Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • A la une
  • Chronique d'Evariste
  • lettre 920

Nos priorités politiques pour 2020

par Évariste

 

De nombreux soulèvements sociaux ont eu lieu en 2019 : les gilets jaunes en France, le Hirak en Algérie, les mobilisations massives à Hong-Kong, à Porto-Rico, en Catalogne, la grève de General Motors, la plus longue depuis 50 ans aux États-Unis, en Équateur, au Chili, en Haïti, au Liban, en Irak, en Iran, en Éthiopie, en Bolivie contre le coup d’État réactionnaire, et de forts mouvements de grève et de manifestations de masse en Colombie, en Inde où de fortes manifestations universalistes s’opposent à la modification raciste de la loi sur la nationalité du gouvernement Modi interdisant la nationalité indienne aux musulmans en provenance de trois pays, etc. Et en France, le mouvement climatique, l’incroyable mouvement hospitalier, le mouvement social des Chronopost employés sans papiers et le début de leurs régularisations, le déclenchement des grèves le 5 décembre pour le retrait du projet gouvernemental sur les retraites qui continue en ce début janvier 2020.

Bien évidemment, tout n’est pas équivalent sur le plan de l’analyse de classes notamment par les couches sociales en mouvement, par les objectifs poursuivis et par la nature de classe de leur projet politique. Et donc, tout cela ne peut pas converger de façon naturelle. Des conditions indispensables à la transformation sociale et politique ne sont pas encore réunies à cette heure.

Mais tous ces mouvements sociaux ont une influence importante sur les agendas des oligarchies capitalistes en freinant l’intensification des politiques néolibérales indispensables à la survie du capitalisme. D’autant que la crise du capitalisme lui-même relance les affrontements inter-impérialistes mondiaux et les systèmes d’alliances des oligarchies capitalistes avec tous les communautarismes, tous les racialismes, tous les identitaristes. On voit bien le chemin qui reste à parcourir dans notre propre camp quand on s’aperçoit que des fractions de la gauche dite radicale se perdent dans des actions ouvertement initiées par des communautaristes identitaires et racialistes (comme le 10 novembre 2019) tout en critiquant d’autres communautarismes. Nous disons, quant à nous, oui à la laïcité, oui à l’anti-racisme radical mais non à tous les communautarismes sans exception !  D’autant que le développement actuel de tous les communautarismes sans exception n’est que le produit des difficultés internes du capitalisme lui-même(1)La crise du profit capitaliste a entraîné les dirigeants du capitalisme à développer des politiques néolibérales pour augmenter leurs profits via la spéculation financière internationale, via la privatisation des profits et la socialisation des pertes dans les services publics, l’école, la protection sociale et via les politiques d’abaissement des salaires directs et socialisés. Pour mener cette politique, l’alliance avec les forces réactionnaires communautaristes, racialistes, identitaires leur est indispensable pour remplacer la destruction des services publics et de la protection sociale.! Par ailleurs, l’intensification des conflits inter-impérialistes se développe également avec une tendance forte à la privatisation des fonctions publiques en général(2)La fonction publique n’est plus nécessaire dès que satisfaire une volonté générale n’est plus nécessaire., et des forces armées, en particulier sur tout le globe.

Tout cela entraîne les oligarchies mondiales en général et françaises en particulier à durcir le niveau de répression, à transformer petit à petit la démocratie en démocrature, à renforcer leurs alliances communautaristes, identitaires et racialistes en combattant la laïcité. À noter que chaque année qui passe augmente les subventions aux communautarismes ethniques et religieux au détriment des services publics et de la volonté générale.

Tout cela trouve son origine dans la crise du capitalisme lui-même. L’action des couches populaires et principalement de la classe populaire ouvrière et employée et des parties les plus conscientes des couches moyennes intermédiaires devient centrale dès que ces derniers refusent d’être, par leur nombre, la variable d’ajustement de l’intensification des politiques néolibérales. Et c’est à ce moment-là que l’on s’aperçoit que tous les mouvements sociaux ne peuvent pas converger naturellement puisque les uns font mine de croire que l’on peut humaniser le capitalisme et que d’autres pensent qu’il est possible de créer un paradis à côté du capitalisme ou en son sein ou encore que d’autres pensent aboutir à leurs fins sans la globalisation des combats et que beaucoup pensent qu’il est inutile de penser et d’agir sur les conditions indispensables à la transformation sociale et politique puisqu’il suffit pour eux d’attendre… Godot et la naturelle coagulation sociale et politique qui n’arrive jamais si on ne l’aide pas un peu… Comme ceux qui pensent qu’il n’y a pas de lien entre la volonté du gouvernement macronien de parvenir à sa réforme sur les retraites et la dynamique de la politique économique et sociale de l’Union européenne !

Voilà pourquoi nous devons intensifier notre stratégie des trois champs autonomes : le champ de l’éducation populaire refondée pour mener les campagnes pour une nouvelle hégémonie culturelle sans laquelle aucune transformation n’est possible, celui du syndicalisme et celui du champ partisan. Ces trois champs autonomes des uns et des autres doivent se développer de façon concomitante.

Le premier (le champ de l’éducation populaire refondée) en se libérant des déviances des directions des organisations naguère d’éducation populaire et en refusant d’être les supplétifs des politiques néolibérales et en reprenant comme définition de l’éducation populaire refondée comme étant une activité culturelle visant à la transformation sociale et politique aux fins que tout citoyen et tout salarié devienne acteur et auteur de sa propre vie.

Le deuxième champ (le champ du syndicalisme) en se libérant de sa bureaucratisation et de son intégration dans une cogestion dans le système lui-même que l’on déclare vouloir combattre(3)Par exemple, on ne peut pas dire en même temps, comme le syndicat FO : « il faut lutter contre l’épargne retraite et la capitalisation » et gérer la Préfon, qui est un instrument de capitalisation.. On ne négocie pas sans avoir d’abord créé le rapport des forces dans l’action de masse.

Le troisième champ (celui des organisations politiques) en se libérant de la dictature de la tactique à court terme et en radicalisant la stratégie de la double besogne à savoir des revendications immédiates intégrées dans une perspective de temps long dans un modèle politique alternatif au capitalisme lui-même, le tout en développant les liens sociaux et politiques avec les acteurs mobilisés.

Voilà pourquoi nous devons intensifier la cohérence de notre ligne politique avec les principes constitutifs de la République sociale (liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité, démocratie, universalité, droit à la sûreté, souveraineté populaire, développement écologique et social), ses exigences indispensables et la stratégie de l’évolution révolutionnaire(4)Tous ces concepts sont expliqués dans le livre Penser la République sociale pour le 21ème siècle, disponible dans la librairie militante. Par exemple, on expliquera pourquoi  seules l’universalité et la laïcité permettent la coexistence pacifique et humaniste des cultures..

C’est ainsi que l’on pourra sortir de la crise des directions des organisations et revenir à une stratégie gagnante.

Notes de bas de page   [ + ]

1. La crise du profit capitaliste a entraîné les dirigeants du capitalisme à développer des politiques néolibérales pour augmenter leurs profits via la spéculation financière internationale, via la privatisation des profits et la socialisation des pertes dans les services publics, l’école, la protection sociale et via les politiques d’abaissement des salaires directs et socialisés. Pour mener cette politique, l’alliance avec les forces réactionnaires communautaristes, racialistes, identitaires leur est indispensable pour remplacer la destruction des services publics et de la protection sociale.
2. La fonction publique n’est plus nécessaire dès que satisfaire une volonté générale n’est plus nécessaire.
3. Par exemple, on ne peut pas dire en même temps, comme le syndicat FO : « il faut lutter contre l’épargne retraite et la capitalisation » et gérer la Préfon, qui est un instrument de capitalisation.
4. Tous ces concepts sont expliqués dans le livre Penser la République sociale pour le 21ème siècle, disponible dans la librairie militante. Par exemple, on expliquera pourquoi  seules l’universalité et la laïcité permettent la coexistence pacifique et humaniste des cultures.
Service Public
Rubriques :
  • Combat social
  • ReSPUBLICA
  • Service Public
  • lettre 920

Pour 2020, mobilisons-nous pour nos retraites ! Exigeons le retrait du projet de loi !

Appel de la Convergence Nationale des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics

par Collectif

 

Combattre pour nos retraites dans le privé comme dans le public, c’est combattre aussi pour que nos enfants et nos petits-enfants aient droit à une retraite décente. Au contraire de ceux qui prônent cette réforme parce qu’ils ont le nez fixé sur des déficits qu’ils créent de toutes pièces, notre lutte est totalement intergénérationnelle.

Nous sommes devant le même combat qu’ont mené et gagné dans des conditions autrement plus dures et dramatiques, nos parents et nos grands-parents.

L’attaque contre nos régimes de retraites est une attaque des milieux financiers de notre système de solidarité basé sur la répartition et la redistribution. Le gouvernement déroule le tapis rouge aux fonds de pensions. La première étape a été franchie en privatisant la retraite des hauts cadres de plus de 10 000 € par mois. Cela coûtera à notre régime 4,7 milliards d’euros annuels tout en remportant bien plus aux multinationales des fonds de pensions. Le but du gouvernement est sa généralisation.

Le gouvernement s’en prend ainsi frontalement à notre modèle social issu du Conseil National de la Résistance.

La convergence nationale des services publics s’indigne de la campagne gouvernementale et de certains médias nationaux contre la protection sociale solidaire, contre les services publics.

Cette campagne stigmatise leurs salariés comme s’ils étaient des privilégiés alors que ce sont les 42 régimes qui seraient détruits, notamment ceux du privé (80 % des salariés). Or ces différents régimes sont le fruit des nécessités, des luttes et revendications liées à la réalité d’exercice des métiers. Cette diversité sert de prétexte à Macron pour diminuer les retraites de toutes et tous. Au nom de l’uniformisation Macron a déjà supprimé quatre des principales sources de pénibilité !

Cette réforme, sa « règle d’or », s’en prend dans l’immédiat aux retraitées et retraités actuels.

En 2019 comme en 2020, en violation de la loi, les pensions ne sont pas toutes revalorisées, même de l’inflation. D’ici 2025 ils veulent couper 15 milliards supplémentaires, voire plus.

Cette réforme vise les futurs retraitées et retraités de tous les régimes, les générations futures :

–  Travailler plus tard : quand bien même l’âge pivot de 64 ans, + 2 ans de surcote souvent indispensable, serait supprimé, il y a d’autres moyens d’obliger à travailler jusqu’à 66 ans, voire 70 ans (pensions trop faibles, cumul emploi-retraite…).

–   Baisser les pensions. Quelles que soient les promesses, L’État, via sa nouvelle « gouvernance innovante », aurait tout pouvoir pour  baisser les pensions à tout moment : lorsqu’on est actif on obtiendrait de moins en moins de points  pour un même salaire, puis une fois retraité le point serait peu revalorisé ou même  baissé.

–  Les nombreux dispositifs de solidarité de la Sécurité Sociale qui compensent les aléas de la vie (maladie, maternité, réversion, chômage…) devraient théoriquement disparaître : pas de travail, pas de point, c’est ça « l’équité ». Ils se transformeront en assistance « qui coûte un pognon de dingue » et seront donc rabotés sans fin, comme par exemple en Suède (plus aucune réversion). 

Cette réforme va amplifier, à la retraite, les inégalités salariales entre les femmes et les hommes

Cette réforme s’inscrit dans un projet ultra libéral de l’avenir.

.

C’est pourquoi la Convergence services publics :

  • Soutient les appels à la grève et appelle à participer aux manifestations unitaires des 9 et 11 janvier pour le retrait de cette réforme et à participer aux caisses de grève ;
  • Demande le retrait du projet gouvernemental ;
  • Exige conformément à son Manifeste, l’ouverture de négociations pour la reconquête des services publics et de de la protection sociale, afin de déterminer nos besoins individuels et collectifs que cela soit fait en lien avec des débats publics associant les citoyens-usagers, personnels et élus.   
Ecole publique
Rubriques :
  • Ecole publique
  • lettre 920

Notre profession est menacée

par Jean ESTIVILL

 

Un texte de Jean Estivill, historien et professeur d’histoire-géographie, sur les attaques actuelles contre le statut d’enseignant.(1)Il est également l’auteur du roman Les blancs il faut les manger crus, que nous avions précédemment chroniqué dans cet article..

 

Notre profession est menacée, comme toutes celles qui ont un statut, comme toutes celles qui relèvent de la fonction publique, comme l’est la République sociale telle qu’elle est définie par la Constitution.
La réforme de la retraite est l’un des aspect de cette politique de remise en question totale comme le souhaitait déjà dans la revue Challenges, en 2007, le vice-président de l’époque du MEDEF, Denis Kessler, quand il déclarait qu’il fallait revenir sur tout ce qu’avait créé le CNR , y compris son esprit même. Nous assistons actuellement à cette mise en œuvre, il s’agit entre autres en plus des retraites, par répartition, des pensions des fonctionnaires définies en 1945, de la Sécurité sociale.
Le but est de marchandiser tout ce qui jusqu’à présent échappait au profit : santé, école, protection sociale. C’est particulièrement évident avec la volonté, un temps dissimulée, d’établir une retraite par points, induisant la capitalisation et le recours aux fonds de pension, but ultime de l’opération. Le moyen : détruire la garantie des statuts, transformer les emplois de la fonction publique en emplois précaires soumis désormais à une autorité qui ne sera pas contrôlé et soumise à des règles de droit et de transparence. Ainsi pour les enseignants la disparition des commissions paritaires où siégeaient administration et représentants des enseignants pour les promotions, les mouvements etc. Les établissements aux mains de chefs d’établissement dociles embaucheront, jugeront au plan pédagogique et établiront selon leur seul jugement des raisons de formations complémentaires en réalité punitives, des ruptures conventionnelles (comprenons des pressions pour démissionner). Là où il y avait un corps d’inspecteurs formés certes pour sanctionner le cas échéant mais également évaluer positivement, avec lui aussi statut, il y aura des missi dominici, chargés des besognes, liées on l’a compris aux directives de rendement, du pouvoir politique,et sans aucun contrôle des représentants enseignants.
Déjà cette politique a une traduction : l’explosion des cours privés, en particulier avec Parcoursup et la disparition du bac, des cliniques privées pour les opérations qui rapportent, du nombre d’employés « kleenex » à la place des fonctionnaires territoriaux… Avec comme corollaire la fin de l’égalité du citoyen dans son traitement par le service public, l’employé précaire ne pouvant même plus s’appuyer sur la déontologie liée à son statut de fonctionnaire.
La fin du statut du corps enseignant, lié à celui de la fonction publique, élaborée par Fillon puis Peillon et mis au point par Hamon, c’est le retour au prof du « petit chose » de Daudet,  du maitre qui fut le communard Lefrançais ou du père humilié de Jules Vallès, une régression sans nom : un enseignant sans liberté pédagogique, mobile à volonté, dépendant comme au XIXe siècle du chefaillon recruté comme un chef de rayon de chez Auchan.
Actuellement on veut nous faire croire à des grèves corporatistes et égoïstes, en réalité c’est tout le système républicain auquel les enseignants en particulier sont attachés qui est attaqué. La pioche des démolisseurs est depuis longtemps à l’œuvre, nous le savons par la dégradation de nos conditions de travail.
Devant la résistance, le pouvoir actuel dévoile à la fois son cynisme et sa fragilité en cédant ici ou là (on nous fait miroiter une revalorisation qu’on nous a toujours refusée) niant ainsi l’argument fallacieux d’universalisme, recréant de fait des secteurs privilégiés, là où l’histoire, les conditions de travail, les luttes salariales avaient établi des statuts, conformes aux conditions de professionnalisation, de compétences et de pénibilité.
Ne laissons pas les grévistes isolés, ils défendent notre modèle de société, nos élèves nous regardent.

Notes de bas de page   [ + ]

1. Il est également l’auteur du roman Les blancs il faut les manger crus, que nous avions précédemment chroniqué dans cet article.


Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org