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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°615 - mardi 26 mai 2009

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1 - chronique d'Evariste

1 - Face à la monté de la contestation, la solution est de s’en prendre aux corps des individus

Jeudi 14 mai, 74 gaziers et électriciens sont placés en garde à vue après s’être rendus au siège de l’Union Nationale des Employeurs des Industries Gazières (UNEMIG) pour demander l’ouverture de négociations salariales. Ils seront relâchés quelques heures plus tard. Cet événement n’est pas anodin, il stigmatise un tournant dans la gestion de la crise et de ses conséquences. Face à la situation sociale qui ne cesse de se dégrader, la tension monte. Dans la lignée de ses maitres à penser (Thatcher, Reagan et les néoconservateurs néolibéraux), le gouvernement de Nicolas Sarkozy tente le déni pur et simple de la crise. « Il n’y a pas de crise sociale » peut-on entendre ! tout juste financière... et un peu économique.... (même si le pays est en récession depuis l’automne dernier).

Manque de chance, l’effet placébo ne suffit pas pour améliorer le quotidien des 3000 nouveaux chômeurs qui pointent chaque jour en plus, et des millions d’employés du libéralisme que l’on presse et l’on serre quotidiennement dans d’un système capitaliste qu’ils n’ont pas choisi et qui fait d’eux ses esclaves, qu’ils soient cadres ou non. Notons que l’Allemagne a tiré ses derniers jours le premier prix du « déni de crise » : à savoir la suspension des dettes jusqu’en 2015 ! Formidable ! Elles n’existent tout simplement plus ! Et la bourse Allemande a salué la nouvelle par une très belle remontée...

Comprenons que ce réflexe de déni est symptomatique. Il n’est pas un élément isolé, unique. Il est un indice montrant la fin d’un système. Mais face au mécontentement, le gouvernement escalade d’un cran ses méthodes et emploie désormais la pression physique. Comme la mobilisation monte et ne faiblit pas (pire ! elle se généralise), il s’agit donc d’attaquer l’individualité, l’intimité de la personne isolée : c’est à dire son corps. C’est sur ce terrain qu’il y a possibilité de briser un individu et de criminaliser les actes de résistance. De fait, les gardes à vue vont se multiplier. Notons que parallèlement, depuis le début de la crise, nombre de cadres paient le prix de leur servilité au système, et se font retenir dans les locaux de leurs entreprises par des employés moins bien lotis qu’eux. Là encore... symptôme...

L’escalade est symptomatique d’une crise structurelle généralisée

Que constater ? Que la situation a franchi une étape, et que face à une crise économique, sociale, individuelle et écologique (qui elle aussi n’existe pas pour la ministre déléguée à l’écologie...), le corps, longtemps un tabou même s’il était parfois une cible, devient agressé, et que cette agression est en passe de devenir «  usuelle  », «  normale  », c’est à dire... «  légitimité  ». Ce pas supplémentaire dans la gestion de la crise prouve deux choses : d’abord que l’état de souffrance est supérieur à ce qu’il a pu être par le passé ; mais également – et ce point est fondamental ! – que la gravité et la généralisation de la situation de crise, dans laquelle le système capitaliste s’enfonce, signe une crise structurelle, qui n’aura pas de retour et il rentre dans une crise dont la violence n’aura d’égal que l’importance du déni accumulé, donc de la dette contractée.
Cette crise est un tournant parce que le paradigme bourgeois, qui orchestre l’ère industrielle depuis 200 ans, est une névrose pure et simple : son système (le capitalisme) vit à crédit ! Il fabrique de l’argent sur de la dette. Pour se perpétuer et combler ses dettes, il en fait contracter davantage aux individus (c’est tout le principe des fameux «  subprimes  »). Pour cela, le système doit produire toujours et encore davantage, mais non ce qui est nécessaire (des logements, des médicaments, etc.), mais du superflu, de la mode, de l’instantané jetable (qui oblige donc à racheter...). D’où le culte du productivisme.
Nous avons donc une situation hallucinante où jamais les taux de productivité n’ont été aussi élevés, et où jamais nous n’avons produit autant de superflu, privant des millions d’individus du nécessaire afin d’entretenir un système qui s’auto-dévore ; mais qui, avant de sombrer, tente de faire payer ses dettes au prix des vies des millions d’individus qui le subissent. Ce système ne nous offre aucune possibilité de vivre heureux.

Union dans le mouvement social : l’enjeu doit être une source d’audace et non un frein !

Au lendemain des grandes manifestations du 1er Mai, l’union syndicale s’est réunie le 4 Mai pour décider des suites à donner au mouvement, et au sortir, les propositions sont maigres : deux journées unitaires d’action, les 26 Mai et 13 Juin. Malgré la mobilisation record, «  rien de plus... ? !   » pourrait-on demander !
Mais comprendre cet attentisme nécessite un constat qui se place dans le contexte de la crise structurelle que nous vivons. Face à cette situation de crise, Nicolas Sarkozy, en néo-libéral forcené, ne garde qu’un seul objectif : continuer sa politique de contre-réformes, comme il l’a annoncé lors de son discours de Saint Quentin. Le président a réaffirmé que la crise permettait de faire des réformes « plus avancées » : c’est bien le pire qui se prépare. Cette culture du monde et de la vie est basée sur l’accumulation et le gain forcené, au prix de l’anéantissement du tissu social, la lutte et la méfiance généralisée, l’individu jetable, l’agressivité comme règle de base entre les citoyens. Tout cela pour la seule finalité du paradigme bourgeois : la rentabilité financière. La traduction de cette conception du monde ne fait aucune place à la santé publique, à la protection sociale, à l’école publique, l’université, la recherche, qui ne sont considérés qu’en tant que futurs marchés à rentabiliser ; le droit du travail, le statut de fonctionnaire ou les cotisations sociales, comme des archaïsmes à éliminer. Dans cette vision ultra-violente pour les individus, le capitalisme tentera de se maintenir au delà de la crise actuelle.
Il faut reconnaître aux directions syndicales d’avoir pleinement pressenti le cataclysme qui est en route. Et c’est pourquoi, depuis 1948, aucune union syndicale de cette ampleur n’a été menée sur une aussi longue période. Ceci est un élément clé qui montre à lui seul la prise de conscience quant à la gravité de la situation : sans union, c’est la fin.
Il y a donc un réel effort pour maintenir l’union. Mais l’union ne garantit pas la réussite ! puisque pour réussir, il faut revendiquer ; et pour revendiquer, il faut comprendre le monde actuel. Et c’est bien là où le bas blesse...

Le passéisme dans l’analyse globale

Malgré la force considérable dont ils disposent, les dirigeants syndicaux sont aphones, frigorifiés et timides dans leur initiatives (certains diront qu’ils ont hâte que les vacances d’été arrivent...). Ceci ne s’explique pas uniquement par la peur de briser l’union syndicale, car pour agir encore faut-il être en mesure de penser le réel, de le comprendre, de l’analyser, afin de produire des actions, des objectifs, des revendications, des sorties du système. Or, la quasi totalité de ces dirigeants a été formée à l’école des trente glorieuses. Mais ce monde n’existe plus et nous avons besoin d’outils adéquates pour répondre à la crise qui est la notre, celle qui se déroule en 2009 !

Construire l’unité passe par une vision globale

Si l’on ne peut que regretter la désunion politique de la gauche de gauche, un élément important à constater est que, même divisée, la gauche de gauche talonne le PS montrant bien là qu’il y a une réelle dynamique pour renverser l’équilibre des forces au sein de la gauche puisque jamais ces partis n’ont atteint une telle importance dans les sondages. Mieux ! Le Front de Gauche est en passe de dépasser le NPA dans les sondages, illustrant par là, qu’auprès des citoyens, la dynamique d’union est bien celle qui est soutenue.

Une crise est une opportunité de changer les modes de pensées, les repères, car elle presse les esprits à s’ouvrir à la nouveauté. Aucune unité politique majeure (c’est à dire propre à changer durablement la société) ne verra le jour sans une vision globalisante, embrassant la totalité du système, donc s’inscrivant dans son dépassement pur et simple. Une telle globalisation doit s’ancrer dans une analyse historique comprenant l’émergence et les fondements du paradigme du capitalisme pour mieux le combattre et mettre un terme à son hégémonie sur les vies humaines. Une telle vision globale doit permettre la sortie du capitalisme, car il n’y aura pas de renouveau dans cette volonté claire et affirmée de mettre fin à un système qui ne fonctionne que sur le principe d’une dette qui ne peut que s’accroître et qui ne se paie qu’aux prix des vies humaines et de la destruction de l’écosystème.

De fait, il faut cesser d’être timoré, donc de penser avec les outils que le capitalisme inculque. Il enseigne l’humilité, la retenu face à l’inconnu ? Il nous faut oser, comme la Guadeloupe l’a fait ! Il nous enseigne ses repères dans la lignée des trente glorieuses ? Nous devons les dépasser. Car l’ultime danger est dans le règne de l’immédiateté car la crise nous oblige à voir loin au moment où nous sommes les plus contraints. Plus nous nous limiterons au terrain de la seule revendication immédiate, plus nous serons vulnérable pour l’avenir. La crise nous oblige non seulement à revendiquer pour le quotidien, mais dans le même temps, elle nous oblige à nous projeter pour imposer notre refus de poursuivre plus avant ce système. Sans cette projection, le capitalisme, en dernier ressort, s’imposera par la force. Et Nicolas Sarkozy en sera le pion zélé...
Les trente glorieuses nous ont appris la séparation entre syndicat et politique ; le courage est de pousser partout où cela est possible en faisant fi des séparations héritées. Le capitalisme se dit incontournable ! Le courage est de s’auto-organiser partout où il est possible de créer la résistance au système. Pour le logement, pour la nourriture, pour les soins, notre valeur est dans notre capacité à créer une contre culture, donc à sortir concrètement de ce système. Sur tous les plans, en tant qu’individu et citoyen, la crise nous rappelle que l’audace doit être le fondement notre fierté.

Évariste Pour réagir aux articles,
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2 - politique

1 - Henri Pena-Ruiz : « la laïcité ne peut se dissocier de la justice sociale »

(In L'Humanité)

Le philosophe estime que la laïcité est un idéal d’émancipation universel. Son combat acharné pour une République sociale et laïque le conduit à soutenir le Front de gauche pour le 7 juin.

Vous êtes régulièrement invité à vous exprimer sur la laïcité dans des rencontres publiques. Ce sujet continue-t-il à intéresser, à passionner les citoyens ?
Henri Pena-Ruiz.
Depuis 2005, date de la célébration du centenaire de loi de séparation de l’Église et de l’État, les débats sont récurrents sur ce sujet. Il refait surface avec le retour en force des fanatismes politico-religieux dans le monde, bien que certains estiment que ce débat appartient à la IIIe République et serait donc dépassé. En fait, la laïcité a souffert du fait qu’elle semblait acquise, comme l’est l’école publique. Tout le monde savait plus ou moins de quoi il s’agissait, sans pour autant qu’elle soit explicitée. Au point qu’elle fut parfois amalgamée à l’hostilité envers les religions, ce qui est évidemment le principal contresens à éviter. Ne confondons pas les luttes historiques nécessaires à l’avènement d’un idéal et le sens profond de cet idéal. La laïcité ne combat pas la conviction religieuse elle-même, mais le fait qu’elle soit érigée en référence obligatoire.

Pourquoi les débats sur la laïcité reviennent-ils sur le devant de la scène ?
Henri Pena-Ruiz.
Nous vivons une époque paradoxale : jamais notre monde n’a disposé d’autant de moyens d’accomplissement universel sur le plan scientifique et technique. Les moyens existent pour nourrir toute la population du globe et lui permettre de vivre décemment. Or la figure du capitalisme mondialisé est productrice de chômage, de déshérence, de désespérance. Avec l’échec des alternatives à ce système, les citoyens considèrent que nous sommes dans une impasse face à ce capitalisme qui se prétend indépassable. Dans ce contexte ressurgit un besoin de religiosité, un besoin de compensation. Les fanatismes politico-religieux en tirent profit.

L’emprise du religieux sur le politique a-t-elle pris une nouvelle dimension en Europe ?
Henri Pena-Ruiz.
L’exemple thatchérien est assez éloquent sur la façon dont les capitalistes entendent gérer le désastre causé par leurs politiques. Mme Thatcher a méthodiquement brisé le prolétariat britannique et les grandes conquêtes de la classe ouvrière. Elle a désimpliqué l’État de ses missions sociales, surtout dans les banlieues. Simultanément, elle a encouragé les associations religieuses de quartiers à prendre le relais de l’État. Elle a réactivé le religieux sur le mode caritatif, remplaçant ainsi la justice sociale par la charité.
Le religieux reprend du poil de la bête, sur le mode d’une nouvelle revendication de reconnaissance publique. Quand Nicolas Sarkozy encourage les religieux à rétablir la paix dans les banlieues, il reprend le couplage thatchérien entre un monde inhumain livré à l’ultralibéralisme et la compensation caritative.

Vous estimez, en tant que marxiste, que la laïcité et l’égalité sont les leviers de l’émancipation. Ils ne peuvent donc pas, selon vous, se concevoir séparément ?
Henri Pena-Ruiz.
Je n’ai jamais dissocié la laïcité comme idéal politique de la justice sociale comme idéal socio-économique. Je ne veux pas que la laïcité acquière le statut d’une référence purement abstraite laissant intacts les ressorts de l’exploitation, à l’image dcertaine conception des droits de l’homme. Marx montre que la liberté, celle du chômeur en fin de droits par exemple, est tellement encadrée par les contraintes socio-économiques qu’elle est finalement fictive. Je suis fidèle à la pensée de Marx sur ce point. Je lutte pour la laïcité car j’ai conscience qu’elle est un levier pour l’émancipation. Mais je tiens à son indispensable couplage avec la justice sociale. Sans cette dernière, nous restons prisonniers des rapports socio-économiques. Il faut ssur la recherche, par certains, d’une sorte de fantasme d’affirmation identitaire. Cette recherche renvoie, fondamentalement, à une situation de détresse. Pour Marx, la religion peut servir d’opium du peuple, de supplément d’âme d’un monde sans âme. Sa conclusion est qu’il faut lutter non pas contre la religion, mais contre ce monde sans âme qui suscite le besoin de cette religion compensatoire.

Vous soutenez que la laïcité est un « idéal d’émancipation universel ». Qu’entendez-vous par là ?
Henri Pena-Ruiz.
Je ne crois pas que la laïcité soit une particularité culturelle. La culture, au sens émancipateur, ce n’est pas la soumission servile à une tradition, mais la capacité d’assumer celle-ci de façon éclairée. Ce qui implique distance et recul critique. Pour être traditionnelle, la soumission de la femme à l’homme n’en est pas moins inacceptable. Cessons de penser que l’universel se construit par simple « métissage » de civilisations, sans égard pour ce qui est vrai et juste en chacune d’elles. L’universalité ne se pose pas en termes géographiques ou culturels. Tout peuple devrait vivre selon les principes de la laïcité, qui sont la liberté de conscience, l’égalité de traitement de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions spirituelles, et l’action universelle de la puissance publique. Liberté authentique, fondée sur l’autonomie de jugement, égalité des droits, rendue crédible par la justice sociale et internationale, se conjugueraient alors grâce à l’émancipation laïque des sociétés comme des personnes. Un tel idéal n’est le produit d’aucune civilisation particulière.

En quoi la laïcité est-elle un levier pour la liberté des femmes, notamment dans les pays où le poids de la religion pèse lourdement ?
Henri Pena-Ruiz.
Les trois livres, la Torah, la Bible et le Coran, sont tous d’accord pour inférioriser les femmes. Les trois ont intériorisé la domination masculine propre aux sociétés patriarcales de l’époque. Quoique théoriquement inspirées par Dieu, les trois religions monothéistes codifient la hiérarchie des sexes et la sacralisent. De deux choses l’une : ou bien ces références religieuses oppressives doivent être relativisées par l’évocation du contexte historique et social qui les a déterminées ; ou bien on décide de considérer que de tels textes doivent s’appliquer aujourd’hui sans égard à leur contexte d’origine. De ce point de vue, la laïcité est très précieuse. Elle ne combat pas la foi mais le processus qui consiste à dicter la loi à partir de la foi. Elle affirme qu’une religion historiquement déterminée n’a aucune légitimité à dicter la loi commune. En ce sens, la laïcité est un levier pour l’émancipation féminine.

Est-ce votre combat acharné pour une République sociale et laïque qui vous a conduit à adhérer au Parti de gauche et à soutenir le Front de gauche aux élections européennes ?
Henri Pena-Ruiz.
J’ai naguère milité au Parti communiste. J’ai hésité à y reprendre ma carte. Mais l’ambiguïté du Parti vis-à-vis de la laïcité m’a laissé perplexe. C’est dommage, d’autant que je reste profondément attaché aux valeurs communistes. Avec le Parti de gauche, pour la première fois, je me suis senti complètement en phase avec des orientations qui me sont chères : la défense claire et nette de la laïcité, la remise en question de la logique capitaliste et la volonté de réaffirmer et d’étendre les droits sociaux. Je soutiens le Front de gauche dont le mot d’ordre, « Changer d’Europe », dit bien que nous ne sommes pas contre l’Europe mais pour sa refondation politique et sociale. Jusqu’ici intellectuel de gauche désespéré, j’ai trouvé de l’espoir avec le Front de gauche. Je souhaite que cette alliance soit pérenne. Il serait illusoire, pour sauver quelques élus, de rompre avec cette belle stratégie. Il faut être soi-même en politique. Le parti, les élus sont un moyen, jamais une fin.

Entretien réalisé par Mina Kaci

Henri Pena Ruiz

2 - Soutien au Front de Gauche pour « changer d'Europe ».

Une délégation nationale du Front de Gauche (Parti Communiste Français, Parti de Gauche et Gauche Unitaire) et les représentants de République et Socialisme se sont rencontrés le mardi 12 mai, au siège du PCF.

« République et Socialisme », qui regroupe des élus, des responsables nationaux, régionaux, départementaux et des militants républicains issus notamment du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), a décidé de rejoindre le Front de Gauche pour les élections européennes du 7 juin prochain.

Mobiliser les électeurs de gauche, conforter et prolonger la dynamique du “NON” au traité constitutionnel européen de 2005, apporter à la crise des réponses alternatives dans l'intérêt de celles et ceux qui la subissent et en souffrent et fonder une nouvelle Europe dans l'intérêt des peuples qui la composent sont les profondes motivations qui animent République et Socialisme. Ces motivations se retrouvent dans la déclaration de principe du Front de Gauche et dans les actions menées sur le terrain des luttes et dans la campagne électorale depuis sa création.

Les deux délégations sont convenues de la pleine participation de République et Socialisme à la campagne du Front de Gauche afin d’amplifier encore la dynamique unitaire en cours.

République Et Socialisme

3 - Séquestrations, sécurité et cagoules…

La revue l’Histoire (n° de mai) rappelle les circonstances de l’entrée du « peuple souverain » sur la scène politique avec la Révolution française, quelques distinctions utiles entre le peuple abstrait et le peuple concret, son inscription définitive comme communauté morale et entité politique dans la République et dans tout système politique démocratique.

Au moment où dans un contexte de crise inégalée depuis des décennies, certains feignent de s’inquiéter de séquestrations de dirigeants d’entreprise ou du saccage de bureaux d’une sous-préfecture, il faut peut-être revenir sur quelques évidences.
Les luttes sociales ne peuvent être dépourvues de violence que si les acteurs en cause ont le sentiment d’une appartenance réelle à une communauté d’intérêts, représentative de l’intérêt général.
Pêcheurs et agriculteurs montrent assez souvent l’abîme qui sépare quelques technocrates de la vie concrète et les formes d’action utilisées par ces catégories ne sont pas moins brutales que celles reprochées aux salariés qui constatent à la fois la casse de leur outil de travail, l’absence de protection juridique suffisante face à des pratiques patronales abusives et la complaisance des pouvoirs publics face à ces pratiques.
La mise en pièce du droit du travail par les majorités de 1995, 2002 et 2007, l’abondance de dégrèvements fiscaux, les milliards remboursés aux entreprises (11, 4 milliards d’euros au 1er trimestre), les délais de paiement pour régler les dettes sociales ou fiscales à l’Etat ou aux Urssaf, les licenciements d’aubaine ne sont pas des réponses à la crise.
Les entreprises demandent des aides aux collectivités territoriales mais le Medef refuse tout nouvel impôt pour remplacer la taxe professionnelle.
Provocation supplémentaire ? Même pas ! Certains confondent depuis longtemps le mérite, le hasard de la naissance et le simple fonctionnement du système capitaliste !
Alors quand Sarkozy propose une 18 ème loi sécuritaire, oui depuis 2002, 17 ont été votées, on sait que la sagesse n’est pas près d’arriver dans le débat public.
Se moquer du monde, tout en rognant l’espace démocratique, n’est pas la voie pour sortir de la crise.
Le caractère aggravant de l’action en bande est dans le Code pénal. Veut-on revenir à la loi anti-casseurs de 1970 ? On sait à quoi elle a servi.
Quant à l’interdiction du port de la cagoule, nul doute que cela effraie les vrais casseurs, les gangsters chevronnés ou les prédateurs en col blanc qui ont ruiné la planète!

Jean-Paul Beauquier

3 - économie

1 - "Petit manuel de la crise financière et les autres" de Nicolas Béniès

(éd. Syllepse, Paris, 2009)

Nicolas Béniès traite dans son ouvrage, Petit manuel de la crise financière et les autres… , des causes proches et lointaines de la crise financière qui sévit actuellement dans les grands pays capitalistes et de ses conséquences sur l’économie réelle. Selon notre auteur, cette crise est également celle de l’idéologie libérale dans sa croyance aveugle dans le fonctionnement autorégulé des marchés.

C’est ainsi qu’il dégage trois caractéristiques principales de cette crise. Les deux premières sont d’ordre structurel. Il s’agit d’une crise de surproduction, causée par l’insolvabilité du marché final, qui est celui des consommateurs ; et d’une crise de suraccumulation (surinvestissement) du capital, c’est-à-dire de la baisse des taux de profit (et non du volume des profits), bloquant ainsi l’investissement pour la production des biens et services au bénéfice de l’investissement spéculatif financier aux rendements époustouflants (15 % au lieu 3 à 5 % pour le premier).

Cette crise est, selon lui, celle du mode de régulation « fordiste » des économies de ces pays mis en place entre 1945 et 1975 ; et de celui du capitalisme mondialisé et financiarisé qui lui a succédé. Ce dernier vise deux objectifs contradictoires : conserver une consommation de masse tout en abaissant les coûts de production, avant tout celui du coût du travail, et en accroissant la productivité de ce dernier facteur.
 
Il est alors parvenu à surmonter temporairement cette contradiction,  par le biais de l’endettement des ménages. Toutefois, cet endettement ne pouvait, selon notre économiste, empêcher l’éclatement tôt ou tard de cette crise, tant que le système capitaliste n’aura pas  réglé le problème fondamental relatif à l’insuffisance de débouchés pour les marchandises.

La troisième cause de cette crise est d’ordre plus conjoncturel. Il s’agit des politiques néolibérales appliquées en Occident à partir des années 1980. Ces politiques se sont appuyées sur trois piliers : la déréglementation, dont les conséquences les plus visibles et les plus nuisibles sont la liberté totale pour la circulation des capitaux, ainsi que la désintermédiation (les banques ne sont plus les intermédiaires obligées des grandes entreprises qui veulent placer leurs capitaux ou en emprunter. Elles le restent toutefois pour les ménages, ainsi que pour les petites et moyennes entreprises ) ; la privatisation, à savoir, la conquête de nouveaux lieux pour la valorisation du capital ; et la prétendue lutte contre le déséquilibre budgétaire, dont l’objectif véritable est la réduction des prélèvements obligatoires sur les profits.

En France, cette politique fut appliquée dès le milieu des années 1970, sous le nom de « désinflation compétitive. » Elle a connu un second souffle à partir de 1982, avec le gouvernement socialiste de François Mitterrand. Cette dernière consiste à limiter la création de signes monétaires et à recourir à l’endettement.

Cette limitation vise à empêcher l’inflation, afin de préserver la valeur monétaire des créances que les marchés financiers détiennent sur les ménages et les entreprises. Elle oblige également ces derniers à s’endetter, auprès de ces mêmes marchés, pour pouvoir satisfaire leurs besoins de consommation ou d’investissement.

Par compétitivité, il s’agit pour les capitalistes de faire baisser les prix de vente des marchandises, en vue de conquérir de nouvelles parts de marché, tout en augmentant les profits.

Ce double objectif sera obtenu par l’accroissement de la productivité, en sacrifiant la force de travail comme variable d’ajustement. Or, 90 % de la population active est salariée. Cette diminution du pouvoir d’achat provoque à terme une surproduction, en même temps qu’une baisse des taux de profit, à cause de la réduction des effectifs en main-d’œuvre, qui est, rappelons-le, la source de la plus-value.

A la même période, les néolibéraux avaient interdit aux banques centrales d’ouvrir des lignes de crédits à l’État et aux banques privées. C’est pourtant grâce à ce dispositif que les dettes étaient quasi inexistantes. Mais dans cette nouvelle situation, les banques centrales ne pouvaient pas non plus servir de prêteurs en dernier ressort pour les banques, si ces dernières se trouvent confrontées à un défaut de paiement ; et ne peuvent que tomber en faillite.

Ces dispositions avaient été précédées par le flottement du dollar, suite à la décision du président Nixon de mettre fin, en août 1971, à la convertibilité en or de cette monnaie ; et par le flottement  des autres monnaies, conformément aux Accords de la Jamaïque de janvier 1976.

Cette incertitude monétaire, par rapport aux taux de change et aux taux d’intérêt, puis par rapport à la fluctuation des prix d’autres produits (pétrole, etc.), a suscité chez les investisseurs un besoin légitime de s’en protéger.

Les banques ont été amenées, par la force des choses, à entreprendre des « innovations financières ». C’est ainsi qu’elles ont transformé les crédits en titres financiers (la fameuse titrisation), sous deux types de produits dérivés. Quant aux autres produits dérivés (subprimes, etc.) ils ne sont que des variantes de l’un ou de l’autre type.

Le premier type consiste en la souscription d’une police d’assurance par une banque sur un produit dérivé de crédit, auprès d’un fonds spéculatif, lequel peut à son tour le revendre à d’autres fonds, et ainsi de suite. En cas de défaut de paiement, c’est au dernier fonds détenteur de ce produit que revient de régler le remboursement.

Le second type comprend des produits dérivés de crédits structurés. Il vise à diluer le risque par la constitution de pool de trois tranches de produits où sont mélangés des crédits risqués, d’autres moins risqués et certains sûrs, avant de les vendre aux investisseurs. Ce mélange s’effectue sur la base des notes (AAA, BB, etc.) que leur attribuent des agences spécialisées. Seulement, ces notes étaient tronquées, car elles étaient octroyées par des agences corrompues par les rémunérations que les établissements leur versaient en échange ; et auxquels elles vendaient aussi leurs conseils en la matière.

Ces déréglementations et ces « innovations » ont conduit à l’hypertrophie de la sphère financière. Pour un dollar de création de richesses, 50 dollars en titres financiers ont été crées par la planche à billets, comme avance ; non pas sur les richesses à créer, mais sur les profits à venir. C’est en partie ce qu’on désigne sous l’expression de financiarisation de l’économie. Cette financiarisation, c’est aussi, et surtout, le fait que les marchés financiers imposent aux entreprises leur logique de recherche frénétique de taux de profit exorbitants et à court terme.

C’est ce qui explique le paradoxe d’entreprises qui font des bénéfices et qui, en même temps, licencient une partie de leur personnel ou ferment leurs portes.

Hakim Arabdiou

2 - Société de défiance… ou analyse de complaisance ?

Les éditions Rue d’Ulm ont publié en 2008 un essai de MM. Yann Algan et Pierre Cahuc, La société de défiance (ou : Comment le modèle social français s’autodétruit).
La lecture de la 4ème de couverture éclaire sur le projet politique dont peuvent être porteurs des universitaires que leurs engagements personnels n’ont pourtant jamais conduits précisément dans le débat politique qu’appellent leurs analyses.
« Depuis plus de vingt ans, des enquêtes menées dans tous les pays développées révèlent qu’ici plus qu’ailleurs, on se méfie de ses concitoyens, des pouvoirs publics et du marché (…). Or la défiance et l’incivisme (…) sont alimentés par le corporatisme et l’étatisme du modèle social français… »
Et voilà pourquoi votre fille est muette et Sarkozy ou Kessler de grands hommes…
Exagéré ? Il n’est pas certain que la crise que nous connaissons amènerait nos deux experts à modérer leur enthousiasme, réel ou feint, pour une société de confiance dont les dirigeants du cac 40, ceux de Wall street ou de la City, voire ceux du G20, ont montré à quelle aune on pouvait l’apprécier.

Les Français se méfient…

L’une des « thèses » de nos deux économistes est que la confiance héritée des Français s’est dégradée au cours du XX ème siècle « et surtout après la deuxième guerre mondiale ».
Ils se fondent, en partie, pour affirmer cela, sur une étude américaine (General Social Survey) laissant penser que « les Américains de la quatrième génération d’origine française (…) font beaucoup plus confiance à leurs concitoyens que les Américains de la quatrième génération d’origine suédoise » et donc que la confiance mutuelle était plus développée en France au début du XX ème siècle.
Nous n’allons pas nous risquer à affirmer qu’il existe de par le monde des enquêtes bizarres et des critères d’analyse parfois surprenants, ni à évoquer pour ce type de questionnement l’impact possible de conséquences discriminatoires.
Mais un historien lambda a de quoi être, au moins, étonné et d’abord qu’on puisse tirer des conclusions sur les mentalités françaises telles qu’elles sont aujourd’hui, à partir d’enquêtes menées auprès d’Américains d’aujourd’hui…
On pourrait se souvenir que le triomphe de la social-démocratie en Suède est postérieur à l’émigration des ancêtres d’Américains de la quatrième génération, qu’il est douteux que les relations sociales en France n’aient en rien bénéficié, y compris en termes de confiance entre concitoyens, par exemple, du Front Populaire ; que le planisme est un mouvement général en Europe avant la deuxième guerre mondiale et qu’il n’était pas tout à fait inconnu des boys de Roosevelt, que les écarts sociaux au Royaume-Uni, réputé peu étatiste, sont plus grands qu’en France, que la situation des orphelins dans divers pays aurait mérité une analyse utile pour parler d’une société de confiance…
Mais laissons cela.

Y a-t-il un système politique en France ?

La mode en France est certes de nier l’histoire de France, voire de confondre l’histoire de France et les agissements des Français ou de certains d’entre eux; l’épidémie de pardons demandés ici et là participe de cette incongruité historique, qui oublie que les politiques conduites au nom de la France, sur pratiquement tous les sujets, y compris ceux pour lesquels s’excusent quelques démagogues en mal de publicité, ont connu des adversaires déterminés et des détracteurs efficaces, et cela depuis des siècles.
Le degré de confiance de nos concitoyens envers leurs institutions serait donc parmi les plus faibles des pays riches…
Ce qui est surprenant, c’est précisément que les conditions de fonctionnement de nos institutions soient réputées neutres pour évaluer le degré de confiance qu’elles pourraient ou non susciter.
On se méfie de l’institution judiciaire ? N’est–ce pas fondé sur une lecture critique de ses décisions ? Du mode de sélection de ses hiérarques ? Des doutes des juristes européens sur la séparation des pouvoirs, l’indépendance du parquet ? Sur la faiblesse numérique de la magistrature ? Sur les conditions de sa formation ? Sur l’état des prisons françaises qui nous met au ban des nations civilisées de richesse comparable?
La corruption perçue est corrélée avec la défiance envers la justice.
« Le même type de corrélation apparaît entre la corruption perçue et la défiance envers le parlement ou les syndicats  ».

En quoi les Français seraient–ils comptables de cela ?

Ils votent Non en 2005, on leur fourgue par le parlement, ce qu’ils avaient disqualifié, à quelques nuances secondaires près.
Huit organisations de salariés ont une implantation nationale, la loi Perben qui n’a pas été abrogée, continue d’empêcher que cette représentativité soit fondée réellement sur les voix obtenues aux élections professionnelles, puisqu’elle empêche des organisations plus importantes que des confédérations bénéficiant encore du principe d’une représentativité irréfragable, d’être présentes dès le premier tour de l’élection ! Avec des tribunaux qui suivent les recours desdites confédérations…
Autrement dit, les Français savent, ou peuvent savoir, que le gouvernement et le patronat préfèrent choisir leurs interlocuteurs que de laisser les salariés assurer à ceux-ci une légitimité incontestable.
Comment parler d’une société de défiance sans évoquer la classe dirigeante française, politiciens, patrons du cac 40, orfèvres experts des media alignés ? Les élus qui refusent de mettre fin au cumul des mandats ?
Dira-t-on que les Français ont les maîtres qu’ils méritent quand on sait comment fonctionne un parti en France et ailleurs ?
Et si les Français étaient simplement lucides ?
L’étatisme et le corporatisme seraient la cause de tous nos maux ? La démonstration de cette assertion est loin d’être faite.

Jean-Paul Beauquier

4 - International

1 - La réélection de rafael correa en équateur est la preuve que les peuples latino-américains persistent sur la voie du progrès et de l’indépendance

Les Équatoriens persistent et signent ! En effet, à la suite des élections générales qui se sont déroulées le dimanche 26 avril 2009, Rafael Correa a été réélu pour un nouveau mandat de quatre ans. Ainsi, le président sortant a obtenu un fort bon score, remportant plus de 55 % des voix… et distançant de plus de 20 points son rival de droite Lucio Gutierrez, l’ancien président qui avait été renversé en 2005 par une mobilisation populaire de grande ampleur.

Cette victoire démocratique incontestable et incontestée ne tombe pas du ciel : elle est la conséquence d’un travail patient et déterminé, nommé « processus de révolution citoyenne », mené par Correa et l’ensemble des forces de gauche qui le soutient. Déjà, en avril 2007, un référendum sur l’organisation d’une assemblée constituante avait été gagné par la gauche avec plus de 82 % des suffrages exprimés Malgré une sphère médiatique qui était alors totalement contrôlée par le patronat et les grands propriétaires terrains, le peuple équatorien avait donné une large majorité parlementaire au président en exercice. Après de longs travaux, l’assemblée a proposé une nouvelle constitution, approuvée également par voie référendaire par plus de 60 % des votants.
Il s’agit donc en Équateur d’une sorte de « Révolution tranquille », qui avance étape par étape et de manière démocratique. Le soutien populaire qui ne se dément pas est dû en grande partie au caractère national du combat de Correa, en particulier vis-à-vis du grand voisin nord-américain dont le soutien à la politique néo libérale dévastatrice des années 90 en Equateur, comme dans le reste du sous-continent, ne s’est jamais démenti.
Aujourd’hui, le grand défi auquel fait face ce petit état, comme l’ensemble des pays pauvres, c’est bien évidemment la crise financière et la manière de limiter la casse de ce désastre causé par les banques multinationales. Comment répondre à la crise de la dette ? Pour l’Equateur, le problème est brûlant !
Sur ce front, l’Equateur a suspendu depuis novembre 2008 le remboursement d’une partie des emprunts réalisés par les gouvernements antérieurs sous la forme de bons (les « bonos global 2012 et 2030 »). Les autorités ont pris cette décision sur la base des résultats des travaux réalisés par la Commission d’audit intégrale de la dette publique. Ces bons sont frappés de nullité en raison des conditions dans lesquelles ils ont été émis. Le 20 avril dernier, le gouvernement a proposé aux détenteurs de ces bons d’accepter une réduction de valeur de 70 %. Cette proposition modérée, à l’exemple de ce qu’avait fait l’Argentine entre 2002 et 2005, a des chances d’aboutir. La réduction de la dette permettrait, bien sûr, d’aborder plus sereinement la situation actuelle qui conduit les pays pauvres à s’endetter pour ne pas faire peser trop lourdement la crise sur le peuple qui place tous ses espoirs dans les forces progressistes pour lesquelles il a voté.
Paradoxalement, l’Équateur, malgré son faible développement et à l’instar de la quasi totalité des états latino-américains, se retrouve en meilleure situation pour faire face à la crise que des pays plus alignés sur « l’Empire américain ». En cette veille d’élections européennes, nous, Français, devrions prendre exemple sur ces peuples d’outre-Atlantique qui ont décidé de reprendre leur destin en main.

Philippe Hervé

5 - laïcité

1 - La laïcité à l'école reste un combat

Article paru dans L’Humanité le 15 mai 2009

L’article 89 de la loi relative aux libertés et responsabilités locales, votée le 13 août 2004, obligeait les communes à financer les frais de fonctionnement des élèves inscrits dans une école primaire privée sous contrat d’association, même si celle-ci était située hors du territoire de la commune de résidence. Précisons que le financement hors commune d’un élève fréquentant une école primaire publique ne s’applique pas automatiquement : il est facultatif et conditionné à l’accord préalable du maire ! Face à l’émoi suscité par une telle mesure, tant chez les partisans de la laïcité que dans les rangs d’élus locaux attachés à leur école de proximité, le Sénat lui a substitué, le 10 décembre 2008, une nouvelle disposition. La proposition de loi du sénateur Jean-Claude Carle pose, certes, des conditions aux avantages concédés à l’enseignement privé, mais celles-ci sont tellement vagues qu’au final, l’article 89 continuera à produire ses effets.

Actuellement étudiée par l’Assemblée nationale, l’adoption de cette proposition de loi aurait des conséquences désastreuses. Ce serait ainsi ouvrir la porte à l’instauration d’un « lien de guichet » fondé sur un financement individuel de nature consumériste entre les communes et les familles, dans la logique du « chèque éducation » préconisé par les libéraux. Les menaces sur le maintien de nombreuses écoles publiques de proximité, notamment pour les classes uniques des zones rurales, seraient puissamment aggravées par les effets de la politique gouvernementale s’ingéniant à mettre en concurrence les établissements en généralisant les principes conduisant à leur autonomie (ÉPEP) ou en contournant, avant de la supprimer, la carte scolaire. Il est également à prévoir un accroissement significatif des inégalités sociales et territoriales : d’une part, un alourdissement des dépenses pour les communes qui ne pourront y pourvoir qu’en augmentant les impôts locaux - les plus injustes, vu qu’ils ne prennent pas en compte les revenus -, d’autre part, l’obligation de fait, pour les communes les moins fortunées (c’est-à-dire les communes rurales isolées ou celles de banlieues défavorisées), de financer une partie des frais de fonctionnement des communes les plus nanties, qui accueilleront ces élèves au motif d’une image de marque meilleure. Autrement dit, pour reprendre la formule pertinente heureusement popularisée par les opposants, dont le collectif pour la promotion et la défense de l’école publique de proximité : « Nanterre paiera pour Neuilly ! »

Le débat ne se résume pas à une simple question technique de financement. L’angle d’attaque retenu est en réalité double.

À la reconfessionnalisation de la société, annoncée par Sarkozy dans son discours de Latran théorisant la prétendue « supériorité du prêtre sur l’instituteur dans la transmission des valeurs » et l’affirmation de son concept de « laïcité positive », s’ajoute l’aspiration des libéraux à ouvrir les portes du vaste marché de l’éducation, estimé à 1 400 milliards d’euros annuels. Ainsi, si 95 % de l’enseignement privé est à caractère confessionnel, les marchands visent eux aussi à ouvrir de nouvelles écoles en bénéficiant d’un double financement, public et privé. La même alliance du marché et du goupillon s’est traduite, dans l’enseignement supérieur, par la reconnaissance des diplômes de l’enseignement supérieur catholique, à égalité avec ceux décernés par l’enseignement supérieur public. Par transitivité, et conformément aux recommandations contenues dans le processus de Bologne ou la stratégie de Lisbonne, c’est permettre demain la reconnaissance de l’ensemble des diplômes du privé au nom de « la concurrence libre et non faussée », ce qui entraînera la mise en concurrence des universités entre elles. Le traité de Lisbonne est aussi un tableau à double entrée, lui qui refuse toute harmonisation en matière d’éducation (article 176 B du TFUE) mais ouvre en même temps l’espace public aux Églises (article 10 de la charte des droits fondamentaux).

Il est donc nécessaire d’inverser les données du débat relatif aux relations du public et du privé dans le domaine de l’école. Les « contraintes » imposées à l’école publique sont son honneur et font de ses missions une spécificité, dont le privé ne pourra jamais se réclamer. Parce que l’école publique est elle seule porteuse de l’intérêt général, il est malhonnête de parler d’une parité entre public et privé. La seule réponse adaptée serait la mise en place d’un grand service public laïque et unifié de l’éducation nationale, seul à même de garantir justice sociale et cohésion territoriale au sein de notre République. L’abrogation pure et simple de l’article 89 serait déjà un premier pas de rééquilibrage républicain.

François COCQ, secrétaire national du PG (Parti de gauche) à l’éducation,
Francis DASPE, président de la commission enseignement primaire et secondaire du PG

Voir cet article sur son site d'origine

Le Parti De Gauche www.LePartideGauche.fr

2 - Des féministes laïques (algériennes et iraniennes) parlent aux féministes de l'exotisme

Lettre ouverte à nos amies féministes,

Ce message, certes chargé de colère, s’adresse à certaines de nos camarades féministes engagées dans les luttes antiracistes, altermondialistes, traversées par une certaine culpabilité coloniale et postcoloniale. Militantes et/ou chercheuses, porteuses des valeurs féministes, nous n’arrivons pas à concevoir, à comprendre ni à accepter votre engagement aux côtés de celles qui se nomment « féministes musulmanes et/ou voilées », au dépend des féministes laïques.

Nos chères amies, camarades, compagnes de luttes, féministes, nous allons vous raconter une histoire, notre histoire. A la veille du 40ème anniversaire du Mouvement de Libération des Femmes et sans revenir sur toutes les luttes qui ont précédées et aboutit à ce mouvement, nous sommes interpellées par notre conscience, nos aspirations, nos rêves et nos utopies. Que nous soyons originaires d’Iran, d’Algérie, d’Afghanistan ou du Pakistan, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons quitté nos terres d’enfance.

Aujourd’hui, nous nous retrouvons unies dans une terre laïque où la liberté de conscience est garantie par la loi, où les luttes pour l’égalité des droits est possible, quoiqu’ardue. Ardue, car l’égalité des droits et des sexes est indissociable des luttes sociales, économiques, culturelles et éducationnelles.

Tout cela nous l’avions compris de là où on était, vos luttes étaient les nôtres, votre libération prédisait la nôtre. Nous suivions vos cheminements et vos acquis nous renforçaient dans nos convictions et dans la poursuite de nos luttes.

Votre force, votre entente, au delà de vos différences partisanes, pour arracher le droit à la contraception, à l’avortement, à la reconnaissance de l’homosexualité, au PACS et plus loin, dans l’histoire, au divorce étaient une source d’encouragement, pour nous, dans nos luttes contre la polygamie, les femmes mineures à vie et le non droit de disposer de nous- mêmes. Vos luttes et les nôtres avaient, alors, les mêmes ennemis : le Patriarcat et « les lois divines ».

L’instauration des « lois divines » dans nos différents pays, les violences et les actes terroristes qui sont perpétrés contre les femmes et les hommes porteurs de valeurs laïques de liberté de conscience ont poussé beaucoup d’entre nous au départ.

Nous sommes arrivées avec l’expérience de nos luttes inachevées, avec, comme seuls bagages, nos rêves, nos utopies, notre quête de liberté et de démocratie. Une démocratie où la laïcité fondamentale, solide et vidée de toute croyance religieuse, fait place à la liberté de matérialiser des rapports humains dans un monde vivables pour toutes et tous. C’est dans cet état d’esprit que nous vous rejoignions, tout en ayant la conviction que ni les discours trompeurs ni les alliances contre natures et partisanes ne peuvent venir à bout de nos luttes communes.

Nos chères camarades de luttes, d’Amour, d’Amitié et de liberté, nous sommes là à vos côtés et ensemble dans les mêmes luttes ici ou là-bas. Avec vous nous luttons pour une réelle égalité dans les institutions politiques, pour l’égalité des salaires entre hommes et femmes, contre toutes les publicités sexistes, avec vous pour protéger des droits durement acquis, aujourd’hui fortement menacés (le Planning Familial privé de son financement, la loi 1905 menacée…), avec vous et ensemble contre la marchandisation des corps des femmes et contre toutes les violences faites aux femmes tous les jours.

Nous sommes avec vous, à vos côtés et ensemble mais vous l’êtes-vous réellement ?

Nos chères amies

Nous sommes arrivées avec les mêmes désirs de liberté, les mêmes regards portés sur le présent et l’avenir. Un avenir d’égalité hommes-femmes, d’égalité hétérosexuel-le-s/ homosexuel-le-s et d’égalité sociale; mais, voilà, aujourd’hui, vos regards se détournent de nous, vos mains se tendent à celles et ceux qui nous obligent à l’exil, votre fascination va vers celles et ceux qui placent les « lois divines » au dessus de tout. Des « lois divines » où charité ne peut pas rimer avec solidarité citoyenne. L’égalité des sexes ne peut pas se conjuguer avec patriarcat et suprématie de l’homme. Homosexualité et libre désirs ne peuvent pas se retrouver dans le même lit que procréation et soumission.

L’adage qui énonce que « l’ennemie de mon ennemie est mon amie » ne peut être l’apanage des féministes, souvenez vous des conséquences de l’alliance : Islamiste et communiste en Iran et ce qui arriva à ces derniers une fois les islamistes au pouvoir. Au quotidien, des femmes sont menacées, emprisonnées, arrêtées, lapidées, meurtries. Entendez-vous leurs cris de liberté ? Ou seulement leurs échos, écoutez… !

Aujourd’hui, il est encore temps de nous ressaisir, de redonner au féminisme ses véritables fondements et sa vocation universaliste en tant que femmes de gauche luttant pour les droits de toutes les femmes, où qu’elles soient et quelles que soient leurs origines ou leurs couleurs en ayant toujours à l’esprit que les lois doivent être là pour garantir les libertés de conscience et empêcher que les lois et les règles communautaristes ne redonnent toute sa place au patriarcat. N’existe t-il pas des lieux, des structures et des groupes qui portent différentes luttes quelles que soient les valeurs que nous défendons ?

Aujourd’hui, au nom des valeurs et des luttes et du projet de société que nous partageons avec vous, nous vous interpellons haut et fort pour nous répondre et nous expliquer votre fascination pour des femmes qui mettent la loi divine au dessus de tout. Au nom de ces dernières, les femmes sont tout simplement niées dans leur existence.

Est ce de l’exotisme ? Nous ne pouvons croire cela, est ce de la naïveté politique ? Nous n’osons croire cela, est-ce une alliance conjoncturelle contre l’impérialisme et le capitalisme américain ? Si c’est le cas nous nous demandons où en est l’indépendance et l’autonomie des femmes par rapport aux partis. Il nous arrive, parfois de nous questionner sur la place des chercheuses féministes, leurs démarches par rapport aux appels à projets et aux commandes des institutions, la laïcité étant menacée de toute part.

Nous vous interpellons, car notre place est avec vous et votre combat est avec nous. Nous Féministes laïques.

Chères amies, à bientôt…

 

Contact : feministelaiquepointbarre@yahoo.fr

Féministes Laïques Algériennes Et Iraniennes

6 - humeur

1 - A propos d'internet

Pirate,

Savent-t-ils seulement ce qu’est un pirate ? Confondre à ce point tout les genres en diabolisant le téléchargement et en faisant un parallèle malhonnête avec le terrorisme islamiste montre que nous n’avons pas beaucoup évolué en terme de gestion politique des actualités. Un pompeur de film ou de musique ne faisant aucune tractation monétaire, il est indécent de laisser supposer qu’il participe à l’essor économique d’Al-Qaïda. La contrefaçon qui est une action dans le monde réel n’a rien à voir avec le téléchargement de données virtuelles qui devrait être régi par une licence globale, mais le Far West du net dérange.

Plutôt que de courir après la pédophilie ou les cybercriminels qui pullulent, on préfère se faire les dents sur celui qui télécharge… Un pirate, lui, s’introduit dans les ordinateurs, pille les données, endommage le système d’exploitation, viole l’intimité, attaque les particuliers ou les institutions, le cyber islamiste, lui, est loin d’être une parabole: il sévit en semant la haine dans les forums et en y recrutant. Une personne qui profite de la toile pour ce qu’elle offre - contre une mensualité assujettie à la TVA (à ce propos l’état du réseau n’en justifie plus le montant !) - ne peut pas être accablée d’utiliser une bande passante qui grossit inutilement, s’il s’agit de consulter ses mails ou de surfer simplement.

Notons aussi toute la panoplie des téléphones multimédias et des disques durs, desécrans, qui nécessitent un ripage qui confine à l’hypocrisie : Sony vend les outils du « pirate »... Les consommateurs  ne peuvent pas être taxés de délinquants quand ils paient leurs abonnements et leurs taxes sur les supports de masse. Le vrai problème c’est l’inutilité à venir de l’industrie de « l’art » qui n’a pas su se réformer ni s’adapter en initiant un festival du film sur la toile, en ouvrant des appels à contributions sur des synopsis où ils feraient de juteux bénéfices en élisant les acteurs via des appels surtaxés. A quand le film sans package et àpetit prix ? A quand le super collector super cher ? Non, ça, vous savez déjà faire… A quand la place de cinéma qui serait un cd divx ou donnant droit à un téléchargement pour le souvenir ?

L’internet subit la même conquête sécuritaire que le monde réel ! Ils veulent faire payer des actes de délinquance virtuelle… Pourquoi minauder ? Autant sortir une loi qui obligerait chacun à aller deux fois par mois au cinéma et acheter deux cd musicaux ! J’ai tout ce qu’il me faut : ma collec de Brassens, De Brel, d’Aznav, d’Enrico et Renaud ; je les ai en cassette, en cd... vous avez fini de me tondre à la Fnac ! Les chanteurs lessive n’y survivront pas ? Et alors ? Les chercheurs d’or devront être des bêtes du podium, cela devrait relever le niveau.

C’est un média formidable pour l’artiste pouvant y trouver ses fans et ses producteurs. Cessez de voir du danger partout, le net c’est aussi l’accessibilité à l’art pour des personnes immobilisées ou isolées. Certaines familles ont un accès internet social qui permet à des jeunes sans loisir de voir du beau de temps à autre. Il est évident que si nous voulons du grand spectacle, Internet devra fournir les moyens aux artistes pour s’exprimer, et à l’échelle du globe les moyens peuvent être colossaux. Mieux vaudrait séduire ce nouveau monde et ces habitants que de leur mettre des menottes, car sitôt la toile sécurisée, elle perdra tout son intérêt. La toile devrait libérer le monde et non pas le monde enfermer la toile. Il est particulièrement révoltant que mon fournisseur d’accès devienne mon flic !

Karim BEY SMAIL

2 - Deux ans de trop ?

C’était le 7 mai 2007,
Deux longues années, et le rêve qui a porté Sarkozy au pouvoir est en train de tourner au cauchemar.

« J’irais chercher le pouvoir d’achat avec les dents, » ou « ensemble tout devient possible ».. « travailler plus pour gagner plus »… etc…
Ces phrases clefs qui lui ont permis d’accéder au pouvoir suprême sont autant de casseroles, entraînant leur lot de déception.
La crise a bon dos et il est tentant de vouloir lui faire porter le chapeau : pourtant question chômage, la France est à peine dans la moyenne européenne, (8,6 %) mais loin derrière les Pays Bas (2,7 %).
Après avoir tant critiqué les 35 heures, Sarkozy pourraient commencer à le regretter. elles auraient permis en partageant le travail d’atténuer les effets de la crise. (57695 défaillances d’entreprises en 2008).
Question insécurité, ça s’aggrave aussi: voir lien, et les prisons se remplissent : 64250 prisonniers en juillet 2008, pour 51000 places.
Or chacun sait que la prison est la meilleure école du crime et de la délinquance : le pire est à craindre.
Le nombre des sans abri est en constante progression malgré les promesses, avec 372 morts en prime pour cet hiver (l’an dernier le nombre de morts se montait à 200).
La France a laissé passer l’occasion de montrer qu’elle était encore le pays des droits de l’homme en refusant d’être présente aux JO de Pékin: Sarkozy craignait l’annulation de juteux contrats que nous n’avons pas eu de toute façon.
Angela Merckel n’y était pas et elle a eu ses contrats.
Le service public est bradé.
Sarkozy avait commencé en septembre 2004, alors qu’il était ministre des finances avec France Telecom : l’état y est devenu minoritaire.
l’Hôpital, la Poste, et l’Enseignement, sont maintenant menacés : il leur demande d’être rentables.
Conséquences pour l’hôpital, suppressions de postes, fragilisation du système, accidents à répétition, pour le plus grand bonheur du privé qui récolte les clients friqués.
Si la grippe mexicaine persiste, on peut être inquiets.
Idem pour La Poste : les bureaux des petits villages ferment à tour de rôle.
Quand à la recherche et l’enseignement, la grève perdure et la crise persiste.
Alors à l’approche de l’élection européenne, Sarkozy ressort son arme préférée: la lutte contre l’insécurité.
Est-ce suffisant ? car en privant d’emplois les jeunes de banlieue (la France a le bonnet d’âne de l’Europe en la matière) Sarkozy favorise la délinquance.
Il voulait passer « la racaille au karcher », mais les voitures continuent de brûler.
Le retour de la France dans l’OTAN, sous la houlette américaine, ressemble plus à une soumission qu’à une preuve d’indépendance.
Mais au delà de tout çà, c’est la personnalité même du Président qui pose problème.
Il n’a pas le calme et la stature qui convient au poste qu’il occupe. En gros il ne fait pas Président : Il invective, il injurie, il s’énerve, il accumule les gaffes et il est complexé sur sa petite taille au point qu’il se hausse sur la pointe des pieds (voir photo) lors du G20 pour se mettre à la hauteur d’Obama.
Ses relations friquées posent la question de l’indépendance du gouvernement : Un yacht, un jet privé aimablement mis à disposition par le milliardaire Bolloré (dont la fortune est due en partie à l’exploitation des enfants du chocolat) a provoqué un retour d’ascenseur.
Lorsqu’il sort en province, il se protège en invitant une armée de militants UMP, comme à Valence ou 3000 invités l’ont accompagné toute la journée, et traverse à la va-vite le salon de l’agriculture.
Aujourd’hui, l’Omniprésident a réussi à écarter du pouvoir tous ceux qui lui faisaient de l’ombre.
Dans les médias, PPD a payé cher ses taquineries, le directeur de Paris Match aussi, idem pour le patron de radio France, coupable de laisser s’exprimer l’insolence.
Sauf qu’ayant réussi à vouloir être partout à la fois, les déçus du sarkozysme commencent à lui présenter l’ardoise, avec 32 % seulement d’opinions favorables fin avril 2009.
Les Français veulent-ils de cette société du « tout à l’égo » ?
Pour sortir de la crise, il vide des caisses déjà vides, à destination des banques et des entreprises, négligeant les plus pauvres, mais diminuant les impôts des plus riches, grâce à son bouclier fiscal : en 2008, les 834 français les plus riches ont reçu un chèque moyen de 368 261 €, soit trente années de smic.
Les parachutes dorés continuent de se déployer.
Pas de doutes, les trois années risquent de lui être dures.
Les séquestrations de patrons se multiplient, et les menaces présidentielles ne feront qu’attiser le feu qui couve, devant l’autisme présidentiel.
Un syndicaliste Philippe Widdershoven s’est suicidé d’avoir échoué à sauver les ouvriers qu’il tentait de protéger.
Car comme disait un vieil ami africain :
« Celui qui veut du miel doit avoir le courage d’affronter les abeilles ».

Olivier Cabanel

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Conférence d’Anny Dayan Rosenman : les Alphabets de la Shoah

La commémoration de la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation dans les camps nazis a été l’occasion pour la Mairie de gauche du 12e arrondissement de Paris d’inviter Anny Dayan Rosenman, maître de conférence en littérature à l’université de Paris VII, Denis-Diderot, à donner, le mardi 28 avril 2009, une conférence intitulée « les Alphabets de la Shoah : survivre, témoigner, écrire. » Cet intitulé est également celui de l’ouvrage que la conférencière a publié, en 2007.

L’intéressée précisa d’emblée que ses propos s’appuieront exclusivement sur les textes des rescapés de la Shoah, qui est l’extermination programmée des Juifs d’Europe. Ils s’agit des textes de Primo Levi, d’Imre Kertész, Jean Améry, d’Élie Wiesel, de Jorge Semprun d’Anna Langfus, d’Ana Novac, du film Shoah de Claude Lanzman…

Certes, les intéressés témoignent pour eux-mêmes, mais aussi pour ceux que Primo Levi appelle les « naufragés », c’est-à-dire ceux qui ont péri, et pour ceux qui ont survécu, mais qui n’ont pas la possibilité de relater par l’écrit leurs terribles expériences. C’est cette dimension, explique-t-elle, qui fait de ces témoignages des « paroles inoubliables », que ce soit du génocide des Arméniens, du génocide des Tutsis au Rwanda, du génocide des Juifs en Europe.,

Ces textes sont aussi une « dure leçon d’inhumanité », ainsi qu’une preuve de la résistance de l’humain à l’inhumain. Paradoxalement, selon Anny Dayan Rosenman, ils sont peu ou pas lus, peut-être, de crainte de la part des lecteurs potentiels d’ « être atteints dans leurs certitudes ou leurs illusions. »

Primo Levi, Ida Fink, Henri Borlin, Élie Wiesel et bien d’autres survivants avaient fait part, sous forme de récits ou de fiction, du refus de certaines sociétés d’écouter ceux qui revenaient des camps de concentration ou des camps d’extermination, raconter leurs souffrances, y compris par leurs propres familles et amis.

D’ailleurs, dès 1946, 1947, 1948, il se trouvait déjà en France des gens pour déplorer, « Encore, un récit de la Shoah ! », la publication d’ouvrages de témoignages par des résistants et des Juifs revenus des camps.

La conférencière aborde également d’autres aspects méconnus ou sous-estimés relatifs au témoignage : ce qu’il en coûte de souffrances et de courage pour le témoin de raconter. Il s’agit d’abord de l’ « impuissance de la langue » à décrire une réalité aussi terrifiante, comme l’écrivent Primo Levi, Élie Wiesel… ; ensuite du sentiment d’un « abandon monstrueux » chez le survivant d’un génocide ; ou encore, ce que signifie pour celui-ci survivre à l’« anéantissement programmé des siens, au fait d’avoir été mis hors humanité, d’avoir été mis hors de la communauté des vivants. »

Survivre, c’est se sentir séparé par une sorte de « frontière invisible » de ceux qui ne voulaient pas voir, ni entendre, dans cette France sous les bottes des nazis et des traîtres de Vichy : ; mais c’est aussi, parfois, se sentir séparé de ses propres frères, de ses propres sœurs et de ses propres parents, tant ils savent ce que « l’Homme peut faire à l’Homme ».

Survivre, c’est aussi le fait d’être quelquefois rongé par un terrible sentiment de « culpabilité ». La perversité de la machine d’extermination fut telle qu’elle est parvenue à susciter l’idée, chez certains d’entre eux, que s’ils sont encore en vie, c’est parce que d’autres ont perdu la leur, à leur place.

Pour les rescapés de la destruction, témoigner est un devoir : celui d’exécuter le testament de ceux qui sont morts parmi leurs proches et compagnons d’infortune. C’est également un devoir envers ceux qui n’ont pas subi directement cette tragédie, et à qui il faut imposer la vérité sur ce qui s’est passé.

Anny Dayan Rosenman pense, cependant, que nous sommes passés du « témoignage-accusation » – à l’instar des procès des criminels de guerre nazis à Nuremberg ou d’Eichmann à Jérusalem – au « témoignage-transmission », comme le font des survivants des camps de concentration et des camps d’extermination dans les établissements scolaires.

Elle confie à cette occasion combien elle est impressionnée par la grande rigueur morale des intéressés qu’elle invite, elle aussi, dans le séminaire sur l’écriture de la Shoah qu’elle dirige à l’université, une rigueur dans leur respect de la vérité historique, et par leurs scrupules à ne pas blesser leurs jeunes auditeurs.

Elle ajoute que la caractéristique de tous les génocides n’est-il pas intimement liée à l’identité, puisque l’intention des bourreaux est de tuer les membres d’une communauté jusqu’au dernier. C’est pourquoi, pour des générations entières de Juifs, par exemple, qui n’avaient plus de tantes, d’oncles, de grands-parents parce qu’assassinés dans les conditions effroyables que l’on sait, ces témoignages constituent une sorte de pont avec les générations précédentes.

Ce lien identitaire est ressenti chez beaucoup de Juifs, même irréligieux, comme une ultime victoire sur Hitler.

Primo Levi ou Robert Antelme relatent comment des détenus des camps, qui n’étaient pas religieux, s’associaient à la prière juive. C’est parce que la prière, qui est également une forme de culture, fut, à ce moment-là, l’expression d’une profonde communion entre les victimes pour résister à la « loi du camp qui était de dresser chacun contre chacun ».

Hakim Arabdiou

2 - Film : Villa Jasmin, de Férid Boughedir

Le Mémorial de la Shoah, à Paris, a eu la bonne idée, le 27 avril dernier, de projeter en avant-première le film, Villa Jasmin, du Tunisien Férid Boughedir, l'adaptation d’un extrait du roman autobiographique (de même titre) de Serge Moati, Français, juif d’origine tunisienne et célèbre animateur de l’émission Riposte, sur France 5.

Henry Moati (c’est le vrai prénom de Serge Moati, fils), pris de nostalgie pour la Tunis de son enfance, s’y rend, trente plus tard, accompagné de sa femme enceinte, Jeanne. A la mort de ses parents, à l’âge de 11 ans, il avait quitté cette ville pour la France, un an après l’indépendance de la Tunisie, en 1956.

On le voit visiter la tombe de son père, puis la maison familiale, Villa Jasmin, où il est né et où il a vécu une partie de sa vie. Il rencontre également Rachel, sa vieille nounou juive ; ce qu’il reste de la salle de cinéma que son père avait ouverte ; le théâtre Rossini, où celui-ci avait travaillé comme metteur en scène. C’était aussi et surtout le lieu où ses parents se sont rencontrés. Odette Scemama avait alors accompagné son amie, Denise, pour voir la répétition de la troupe. Ce fut le coup de foudre entre elle et Serge, qui lui attribua un rôle sur-le-champ.

Cette liaison ne fut pas moins un scandale pour la mère Moati, qui avait commencé par s’opposer au mariage de son fils avec une femme, certes juive, mais néanmoins de basse extraction. Il existait en effet deux communautés juives en Tunisie, qui se haïssaient mutuellement au point d’avoir chacune ses propres rabbins, ses propres synagogues, ses propres quartiers, même le cimetière juif était séparé par un mur. Les « Livournais », originaires d’Italie et descendants des Séfarades, ces Juifs chassés de la prestigieuse Andalousie aux confins du XVe siècle, considéraient comme des va-nu-pieds, les Scemamas, les Juifs « indigènes », dont la présence au Maghreb remontent à la nuit des temps. Les Scemamas n’en pensaient pas moins des premiers.

Serge Moati (père donc) gagnera ensuite sa vie comme journaliste dans une gazette, Tunis Soir, puis au Petit Matin, journal officieux des Juifs de Tunisie, avant d’en être licencié à cause de ses audaces politiques. Il écrivait parallèlement dans Tunis socialiste, l’organe central de son parti, le Parti socialiste, dont il sera l’un des députés dans les années trente. Son parti luttait contre le capitalisme colonial et ses potentats locaux, contre le racisme colonialiste dont était victime la population « indigène » ; et se battait pour l’égalité des droits entre les colons et eux - dans le giron de la France des Lumières et des droits de l’Homme.

Cette position exprimait leur divergence face aux nationalistes (comme d’ailleurs en Algérie, et peut-être au Maroc) concernant le règlement du problème colonial, et se résumant à la question suivante : le système colonial était-il réformable ou non ? L’histoire a donné raison aux nationalistes maghrébins.

Son engagement anticolonialiste et progressiste lui vaudra d’être emprisonné une première fois, pour six mois, par les autorités coloniales.

Serge Moati s’était engagé parallèlement dans la Franc-Maçonnerie, qui rassemblait, selon lui, l’élite éclairée de son époque, une élite imbue des idéaux universalistes des Lumières.

En 1943, les Allemands occupent la Tunisie, avant d’y être délogés six mois plus tard par les forces alliées.

Cette occupation donna lieu à un nouveau thème de débat (comme en Algérie et peut-être au Maroc, également) entre la gauche tunisienne, qui prônaient une alliance antifasciste, et une minorité de leaders nationalistes du Néodestour, qui, partant du principe que l’ennemi de mon ennemi est mon ami, croyaient qu’une alliance avec les nazis les aiderait à se débarrasser du joug colonial français, comme le promettait la propagande de Radio Berlin aux peuples des colonies, et non par adhésion à l’idéologie aryenne nazie, comme le précisera l’auteur du roman, Villa Jasmin, au cours des débats.

Dans le film, Serge Moati en fait le reproche au notable Benromdane, un dirigeant du NéoDestour. Ceci d’autant plus que leur leader, Habib Bourguiba et dirigeant de ce parti, y étaient opposés. L’intéressé lui répliqua : « Et vous (les Juifs) ! vous avez bien accepté le décret Crémieux ». Ce décret avait accordé la nationalité française à tous les Juifs du Maghreb. Mais la France l’avait refusé jusqu’au bout aux populations musulmanes. Il fit grief aux Juifs tunisiens de s’être détachés ainsi de la population autochtone, dont ils faisaient partie.

Dès l’avènement du régime de Pétain, les autorités coloniales abolirent ce décret et promulguèrent des lois antijuives. Des spectateurs juifs originaires de ce pays et Serge Moati rappelleront que Moncef, le bey de Tunisie qui régnait, mais qui ne gouvernait pas - tous les pouvoirs étant entre les mains du Résident général de France à Tunis -, s’était (comme le roi Mohamed V, grand-père de l’actuel Mohamed VI du Maroc) opposé au port de l’étoile jaune par ses sujets juifs.

Lorsque leur villa a été réquisitionnée pour l’ambassadeur d’Allemagne, c’est tout naturellement que le leader nationaliste, Benromdane, hébergea pour un temps la famille Moati. Odette habitera ensuite avec ses parents dans un hammam.

Auparavant, Serge Moati et 16 militants juifs, qui avaient mis sur pied un réseau de la résistance, avaient été arrêtés par la milice colonialiste pronazie et déportés dans le camp Saxsenhausen, en Allemagne. Il fut l’unique survivant, parce qu’on l’avait pris pour un Italien.

Villa Jasmin est un film beau et émouvant. Il nous fait également connaître un aspect oublié de l’histoire du Maghreb, notamment de sa population juive.

Hakim Arabdiou

8 - culture

1 - Apprendre a regarder

Sienne est une ville merveilleuse. Henry Cartier Bresson ne s’y trompe pas lorsqu’il nous invite à l’observance, à la lumière d’un noir et blanc à la fois simplifiant et révélateur.
Son objectif plonge sur les pavés d’un espace d’actions, celles de ses personnages à l’ombre fuyante, dans un décor qu’un De Chirico n’aurait pas renié.

Sienne

Espace d’action donc, mais action en devenir : On imagine sans trop de peine ces trois personnages, chacun situé aux extrémités d’un triangle se rencontrer dans un élan que l’observateur active. Ils ne le savent donc pas encore mais ils se verront apparaître les uns aux autres. L’on perçoit alors les regards se croiser. Peut être se connaissent-t-ils ? Peu importe. Il nous apparaît important de sentir ce basculement entre ces êtres (ces vies) séparées et le futur d’une vie commune, en interaction, même brève. Comme il est étrange, ne pensez vous pas, de regarder dans un espace donné, un homme dans son mouvement, de l’avoir à l’œil, de constater son autonomie et en même temps de prévoir le possible d’une interaction avec le monde, alors que lui même ne se doute de rien. C’est bien ce que l’on appelle le juste recul, résultat d’un dosage subtil de la distance à la scène d’action. Si Cartier Bresson s’était proposé d’accompagner l’un des trois personnages, cote à cote, nous n’aurions pas eu le privilège de sentir l’intelligibilité du monde qu’il cadre. S’il s’était placé en hauteur, loin des protagonistes, l’humanité se serait effacée pour laisser place à l’architecture pure d’un espace. Il se propose ainsi d’être à la distance qu’il faut pour sentir la dimension existentielle de cet espace.

Et cette dimension existentielle, ne la sublime t il pas avec la mise en perspective qu’il opère ? De par l’inclinaison d’une visée, chaque regard se laisse glisser par le vertige vers l’extrémité de ce monde, qu’un fin muret délimite pour une plongée sans visibilité. En bas de ce monde se laissent distinguer un ensemble d’éléments, quelques maisons et un inquiétant cyprès, le tout dans une fine bande sombre que symbole le reste de l’univers, les autres mondes dans lesquels des actions se réalisent, à l’abri du regard de Cartier Bresson. Autre sensation étrange que d’imaginer qu’à un instant donné, des ailleurs se réalisent : Sentiment de l’étendu du monde dans le temps mais aussi dans l’espace.

Et entre la scène humaine et les autres scènes inconnues, comme pour faire barrage à la chute, sans brutalité, avec majesté, une halle se déploie, chaque colonne délimitant un angle solide discrétisant. Il est posé à la façon d’un phare, qui majestueusement embrasse le champ du possible (en temps et en espace) que nous avons ressentie, semblant éclairer la place, sa moitié gauche, pour laisser les ombres sculpter la partie droite du cliché.

Finalement, ce que nous montre Cartier Bresson, c’est un monde qui emporte notre attention. Cette attention devient flottante pour se rendre disponible. Cartier Bresson est un homme disponible. C’est un acteur de l’instant dont l’objet n’est pas de capter les choses mais de se laisser capter par les choses, se laisser saisir dans un élan d’extrême générosité. Nulle doute qu’une telle posture est garante de ce que Baudelaire exprimait lorsqu’il parlait de l’art et de sa double dimension : celle du contingent, de la modernité et celle de l’immuable, de l’éternel.
Car en se mettant à disposition, on a le bonheur de respirer, d’embrasser notre époque, tout ce qu’il comprend de fuyant, mais aussi parfois, comme le dit si bien Virginia Wolf, de passer entre les actes pour ressentir un moment d’être dans un monde ou tout semble être a sa place, et ou l’on se sent à sa place. L’harmonie en somme.

Jean-Charles Savenach

2 - "Aimer ce que nous sommes" de Christophe

Aimer ce que nous sommes (2008)
Christophe

Christophe_2008

"Aimer ce que nous sommes", Christophe (2008)

Assis dans son fauteuil bleu, il se demandait bien ce qu’il allait exposer en ces temps de ciel bas. Pour ne pas effrayer ses lecteurs, dans la perspective d’une mise à disposition d’une parcelle de plaisir, sans s’en faire qu’en à la source de cette once tant les merveilles de nos sens sont multiples, il se dirigeait sans grand élan vers la mise à plat d’une de ses œuvres fétiches, accusant certainement quelques années au compteur de tous ceux qui courent, mais à aucun moment remis en question par sa propre expérience ou l’humeur vagabonde qui l’enveloppait alors. Quand la vue d’une feuille s’épanouissant dans les airs, le chemin particulièrement peu prévisible (il s’en convainc lorsque cette dernière approchant le sol eu la merveilleuse idée de rebrousser chemin) lui rappela qu’il existait toujours ce cher artiste grisonnant, un peu fou. Je veux parler de l’étrange Christophe. Vous vous souvenez sans doute d’une jeune fille prénommée Aline, qu’il transforma par sa bouche en un objet rêvé, subsistant comme par miracle à quelques encablures du sol, insensible à la dureté du rock. L’amour comme force à part, comme si la présence de l’être aimé, désiré, excluait le monde et toutes les lois qui l’accompagnent. Et bien, notre ami, après quelques temps passés en dehors du système solaire nous fait l’honneur d’un retour, accompagné de son cortège de planètes, apparemment promis à un avenir que lui seul peut maintenir.

« Aimer ce que nous sommes » : Voilà ce que Christophe nous propose. Voilà ce qu’il propose à chaque voyageur solitaire. Mettre un pied sur une de ses terres, c’est se réapproprier ce que parfois on nous enlève, c’est chanter et jouer son être pour l’embrasser avant peut être d’embrasser l’autre, dans une infinie tendresse. Et la vague qui vous submerge, à la descente d’une navette, au parfum exquis chargé d’étrange, les mots tantôt murmurés, tantôt accrochés, est un pure délice. La noyade est avec Christophe l’occasion, retenant son souffle, d’écouter la voix des sirènes, à l’abri des aboiements de tout genre.

Laissons nous donc emporter par la déferlante. Je n’ai plus de prise, le courant m’emporte dans un mouvement complexe, turbulences et écoulement doux. Les bulles d’air se présentent à moi mais je n’en éprouve aucun besoin. Elles sont la pour me rappeler qu’en surface, les nageurs de tout sorte se battent dans l’éclaboussure des corps agitées.
Je croise en chemin quelques gitans assis sur un corail rouge, puis à droite une vieille dame, qui, d’une voix tendre, vous parle de la sensibilité de son ami Colette. Une onde en forme de piano s’approche de moi, à peine remis du tourbillon des sens. Je ne sais quel souvenir me revient à l’esprit lorsque ces cœurs d’enfants étrangement se glissent entre les algues d’un fond trouble. Rien d’inquiétant en tout cas, car une main à tout moment m’accompagne, comme un signe d’apaisement quand tout devient flou.

La nuit s’installe. Derrière le drap des ténèbres se cachent des zones de lumière, la porte grande ouverte, et des clameurs de fête retentissent, étouffées par l’acoustique liquide des profondeurs. Christophe est assis à une table, entouré de créatures écaillées, au sourire immense. Je me frotte les yeux. Un sil tombe sur le sol, auquel est accroché une jeune fille. Comment a t elle pu faire pour rester suspendu à ce fil ?. Lui même me regarde furtivement, non étonné de cette scène. A ses yeux, je suis un visiteur d’un soir auquel tout est possible. Il s’approche de moi et me glisse à l’oreille «  aime toi car je m’aime ». Je me sens à cet instant unique et précieux. Plus rien ne me retient ici. Tout naturellement, un courant inverse m’entraîne en surface. Un générique sensible me rappelle ces créateurs d’univers. Chacun d’eux, assis sur un astre me tire une révérence : A la prochaine mes amis.

Jean-Charles Savenach

Agenda

jeudi 28 mai 2009, 20:00

France – Europe :LA SANTE DANS LA TOURMENTE

à la Maison des Associations
rue des Corroyeurs
Dijon

Les Amis du Monde Diplomatique, en collaboration avec l’Union des Familles Laïques 21 INVITATION à une CONFÉRENCE-DÉBAT

France – Europe :LA SANTE DANS LA TOURMENTE
Quelles alternatives au processus néolibéral de marchandisation et de privatisation de la sante ?

avec Bernard TEPER,
Responsable du Secteur Santé de l’Ufal
Animateur des Etats généraux de la Santé

Entrée libre

samedi 30 mai 2009, 09:00

Pour une autre Europe du savoir

"Au 104"
104 rue d'Aubervilliers
75019 PARIS
Métro Stalingrad ou Crimée

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