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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°538 - vendredi 18 mai 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Je ne vous décevrai pas, je ne vous trahirai pas

Ce mercredi, c’était l’heure de la passation des pouvoirs entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Le nouveau président a prononcé son premier discours, sur une ligne très volontariste, où le passage fort était : « Je ne vous décevrai pas, je ne vous trahirai pas ».

Quatre cents invités, toutes tendances confondues, étaient présents. A la suite de son discours, à la télévision, j’ai regardé le président de la République serrer la main de la plupart de ses quatre cents invités. J’ai failli m’étrangler quand j’ai vu, au premier rang, André Vingt-Trois, l’archevêque de Paris, Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris, et le rabbin Sitruk ! Je ne connais pas le nouveau chef des protestants, mais il devait être aussi présent. Mais que faisaient ces individus à l’Elysée, le jour de la nomination d’un nouveau président de la République ? Faut-il rappeler l’article deux de la loi du 9 décembre 1905 : « L’Etat ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Pourquoi pas les évangélistes de Bush ? Pourquoi pas l’ami de Sarkozy, Tom Cruise, au nom des scientologues ? Pourquoi pas le dalaï Lama ou le chef des Jehovah ? On sait que Bernadette avait l’habitude d’inviter les mitrés à manger, et on se souvient que « Le Canard Enchaîné » avait raconté l’anecdote de di Falco faisant une prière à la fin d’un repas, devant une cinquantaine d’invités. Certes, je me doute que si Ségolène Royal avait été élue, cela aurait été la même chose, mais cela m’a mis de mauvaise humeur pour le repas de midi.

Afin de ne pas me faire traiter d’éternel grincheux, je dois dire, pour être honnête, que la cérémonie de l’après-midi avait de l’allure. Jean-Pierre Chevènement, s’il avait été élu président de la République en 2002 (ce qu’il a cru possible un moment) n’aurait pas fait mieux. Nicolas Sarkozy est resté dans l’esprit de sa rencontre avec Henri Guaino, et de la républicanisation de son discours.

Hommage à Georges Clemenceau, à de Gaulle, et surtout aux trente-cinq jeunes fusillés, à la cascade du Bois de Boulogne, le 16 août 1944 avec un texte remarquable de Max Gallo.

Une jeune collégienne fit ensuite lecture de la lettre du jeune communiste Guy Mocquet à famille, avant d’être fusillé à dix-sept ans, le 22 octobre 1941.

Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.

Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.

Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !

Votre Guy qui vous aime

Dernières pensées : Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !

Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il allait demander au prochain ministre de l’Education nationale de faire lire cette lettre à la rentrée scolaire, dans toutes les écoles de la République. Il a ensuite lu un texte, sans doute écrit par Henri Guaino, sur la Résistance. Je ne cache pas que ces cérémonies m’ont beaucoup ému, et que, malgré mon peu de sympathie pour Sarkozy, j’ai trouvé cela bien qu’il mette en avant de tels symboles.

Je me souviens des oppositions que Jean-Pierre Chevènement avait rencontrées, en tant que ministre de l’Education nationale, pour faire apprendre les paroles de « La Marseillaise », et en expliquer le sens. Après des décennies de discours de repentance et de haine de soi, on ne peut que se réjouir que la mémoire et l’amour de la Nation et de la République soient enfin remis à l’ordre du jour. Il faut espérer que la gauche saura remettre cela dans ses fondamentaux, même si cela déplaît à ses élites anti-laïques et aux gauchistes.

Reste qu’il convient de ne pas baisser la garde, même si Sarkozy a réussi une belle cérémonie l’après-midi.
Le fait de faire référence à la mémoire et la Résistance lui permet, d’autre part, d’apparaître aujourd’hui comme celui qui sait unifier la Nation, au-dessus des clivages partisans. Il peut jouer au grand rassembleur qui fera son premier gouvernement Fillon avec Morin et Leroy, numéros deux et trois de Bayrou, Kouchner et quelques socialistes, et peut-être d’autres surprises au dernier moment. Il réussit parfaitement à déstabiliser une gauche déboussolée, illustrée par un Baylet, président du PRG, annonçant qu’il était prêt à se rapprocher des radicaux de Borloo, alors que le PS lui avait mis trente circonscriptions au chaud. A quelques semaines des législatives, la copie devient de plus en plus délicate pour une gauche minée par les conflits internes du PS, des Verts qui vont à l’abattoir, un PCF qui cherche à survivre et une extrême gauche qui va payer cher le réflexe du vote utile et son éparpillement ridicule lors des présidentielles.
Le soir de sa nomination, Sarkozy a été voir Angela Merkel, qui dirige l’Union européenne jusqu’au 30 juin, pour relancer l’Europe, soi-disant paralysée après le non français et hollandais, ce qui ne l’a pas empêchée d’intégrer deux nouveaux pays. Là, on va rentrer dans le vif du sujet. En 2002, Jacques Chirac avait promis aux restaurateurs le passage de la TVA à 5,5 %. On sait que les technocrates de Bruxelles se sont toujours opposés à cela, et je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont ce pouvoir.

Pendant la campagne, Sarkozy a expliqué aux électeurs que le TCE était fini, et qu’un mini-traité suffirait. Comme Chirac en 2002, soit il se moquait de nous, soit il prenait ses rêves pour des réalités. Le président de la commission constitutionnelle du parlement européen a martelé qu’un mini-traité ne serait pas acceptable pour les eurodéputés.

Pendant la campagne, Sarkozy a expliqué qu’il ferait pression sur la BCE pour éviter un euro fort qui pénalise les exportations. Crime de lèse-majesté ! Certains députés et commissaires européens parlent de menaces insupportables contre le président Trichet ! Pendant la campagne, Sarkozy a parlé de mesures protectionnistes et de préférence européenne. C’est totalement incompatible avec le traité de Maastricht, avec le dogme du libre-échange et avec l’esprit de la concurrence libre et non faussée.
Pour les partisans de l’Europe libérale, l’heure de la revanche a sonné. Ils n’ont pas digéré le vote du 29 mai 2005, suivi du « non » des Hollandais. Ils sont convaincus qu’avec Sarkozy, la France va revenir dans l’Europe, à leurs conditions, et qu’ils vont pouvoir passer le traité en douce, par un vote au Parlement.

En 1997, Lionel Jospin avait mis à peine dix jours pour se coucher devant l’Union européenne, et signer le pacte d’Amsterdam, au détriment de son discours de campagne. En 2002, Chirac avait mis à peine six mois à renier tous ses propos de campagne.

Quand le nouveau président dit qu’il ne décevra, ni ne trahira, le vrai test sera bien sûr celui de l’Union européenne. Lors de sa dernière sortie européenne, Chirac, lamentablement, avait présenté ses excuses aux autres chefs d’Etat, à cause du vote des Français, montrant son absence de considération pour la souveraineté populaire.
Sarkozy a nommé Henri Guaino conseiller spécial auprès du Président. Ce dernier était contre le traité de Maastricht, et pour le non au TCE.
Pour ne pas décevoir les Français, le nouveau président de la République devra écouter son nouveau conseiller spécial, et donc respecter scrupuleusement le vote des électeurs, le 29 mai 2005.

Sinon cela s’appellerait une trahison.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Elections présidentielles 2007

1 - L'heure du rassemblement

Face à la mondialisation et à la nouvelle droite de Nicolas Sarkozy, l'union est la seule solution.

Il faut oser le dire franchement, l'état de la gauche est aujourd'hui déplorable. Le cycle inauguré, il y a trente-six ans, par la fondation du Parti socialiste à Epinay, s'est clos. La bipolarité du monde a disparu. Après la fin de l'URSS, l'influence du Parti communiste est devenue marginale. Le Parti socialiste est paralysé par des conflits internes qui traduisent, en réalité, de graves divergences d'orientation entre les principaux courants ; on aurait pu penser que la succession des défaites qu'il a subie, de 1993 jusqu'à l'échec du référendum sur le traité constitutionnel, allait entraîner une remise à plat du logiciel stratégique du parti. Il n'en a rien été. Le tournant de 1983 n'a été ni critiqué, ni remis en cause, ni pris en charge. La candidature de Ségolène Royal n'a d'ailleurs été si massivement approuvée par les militants que parce qu'elle est apparue comme une solution à côté, pour ne pas dire en dehors, des courants : et c'est pourquoi beaucoup y ont vu, à juste titre, un début de rénovation du Parti socialiste.

En 1981, la gauche est arrivée au pouvoir. Elle a prétendu mettre en place une stratégie de changement réformiste et démocratique. Pourtant, force est de constater qu'elle s'est inclinée devant le conformisme libéral et qu'elle a été rejetée après chaque expérience de gouvernement. Depuis lors, elle ne peut plus prétendre au monopole du soutien majoritaire des couches populaires. Et même les couches moyennes traditionnellement acquises au PS semblent désormais douter de sa capacité à améliorer leur situation. La gauche est divisée, éparpillée, structurellement affaiblie, alors que les défis sont plus importants que jamais, et qu'ils ne sauraient être «résolus avec les recettes des années 70, 80 ou même 90 du siècle dernier.

Et cela d'autant plus que l'ensemble du champ politique donne l'impression de subir des modifications tectoniques. D'une part, avec l'arrivée de la génération représentée par Sarkozy, la droite subit une évolution importante. En gros, on peut dire que le vieux gaullisme, depuis longtemps humilié par l'opportunisme de la droite, ne sert même plus de justificatif politique. Sarkozy a opéré une vraie mutation : il a transformé son parti en nouveau parti conservateur, à l'image du néoconservatisme américain, tant du point de vue de la forme publicitaire de l'action politique que sur le fond, en dévoyant des valeurs républicaines traditionnelles ­ le travail, le mérite, la responsabilité, le besoin de sécurité, l'attachement à l'identité nationale ­ et que la gauche n'aurait pas dû abandonner. C'est bien sûr ce qui explique l'adhésion à son programme de l'électorat d'extrême droite. L'UMP incarne aujourd'hui un parti de droite conservateur à côté d'un Front national affaibli. Face à cette évolution, le score engrangé par François Bayrou représente, par-delà l'appoint de la gauche sociale libérale, une autre voie : celle d'une droite néolibérale qui refuse d'être broyée par la machine néoconservatrice. Il n'est pas sûr, cependant, que cet électorat «centriste» incarne réellement une alternative à la droite sarkozyste. La volonté affirmée aujourd'hui par Nicolas Sarkozy de constituer un gouvernement d'ouverture ne doit pas faire illusion : reste le programme du candidat, qu'il faudra bien appliquer s'il veut tenir ses promesses. Que les candidats dits de «gauche» au ralliement ne l'oublient pas...

A gauche, l'on peut se poser la question : cette élection présidentielle sera-t-elle le détonateur d'un changement en profondeur ? La participation politique massive de nos concitoyens semble l'indiquer. Chacun sent bien qu'une profonde recomposition politique est en cours, qui concerne autant notre pays que sa place dans la globalisation actuelle. Celle-ci ne sera pas maîtrisée par des mesures cosmétiques. Naturellement multipolaire, le monde va mal parce qu'une puissance impériale veut en faire son espace de domination unilatérale. La catastrophe qui sévit aujourd'hui en Irak montre dramatiquement jusqu'où peuvent aller les méfaits de cette conception des relations internationales. Comment créer un contrepoids positif à la puissance américaine, et cela d'autant plus que la victoire de Sarkozy est partout déjà perçue comme celle de l'ami de Bush ?

La construction d'une Europe indépendante, dans ce contexte, constitue un défi incontournable. Nous devons donc discuter du projet «Europe», ne pas nous laisser impressionner par ceux qui, sur ce plan, n'ont en fait rien d'autre à proposer qu'un succédané du traité rejeté. Il nous faut en réalité construire l'Europe indépendante comme perspective historique et comme projet social : une Europe compétitive, mais aussi et surtout de la croissance, de la politique industrielle, de la recherche, de l'innovation, de l'harmonisation des normes sociales et fiscales, de l'environnement, du social. Une Europe qui prend appui sur un véritable gouvernement économique de la zone euro et qui réforme les statuts de la Banque centrale en y intégrant l'objectif de l'emploi. Une Europe réaliste qui séduit par la preuve de ses actions. Sarkozy s'est prononcé pour une préférence communautaire et contre la politique de l'euro fort. Il faudra le juger sur pièces.

De même, nous ne pouvons accepter que la compétition commerciale internationale se perpétue sans règles, car nous en connaissons les conséquences dans nos pays : destruction d'emplois, baisse du niveau de vie, éradication des conquêtes sociales acquises si durement durant tout le XXe siècle par les luttes populaires. Si les pays émergents ont tout à fait le droit de chercher à se développer ­ et nous devons les y aider ­ il n'est pas supportable que cela se fasse au détriment des normes environnementales et sociales les plus élémentaires. C'est aussi pourquoi nous devons plaider inlassablement, dans les enceintes internationales, pour une concurrence juste et loyale, concomitamment à l'aide au développement.

En France, les défis sont majeurs, un grand parti de gauche doit les affronter. Encore faut-il nous mettre d'accord autant sur l'objectif que sur les modalités à plus long terme de la refondation de la gauche. Nous avons besoin d'un grand rassemblement des gauches, un rassemblement qui crée le moyen d'avancer ensemble, de lutter ensemble, de gagner ensemble. Un rassemblement qui devra réunir les sensibilités socialiste, républicaine, social-démocrate, radicale, environnementale et de tradition communiste. Nous avons besoin de ce rassemblement pour créer les conditions sociologiques et culturelles d'une hégémonie durable de la gauche dans les années qui viennent.

Source

Sami NAIR Secrétaire national du MRC, ancien député européen.

2 - Jusquà l’os

La gauche a été battue. Elle risque désormais d’être écrasée. La large victoire électorale de Sarkozy ne suffit pas à tous ceux qui piaffent depuis belle lurette en espérant la fin de l’exception française et l’alignement du pays sur le modèle dominant en Europe.

Pour être en mesure d’imposer une telle rupture, ils ont besoin d’autres victoires. Ni le futur Premier ministre, Fillon, ni le numéro deux annoncé du gouvernement, Juppé, ne peuvent ignorer cette exigence. Tout deux savent d’expérience qu’une majorité dans les urnes ne peut à elle seule balayer les résistances. Il leur en faut davantage. Sur le terrain social, bien sûr. Sarkozy semble avoir déjà choisi le terrain de la confrontation imminente : service minimum et régimes spéciaux. Sur le terrain politique également. Pour avoir les mains libres, la droite a besoin de rayer la gauche du paysage. En tout cas celle qui est en mesure de lui résister. La gauche qui leur convient, c’est la gauche impuissante, soit parce qu’elle n’aspire pas à gouverner, soit parce qu’elle gouverne avec eux.

Ils ne se contentent pas de vouloir les pleins pouvoirs. Ils les veulent pour plusieurs générations. J’exagère ? Lisez le Figaro d’aujourd’hui. On y trouve les témoignages d’exilés fiscaux annonçant qu’ils ne reviendront pas en France malgré le bouclier fiscal de Sarkozy. Pourquoi ? Parce qu’ils craignent qu’une future alternance ne remette en cause cet « acquis ». Certains veulent être sûrs qu’ils pourront le jour venu transmettre à moindres frais leur magot à leur descendance. D’autres vont jusqu’à poser comme condition à leur retour que le bouclier fiscal soit inscrit dans la Constitution… Avec de telles exigences, on comprend qu’une victoire à 53% ne suffise pas à leur tranquillité d’esprit.

C’est dire à quel point est irresponsable l’ambiance qui règne au sommet du Parti socialiste au moment où le danger n’a jamais été aussi grand. A l’issue de son conseil national samedi dernier, le PS aura en effet cumulé tous les désavantages. Chacun s’est engagé à ne pas ouvrir le débat de fond pour ne pas diviser le parti. Aucun débat politique n’est donc mis sur la table. Mais tous ou presque font le contraire. Un spectacle désolant de division est dès lors offert au pays et au peuple de gauche. A l’arrivée, il n’y a ni le débat ni la cohésion.

Nous payons là lourdement la crise récurrente du seul parti en mesure de résister électoralement, le PS. Il n’y a plus de lieu de débat sérieux, à l’écart des oreilles médiatiques, où se respecte un minimum de cadre collectif. Lors du CN, quand Vincent Peillon, porte-parole de Ségolène Royal, monte à la tribune, il annonce n’avoir qu’une chose à dire : « silence ». Il ajoute : « je peux faire plus court encore, chut ! ». Au même moment, Ségolène Royal, sortie de la salle dès son discours et celui de Hollande prononcés (elle déclarera : « les positions des autres, je les connais déjà ») est en train de réunir la presse. Devant les membres du CN, elle déclarait que les Français ne comprendraient pas que l’on ait dans ce moment d’autres préoccupations que la préparation des législatives. Devant la presse, elle exige que le prochain Congrès du PS désigne son candidat à la présidentielle de 2012. Le lendemain, François Hollande appelle sur une radio à la création d’un grand parti « qui occupe tout l’espace » à gauche et au centre. Le MRC et le PRG seraient d’accord. Mais au PS, il ne l’a jamais évoqué. Et dès le lendemain Strauss Kahn fustige la manœuvre et désigne Hollande comme le principal responsable de la défaite.

Mettez bout à bout les déclarations de ces éminents socialistes. C’est un parti de « vieux croûtons » qui n’a rien fait depuis 5 ans (DSK), c’est lui qui a fait perdre la gauche (Royal), il a commis l’erreur de sous-traiter son espace à une gauche radicale qui n’existe plus et un centre qui lui existe (sic) (Hollande)… La droite n’a même plus à faire campagne!

D’autant qu’au même moment, diverses personnalités socialistes défilent auprès de Nicolas Sarkozy pour discuter ministères. Bernard Kouchner, chargé de l'innovation sociale et politique (en la matière nous sommes servis) auprès de François Hollande, hier favorable à l’union avec Bayrou comme seul moyen de contrer Sarkozy, ne dément pas qu’il réfléchit à devenir son ministre. Quelle que soit l’issue de ces marchandages, l’effet recherché aura été produit. D’un côté le PS se divise, de l’autre Sarkozy rassemble les Français. Et pulvérise au passage le principal ressort de la campagne des présidentielles : sa propre diabolisation. Si Sarkozy n’est plus le diable et que le PS est vécu comme une machine à perdre, un scénario de dévissage brutal peut se mettre en place aux législatives. La gauche serait alors réduite mise en pièces jusqu’à l’os. Pour l’éviter il est urgent de redresser le cap.

Source

François Delapierre

3 - Totalement d’accord avec l’article de Denis Billon

De tout coeur avec vous, depuis déjà des semaines je fais suivre votre journal à une bonne quarantaine d'amis. Ancien responsable (jadis!!!) du PSU, ayant fait un tour inutile au PS entre 81 (avant mai) et 86, puis un petit passage à Initiative républicaine, je suis particulièrement sensible aux éditos d'Evariste (très bien écrits, de plus) et, dans ce dernier numéro, en plein accord avec l'article de D. Billon.

Ah! J'oubliais: j'envoie aussi un chèque[1] !

Bien amicalement,

Notes

[1] Merci beaucoup! de la part de La Rédaction

Christian Berger Professeur d'histoire retraité mais toujours chargé de cours à l'Université de Paris III et, par ailleurs, critique aux "Fiches du Cinéma".

4 - L’arithmétique n’est ni de droite ni de gauche

Comme vous, je pense qu'il faut que l'Education Nationale revienne aux fondamentaux de ces missions à savoir apprendre aux enfants à lire écrire et compter. En effet, un mauvais niveau de calcul peut vous handicaper la vie entière. Par exemple le petit Nicolas S. affirme que de ne plus payer des charges sociales sur les heures supplémentaires va créer des emplois. Bonnet d'âne ! Voici la correction du problème posé :

Un patron a dix employés qu'il paie 10 euros brut de l'heure pour 35 heures.

Le patron a bien voté le 6 mai et les employés ont fait une petite erreur de casting : résultat les heures supplémentaires sont désormais exemptées de charges sociales. Sachant que les heures supplémentaires sont payées 10 % de plus (contre 25 % avant que la droite revienne au pouvoir) :

Transmis par Mireille Popelin

Anonyme

3 - gauche communautariste

1 - Les Mureaux : La LDH, le MRAP, le PCF, des militants Verts dans une manif de soutien à la branche présumée du GICM en France !

Jusqu’où ira la complicité du gauchisme avec l’islamisme ? C’est un hallucinant cortège qui s’est animé, samedi dernier, aux Mureaux (Yvelines). Un fumeux « comité citoyen d’action civique » organisait une manifestation de soutien aux huit représentants présumés du Groupe islamique combattant marocain (GICM) en France, qui seront jugés en juin, en raison de leurs liens avec les auteurs des attentats de Casablanca perpétrés en mai 2003. Rappelons que ces attentats avaient fait 45 morts (dont les 12 kamikazes) et des dizaines de blessés.

Du quartier de la Vigne Blanche à une salle municipale où se tenait une réunion publique après la manifestation, une quarantaine de personnes, barbus intégristes à l’avant, femmes en niqab à l’arrière, anciens du Mouvement immigration banlieue (MIB) en tête, rassemblés autour d’un pseudo « Comité citoyen d’action civique », ont participé à une marche de soutien pour les huit islamistes arrêtés, notamment aux Mureaux et à Mantes-la-Jolie, après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003. Cette initiative était soutenue par des membres de la Ligue des droits de l’homme et des membres du syndicat de la magistrature, par le MRAP, et par l’élu local communiste Joseph Tréhel. Le conseiller régional, qui est aussi candidat aux législatives, a même réservé la salle où s’est tenue une réunion publique à l’issue du rassemblement !

Conformément au discours manipulateur des islamistes, et à la confusion complice qui caractérise le discours des soutiens d’extrême-gauche à l’islamisme, on apprend dans un tract diffusé le jour de la manif que les prévenus qui vont être déférés devant le juge le mois prochain sont victimes d’une terrible injustice en raison de leur qualité de musulmans… mais bien sûr !
Les huits hommes, Moustapha Baouchi le chef présumé du groupe, Bachir Ghoumid, Fouad Charouali, Redouane Aberbri, Rachid Aït El Hadj, Hassan Boutani, Jamal Oulahsen et Attila Türk dont le procès s’ouvrira en juin, sont en fait de drôles de musulmans. Dans un souci de parfaire leur pratique religieuse, ces derniers ont participé régulièrement à des pèlerinages militaires en Afghanistan, ils sont surtout soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique et financier au GICM en Europe, l’organisation qui a revendiqué les attentats contre l’hôtel Farah, le cimetière juif de l’ancienne médina, un restaurant italien dirigé par un juif marocain, le Cercle de l’Alliance israélite et la Casa Espana, un restaurant associatif jouxtant une antenne de l’ambassade d’Espagne à Casablanca.

S’intéressant, sans doute, à leur pratique de l’islam assez peu tranquille il est vrai, le parquet de Paris ouvrait une information judiciaire le 19 mai 2003, trois jours après les attaques simultanées, pour « assassinats, complicité d’assassinats, tentative d’assassinats » et « associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». L’instruction avait été confiée à Jean-Louis Bruguière, Jean-François Ricard et Philippe Coirre, qui viennent de remettre leur rapport à la justice.
Au final, aucune charge criminelle n’a été retenue contre les huit suspects, mais bien des mises en cause pour des délits passibles d’un maximum de dix années de prison, du fait notamment de leur participation présumée à un « groupement ou une entente en vue de la préparation d’actes de terrorisme ». Sur internet, on trouve le texte du renvoi en correctionnel des huit prévenus.

Laissons la justice faire son travail pour déterminer leur degré de responsabilité. Mais, il demeure dans cette affaire, qu’on est encore choqué de constater qu’ une certaine gauche antilibérale et altermondialiste va se compromettre avec l’islamisme le plus dur, espérant en tirer les fruits électoraux dans les quartiers où ce dernier sévit.
Pressés par les frères musulmans de la sphère Tariq Ramadan, ou par les salafistes, ils n’ont eu de cesse depuis 2001 de vouloir remettre en cause la laïcité en brandissant l’étendard de la « laïcité ouverte ». Jusqu’où iront-ils ? Les victimes du terrorisme et ceux qui subissent l’intégrisme religieux en tout cas ne les remercient pas. Et il reste à la gauche, qui croit en la défense des valeurs républicaines, à marginaliser encore ces groupuscules sectaires, y compris dans les urnes !
Souvenons-nous que les militants des organisations qui, parmi les Verts, le MRAP, la LDH, le PCF, ont ouvert la porte à l’islamisme dans le mouvement altermondialiste, se sont laissés, au fur et à mesure des années, infiltrer et manipuler, portent une responsabilité dans l’abandon des classes populaires, et aussi une part de responsabilité dans l’échec électoral de la gauche, qui n’est notamment plus crédible sur la question de la sécurité dans les quartiers pauvres.

Lucette Jeanpierre

4 - combat laïque

1 - Il y a 70 ans, un ministre de l’Education nationale faisait respecter la laïcité : Jean Zay

Le 15 mai 1937, Jean Zay souligne dans une circulaire : "la nécessité de maintenir l’enseignement public... à l’abri des propagandes politiques et confessionnelles", "aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise".

Jean Zay, franc maçon, situé à l’aile gauche du parti radical qu’il ne cesse de critiquer pour sa frilosité se prononcera à la fois contre la non intervention en Espagne et contre les accords de Munich.
Il paiera de sa vie son engagement humaniste et politique, emprisonné à Riom, il sera exécuté par des miliciens en juin 1944 au puits du diable à Cusset dans l’Allier.

D’abord Secrétaire à la Présidence du Conseil, il est choisi par Léon BLUM comme Ministre de l’Education Nationale, le 6 juin 1936, poste qu’il conservera jusqu’au 10 septembre 1939.
Le Front Populaire prend des décisions importantes : législation du travail (Accords de Matignon) – scolarité – loisirs – assurances sociales – allocations familiales – grands travaux – SNCF – Banque de France – Justice – commerce – Nationalisation des fabrications de guerre.
C’est l’époque de « la grève sur le tas ». Les travailleurs sont impatients de mieux vivre. Jean ZAY, pour son nouveau travail, élabore un plan d’ensemble cohérent et en entreprend la réalisation. S’entourant de collaborateurs qualifiés, il travaille en relation avec le Comité Supérieur de l’Instruction Publique qui, après délibérations, approuve ses positions. Il est très impressionné par cette docte Assemblée. Il travaille aussi avec les syndicats d’enseignants, les associations de parents d’élèves, les organisations laïques. Son directeur de Cabinet est M. ABRAHAM, fidèle et compétent.
Le 5 mai 1937, il dépose 3 projets de loi :

Lorsque la guerre survint, ces 3 projets étaient en discussion à la Chambre des Députés ou au Sénat.

Son projet de loi sur l’école vise à l’harmonisation des programmes. Il organise l’unité de l’école au premier degré, établit le second degré avec une classe d’orientation commune à toutes les filières à l’entrée du second degré, la coordination des programmes des sections classique, moderne ou technique, afin de permettre des passerelles, avec l’idée d’un système d’orientation continue échelonnée sur toute la durée de la scolarité.

Jean ZAY veut l’égalité des chances, la sélection par le mérite. Son projet pédagogique a pour but de faire se rejoindre les classes moyennes et les classes ouvrières.

En vertu de son pouvoir de décision, il réalise beaucoup de réformes projetées : scolarité jusqu’à 14 ans – réduction des effectifs – l’éducation physique devient obligatoire et l’après-midi de plein air est créé – gratuité de l’enseignement du second degré – organisation des diplômes et de l’enseignement technique – protection de la santé des élèves – colonies de vacances – œuvres sociales – enseignement post-scolaire – cantines.

Avec Léo Lagrange, il développe les Auberges de Jeunesse et le tourisme populaire (campings, camps de vacances). Il introduit dans les examens le Brevet Sportif Populaire.

Il adopte une politique du sport (stades, piscines) et crée des écoles nationales de ski et de tennis.

Par circulaires, il s’inscrit contre les propagandes politiques ou religieuses à l’école. Il crée et organise le Comité Supérieur des Œuvres Universitaires : cercles d’étudiants, cités universitaires, centres de médecine, contrôle des restaurants.

Bien entendu, un effort particulier est fait pour la formation des enseignants :

L’effort est énorme ! Beaucoup de lycées et d’écoles sont construits, reflétant les tendances de l’art contemporain. Sa politique d’équipement scolaire est exemplaire. Il arrache des crédits : 264 millions en 1936 – 129 en 1937 – 300 en 1938. Il crée des postes d’enseignants :

Pendant l’occupation allemande il écrira que la réforme était à ses yeux « comme le testament d’un humanisme libéral ».
Bien sûr, encore des polémiques ! La gauche, dans son ensemble, est pour et les milieux conservateurs crient à l’assassinat des humanités. Les ligues continuent leur hargne contre Léon BLUM et sa « tribu ».
Henri BERAUT énumère les ministres et leurs collaborateurs qui, à son avis, sont juifs, désignant de futures victimes à la rage raciste des Vichyssois et des nazis.
Aux réalisations de Jean ZAY, il faut encore ajouter d’autres travaux, non des moindres :

Que de travail fourni ! Mais n’oublions pas qu’il était Ministre de la Culture.
A ce titre, il organise des expositions d’art, des tournées théâtrales, signe des conventions culturelles avec différents pays, envoie des professeurs agrégés dans les universités ou lycées français à l’étranger : Athènes, Beyrouth, Varsovie.
Il fait aménager la Bibliothèque Nationale, crée la Pinacothèque, le Musée des Arts et Traditions Populaires, rénove la salle de l’Opéra et fait construire celle du Palais de Chaillot.
Il redresse la Comédie Française avec Edouard BOURDET (assisté de Gaston BATY, Jacques COPEAU, Charles DULLIN et Louis JOUVET)
Il provoque aussi des commandes d’Etat à des artistes : il fait aménager son bureau par Pierre BONNARD. Il n’est jamais à court d’idées. Il élabore un statut pour le cinéma et crée le festival de Cannes (Septembre 1939 : il n’aura pas lieu !)
Il veut utiliser cinéma et radio comme moyens pédagogiques.
Lors de l’exposition universelle de 1937, il organise une exposition d’art au nouveau musée d’art moderne, tandis que le Palais de la Découverte reçoit organisée par Jean PERRIN une exposition scientifique expérimentale de haut niveau.

EMPRISONNE PAR LE GOUVERNEMENT DE VICHY IL SERA LIVRE A DES MILICIENS POUR ETRE EXECUTE

Le 20 juin 1944, il est réveillé par des inconnus qui l’emmènent vers une destination inconnue. La Citroën quitte la prison, l’emmène vers les Malavaux. Là, à pied, ils partent vers le Puits du Diable…et Jean ZAY fut abattu par une rafale de mitraillette de DEVELLE. Son corps fut jeté dans le puits. Sa femme s’inquiète, n’ayant aucune nouvelle ! Le 22 septembre 1946, deux chasseurs parcourent le massif surplombant Cusset, dans l’Allier, et découvrent au fond du trou dénommé « le Puits du Diable » 2 cadavres. La Police Judiciaire fait une enquête, découvre la trace de DEVELLE, milicien fanatique, qui est arrêté sur le bateau à destination du Pérou. Celui-ci est remis à la Police Française en 1948. Défendu par Maître FLORIOT, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Depuis, il a été libéré.

Ses deux complices étaient les miliciens CORDIER (exécuté par des maquisards) et MILLOU qui échappa à la police. Il semblerait que ces hommes aient pris leur décision dans un climat de haine raciale, ayant vécu des décennies dans une atmosphère d’anti-sémitisme.

En effet, durant l’occupation, Jean ZAY subit les attaques les plus sordides, le désignant comme « un juif fauteur de guerre », franc-maçon de surcroît.

Dès le 22 juin 1945, l’Assemblée Consultative provisoire lui rend un brillant hommage. Il est cité à l’Ordre de la Nation… et le 27 juin 1947 a lieu à la Sorbonne une cérémonie où l’université française rend hommage à son grand maître, cérémonie qui se renouvelle chaque année.

Selon le mot de Jean CASSOU, la rafale de mitraillette de DEVELLE avait élevé Jean ZAY au rang de « Ministre de l’intelligence ».

D’après l’étude effectuée par Françoise G.

Jean-François Chalot

5 - Extrême-droite religieuse

1 - Brésil : Le Pape au Brésil condamne l’avortement, le préservatif et l’euthanasie

C’est en souhaitant que l'Eglise latino-américaine impulse le respect de la vie, “ depuis sa conception jusqu'à son déclin naturel ”, que Benoît XVI effectue sa première visite en Amérique latine. Tandis que l’opus dei en la personne de Mgr Echevarria* invite les auditeurs de Radio Vatican à accompagner le Pape parce que “ la famille chrétienne est d’une grande importance pour le développement de tous les continents et pour une société digne de la personne humaine ” …

Arrivé dans l'Etat de São Paulo, pour une visite au Brésil où se déroulera la cinquième assemblée générale du Conseil épiscopal latino-américain (Celam), Benoît XVI déclare à la foule de 40.000 jeunes catholiques réunis au stade de Pacaembu le jeudi 10 mai, et aux milliers d'autres restées à l'extérieur : “ Efforcez-vous de résister fermement aux pièges du mal omniprésents ” Outres ses mises en garde contre la consommation de drogues, la violence, la corruption et les tentations de l'argent et du pouvoir, Benoît XVI martèle ses plaidoiries pour l'abstinence et contre l'avortement auprès d’une jeunesse catholique brésilienne connaissant des relations sexuelles précoces.

“ L'Église manque cruellement d'outils, pour parler d'éducation sexuelle aux jeunes. Prêcher l'abstinence ne sert à rien, tout le monde a des relations sexuelles ”, commente le père Emir Rigon* un quinquagénaire qui a délaissé sa robe de prêtre pour le jean, plus pratique sur les routes défoncées de cette banlieue déshéritée, et rappelle les ravages du sida, les mères contraintes de quitter l'école, et surtout le drame des avortements clandestins. “ Souvent les adolescentes interrompent leur grossesse de peur d'être mises dehors par leurs parents ”, dit le père Emir.

Au Brésil, comme dans la majorité des pays d'Amérique latine, l'avortement est interdit, sauf en cas de risque mortel pour la mère ou consécutif à un viol.. Pour avorter, les gamines des favelas ont recours aux pires méthodes. Les plus désespérées s'introduisent une aiguille à tricoter dans le vagin, provoquant souvent une perforation de l'utérus. Les autres fabriquent un thé à base de marijuana ou achètent deux comprimés de Cytotec, médicament conçu pour le traitement des ulcères et pouvant provoquer des hémorragies d'autant plus dangereuses que les adolescentes tardent à se rendre à l'hôpital, parce que culpabilisées. Pointant du doigt l'hypocrisie de la société brésilienne, le directeur du centre d'apprentissage Padre Bello constate : “ Les filles des classes aisées vont dans des cliniques qui ont pignon sur rue et payent le prix fort. Les autres vont à la boucherie ” Dans ce pays dévasté par le sida, Benoît XVI, lui, exhorte la jeunesse à résister à “ l'hédonisme ” des sociétés modernes, à “ dire non aux médias qui tournent en ridicule la sainteté du mariage et la virginité avant le mariage ” et à cultiver avant tout “ des vies limpides et claires ” autour du mariage.

Selon une enquête de l'institut Ibope (Instituto Brasileiro de Opinião Pública e Estatística), 96 % des jeunes catholiques sont en faveur de l'usage du préservatif et 62 % jugent l'opposition de l'Église dépassée. Ils sont 79 % à récuser l'obligation d'attendre le mariage pour leur première relation sexuelle. L’abstinence prônée par le pape, “c’est une décision absolument individuelle. Je n'ai rien pour ou contre celui qui souhaite être chaste ou celui qui ne le veut pas. Mais nous ne pouvons baser notre politique de prévention des maladies sexuellement transmissibles et du sida en préconisant la chasteté ” a déclaré vendredi la secrétaire d'Etat brésilienne aux Droits de la femme, Nilcea Freire. “ Nous préconisons l'utilisation de moyens contraceptifs, aussi bien masculins que féminins, dont l'usage s'est montré efficace dans la prévention de maladies sexuellement transmissibles ”, a souligné la ministre. “Je respecte la position de l'Eglise et je ne me sens pas le droit d'interférer dans ce qu'elle préconise, mais je pense que la question du combat contre le sida est de la compétence du gouvernement. Nous devons le conduire en fonction des besoins de la population brésilienne ”

En effet, par une politique basée sur la distribution de préservatifs, l'administration gratuite de médicaments aux personnes séropositives et la pression sur les grands groupes pharmaceutiques pour la baisse du prix des traitements, le Brésil a endigué l'expansion du sida pendant ces dix dernières années.

Quant à l'IVG, chaque année 220 000 jeunes femmes la pratiquent et se rendent ensuite à l'hôpital. On estime qu'au moins 5 000 personnes en meurent chaque année ou gardent des séquelles qui les rendent stériles. Pointant du doigt l'hypocrisie de la société brésilienne, le directeur du centre d'apprentissage Padre Bello constate : “ Les filles des classes aisées vont dans des cliniques qui ont pignon sur rue et payent le prix fort. Les autres vont à la boucherie ”

Le président Lula a indiqué de son côté que la question de l'avortement devait être traitée comme un “ problème de santé publique ”, tout en se déclarant contre à titre personnel… La récente décision de la ville de Mexico de dépénaliser l'avortement a déclenché une réaction des évêques mexicains, qui menacent de ne plus donner la communion aux élus ayant voté la loi, dont le maire de gauche de la capitale mexicaine.

Benoît XVI soutient l'épiscopat mexicain : "Ce n'est pas une menace arbitraire, elle est prévue dans le code de droit canon : il est écrit que le meurtre d'un enfant est incompatible avec l'eucharistie." Insistance particulière sur le thème de l’avortement qui agite plusieurs pays de la région, allusion aux réformes en cours d'adoption en Colombie (droits de succession dans les couples homosexuels) : Benoît XVI réaffirme avec force la doctrine de l'Eglise, notamment sur l'avortement, le contrôle des naissances, l'homosexualité et la défense des valeurs familiales.

Source

Nathalie Szuchendler

2 - Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde » (IVè partie)

Burgat occulte la nature de classe des partis islamistes.

Pour cet universitaire, le processus de « réislamisation », est, de par sa nature identitaire, transclassiste, à savoir un processus qui transcende les intérêts d’une seule classe sociale, pour englober les intérêts communs à toutes les classes. Il nous semble que Burgat commet une double méprise. D’abord, l’islamisme n’est pas un phénomène identitaire, mais une force politique, qui vise la prise du pouvoir d’Etat, et défend, à ce titre, des intérêts de classes, bien définis. Ensuite, notre universitaire confond ou feint de confondre la nature sociologique d’une formation politique avec la nature (ou l’essence) de son programme politique. La phrase suivante de Hassan Banna, le fondateur des Frères musulmans en Egypte, ne laisse aucun doute quant aux convictions politiques de celui-ci : « Les ouvriers doivent toujours se rappeler le devoir qu’ils ont envers Dieu, leur âme et leur patron. »[1]

Burgat adepte de Bernad Lewis et de Samuel Huntington ?

L’ascendance des islamistes sur François Burgat est telle qu’il affirme qu’« Au cœur du malentendu » entre l’Occident et le monde musulman est l’incapacité du premier à « banaliser » ses relations avec les islamistes, vus comme réfractaire à la modernité. Comment peut-il soutenir une idée aussi farfelue, lui l’universitaire et de gauche de surcroît, tout en ne cessant pas de clamer, toujours pour valoriser d’autant les islamistes, que tous les régimes musulmans sont les protégés des pays européens et des Etats-Unis. Par conséquent, aucun conflit n’oppose ces derniers aux premiers, et vice versa.

Peut-être avons-nous mal compris les propos notre chercheur. Ceci à notre corps défendant, tant il adopte les amalgames des islamistes, à des fins manipulatrices, concernant des notions telles que « islam », « islamisme », « musulmans » « peuples musulmans », « culture islamique », « réislamisation », etc.

S’agit-il alors d’un conflit entre l’Occident et les peuples musulmans ? Dans ce cas, il transforme de son propre chef tous les musulmans de la planète en militants islamistes ou en sympathisants islamistes. Les musulmans seraient donc gagnés par les islamistes à leur interprétation rétrograde et à leur doctrine économique ultra-libérale, qui sous-tend leur discours pseudo-religieux. Il est vrai qu’il affirme avec beaucoup d’aplomb, que cette force politique représente « 70 à 80% » des peuples musulmans. Par quels moyens a-t-il obtenu ces chiffres ? Mystère !

Ainsi, un culturalisme poussé jusqu’à la caricature par ce spécialiste de l’islamisme, fait reprendre par celui-ci, l’une des pièces maîtresses de la propagande des islamistes, depuis plus de 80 ans : l’Occident, présenté uniquement comme aire civilisationnelle, en voudrait à l’islam, entendre à leur projet de société réactionnaire et profondément inégalitaire.

Burgat ne fait que dénaturer, à la suite des islamistes, la lutte des peuples musulmans, luttes semblables et solidaires aux luttes des autres peuples chrétiens, indouistes… Elle consiste à s’opposer au système capitaliste, fondée sur l’extorsion de la plus-value à l’ échelle internationale par le biais de rapport bilatéraux et de mécanismes d’exploitation mis en œuvre par les organisations multilatérales telles que le FMI, la Banque mondiale, l’OMC... organisations contrôlées par les entreprises transnationales, via leurs supplétifs. Les peuples musulmans luttent aussi, à l’instar des autres peuples, contre l’expression politico-militaire de ce système : l’impérialisme.

Pour notre auteur, les islamistes représentent également le mouvement de libération du « Sud » de la domination du « Nord », « judéo-chrétien ». Peu lui importe que le Sud « n’est pas seulement musulman », comme il l’avance. Il aurait dû pourtant préciser que les musulmans y sont même minoritaires. L’Inde, ancienne colonie britannique, compte à elle seule, presque autant d’hindouistes (85% de la population) que de musulmans sur Terre. En dépit de cette faible proportion, Burgat persiste à soutenir une thèse aussi erronée, sans parler du passé peu glorieux des islamistes- mouvements et Etats- qui s’étaient rangés sous la bannière de l’impérialisme, durant la guerre froide. Il passe également sous silence l’existence de multiples mouvements dans les pays du « Sud » qui contestent à des degrés et sous des formes diverses la domination du « Nord », sur des bases, soit réactionnaires (nationalistes chauvins, fondamentalisme politico-religieux, à l’instar des islamistes…), soit anti-impérialistes, voire anticapitalistes (nationalistes de gauche, courants marxistes, notamment en Amérique latine…).

Il reste également muet sur le fait que les régimes islamistes du golfe, vassaux des Etats-Unis et des autres Etats impérialistes, sont les argentiers et puissants protecteurs politico- diplomatiques des mouvements islamistes. En échange, ces derniers s’étaient comportés, comme les complices de fait des anciennes puissances coloniales, en s’opposant à toutes les réalisations anti-impérialistes et aux tentatives de leurs peuples de récupérer leurs richesses naturelles pour les mettre au service de leur bien-être et de leur développement socio-économique.

Face à ses menées, Burgat tantôt s’abrite derrière la propagande des islamiste pour valoriser leurs actions ou camoufler leurs agissements, tantôt il s’en fait ouvertement le relaie à travers certaines expressions assimilant les acquis politiques, économiques et sociaux des peuples musulmans à des « séquelles coloniales », et les « nationalisations » (du pétrole, des terres, du Canal de Suez, etc.) à des mesures «exogènes », « non endogènes », à un « déficit d’endogénéité », à des « séquelles culturelles (du colonialisme) », de « ne pas assumer de rupture culturelle et symbolique réel avec l’univers colonial », en « usant de catégories marxisantes, de la pensée occidentale », et de l’« autoritarisme croissant des « élites nationalistes », etc.

Pour noyer encore plus le poisson, il présente pèle mêle, les régimes musulmans, comme des protégés des Occidentaux, afin de s’éviter de révéler certaines vérités. Les pays musulmans n’ont, ni tous, ni toujours, ni au même degré tissé des alliances avec les grands pays impérialistes. Ils se sont longtemps divisés en anti-impérialistes tels que l’Egypte, l’Algérie, la Syrie, l’Irak (une certaine période), le Yemen du Sud, etc. qui étaient constamment menacés de coup d’Etat par la CIA, et avaient lutté aux côtés du Vietnam de Ho Chi Minh, du Chili de Salvador Allende, des Sandinistes du Nicaragua, de Cuba, etc. Le « mal » de tous ces pays étaient aux yeux de l’impérialisme et des islamistes leur volonté de parachever leur indépendance politique par une indépendance économique, et la revendication d’un Nouvel ordre économique plus juste entre le Nord et le Sud. Et les pro-impérialistes tels que les monarques marocain, Hassan II, et jordanien, Hossein, le dictateur islamiste, pakistanais, le général Zia el Haq, les monarchies islamistes du golfe et les mouvements islamistes. Ce sont ces précisions que l’on aurait pu légitimement attendre de la part d’un spécialiste de l’islamisme. Il est vrai que ces révélations ruinerait cette thèse, si contraire à la vérité.

Cela étant, quoiqu’on pense des régimes musulmans, et à l’exception des monarchies du golfe, et quelques autres pays, à l’instar du Soudan, la plupart d’entre eux ont, bon gré ou malgré eux, sécularisé des pans entiers leurs Etats et de leurs sociétés, et introduit une relative modernité en leur sein, en un espace de temps très court. Il ne s’agit d’ignorer le long chemin qui reste à faire pour l’abolition des monarchies de l’instauration de la démocratie pleine et entière et la laïcité.

(à suivre)

Notes

[1] Hassan Banna : El Ikhwane el Moulimine du 3 mai 1946, cité en p. 226, par Saïd Bouamama : Algérie : les racines de l’intégrisme, EPO, 2000, Bruxelles.

Hakim Arabdiou

6 - débats républicains

1 - Le RMI aide-t-il à réinsérer les chômeurs ?

Histoire du RMI :

Il a été créé en 1988, à l'initiative de Michel Rocard, en pensant qu'il serait destiné à 200 000 ou 300 000 personnes tout au plus. Aujourd'hui, il y a 1,25 million de Rmistes. Le RMI est à peu près à 450 € par mois pour une personne seule. Mais au RMI s'ajoutent d'autres droits : la CMU (couverture Maladie universelle) une complémentaire gratuite, l'exonération des impôts locaux, aides au logement, allocations diverses, parent isolé, etc. Aides des régions, départements, communes... les montants sont différents d'une région à l'autre. "Les prestations s'empilent et ne sont plus adaptées" dit Martin Hirsch, le président d'Emmaüs. Et cela fait un nombre beaucoup plus élevé de prestataires avec les différentes aides, plus de 4 millions de personnes "hors du travail".

Et voilà que Jean-Paul Huchon a obtenu la gratuité des transports pour la région parisienne, pour les chômeurs et les Rmistes. Mesure qui va coûter 81 millions d'€ à la région. Il défend cette mesure " c'est un droit à la mobilité" dit-il.

"C'est une erreur", lui rétorque Martin Hirsch, "c'est lier une prestation à un statut d'inactivité" Le transport, les travailleurs pauvres le paient (même avec une réduction, parfois, de l'employeur), il coûte très cher, 142 € par mois.

Or, 17% des salariés français sont payés au SMIC, 40% au dessous de 1,5 SMIC, et le SMIC , c'est 1254 € brut par mois.

Le système engendre des abus et de "la triche". Les assistances sociales savent et disent ce que beaucoup constatent en regardant autour d'eux " en plus des aides sociales, beaucoup travaillent au noir pour s'en sortir" dit l'une d'elles. Ils deviennent experts pour faire valoir leurs droits"

Alors, comment en sortir?

Tout d'abord, préciser que certaines associations d'aides aux chômeurs revendiquent le droit au RMI sans l'obligation de rechercher un emploi! Ce qui est en contradiction avec le sigle RMI qui comporte le terme insertion (revenu minimum d'insertion).

Par l'emploi? Allons donc, un emploi à 984 € par mois? Et le chômeur paierait alors le loyer, l'électricité, la taxe d'habitation, perdrait les différentes aides qui s'ajoutent à son RMI ? Pourquoi lâcher un statut aidé pour un travail mal payé et perdre toutes les aides ?

C'est ce système qui engendre des tricheurs. Et il y en a : Ce diplômé qui est propriétaire d'un appartement , diplômé HEC , qui dirige 2 sociétés à l'étranger.. et réussit à bénéficier du RMI. Ces fraudeurs utilisent les failles du système pour "pomper" l'argent public.

D'autres encore? Des personnes qui travaillent au Maroc ou ailleurs et se font verser le RMI en France. Des Britanniques aisés qui touchent le RMI (lire "la France injuste" de Timoty Smith)

Mais ce qui est le plus hypocrite, c'est le travail au noir, utilisé par des gens de droite (ceux qui refusent d'augmenter le SMIC et traitent les chômeurs et Rmistes de fainéants) et par les gens de gauche, aussi! qui ne voient pas la contradiction entre leurs discours "militants" et l'emploi des Rmistes ou des sans papiers pour repeindre leur appartement, réparer, faire le ménage...

Mais la "triche" des employeurs? qui emploient les travailleurs au noir? dans l'hôtellerie, dans le bâtiment , pour le travail saisonnier? Qui leur imposent des salaires de misère ?

Et encore le salaire exorbitant des dirigeants d'entreprises qui, eux, ne sont pas au RMI ! et même lorsqu'ils ont mal dirigé leur entreprise partent avec des "parachutes dorés", 23 millions d'€ pour l'un et... le "pauvre" Forgeard qui, lui, n'a eu QUE 8 millions d'€.

Martin Hirsch a fait dix propositions pour sortir de l'assistanat. (voir son site) Certaines sont intéressantes:

Mais

Enfin, Martin Hirsch propose le RSA (revenu de solidarité active) , les aides réduites à une seule allocation régressive au fur et à mesure de l'augmentation des heures de travail. Avec la nécessité absolue de l'expérimentation de cette méthode, avant son application partout.

 

Sources :

Mireille Popelin

2 - Divisions imaginaires et principe de réalité

Mireille Popelin dénonce, dans son article, les abus dont certains Rmistes seraient les auteurs. Loin de moi l'idée de nier ce qui est sans doute une réalité. Je dénonce assez ce travers de la gauche compatissante qui consiste à considérer que les pauvres sont a priori vertueux, tandis que les riches seraient a priori suspects. Loin de moi, donc, l'idée d'intenter à Mireille un procès en sorcellerie en l'accusant de "lepénisation des esprits" : dénégation et anathèmes, voilà comment la gauche a réussi l'exploit de se couper des milieux populaires.

Il y a, donc, des Rmistes qui abusent du système. Soit. Ce que je reproche à cette façon d'aborder la question du RMI, c'est son caractère factuel. Dire qu'il y a des gens qui abusent du RMI, c'est vrai ; mais dire qu'il y a des gens qui ont vraiment besoin du RMI pour survivre, parce qu'ils n'ont pas accès à l'emploi, c'est vrai aussi. Ce que dit Mireille est vraisemblable, mais c'est justement là la limite de son approche : ce n'est que vraisemblable. On pourrait lui opposer d'autres cas tout aussi vraisemblables. Bref, sur le plan de l'analyse, cela apporte peu de dire "A existe" quand on peut rétorquer "mais non-A existe aussi".

Je ne suis, pas plus que Mireille, favorable à l'assistanat. Mais pour que le RMI soit autre chose que de l'assistanat, il faudrait : 1. Qu'on propose aux Rmistes des formations. 2. Qu'ils soient suivis par des assistantes sociales. Bref, que le RMI soit réellement un revenu minimum d'insertion. Tout cela coûte des sous : dire que certains Rmistes sont des profiteurs et des fainéants, cela ne coûte rien. Mais on n'a rien réglé, ni rien proposé. Peut-être gagnerait-on, comme toujours, à sortir de la psychologie. La figure du Rmiste a de quoi réveiller les passions, celles de gauche comme celles de droite. Passions de gauche : le Rmiste est une victime. Passion de droite : le Rmiste est un assisté. Il faudrait poser une question simple : quelle est la situation ? On pourrait ainsi faire un constat simple : dans les pays riches, il y a de moins en moins d'emplois pour une main d'oeuvre non qualifiée. Du temps où il y avait encore de quoi employer une telle main d'oeuvre, on la rémunérait à un prix minimal : le prix minimal correspondant aux marchandises nécessaires à l'entretien de la force de travail. Ce prix minimal, c'est ce que touche aujourd'hui une caissière. Mais on sait que ces emplois sont aussi en train de disparaître. Qu'est-ce que le RMI sinon le prix minimal correspondant à l'entretien d'une force de travail qui n'est plus mise en oeuvre ?[1]. Tel est le paradoxe : l'Etat consent à verser aux Rmistes de quoi entretenir une force de travail qui n'est pas employée. Paradoxe qui s'explique par le fait qu'il n'y a plus d'emploi, en France, pour une main d'oeuvre non qualifiée. Voilà le principe de réalité. Le RMI est le droit-créance qu'il aura fallu inventer parce que, dans un contexte de mondialisation et de dumping social, existe un "sous-prolétariat" qui, mécaniquement, restera inemployé. Le très-libéral Michel Rocard l'a bien compris. Plutôt que de protéger la main d'oeuvre française contre le dumping social, plutôt que d'imposer des règles et des limites au processus de mondialisation, on a préféré poser le cataplasme sur le jambe de bois : on a créé le RMI. Avec un double bénéfice : montrer à la droite qu'on a le coeur à gauche (qu'on pense aux pauvres) ; montrer aux salariés qu'il y a pire situation que la leur : rien de mieux, pour faire taire les revendications du prolétariat, que de désigner le spectre du sous-prolétariat.

Quand j'entends la droite grogner contre "les Rmistes qui feraient mieux de chercher du boulôt plutôt que se tourner les pouces", je me dis que cela procède de la même hypocrisie que lorsque le même droite se met à plaindre "ces seniors pleins de talents et de richesses qu'on pousse à la pré-retraite". Sinon de la même hypocrisie, du moins du même aveuglement : l'aveuglement qui consiste à mettre de la volonté et de l'intention là où il y a d'abord des effets mécaniques et structurels. L'envie me prend, alors de répondre à la droite : ce que vous déplorez, vous l'avez voulu. Plutôt que de l'indignation, ce sont plutôt des regrets qu'il faudrait exprimer. Lorsqu'on met la main d'oeuvre des pays riches en concurrence avec la main d'oeuvre des pays pauvres, il y a un effet mécanique : le capital va toujours vers le moins-disant. Ceux qui payent le prix fort, dans les pays riches, ce sont ceux qui n'ont qu'une force abstraite de travail : une force de travail non qualifiée. Mais il n'y a aucune raison pour que ce processus de précarisation s'arrête là. Il y a fort à croire qu'il touchera demain la main d'oeuvre qualifiée : les ingénieurs, les informaticiens font déjà les frais de cette libre concurrence de la main d'oeuvre mondiale. Un ingénieur Rmiste ? Telle est la force du néo-libéralisme : avec lui, tout est possible.

Notes

[1] il faut lire, sur ce point, le livre lumineux de J-C Milner, Le salaire de l'idéal, Paris, Editions du Seuil, 1997

Marie Perret professeur agrégée de philosophie

3 - La nation, un concept républicain : nation, immigration et émigration (13e partie)

Comme cela a été annoncé dans l'article précédent, c'est le moment de prendre position sur le problème de l'immigration et de l'émigration pour un républicain, d'autant que l'on entend tout et son contraire à ce sujet, du José Bové qui dit que le monde entier peut venir en France à son gré et avoir tous les droits sans les devoirs et responsabilités de citoyens (mais à la grande joie « contenue » des employeurs-voyous qui pourraient embaucher alors à volo légalement au rabais), au Le Pen qui veut foutre les immigrés à la mer au nom de l'identité nationale, en passant par les bobos socialistes qui disent qu'il seraient bon, ne sachant pas sur quel pied danser, d'en régulariser beaucoup en leur donnant des droits au rabais comme le vote aux élections locales, et par Sarkozy qui propose de choisir les immigré en fonction des besoins comme au bon vieux temps des marchés d'esclaves, et pour l'émigration, que les riches comme Johnny ont le droit de ne pas payer d'impôts en France en décidant de résider en Suisse ou en Belgique tout en bénéficiant de la Sécurité Sociale française!!!

Et pourtant le raisonnement de base est simple, et nous l'avons exprimé dans les premiers articles sur la nation : ceux qui résident dans l'état-nation de France sont les citoyens de notre pays qui tous ont les mêmes droits, et ceux qui n'y résident pas (ou plus) ne le sont pas (ou plus) donc sans les droits de citoyens de l'état-nation.

Ceci dit il est nécessaire, bien sûr, pour ce qui est de l'immigration de prendre position sur ses conditions en fonction de ce raisonnement : d'abord , il est bon de différencier deux natures de l'immigration:

  1. celle résultant du droit d'asile, inhérente aux valeurs de notre république qui accepte de servir de refuge aux persécutés du monde entier qui le demandent, mais que l'on doit élargir raisonnablement à tous ceux qui sont menacés dans leur intégrité physique et moral (cas des femmes algériennes menacées par exemple).
  2. celle des réfugiés économiques à qui on peut associer celle des immigrés de haute qualité professionnelle attirés par une meilleure vie de confort.

Pour le premier cas, il ne peut y avoir de restriction quelconque à l'accueil, à condition que, au bout d'un certain temps (de 5 à 10 ans par exemple), ces réfugiés acceptent de prendre la nationalité du pays les ayant accueillis (avec adhésion formalisée aux valeurs démocratiques et laïques pour notre pays) , même si pour eux c'est temporaire jusqu'à ce que la situation de leur pays d'origine ne change favorablement et qu'ils désirent alors y retourner.

Pour le 2e cas, c'est le même processus qui doit prévaloir: au bout de 5 à 10 ans les émigrés économiques doivent accepter la nationalité du pays dans lequel ils résident (sous peine d'expulsion) jusqu'à un éventuel départ pour leur pays d'origine qui se fasse selon leur volonté. Mais pour ce 2e cas, non seulement il paraît nécessaire d'exiger un engagement fort et précis aux valeurs démocratiques et laïques de notre pays, comme par exemple un engagement écrit de nature contractuelle, lequel donc, s'il n'est pas respecté dans les années suivantes aboutit à une rupture constatée et par conséquence à une expulsion (il ne faut pas avoir peur de le dire et de le faire), mais aussi, comme il n'est pas possible économiquement d'accepter une immigration massive d'année en année, il paraît évident d'en restreindre le nombre par la loi, et de le faire respecter par des contrôles systématiques pour la reconduite aux frontières des entrées illégales, certes, mais aussi d'instituer l'obligation pour tous les demandeurs de servir pendant un temps donné dit de probation, dans un service public dont le pays a besoin ; il ne faut pas oublier que pendant plus d'un siècle , ceux qui voulaient émigrer en France trouvaient naturel de servir cinq ans dans la Légion étrangère et ils obtenaient sans réserve à l'issue, l'acquisition de la nationalité française. Il n'y a pas de raison que ce moyen soit banni au nom de je ne sais quelle diabolisation d'un corps militaire si celui-ci est accepté et utilisé par la république. Il y a d'autres corps publics qui peuvent remplir ce rôle de servir l'état-nation tout en préparant à l'allégeance d'immigrés à la nation française (la sécurité civile avec les pompiers, les services publics divers d'aide à la personne, et les services de préparation aux métiers manquant sur notre territoire, etc.). C'est d'ailleurs de cette manière que peut être résolu honorablement le problème des immigrés clandestins : ou ils acceptent de servir pendant un temps donné la république dans un de ces corps de services publics créés ou à créer, et ils sont acceptés comme citoyens à l'issue en signant le contrat d'allégeance aux valeurs démocratiques et laïques de la république, ou ils sont priés de sortir du territoire national, et cette dernière mesure lorsqu'elle a à être appliquée doit être effectuée sans faiblir. (pour le cas particulier des enfants nés en France ou ayant résidé suffisamment longtemps, ceux-ci doivent avoir le droit de revenir en France à leur majorité si leurs parents partent volontairement ou forcés avant leur majorité). En effet, dans ces mesures qui paraissent adaptées aux valeurs républicaines d'un état-nation laïque, il est répondu en particulier aux dangers de perpétuer sur notre sol un nombre considérable de clandestins qui produisent le travail au noir payé au rabais et donc favorisent le chômage pour le reste de la population, et aux dangers que puissent rester dans notre pays des gens qui refusent a priori nos valeurs démocratiques et laïques (comme les islamistes et autres sectateurs du mouvement dit indigène). Il est nécessaire de dire aussi pour être cohérent que la diminution d'arrivée de réfugiés économiques dans nos pays d'Europe passe prioritairement par des mesures politiques qui vont de l'aide directe aux personnes dans les pays fournisseurs d'immigrés, à des taxes douanières pour les produits des pays qui ne respectent pas un minimum de droits de l'homme et du travail (à faire accepter bien sûr par l'ensemble des pays européens contre l'OMC) afin que ces pays trouvent leur intérêt à améliorer le sort de leur population et avoir ainsi moins de candidats à fuir leurs pays.

La position sur l'émigration doit aussi être claire dans la suite logique du même raisonnement: ne sont citoyens d'un état-nation que ceux qui y résident. Cela a donc pour conséquence que celui qui fait le choix de résider en permanence dans un autre pays, doit au bout d'un certain temps (même si le délai est fixé à 10 ou 15 ans), perdre la nationalité (française) avec ses droits de citoyens (dont le droit de vote); cela ne signifie pas que s'il veut revenir y résider, il ne puisse pas récupérer séance tenante, sans formalités, tous ses droits. Quant à ceux qui ont des activités financières et professionnelles en France et qui par exemple émigrent en Suisse ou en Belgique ou ailleurs pour ne plus payer d'impôts en France, non seulement la perte de leur nationalité française doit être automatique avec la perte des droits sociaux (l'assurance maladie de la Sécurité Sociale par exemple), mais le fisc doit saisir leurs bien jusqu'au montant calculé en fonction de leur durée probable de vie (à la méthode des assurances) et en se basant sur le montant de leurs dernières imposition (de même ceux qui bénéficie d'un enseignement supérieur gratuit mais coûteux pour l'état-nation et qui vont exercer ailleurs pour être mieux rémunéré comme certains membres du corps médical de haut niveau, doivent remboursé le coût de cet enseignement supérieur). Ces deux sortes de décisions éviteront de voir des « Français » ne résidant plus en France depuis des décennies, et/ou ne payant plus d'impôts à notre pays, d'influer illégitimement sur sa politique par des votes alors qu'ils ne sont plus acteurs de la citoyenneté de l'état-nation, sans compter qu'ils peuvent prendre des positions en faveur de leur pays d'adoption s'opposant aux valeurs républicaines de notre état-nation (exemple de l'association des français chiliens qui ont pris position massivement en tant que Français pour le coup d'état de Pinochet et sa répression) et permettre de récupérer au besoin quelques richesses.

Comme le disait en réunion publique il y a deux ans un inspecteur d'Académie originaire d'un pays d'Afrique du nord, ce n'est pas « l'intégration » qui doit être le critère d'acquisition de la nationalité, mais «l'allégeance» au pays et à ses institutions. Dans cette conception républicaine d'ailleurs, le Français dit « de souche » qui renie la légitimité de notre état-nation (nationaliste xénophobe corse, basque, sectateur du mouvement indigène, fasciste traditionnel patenté, etc.) et qui engage des actions illégales racistes, xénophobes, antiégalitaires, intégristes religieuses, et autres, refusant donc de fait l'allégeance à la nation et à ses valeurs, doit être prié de quitter le territoire avec la perte de sa nationalité (même si c'est une mesure temporaire de type sanction judiciaire) et au besoin avec la saisie de ses biens.

(à suivre)

Valentin Boudras-Chapon

4 - Urgence énergétique : Réponse à Thierry de Larochelambert

Une première lecture du texte sur le nucléaire (1 – l’urgence énergétique) suscite immédiatement chez moi quelques réactions.

1 - l'argument de la "surcapacité de production".
Il n'est pas recevable: il faut évidemment évaluer la consommation totale d'énergie (y compris celle utilisée au moyen de combustibles fossiles !) et la comparer à la production d'électricité par les centrales nucléaires. Un "tout électrique" suppose évidemment que nos véhicules par exemple fonctionnent aussi à l'électricité (et que même les avions ne consommeraient plus de kérosène). Toute utilisation massive de combustible fossile est supposée arrêtée.

2 - les comparaisons des coûts de d'investissement, de fonctionnement et de maintenance:
ces études sont souvent fantaisistes. Il suffirait d’essayer de calculer par exemple les mêmes coûts pour un véhicule automobile produit en 1895, supposant qu'il ait les mêmes performances, la même fiabilité et le même confort que les meilleurs véhicules actuels.
Ce genre d’évaluation hors du contexte historique et technologique est généralement très approximatif.

3 - production d'électricité par "parcs d'éoliennes".
Il est très aléatoire d'imaginer que ce genre de parcs puisse assurer toute la production pour alimenter en énergie une ville, même de moyenne importance (éclairage, transports, chauffage des bâtiments publics etc.).

Et même, si on multipliaient ce genre de "parcs", sans même songer aux coûts d'entretien pour ce genre d'engins qui sont généralement fort sous-estimés, on ne tient jamais compte des nuisances (sonores et visuelles) assez appréciables générées par ce genre d'engins. On oublie généralement aussi qu'il faut dans ce domaine assurer les pointes de consommation (les pics), et qu'un calcul sur une production moyenne (annuelle) n’est pas valable.

De plus, afin d'assurer également un débit de production suffisamment soutenu (stable), il est nécessaire de recourir à l'usage de puissantes batteries qui sont génératrices d'une pollution (acides, plomb…) que l'on néglige toujours dans ce genre d'étude.

4 - l'industrie nucléaire génère peu d'emplois
Cet argument est difficile à comprendre. En effet, on pourrait considérer que c'est un "plus" pour le nucléaire. Un produit qui nécessite beaucoup de main d'oeuvre est évidemment toujours cher.

Aussi, les antinuc seraient-ils pour l'esclavage "éternel" ? Utiliser un produit qui consomme un maximum de main d'oeuvre constitue-t-il un "progrès" pour l'humanité ?

5 - le nucléaire et l'effet de serre.
Ici, on semble utiliser une argumentation curieuse. On oublie que l'énergie nécessaire pour la construction et pour le fonctionnement aussi bien que pour le démantèlement d'une centrale serait évidemment majoritairement d'origine nucléaire aussi ! On peut se demander alors d’où proviendrait la production de CO².
Comme plus haut, on ne peut effectuer ce genre de comparaison dans le contexte technologique actuel.
On peut aussi se demander sur quels paramètres repose la comparaison entre le nucléaire et une centrale au charbon, voire même une centrale à cycles combiné à gaz naturel avec cogénération.
J'aime bien les "études sérieuses" et "les données les plus récentes" mais j'aime encore plus savoir d'où sortent les données et comment ces études ont été menées.

6 - Lutte efficace contre le changement climatique.
Les "cerveaux" qui l'étudient, en discutent et en tirent des conclusions hasardeuses oublient-ils qu'il y a à peine 10 siècles le Groenland n'était pas couvert d'une banquise comme aujourd’hui. On peut donc supposer que le pôle sud comportait aussi beaucoup moins de glace.

Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a à peine 4 ou 5 siècles, les hivers dans nos régions tempérées étaient bien plus rudes qu'aujourd'hui, et d’autre part, nombre de villes situées maintenant loin à l'intérieur des terres étaient des ports florissants.

L’effet de serre est indéniable, mais il n ‘est pas seul en cause. La pollution générée par l’usage immodéré des combustibles fossiles est bien plus grave. La recrudescence des maladies respiratoires ou même des allergies chez les enfants le montrent bien. D’autre part, il n'y a pas que les grands cycles de glaciation, il y a aussi des perturbations cycliques plus mineures. Et qui dit "cyclique" ne parle pas de "catastrophe". Je suppose qu’il n’est pas dans nos intentions de modifier les cycles climatiques de la terre.

7 - le déficit hydraulique
Actuellement, le globe terrestre perd des tonnes d'hydrogène par jour, et c'est là que se situe le vrai problème et un des facteurs principaux du réel dessèchement de la terre. La fonte des glaciers aura pour effet, dans un premier temps (qui va quand même durer un "certain temps" !) d'augmenter considérablement le débit d'une majorité de grands fleuves. D'autre part, ce "réchauffement" aura aussi pour effet de rendre nos hivers plus froids (le climat sera plus continental), et de plus, on ne voit pas en quoi une centrale nucléaire serait consommatrice d'eau, elles ne participent en rien au "déficit hydraulique".
L'argument évoqué dans le texte est plutôt d'ordre écolo sentimental : le réchauffement de certains cours d'eau qui changerait la "biodiversité " de nos fleuves aujourd'hui si purs. Venant de la bouche d'un professeur renommé, on reste pantois devant l'argument : en quoi une eau plus chaude abriterait-elle une moindre biodiversité ? Une modification sans doute, mais un amoindrissement ?
Le dernier paragraphe est tout à fait démagogique et ne fait que s'adresser aux émotions provoquées chez les braves gens par des discours (mensongers) "catastrophe".
En effet, si on relit bien la dernière phrase, elle argue du fait que l'eau devenant de plus en plus limitée, précieuse, coûteuse et indispensable à tous les acteurs économiques (y compris le tourisme !), "il est impensable que les français acceptent de la sacrifier au refroidissement des centrales nucléaires quand on pourrait produire autant d'électricité par les énergies renouvelables tout en l'économisant".

On le répète, en quoi une centrale nucléaire rend-elle l’eau plus rare ?

Rien qu'à la lecture de cette phrase, tout le texte perd de sa crédibilité : d’une part l'eau de refroidissement n'est pas "détruite", mais tout au plus réchauffée, et d’autre part les énergies renouvelables ne pourraient produire toute l'énergie nécessaire à tous nos besoins énergétiques.

Johannès Robyn

5 - L'urgence énergétique (V): Défis financiers et écologiques

Après l'inventaire énergétique des énergies renouvelables (volets II et III) puis de l'énergie nucléaire (volet IV), nous avons abordé dans la première partie du volet V les questions financières (coûts d'investissement et de production) et écologiques (rejets de gaz à effets de serre) de l'énergie nucléaire et de la filière EPR.
Nous poursuivons ici le volet V par la deuxième partie axée sur le coût des énergies renouvelables. Les numéros des références de la partie 1 ont été conservés pour faciliter la lecture.

Rappelons les unités employées :
énergie : 1 TEP (une tonne équivalent pétrole) représente une énergie de 11600 kWh ; 1 MTEP (mégaTEP) vaut 11,6 TWh (un térawatt-heure = 1 milliard de kWh).
puissance : 1 gigawatt GW = 1000 mégawatts MW ; 1 MW = 1 million de watts

2. Les coûts des énergies renouvelables

2.1. Éolien et solaire thermique : les plus efficaces

Rappelons que le rapport DETENTE 5 évalue le coût moyen de production d'électricité éolienne à 42,6 Euros/MWh en 2003, et le coût moyen d'investissement à 962 Euros/kW pour une éolienne terrestre en 2005 et 1495 Euro/kW pour une éolienne en mer, toutes tailles comprises.
L'étude 20 d'Espace Éolien Développement réactualisée en 2006 estime le coût d'investissement éolien à 1000 Euros/kW sur terre et à 1800 Euros/kW en mer, avec un coût de production électrique actualisé de 64,8 Euros/MWh (34,8 Euros/MWh pour une turbine à gaz à cycle combiné).
L'opuscule de la SFEN 21, reproduisant les calculs du Ministère de l'Industrie 22, avance un coût d'investissement éolien terrestre de 922 Euros/kW et un coût de production électrique actualisé de 51,5 Euros/MWh pour 2500 h nominaux/an (43,6 Euros/MWh pour 3000 h/an) en 2007. En comparaison, elle cite le coût 2015 de production électronucléaire officiel (taux d'actualisation de 8%) de 28,4 Euros/MWh (il est évalué à 35 Euros/MWh par l'ADEME, qui cite un coût de 65 Euros/MWh pour l'éolien 23). Comme on peut s'y attendre, elle souligne par ailleurs les inconvénients de l'énergie éolienne, en particulier l'intermittence sur laquelle nous reviendrons dans le volet VI.
Une étude économique canadienne récente sur l'énergie éolienne et le stockage énergétique 24 montre que le coût de production éolien canadien varie entre 27,2 et 50 Euros/MWh. Les coûts moyens d'investissement éolien sont de 1191 Euros/kW et permettent d'économiser entre 2,5 et 2,9 tonnes de CO2 par kilowatt. L'étude évalue également la possibilité de stockage hydraulique des surplus d'énergie éolienne.
L'analyse de cycle de vie éolien très détaillée 25 calcule un taux d'émission de 5,5 gCO2/kWh pour une éolienne en mer de 3 MW et de 4,64 gCO2/kWh pour une éolienne terrestre identique.
D'une manière générale, il faut noter que les coûts de production électrique de l'éolien terrestre ont été divisés par 5 au cours des 20 dernières années et que cette tendance se poursuit, grâce aux améliorations considérables des performances des turbines, des génératrices, de l'électronique de puissance et à l'effet de série dans les coûts de construction-maintenance.
Une étude prospective néerlandaise très récente fait état de coûts d'investissements à l'horizon 2020 entre 390 et 660 Euros/kW dans l'éolien terrestre et de 1100 à 1520 Euros/kW dans l'éolien maritime 26.
Loin de constituer un surcoût inadmissible pour le consommateur, les tarifs de rachat du kWh éolien par EDF (82 Euros/MWh pendant 10 ans, puis 82, 68 ou 28 Euros/MWh selon les durées de production) permet de financer le retard de l'investissement public français dans son équipement éolien, alors que l'essentiel des recherches a été fait à l'étranger et le plus souvent dans le secteur privé ou mixte. Ils compensent ainsi le manque d'investissement de l'État dans la recherche et le développement dans ces domaines, alors que la R&D dans les énergies hydraulique, fossiles puis nucléaire a été majoritairement supportée par l'État jusqu'à aujourd'hui.
En conclusion, en prenant en compte les analyses complètes de cycle de vie, l'énergie éolienne est déjà ou est en passe de devenir compétitive par rapport au nucléaire.

L'énergie solaire thermique a atteint depuis une décennie son stade de maturité, tant dans les techniques de chauffage des bâtiments (en particulier par planchers solaires directs mixtes 27 ou à appoint intégré 28) que dans les techniques de chauffage d'eau chaude sanitaire industriel ou domestique. Les performances des capteurs sélectifs plans ou sous vide sont excellentes, et les systèmes de régulation fiables et précis.
L'énergie solaire disponible moyenne étant très variable d'un endroit à l'autre du globe, les coûts de production du kWh thermique varient fortement entre le Nord et le Sud de la France, ou le Nord de l'Allemagne ou du Danemark. Les coûts d'investissement dépendent aussi très fortement du type d'installation (eau chaude individuelle ou collective, chauffage des bâtiments, chauffage de piscines, etc.).
Les coûts d'installation moyens réels pratiqués en France 29 (hors subventions) sont de l'ordre de 1000 Euros/m2 mais ils sont de 620 Euros/m2 en Belgique et de 300 Euros/m2 en Grèce pour un chauffe-eau solaire individuel de 4m2, pour une puissance moyenne de 300 W/m2 ce qui équivaut à un investissement moyen de 3300 Euros/kW (2500 Euros/kW en Belgique plus au nord). Compte tenu des subventions actuelles (malheureusement variables selon les régions), ces coûts descendent à environ 550 Euros/m2 en France.
Les chiffres ministériels de la DGEMP-DIREME sont étonnement plus optimistes (750 Euros/m2 hors subventions, 365 Euros/m2 après subventions) mais correspondent mieux à ce que devrait être le coût indicatif correct d'installation. L'enquête 29 révèle en effet que les coûts d'installation sont souvent fantaisistes en France car, contrairement à l'Allemagne, aucune structuration professionnelle du secteur (producteurs solaires, installateurs solaires) n'a été entreprise par l'État et aucun contrôle des prix et des qualités d'installation n'est imposé par l'État, ce qui est particulièrement inefficace et dommageable pour le développement de ce secteur pourtant générateur d'énormes économies d'énergie!
En Haute-Autriche (pour ne citer que cet exemple), les subventions publiques s'élèvent à 1000 Euros par installation, plus 75 Euros par m2 de capteur plan (110 Euros/m2 de capteur sous vide) jusqu'à 3000 Euros d'installation, sinon elle couvre 50% du montant de l'installation 30.
L'énergie produite par un chauffe-eau solaire est de l'ordre de 0,064 TEP/m2 (744 kWh/m2) en moyenne (elle peut varier du simple au double entre le nord et le sud de la France) et peut descendre à 300 kWh/m2 pour des installations mixtes chauffage + eau chaude sanitaire. Le coût de fonctionnement et de maintenance étant très faible (nul en thermosiphon, 1% de la production avec pompes régulées), le coût du kWh produit est restreint à l'amortissement de l'installation. Il se situe dans une fourchette de 16 à 30 Euros/MWh selon les installations. Dans l'étude 31 menée sur plusieurs configurations {surface, stockage}, il est estimé à 60 Euros/MWh pour {10 m2, 450 l}.
Le bilan prospectif de l'IEA 32 confortent le rôle pilote que jouera le solaire thermique actif et passif dans l'efficacité énergétique des bâtiments (habitat, tertiaire et industriel) durant les prochaines décennies, couvrant non seulement les besoins en chauffage et eau chaude mais également en climatisation. D'ores et déjà, 140 millions de m2 de capteurs solaires thermiques fonctionnent dans le monde (soit environ 100 GW thermique) et plus de 10 millions de m2 sont installés annuellement.
L'émission de GES pour la construction, le fonctionnement et la maintenance des systèmes solaires thermiques peut être calculée à partir des analyses de cycle de vie présentées dans le volet III; elle est comprise entre 2,8 gCO2/kWh et 14 gCO2/kWh (calcul sur 30 ans).

2.2. Photovoltaïque : un avenir certain

Encore coûteuse en comparaison de l'éolien et de l'hydroélectrique, le solaire photovoltaïque est en pleine mutation avec une croissance industrielle exceptionnelle et des baisses de coût régulières depuis les dernières décennies (5% par an en moyenne) grâce aux nouveaux procédés de découpe, d'étirement ou de dépôts en couches minces. Si les techniques classiques au silicium restent les plus économiques avec des rendements commerciaux honorables de 12 à 15%, les nouvelles technologies multicouches et matériaux hybrides risquent de bouleverser le marché dans la prochaine décennie.
Les prix de vente actuels dépendent fortement de la taille des installations et descendent jusqu'à 4000 Euros/kW-crête pour les plus grandes, avec des coûts de production de 384 à 276 Euros/MWh selon le lieu d'implantation 33. Le record actuel est celui de la grande centrale photovoltaïque de 40 MWc en cours de montage à Bolanden (Allemagne) pour un coût de 3250 Euros/kWc, qui fournira environ 40 GWh/an d'électricité à un coût de 330 à 380 Euros/MWh sur 20 ans (30 à 40 ans plus probablement) en économisant 25 000 t CO2/an 34. Les nouvelles politiques publiques de rachat du courant photovoltaïque en France en vigueur depuis juillet 2006 (30 cEuro/kWh en métropole + 25 cEuro/kWh avec intégration dans le bâti) commencent seulement depuis peu à devenir suffisamment intéressantes pour que des temps de retour sur investissement inférieurs à 20 ans soient possibles 35, mais elles restent encore en deçà des politiques volontaristes allemande, italienne et japonaise qui ont pu donner à leurs producteurs nationaux une avance considérable.
À l'horizon 2030, le CEA prévoit une baisse du coût de production jusqu'à 10 centimes d'Euro par kWh photovoltaïque, mais l'étude prospective 26 situe le coût d'investissement photovoltaïque à l'horizon 2020 entre 1840 et 2160 Euros/kWc, ce qui ne manquerait pas d'abaisser considérablement et plus rapidement les coûts de production correspondants (non chiffrés dans l'étude).
Les créations d'emplois dans l'industrie photovoltaïque sont de l'ordre de 20 emplois par MWc dans la fabrication et de 30 emplois par MWc dans la chaîne vente-installation-maintenance 36.
Si la durée de remboursement de la dette énergétique des panneaux photovoltaïques est tout à fait intéressante (cf. volet III), la fabrication des photopiles produit une quantité de GES non négligeable:

L'amélioration continue des procédés de fabrication des photopiles permettent d'espérer des émissions de GES nettement plus faibles dans la prochaine décennie.

2.3. Biomasse : des choix difficiles

Le bois reste l'énergie phare la plus économique de toutes les énergies renouvelables, avec des coûts de production de chaleur dans les chaudières à bois ou granulés de bois de l'ordre de 16,5 Euros/MWh (à comparer avec le prix du fioul de 27,5 Euros/MWh et du gaz de 34,6 Euros/MWh) et un très grand potentiel de récupération de déchets industriels ou agricoles de biomasse sèche 37.
Comme suggéré dans le volet II, les coûts et bilans énergétiques des filières « biocarburants » ne sont pas clairement établis, d'autant que les technologies ont des efficacités très variables. Les émissions de gaz à effet de serre (en particulier de N2O) avant combustion sont estimés par culture dans l'étude de l'ADEME 38 de 61,2 gCO2éq/kWh (biodiesel tournesol) à 122 gCO2éq/kWh (bioéthanol betterave), ce qui n'est guère encourageant.
L'étude précise et sans concession de l'INRA 39 confirme les réticences que l'on peut avoir aujourd'hui sur les « biocarburants » de 1ère génération (que l'on devrait plutôt appeler « agrocarburants »). Il y est en particulier montré que leurs coûts de production actuels (éthanol de betterave 0,34 Euro/l, ester de colza 0,47 Euro/l) sont encore trop élevés par rapport au prix du baril de pétrole; plus précisément, l'ester, qui est pourtant le mieux placé, ne devient compétitif que si le pétrole brut atteint 75 à 80 $/baril. La défiscalisation des « biocarburants » avantage exagérément ces filières, surtout la moins efficace qui est l'ETBE fabriqué à partir d'éthanol de blé ou de betterave, dont le bilan énergétique et de GES est négatif. L'étude en conclut que « les biocarburants de première génération constituent un système assez peu efficace de production d'énergie » et rappelle que la Commission nationale américaine sur la politique énergétique préconise l'abandon de l'éthanol de maïs (production éminemment anti-écologique et anti-énergétique) au profit de l'éthanol ligno-cellulosique de 2ème génération.
Le coût d'investissement pour la filière de gazéification de biomasse, qui est l'une des techniques d'avenir, est chiffré à 1120 Euros/kW électrique dans l'étude néerlandaise 26 mais de nombreux progrès doivent encore y être apportés, ainsi qu'aux filières d'hydrolyse enzymatique des ligno-cellulosiques pour se faire une idée claire de leurs coûts industriels et écologiques.

2.4. Géothermie, microhydraulique, énergies marines : à développer rapidement

Même si elle n'est pas une énergie renouvelable à l'échelle annuelle, la géothermie est une ressource renouvelable à moyen terme et peut être couplée au stockage de chaleur intersaisonnier :

L'énergie hydroélectrique, beaucoup plus ancienne et très efficace, reste une énergie renouvelable abondante et économique (cf. volets II et III) et peut être associée au stockage d'électricité :

Les énergies marines présentent des coûts très différents selon les dispositifs: l'usine marémotrice de la Rance est unique au monde ; elle produit depuis 40 ans de l'électricité à un coût officieux dans une fourchette de 120 à 180 Euros ; les hydroliennes qui utilisent l'énergie des courants marins et les usines houlomotrices en cours d'exploitation au Royaume-Uni, Danemark et en Norvège, ou en phase de construction expérimentale en France sont très intéressantes en terme de coûts de construction (de l'ordre de 1000 à 2800 Euros/kW), et les coûts prospectifs seraient de 1400 Euros/kW en 2015 avec un coût moyen de production de 36 Euros/MWh source ADEME. Remarque : la mise en place d'une taxe sur les gaz à effet de serre et les particules produirait très probablement un effet vertueux de baisse significative sur les coûts des énergies renouvelables présentés dans cette étude. Ils auraient en outre un effet d'incitation immédiat pour les décisions d'investissement dans tous les procédés économisant les énergies fossiles. Ces aspects seront abordées dans le volet suivant, où sera étudiée la question de la capture et de la séquestration du CO2, les réponses énergétiques à court terme à choisir d'urgence en France et dans le Monde avant de terminer l'étude sur les scénarios énergétiques possibles à long terme pour l'humanité.

Prochain volet :
L'urgence énergétique (VI) : scénarios énergétiques

 

5 Éole ou pluton, Antoine BONDUELLE et Antoine LEFEVRE (DETENTE), décembre 2003
15 Greenhouse-gas emissions from solar electric- and nuclear power : A life-cycle study, V.M. FTHENAKIS, H.C. KIM, Energy Policy, vol. 35, pp 2549-2557 (2007)
16 Objective and subjective evaluation of power plants and their non-radioactive emissions using the analytic hierarchy process, A. I. CHATZIMOURATIDIS, P. A. PILAVACHI, Energy Policy (sous presse 2007)
18 A guide to life-cycle greenhouse gas emissions form electric supply technologies, Daniel WEISSER, Energy (sous presse, 2007)
19 Comparison of greenhouse gas emissions and abatement cost of nuclear and alternative energy options from a life-cycle perspective, U. R. FRITSCHE, Öko-Institut, Germany (janvier 2006)
20 220 TWh/an avec l'énergie éolienne en France en 2040, Espace Éolien Développement (mai 2006)
21 L'énergie éolienne, Société Française d'Énergie Nucléaire - GR21 (novembre 2005)
22 Coûts de référence de la production électrique, GDMEP-DIDEME (déc 2003 – oct 2004)
23 Les énergies renouvelables, Jean-Louis BAL, ADEME (14 novembre 2006)
24 The economics of wind power with energy storage, L. E. BENITEZ, P. C. BENITEZ, G. CORNELIS VAN KOOTEN, Energy Economics (sous presse 2007)
25 Life-cycle assessment of offshore and onshore sited wind power plants based on Vestas V90-3.0 MW turbines, VESTAS (mars 2005)
26 Implications of technological learning on the prospects for renewable energy technologies in Europe, M. A. UYTERLINDE, M. JUNGINGER, H. J. DE VRIES, A. P.C. FAAIJ, W. C. TURKENBURG, Energy Policy (sous presse 2007)
27 Plancher solaire direct mixte à double réseau en habitat bioclimatique. Conception et bilan thermique réel, T. DE LAROCHELAMBERT, Revue Générale de Thermique, vol. 34, n°408, pp. 769-786 (1995)
28 Modélisation thermique des planchers chauffants. Application au système plancher solaire direct, G. ACHARD, P. PAPILLON, B. SOUYRI, Revue Générale de Thermique, n° 378, pp 312-323 (juin 1993)
29 Coûts pour l'installation d'un chauffe-eau solaire en France (enquête), Outils Solaires (oct. 2006)
30 Baromètre du solaire thermique, Systèmes Solaires, n°168 (août 2005)
31 Advanced storage concepts for solar combisystems, H. DRÜCK, W. HEIDEMANN, H. MÜLLER-STEINHAGEN, EuroSun2004 Freiburg (juin 2004)
32 The present and future use of solar thermal energy as a primary source of energy, Cédric PHILLIBERT, International Energy Agency (2005)
33 Le marché photovoltaïque en France, ADEME Département énergies renouvelables (oct. 2006)
34 World largest solar power plant being built in eastern Germany (Communiqué de presse), JUWI International (février 2007)
35 Électricité photovoltaïque, Outils Solaires (2007)
36 Photovoltaics and renewable energies in Europe, A. JÄGER-WALDAU, Renewable & Sustainable Energy Reviews, vol. 11, pp 1414-1437 (2007)
37 Bois-énergie: une chaleur d'avenir, Raphaël BALDOS, Systèmes Solaires n°176 (nov. 2006)
38 Bilan énergétique et émissions de GES des carburants et biocarburants conventionnels. Convergence et divergence entre les principales études reconnues, ADEME-ECOBILAN (juillet 2006)
39 L'ambivalence des filières biocarburants, J. C. SOURIE, D. TREGUER, S. ROZAKIS, INRA Sciences Sociales n°2 (décembre 2005)
40 Rapport sur les perspectives de développement de la production hydroélectrique en France, Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (mars 2006)

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

6 - Réflexions sur l’électricité

Félicitations pour votre débat sur un sujet qui, apparemment, ne fait pas partie de vos préoccupations essentielles et prouve votre ouverture d’esprit. Je me permets donc quelques réflexions complémentaires sur ce sujet.

Il me semble que la discussion chiffrée sur l’importance de l’électricité dans le bilan énergétique est sans objet, la conversion de Kwh en Tep résultant de conventions controversées à juste titre; en fait, ce qui compte, c’est que l’électricité est, pour toute une série d’utilisations (éclairage,motorisation, électrolyse, etc.) un produit « captif » irremplaçable, devenu vital dans le monde moderne, au même titre que l’eau ou l’air, ce qui en fait le type même du service public, devant bénéficier du principe de précaution. C’est pourquoi remettre au marché et au secteur privé cette activité est une aberration.

Le problème réel est de prendre dès maintenant les décisions concernant le remplacement des centrales nucléaires construites entre 1980 et 1990, qui seront déclassées entre 2015 et 2030.

Quelque soient les efforts déployés pour développer les énergies renouvelables, disponibles actuellement (éoliennes, biomasse) ou d’ici dix ans (charbon « propre » grâce au stockage souterrain du CO2) et pour accroître l’efficacité énergétique, le bilan risque fort d’être déficitaire. Pour éviter ce déficit catastrophique, peut-on parier sur la mise au point définitive, d’ici cette échéance, du solaire photovoltaique et surtout du nucléaire de la 4° génération (qui présentera l’immense avantage de quasi-absorption des déchets radioactifs et de très faible apport en uranium) ? Face à ces incertitudes, faut-il, par précaution, envisager la construction d’une 3° génération de centrales nucléaires intermédiaires (l’EPR) qui pourraient assurer la soudure à partir des années 2015 ? Une entreprise (encore) publique comme EDF peut-elle prendre ce risque ? Voilà l’enjeu d’un vrai débat démocratique… dont on sera arbitrairement privé si l’on se précipite pour construire dès maintenant une tête de série (improprement nommée «prototype ») dont on pourrait retarder sans dommage d’un an la mise en chantier possible.

Yves Durrieu

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Irina Palm, de Sam Garbarski

Maggie, interprétée par l’actrice Marianne Faithful, a la cinquantaine, et vit dans la banlieue londonienne. Elle a connu le premier, et le seul homme de sa vie à dix-sept ans, et s’est mariée avec lui, parce qu’elle attendait un enfant, qu’elle a perdu à la naissance. Dix ans plus tard, elle aura son seul héritier. Veuve depuis sept ans, son unique bonheur, dans une vie terne, est son fils et son petit-fils, âgé de sept ans.

Malheureusement, l’enfant est atteint d’une grave maladie. On n’est pas en France, ici il faut payer pour se faire soigner. Maggie a déjà vendu sa maison, pour financer les premiers soins. Mais à présent, le dernier recours demeure un traitement qui n’est dispensé que dans un seul endroit, à Melbourne, en Australie. Les parents du gamin n’ont pas l’argent. Il n’y a plus que quatre semaines pour que l’enfant soit transportable, après il sera trop faible. Maggie n’est pas suffisamment solvable pour emprunter. Elle n’a aucune qualification, à cinquante ans, pour trouver du travail. La situation paraît donc désespérée.

Sa vie va changer quand elle entrera dans un sex-shop, où on recherche une hôtesse. Naïve, la grand-mère pense qu’on va lui demander de faire la vaisselle, et d’astiquer le bar. Le propriétaire lui met alors les pendules à l’heure. Il regarde d’abord ses mains, et lui dit que, bien qu’elles ne soient pas jolies, elles sont douces, et qu’elle peut faire l’affaire. Il l’emmène dans une cabine, et lui explique le travail. Les hommes sont de l’autre côté de la cabine, derrière un mur de séparation, et un trou permettant de faire dépasser leur sexe. Le rôle de Maggie, avec sa main, consistera à faire le nécessaire, en cinq minutes, pour que les clients jouissent.

D’abord effrayée et scandalisée, elle accepte finalement le travail, quand elle apprend les sommes qu’elle peut gagner. Après une formation sur le terrain par une collègue qui deviendra son amie, elle doit se lancer. Les résultats dépassent toutes les espérances, et très rapidement, sous le nom d’Irina Palm, Maggie et sa main droite experte deviennent l’attraction du « Sexy World », les longues files d’attente devant sa cabine en témoignent. Elle découvre un monde qu’elle n’imaginait pas, bien loin de la vie qu’elle a mené jusqu’à maintenant. Elle qui, depuis la mort de son mari, avait renoncé à tout contact avec un autre homme, est troublée par le quotidien auquel son travail la confronte.

Elle réussira à convaincre le patron de la boîte, avec qui elle entretient un rapport ambigu, de lui avancer l’argent nécessaire pour que son petit-fils et ses parents puissent partir en Australie.

Elle s’engage à le rembourser, par dix semaines de travail gratuit.

Bien sûr, la nouvelle vie de Maggie suscitera la curiosité de quelques amies bigotes bourgeoises malveillantes, qui alimenteront les rumeurs les plus inamicales à son égard. Son fils, par ailleurs très imprégné de morale chrétienne, n’aura de cesse de vouloir savoir, de manière obsessionnelle, comment sa mère a pu se procurer autant d’argent.

Dans ces épreuves, elle fera preuve d’une force de caractère qu’on ne lui soupçonnait pas au début du film.

Toute cette aventure lui aura servi à s’affranchir de beaucoup de tabous accumulés tout au long d’une vie, et à devenir finalement une femme plus libre qu’elle n’a jamais été.

Elle découvrira une nouvelle confiance en elle, qui lui permettra s’affirmer face à des voisines qui l’ont toujours méprisée, et surtout de constater qu’elle est toujours disponible, bien que grand-mère, pour séduire un homme, et être séduite par lui.

Ce film ne prétend pas régler la question sensible de la prostitution et de la marchandisation du corps de la femme, sujets aux multiples controverses. Il se contente d’aborder, avec pudeur et sobriété, sans voyeurisme inutile, les contradictions d’une femme que rien ne destinait à de tels bouleversements en quelques semaines.

A chacun d’imaginer, une fois l’argent remboursé, quelle suite Maggie choisira de donner à une vie qui ne sera plus jamais la même depuis qu’elle a rencontré Irina Palm…

Pierre Cassen

Agenda

mardi 22 mai 2007

"Communautarisme et laïcité"

au GREPA ( Groupement des retaités de l'enseignement public et des adhérents FGR),
7 rue Major Martin 69001 LYON

l'UFAL 69 intervient sur le thème: "Communautarisme et laïcité"

Mireille Popelin (au début de l'après-midi) et Jean-Claude Santana ensuite - secrétaire et président de l'Ufal 69

jeudi 24 mai 2007

"La laïcité: un atout pour l'école "

Intervention au Collège Honoré de Balzac
56 rue Ernest Renan
69200 Vénissieux

Avec les parents d'élèves et le personnel

Avec : Jean-Claude Santana (président de l'UFAL 69)

vendredi 25 - lundi 28 mai 07

3ème Université Populaire Laïque (UPL) de l'UFAL

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier

Programme:

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :

Vendredi 25 mai

Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse

Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni

Samedi 26 mai

Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)

Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL

réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)

soirée méchoui grillades

Dimanche 27 mai

Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes

Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale

Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)

soirée musicale

Lundi 28 mai

Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures

Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants

 

L'organisation matérielle

FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.

Les chèques vacances sont acceptés.

Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE:

Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)

acompte de

à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.

mardi 29 mai 2007

Après l’élection de Sarkozy, comment défendre les principes laïques et républicains ?

à Mantes, salle Agora

Réunion-débat

Sous la présidence d'Hayet Morillon, présidente de l'Ufal du Mantois

Avec:

Un pot amical clôturera la soirée

jeudi 31 mai 2007

La violence et les jeunes, si on en parlait?

Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet

Sur l'invitation de:

avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune: - Jean-Claude Santana (président de l4UFAL du Rhône, auditionné par la Commission Stasi) - Malika Haddad (NPNS) - Dominique Ginet - psychologue. Maître de conférence à Lyon 2 - Un représentant du syndicat national des officiers de Police (UNSA)

samedi 9 juin 2007

Rencontre avec Julien Landfried sur "Contre le communautarisme"

à la librairie l’Apostrophe
2 rue Théophile Roussel
75012-Paris
Métro : Ledru-Rollin (ligne 8)

"République et Socialisme - C.E.R.I.S.E" vous convie au 4ème samedi de CERISE

Plan d’accès sur mappy.com / pagesjaunes.com en cliquant ici

mardi 12 juin 2007

Afrique, pillage à huis clos

dans les salons de la Fondation des Français Libres
59, rue Vergniaud, 75013 Paris - 01.53.62.81.81

105e dîner-débat de l’Académie du Gaullisme

Animé par Jacques Dauer, président de l’Académie du Gaullisme

et présidé par

Xavier Harel, écrivain, journaliste à La Tribune

Thème : Afrique, pillage à huis clos

Avec précision et force détails, Xavier Harel analyse et démontre que le cynisme de quelques grands dirigeants, qu’ils soient « politiques » ou à la tête de sociétés multinationales, n’a d’égal que leur cupidité et leur amoralité ; ils pillent sans vergogne l’une des principales richesses de l’Afrique : l’or noir, contribuant ainsi à accentuer la pauvreté des populations. La corruption est leur arme préférée.

Pour participer, écrire à Jacques Dauer
18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine
(accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme)
06.81.24.15.95 - 01.64.24.65.98

Prix du repas : adhérent 38 € ; non-adhérents 41 € ; moins de vingt-cinq ans 25 €.

samedi 16 juin 2007

La vie chère

Salle de la Maison des syndicats, place de la Myrpe, à Bergerac

Réunion – débat

Avec Pierre Cassen, rédacteur en chef de Respublica, porte-parole de l’Ufal 78

Débat organisé par la Libre-Pensée Dordogne

Voir l'agenda complet en ligne

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