».
– La Démocratie, c’est-à-dire la volonté de confier la gestion de l’institution aux bénéficiaires eux-mêmes.
Bonnes feuilles
Rubriques :
  • Bonnes feuilles
  • lettre 919

« Je hais le nouvel an » par Antonio Gramsci

par Antonio Gramsci

 

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire ; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

(Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.rciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

Antonio Gramsci, article du 1er janvier 1916 publié dans l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole », traduit par Olivier Favier.



Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org