Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • Chronique d'Evariste
  • Politique française
  • ReSPUBLICA
  • lettre 940

Situation politique générale : l’arbre cache la forêt et la lutte des classes prend un chemin de traverse

par Évariste

 

« Partir du réel pour aller vers l’idéal », Jean Jaurès

Débattre sur l’idéal sans partir du réel, c’est comme vouloir grimper sur l’Everest sans en définir le chemin, c’est comme dire comment on pourra coloniser la planète Mars sans savoir comment s’y rendre. Et dans cet exercice, il y a pléthore de propositions dans tous les partis. Par contre, si on décide de « partir du réel pour aller vers l’idéal », c’est un peu plus difficile. Et là, il y a moins de candidats – c’est un euphémisme ! Mais n’est-ce pas nécessaire de partir du réel?

L’arbre vert qui cache la forêt…

Essayons ensemble d’y voir plus clair ! Les médias dominants y compris les mini-médias des organisations politiques et syndicales de gauche et des écologistes ont tranché : il y a une forte poussée verte ! La peinture verte est dévalisée dans tous les supermarchés ! Heureusement, le Canard enchaîné nous met sur la voie de la raison raisonnante avec sa formule : « un vert à moitié vide ou un vide à moitié vert » ? Et puis, les instituts de sondage posent malicieusement la question : « Si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, pour qui voteriez-vous ? ». Et là, patatras, selon les candidats en présence, le candidat EELV arrive le plus souvent en 5e position au premier tour ! Ce n’est qu’une indication qui ne correspondra sans doute pas tout à fait au réel de 2022, mais cela nous permet de relativiser la course au verdissement d’un discours sans grande conséquence concrète. Car bien entendu, la dite poussée verte n’a lieu principalement que dans les villes centres des grandes métropoles et non dans les villes moyennes et petites, et pas plus en zone rurale et périurbaine. 

Si la cause écologiste est une cause sérieuse, impérieuse et centrale pour un projet humaniste de bifurcation économique, sociale et politique, savoir comment incarner cet indispensable combat n’en est qu’à ses débuts, n’en déplaise à ceux qui en restent à l’arbre qui cache la forêt. 

Conflits à tous les étages…

Concernant le capital, nous voyons qu’il est dans une restructuration intense qui a pour conséquence une concurrence de plus en plus violente entre tous ceux qui luttent pour le pouvoir. Sur la plan économique, les risques s’amplifient tant à cause d’un niveau de dettes de plus élevé, surtout dans le secteur privé, des risques de krach  bancaire et financier, que des risques pandémiques possibles. Sur le plan international, nous ne pouvons que prévoir une intensification des conflits inter-impérialistes avec des configurations très différentes ici et là sur le globe ce qui rend l’analyse globale plus complexe et les risques plus grands. (Voir dans ce journal « Dans quelle crise sommes-nous ? » n° 12.)

Sur le plan national, essayons de clarifier le complexe et surtout pas de simplifier.
Du côté du capital, la forte baisse du soutien des bases d’appui des collectivités territoriales au dispositif macronien, relance l’intensité du conflit stratégique du capital entre la tentative d’élargissement du dispositif macronien (à droite, finalement, plutôt que vers les écologistes) et celui de l’union des droites. Là, non plus, rien ne relèvera d’un long fleuve tranquille car pour l’instant, la défaite électorale en rase campagne des listes de la « République en marche arrière » aux municipales n’entraîne pas encore sa disqualification pour le deuxième tour de la présidentielle.
De ce point de vue, les deux élections de 2021 seront cruciales pour l’engagement politique du capital. Les militants auraient tort de s’en désintéresser. Du côté des forces populaires, la décomposition politique s’est approfondie. L’accroissement du vote abstentionniste de la classe populaire ouvrière et employée a franchi un nouveau seuil. Si on part d’un niveau d’abstention générale de près de 60 % des inscrits aux dernières élections municipales; de la croissance du nombre de non-inscrits et du fait que la classe populaire ouvrière et employée (elle-même majoritaire dans le pays) frise les 75-80 % d’abstention par rapport aux inscrits dans les communes et quartiers populaires (dont la majorité ne sont pas en banlieue des métropoles contrairement à ce que laissent croire les militants de la gauche communautariste, indigéniste ou racialiste), on voit alors que la décomposition politique de notre camp continue de se développer. D’autant que les votes des jeunes sont du même ordre que ceux de la classe populaire ouvrière et employée.

Quel « bloc historique » ?

Sauf pour les différentes écoles de l’idéalisme philosophique et politique (qui foisonnent dans la gauche et chez les écologistes) qui ne peuvent que nous proposer des impasses bien connues, nous savons qu’une approche matérialiste exige que toute bifurcation économique, sociale et politique réponde à certaines conditions, dont la nécessité de constituer un bloc historique dont la classe populaire ouvrière et employée est partie prenante en son cœur !
Oui, le mouvement destituant doit se lier à un mouvement constituant. Mais croire à un mouvement constituant sans constitution d’un bloc historique  avec une partie conséquente de la classe populaire ouvrière et employée, des couches moyennes intermédiaires et de la petite bourgeoisie intellectuelle, serait  une nouvelle impasse. Le populisme de gauche a un avenir provisoire dans les pays à forte économie informelle mais pas dans un pays développé comme la France.
Rappelons une des difficultés actuelles dans la constitution de ce potentiel bloc historique, c’est que la grande majorité des militants syndicaux et politiques sont des militants vivant dans les métropoles, alors que la gentrification a rejeté des pans importants de ce bloc historique potentiel hors des métropoles. Le mouvement des gilets jaunes en porte témoignage.

Les écologistes sont comme tous les autres courants engoncés dans de profondes contradictions qui n’ont pas fini d’éclater. Des épisodes du type De Rugy, Cohn-Bendit, Pompili, Lipietz, Canfin etc. sont à prévoir. Certaines  alliances de listes se réclamant de l’écologie ou de l’écosocialisme pour le deuxième tour des municipales du 28 juin 2020 ne manqueront pas de surprendre : alliance d’écologistes et d’écosocialistes avec un milliardaire de droite à Montpellier, alliance des écologistes EELV avec LR à Choisy-le-Roi, alliance de la liste écosocialiste FI avec LR à Arcueil… ailleurs alliance avec la « République en marche arrière », etc… 

Ceci est à rajouter aux alliances du PCF avec l’indigénisme et le communautarisme, comme à Ivry entre autres, ou des socialistes avec le communautarisme religieux comme à Créteil (82 % des investissements culturels pour les structures religieuses de la ville avec 805 000 euros pour le budget en cours) au détriment du social….

Et comme une politique écologique ne peut pas sur le moyen terme s’effectuer dans le capitalisme, toutes les alliances EELV-PS ne manqueront pas de vivre rapidement des tensions insupportables. Voilà pourquoi l’indispensable question écologique ne peut pas se traiter à part et ne peut pas être surplombante. Elle doit se lier aux autres questions démocratique, laïque, sociale, féministe et politique. Par ailleurs, sans prise en compte majeure des forces productives (et de leurs développements récents), des rapports de production et de leur interaction, de l’action du capital et des forces qui s’opposent à lui,  toute perspective sociale est bouchée.

Voilà ce qu’est notre perspective d’action pour l’automne : participer au débat argumenté nécessaire partout en France à l’invitation de toute structure visant à la refondation de l’éducation populaire dans une perspective alternative au système dominant. Nous avons déjà plus d’une vingtaine d’invitations au moment où nous écrivons. Il ne tient qu’à vous d’agir en ce sens si vous le voulez bien !

Bonne trêve estivale et rendez-vous à fin août pour de nouvelles aventures ! 

Combat social
Rubriques :
  • Combat social
  • Ecologie
  • Economie
  • lettre 940

« Fin du monde, fin du mois même combat ! »

par Philippe Duffau

 

« Fin du monde, fin du mois même combat ! » S’inspirer, au rebours de sa caricature par le stalinisme, des pensées de Karl Marx et Friedrich Engels donne des outils pour imaginer et construire ensemble une société émancipatrice respectueuse à la fois des grands équilibres écologiques planétaires et assurant une réelle justice sociale.

Des pans entiers de la pensée multiple et complexe de Karl Marx et de son ami Friedrich Engels sont intéressants à revisiter.

La privatisation des biens communs doit être remise en cause

Un effort de définition de ce qui relève du commun et de ce qui n’en relève pas s’impose : individualisme et mise en commun ne doivent pas s’opposer mais se conjuguer et trouver leur traduction entre ce qui doit ressortir du privé ou du public, du singulier ou du commun, de l’intérêt particulier ou de l’intérêt général.

Du rôle du droit : droits formels et droits réels ne s’opposent pas

Nous sommes face à une alternative :

  • Le droit doit-il entériner des rapports de force et justifier la domination de quelques-uns, d’une oligarchie ?

  • Le droit a-t-il vocation à corriger ces rapports par le truchement d’une régulation reposant sur une exigence de justice, reposant sur la recherche de l’intérêt général humain ?

  • Il semble évident qu’une société qui se veut émancipatrice optera pour la deuxième option afin que les belles déclarations de forme utiles et prometteuses du seul fait de leur existence comme la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ou encore l’affirmation de la République française démocratique, sociale et laïque se traduisent dans la réalité quotidienne, servent de socle pour de nouvelles conquêtes sociales, démocratiques et écologiques.

    De la servitude volontaire

    L’idéologie dominante est définie par la classe dominante qui dispose du pouvoir économique et donc des moyens de la promouvoir : médias qui, à 90 %, sont sous la coupe de quelques milliardaires et promeuvent la croyance quasi religieuse en une mondialisation qui serait heureuse, en un libre-échange sans contraintes écologiques et sociales qui aurait contribué à sortir de la misère une partie de la population mondiale, en la nécessité de réduire les moyens de l’État surtout quand ce dernier s’avise même à la marge ces dernières décennies d’être redistributif. Ainsi, soit nous approuvons des idées qui sont opposés à nos intérêts soit nous agissons en mouton noir et faisons preuve d’indépendance d’esprit et refusons de prendre pour argent comptant ce dont nous abreuvent les chaînes d’informations en continu.

    De la valeur d’usage et de la valeur d’échange : but final de l’économie ?

    Le questionnement sur le consumérisme qui a tendance à envahir tout notre espace doit nous pousser à nous interroger sur les objets que nous produisons et leur impact sur notre environnement et notre mode de vie.

  • Un objet vaut en raison de son usage, de son utilité. Ce qui est produit en plus et qui sera vendu servira à acheter d’autres objets. Ces objets produits en surplus auront donc une valeur d’échange avec comme point commun à tous ces objets pour évaluer le prix : le travail nécessaire à leur production (Karl Marx : « le travail qui forme la substance de la valeur des marchandises est du travail égal et indistinct » et « possède le caractère d’une force sociale moyenne ou le temps de travail socialement nécessaire. » )

  • Le point de vue d’Aristote cité en note du Capital de Karl Marx : « L’économique est limité, la chrématistique, non… ; la première se propose autre chose que l’argent (la quantité des choses-limitées- qui peuvent suffire pour rendre la vie heureuse), la seconde poursuit son augmentation (art de faire de l’argent)… C’est pour avoir confondu ces deux formes que quelques-uns ont cru à tort que l’acquisition de l’argent et son accroissement à l’infini étaient le but final de l’économique. » (Aristote, Politique, I, 9 passim)

    Production et consommation

    Il faut distinguer la production ou l’offre qui ont pour finalité de donner toutes ses chances à l’accomplissement humain et le productivisme qui n’a d’autres visées que le profit de ceux qui développent la production par soif d’enrichissement personnel. La société de consommation illimitée et mortifère dans un monde « fini », autrement dit la production dans un cadre capitaliste, fait naître de nouveaux besoins, suscite de nouveaux désirs de consommation et n’a pas pour but la satisfaction des besoins humains mais l’émergence continue d’une demande destinée à offrir des débouchés afin de réaliser des bénéfices importants.

    Externalisation des coûts sociaux et environnementaux

    Le coût de la production capitaliste n’est pas totalement assumé par l’entrepreneur. La part non assumée ou externalisée est prise en charge ou supportée par un tiers :

  • par l’ouvrier qui n’est payé que pour l’utilisation de sa force de travail et non pour la plus-value qu’il génère. Il supporte la maladie, la fatigue, les jours de repos, les frais médicaux qui en résultent ou la société si un système de protection sociale existe ;

  • par la nature en cas de pollution ou de conséquences délétères pour les grands équilibres écologiques planétaires.

  • La puissance publique, donc l’ensemble des contribuables, prend en charge ces coûts. Cette prise en charge peut être considérée comme de l’assistanat aux propriétaires des entreprises surtout quand ils échappent en tout ou partie aux impôts au travers de l’« optimisation fiscale » ou de la fraude fiscale.

    Exploitation de l’être humain et épuisement de de la terre

    La généralisation de l’agriculture intensive tarit la pérennité de la fertilité des sols sous prétexte de la favoriser artificiellement altérant dans le même temps la santé humaine en raison des intrants chimiques et des pesticides. Déforestations massives au prétexte d’étendre les surfaces cultivables, réduction des zones fraîches et humides mettant en danger la sylviculture, diminuent la fonction chlorophyllienne et accroissent l’émission de gaz à effet de serre en parallèle de ceux générés par les transports et les industries polluantes.

    L’être humain dans toutes ses dimensions

    Dans le système capitaliste, l’être humain pluridimensionnel que devrait promouvoir tout humanisme progressiste est réduit à sa force de travail. L’idéal d’accomplissement humain n’apparaît que lorsque le rapport des forces construit par le mouvement des travailleurs est favorable à ces derniers. Tout projet de société émancipateur vise à substituer à l’homme aliéné l’homme pluridimensionnel. Le système capitaliste transforme le progrès technique de potentiel moyen d’émancipation en outil pour augmenter les profits et l’exploitation des êtres humains et aliéner ces derniers.

    Quelle mondialisation ?

    La mondialisation capitaliste et son pendant, le libéralisme économique, se parent des atours flatteurs de l’extension de la liberté au monde entier, de la réalisation de la fraternité universelle. En réalité, (Karl Marx) « Ce n’est pas la liberté d’un simple individu en présence d’un autre individu. C’est la liberté qu’a le capital d’écraser le travailleur… Tous les phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître dans l’intérieur d’un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques sur le marché de l’univers. » Pire, les conquêtes sociales, les droits obtenus par les peuples comme en France, que Karl Marx n’a pas connus, sont fragilisés, remis en cause par la mondialisation capitaliste.

    La seule mondialisation soutenable pour tous les êtres humains et pour la nature est celle qui vise l’accomplissement de chacun et chacune dans un cadre laïque, le rétablissement des droits sociaux et leur généralisation à l’humanité entière, la remise en cause du productivisme et une façon de produire pour être en phase avec la préservation de l’écosystème global de la Terre.

    Règle verte : pas d’alternative

    Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à puiser dans la nature comme le font les pays dits riches de telle façon qu’il faudrait plusieurs Terres. Localement, nationalement, mondialement, le principe de restitution qui impose que tout prélèvement effectué sur la nature soit intégralement compensé par un apport équivalent, doit guider les actions humaines à tous les niveaux.

    Donner du sens à la vie

    Ainsi que Karl Marx et Friedrich Engels l’affirmaient en leur temps, les loisirs de qualité comptent plus que la consommation frénétique d’objets superflus une fois les besoins essentiels et nécessaires satisfaits. Le progrès technique, les gains de productivité qu’il suscitent, au lieu de transformer une partie de la population en « armée de chômeurs », au lieu d’être utilisés pour accroître les profits et les dividendes distribués, doivent servir à la réduction du temps de travail, au partage du travail afin de libérer du temps de vie et construire une société dans laquelle l’accomplissement individuel, solidaire, l’ « être » priment sur l’obsession démesurée de posséder, sur l’ « avoir » selon la célèbre phrase de Karl Marx : « Le libre développement de chacun (et chacune) est la condition du libre développement de tous (et toutes). », affirmation non appliquée dans les régimes totalitaires comme l’Union soviétique ou la Chine. L’« être » plutôt que l’ « avoir » car de multiples études sérieuses ainsi que le « bon sens » quand il est alimenté par la raison montrent que les personnes tissant des liens sociaux de qualité développent moins de comorbidités que les personnes isolées. L’amélioration de l’insertion a un effet au moins équivalent aux traitements médicaux ou les rendent plus performants, insertion dont ne se préoccupe pas le système néolibéral ou néoconservateur qui, par exemple dans le domaine de la santé, préfère guérir car la vente de médicaments génère de juteux profits que prévenir et éviter l’apparition de maladies.

    Le capitalisme est incompatible avec la préservation de la nature

    La notion de « capitalisme vert » est une illusion tout comme un « capitalisme social ». La crise écologique est patente avec l’accélération du réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et ses conséquences sur la santé. Le Covid-19 a fait d’autant plus de victimes que le bain de toxicité engendré par une économie polluante, addict aux énergies carbonées, aux pesticides et intrants chimiques a fragilisé nos poumons et notre métabolisme dont notre second cerveau qu’est le microbiote. Il en est de même pour la crise sociale. La montée des inégalités qui invalident la notion de « mondialisation capitaliste heureuse » le démontre : 82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié à 1 % les plus riches, 42 personnes possèdent à elles seules autant que la moitié la plus pauvre de la planète. Selon l’organisation OXFAM, au sein du CAC 40, entre 2009 et 2018 le versement aux actionnaires et la rémunération des PDG ont augmenté respectivement de 70 % et 60 % et celle des employés de 20 %. Cette inégale répartition des richesses créées aliment un modèle injuste socialement et dangereux pour la planète de par la course aux résultats à court terme, de par la prise en compte d’un horizon de plus en plus courtermiste (le fameux antagonisme entre la temporalité du système capitaliste et la temporalité de la nature qui exige du temps, antagonisme dénoncé par Karl Marx et Friedrich Engels). « Si la part des bénéfices versés aux actionnaires avait été encadrée à 30 %, cela aurait permis de couvrir 98 % des besoins en investissement dans la transition écologique des entreprises du CAC 40. »

    Construire ensemble le monde d’après : « Fin du monde, fin du mois même combat ! »

    Ce slogan apparu sur les ronds-points lors du mouvement des « Gilets jaunes » montre la finalité humaniste et émancipatrice du chemin que nous avons à parcourir au moyen d’une République laïque, sociale, démocratique et écologique :

  • pour éradiquer les inégalités sociales profondes (selon le mot de Victor Hugo que nous pouvons faire nôtre : « Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée. ») ;

  • pour une décélération du réchauffement climatique ;

  • pour éviter une aggravation de l’effondrement de la biodiversité.

  • Répondre aux urgences sociales, écologiques et démocratiques

    La construction d’un futur écologique, démocratique, féministe et social ne peut qu’être en rupture avec les politiques néolibérales menées jusque-là. Ne soyons pas naïf : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre ! » (Albert Einstein).

    Saisissons-nous de la crise pour en faire une opportunité pour aller vers une transformation sociale radicale et pour préserver l’environnement. Les grands mots, les déclarations d’intention et formulations creuses sont dépassés. La crise a montré qu’il y a des alternatives à bâtir ensemble, des alternatives au capitalisme et ses fondements néolibéraux ou néoconservateurs, productivistes, autoritaires.

    Appuyons-nous sur les propositions du collectif « Plus jamais ça ! Construisons ensemble le jour d’après ! » pour :

  • répondre de façon urgente et efficace à la double crise sanitaire et sociale, pour satisfaire les besoins essentiels de la population,

  • respecter des droits démocratiques,

  • renforcer et développer les services publics,

  • refonder la fiscalité au service d’une plus juste répartition des richesses et d’une véritable transition écologique,

  • reconvertir socialement et écologiquement la production agricole et industrielle,

  • relocaliser des activités,

  • imposer de fortes mesures de solidarités internationales.

  • Saisissons-nous des propositions de l’organisation OXFAM pour

  • plafonner la part de bénéfices allant aux actionnaires, pour financer la transition écologique, sociale et climatique.

  • limiter les écarts de salaire et revaloriser les métiers à prédominance féminine.

  • rendre obligatoire la transition écologique des entreprises en respect de l’Accord de Paris.

  • renforcer la représentation et les pouvoirs des salariés dans les conseils d’administration.

  • Prenons au sérieux les propositions de la Convention citoyenne sur le climat

    Ces propositions s’intéressent à la préservation des sols, à la souveraineté alimentaire, à la fin de la logique consumériste en limitant la production d’objets inutiles et en réparant ceux qui servent, en interdisant l’offre d’aliments « ultra transformés » qui sont des concentrés de gras, de sucre, de sel et d’arômes artificiels propices au développement de maladies chroniques dont se délectent des virus comme le Covid-19. Cette conférence vient en complément au mouvement des « Gilets jaunes » si l’on veut bien ne pas s’arrêter aux 110 km/h sur autoroute. Ces propositions ne sont pas en opposition avec celles des « gilets jaunes », qui réclamaient plus de justice fiscale et de protection des filières françaises pour relocaliser la production et réduire les transports. L’état des sols, détruits par l’agriculture intensive, l’artificialisation des terres et le bétonnage des zones notamment commerciales, l’effondrement de la biodiversité, la pollution des eaux… montrent qu’il y a urgence à agir. Évidemment, la démocratie ne peut se réduire à des citoyens tirés au sort. C’est aux élus de se saisir de ces propositions. Comme l’affirme Natacha Polony dans un de ses éditoriaux : « La démocratie véritable, (c’est-à-dire quand elle s’appuie sur la souveraineté du peuple), est révolutionnaire ». Elle fait peur aux tenants du statu quo.

    C’est une ambition à rebours des offensives des libéraux qui entendent profiter de la situation pour revenir sur un certain nombre d’acquis (temps de travail, baisse des salaires, aide financière de secteurs sans contrepartie écologique et sociale…).

    Cette ambition pourrait prendre le nom d’« éco socialisme ».

    Pour aller plus loin :

    Karl Marx : Manuscrits de 1844, Le manifeste du parti communiste de 1848, Le Capital

    Henri Pena-Ruiz : Karl Marx, penseur de l’écologie.

     

    Féminisme
    Rubriques :
    • Féminisme
    • lettre 940
    • police

    Pour une police qui soit aussi féministe !

    par Rachel Haller

     

    Depuis quelques semaines, les manifestations qui se sont produites dans le monde entier à la suite de la mort de Georges Floyd aux États-Unis ont donné une nouvel élan à l’antiracisme. En France, cet événement dramatique a trouvé un écho important et a aussi redonné une visibilité aux critiques des méthodes policières, dénoncées depuis quelques années par des chercheurs comme David Dufresne ou par des associations comme Human Right Watch (qui vient d’ailleurs de rendre un rapport sur les contrôles abusifs subis par les mineurs d’origine immigrée, parfois âgés de dix ans seulement1). Les nombreuses manifestations ont pour la première fois provoqué une inflexion dans le discours gouvernemental, jusque là enfermé dans le déni face pourtant aux nombreuses preuves de dérives de policiers. Si ce débat est salutaire – notamment la question des poursuites et des condamnations judiciaires des agents qui ont pu commettre des fautes –, il pourrait aussi être l’occasion de s’interroger plus largement sur le rôle de la police dans notre société. En effet, un autre thème a également émergé depuis le mouvement me too : la question des violences envers les femmes. Or il s’avère que la police, à l’image de notre société, est encore trop imprégnée par des préjugés sexistes, ce qui ne permet pas de lutter efficacement contre ces maux qui font chaque année des nouvelles victimes.

    Prise de conscience trop lente au sujet des féminicides

    En 2014, le collectif de femmes journalistes « Prenons la une » publiait une tribune intitulée « Le crime passionnel n’existe pas » pour dénoncer le traitement journalistique des meurtres de femmes commis par leurs conjoints ou ex-conjoints, qualifiés dans la presse de « crime passionnel », « drame de la séparation » ou « drame familial » et rappelait à ce propos que l’Espagne avait adopté dès 2001 une charte de bonnes pratiques médiatiques sur le sujet. Malgré cette initiative, les exemples de ce type sont encore monnaie courante2. Outre la dénomination, le traitement de ces affaires par les journaux est souvent problématique. Ainsi, la folie est souvent invoquée pour expliquer le crime et on insiste sur le profil du suspect, souvent présenté comme un « homme bien ». Bref, les faits sont souvent minimisés, quand ce n’est pas la victime qui est culpabilisée, coupable d’avoir quitté son assassin. Une histoire tout à fait éclairante, racontée par le magazine Neon, illustre le peu de cas réservé auparavant à ces victimes. En 2008, le député UMP Jean-Marie Demange perd la mairie de Thionville. Quelques temps après, sa compagne, Karine Albert, avec qui il vivait en ménage (il est par ailleurs marié) se sépare de lui et rencontre un nouveau compagnon. Jean-Marie Demange lui fixe un rendez-vous et se rend à leur ex-domicile avec une arme à feu : il la tue de deux balles avant de se suicider. Le jour même, en connaissance de cause, l’Assemblée nationale observe une minute de silence pour le décès du député en raison du « protocole » et de « la présomption d’innocence », quant aux journaux, ils présentent l’affaire comme un « drame passionnel ».

    De nos jours, grâce au travail des associations féministes, le chiffre est désormais connu : en France, une femme décède tous les trois jours à cause de son conjoint ou ex-conjoint (rappelons que 80 % des victimes des crimes conjugaux sont des femmes). Dans la longue et remarquable enquête que le journal Le Monde vient d’achever de consacrer sur le sujet des féminicides – terme qui suscite le débat mais qui a le mérite d’avoir mis en lumière ces meurtres auparavant invisibilisés – on apprend un autre chiffre révélateur de l’ampleur du phénomène : « les féminicides conjugaux représentent environ 15 % de la totalité des homicides recensés (845 en 2018) en France par le ministère de l’intérieur. Près de la moitié des femmes tuées en France l’ont été par l’homme qui a partagé leur vie. » Statistiquement, il s’agit donc d’une part non négligeable des meurtres commis chaque année dans notre pays, comment expliquer dans ce cas que les autorités aient tant tardé à réagir et à prendre des mesures pour essayer d’empêcher de nouveaux meurtres ?

    L’enquête du Monde montre grâce à une étude poussée de plusieurs cas, que loin de la thèse du coup de folie, dans de nombreuses affaires, le futur meurtrier exerçait une domination et une emprise3 sur sa compagne, et qu’il y avait donc des signes avant-coureurs. Ce fait est d’ailleurs confirmé par une enquête menée par le parquet général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence : sur les 120 femmes tuées en 2018, un tiers avait déposé une plainte ou une main courante et près de 80 % des auteurs de tentatives ou d’homicides conjugaux s’étaient déjà montrés violents au sein du couple. Or, quand certaines femmes arrivent à franchir la porte d’un commissariat, il peut arriver que les forces de l’ordre les dissuadent de porter plainte ou plus fréquemment que les plaintes restent au point mort : pas de convocation du conjoint, ni de transmission au parquet. D’après les chercheurs qui se sont penchés sur la question, pour ce type d’affaires, moins de vérifications sont opérées que dans d’autres dossiers de droit commun. Ainsi, dans plusieurs cas étudiés par le journal du soir, les forces de police sont restées inactives, malgré parfois des alertes qui se faisaient de plus en plus pressantes, à tel point qu’une sœur d’une victime, Cathy Thomas, a décidé d’assigner l’État en justice pour faute lourde. L’État a de son côté lancé un audit de 400 commissariats pour pouvoir dresser un état des lieux des dysfonctionnements et dix mille policiers ont été formés pour devenir des « référents » pour les femmes victimes de violences conjugales. Si on peut saluer ces progrès, la France aurait pu s’inspirer beaucoup plus tôt de ce qui se fait dans d’autres pays, en particulier en Espagne qui apparaît comme l’un des pays en pointe sur la question : dans ce pays de 46 millions d’habitants, les féminicides reculent (47 femmes sont mortes des mains de leur conjoint ou leur ex en 2018, contre 71 en 2003, contre 120 femmes tuées en 2018 et 137 en 2006 en France). En Espagne, le dispositif du téléphone grave danger qui permet aux femmes victimes de violence de joindre les forces de l’ordre en urgence a été attribué à 10 000 femmes contre 3 000 en France.

    Bref, si la situation évolue dans le bon sens grâce à une prise de conscience générale, il faudra encore beaucoup de temps pour faire évoluer les pratiques des policiers afin d’améliorer le suivi de ce type de dossiers et que des progrès soient constatés.

    De gros manquements dans la prise en charge des violences sexuelles et des viols

    Dans le sillage du mouvement me too, les dépôts de plainte pour viol et agression sexuelle ont significativement augmenté ces deux dernières années (+ 18 % en 2018 et + 19 % en 2019), ce qui constitue une première bonne nouvelle (pour rappel, d’après une enquête du Ministère de l’Intérieur de 2017, le nombre annuel de victimes de viols, de tentatives de viol et d’attouchements sexuels – mineurs exclus – s’élevait à 220 000 par an ; à cette époque, seule une victime sur 12 portait plainte). Mais en ce qui concerne le recueil de ces plaintes et l’accueil réservé aux victimes, il y a hélas encore énormément de progrès à faire, comme le révèle un témoignage tout à fait révoltant recueilli par Les pieds sur Terre et dans une vidéo de Konbini (à regarder ici). En juin 2019, Émilie se fait agresser par un homme qu’elle a éconduit. Une fois arrivée au commissariat de Montrouge, un agent commence par vouloir la dissuader de porter plainte. Après plusieurs heures à attendre en vain qu’on prenne sa plainte, elle décide de quitter le commissariat, mais à ce moment-là, les policiers la menottent et la placent en garde à vue pendant une dizaine d’heures. Le motif ? « Violences volontaires sur personnes dépositaires de l’ordre public » (les agents qui porteront plainte pour ce motif contre la victime seront les mêmes à finalement recueillir sa plainte après l’intervention de l’avocat de cette dernière). S’estimant doublement victime, Émilie a décidé de médiatiser son histoire et de porter plainte auprès de l’IGPN pour les mauvais traitements qui lui ont été infligés au commissariat. Ce témoignage s’ajoute à une longue série d’autres qui montrent que dans notre pays, la prise en charge policière et judiciaire est un véritable parcours du combattant pour les victimes (voir à ce sujet le documentaire d’Arte « La culture du viol »). Pourtant, là encore, il n’y a pas de fatalité. Slate a récemment publié un très long témoignage d’une Française expatriée en Australie. Victime d’un viol, elle a souhaité témoigner de la prise en charge policière et judiciaire des autorités en Australie : « J’écris parce que j’en ai marre de lire que «  seulement «  […] 0,9% (zéro virgule neuf pour cent) des viols font l’objet d’une condamnation aux assises. J’écris parce que j’avais moi-même lu des témoignages de filles victimes de viol, des articles en veux-tu en voilà sur #MeToo, la définition d’un viol, la définition du consentement, l’intérêt d’aller chez les flics, pourquoi c’est difficile de prouver le non-consentement et de faire condamner les agresseurs, pourquoi c’est difficile de parler, etc. […] Ils ont joué un rôle décisif dans ma manière de gérer mon viol, la nuit même où c’est arrivé. » Son récit montre donc d’abord l’importance d’être sensibilisée à la question quand un crime de cette nature se produit : la Française savait qu’il fallait se rendre le plus vite possible auprès des autorités et elle était également déterminée à ce que son agresseur soit condamné et à ce que justice soit rendue. Mais surtout, il met en lumière de grandes différences dans la prise en charge par les autorités : à aucun moment, sa parole n’est mise en doute, elle trouve à chaque fois des professionnels compatissants, à l’écoute et qui font preuve d’« empathie ». En plus des policiers, elle est aidée dans les premières heures par une assistante sociale, qui l’accompagne à son domicile et à l’hôpital. Autre différence notoire : les policiers se rendent le jour même chez son agresseur afin de pouvoir recueillir des preuves qui seront décisives lors du procès. Tout au long de la procédure, la Française reste en contact avec le policier chargé de son affaire qui la tient au courant de l’avancée du dossier. De plus, le système judiciaire étant différent en Australie, pour la procédure du committal process, elle est considérée comme une victime d’une crime commis contre la société, ce qui a d’abord pour conséquence qu’elle n’a aucun frais d’avocat à débourser ; mais aussi, le procès se concentre uniquement sur les faits et ni le profil ni le passé de la victime ne sont exposés durant le procès. Au terme de la procédure (le procès interviendra seulement quinze mois après le viol), son agresseur sera condamné et elle sera indemnisée. Finalement, son témoignage souligne à quel point il est important pour les victimes de se sentir épaulées par les autorités et que la condamnation obtenue est primordiale pour la reconstruction. En France, nombre de victimes se retrouvent bien souvent « broyées » par notre système policier et judiciaire, ce qui les décourage de porter plainte, comme l’actrice Adèle Haenel qui il y a quelques mois, a exprimé très clairement son refus de porter plainte dans l’affaire qui la concernait.

    Quatre années après le début de me too, la question des violences et des discriminations subies par les femmes occupe toujours l’actualité et les révélations se succèdent (cette semaine encore, le mouvement a touché la Corse et la société Ubisoft). Ce mouvement est désormais considéré comme la quatrième vague féministe, qui, en se concentrant sur la question du harcèlement et des violences, met l’accent sur les rapports de domination qui se manifestent au niveau de l’intime. En quelques années, grâce à la mobilisation des associations, grâce aux médias et aux réseaux sociaux qui ont permis de libérer la parole, un véritable changement s’est opéré, comme en témoigne le succès retentissant de la manifestation contre les violences faites aux femmes de novembre dernier. La jeune génération est désormais beaucoup plus informée et militante sur le sujet. Des militantes féministes ont par exemple mené une action sur le parvis de l’Hôtel de ville deux jours avant le second tour des élections municipales pour interpeller les maires au sujet du harcèlement de rue (une loi a été votée en 2018 contre le harcèlement de rue, mais là encore, les agents de police ont dressé relativement peu de contraventions). Cependant, malgré le Grenelle sur les violences conjugales tenu à l’automne, les changements institutionnels sont encore trop lents et certains comportements individuels de la part des forces de l’ordre apparaissent en total décalage avec l’avancée du reste de la société. Or, il est absolument nécessaire pour faire reculer le nombre de féminicides, de viols et d’agressions sexuelles, que davantage de meurtriers et d’agresseurs soient condamnés. En plus de cet enjeu, on pourrait espérer tout simplement des comportements plus humains de la part des policiers qui ont en face d’eux des personnes qui ont vécu un premier traumatisme et qui trop souvent sont broyées une seconde fois par notre système policier et judiciaire. Il est plus que temps que les forces de l’ordre soient correctement formées et sensibilisées à cette question afin de ne pas reproduire et aggraver les discriminations sexistes à l’œuvre dans la société. À cette fin, on pourrait également souhaiter une féminisation générale des services de police (celle-ci ayant surtout eu lieu pour l’instant en haut de la hiérarchie policière) qui permettrait sans doute une meilleure réception de ces problématiques au sein de ces services.

    1 Lire à ce sujet l’article du Monde  : « Human Rights Watch dénonce « des contrôles de police abusifs et racistes sur des enfants » en France », Mustapha Kessous, 17/06/2020.

    2 Voir à ce sujet le tumblr « Les mots tuent » : https://lesmotstuent.tumblr.com/

    3 Or, l’emprise est une relation qui peut conduire à une annihilation de la personnalité de la victime qui peut en venir à penser comme son agresseur. Ces situations sont donc difficiles à appréhender pour les policiers non formés à cette notion.

    A lire, à voir ou à écouter
    Rubriques :
    • A lire, à voir ou à écouter
    • lettre 940
    • podcast

    Vos tubes de l'été : les podcasts d'EducPod !

    par Franck Boissier

     

    Sur la plage avec ou sans crustacé, que vous soyez en randonnée ou en train de travailler, avec EducPod vous aurez de quoi vous charger d’arguments pour aller au combat social à la rentrée.

    Sur une chaise longue, dans le métro, le train ou l’avion, les podcasts du Réseau Éducation Populaire vous accompagneront tout l’été, où et quand vous le souhaitez. Faites le plein d’idées et d’histoire, que se soit sur le mouvement ouvrier, les retraites, la laïcité ou le service public  !

    EducPod vous a concocté une petite sélection de ses différentes interventions en radio, interviews ou lors de formation, à écouter tout au long de l’été, et même après. L’histoire des retraites et son détricotage, l’éducation populaire et le féminisme, la monnaie et les lois tendancielles du capitalisme, la révolution russe de 1917, la sécurité sociale, ses origines et son histoire, la destruction du service public… autant de thèmes qui ne vous laisseront pas de glace.

    C’est donc décidé ! Vous allez profiter de la saison estivale pour vous mettre à écouter les podcasts d’EducPod ? Mais vous n’êtes pas érudit à ces nouveaux outils !

    Fidèle à sa mission, le Réseau Éducation Populaire vous a facilité la tache. Que vous soyez équipé d’un ordinateur, quel qu’il soit, avec windaube ou MacPomme ou bien encore super Linux vous pouvez tous et toutes écouter les podcasts du REP. Comment ? En utilisant simplement votre logiciel internet préféré et en allant sur cette adresse : http://podcast.reseaueducationpopulaire.info/

    Votre ordinateur est resté à la maison ? Vous êtes plutôt adepte des écouteurs sur votre téléphone super intelligent ? Le REP a la solution ! Vous tapez l’adresse ci-dessus sur votre smartphone, la même que pour les ordinateurs, et hop ! Vous êtes sur EducPod.

    Et comme on sait que vous allez aimez EducPod, vous avez tout plein d’appli pour écouter vos podcasts préférés et même vous abonner. Que ça soit depuis Deezer, Spotify TuneIn ou encore Podcast Addict… et plein d’autres encore. Vous ne pouvez pas les manquer.

    Alors cet été, que ce soit sur la plage, en road-trip ou pour aller au travail, n’oubliez pas de partager autour de vous EducPod, les podcasts du REP, ou de les écouter à plusieurs…

    Bonne écoute et bel été !

    Brèves
    Rubriques :
    • Brèves
    • lettre 940

    La CEDH condamne la France pour les « conditions d’existence inhumaines » de demandeurs d’asile

    par LEMONDE.FR

     

    La Cour européenne des droits de l’homme a condamné, jeudi 2 juillet, la France pour manque d’assistance à des demandeurs d’asile, contraints de vivre « dans la rue » et « privés de moyens de subsistance » [article initialement publié dans Le Monde].

    La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné, jeudi 2 juillet, la France pour les « conditions d’existence inhumaines et dégradantes » de demandeurs d’asile, contraints de vivre « dans la rue » pendant plusieurs mois et « privés de moyens de subsistance ».

    « Les autorités françaises ont manqué (…) à leurs obligations » à l’encontre de trois majeurs isolés – un Afghan, un Russe et un Iranien – âgés de 27, 33 et 46 ans et « victimes d’un traitement dégradant témoignant d’un manque de respect pour leur dignité », a estimé dans un communiqué la juridiction sise à Strasbourg, chargée de veiller au respect des droits de l’homme au sein des 47 pays du Conseil de l’Europe :

    « Elles doivent être tenues pour responsables des conditions dans lesquelles les requérants se sont trouvés pendant des mois, vivant dans la rue, sans ressources, sans accès à des sanitaires, ne disposant d’aucun moyen de subvenir à leurs besoins essentiels et dans l’angoisse permanente d’être attaqués et volés. Les requérants ont été victimes d’un traitement dégradant témoignant d’un manque de respect pour leur dignité. »

    Elle observe encore que les trois hommes ont « vécu dans la rue sans ressources financières », ne percevant l’allocation temporaire d’attente (ATA) qu’après des délais très longs. Par ailleurs, « avant de pouvoir faire enregistrer leur demande d’asile, ils ont été soumis » à des délais pendant lesquels ils n’étaient pas en mesure de justifier de leur statut de demandeur d’asile. Pour les juges strasbourgeois, « cette situation a suscité chez eux des sentiments de peur, d’angoisse ou d’infériorité, propres à conduire au désespoir ».

    Quatrième condamnation de la France en un mois

    La cour prend toutefois bien soin de « souligner qu’elle est consciente de l’augmentation continue du nombre de demandeurs d’asile depuis 2007 et de la saturation » des structures d’accueil. Elle reconnaît également « les efforts consentis par les autorités françaises pour créer des places d’hébergement supplémentaires et pour raccourcir les délais d’examen des demandes d’asile ».

    Toutefois, elle estime que « ces circonstances n’excluent pas que la situation des demandeurs d’asile ait pu être telle qu’elle est susceptible de poser un problème » quant au respect par la France de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme (interdiction des traitements inhumains et dégradants).

    La cour a donc conclu « à l’unanimité » à la violation de cet article et a notamment alloué 10 000 euros à deux des requérants et 12 000 euros au troisième au titre du dommage moral. C’est la quatrième fois que la France est condamnée par la CEDH en moins d’un mois.



    Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

    ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
    "Les Amis de ReSPUBLICA"
    27, rue de la Réunion
    75020 PARIS
    Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
    Site: gaucherepublicaine.org