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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°558 - mardi 4 septembre 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Etats géneraux de la bioéthique ou Christine Boutin au gouvernement? Il faut choisir!

Sarkozy a choisi de faire de la France une filiale du Vatican!

Roselyne Bachelot, vient d'annoncer que les Etats généraux de la bioéthique promis par Xavier Bertrand, alors ministre de la santé et des solidarités du gouvernement de Dominique de Villepin, ne se tiendrait pas.

Il s'agissait, expliquait alors M. Bertrand, d'organiser pour la première fois dans notre pays de larges débats démocratiques avant la révision, prévue en 2009, de la loi de bioéthique de 2004. L'Agence de la biomédecine devait être le maître d'oeuvre de cette initiative qui devait réunir des médecins, des philosophes, des psychologues ainsi que des représentants d'associations.

Le nouveau gouvernement Sarkozy-Fillon montre bien là sa nouvelle alliance avec les forces religieuses intégristes liées au Vatican largement controlé par l'Opus dei.

Le pouvoir politique n'est plus protégé par la laïcité. Les forces cléricalo-intégristes catholiques proche de l'Opus dei et d'Ictus sont actuellement en mesure de dicter au pouvoir l'obligation d'appliquer leurs dogmes.

Alors que depuis un demi-siècle, des avancées considérables permettent par exemple aux femmes de combattre la stérilité par la fécondation in vitro, de trier les embryons pour ne pas faire naître (sur décision de la femme concernée) un enfant que leur vie ne vaudrait pas d'être vécue.

Alors que la laïcité demande que ce soit la citoyenne concernée qui choisisse, les forces cléricalo-intégristes de l'Opus dei et d'Ictus qui controlent le Vatican et certains cabinets ministériels du Gouvernement Sarkozy-Fillon estiment que c'est Benoît XVI qui doit décider pour toutes les femmes.

Alors le gouvernement précédent avait promis des Etats généraux pour au moins en discuter. L'Opus dei et Ictus ont dit non.Benoit XVI a dit non. Le gouvernement Sarkozy-Fillon applique donc la décision du Vatican.

En fait ,le gouvernement Sarkozy-Fillon est contre le débat démocratique. On le voit sur son refus de faire un référendum sur le nouveau Traité européen. On le voit ici annuler les Etats généraux de la bioéthique.

Ou sont donc les pseudos-républicains de droite qui devraient ,sur ce point,sonner la charge?
Nulle part parce qu'il n'existe plus! Depuis que la bourgeoisie nationale a volé en éclat devant l'hégémonie de la bourgeoisie financière au pouvoir, il n'y a plus de républicains de droite organisés.
Il ne reste à droite que la démocratie-chrétienne, le sarko-bonapartisme et divers souverainistes de droite.

Tous anti laïques et anti-républicains.

Il revient donc à la gauche laïque et républicaine d'abord de résister à ce déferlement cléricalo-intégriste, d'organiser et de rassembler cette résisitance,puis de faire des propositions alternatives pour l'émancipation humaine.

Votre journal RESPUBLICA sera dans ce cadre, à sa place, le média de la gauche républicaine, laïque, sociale et écologique. Nous attendons donc votre soutien pour que nous puissions mener à bien cette tâche.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - Plus d'heures et moins d'enseignants: ce n'est pas une politique républicaine, Monsieur Darcos!

Communiqué de l'UFAL

Le ministre de l'Education nationale vient de décider d'attribuer une heure de plus hebdomadaire à l'éducation physique et sportive à l'école élémentaire.

Alors que les trois heures hebdomadaires dévolues à l'éducation physique et sportive sont loin d'être assurées dans toutes les écoles élémentaires, faute autant du manque d'enseignants que du manque de formation des enseignants dans cette discipline. Alors que de nombreux citoyens regrettent à juste titre que les programmes rognent sur les matières comme la lecture, l'orthographe, la grammaire, la conjugaison et le calcul, voici une mesure qui n'est pas prise suite à un débat général et global.

De plus, le ministre , côté cour lance un programme de mise en place d'un soutien en collège et côté jardin réduit de fait le nombre d'heures de français et de mathématiques.

Cela n'est pas tolérable!

Nous devons exiger pour l'école primaire:

Source

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - Combat idéologique

La situation politique française actuelle est typique d’un peuple qui a perdu ses repères culturels, d’où d’énormes confusions qui créent les embardées politiques que nous venons de vivre ces dernières années.

Un Medef idéologiquement bien armé

En face du peuple, un MEDEF idéologiquement bien armé qui a donc su manœuvrer aux présidentielles :

Ce qui s’est passé à ATTAC en était une préfiguration pour essai réussi. A cela, il (le MEDEF) rajoute le rachat de quelques intellectuels de gauche connus pour embrumer un peu plus un paysage délétère. Dès lors, il ne reste plus qu’à faire jouer à leur poulain Nicolas Sarkozy le rôle de bon-père-protecteur-du-peuple-qui-va-vous-protéger-du-délinquant-du-quartier (d’en face), des-immigrants-à-tout-va, et même de-la-mondialisation-délocalisation (son fameux discours) : les 3 à 4 % qui ont fait basculer.

Une réhabilitation de la pensée de gauche est donc urgente

Selon nous, elle doit se structurer sur la base de la démocratisation en profondeur :

Le tout dans une restructuration culturelle indispensable et vigoureuse de la Nation, qu’il ne convient de ne plus laisser dénaturer par le FN. Les valeurs d’égalité, de laïcité, de solidarité en sont la matrice. Là où il n’y a pas d’identification culturelle, la démocratisation est impossible, les soumissions (colonisations) idéologiques certaines : il est fréquent d’entendre l’intelligentsia sous influence s’exprimer de manière hautaine sur "le franco-français". Le sous-entendu est qu’il faut se débarrasser des oripeaux de la culture française encore trop imprégnée des valeurs de la révolution de 1789, et qu’il convient de se "moderniser" en adoptant les principes de la culture qui a réussi à s’approfondir et donc à s’imposer actuellement : la culture anglo-saxonne.

Le problème est alors que les Français ne seront jamais aussi bons que les anglo-saxons eux-mêmes sur leurs propres terrains. La question n’est évidemment pas de s’enfermer dans une forteresse culturelle, mais de pomper les éléments des autres cultures pour approfondir sa propre culture philosophique, scientifique et technique. L’expression "franco-français" signifie en réalité une substitution de cultures, c’est-à-dire une soumission. C’est un piège idéologique.

L’élite déculturée

L’ "élite" déculturée devient alors le vecteur idéologique de la "nouvelle-gouvernance-post-moderne" en France, moyen essentiel de démanteler l’autonomie politique et économique, ce que même les Britanniques ne feront jamais. A cet égard, le mot de souveraineté n’intervient que deux fois dans feu le projet de traité constitutionnel européen : à l’occasion de la souveraineté du Royaume-Uni.

L’émancipation de l’Homme passe par un combat idéologique acharné contre l’esprit de soumission, dont celui de délégation en est l’un des aspects. Le salariat est le fondement de la déresponsabilisation sociale parce qu’il est par essence soumission : il faut le tuer. Ainsi, la démocratisation de l’orientation, de la production et de la répartition des richesses ne doit pas passer par une étatisation des organisations productives (abusivement dénommée nationalisation) tout en gardant un salariat soumis, mais par une démocratisation des systèmes productifs où tous les producteurs ont la responsabilité des choix stratégiques de chaque organisation. Les modalités institutionnelles sont à inventer. Il ne convient pas ici de tomber dans les défauts de l’autogestion : les décisions tactiques, c’est-à-dire opérationnelles relevant des compétences, demeure par essence hiérarchique.

La question du pouvoir est centrale

On ne peut l’évacuer au nom de l’on ne sait quelle pureté. Face au capital, il convient de lui saisir les piliers qui font sa force de domination :

Il ne faut pas se cacher la réalité : nous sommes en guerre idéologique ouverte en vue d’une soumission versus émancipation économique et sociale. Il convient donc de s’armer, d’une part pour convaincre (aspect offensif) et d’autre part, en même temps, pour esquiver les coups de l’adversaire sous peine de naïveté mortelle (aspect défensif). Le capital est rompu à ces pratiques ; il convient donc d’armer le maximum de militants aux méthodes de la stratégie politique et économique. Le combat idéologique se situe sur deux fronts : celui contre l’idéologie du capital incarnée en France par le MEDEF, celui complémentaire de l’invasion de la culture anglo-saxonne. Son objectif réel est inexorablement de faire accepter la domination économique, ce qui n’est rien d’autre qu’un processus classique de colonisation (la France est le pays le plus colonisé de tous les pays développés : elle n’aura bientôt plus la maîtrise de son destin au rythme des rachats des secteurs économiques essentiels par les multinationales étrangères à dominante états-uniennes).

Source

Jean-Pierre Beux

Raphael Favier

Jean-Pierre Escaffre

3 - A qui profiterait l'impôt minimum ?

Vincent Drezet, secrétaire national du Snui, le syndicat majoritaire des impôts, revient pour Marianne2007.info sur le projet de mesure fiscale du gouvernement révélé par Le Canard enchaîné.

Le Canard enchaîné a révélé ce mercredi 29 août le projet d'impôt minimum sur lequel planchait discrètement le gouvernement. Après les dénégations quelque peu cafouilleuses de Bercy, le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a fini par confirmer que cette mesure était « clairement une piste de réflexion » pour Christine Lagarde, la ministre de l'Economie. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Qui y sera soumis ? Et que penser d'une telle mesure ? Vincent Drezet, secrétaire national du Snui, le syndicat majoritaire des impôts, éclaire ce dossier pour marianne2007.info.

Marianne2007.info : Le Canard enchaîné à révélé le projet d'impôt minimum du gouvernement. De quoi s'agit-il ?

Vincent Drezet : Cet impôt a pour objectif de limiter la défiscalisation. A priori, il ne s'agit pas de demander 100 euros à tout le monde, ce qui reviendrait à pénaliser les faibles revenus et les gens les plus modestes. Le principe consiste plutôt à inventer un mécanisme qui, à l'instar de ce qui se passe au Canada ou aux Etats-Unis, permettrait de limiter l'utilisation excessive de niches fiscales. La seule question qui se pose, et à laquelle nous n'avons pas encore de réponse, est celle du mécanisme qui sera retenu. Le débat est un peu technique, mais c'est de cela que dépendront les éventuels effets pervers.

Quels sont les écueils à éviter ?

Il y en a deux. Le premier serait de créer un impôt tellement minimum qu'il serait vide de sens, parce qu'il ne limiterait quasiment pas la défiscalisation. Le second, ce serait de mettre en place un système forfaitaire qui pénaliserait les classes les plus modestes. Mais pour le moment, tant que le projet n'est pas finalisé, toute critique équivaudrait à un procès d'intention.

Qui est visé par cet impôt ?

En droit, les niches fiscales s'adressent à tout le monde : il y a plus de 250 niches fiscales à l'impôt sur le revenu, pour un coût budgétaire de plus de 32 milliards par an, et sur l'ensemble du système fiscal, on en compte plus de 400 pour un coût budgétaire global de 50 milliards. Mais dans les faits, même si certaines personnes peu imposables ou appartenant aux classes moyennes en bénéficient, ce sont surtout les plus hauts revenus qui en profitent pleinement en investissant dans l'immobilier, les valeurs mobilières, les emplois à domicile, etc. Cette mesure permettrait donc à l'Etat de regagner quelques recettes budgétaires après avoir fait passer un paquet fiscal très ciblé sur les plus fortunés, et très coûteux.

propos recueillis par Anna Borrel

Le Journal Marianne www.marianne2007.info

4 - Alerte ! Le MEDEF veut réécrire la Constitution antifasciste de 1946, reprise en 1958.

Alerte ! Le MEDEF veut réécrire les principes antifasciste de la Constitution de 1946, dont son préambule, issu de la Résistance et conservé en 1958.

Dans un entretien daté de ce 30 août, Laurence Parisot propose déjà trois défigurations de l’oeuvre juridique de la Résistance et de la Libération.

Bonjour, en décembre dernier, nous avions déjà été alertés par un étonnant éditorial de Jean-Marc Vittori, dans le journal économique “Les Echos”.

Voir : http://lucky.blog.lemonde.fr/2006/12/05/433/

Cet éditorialiste très partisan appelait à la disparition de ce “fichu” préambule de la Constition de1946, directement inspiré du programme social du Conseil national de la Résistance (1944), dont il reprend les principaux points et quelques autres imposés par le peuple debout lors de la Libération du nazisme : droit de grève, liberté syndicale, droit de participation à la gestion des entreprises, égalité homme-femmes, plan complet de sécurité sociale solidaire, appropriation collective des grands service publics et des monopoles de fait, droit à la laïcité, droit à l’instruction et à la culture, etc.

Même si ce texte fondamental n’a pas été suffisamment défendu et appliqué par les forces de gauche depuis soixante-ans (notamment le droit à l’emploi), il a été réaffirmé solennellement par la Constitution de 1958, sans qu’on ose y toucher, et de ce fait, il est aujourd’hui fréquemment utilisé par les juges constitutionnels pour retoquer les lois les plus antisociales ou antidémocratiques qui surviennent, au nom des “principes fondamentaux reconnus par les lois de la République”. C’est donc un recours bien actuel et tangible, que nous devons à nos aînés réunis au sein de la Résistance antifasciste.

Or, le nouveau président Sarkozy vient d’installer au mois de juillet un comité de réflexion de “modernisation”, présidé par Edouard Balladur, visant à proposer une réforme de la Constitution qui serait adoptée très vite, avant les élections municipales de l’année prochaine !

A ce propos, voir notamment : http://www.droitpublic.net/spip.php?article1943

Pour ce faire, le gouvernement a débauché des personnalités de gauche comme Jack Lang, car il a un besoin impératif des voix de parlementaires PS et PC pour modifier la Constitution. (En effet, celle-ci ne nécessite pas un référendum, mais il faut quand même une majorité qualifiée de 3/5 des parlementaires, les députés et sénateurs réunis ensemble en congrès, majorité qualifiée que l’UMP et le Nouveau centre n’atteignent pas à eux seuls.)

Finalement, on comprend que certaines dispositions clairement anti-sociales du Traité constitutionnel européen n’ayant pas pu être gravées dans le marbre lors du référendum manqué de 2005, la tactique du grand patronat (absent à l’époque du Conseil national de la Résistance, et pour cause) consiste désormais à modifier et à verrouiller directement à son profit la Constitution républicaine.

Or qu’apprend-on aujourd’hui ?

Dans un grand entretien paru dans “Le Monde” de ce jeudi 30 août, page 9, Laurence Parisot “veut aller plus loin”.

Elle propose notamment trois modifications de la Constitution française (et a déjà écrit à Edouard Balladur pour cela !) :

1 - « L’inscription de la liberté d’entreprendre, comme en Espagne. La révolution stratégique passe par là ». (« Avec la même valeur constitutionnelle que le droit de grève » demande le Monde ? « Exactement », répond Laurence Parisot.) (Notre commentaire : Cet hommage un peu démagogique au libéralisme peut faire sourire de la part du MEDEF, quand on constate actuellement que le nouveau capitalisme financier prend chaque jour un caractère un peu plus bureaucratique et monopolistique, peu favorable en fait à la véritable liberté d’entreprendre, individuelle ou collective au sein du mouvement coopératif. Mais s’il s’agit de contrer le droit de grève, Paris vaut bien une messe.)

2 - « Le droit du contribuable à une fiscalité juste, non confiscatoire, non rétroactive, limitant son impôt total à 50% du revenu, comme en Allemagne. »
(Notre commentaire : Ne pas sourire de cette obsession antifiscale, et de ce vocabulaire si peu constitutionnel. De toutes façons, pour Laurence Parisot, le plus important est le point n°3.)

3 - « Le droit à la négociation ? » (question du Monde). « Oui, nous l’avons déjà dit dans une lettre adressée à Edouard Balladur, président du comité pour la révision de la Constitution. Nous voulons que les accords entre patronat et syndicats aient une valeur identique à la loi. »
(Notre commentaire : Et ce serait là une véritable révolution juridique antidémocratique aux conséquences incalculables. Sous couvert de « droit à la négociation » (Laurence Parisot se vante également d’une « véritable ère de démocratie participative », il fallait oser), il s’agirait d’obliger à négocier sous le chantage permanent, donc de vider de son contenu la Loi, expression démocratique (même imparfaite) de la volonté générale, avec ses garanties valables pour tous, pour y substituer des accords plus ou moins secrètement négociés entre des officines aucunement représentatives de leurs milieux sociaux. Qu’il s’agisse du MEDEF, si peu représentatif des petits et moyens entrepreneurs, ou de bureaucraties syndicales minoritaires comme le Bureau national inamovible de la CFDT, qui n’hésite pas à faire la courte échelle au MEDEF et au gouvernement, sans jamais consulter les salariés, ni même ses propres adhérents.

Et ces accords remplaçant la Loi seront-ils négociés publiquement ? On peut en douter, quand on voit le “non-accord” (un accord secret non publié !) conclu dernièrement entre les syndicats et le MEDEF, dont on a appris l’étonnante existence au début juillet.

Voir à ce sujet

L’heure est donc grave. Quels autres projets méconnus fourbissent en secret Messieurs Sarkozy et Balladur, Madame Parisot, pour défigurer l’oeuvre de la Résistance et de la Libération anti-nazie ? Le saurons-nous à temps, une fois que nous aurons percé les nuages de fumée des feuilletons attrape-nigaux du type Laure Manaudoux, Cécilia, Lustiger et compagnie ? Sarko veut-il s’offrir une Constitution sur mesure, comme le jeune Bonaparte en son temps ?

Sans attendre, nous devons tous et toutes alerter sur cette menace réelle sur la Constitution, empêcher qu’on jette à la poubelle des idéaux pour lesquels tant de Résistants ont souffert et sont morts.
A nous qui vivons un demi-siècle plus tard, nous devons rester dignes d’eux. Interpellons dès maintenant les parlementaires pour que jamais ils ne votent la défiguration de la Constitution et de son préambule de 1946. Avertissons-les que l’opinion publique est déjà alertée.
Parlons-en dans nos syndicats et associations.

Et en mars prochain, célébrons ensemble l’anniversaire du programme social et démocratique du Conseil national de la Résistance (14 mars 1944), et l’Appel des Résistants aux jeunes générations proclamé le 8 mars 2004.

Source

Luc Douillard

5 - Mort de Raymond Barre : l'amnésie des medias

Les journalistes rappelent les relations difficiles de Raymond Barre avec les Juifs de France, et notamment sa fameuse phrase sur les "victimes innocentes", prononcée après l'attentat de la rue Copernic. Au prix d'une étrange omission : l'origine du "différent", qui provient de la contestation de sa directive de 1977 interdisant l'assurance, par la COFACE, des exportations françaises vers Israël.

Les journalistes ne sont pas curieux. Les rappels, à l'occasion de son décès, des propos de Raymond Barre contre « un lobby juif » qui « s'acharne » « depuis plus de 30 ans » à lui « faire un procès d'intention », propos qu'il a tenus sur France Culture en mars dernier, ont à nouveau été mis en relation avec la polémique provoquée en 1980 par ses déclarations de Premier ministre le jour le l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic. Il avait alors dénoncé « l'attentat odieux qui voulait frapper des israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue » ».

Le Professeur Barre a pourtant toujours été précis. S'il avait déclaré « depuis 30 ans », c'était depuis 30 ans, et non 27 ans. Car il y a bien eu, voici 30 ans, une affaire qui lui est restée en travers de la gorge, et c'est celle-là, d'abord, qu'il attribuait à « un lobby juif capable de monter des opérations indignes ». Il est surprenant que les spécialistes de Raymond Barre l'aient oubliée car elle avait suscité, à l'époque, une grosse polémique politico-juridique dont il fut le perdant, position qu'il ne goûtait guère.

En 1977 donc, nommé depuis un an Premier ministre de Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre signe au Journal officiel une directive ôtant toute efficacité aux dispositions de la loi du 1er juillet 1972 contre le racisme et l'antisémitisme concernant le boycott d'Israël. Ces dispositions interdisaient à la COFACE (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) de garantir les exportateurs qui, pour commercer avec eux, se soumettaient aux conditions discriminatoires visant Israël imposées par les pays arabes boycottage (interdiction de commercer avec Israël ou d'utiliser la technologie israélienne, absence de juifs dans leur conseil d'administration, etc.).

L'objectif « fondamental », selon Raymond Barre, de réduction du déficit commercial français avec les pays du Moyen-Orient devait primer sur tous les autres principes : l'économie devait « fonctionner » et la liberté économique d'Israël passer par pertes et profits. La polémique enfle et Raymond Barre se voit attaqué par des organisations juives, la Ligue des droits de l'homme, mais aussi, le comble pour cet économiste libéral, par le Mouvement pour la liberté du commerce. Raymond Barre ne voulut pas en démordre et l'affaire fut déférée au Conseil d'Etat. Lequel annula en avril 1980 l'avis du « meilleur économiste de France » pour illégalité - notamment parce qu'il violait le principe de non-discrimation dans le commerce inscrit à l'article 7 du Traité de Rome.

Il est fort probable que ce camouflet jamais digéré ait favorisé quelques mois plus tard le fameux lapsus prononcé en octobre, après l'attentat de la rue Copernic. Lapsus qu'il n'a jamais voulu reconnaître préférant l'assumer sur le fond en mars dernier en expliquant que s'ils visaient des juifs, les terroristes auraient dû lancer leur bombe à l'intérieur de la synagogue et pas dans la rue... Le professeur Barre ne voulait jamais avoir tort.

Source

6 - « L’Alignement », nouvel axe de la politique étrangère Française

Dans le vacarme médiatique d’un début de quinquennat tapageur - dont le tempo s’étiolera ou lassera - la France vient de connaître une véritable « rupture » qui, curieusement, ne fait pas les gros titres. Elle concerne sa politique étrangère et « l’alignement » rapide de notre pays sur les positions des U.S.A.

La visite surprise de M. Kouchner à Damas et les propos tenus à cette occasion ne sont, de ce véritable alignement, que la partie la plus visible. Mais elle s’inscrit dans toute une série de déclarations, de collusions et de faits qui ne laissent subsister aucun doute quant à l’abandon de facto des positions spécifiques qui faisaient de la France un acteur historique, original et parfois dérangeant de la politique internationale Déjà, à l’occasion de ses voyages et de ses prises de paroles minutieusement préparées – qu’il s’agisse de l’auditoire ou du contenu - Nicolas Sarkozy n’a jamais caché son admiration pour les USA, ce qui est son droit. Au pire, dans la période de la guerre dite préventive au Moyen Orient, il s’est tu. Sans parvenir toutefois à éviter le sobriquet de « Sarkozy l’américain » que des membres éminents de son propre camp n’hésitaient pas à lui attribuer dans le contexte conflictuel de pré-présidentielle. Eric Besson, lui aussi, n’avait pas manqué d’épingler cette particularité du candidat de l’UMP – en faisant une allusion déplacée au « passeport américain » - avant de s’excuser platement, par la suite, pour cet instant de lucidité devant le candidat devenu président.

Force est de constater qu’une fois Président, M. Sarkozy est passé sans tarder aux actes, opérant une véritable « rupture » - nouvelle appellation de « l’alignement » désormais en concurrence avec celui de « modernisation » - qui pour être la première, ne sera pas la dernière.

Le premier acte de cette volonté d’alignement, même s’il a été vendu et perçu en terme « d’ouverture politique », a été la nomination de M. Kouchner au Quai d’Orsay. Dans le paysage politique français, deux hommes seulement s’étaient prononcés en faveur de la guerre dite « préventive » en Irak : M. Kouchner et M. Lellouch. Le second était par ailleurs le minutieux organisateur des tournées américaines du candidat Sarkozy. Mais avec Kouchner, Sarkozy faisait coup double : pourquoi s’en priver ? Nul doute que Washington aura apprécié à sa juste mesure cette nomination.

Le deuxième acte, c’est le mini-traité européen. Quel rapport, me dira-t-on ? Aucun, a priori. Sauf que, dès le mois de mai, certains, dont je fus, avaient déjà compris que l’acceptation par nos partenaires européens de ce mini-traité, qui ne leur plaisait pas jusqu’alors, avait pour contrepartie non dite le renoncement par M. Sarkozy à son opposition claironnée à la poursuite de toute négociation d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Il ne faut jamais oublier, même s’il doit et peut exister d’autres considérations, que depuis 1965, c’est sous la pression soutenue des USA que l’hypothèse de cette adhésion a fait son chemin. J’attendais donc la levée du veto français à la deuxième ouverture des négociations : elle vient d’avoir lieu.

Le troisième acte, c’est l’affaire Libyenne. Nous commençons à en connaître, après les avoir subodorées, les contreparties. Mais ce qui n’est pas dit, c’est que tout cela n’a pu ce faire sans le feu vert de Washington, qui était déjà à l’œuvre et à la manœuvre depuis un certain temps, pour réintégrer la Libye dans « concert des nations » fréquentables pour cause de production pétrolière. Ont-ils aidé ? Secondé ? On le saura dans trente ans ! Mais nul ne peut croire que d’éventuelles fournitures militaires, a fortiori nucléaires, aient pu être signées sans leur assentiment.

Il manquait la cerise sur le gâteau, l’acte qui justifierait de facto les regrets sur « l’arrogance française » dénoncée par notre nouveau Président à propos de l’affaire irakienne, à l’occasion de l’un de ses déplacements outre Atlantique. En a-t-il été question pendant le déjeuner amical des vacances américaines du mois d’août ? Nul ne le saura jamais. Mais force est de constater que dès le retour de notre président sur le sol de la vieille Europe, M. Kouchner s’est précipité à Bagdad pour y déclarer « que la page était tournée » en évitant soigneusement, fût-ce sous une forme allusive, la question délicate du retrait américain. Quelle page, d’ailleurs ? La nôtre - celle de notre désaccord - ou la leur ? Si c’est la nôtre, c’est impossible : nous n’avons pas changé d’avis sur cet aventurisme irresponsable. Si c’est la leur, laissons les le dire.

On aimerait bien que la page puisse effectivement être tournée, que ce désastre politique et militaire aux conséquences incalculables, cette hécatombe humaine fondée sur le mensonge, le cynisme, la cupidité et la stupidité puissent être oblitérés à défaut d’être oubliés. Mais l’exercice va s’avérer long, difficile et périlleux. Et nul doute qu’après avoir superbement ignoré l’ONU sur la question, les Etats-Unis d’Amérique seraient aujourd’hui tout disposés à lui confier la responsabilité de la sortie de cette impasse qui obère lourdement leur avenir. Est-ce le service que nous sommes censés rendre à nos « amis » américains ? Si oui, pourquoi pas.

Mais que les choses soient claires, et les responsabilités bien établies : qu’il s’agisse de « l’affrontement civilisationnel », de « l’axe du mal contre celui du bien » ou du nouvel habillage de la loi du plus fort, ces fameuses « guerres préventives » qui ne s’appliqueraient qu’exclusivement aux adversaires de l’OTAN et qui prétendraient imposer par la force un régime – la démocratie - qui repose, par définition, sur le libre consentement des citoyens, qu’il n’y ait pas d’ambiguïté !

Et que les propos scandaleux tenus sur l’Afrique et l’homme africain à Dakar, soient retirés. Du moins sur la forme, parce qu’ils ne seront pas oubliés de sitôt sur le fond. Les exégètes de la pensée présidentielle auront beau faire, ce texte est inadmissible. Sur quel continent l’être humain accepterait-il de s’entendre dire qu’il est animé « par un besoin de croire plutôt que de comprendre, de ressentir plutôt que de raisonner, d’être en harmonie plutôt qu’en conquête ». Où et qui accepterait de s’entendre caricaturer comme appartenant à « un imaginaire où tout recommence toujours et où il n’y a de place ni pour l’aventure ni pour l’idée de progrès » ? C’est aux créationnistes chers à M. Bush qu’il fallait tenir ces propos, pas aux africains !

Certes, notre président a parlé cette semaine. Au nom de la France, en employant la première personne du singulier, sans doute emporté par son propre élan, ce qui laisse perplexe : non seulement il fait tout mais en plus, désormais, il pense pour nous.

Pour dire quoi ? Qu’avec nos amis américains, ils ne s’interdirait pas de dire ses accords mais aussi ses désaccords ! Très original, sauf que les actes ne corroborent pas cette prétendue distance. Pour dire ensuite qu’il était partisan d’une défense européenne, certes, mais pas en « compétition » avec l’OTAN, en « complémentarité » pour la « défense du monde occidental » ! Patatras, revoilà le « pilier européen » de l’OTAN et l’hypothèse d’un affrontement civilisationnel ! Freud nous avait prévenus : l’inconscient est puissant ! Nous sommes loin de l’Europe indépendante et de l’universalisme. Mais ce n’est pas tout : nous avons aussi entendu évoquer l’hypothèse « d’un bombardement de l’Iran » deux jours avant que M. Bush ne brandisse la menace, pour justifier le maintien de ses troupes en Irak, d’un possible « holocauste nucléaire » d’origine iranienne. Ils n’en ont pas parlé cet été, nous dit-on, mais la vision de la situation semble aussi bien partagée que les Hot Dogs dont on nous a rebattu les oreilles ! Pour l’instant, le président Iranien s’est contenté de répliquer, en ce qui concerne notre président « qu’il manquait d’expérience, ce qui veut dire que peut être, il ne comprend pas vraiment le sens de ce qu’il dit » (sic). Même chose sur les relations avec la Russie pour laquelle les propos tenus ressemblent étrangement a ceux du vice président Dick Cheyney lors de son passage en Lituanie.

Bref, on l’aura compris, la proximité affichée de notre président avec celui des Etats-Unis, au moment où tout le monde s’écarte de ce dernier, est une « rupture » préoccupante, qui en annonce d’autres dont l’inspiration idéologique sera malheureusement identique. Je le dis à tous les ralliés que l’opportunisme rend momentanément aveugles, il y a chez M. Sarkozy, sous une habileté indéniable, des convictions idéologiques fortement ancrées. L’avenir ne tardera pas à démontrer qu’en cas de conflit entre ces deux composantes actuellement logées sous une même hypertrophie du moi, ce sont les convictions qui l’emporteront, pour le pire.

Reste que cet alignement réducteur de la politique étrangère, aussi bien française qu’européenne, doit être dénoncé et combattu.

C’est évidemment au PS qu’il revient de mener ce combat.

Encore faudrait-il que le PS ait, en matière de politique étrangère, une vision qui ne se dissolve pas dans le consensus mou d’un « droit-de-l’hommisme politiquement correct » qui tient lieu de pensée à la social-démocratie européenne. Son indifférence, voire ses contresens à propos de ce qui se passe aujourd’hui en Amérique Latine est particulièrement significatif de ce vide conceptuel quasi-sidéral. Encore faudrait-il qu’il récuse « l’occidentalisme » pour renouer avec l’universalisme. Qu’il réapprenne à distinguer sa gauche et sa droite, les régimes progressistes et les régimes conservateurs, les véritables agresseurs et les vrais agressés, les peuples exploités qui aspirent à la souveraineté et au développement et les intérêts des compagnies internationales qui les exploitent… Bref, qu’il renoue avec quelques principes et ne confonde plus, par exemple, l’internationalisme et le libre-échange sans précautions, comme ce fut le cas lors du vote référendaire européen.

Paradoxalement, je compte beaucoup sur M. Sarkozy pour l’y aider !

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Henri Emmanuelli

7 - La preuve par Guy Roux, on ne bosse pas bien à 68 ans !

Cela aura été un des feuilletons de l’été. Dans Respublica 550, du 3 juillet, Pierre Cassen avait évoqué l’affaire de l’entraîneur emblématique d’Auxerre, qui avait pris sa retraite dans son club de toujours, à l’âge de 65 ans, et qui avait repris le travail à 68 ans, à Lens. Le syndicat des entraîneurs s’était alors opposé à cette nomination, argumentant que le règlement interdisait de s’occuper d’une équipe à plus de 65 ans. Nicolas Sarkozy avait alors mis tout son poids dans la balance, argumentant que ce n’était pas Guy Roux qui était trop vieux, mais le règlement.

Il faut savoir, pour la petite histoire, que le même Guy Roux, quand il dirigeait le syndicat des entraîneurs, était un farouche partisan de la retraite à 65 ans, et avait contraint l’entraîneur historique de Laval, Michel Le Milinaire, à cesser ses activités, pour laisser sa place à un jeune.

Il n’empêche, le poids du président de la République, et la personnalité atypique de l’ancien entraîneur d’Auxerre ont fait qu’il s’est retrouvé à la tête du Racing Club de Lens, en ce début d’année 2007-2008. Cela n’aura pas duré longtemps ! Au bout de quatre matches, c’est la catastrophe ! Le club n’a marqué qu’un but, et figure en queue de classement, alors que les ambitions déclarées sont de finir dans les trois premiers. Sentant que la greffe ne prend pas, que ses méthodes auxerroises ne marchent pas dans le Nord, l’entraîneur mythique a dû piteusement remettre sa démission. Ses explications sont qu’à 68 ans, il ne sent plus qu’il a la « grinta » pour transcender ses joueurs comme aux plus beaux jours. Il a avoué tout simplement qu’il n’était plus aussi bon qu’avant, et devenu trop vieux pour entraîner une équipe professionnelle, avec les exigences physiques et nerveuses d’un tel métier.

L’entraîneur d’Auxerre, tels ces vieux boxeurs, a fait le combat de trop, sans doute perdu par son orgueil démesuré.

Mais imaginez l’engouement qu’il y aurait si l’équipe de Lens caracolait en tête. On aurait eu droit à tout un matraquage sur les salauds qui ne veulent pas travailler jusqu’à 65 ans, voire plus. Quant à ceux qui ne travaillent plus à 55 ans, cela aurait été le lynchage !

A la veille des assises du Medef, où Laurence Parisot va demander pour la nième fois qu’on allonge le temps de travail des salariés, cet échec footballistique est un mauvais coup pour le discours dominant.

Espérons pour le président de la République que son futur secrétaire d’Etat aux sports, Bernard Laporte, sélectionneur de l’équipe de France de rugby, amènera son équipe vers les sommets, et qu’il sera plus porteur que Guy Roux pour valoriser les engagements présidentiels.

Jean Larose

3 - débats politiques

1 - Le syndrome du poisson rouge

La Rochelle ? Une seconde! Auparavant, je dois d’abord parler d’une chose importante. La présence de Sarkozy aux universités d’été du MEDEF. Forte image. C’est le pendant de son séjour aux Etats unis : un autre monde se met en place. Un nouvel univers de symboles et de priorités. La force de Sarkozy est de faire de toutes ses transgressions des évidences.

GRAMSCI

J’ai eu la possibilité de m’exprimer à ce sujet car France Inter m’a donné la parole. Le bien que ça m’a fait de me retrouver en ligne pour contredire la droite! Vous n’imaginez pas ! C’est disproportionné, je le sais bien. Des auditeurs qui m’ont entendu m’ont téléphoné ou écrit pour me remercier. Et alors j’ai compris qu’ils étaient tout simplement orphelins d’un parole d’opposition. Quelqu’un m’a écrit : « on se sent moins seul en allant au boulot !». Parole. Je crois que je comprends bien ce que cela veut dire. De mon côté, je me suis retrouvé dans l’ambiance de la bataille de la session extraordinaire du parlement. Là il s’agissait de dire pourquoi je trouvais choquant qu’il aille à l’université d’été du MEDEF. Du basique. Mais c’est un basique utile qui affronte les nouvelles évidences. L’art de Sarkozy c’est précisément de faire passer pour des évidences ce qui n’est qu’un pur parti pris. Car je regrette sur ce sujet aussi ce que j’ai entendu de la bouche de certaines poules mouillées socialistes qui ont peur de passer pour des ringards en critiquant la prétendue « modernité » de la démarche de Sarkozy. C’est un moment de bataille culturelle. Sarkozy nous a prévenus : il a lu Gramsci et il l’applique…. Naturellement le plus grave c’est ce qu’il a dit. Lui a compris que la politique se gagne en passant par la tête des gens. C’est frappant de le voir dire que les obstacles à la croissance sont « dans les têtes ». Concrètement, les obstacles d’après lui ce sont les conquêtes sociales. Il faut d’abord convaincre qu’elles sont la cause du mal. C’est une bataille culturelle davantage qu’économique. C’est pourquoi j’ai commencé par évoquer cet aspect de la démarche du président. Reconnaissons-le : pour l’instant il n’y a rien en travers de sa route.

L'OPPOSITION ?

Le venin de l’ouverture continue ses ravages. Et l’opposition de convenance continue. Par exemple sur le discours de politique étrangère. Comment un discours qui affirme que le « premier défi » (même pas « l’un des défis » ou « un défi » en général, non, le premier !) est « le risque de confrontation avec le monde musulman », repris cinq fois et s’achevant, entre autres nouveautés stupéfiantes par l’idée d’une contribution des religieux musulman français à la politique du gouvernement dans ce domaine peut-il laisser le PS sans voix ? Pire, comment un tel discours peut-il néanmoins conduire le secrétaire national chargé des questions internationales, Pierre Moscovici à lui faire des félicitations pour sa « tenue » et ne trouve à lui reprocher que ses contradictions avec ses déclarations passées ? Ma thèse est que les conditions intellectuelles et morales qui ont produit comme résultat que le gouvernement de droite puisse être composé de 20% de socialistes sont toujours à l’œuvre. Ce sont les mêmes qui ont conduit le SPD à gouverner avec la droite plutôt qu’avec Die Linke. Et quand je vois François Hollande déclarer à La Rochelle, ce salon du prêt à porter idéologique, qu’on ne va « quand même pas dire qu’on va généraliser les trente cinq heures » et « qu’il faut travailler plus », je n’ai pas seulement envie de vomir, je me dis la machine à nourrir l’ouverture s’ouvre de nouveaux espaces. Car si les socialistes pensent aussi « qu’il faut travailler plus », s’ils pensent aussi que les régimes spéciaux doivent être revus, et ainsi de suite, alors, au niveau local où l’on a encore davantage de sujets d’entente possible, de façon bien plus naturelle, au nom de quoi s’interdirait-on des « majorités de projets » entre tous et n’importe qui de droite et de gauche ? Bref l’échangisme politique a de beau jour devant lui dans le microcosme des «parti de gouvernement ».

LE POISSON ROUGE ET SON BOCAL

J’ai lu une tribune drôlement bien écrite dans le journal « Libération » sous la signature de Michael Moglia (http://www.liberation.fr/rebonds/275357.fr.php) Ca s’intitule « la mémoire du poisson rouge ». Il montre comment pour que les jeunes quadras rénovateurs puissent croire eux-mêmes à ce qu’ils racontent aujourd’hui il faut d’abord qu’ils oublient ce qu’ils ont dit eux-mêmes juste un instant avant. Sinon ils se sentiraient eux-mêmes tellement ridicules qu’ils ne pourraient pas terminer leur démonstration. Bref, il faut qu’ils aient une mémoire de poisson rouge qui, parait-il, ne se souvient de rien au-delà des trois minutes précédentes. Moglia a mis le nom sur la chose. J’ai écris un texte il y a bien longtemps pour montrer que la question de la mémoire critique était centrale dans la fonction du parti. Aujourd’hui je complète ma pensée d’un seul mot : « et vice versa ». Fabriquer de l’oubli, pour soi-même et pour les autres, peut-être aussi décisif que de conserver de la mémoire. Je propose d’étendre la formule puisqu’elle permet de bien résumer ce type de situation. Parlons du « syndrome du poisson rouge » au PS. Par exemple quand François Hollande dit qu’il faut respecter le parti, c’est grâce à ce syndrome qu’il peut ensuite proclamer sans s’étouffer de rire qu’il va quitter la fonction de premier secrétaire parce que son image en a souffert. De même quand il dit que les questions de la présidentielle de 2012 ne sont pas les plus urgentes rien dans le bocal mental où il tourne en rond ne l’empêchera trois minutes plus tard d’annoncer sa candidature pour 2010 sans tousser. On peut donc dire qu’on peut aussi « penser comme un poisson rouge ». Cela consiste à mettre dans une même phrase deux propositions séparées par une perte de mémoire. Exemple : « Il faut être discipliné et respecter le vote des militants, donc François Bayrou aurait pu être mon premier ministre ». « Il faut prendre le temps du débat sur l’essentiel et c’est pourquoi je conclu que nous devons mettre dans la déclaration de principe notre adhésion à l’économie de marché ». J’ouvre un concours. Amis lecteurs qui souhaitez y participer, je rappelle que les citations doivent être datées et leur sources vérifiables. Et surtout le deuxième terme de la déclaration doit dire exactement le contraire du premier. Enfin la formule doit pouvoir être débité avec l’aplomb et l’air d’évidence de qui vous savez.

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Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr

2 - La gauche doit changer de logiciel

C'est la seconde fois que le Mouvement des jeunes socialistes m'invitait à participer à l'Université d'été du parti socialiste. La dernière fois, j'avais fait part des mes craintes concernant l'incapacité de la gauche à s'emparer du débat de fond généré par l'après 11-septembre.

Cette année était sans aucun doute plus stimulante qu'aucune autre. Cette fois au moins, les socialistes sont dos au mur et forcés de reconnaître qu'ils n'ont pas été à la hauteur, sur bien des sujets, depuis trop longtemps. Pour la première fois par exemple, un atelier sur "la gauche face au terrorisme" a été programmé. Certes, sur l'agenda du Mouvement des Jeunes socialistes, incontestablement plus novateurs que leurs aînés quand il s'agit d'avoir un peu de courage. Mais c'est un début...

Sur le fond

L'atelier auquel je participais portait sur "la gauche, la Nation et la République". En compagnie de Patrick Weil et Stéphane Pocrain, j'ai insisté sur la nécessité de renouer sans honte avec un idéal républicain exigent, combatif, qui ne troque pas la "diversité" contre l'"égalité", ne tombe ni dans le sécuritiaire ni dans le victimaire, oppose la "crise de citoyenneté" à la "crise de l'autorité", la défense de la laïcité au clientélisme religieux, oppose un axe laïques/intégristes à l'axe Islam/Occident. Une gauche qui sache arracher aux nationalistes cette nation française qui fût longtemps une promesse de progrès. Tout en l'articulant avec une conscience internationaliste faite de solidarité Nord-Sud, au sein d'une Europe repensée comme lieu de résistance commun des Etats-Nations face aux effets pervers de la mondialisation.

Qu'en restera-t-il ? Le débat de fond pour rénover ne fait que commencer. Il faut espérer qu'il survive à la guerre des éléphants et des Lions qui focalisera naturellement l'attention des médias incapables de capter l'essentiel ou trop flemmards pour ne pas lui préférer le superficiel. Mais les médias ne sont jamais qu'un reflet. Si les socialistes souhaitent réellement poursuivre leur rénovation de fond en combles et tracer un chemin qui ne dérive plus au gré des courants, il leur faudra repenser totalement leur façon de fonctionner.

Sur la forme

A commencer par par ne pas accuser de "droitisation" ou de "gauchisation" chaque embryon de nouvelle ligne. Il faut que le débat ait lieu point par point, dans une cohérence guidée par le progrès, l'intérêt commun et l'efficacité. Le seul souci doit être de savoir si cette nouvelle orientation permettra ou non d'aider ceux qui ont le plus besoin de l'Etat, autrement dit les premières victimes de la politique de démantèlement du public au profit du privé en cours. Et non de préjugés ou de références uniquement empruntés au passé.

Les socialistes doivent aussi en finir avec leur incapacité presque idéologique à organiser la synergie avec les intellectuels, les associations, les penseurs citoyens et les leaders d'opinion gravitant autour d'eux. Ils doivent admettre que le rôle d'un parti politique est avant tout de servir de caisse de résonnance pour la pensée novatrice, fut-elle externe, et non seulement de filtre pour tirer la pensée interne vers un consensus mou aussi inaudible qu'immobile. Un domaine où la droite pragmatique a naturellement trois longueurs d'avance.

En parlant de ces universités d'été, Jean-Christophe Cambadélis (dont il faut saluer la capacité à organiser un débat de qualité) a parlé de "pré-logiciel". Il faut espérer que le logiciel saura se nourrir du meilleur, y compris de l'extérieur, capter les energies. Au lieu de nous jouer un spectacle grotesque et populiste de la "démocratie participative". Une succession de meetings démagos, façon forums internet, où la parole la plus légitime est celle de celui qui n'y connait rien et n'a donc rien n'a dire, mais à qui on fait croire qu'il sait tout et dont on ne retient rien... Puisqu'au final, ce sont bien les organisateurs du forum qui savent ce qu'ils voulaient entendre.

Sans parler de leurs personnalités respectives, il n'est pas étonnant que Nicolas Sarkozy soit apparu beaucoup plus compétent et bien plus pertinent que Ségolène Royal pendant toute la campagne. Tandis que l'un allait débaucher tous ceux qui avaient travaillé et pensé de façon novatrice sur un sujet, l'autre se vantait de n'écouter personne. Uniquemennt ceux venant chanter dans ses meetings. Surtout pas les experts extérieurs et encore moins les experts internes au PS, dont certains sont pourtant fort compétents, et depuis des années. On connait la suite, les frustrations légitimes générées, le niveau médiocre de la pensée présentée, le risque de voir les experts saisir la première main tendue en face...

Un parti politique n'est pas qu'une machine théâtrale à gagner les élections. Elle doit aussi être un catalyseurs d'énergies intellectuelles, culturelles et au final politique. Il faut donc espérer qu'en plus de chercher un conducteur ou une conductrice, le PS saura changer de moteur et de logiciel. En prenant le temps du débat de fond et d'une rénovation de qualité. Mais sans perdre de vue l'urgence d'une opposition crédible et efficace sans qui le bolide au pouvoir aura vite fait de toute raser.

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Caroline Fourest

4 - International

1 - Rapport de Shalom Arshav : les routes de luxe des colons

Rapport qui confirme le statut privilégié des colons, qui bénéficient toujours d’investissements énormes et inutiles, aux dépens des citoyens d’Israël proprement dit.

Pour voir les 2 photos de ces routes qui illustrent cet article : http://www.lapaixmaintenant.org/article1675

Alors que l’Etat d’Israël investit des millions dans la construction de routes en Cisjordanie, il néglige le développement de l’infrastructure routière à l’intérieur de la ligne Verte, a affirmé dimanche Shalom Arshav (La Paix Maintenant).

D’après un rapport réalisé par cette organisation, 33 kilomètres de routes sont actuellement en construction à l’Est de la clôture de séparation, avec un investissement d’environ 315 millions de shekels (environ 56 millions d’euros).

"L’Etat dépense au moins 50.000 shekels pour chaque véhicule de colons dur des infrastructures et de nouvelles routes. Alors qu’en Israël, des gens se tuent tous les jours à cause d’un manque de moyens pour construire de nouvelles infrastructures, les colons bénéficient de routes de luxe", a déclaré Yariv Oppenheimer, secrétaire général de Shalom Arshav.

Les routes en question comprennent une route qui doit desservir quatre colonies, qui comptent 2.570 habitants et 483 véhicules. Son coût s’élève à 142 millions de shekels. Une autre route desservirait les 762 habitants d’une seule colonie, pour un coût de 35 millions de shekels.

Shalom Arshav fait notamment remarquer qu’après une série récente d’accidents gravissimes sur l’autoroute de la Arava (au sud, le long de la frontière jordanienne, ndt), la construction d’un système de séparation entre les voies avait été repoussée, compte tenu du coût du projet. Or, un système similaire a été construit sur une route dans la zone au sud du Mont Hebron, route détruite après avoir été déclarée illégale par la Haute cour. Coût total de la construction et de la destruction : 6O millions.

Le rapport note encore que d’après le Bureau central de Statistiques, l’Etat a dépensé plus d’argent pour le bitumage de routes en Cisjordanie qu’en Israël proprement dit. Ces dernières années, environ 17% des constructions de routes ont concerné la Cisjordanie, chiffre à rapporter à la population des colons, qui ne représentent que 3,5% de la population totale d’Israël.

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

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Yediot Aharonot

2 - Où va le Bloc de gauche au Portugal ?

Les 2 et 3 juin derniers se tenait à Lisbonne la 5e Convention nationale du Bloc de Gauche. Depuis sa création en 1999, cette organisation unitaire de la gauche anticapitaliste au Portugal s’est fortement consolidée et implantée dans le pays, devenant aujourd’hui une force significative qui compte 4200 membres, une présence active dans les luttes et les mouvements sociaux, ainsi que 350 élu-e-s locaux et 8 parlementaires nationaux. Le 7 juillet dernier, nous nous sommes entretenus avec Francisco Louça, candidat du Bloc aux élections présidentielles de janvier 2005 (5,3% des suffrages) et porte-parole de cette organisation.

Le Bloc de gauche est un parti pluraliste de la gauche socialiste. Comment se définit-il par rapport au noyau dur du programme socialiste, au sens fort du terme, c’est-à-dire à la socialisation des grands moyens de production, de distribution, de crédit, etc. ? Comment abordez-vous la question clé de la propriété dans votre programme ? Est-il possible de refonder une gauche anticapitaliste sans prendre clairement position sur cette question ?

Francisco LOUÇA. Lorsque le Bloc s’est formé, il y a huit ans, nous avons fait un choix politique que je crois toujours valable : créer notre parti sur la base des confrontations politiques qui définissent notre intervention et non d’une cohésion idéologique a priori. Nous avons ainsi rassemblé des traditions très différentes, issues du Parti communiste, des courants maoïstes ou marxiste-révolutionnaires (trotskystes), ainsi que des mouvements sociaux indépendants. La possibilité de construire ce regroupement, dans une situation très défensive, impliquait que nous soyions capables de formuler des propositions politiques et d’avoir un impact sur la société. Nous n’avons donc pas commencé par discuter d’un programme de référence historique, mais d’un programme d’intervention politique.

Nous nous sommes définis comme socialistes un peu après notre fondation, ceci dans un double sens : d’abord, en rejetant le « socialisme réel » (le stalinisme, les expériences de l’URSS, des pays de l’Est ou de la Chine), ensuite en nous revendiquant de la lutte anticapitaliste, contre l’expérience sociale-démocrate et sa version sociale-libérale actuelle. Dans ce sens, nous défendons l’idée de la propriété collective. Mais ce qui est vraiment important, en particulier pour les organisations qui ont suivi la voie de petits groupes minoritaires, c’est de trouver le moyen d’exprimer des idées politiques qui disputent l’influence sur les masses. Nous avons donc traduit nos idées socialistes en propositions concrètes, très liées aux modalités de la vie politique au Portugal. Par exemple, nous avons récemment proposé la socialisation des services de l’eau, de l’énergie, etc., et l’une de nos principales campagnes de cette année tourne autour de la défense, de la modernisation et de la transformation du service national de santé. Cela nous permet de concrétiser notre perspective de socialisation sur la base de besoins sociaux et de luttes concrètes.

A la lecture de la résolution majoritaire de votre congrès de juin, on note une différence assez nette entre la façon dont vous abordez les questions sociales et les questions environnementales. Sur les premières, vous avancez des revendications défensives – refus des privatisations, défense d’une sécurité sociale répondant aux besoins de toutes et tous, etc. –, donc un programme antilibéral, compatible avec une perspective keynésienne de gauche. Sur les secondes, vous indiquez qu’on ne peut pas répondre à un problème aussi grave que le dérèglement climatique sans mettre en cause la logique même du capitalisme. Il me semble que votre approche devient ici plus radicale, y compris dans les formulations choisies. N’y a-t-il pas là une tension entre un programme social minimal, qui correspond à la défense d’objectifs « possibles » – le terme est d’ailleurs repris à plusieurs reprises – et la nécessité d’une rupture forte avec le capitalisme, notamment sur les questions écologiques ?

Sur toutes les questions, la seule stratégie cohérente, c’est la rupture avec le capitalisme. Nous ne partageons pas une perspective keynésienne de gauche, parce que c’est une perspective de marché, qui a eu une base matérielle dans les systèmes capitalistes de l’après-Seconde guerre mondiale, mais qui n’est plus possible aujourd’hui. Nous défendons par contre que la gauche, notre gauche au moins, est tenue de disputer la conscience et la capacité d’action des gens sans se limiter à faire de la propagande pour le socialisme. En réalité, l’idée selon laquelle la seule alternative pratique serait le socialisme, qui ne peut pas être un objectif immédiat, produit une perturbation dans la pensée de gauche. Pour lutter, il faut revendiquer tout, et pourtant… tout n’est pas possible. Il faut briser ce miroir fou !

Si l’objectif central des bourgeoisies européennes, au moins de la bourgeoisie portugaise, c’est de supprimer une partie du salaire indirect des travailleurs-euses et de s’approprier une rente sur la masse fiscale, sur la partie socialisée de l’Etat, cela nous impose de défendre les services publics comme enjeu démocratique de notre responsabilité collective, et de gagner la majorité de la population à un tel objectif. Ce combat n’est pas défensif ! C’est le plus offensif qu’on puisse envisager, puisqu’en présentant des propositions concrètes, et donc possibles, les gens peuvent voir qu’elles sont applicables. C’est ce que nous faisons dans le domaine de la santé ou de la sécurité sociale. Par exemple, face à la plus grande initiative de ce gouvernement à majorité socialiste, soit la réforme de la sécurité sociale, nous avons été le seul parti à présenter une alternative concrète en termes de modes de financement, de rôle de la fiscalité ou de répartition entre les générations. Cela nous a donné un impact très important, parce que tout le monde pouvait comprendre que le seul argument des partisans d’une libéralisation de la sécurité sociale – que c’est la seule alternative viable – était erroné. Il faut disputer clairement ces terrains-là.

Ceci dit, notre congrès a développé une position de fond plus programmatique sur la question de l’environnement, centrée sur les perturbations climatiques, sans doute parce que c’était la première fois que nous le faisions. Il nous fallait expliquer pourquoi les solutions de marché, « à la Al Gore », conduisent à une impasse du point de vue de la transformation des habitudes de consommation, des formes de production, de la répartition des richesses, des relations Nord-Sud, etc., c’est pourquoi nous avons choisi une tonalité plus éducative.

Durant ces 20 à 25 dernières années, les résultats cumulatifs des politiques néolibérales, celles du capitalisme réellement existant, ont produit une régression sociale dont les effets ont été profonds sur la conscience de classe. On peut ainsi constater un reflux général des solidarités au profit du sauve-qui-peut individuel, qui traduit une emprise croissante de l’idéologie bourgeoise… De larges secteurs de la société sont plus éclatés que jamais et subissent de plein fouet l’offensive matérielle et idéologique du capital. Cette situation favorise la multiplication de divisions en cascades, entre actifs et chômeurs, détenteurs d’un contrat de travail de durée indéterminée et précaires, nationaux et immigrés, vieux et jeunes, hommes et femmes, etc… Cet affaiblissement général des capacités de résistance marque une dégradation qualitative des rapports de force. Dans un tel contexte, résister durablement implique non seulement de rassembler le mouvement social autour d’objectifs antilibéraux, mais aussi de le reconstruire, ce qui suppose la redéfinition d’un horizon de transformation sociale radicale – ce que pouvait signifier le socialisme pour le mouvement ouvrier d’avant la Seconde guerre mondiale… Qu’en penses-tu ?

Il me semble que la gauche n’a pas une réponse très complète à cette question, parce que la seule réponse possible devra se baser sur l’expérience sociale, sur la création de nouvelles traditions de lutte. Mais je crois qu’il y a deux éléments de réponse. D’abord, la capacité d’initiative politique ; ensuite, l’organisation de nouveaux réseaux sociaux, de nouvelles formes d’intervention sociale. Je crois que la clé de la stratégie de la gauche socialiste, c’est de reprendre l’initiative et l’offensive, là où c’est possible, et de garder toujours cette orientation. Je respecte beaucoup les noyaux militants et la tradition de la gauche radicale européenne, mais je crois que si un parti n’est pas capable de se poser comme référence dans les débats politiques nationaux, notamment par sa capacité d’initiative, il va à la faillite. Il faut absolument construire cette capacité d’action politique de référence.

Je te donne deux exemples dans notre histoire. Le Bloc s’est formé en 1999, à un moment où, malgré la marée montante du libéralisme, de l’individualisme et de la privatisation de la conscience, le Portugal a connu un mouvement assez unique de solidarité avec le peuple de Timor, pas encore indépendant, sous la pression militaire de l’Indonésie : une grève nationale, des manifestations de rue pendant des jours entiers, donc une mobilisation qui ne répondait pas à des intérêts matériels. Comment une telle capacité d’engagement et d’initiative a-t-elle été possible dans un climat globalement défensif ? La réponse est politique : certaines tensions peuvent permettre des initiatives importantes sur des thèmes concrets. Par ailleurs, tout récemment, nous avons gagné un référendum sur l’avortement avec une majorité de 60% en faveur de l’une des lois les plus avancées d’Europe, et cela dans un pays très catholique, où le poids de l’église sur l’appareil politique est très fort. Cela s’explique par la capacité d’initiative des partisans de la dépénalisation. Nous avons pu diviser le centre et la droite, attirer des député-e-s de droite dans le sillage du mouvement, et cela sur un thème clé : comment peut-on continuer à emprisonner des femmes pour avoir avorté ? Cela a changé complètement les données du débat politique. Il faut donc se méfier des attitudes apparemment très radicales, mais qui débouchent en réalité sur l’attentisme, parce que rien ne semble possible. Non, bien des choses sont possibles… à condition de faire des choix et de créer un rapport de forces en prenant l’initiative là où des avancées sont praticables.

Sur le fond, je crois que tu as raison. Il faut envisager une réorganisation profonde du mouvement social au 21e siècle. En effet, les précaires seront difficilement organisés par les syndicats. Il faut créer d’autres types de réseaux et d’organisations sociales. Nous avons quelques expériences en la matière. Par exemple, nous avons réuni une marche pour l’emploi, il y a une année, qui a parcouru le pays. Il y avait deux à trois meetings publics par jour avec beaucoup de travailleurs-euses. Parfois, les salarié-e-s d’entreprises en instance de faillite ou menacées de fermeture prenaient contact avec nous. Nous avons pris ce problème à bras le corps, parce qu’il y a plus ou moins 10% de chômeurs-euses au Portugal. Et les travailleurs-euses ne voient pas d’alternative, parce que c’est difficile. Pourtant, dans quelques cas, nous avons obtenu des gains significatifs. Des militant-e-s du Bloc de gauche dirigent la commission ouvrière de l’une des usines les plus importantes du pays, la Volkswagen, au sud de Lisbonne, qui compte quelques milliers d’emplois. Ici, les salarié-e-s ont accepté de renoncer à des augmentations salariales pour que quelques centaines de précaires parmi eux/elles soient intégrés à l’effectif de l’entreprise. Cela a renforcé la confiance dans des solutions solidaires, ceci dans un contexte extrêmement défensif.

A la fin du 20e siècle, le mouvement altermondialiste a représenté un élément de rupture sur le plan des idées. On a vu ainsi apparaître une nouvelle forme d’internationalisme. Ceci dit, la difficulté de ce mouvement à embrayer sur des mobilisations sociales d’envergure en montre aussi certaines limites. Votre document de congrès relève deux exemples européens – les mobilisations de la jeunesse contre le CPE en France ou des étudiant-e-s grecs contre les réformes de Bologne – qui n’auraient pas été concevables sans le précédent du mouvement altermondialiste. Mais de tels exemples sont encore limités. Sans mobilisations sociales d’envergure, ne vois-tu pas le danger que l’altermondialisme tourne en rond, ses manifestations et forums se muant en rituels sans dégager les capacités d’initiative sociale indispensables à une contre-offensive ?

Ce danger existe. Mais l’altermondialisme a eu tout de même un succès impressionnant en se montrant capable d’organiser un mouvement international contre la guerre sur la base de nouvelles formes d’organisation très attirantes et très productives. Il a permis l’expression d’un mouvement de masse de millions de personnes, un facteur décisif pour commencer à affronter l’impérialisme et la guerre. Ceci dit, tu as raison, il rencontre une véritable difficulté à organiser de larges secteurs sociaux. Au Portugal, l’altermondialisme a été beaucoup plus important comme laboratoire d’idées que comme capacité d’organisation et d’initiative. Il y a eu deux forums sociaux portugais, mais très restreints : le premier l’était certes un peu moins, grâce à l’engagement de la centrale syndicale sur une ligne de rassemblement unitaire, mais le second s’est limité à quelques centaines de personnes, en raison de la volonté de contrôle obsessionnelle du Parti communiste sur l’ensemble du processus, qui a dissuadé de nombreuses organisations sociales d’y prendre part. Cette crispation a affecté les capacités d’intervention autonome du mouvement altermondialiste au Portugal. Donc, les forums sociaux, en tant que mouvements organisés, n’ont eu aucun poids au Portugal.

Si le mouvement anti-guerre international a été une conséquence spectaculaire du mouvement altermondialiste, il s’est dirigé avant tout contre l’impérialisme états-unien et la politique de guerre sans fin de George W. Bush. N’a-t-il pas nourri des illusions sur le caractère pacifique des impérialismes européens ? Votre dernier congrès a critiqué tout appui à l’intervention de troupes européennes – du Portugal comme d’autres pays – en Afghanistan. Que penses-tu du tournant de la majorité de Rifondazione en Italie en faveur de la poursuite des interventions militaires de pays membres de l’OTAN, pour autant qu’elles aient été approuvées par l’ONU, notamment en Afghanistan ou, dans un autre contexte, au Liban ?

C’est vrai que le mouvement anti-guerre s’est développé contre l’impérialisme US et britannique. Evidemment que les positions de Chirac et de Schroeder ont nourri des illusions. Mais je crois que cette division du front impérialiste a été aussi le produit de la mobilisation des opinions publiques contre la guerre. C’est donc aussi un succès d’avoir paralysé la capacité d’unification des différents impérialismes autour du super-impérialisme US. Ceci dit, il y a aujourd’hui évidemment des débats politiques importants. En Italie, je crois que Rifondazione tient un double langage : au gouvernement, il accepte l’intervention impérialiste en Afghanistan, alors que dans le Parti de la gauche européenne, il approuve des résolutions en faveur du retrait de toutes les troupes d’Afghanistan. Et ce double langage, on le retrouve en Italie : on ne peut pas participer à une manifestation contre l’extension d’une base américaine puis, quelques jours après, voter en faveur du même projet. Les gens comprennent qu’il y a une contradiction et cela a créé un problème entre Rifondazione et le mouvement anti-guerre. Et pourtant, le rôle de Rifondazione était très important à la tête du mouvement anti-guerre et c’était l’un de ses points forts en 2003-2004. Il y a là un déficit qui conduit à une situation très dangereuse, parce qu’un parti politique doit être très clair sur ses objectifs, en particulier sur la guerre et la paix, qui sont des questions décisives dans la vie des peuples. La meilleure tradition du mouvement socialiste est claire à ce propos, de Jaurès à Rosa Luxemburg. Il n’y a pas de politique de gauche qui ne soit pas nette dans son opposition à la guerre, au militarisme et à l’impérialisme.

Le Bloc de gauche est un rassemblement de la gauche socialiste antilibérale, mais sans le Parti communiste portugais (PCP). Pourtant, au niveau européen, le Bloc appartient au Parti de la gauche européenne, dominé par des forces issues du mouvement communiste. Comment expliques-tu que le PCP ait suivi un chemin séparé de celui du Bloc, et que vos documents fassent à peine mention de lui ?

Le Bloc s’est construit en opposition à la politique libérale, donc au Parti socialiste, mais aussi au PCP. Nous représentons une troisième force, alternative par son programme et ses capacités d’initiative. Notre but stratégique est de reconstruire les rapports de force au sein de la gauche et dans la société dans son ensemble. Au Portugal, le Parti communiste, comme dans quelques autres pays, représente une forme d’organisation de tradition stalinienne, celle du parti qui dirige le syndicat, qui organise un mouvement de femmes ou de jeunes. Cela ne permet pas au syndicat de représenter unitairement les salarié-e-s et restreint leur capacité d’organiser les travailleurs-euses précaires, ainsi que d’autres couches sociales. La force sociale du PCP dépend essentiellement de ce type de captation partidaire du mouvement syndical. Il nous a fallu donc rompre avec cette conception qui affaiblit le mouvement populaire. C’est pour contribuer à reconstruire ses capacités d’initiative, que le Bloc s’est organisé comme force politique et sociale. Nous avons donc des relations de confrontation, de débat, mais parfois aussi de convergence avec le Parti communiste, même si nous défendons clairement une vision alternative. Le PCP a été le parti de l’Union soviétique durant toute son histoire ; maintenant, c’est le parti du Parti communiste chinois. Il n’est pas comparable à la scission du Parti communiste italien qui a donné naissance à Rifondazione comunista.

Pour ce qui est du Parti de la gauche européenne, auquel nous appartenons, il faut dire que les partis communistes européens sont divisés. Le Parti de la gauche européenne a une conception non stalinienne, une conception d’ouverture, de réseau, pas une conception de Komintern. Le PCP n’en fait pas partie. Nous n’obéissons pas au Parti de la gauche européenne. Aucune de ses décisions ne nous oblige. C’est un réseau de collaboration tributaire de la volonté des partis nationaux. L’Alliance rouge et verte du Danemark et Respect d’Angleterre y sont associés… Les partis communistes qui en font partie se sont transformés un peu ou beaucoup, tandis que le PCP essaie de développer un réseau parallèle, avec des partis de l’Est, les partis communistes chinois, vietnamien, cubain, etc…

Le Bloc de gauche a obtenu un nombre croissant d’élu-e-s au Parlement national comme dans les municipalités. Avec 350 élu-e-s municipaux, il compte près de 10% de ses membres dans les parlements. Ceci ne vous pose-t-il pas un problème, dans la mesure où le poids de ces élu-e-s peut tendre à adapter vos priorités et agendas politiques à ceux de ces institutions au détriment des besoins prioritaires du mouvement social. Sans parler de l’impact que les mandats électifs peuvent avoir, en termes de privilèges matériels et symboliques, certes extrêmement réduits. Comment le Bloc s’organise-t-il pour poser des garde-fous contre de tels dangers ?

Comme tu le sais, puisque vous avez aussi des élu-e-s en Suisse, si un parti se présente à un scrutin et que cela se traduit par des mandats, il doit les remplir là où il a obtenu ces voix. Dans la démocratie bourgeoise, tout parti de masse aura des élu-e-s et la polarisation politique pourra se traduire par des gains électoraux, même si des défaites et des reculs sont inévitables. Au Portugal, nos élu-e-s ne reçoivent pas de salaires et ne participent à des réunions municipales qu’une fois par semaine dans les grandes villes, et une fois par mois – voire deux fois par an – dans les petites villes. Ils suivent aussi quelques commissions. Les parlements locaux ont très peu de pouvoir : ce sont des forums de discussion politique. Nous avons aussi des élu-e-s dans les exécutifs des villes, désignés à la proportionnelle. Ils ne sont généralement pas majoritaires, sauf dans une petite ville de quelque 30’000 personnes, près de Lisbonne. C’est vrai que le fait d’avoir ces élu-e-s suscite des demandes de réponses politiques à des questions locales. Celles-ci sont aussi importantes – logement, transports, services publics, éducation, etc. Nombre d’entre elles sont directement en rapport avec la politique financière et budgétaire, mais aussi avec l’organisation de la société dans l’ensemble du pays, ce qui permet de développer une opposition mieux informée sur la vie locale.

Ceci nous oblige à concentrer beaucoup d’efforts et de cadres sur les agendas municipaux. Il faut en effet bien faire ce travail en tentant de sortir des quatre murs de ces assemblées pour présenter à la population les enjeux des confrontations en cours. A l’opposé, le PCP s’allie souvent à la droite pour obtenir des postes à l’exécutif, parce que le Parti socialiste et les partis au pouvoir forment un bloc dominant. Ceci explique qu’il ait fait partie des gouvernements de la droite et de l’extrême droite dans plusieurs grandes villes comme Porto, Sintra ou Coimbra. Mais le plus important, c’est de maintenir un profil politique national autour de campagnes centrales. Par exemple, depuis une année, nous avons concentré l’essentiel de nos forces sur la marche pour l’emploi en nous confrontant directement aux patrons et au gouvernement, ainsi que sur la bataille pour l’avortement. Le Bloc est largement reconnu pour cela !

Le Bloc a permis de fusionner des courants politiques assez différents. Non seulement des forces et des générations nouvelles, mais aussi de plus vieilles traditions – marxiste-léninistes, trotskistes, issues de minorités du PC, etc. Est-ce que des avancées ont été rendues possibles par ces collaborations ?

Je ne voudrais pas généraliser. Les conditions portugaises ne sont sans doute pas généralisables à d’autres pays européens. En France, par exemple, la LCR discute d’un parti anticapitaliste large. L’expérience de solidaritéS en Suisse est elle aussi différente. Mais il y a en commun dans beaucoup de ces expériences et débats de la gauche européenne, la volonté de créer des cadres politiques plus larges, plus offensifs, à même d’organiser des militant-e-s sociaux, de représenter à la fois une gauche politique et sociale. La voie que nous avons choisie repose fondamentalement sur la confiance qui peut se nouer dans le processus de constitution d’une direction collective sur la base de tâches politiques communes. Cette confiance, il faut la tester dans l’intervention, dans les succès et les revers, en faisant l’apprentissage d’une volonté d’intégration des différentes sensibilités, de la recherche du consensus et de la cohésion. Si cela réussit, il devient possible de faire de la politique. Il y a en effet une grande différence entre faire de la propagande, développer des idées, défendre un programme, même d’une grande qualité, et être capable de transformer cela en arme politique en intéressant des secteurs sociaux plus larges à la lutte, en les mobilisant. De nouvelles forces viennent à nous parce que nous avons des convictions, que nous faisons des campagnes, que nous donnons des exemples de combat à mener, que nous débattons de nouvelles façons de s’organiser à gauche. Nous touchons des milliers de personnes en posant centralement les questions suivantes : comment transformer les rapports de force actuels ? où concentrer nos efforts pour faire reculer l’adversaire ?

La génération de l’après-68 a été formée dans des organisations politiques très homogènes sur le plan idéologique, où le travail de réappropriation de connaissances, de formation théorique et d’élaboration a été très important, souvent au détriment de la capacité de faire de la politique dans des cadres plus larges. Ceci dit, comment posez-vous le problème de la formation de nouveaux cadres, qui ne se développent pas seulement dans la pratique des mouvements, mais acquièrent aussi des outils d’analyse et une formation théorique sérieuse ?

Le débat théorique et les connaissances historiques de notre génération sont un acquis immense. Rien n’aurait été possible sans ce regard critique sur l’histoire du mouvement ouvrier, sans cet effort de créer un marxisme vivant. Je crois qu’un parti de gauche socialiste doit reprendre et approfondir ces réflexions. La chance que nous avons, c’est peut-être de poursuivre cet effort dans le cadre d’un capitalisme et d’une classe ouvrière transformés, en utilisant le marxisme pour ce qu’il est, c’est-à-dire comme un outil de travail. Notre dernier congrès a décidé de créer un centre de formation qui s’adresse surtout à des militant-e-s sociaux. Ses premiers cours commencent maintenant et portent sur l’histoire des révolutions du siècle passé – Octobre, la Guerre civile d’Espagne, la Chine, Cuba, le Vietnam, Mai 68, la révolution portugaise – afin de réfléchir aux questions stratégiques qu’elles ont soulevées. Nous commençons aussi à publier une revue théorique. Nous faisons aussi un effort pour développer de nouveaux moyens de communication, vu que le rôle joué par les journaux, il y a encore quelques dizaines d’années, est supplanté aujourd’hui par des moyens interactifs. Ainsi, notre site internet s’est développé de façon spectaculaire, avec des milliers d’accès quotidiens. Nous y publions un dossier hebdomadaire sur des questions politiques, historiques, etc., qui vise des audiences larges. Nous diffusons des émissions de radio par streaming. Nous voulons enfin développer une production audiovisuelle – du clip au documentaire – qui devrait servir de base à la formation, à la discussion, mais aussi aux campagnes du Bloc. En septembre, nous tiendrons un week-end d’étude, « socialisme 2007 », pour débattre de stratégie et d’histoire, de lutte syndicale et écologiste, mais aussi de questions culturelles.

Entretien réalisé par Jean Batou pour le périodique suisse « solidaritéS ».

Source

Jean BATOU solidaritéS

3 - Evo Morales propose de mettre un terme aux paradis fiscaux et au secret bancaire pour contrôler le narcotrafic.

Le président bolivien, Evo Morales, s'est interrogé aujourd'hui sur le fait qu'il n'existe pas des instruments légaux d'organismes internationaux comme les Nations Unies pour contrôler le financement du narcotrafic dans le monde ; il a proposé d'en finir avec les « paradis fiscaux » et le secret bancaire, et a regretté que « le narcotrafic se soit transformé en un instrument politique de contrôle, de chantage ou de recolonisation d'un pays ».

Pendant la commémoration du 20ème anniversaire de la Force Spéciale de Lutte Contre le Narcotrafic, le mandataire a dit que la Bolivie a un nouveau modèle de lutte contre le narcotrafic et d'éradication des cultures excédentaires de la feuille de coca, de manière concertée avec les producteurs, « sans violer les droits de l'homme, sans paramilitaires, sans kidnappés, sans fumigation et avec des résultats ».

Il a mentionné qu'en accord avec des données qu'il a révisées, cette affaire illégale déplace au niveau mondial 500 milliards de dollars. « Si nous parlons d'un foule coca, ce n'est pas que celui-ci marche chargé de milliers de dollars dans le dos. Ces dollars se déplacent dans les banques », a t-il spécifié.

Morales a demandé au président du Sénat, José Villavicencio, de l'Unité Nationale (parti de l'opposition), présent à l'acte, qu'une loi soit promue pour éliminer le secret bancaire en Bolivie, et a profité de la présence d'ambassadeurs de plusieurs pays pour leur suggérer l'élimination du secret bancaire à niveau mondial.

En plus il a affirmé qu'une mesure comme celle-là ne pourrait être rejetée ni par les autorités politiques, ni par les dirigeants civiques ou syndicaux, et moins encore par les autorités bancaires, et « serait un apport important à la lutte contre le narcotrafic au niveau mondial ».

Dans un autre ordre, le chancelier David Choquehuanca a révélé devant la commission sénatoriale de Politique Internationale, que fonctionnaires de la Banque Interaméricaine de Développement (BID) ont indiqué qu'elle financera les barrages San Antonio et Jirau, que le Brésil prétend construire sur le fleuve Madera - un des principaux affluents de l'Amazone qui traverse le territoire des deux pays et arrive au Pérou - seulement « s'il y a consentement du gouvernement bolivien », pour ne pas avoir des problèmes comme ceux suscités entre l'Uruguay et l'Argentine par une usine à papier construite sur le fleuve Uruguay.

Choquehuanca a informé les sénateurs qu'entre le 31 juillet et le 3 août une réunion technique aura lieu avec des autorités brésiliennes pour examiner cette affaire. Il a informé que la Bolivie proposera que soient faites des études conjointes, non seulement de l'impact environnemental mais aussi social et économique des barrages, « par une organisation internationale ».

Parmi les impacts de ces barrages, qu'inonderont 530 kilomètres carrés en pleine Amazonie, il y a l'inondation d'aires agricoles et forestières en Bolivie et des migrations de familles dans le département de Pando. On se confronte au danger d'extinction de poissons, oiseaux et mammifères d'une des régions le plus riches en biodiversité.

Rose Rojas

5 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Un homme en colère, portrait de Mohamed Sifaoui

Pour voir le portrait de Mohamed Sifaoui réalisé par Docs en Stock pour ARTE dans le cadre de la soirée THEMA "Ces musulmans qui disent non à l'islamisme" :
http://www.artevod.com/programDetails.do?emissionId=2301

UN HOMME EN COLERE

THEMA Ces musulmans qui disent non à l'islamisme

Réalisateurs : Antoine Vitkine , Fabrice Gardel
Producteurs : ARTE FRANCE, DOC EN STOCK

En Europe, l'immense majorité des musulmans est constituée de démocrates favorables à la laïcité. Comment expliquer qu'ils laissent l'intégrisme monopoliser, à leur détriment, le discours et l'image de l'islam ?

Mohamed Sifaoui a longtemps exercé son métier de journaliste dans son pays d'origine, l'Algérie, où il n'a jamais cessé de combattre le terrorisme islamiste dans ses articles. Maintes fois menacé de mort, il obtient l'asile en France en 1999, après avoir échappé de justesse à un attentat au siège de son journal qui fit des dizaines de victimes. Installé désormais à Paris avec sa famille, il passe sa vie à enquêter sur les islamistes, en prenant parfois de réels risques physiques - il a par exemple infiltré une cellule terroriste. Ses prises de position sans concession ont suscité de nouvelles menaces de mort, qui lui valent une protection policière permanente. Son combat : amener un nombre croissant de musulmans à "vaincre la peur" et à dire tout haut leur rejet de l'intégrisme islamiste. Ce reportage l'accompagne dans son travail, d'une enquête sur une mosquée salafiste en région parisienne à son témoignage en faveur de Charlie Hebdo, jugé en février dernier à la suite d'une plainte déposée par l'Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris. Rappelons que l'hebdomadaire, accusé de racisme pour avoir publié un an plus tôt, au nom de la liberté d'expression, les caricatures danoises de Mahomet ayant suscité dans le monde une vague de protestations violentes, a gagné son procès. Nous suivons également Mohamed Sifaoui au Danemark, à la rencontre de militants qui, comme lui, veulent fédérer la résistance des musulmans européens.

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ProChoix

Agenda

mardi 11 septembre 2007, 10:00

MOUVEMENT POUR LA PAIX ET CONTRE LE TERRORISME

A Paris

PROGRAMME DE LA CONFÉRENCE DU 11 SEPTEMBRE 2007

1 - LE DROIT FACE AU TERRORISME (10 h - 12 h)

Avec

2 - LE TERRORISME CONTRE LES LIBERTÉS (13 h - 15 h)

Conséquences du terrorisme :

Avec

3 - S'UNIR CONTRE LE TERRORISME ET LES TERRORISTES (15 h - 17 h) Le rôle de la société civile Constitution de l'alliance internationale contre le terrorisme Avec

L'entrée à la conférence sera gratuite mais se fera strictement sur invitation.
Réservations ouvertes dès maintenant
Renseignements, demande d'invitation :
Mail: mpctasso@aol.com - Téléphone 06 26 66 42 23

Rassemblement en hommage à toutes les victimes d'attentats
à 19 h au Mur de la Paix (Champ de Mars)

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