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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°551 - vendredi 6 juillet 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Sarkozy inaugure à Marseille un tramway nommé désiré !

En ce mardi 3 juillet, le tramway de Marseille doit être inauguré par le président de la République en personne. C'est vrai que les Marseillais l'ont longtemps attendu, et que trois ans de travaux, de conflits sociaux, au milieu de la poussière et des embouteillages, c'est très long. Ayant une matinée devant moi, je me dis que finalement, je n’ai jamais vu de mes propres yeux un président de la République, et que c’est une lacune grave. Je pars donc à 9 heures du matin, et arrive sur le Vieux Port. Je tombe sur une manifestation de pêcheurs de thon, avec des grandes banderoles, face à la mairie de Marseille. « L’Europe tue la pêche artisanale ». Le responsable de la manifestation explique qu’on leur interdit de pêcher des thons de moins de trente kilogrammes, et qu’ils ne peuvent pêcher que trois mois dans l’année, alors que les Basques sont plus avantagés, et que d’autres pays de la communauté européenne pêchent impunément des thons de 8 kilogrammes. Le discours est très violemment anti-européens, et tous portent des maillots « L’Europe nous tue ». Je me souviens qu’il y a quelques mois, ils avaient viré les bateaux de Greenpeace, qui entendaient accoster à Marseille pour dire qu’il fallait arrêter de pêcher le thon. Le responsable des pêcheurs explique qu’hier, ils ont été reçus par Gaudin et Muselier, qui ont décroché le téléphone, devant eux, et ont appelé l’Elysée. Quand on sait qu’un des responsables de ce mouvement est élu sur les listes municipales de Gaudin, je me dis que c’est vraiment bien joué. Bien évidemment, l’Elysée a promis que le monsieur pêche du cabinet de Sarkozy les recevrait, mais qu’ils ne devaient pas perturber la venue du président de la République, le lendemain, à Marseille. Accord conclu.

Je quitte le Vieux-Port, et remonte la Canebière. Je n’en crois pas mes yeux. Jamais je n’ai vu cette avenue aussi propre ! Car, appelons un chat un chat, Marseille est la ville la plus sale de France. Gaudin a beau piquer une colère mémorable tous les six mois, et dire que cela ne peut plus durer, cela continue de plus belle. La Canebière n’échappe pas à cette règle, elle est régulièrement jonchée de détritus, de papiers et de crottes de chiens, comme bien d’autres rues marseillaise. Eh bien, ce mardi matin, à quelques heures de la venue de Sarkozy, pour inaugurer le tramway, tout est nickel !
Incroyable, je n’ai jamais vu cela ! Les services municipaux ont du bosser toute la nuit, et tôt le matin. Seuls, quelques clébards, insensibles à l’importance de la venue du président, ont laissé encore quelques traces sur les trottoirs, sinon, on se croirait presque à Paris.

Je continue à progresser vers le lieu où Sarkozy doit intervenir, au Palais Longchamp. Je veux acheter une bouteille d’eau. Un vendeur m’en propose un demi-litre pour un euro cinquante. Dix balles le demi-litre d’eau ! Je préfère conserver ma soif. La foule commence à affluer sur les trottoirs.
J’arrive devant l’endroit où super-Sarko doit monter dans le tramway, qui va rouler à huit kilomètres-heures, tout au long de la montée vers Longchamp.
Des photographes tentent de négocier avec les autorités la possibilité de monter dans le tram. Bien sûr, aucune chance, ce n’est pas à ce niveau que cela se joue. Je continue à marcher. Je reçois un tract signé de la LCR, des Rouges Vifs, et des comités Palestine. Ils nous expliquent que le tramway est privé, et est géré par Veolia, ce qui les scandalise. Jusque là, c'est correct. Mais ils ajoutent que Veolia a aussi, chose grave, construit le tram de Jérusalem, et donc qu’ils sont complices de l’état hébreu, dans sa lutte pour exterminer les Palestiniens. Je me dis que, décidément, cela ne s’arrange pas pour les admirateurs du Hamas et du Hezbollah ! Je cherche à repérer d’autres distributeurs de tracts, ou des manifestants, mais rien en vue. Arrivé à deux cents mètres du Palais Longchamp, nous sommes bloqués par des barrières. Seules, les personnes en possession d’une invitation peuvent passer, les autres ne peuvent pas aller plus haut.

Toujours intéressé par les dispositifs de sécurité, je regarde comment cela marche. Je repère tout de suite de nombreux policiers en civil. J’ai un sac à dos. Je me dis que les services de sécurité ne me font pas ouvrir mon sac, c’est inquiétant quant à leur efficacité. Je suis rapidement rassuré, moins de dix minutes avant le passage du tram présidentiel, deux costauds me demandent d’ouvrir mon sac. Avec angoisse, je me rappelle que j’ai laissé des autocollants hostiles à Sarkozy. Mais j’ai de la chance, ils ne les voient pas, et ne détectant aucun engin dangereux pour la sécurité du président, ils me remercient de ma compréhension.

Une manifestante aura moins de chance. Seule, ce qui ne manque pas de panache, elle commence à lancer des slogans réclamant des moyens supplémentaires pour la culture. Cela ne dure pas dix secondes, elle se fait rapidement cerner par cinq policiers, et est évacué dans une rue perpendiculaire, où elle subit un contrôle d’identité. Elle ne redescendra pas avant le passage présidentiel.

Les flics bouclent le quartier. Seul problème, une vieille dame veut absolument rentrer chez elle, et dit qu’elle habite à deux cents mètres de là. Les policiers lui demandent d’attendre le passage du tram. Colère de la mamy, marseillaise forte en gueule du type Jackie Sardou. Elle invective les responsables des forces de l’ordre, avec un accent inimitable. « Monsieur, j’ai toujours habité ici, et ce n’est pas votre Sarkozy de mes deux qui va m’empêcher de rentrer chez moi ! Laissez moi passer ! ». Et la grand-mère force le passage ! Souhaitant éviter un incident, les policiers laissent faire, sous les sourires goguenards du public.

Un autre Marseillais veut passer, mais il n’a pas le sacro-saint sésame, et se fait refouler. Il n’est pas content. « Ils sont bien tous pareils, ces politiciens, ils vous serrent la main avant les élections, et une fois élus, ils vous laissent derrière les barrières ». Il a peu de succès, car les gens présents sont plutôt favorables au nouveau président de la République.

Le tram passe, je vois Sarkozy et Gaudin au travers des vitres. Je me dis qu’ils ont plus de chance que Juppé-Chirac, qui avaient été victimes d’une panne, le jour de l’inauguration, à Bordeaux. Comme quoi certains sont marqués par la poisse. Dès que le tram présidentiel est passé, immédiatement, les forces de l’ordre bloquent la rue. Je comprends donc que j’ai vu furtivement Sarkozy, mais que je ne pourrais pas assister à son discours. Je vais donc me contenter d’essayer de l’entendre de loin.

Malin, voire talentueux, il flatte la fierté des Marseillais, félicite Gaudin pour son œuvre, et met le paquet sur un thème par ailleurs intelligent : Marseille doit être la capitale du grand pôle méditerranéen qu’il appelle de ses vœux. Or, le Port est un atout primordial pour ce projet. Son statut, pas plus que celui des autres ports français, n’est adapté à ce défi. Barcelone progresse et embauche, quand Marseille stagne, et se voit trop souvent paralysé par des grèves minoritaires. Il ne tolérera pas cela plus longtemps ! Les dockers se font habiller pour l’hiver ! Sarkozy tient le discours que le maire de Marseille et les siens sont venus entendre.

Celui d’une droite décomplexée. Gaudin est aux anges, il est candidat à sa propre succession, tandis que Muselier attend sagement son heure. Les socialistes ont quatre postulants pour les prochaines élections municipales : Jean-René Guérini, patron du PS local, Patrick Menucci, président du conseil général, et proche de Ségolène, Sylvie Andrieux, vice-présidente du conseil régional, et le Masse de service, puisque dans cette famille socialiste, depuis plus de cinquante ans, il y a toujours un Masse élu quelque part. Gaudin, qui, rappelons-le, n’avait pas hésiter à faire alliance avec le FN pour garder la Région, peut dormir tranquille. Au vu de l’état de la gauche en France, des résultats des présidentielles et de la nature de son opposition marseillaise, la venue et le discours du président de Sarkozy ne peut que le consolider dans une place où il sera difficilement déboulonnable, malgré l’endettement pharaonique de la Ville, souligné par le Cour des comptes.

On souhaite bonne chance aux contribuables marseillais, qui paient déjà 1,70 euro pour une seule heure passée dans le métro ou dans un bus, en espérant que leur nouveau tramway fera passer la pilule pour l’ardoise qui les attend aux lendemains des élections municipales.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - La force des grèves rassembleuses, la faiblesse des grèves impopulaires

« La grève, c’est l’arme des trusts ! » disait Maurice Thorez, entre 1945 et 1947, quand les ministres communistes participaient à la reconstruction de la France, sous la direction du général de Gaulle, avec toutes les contradictions que cela occasionnait. Nul n’a oublié la grève des camionneurs, au Chili, en 1972, qui fit très mal au gouvernement d’Allende en paralysant le pays, dans une période de grande difficulté économique.

Vingt ans plus tard, sans doute marqué par l’événement, Julien Dray recommandait à Pierre Bérégovoy, alors premier ministre, d’envoyer les tanks pour dégager les camions qui bloquaient les routes depuis plusieurs jours.

Sarkozy s’y prendra autrement, quelques années plus tard, et fera confisquer les permis de conduire des salariés routiers qui voulaient bloquer les raffineries pour faire respecter les accords.

Aujourd’hui, alors que le nombre de jours de grèves est en baisse, le gouvernement entend légiférer sur le service minimum dans les transports. Il ne veut surtout pas apparaître attaquer aussi brutalement le mouvement social que ne l’avait fait Margaret Thatcher, dans les années 1980, en Grande-Bretagne. Mais il est malgré tout irritant d’entendre les leaders de la droite, qui n’ont jamais fait grève de leur vie, parler négativement d’un droit que la salariat a acquis, souvent au prix du sang, tout au long de son histoire.

Il faut rappeler que, dans une période de chômage de masse, dans le privé, il est souvent très difficile de se syndiquer, et encore plus difficile d’entamer une grève.

Il ne faut pas pour autant classer de manière caricaturale l’ensemble des employeurs dans le camp du patronat buveur de sang, mais il faut aussi savoir que quelques-uns font régner dans leur entreprise, en toute impunité, une véritable dictature contre leurs salariés, refusant notamment de leur payer leurs heures supplémentaires.

Il faut connaître les pressions, menaces et dissuasions de toutes sortes qui font que bien souvent, les salariés préfèrent accepter les humiliations en silence, plutôt que de se lancer dans une action revendicative légitime, mais dépourvue d’un rapport de forces suffisant. La peur de perdre son emploi fait souvent le reste. A ce sujet, il y a peut-être trop de fonctionnaires dans certains secteurs du public, mais il faudrait, par contre, des inspecteurs du travail en nombre beaucoup plus important.

Les salariés ne font jamais grève par plaisir. Cela leur coûte cher, et bien souvent, les directions jouent sur le pourrissement et l’usure pour les contraindre à reprendre le travail, sachant que les difficultés économiques les rendent rapidement vulnérables.

Mais une grève redonne de la fierté à ceux qui la font. Dans un monde de l’entreprise de plus en plus violent, où chacun craint pour son avenir, c’est souvent le dernier atout dont on dispose pour affirmer sa dignité, poser un rapport de forces, et contraindre une direction à ouvrir des négociations.

Il faut avoir connu la force des assemblées générales, les solidarités qui s’en dégagent, l’impression nouvelle qu’on pèse quelque chose, et la fierté qu’on lit dans les yeux des grévistes, quand ils sentent qu’ils vont faire reculer la direction, et que leur action sera gagnante. Une grève transforme souvent, en quelques jours, le comportement de salariés qui apparaissaient résignés peu avant.

Sarkozy a le vent en poupe, et il sait utiliser au mieux les cents jours pour avancer ses pions. En 1995, toute la population était derrière la grève des cheminots. Pourtant, à cette époque, pendant trois semaines, la France était paralysée. Mais tout le monde était avec les grévistes de la fonction publique, même les salariés du privé, qui n’avaient pas la possibilité de faire grève.

Jacques Sapir écrivait, dernièrement, que les propos tenus dans une campagne électorale avaient leur importance, quel que soit les reniements futurs, ils laissent des traces. Le conflit de décembre 1995 illustre la justesse de cette théorie. L’ensemble du monde du travail a compris que Chirac les avait floués, lors de l’élection de 1995, en tenant un discours sur la « fracture sociale », pour renier, en octobre, tout ce qu’il avait dit auparavant. Ils étaient donc d’accord pour le lui faire payer.

Mais douze années plus tard, qui peut dire que la situation est la même ?

Il suffit de prendre les transports en commun, depuis des années, pour vérifier un sentiment confus. Les citoyens, en général, sont attachés au respect du droit de grève. Mais ils supportent de plus en plus mal les grèves à répétition et les retards dont ils sont les premières victimes quand ils prennent le train.

La dernière grève, en région parisienne, qui a duré une semaine pour le passage des horaires d’été aux horaires d’hiver, comme tous les ans, a été très mal acceptée par la grande majorité des usagers.

Les arrêts de travail, et retards de trains qui en découlent, dès qu’un contrôleur est agressé, passent de moins en moins bien, et Sarkozy, qui sait comprendre l’état de l’opinion, joue sur du velours.

La privatisation de la SNCM, à Marseille n’a été possible que parce que la multiplication des grèves et des annulations de bateaux ne passaient plus dans la population. Elle n’avait pas envie de défendre un service public quand il fonctionnait aussi mal. La grève des marins, longue de un mois, n’a pas eu le soutien de la population marseillaise.

Parfois, les surenchères politiciennes de certaines sections Sud Rail, décidées à se montrer plus radicales que la CGT, font beaucoup de mal à l’image du service public, et font involontairement le jeu de ceux qui veulent le privatiser.

Un vieux leader syndical m’a beaucoup marqué, quand je débutais, en me disant deux phrases. « Tu vois, petit, la grève, c’est la bombe atomique. Il faut s’en servir le plus rarement possible, mais l’autre en face doit savoir que tu peux appuyer sur le bouton à tout moment ». « Il faut savoir que la meilleure balle, c’est celle qui n’a pas été tirée ». J’avais alors du mal à entendre ce discours, qui me paraissait bien trop prudent.

J’ai su par ailleurs que ce vieux syndicaliste avait pourtant animé des dizaines de grèves, tout au long de sa vie, dont certaines très violentes. Mais il n’était ni jusqu’au-boutiste, ni capitulard. En ce sens, il était respecté par les salariés, et par les directions, qui le craignaient.

Avant de lancer une grande bataille, un leader syndical digne de ce nom doit tout peser, et ne pas se faire plaisir en reprenant des slogans démagogiques inadaptés.

On peut perdre avec des mots d’ordre juste politiquement, si le rapport de forces est insuffisant. En Grande-Bretagne, dans les années 1980, les ouvriers du Livre ne voulaient pas perdre un seul poste, malgré la modernisation. Ils ont tout perdu.

Les salariés du privé subissent au quotidien les effets des évolutions technologiques. Il n’est pas tabou, pour un républicain, dans le secteur public, de regarder les conséquences de certains bouleversements techniques, et de savoir admettre que cela peut avoir des conséquences sur les effectifs, dans certains secteurs, tout comme le transfert de certaines prérogatives aux régions. De même, aucun syndicaliste n’a pu me convaincre qu’il fallait, au niveau des impôts, une recette perception, et un centre des impôts, et que cela ne fonctionne pas ensemble.

Cela ne s’oppose pas, au contraire, à la détermination nécessaire pour sauvegarder le service public, et son système de péréquation solidaire.

Pour gagner un conflit social, aujourd’hui, dans le privé, il faut soit avoir un rapport de forces favorable dans des entreprises qui n’hésitent pas à recourir au chantage de la délocalisation, ou de la sous-traitance.

Au niveau des agents de l’Etat, il faut, outre l’unité syndicale, avoir l’opinion avec soi, comme les infirmières en 1988, et les cheminots en 1995.

Les expériences de 2003 sur les retraites, ont montré que même unis, les salariés de la fonction publique pouvaient perdre, quand l’opinion n’est pas au rendez-vous.

En 2006, le CPE a mobilisé toutes les générations, tous les syndicats, et chaque salarié, qu’il soit du public ou du privé, jeune ou vieux, sentait bien que si cela passait, un recul important verrait le jour.

Nul doute que le gouvernement a pesé tout cela, avant d’annoncer des mesures comme le service minimum, et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite en 2008.

Nul doute qu’après avoir mangé avec Jean-Claude Mailly, secrétaire de FO, Sarkozy verra Bernard Thibault, de la CGT, et François Chérèque, de la CFDT.

Nul doute également que les directions syndicales, si efficaces lors du conflit sur le CPE, sauront peser la réalité du rapport de forces, et la réalité de la période.

L’avenir dira si Sarkozy leur laissera un peu de grain à moudre…

Pierre Caspi

2 - « Il serait suicidaire pour la gauche d’importer en France le blairisme »

Faisant ces derniers jours le bilan des années Blair, les médias français parlaient de pragmatisme, de thatchérisme social, de modernisme, de social-démocratie… Qu’en pensez-vous ?

Philippe Marlière. En 1998, devant les députés français, Tony Blair déclarait : « Il n’y a pas de politique économique de droite ou de gauche, mais des politiques économiques qui marchent et d’autres qui ne marchent pas. » Il affichait ainsi son soi-disant modernisme politique et sa volonté de rompre avec « le vieux travaillisme ». Ce pragmatisme porté très haut a fait place à des choix beaucoup plus idéologiques. En fait, le blairisme est resté sur les rails du thatchérisme avec des correctifs à la marge pour les plus pauvres, les familles monoparentales. Il a mis en place un filet de sécurité pour ces catégories, mais n’a pas réduit les inégalités qui se sont au contraire largement accrû es. Dans les services publics il n’a pas rompu avec le paradigme thatchérien. La rénovation des écoles, des hôpitaux s’est faite en associant étroitement le privé à leur construction et à leur gestion. Le choix de Blair et de Brown d’accompagner et non de réguler la mondialisation a fait que Londres et le Royaume-Uni sont devenus la plaque tournante d’une économie dérégulée, totalement flexible où seuls les plus riches peuvent s’en sortir. Un exemple : la spéculation immobilière qui chasse les classes moyennes des centres-villes. Derrière ce pragmatisme de façade, Blair a imposé des politiques rejetées non seulement par les syndicats, mais également par une grande partie des travaillistes, les médias et aussi par le public. Ainsi, la rénovation du métro de Londres a donné lieu à une longue bataille contre la gestion privée du service public. Le maire, Ken Livingstone, s’est opposé à cette privatisation, mais Blair et Brown sont passés outre démontrant que leur pragmatisme n’était qu’un slogan.

Tony Blair est-il social-démocrate ?

Philippe Marlière. En France, à gauche, surtout à gauche du PS, ce terme est synonyme de droite. C’est un raccourci. Pendant les Trente Glorieuses, la social-démocratie n’a pas été forcément droitière, y compris en Grande-Bretagne. Elle a proposé un mode de redistribution assez égalitaire. Ce n’est pas la politique qu’a suivie Blair. Avec lui, les ouvriers, les fonctionnaires et les classes moyennes du privé ont été laissés de côté. Il est amusant de voir certains médias français parler d’un blairisme social, alors qu’en réalité il a repris les recettes néolibérales du thatchérisme et privilégié les tenants du capitalisme financier. Non, il a fait moins que le strict minimum. Après vingt ans de gouvernement ultralibéral, après les privatisations catastrophiques du thatchérisme, la population n’en pouvait plus du néolibéralisme et elle souhaitait une réelle rénovation des services publics et davantage d’égalité. Elle n’attendait pas la révolution mais une politique plus sociale-démocrate. Le blairisme n’a pas été à la mesure de cela. Blair a manqué d’audace alors qu’il s’appuyait sur une majorité absolue. Ce qui a caractérisé son action, c’est un profond pessimisme social.

Tony Blair est-il de gauche ?

Philippe Marlière. Lorsqu’on est à la tête d’un gouvernement de gauche, fut-il hypercentriste, post-social-démocrate même, à quoi juge-t-on sa réussite ? À l’aune d’un combat en faveur de la justice sociale. Dans ce domaine Blair a failli. Ce sont les riches qui ont prospéré sous le blairisme. Les autres catégories sociales ont eu beaucoup de mal. En Grande-Bretagne, les classes moyennes « galèrent », ce qui fait que le blairisme est devenu très impopulaire parmi les salariés et les cols blancs.

Ce n’est donc pas seulement la guerre en Irak qui explique la relative impopularité de Blair aujourd’hui…

Philippe Marlière. Vu de Grande-Bretagne, la guerre d’Irak n’explique qu’en partie cette impopularité. Elle est en effet un énorme fiasco, tout le monde le reconnaît sauf Tony Blair. Elle a entraîné le décrochage de catégories qui étaient très blairistes. Ceux qu’on appelle en France les « bobos ». Des gens aisés qui ne veulent pas de hausse des impôts, qui mettent leurs enfants dans les écoles privées, mais qui sont progressistes sur les questions sociétales, d’environnement et de moeurs. Pour eux la guerre d’Irak, c’était trop. À ceux qui affirment en France que Blair s’en est bien sorti exceptée sur l’Irak, je dirais : Blair a échoué sur l’Irak et il a également échoué dans le domaine économique et social. Les résultats macroéconomiques sont peut-être corrects mais à qui a profité la croissance ? Aux riches, pas au peuple.

Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn se sont à plusieurs reprises référés à Tony Blair. Y a-t-il une tentation blairiste au PS ?

Philippe Marlière. Incontestablement le Parti socialiste français et tous les partis qui siègent à Bruxelles dans le Parti socialiste européen (PSE) sont traversés par cette tentation. Il y a ceux qui pensent que Blair a fait le maximum. Vous avez cité Royal et DSK, je suis d’accord. Mais il y a encore des socialistes qui pensent que le blairisme n’a rien à voir avec la gauche sociale-démocrate, qu’il est tombé du côté de la droite et qu’il faut donc le combattre. DSK a bien étudié le blairisme, il a des contacts étroits avec ses dignitaires, il pense que le socialisme à la française doit s’en inspirer, c’est son horizon, c’est idéologique. Quant à Royal, sa campagne peut être qualifiée de blairiste. Elle se situe même en deçà comme on l’a vu a posteriori avec sa critique des 35 heures et du SMIC (incroyable ! Même Blair a revalorisé le SMIC). Elle a aussi adopté du blairisme son versant sécuritaire. Il me semble que dans ces moments de grande incertitude socio-économique, quand les plus défavorisés souffrent des restructurations, des délocalisations, d’un pouvoir d’achat rogné, un gouvernement de gauche devrait défendre ces catégories et non exacerber la dérégulation néolibérale en disant : soyez contents d’avoir un boulot même mal payé et flexible. Aujourd’hui, l’opposition politique majeure n’est plus entre la gauche et la droite, mais c’est une opposition qui traverse les partis sociaux-démocrates et qui met face à face blairistes et progressistes.

Nicolas Sarkozy affiche lui aussi sa proximité avec Tony Blair…

Philippe Marlière. Que Nicolas Sarkozy se réfère à Blair sur le plan économique, approuve ses politiques sécuritaires et partage son admiration pour les États-Unis, c’est dans la logique des choses. C’est un fait connu ici, Blair souhaitait la victoire de Sarkozy. Entre les deux hommes, il existe une admiration et une sympathie mutuelle. Les politiques de Blair et les intentions déclarées de Sarkozy coïncident.

Quels enseignements tirez-vous du blairisme pour la gauche française ?

Philippe Marlière. Il a pu prospérer électoralement dans des conditions politiques particulières, après vingt ans de thatchérisme et de défaite en rase campagne de la gauche britannique, depuis la grève des mineurs jusqu’à la reprise en main du Parti travailliste par Neil Kinnock. Celui-ci avait préparé le terrain avec les purges des éléments de gauche du Parti travailliste, pas seulement les trotskistes, mais des sociaux-démocrates bon teint, qui ont été mis de côté progressivement en une dizaine d’années. Le mode de fonctionnement du parti est devenu plébiscitaire et a renforcé les pouvoirs du leader. Quand Blair en prend la tête en 1994, il n’a plus qu’à mettre en oeuvre sa politique. C’est un premier point important. Ensuite, il est arrivé au pouvoir alors que les conservateurs faisaient l’objet d’un rejet viscéral et qu’il y avait un grand espoir populaire pour le changement. Malgré les échecs des dernières années, malgré tout ce qu’on peut reprocher à la gauche, et au PS en particulier, la France reste culturellement, idéologiquement, beaucoup plus à gauche que la Grande-Bretagne. La thèse de la « droitisation » de la société française, défendue par certains, n’est pas démontrée. Tous les sondages qualitatifs montrent, à l’inverse, qu’il existe une forte attente sociale. C’est tout le génie stratégique de Sarkozy d’avoir fait voter en faveur d’une plate-forme néolibérale tout en ayant pris soin, le temps de la campagne électorale, de flatter l’électorat de gauche. Cela lui a permis de remporter une élection que la gauche aurait dû gagner. Il serait suicidaire pour cette dernière d’importer en France le blairisme et son pessimisme social, de promouvoir une politique qui viendrait décourager ce qui a au contraire besoin d’être réactivé : l’aspiration à davantage de solidarité et de justice sociale.

Entretien réalisé par Jacqueline Sellem.

Source

Philippe Marlière Maître de conférences en sciences politiques à l’université de Londres.

3 - 17 millions de voix, et moi, et moi, et moi… . Maintenant ça suffit !

Chers amis d'Evariste,

Ci-joint, le courrier d'humeur du militant socialiste que je suis... Espérant qu'il puisse trouver écho dans vos colonnes dont je suis un fidèle lecteur.

On ne cesse d’entendre, ça et là, que Ségolène ROYAL a rassemblé sur son nom 17 millions de voix, ce qui lui vaudrait dévotion éternelle ! N’est-ce pas d’ailleurs particulièrement nombriliste de considérer que c’est sur son nom et non pas sur son programme que ces voix ont été rassemblées ? Vaste question… .

Mais, et cela en dit long, on tombe immédiatement sous le feu des critiques dès lors qu’une ébauche d’analyse de l’échec du 6 mai (car oui c’en est un) peu amène envers la candidate est avancée. On est taxé de « rancunier », « d’irrespectueux » voir « d’éléphant » (nouvelle insulte à la mode chez les illuminés de la «modernité » à gauche) si l’on ose (sacrilège) émettre quelques doutes sur la forme et le fond de la campagne menée par la candidate… de façon, il faut bien le reconnaître, assez solitaire ; et ce fut son choix !

Alors maintenant ça suffit ! Il est l’heure de dire les choses : OUI, Ségolène ROYAL aura été la candidate de la gauche qui a réussi à rassembler sur son nom le plus de voix… d’électeurs par défaut !
Combien de socialistes « nonistes », qui après avoir soutenu un autre candidat lors de la campagne interne ont, de façon loyale (pour ne pas dire royale), participé à la campagne ? Combien de camarades Verts, communistes et même des trotskystes ont souhaité « voter utile » (c'est-à-dire ne pas faire le choix du cœur) dès le 22 avril ? Il serait honnête de répondre à ces questions ! De plus, beaucoup de ceux-là se sentent aujourd’hui floués lorsque l’ex candidate s’approprie ces (ses !) voix… surtout après avoir dit qu’elle ne croyait ni au SMIC à 1500 euros, ni aux 35 heures ! Et ce sont les « royalistes » qui vont ensuite parler « d’irrespect » ! On croit rêver… . Alors qu’on arrête de nous rebattre les oreilles avec « ses » 17 millions d’électeurs !

Et puisque seuls les chiffres sont dénués de subjectivités, alors parlons chiffres ! Intéressons-nous aux seconds tours :

Nous le voyons, à chaque élection présidentielle, le nombre de votants – qui dépend directement du nombre d’inscrits lui-même en hausse constante – augmente.

Ainsi, entre 1995 et 2007, il y a eu, au second tour, une augmentation de 6 millions de votants !
Or JOSPIN en totalisait près de 14,2 millions en 1995 et ROYAL près de 16,8 millions en 2007, soit une augmentation d’environ 2,5 millions de voix sur le (la) candidat(e) de gauche alors que l’augmentation du nombre de votants globaux est de 6 millions… . Voilà de quoi relativiser la « grande victoire » de Ségolène à en croire certains… aveuglés par le télé évangélisme de la dame en blanc ?

Les conditions étaient pourtant réunies en 2007 pour gagner (victoires aux régionales, cantonales, européennes précédentes ; victoire du « Non » au référendum ; démantèlement du projet nocif du CPE, campagne axée sur les problèmes économiques et sociaux…) et la gauche a perdu.

Oui, cette défaite est d’autant plus cinglante que la victoire était attendue, possible et même nécessaire pour le peuple de gauche. Et le peuple de gauche n’a peut-être pas apprécié de voir, le 6 mai au soir, une Ségolène ROYAL triomphante, attachant visiblement plus d’importance à son rendez-vous lancé pour 2012 qu’à la souffrance que les plus démunis vont devoir endurer pendant cinq ans. Au moins !

Vincent Bawedin Membre du Conseil Fédéral et Secrétaire Fédéral du PS de la Somme

4 - Le groupe communiste dissout

Les faits : au lendemain des élections législatives, l’Assemblée nationale compte 18 députés communistes et républicains, 4 verts et 2 députés d’Outre-mer. Une bataille s’engage pour abaisser à 15 le nombre de députés nécessaires afin de constituer un groupe politique – bataille importante car un groupe politique dispose de moyens importants. Au lieu de quoi, le groupe communiste et républicain a été dissout.

Un mini complot a été organisé avec Patrick Braouezec et Noël Mamère pour sortir le président Alain Bocquet. Un groupe dit de gauche démocratique et républicaine, présenté comme un groupe « technique », a été mis en place.

Il abandonne de fait la référence communiste et vole aux 18 députés les moyens auxquels ils ont droit puisque la répartition prévue est de un tiers pour les communistes, un tiers pour les verts et un tiers pour les députés d’Outre-mer.

A signaler une attitude méprisante et odieuse vis-à-vis des collaborateurs du groupe qui ont été virés sans délai pour laisser la place à ces nouveaux seigneurs de l’ouverture que sont les refondateurs et les verts.

Tout cela s’est fait avec la bénédiction de Marie-George Buffet.

Chaque communiste de France doit connaître cette vérité cachée jusqu’à aujourd’hui, qui masque cette entreprise de démolition et efface l’identité communiste.

Cinq députés, André GERIN, Jacques DESALLANGRE, Jean- Pierre BRARD, Jean-Jacques CANDELIER et Maxime GREMETZ ont décidé de créer une composante communiste et républicaine.

André GERIN Maire de Vénissieux
Député du Rhône

5 - L'affaire Devedjian et le haineusement correct

Insignifiante, l'affaire Devedjian ? De la plus haute importance, au contraire. Passons sur l'injure faite à Anne-Marie Comparini (le député a présenté ses excuses) et sur le choix du terme, aussi grossier que banal dans le milieu politique (souvenons-nous que longtemps l'ancien et le nouveau Président ne se donnèrent que du « grand c… » et du « petite cr… »). L'essentiel est ailleurs : ce qui est à l'œuvre, sous nos yeux, et que nous avons tant de mal à voir, c'est la mutation des modes de diffusion de la haine dans notre société.

Première mutation : nous sommes passés de Warhol à Lynch. De l'espoir d'obtenir son quart d'heure de célébrité à la certitude de subir son quart d'heure d'infamie. La miniaturisation des matériels audiovisuels, leur sophistication croissante comme la chute de leur prix de commercialisation, mettent n'importe quelle conversation privée à la portée des mouchards (mini-caméra, smartphone, oreillette WIFI ou Bluetooth, etc.). Dans la rue, au restaurant, au bureau, dans les transports, les toilettes publiques… Partout. L'hiver dernier, à New York, le chauffeur d'une compagnie m'annonce, par souci de légalité, qu'une webcam nichée dans le rétroviseur filme la course et la transmet en temps réel. « Raison de sécurité. » Je n'ai jamais réussi à la localiser. Indécelable. Imaginons maintenant un député, une femme d'affaires, un acteur lâchant sur la banquette arrière d'un taxi indélicat un mot terrible au sujet de ses électeurs, ses clients, ses fans…

Exécution garantie. Sans même mentionner les traquenards (entretiens filmés en caméra cachée, appels enregistrés, repas pièges) dont la seule finalité est de provoquer un dérapage et de l'immortaliser… C'est ainsi et il faut en prendre acte : la soif de lynchage couplée aux prouesses technologiques vont progressivement réduire à néant le concept même de « propos privés ».

Deuxième mutation illustrée par les malheurs de M. Devedjian : la principale source d'information de nos concitoyens encourage la caricature et l'acharnement. Résumons : une majorité croissante de Français va puiser ses infos sur Internet ; la quasi-totalité consultent les deux mêmes moteurs de recherche (Google, Yahoo) ; en matière non commerciale, ces moteurs donnent comme dix premiers résultats les pages les plus consultées, c'est-à-dire les plus « croustillantes ». Dans le monde virtuel, Patrick Devedjian est désormais certain d'être abouché à l'injure qui lui aura échappée. Pour toujours ? Pour longtemps. De cela aussi, il nous faut prendre acte : on nous avait promis que la Toile serait Le Paradis du Tintoret, pleine de variétés, foisonnante de détails et riche de nuances… Elle fonctionne en réalité comme le sculpteur César : elle fracasse, concasse, et il ne reste bientôt plus qu'une compression. Devedjian ? « Salope ».

Pour finir, cette polémique a mis en évidence, une fois encore, la mutation de nos sociétés vers ce que j'ai appelé le « haineusement correct ». Pour faire lapidaire : qui n'insulte pas un homme blanc insulte une portion entière de l'humanité. Si je profère à l'encontre de Nicolas Sarkozy les remarques les plus basses, jusques et y compris sur son physique, je ferais tiquer, pas davantage. J'aurais été inélégant avec un individu, voilà tout. Si, en revanche, je me permets les mêmes propos à l'encontre d'une femme ou d'un musulman, sans du reste m'attacher à leur particularité, alors le surmoi collectif considèrera sans examen que j'ai manqué de respect aux femmes ou aux musulmans en général. Il n'y a là nul complot, nul terrorisme intellectuel, juste une évolution collective : dans notre lutte contre le racisme, nous sommes souvent incapables d'en finir avec la représentation raciste qui veut que seul le mâle occidental soit authentiquement un individu. Anne-Marie Comparini se fût-elle appelée Jean-Marie, personne n'aurait bronché, et la Toile n'aurait pas frémi d'une ridule. Mais c'est une femme, et c'est donc « au nom des femmes » que Ségolène Royal lui a apporté son soutien.

Il ne faut par conséquent pas prendre l'affaire Devedjian à la légère. Elle est annonciatrice de ce que désormais nos sociétés, officiellement tolérantes et apaisées, accepteront en matière de haine collective. Tout « écart » commis à portée de l'une des extensions de l'Internet pourra être fatal.

David Martin-Castelnau Grand reporter à L'Optimum, auteur des Francophobes (Fayard, 2002).

6 - Procès d’un maire contre une association de parents d’élèves dans le 77

Le 2 avril 2007, des enfants de l'école maternelle de Maincy ont été privés de repas de cantine parce que leurs parents avaient deux jours de retard de paiement.

Des tout petits au pain sec et à l'eau dans un pays qui a été l'un des premiers à ratifier la Convention Internationale des Droits de l'Enfant!?

La presse informée a relayé l'information et de nombreuses associations ont déploré voire condamné l'attitude prise par Madame le Maire.

Aujourd'hui, l'élue directement responsable de cette décision inique de privation de repas attaque en justice pour diffamation l'association locale de parents« ensemble pour l'école ».

Le Maire de Maincy demande entre autres à l'association et à sa présidente 15000 € de dommages et intérêts sans compter les frais de justice et l'insertion de la décision de justice dans plusieurs média.

Il s'agit là d'une remise en cause du droit d'expression associative, d'une tentative d'asphyxie financière d'une association.

L'acte d'accusation repose sur une phrase, une seule tirée d'une lettre d'information diffusée par « ensemble pour l'école » : « Je suis scandalisée de constater que vous avez choisi pour solution de priver des enfants de nourriture »... Qui n'a pas été scandalisé par cette décision inqualifiablre prise par le Maire de Maincy?

L'UFAL apporte tout son soutien à l'association et lance une souscription publique pour la prise en charge des frais d'avocat.

Vous pouvez dès maintenant adresser vos chèques libellés à l'ordre de « ensemble pour l'école » à UFAL 4 place Beuve et Gantier 77000 Vaux -le-Pénil.

LA LIBERTE D'EXPRESSION EST TROP PRECIEUSE POUR L'ALIENER, NOUS LA DEFENDRONS AVEC L'AIDE DU PLUS GRAND NOMBRE.

Pour l'UFAL,

Source

Jean-François Chalot

3 - Extrême-droite religieuse

1 - Les docteurs de la mort

Le Monde diplomatique de Juillet 2007 a publié un excellent dossier sur le terrorisme. A croire que le journaliste, Syed Saleem Shahzad avait pressenti les tentatives d'attentats en Angleterre. Et il est important que les citoyens, militants ou non, soient informés sur ces mouvements terroristes qui, depuis New York , Londres, Madrid etc. sèment la mort à coups de bombes et essaient de poursuivre leurs funestes projets, heureusement déjoués par la police.

A partir de l'Afghanistan et du djihad contre l'occupation soviétique, les Arabes ont afflué dans ce pays. Le camp "yéménite", ce sont "des guerriers assez frustes, dont la seule ambition était le martyre". Après le djihad, ils sont rentrés dans leurs pays respectifs, ou se sont fondus dans le pays.

Le deuxième camp, ce sont les Égyptiens, plus politisés, plus cultivés, proches des Frères musulmans. Médecins, ingénieurs etc. Ils sont convaincus que l'ennemi, ce sont les États-Unis, et leurs gouvernements fantoches au Moyen Orient. Ce sont les États-Unis qui sont responsables du déclin du monde arabe. Ces" Égyptiens" eux, sont restés en Afghanistan. Ben Laden a été influencé par le camp égyptien (propos de Houdaïfa Azzm, fils du fondateur du Maktab Al-Khadamat).

Les talibans se sont regroupés dans le Waziristan nord et sud, ils préféraient combattre les forces pakistanaises plutôt que combattre les forces de l'O.T.A.N. Les objectifs étaient différents : la collaboration avec Al-Quaïda prit fin avec l'accord de paix (5/9/2006) entre les forces pakistanaises et les talibans, il permit le renvoi de tous les combattants étrangers. Les" guerriers planétaires" d'Al-Quaïda qui rêvaient d'une victoire contre le Pakistan, allié des Etats -Unis, ont donc quitté l'Afghanistan et se sont engouffrés en Irak, nouvelle terre promise. Ils se sont infiltrés dans les milices irrégulières, toujours pour mener à bien leur propre projet.

Ce projet? C'est le takfirisme

Cette idéologie gagne de plus en plus du terrain parmi la base d'Al-Quaïda. Après la défaite de 1967 face à Israël, les militants islamistes pensent que c'est l'affaiblissement de l'Oumma (communauté des croyants) qui est aussi la cause du déclin arabe. Il faut donc regrouper les" vrais"musulmans, faire la guerre aux musulmans" infidèles" et même aux modérés. L'Egyptien Ayman Al-Zawahiri, membre de l'État-major d'Al-Quaïda est un takfiriste, et beaucoup d'autres. Il faut s'occuper des ennemis de l'intérieur : après le 11 Septembre, pensent-ils, ils ont été massacrés par les infidèles de l'Occident maudit mais aussi par ceux du Pakistan ! D'où les attentats contre le général-président du Pakistan. Les takfiristes doivent donc poursuivre la guerre contre les Occidentaux mais AUSSI jeter les bases d'un État Islamique pur et dur, en éliminant tous les infidèles et même les musulmans modérés.

Ils ont aussi en horreur les Chiites, le chiisme est une déviation intolérable à leurs yeux.

Les médecins de la mort

A la lumière de ces informations, on voit que les islamistes qui avaient fomenté les attentats de Londres et Glasgow sont des "guerriers planétaires". Déjà, on sait qu'ils font partie des "éduqués", mais pas éduqués en Grande Bretagne. Le "cerveau" présumé est Asha, fis d'instituteur à Ammam (Jordanie), études dans la meilleure école réservée aux élites ! En 2004, il vient en Angleterre, décroche le poste de chirurgien neurologue qu'il convoitait... Il avait annoncé son retour pour le 12 juillet (Rappel : les attentats de Londres ont eu lieu le 7 Juillet 2005).

Le gouvernement anglais est accusé de laxisme quant à sa politique d'immigration, mais c'est la pénurie de médecins qui a été à l'origine de cette embauche ! " Après les attentats de Londres, le gouvernement était persuadé que l'extrémisme naissait dans les milieux pauvres. Il pensait que lutter contre la pauvreté suffirait à prévenir les attentats futurs " dit Bob Ayers (spécialiste en sécurité internationale) - journal Libération du 4 Juillet 2007.

Cette erreur est AUSSI celle d'une certaine gauche en France, qui croit que le terrorisme a pour causes la pauvreté, la frustration... Ils refusent de voir que nos banlieues sont aussi touchées par cette idéologie islamiste qui consiste à former une communauté, à la couper du milieu où elle vit, à la préparer à militer pour un Etat islamique mondial, à lui désigner comme ennemis "les juifs, les croisés" et surtout les LAIQUES, leurs pires ennemis!

Mais il n'est pas sûr que LES communautés musulmanes, toutes différentes selon les pays, les suivent sur ce chemin.

Ce qui est sûr, par contre, c'est que les attentats ou tentatives d'attentats vont continuer, et il faudra tenir bon, et dire haut et fort , comme l'a dit le gouvernement anglais, que nous ne nous laisserons pas intimider! Et que notre République restera LAIQUE!

Mireille Popelin

2 - Belgique : Victoire judiciaire contre l'extrême droite

L'association intégriste d'extrême droite Belgique & Chrétienté (B&C) a subi un important « Waterloo judiciaire » devant les tribunaux, suite à une plainte déposée contre RésistanceS. Sa défaite est historique pour l'ensemble de l'extrême droite. C'est pour cette raison que nous avons décidé de réaliser un dossier entièrement consacré à cette affaire politico-judiciaire. Dans ce dossier, vous retrouverez une chronologie complète et une série d’articles permettant de mieux comprendre l'échec de la bataille entamée par B&C contre nous. Le jugement complet du procès est également à votre disposition ici même. Un dossier de Nadia GEERTS

L'association Belgique & Chrétienté (B&C), fondée en 1988 et appartenant à la « galaxie » de l'extrême droite belge catholique intégriste, avait porté plainte contre l'asbl RésistanceS, Nadia Geerts et David Lefébure (membres de notre rédaction) ainsi que contre l'agence Belga, en août 2004. Motif : des articles de RésistanceS - signés par Nadia Geerts et David Lefébure et repris par Belga - sur une conférence du cardinal Joos - un ecclésiastique ayant défrayé la chronique médiatique pour ses propos antidémocratiques, homophobes et antisémites - organisée par B&C. La conférence sera finalement annulée à la dernière minute. Nos articles rappelaient également - preuves à l'appui - les nombreux liens du président de B&C, Alain Escada, avec l'extrême droite pure et dure et qualifiaient notamment son association de « nid de fascistes ».

Après une saga qui aura duré plus de 2 ans et demi, la Justice a finalement tranché, le 23 janvier dernier, en notre faveur : Belgique & Chrétienté a été déboutée par le Tribunal de première instance de Bruxelles pour une action judiciaire contre nous jugée comme non fondée. Le plaignant pouvait faire appel de ce jugement. Vu la solidité des arguments juridiques et des nôtres, il ne l'a pas fait. Nous avons donc définitivement gagné contre Belgique & Chrétienté et son président actuel Alain Escada. Ce qui représente une véritable gifle pour ces derniers en particulier, et pour l'ensemble de l'extrême droite en général.

Pourquoi avoir déposé plainte contre RésistanceS ? En déposant plainte contre notre asbl, Belgique & Chrétienté voulait officiellement rétablir la (sa) vérité la concernant. Elle tenta de démontrer, via son avocat, Henri Laquay, ex-tête de liste suppléant du Front national de Daniel Féret aux élections législatives de 1999 et seul membre belge du comité de soutien à la candidature de Jean-Marie Le Pen à la dernière élection présidentielle française (avril 2007), qu'elle était une association n'appartenant pas à... l'extrême droite !

Auprès de ses militants, B&C tenta de faire croire qu'un plan machiavélique était mis en place pour « museler les catholiques » via une « méthode visant à criminaliser les opinions catholiques conservatrices ». Une collecte financière fut organisée auprès des adeptes de B&C pour entamer des procès « contre les différents auteurs de cette campagne de diffamation et de calomnies » (1). Emboîtant le pas à leur président, les membres de l'association intégriste d'extrême droite mirent la main au portefeuille et versèrent leur contribution.

En réalité, l'action de B&C semblait viser plutôt le contraire : elle voulait criminaliser et museler l'action d'information de RésistanceS, qui rappelle systématiquement la vraie nature idéologique de B&C. En effet, RésistanceS, depuis sa création en 1997, constitue l'un des principaux ennemis de l'extrême droite. Pour B&C et leurs « compagnons de route », notre existence pose un problème de taille. Il fallait « punir » RésistanceS et l'empêcher de leur nuire. C'est aujourd'hui royalement raté !

Dans le passé, un des « chefs » de l'extrême droite nostalgique de Léon Degrelle avait déjà tenté un tel procès. Il fut débouté, exactement comme B&C aujourd'hui.. Depuis, cet individu a disparu de la circulation...

Pourquoi Belgique & Chrétienté a-t-elle perdu ? Avec des arguments chocs défendant la thèse d’un « complot gauchiste » et « anti-chrétien » contre B&C, l'avocat de cette dernière pensait pouvoir sensibiliser la justice et nous faire condamner.

La justice nous a donné raison, l'action de B&C était non fondée. Nos informations et affirmations concernant Belgique & Chrétienté ont été jugées correctes. L'association intégriste d'extrême droite a perdu parce qu'elle avait tort et parce que nous avions raison. Tout simplement.

Merci à Belgique & Chrétienté Le « Waterloo judiciaire » de B&C est un échec historique pour l'extrême droite dans son ensemble. En effet, la défaite de l'association intégriste devant les tribunaux fera date dans la jurisprudence belge et nous sera d'un grand secours dans les actions actuelles et futures menées contre l'extrême droite. RésistanceS en ressort plus que renforcée.

Qui donc faut-il remercier pour cette victoire ?

Soyons des gagnants fair-play et remercions donc Alain Escada, Henri Laquay et tous les membres de Belgique & Chrétienté (qui ont financé ce procès) d'avoir porté plainte contre nous et de nous avoir permis de gagner... contre eux. Pour lire la suite du dossier

Source

Manuel ABRAMOWICZ

4 - combat laïque

1 - Ni racisme ni voile

Je republie ici une carte blanche parue dans Le Soir de ce jour et émanant du Comité belge Ni Putes Ni Soumises[1]. L'UCL, analysant le rejet du voile par une majorité de Belges francophones, mène le lecteur à des conclusions paradoxales : l'acceptation du voile, pourtant en contradiction avec l'idéal moderne d'émancipation des femmes, serait le fait d’une majorité de jeunes le percevant comme une liberté individuelle, une forme d'appartenance à une culture. De surcroît, le fait de ne pas l'accepter serait la preuve d’un racisme plus ou moins diffus, alors même que la contestation de ce symbole fondamentaliste est aussi le fait de nombreux(ses) citoyen(ne)s démocrates et progressistes engagés sur le terrain : acteurs associatifs musulmans, militants antifascistes, laïques, mouvements en faveur de la mixité et de l’égalité. Des confusions et des réductions qui tendent à montrer que le discours religieux fondamentaliste aurait réussi à infiltrer le discours normatif d’un certain nombre de jeunes.

En effet, il faut remarquer que, historiquement, alors que le voile était combattu par un nombre grandissant de femmes des pays de tradition musulmane, les fondamentalistes, profitant de différentes formes de souffrance sociale, de sentiments d’humiliation et de rejet, ont développé tout un arsenal d'arguments pour justifier ce voilement. Ils ont commencé par les persuader que "le voile" est une prescription religieuse au même titre que les cinq piliers de l’Islam. Affirmation démontée par de nombreux auteurs dont Mourad Faher[2] et Leila Babès[3].

Les intégristes veulent fixer la norme d'une "communauté" soi-disant uniforme. Ils affirment : ces femmes voilées sont pudiques, respectueuses de leur foi. Prenez-les pour modèles : vous témoignerez de la force de notre communauté. Le voile ne peut donc être réduit à un simple symbole religieux : il représente aussi un instrument idéologique contribuant à l’idée totalitaire qu'il n'existerait d'Islam que réactionnaire ; que toutes celles et tous ceux qui s'y refusent sont de "faux" Musulmans, des apostats, des discriminateurs, de mauvais citoyens. On rêve d'une telle virulence pour défendre la mixité, l'égalité hommes-femmes en droits et en devoirs, le droit à disposer de son corps, de vivre la sexualité de son choix, d'avoir des enfants quand on veut avec qui on veut, ou de soutenir le combat des femmes rêvant de vivre libres, égales et les cheveux au vent !

Autre obsession fondamentaliste : une cause majeure des désordres sociaux serait l’impudeur des femmes. Pour éviter de s’exposer à la concupiscence masculine, elles doivent voiler leurs attraits capillaires et physiques. « Cachez ces femmes que je ne saurais voir ! » Comme le montre Chadort Javann[4] le voile est donc là aussi pour enfermer le corps féminin, porteur de l'honneur de la famille, matérialiser la séparation radicale et draconienne des espaces masculin et féminin. Il définit qui est vertueuse ou non. Il limite l'espace féminin et s'en empare.

Quant à l’argument du libre choix du voile, que fait-on de la pression plus ou moins douce exercée par les frères, le père, les pairs, la famille, du contrôle, de l'influence paternaliste régressives qu'exercent les prédicateurs dans les mosquées, de la peur, du souci d’éviter les problèmes ?

La promotion du voile s’accompagne d’autres demandes ou interdictions : immixtion de plus en plus grande du religieux dans le domaine scolaire : refus des cours d’éducation physique et à la sexualité, créationnisme, demandes d’horaires séparés dans les piscines, exigence de recourir à des gynécologues féminins, augmentation des demandes de chirurgie restauratrice de l'hymen.

Quand de telles régressions se développent, quand l’égalité entre les sexes est remise en question par les fondamentalismes – la question des islamismes ne pouvant faire oublier les menées parallèles des Eglises du Réveil ou le retour des intégristes chrétiens – il est légitime que de nombreux (ses) citoyen(ne)s exercent leur droit à la critique. Car critiquer le voile, c’est refuser la discrimination liée au sexe. C'est promouvoir la neutralité active de l'Etat ou laïcité politique, cadre légal permettant aux individus de déployer leurs spécificités (religieuses, sexuelles, etc). C’est combattre les extrémismes en luttant pour plus d’égalité et de mixité.

Notes

[1] Fatoumata Sidibé, Présidente, Fabienne Wilputte, Secrétaire, Delphine Szwarcburt, Vice-Présidente, Pierre Efratas, Vice-Président, Claire Maricq, pôle guide du respect, Andrea Almeida cercle npns ULB, Dominique Célis Ni Putes Ni Soumises Liège, Chemsi Cheref-Khan, Nadia Geerts, Jacqueline Goffin, Evelyne Guzy, Danielle Wajs, membres.

[2] Mourad Faher, Approche critique des représentations de l’Islam contemporain, L’Harmattan, 2003

[3] Leila Babès, Le voile démystifié Bayard, 2004

[4] Chahdortt Djavann, Bas les voiles, Gallimard, 2003.

Source

Nadia Geertz

5 - Proche-Orient

1 - Les dessous de la libération d'Alan Johnston

Au lendemain de sa victoire dans la bande de Gaza, le Hamas s'est retrouvé avec des cadavres dans son placard. Six mois plus tôt à peine, il collaborait encore avec l'Armée de l'islam, l'appellation "institutionnelle" prise par le clan mafieux des Doghmush.

Le Hamas utilisait les tueurs Doghmush comme mercenaires contre le Fatah (pour l'assassinat de Moussa Arafat, par exemple), pour tirer des Qassam sur Israël tout en affirmant qu'il respectait le cessez-le-feu et, bien sûr, pour l'enlèvement de Gilad Shalit.

Le chef de l'Armée de l'islam, Mumtaz Doghmush, fréquentait assidûment les chefs de la branche armée du Hamas, Ahmed al-Ja'abari, Ahmed al A'ndur, et d'autres. L'une de leurs expériences, qui créent des liens, s'est produite quand le véhicule des trois hommes a été attaqué par des membres du clan Doghmush affiliés au Fatah, et qui ignoraient que Mumtaz était l'un des passagers. Cela marqua le début des heurts sanglants entre l'armée de l'islam et le Hamas.

D'un seul coup, dans les descriptions du Hamas, le clan Doghmush était devenu un obstacle à l'ordre public, des "collaborateurs du Fatah."
Toutefois, le clan, puissamment armé, savait très bien que tant que le Hamas et le Fatah se battaient pour le contrôle de la bande de Gaza, il pouvait bénéficier du chaos dans les rues.

Personne ne tentait de les affronter, ni de chercher la libération d'Alan Johnston, le journaliste de la BBC retenu en otage. Au contraire : chacun des groupes avait besoin des services du clan et espérait son soutien dans sa guerre contre le rival.

A peine remis en liberté, Johnston a dit lors d'une conférence de presse au consulat britannique à Jérusalem que ses gardes étaient devenus très nerveux après le coup de force du Hamas dans la bande de Gaza. Et ils avaient de bonnes raisons. Les combats entre les deux organisations avaient pris fin, et l'Armée de l'islam ne pourrait plus continuer à opérer sous le couvert du chaos ambiant.

De son côté, le Hamas avait besoin de prouver à la communauté internationale que ses intentions de restaurer le calme à Gaza étaient sérieuses. Hier, le Hamas en a administré la preuve.

Johnson lui-même a dit que le Hamas entendait restaurer la loi et l'ordre, mais lui aussi sait que Gaza est un endroit qui a ses règles propres.
D'ailleurs, en parlant de son avenir à Gaza, il a dit qu'il "en avait marre."

Le Hamas a réussi à obtenir la libération du journaliste de la BBC par des négociations à la Gazaouie : une combinaison appropriée du bâton, de la carotte et de l'échelle. La carotte : les miliciens de la Force exécutive, déployée par le Hamas autour du complexe du clan Doghmush, avec menaces d'assaut. La carotte : des garanties qu'il ne serait fait aucun mal au clan une fois Johnston libéré, et qu'il pourrait conserver un certain nombre d'armes. L'échelle qui a permis à Mumtaz Doghmush, musulman très croyant, de descendre de l'arbre où il s'était retrouvé : la personnalité religieuse qui avait agi en tant que médiateur entre le Hamas et l'Armée de l'islam aurait édicté une fatwa demandant aux Doghmush de libérer le journaliste.

Cette libération pousse un peu le Hamas au-devant de la scène internationale. Le groupe a prouvé au monde qu'il était fiable. Il avait promis d'obtenir la libération de Johnston et a tenu sa promesse. Le Hamas a dit qu'il prendrait des mesures contre le chaos, les hommes en armes, la drogue, et ses succès ne sont pas minces. L'opinion palestinienne, qui a vu le Hamas agir contre le clan, qui a fini par représenter tout ce qu'il y a de mauvais dans la bande de Gaza, considère cela comme un développement positif.

De son côté, le Fatah s'est retrouvé dans une véritable crise le jour même où les médias palestiniens étaient surtout censés couvrir le paiement des salaires de tous les fonctionnaires, après l'afflux de fonds de l'étranger dans les coffres de Mahmoud Abbas. Au lieu de quoi les médias se sont intéressés à la libération de Johnston.

La bande de Gaza devient de plus en plus calme. Ce calme découle toutefois de la tactique de la peur et de la force utilisée par le Hamas. A certains Gazaouis, ce calme rappelle celui des cimetières.

Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant.

Source

Avi Issacharoff

6 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Université en danger, Un film de Thomas Lacoste

L’Autre campagne présente en association avec Sauvons la Recherche-Paris

Université en danger, Un film de Thomas Lacoste

« Alors que le projet de loi sur l'université est présenté en conseil des ministres ce jour, mercredi 4 Juillet, le film "Université en danger" offre en cinq actes une analyse de cette autonomie promise par le pouvoir aux universités. Il donne à voir les conséquences de cette future loi, contredisant le prétendu consensus du monde universitaire sur cette "réforme la plus importante de la législature". »

Avec par ordre d’apparition :

Christophe Charle, historien, professeur à Paris I, président de l’ARESER (Association de réflexion sur les enseignements supérieurs et la recherche) ;
Hélène Combes, chercheuse au CNRS en science politique à Paris I, a enseigné 5 ans à l’université en banlieue parisienne et dans le Nord ;
Eric Herbert, docteur en physique, actuellement en contrat court (post-doc) ;
Jacqueline Heinen, professeure de sociologie à l’université de Versailles, présidente de la CP-CNU (Conférence permanente du conseil national des universités) ;
Sophie Pochic, chercheuse au CMH-CNRS en sociologie à Paris, membre du CA de Sauvons la Recherche.

Visionnez ce film sur : www.lautrecampagne.org

Pour participer à l’initiative, nous invitons à faire connaître et circuler ce film. Le film "Université en danger" constitue le premier opus du long métrage "Université : le grand soir" à paraître fin septembre 2007. Pour soutenir ce film, vous pouvez dès à présent pré-acheter le DVD (10 euros) sur le site www.lautrecampagne.org ou par chèque à l'ordre de : L'Autre association, 3 rue des Petites Ecuries, 75010 Paris.

Lire les différents articles des chapitres "Nouvelle politique d'enseignement et d’éducation" et "Promouvoir la création, la production de connaissances et l'accès aux savoirs"

Source

L’Autre Campagne www.lautrecampagne.org

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