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Les enseignements du 2e tour des régionales

par Évariste
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Lundi 15 mars dernier, votre journal ReSPUBLICA a présenté les 10 leçons du premier tour et les déficits politico-stratégiques du non de gauche.
Il n’y a rien à changer à ces textes qui restent d’actualité et auxquels nous vous renvoyons.
C’est bien l’ensemble de ces 3 textes (les deux précités et celui-ci) qui formeront notre analyse complète des élections régionales.
Nous écrivons ce troisième texte, car si le premier tour a permis de comprendre les rapports de force entre les différentes logiques à l’oeuvre, le deuxième tour permet de mieux comprendre les stratégies des « élites » politiques des différents partis.

Une nouvelle recomposition sociale libérale s’est effectuée à gauche

La nouvelle alliance est celle du PS et d’Europe Écologie et donc du social libéralisme.
Ils resteront donc sur leur ligne du 29 mai 2005. Les électeurs s’en sont servi pour faire battre Sarkozy. Mais nous savons que la ligne européiste et sociale libérale est une impasse théorique et pratique.
L’autre gauche a perdu la bataille de la recomposition, car elle est partie divisée et a donc été sanctionnée par les électeurs. De ce point de vue, le résultat de la liste unitaire Front de Gauche - NPA dans le Limousin donne raison à Jean-Luc Mélenchon qui a été la soutenir entre les deux tours.
Que le Front de gauche soit passé devant le MODEM, cela n’a plus de valeur, car le MODEM est mort.
Que le Front de gauche soit passé devant le NPA, c’est bien, mais cela n’a pas permis d’éviter l’écroulement du nombre d’élus du Front de gauche et un score stagnant (voir les 10 leçons du premier tour).
Nous espérons donc que seront nombreux les militants qui liront les déficits politico-stratégiques pour travailler aux nouvelles taches de l’heure.

Le PS a préféré soutenir Georges Frêche plutôt que de faire élire un militant du NPA

Appeler à faire battre la droite en Languedoc-Roussillon, c’est demander aux électeurs de gauche de voter Frêche. Par contre, la direction du PS n’a pas levé le petit doigt sur l’affaire du Limousin. Deux poids, deux mesures !

Mécontentements grandissants au sein de l’autre gauche

Au sein du NPA, le résultat passe mal. Les militants comprennent enfin que la stratégie politique est plus importante que le caractère passagèrement médiatique de leur leader. Le courant unitaire qui représente aujourd’hui plus du tiers de l’organisation n’a plus de stratégie. Et le choix du NPA de soutenir le communautarisme musulman contre la laïcité renforce le désarroi des militants unitaires et a fait fuir une partie des électeurs des couches populaires attachés à la laïcité. Nous rappelons ici que les couches populaires sont les meilleurs soutiens à la laïcité.

Dans le « sauve-qui-peut » généralisé dû à l’écroulement de son nombre d’élus, la direction du PCF a essayé de sauver ses militants en éliminant les opposants internes à la direction des listes du deuxième tour ( Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise, etc.) Seuls ses opposants qui ont été élus dès le premier tour sur la liste PS ont « sauvé leur peau » !

La constitution des listes du deuxième tour pour le PG a fait grincer des dents. Deux raisons à cela :

  • Les militants du PG s’aperçoivent du caractère peu démocratique des statuts votés il y a peu. Le fait de ne pas élire en congrès les directions départementales et régionales a fait que ce sont les négociateurs nationaux qui ont décidé seuls de ceux qui seraient élus au deuxième tour dans les départements. Nous voyons par exemple, un département ayant fait plus de 10 points au premier tour sans élus du PG au deuxième tour.
  • Le syndrome « Francoise Castex » a joué. Rappelez-vous : le talent tactique de Jean-Luc Mélenchon fait élire Francoise Castex député européen aux avants dernières élections européennes. Dès son élection, elle quitte le courant de Jean-Luc Mélenchon. Cette fois-ci, la vraie direction du PG a décidé de faire élire ceux qui sont dans le noyau dur depuis le début de l’épopée.

Que faire?

C’est sur la base de ces différentes analyses, que nous vous proposons de réagir et de débattre. L’article sur les déficits politico-stratégiques du non de gauche nous semble définir les tâches de l’heure et répondre à la question « Que faire ? » et propose un travail politique et idéologique qui a été négligé jusqu’ici.

Nous sommes prêts à mener ce débat à la fois dans nos colonnes et dans le cadre de réunions politiques locales. Merci à Cap à gauche d’organiser le premier débat à Tulle en Corrèze le 24 avril prochain. Aux camarades intéressés de nous contacter pour cela dans les autres régions.

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Les déficits politico-stratégiques de la gauche du non se révèlent dans le scrutin du premier tour des Régionales

par Évariste
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Répétons-le, la gauche du non doit parler d’abord aux 31,3 % de ceux qui sont à gauche et ont voté non le 29 mai 2005. Ce jour-là, les couches populaires (ouvriers, employés), majoritaires dans notre pays, ont assuré la victoire du non. Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin l’ont bien montré dans leur livre “Recherche (le) peuple désespérément”, la carte du non du 29 mai est la même que la carte de grande implantation des couches populaires.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les couches populaires sont objectivement les couches sociales les mieux à même de porter la seule alternative cohérente possible.

Pour dépasser la phase du turbocapitalisme, nous avons largement montré qu’il faut prendre conscience des caractéristiques de ce dernier :

  • Déformation de la valeur ajoutée au profit des profits depuis le tournant libéral de 1983 (9,3 points de PIB, soit 170 milliards d’euros en euros 2007),
  • Processus de marchandisation, de privatisation des profits et de socialisation des pertes des services publics et de la protection sociale,
  • Processus d’harmonisation par le bas des systèmes de protection sociale par la concurrence libre et faussée,
  • Nouvelle gouvernance mondiale : directions des firmes multinationales, des associations multilatérales (OMC, FMI, BM) et régionales (UE, ALENA, ASEAN, etc.), administration étasunienne.
  • Alliance de fer entre cette gouvernance mondiale et les communautarismes et intégrismes ethniques et religieux, en sorte que ceux-ci puissent appliquer la charité pour les pauvres en lieu et place de la solidarité des services publics et de la protection sociale solidaire, petit à petit détruits pour cause de “modernisation néolibérale”.

Les couches populaires ont largement compris cette réalité. Mais la gauche et l’extrême gauche pas encore totalement. Elles sont donc de ce point de vue en retard !

Mais, aujourd’hui, malgré l’approfondissement de la crise, les couches moyennes (environ 45 % de la population française) sont divisées et fortement influencées par l’idéologie néolibérale. Et cette division se reporte sur les “élites” militantes de la gauche et de l’extrême gauche. La quasi-totalité des directions politiques est aux mains de personnes issues des couches moyennes ; celles-ci ont le monopole de presque toutes les directions politiques de gauche et d’extrême gauche qui naguère organisaient la formation et l’émergence de dirigeants issus des couches populaires (à l’exception de LO mais qui reste malheureusement anti-républicaine et sans perspective politique, ce qui l’empêche de prospérer). Pour corroborer ce dernier point, il suffit de voir les dirigeants de gauche et d’extrême gauche :

  • se vautrer dans le relativisme culturel, le différentialisme, l’alliance avec l’islamisme considéré comme religion des pauvres,  les autres religions étant considérées comme religions des riches, leur refus de la globalisation des combats (le refus de tous les partis de considérer l’urgence laïque au même niveau que l’urgence écologique, que l’urgence sociale ou l’urgence démocratique ou l’urgence féministe par exemple),
  • donner la priorité aux revendications des couches moyennes, refuser de se battre pour des droits universels, pour la laïcité, pour la priorité aux luttes pour le salaire, pour les conditions de travail, pour la protection sociale solidaire, pour les services publics, pour l’émancipation de toutes les femmes du monde entier (sans abandonner par exemple les femmes qui luttent pour leur émancipation, soit parce qu’elle vivent dans des pays sous lois musulmanes,soit parce qu’on préfère défendre les cultures rétrogrades qui les considèrent comme des êtres humains de seconde zone, soit encore parce qu’on n’ose pas combattre le lobby catholique qui arrive à supprimer les crédits pour le planning familial, les centres IVG ou à diminuer le nombre de médecins des hôpitaux qui acceptent d’appliquer la loi Veil de 1975), et encore augmenter d’année en année depuis un quart de siècle le financement public des écoles privées catholiques, etc.
  • peindre en vert des programmes, des logos et autres éléments symboliques. En lieu et place de cette attitude symbolique, il convient de globaliser toutes les combats y compris le combat écologique mais en le mettant au même niveau, ni plus, ni moins que les autres. Il faut comprendre que la poussée d’Europe Ecologie répond à d’autres facteurs.

Le Front de gauche n’a toujours pas réussi à parler aux nonistes de gauche qui votent PS ou qui s’abstiennent

La stratégie du Front de gauche n’a de sens que si elle arrive à convaincre un nombre significatif des nonistes de gauche (31,3 % le 29 mai 2005) qui par millions se réfugient dans l’abstention ou votent PS. Réussir à stabiliser les voix du PCF de 2004 ou les voix du Front de gauche des européennes de 2009 permet sans doute de rebondir mais demande de se poser les bonnes questions et ne pas se recroqueviller autour du slogan de la méthode Coué “Tout ce qui arrive montre que nous avons raison” même quand on a tort ! Si le Front de gauche n’arrive pas à sortir de l’autosatisfaction délivrée par ses leaders, il apparaît certain que, les faits étant têtus, la question lancinante perdurera au sein des couches populaires.

Les nonistes de gauche qui ont fait le choix de rester au PS n’ont toujours pas aujourd’hui de base d’appui pour résister à la nouvelle vague de social-libéralisme

Les nonistes de gauche, qui ont fait le choix de rester au PS malgré le soutien de ce dernier à Nicolas Sarkozy pour faire voter le traité scélérat de Lisbonne en 2008 contre l’avis du peuple, peuvent être confortés par le bon score du PS à ce premier tour, mais ils ne réussiront dans leur stratégie que s’ils expliquent comment ils pourront  résister à la prochaine vague du social-libéralisme, eux qui n’ont pas pu le faire lors du tournant social-libéral de 1983 ou du ralliement du PS à Nicolas Sarkozy en 2008. Cet article leur est consacré comme à ceux qui ont choisi la stratégie du Front de gauche.

Tenir compte de la nouvelle géosociologie des territoires

Toujours dans le livre précité, rarement lu par les “élites militantes”, la preuve est donnée que les couches populaires se trouvent de moins en moins dans les villes-centres (où se concentrent les militants politiques) et de plus en plus dans une partie de la banlieue, mais aussi dans les zones périurbaines et rurales. C’est pourtant elles qui détiennent la clé de l’élection de 2012 et de tout changement dans le pays. Il convient donc pour les partis politiques conséquents d’agir pour que la ligne politique, la stratégie et la répartition des militants répondent à cette nouvelle géosociologie des territoires.

Est-ce que les militants politiques sont des acteurs du mouvement social ? Malheureusement, non !

Une des conditions pour que les partis de la gauche du non deviennent des partis représentatifs des couches populaires reste que les militants politiques de ces partis redeviennent des acteurs du mouvement social. Pour cela, il faudrait qu’un nombre significatif de militants politiques soient également des responsables syndicaux (pour l’animation des luttes) ou associatifs (pour le développement de l’éducation populaire tournée vers l’action). Car il est erroné de penser que tout peut-être fait du “haut” du parti politique ! C’est alors qu’ils pourraient lier dialectiquement “le mouvement d’en haut avec le mouvement d’en bas”, comme l’avait théorisé le CERES avec la 16ème thèse pour l’autogestion de la Convention du PS de 1975 (26,9 % des voix au sein du PS), juste avant que la direction du CERES l’abandonne pour retourner dans les calculs politiciens de l’époque, subjuguée qu’elle était par François Mitterrand !

En attendant, les partis politiques du non de gauche distribuent leurs tracts dans les manifestations du mouvement social, animées en général par les syndicats et quelquefois par des collectifs où la présence des syndicats est déterminante. Et s’ils participent aux collectifs, c’est rarement en participant à leur animation (sauf par exemple pour la votation citoyenne du 3 octobre 2009 où le PS et le PC et leurs élus ont mouillé leur chemise, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps).  Mais ils apparaissent encore  bien trop extérieurs au mouvement social. C’est par la reconnaissance du mouvement social que la gauche du non peut prendre force et vigueur et reconquérir durablement les couches populaires majoritaires dans le pays.

Sans globalisation des combats, pas de liens durables avec les couches populaires

Nous avons entendu beaucoup de leaders associatifs et politiques se présenter en liant uniquement le combat social et le combat écologique, en reléguant les autres combats dans leur arrière-cour. Comme quoi singer Europe Ecologie sans comprendre pourquoi le mouvement s’est développé est une ânerie : le peuple votera toujours pour l’original et non pour la copie.

L’alternative réside dans la globalisation des combats républicains, sociaux, laïques, féministes, démocratiques et écologiques, en recherchant une cohérence d’ensemble et non la subordination de certains combats aux autres au gré d’opportunismes, pour faire plaisir à tel groupe que l’on veut “draguer” ! D’autant plus que ce n’est pas en juxtaposant des groupes les uns aux autres que l’on construit une stratégie à front large, mais en les faisant venir sur une ligne cohérente dans un mouvement d’ensemble.

Sous-estimer l’attachement aux droits des femmes du monde entier de la quasi-totalité des femmes des couches populaires et de la majorité des femmes des couches moyennes est un “crime politique “. C’est pourquoi refuser de placer l’urgence laïque et féministe au même niveau que les autres urgences relève :

  • soit de l’influence de la prégnante idéologie du relativisme culturel et du différentialisme,
  • soit d’une vison stratégique répondant au principe de “la dictature de la tactique “, c’est-à-dire à subordonner de façon opportuniste la ligne à la stratégie.

Sous-estimer en France, l’attachement du peuple au modèle laïque de la République sociale relève d’une naïveté politique affligeante.
Sous-estimer la demande d’un renouveau démocratique y compris dans l’organisation politique relève  d’une cécité non moins affligeante.

Sans développement d’un grand mouvement d’éducation populaire tournée vers l’action, pas de victoire dans la bataille de l’hégémonie idéologique et donc pas de victoire durable de la gauche

Cette nécessité a été développée en son temps par Antonio Gramsci. Vouloir s’en abstraire est une ânerie. Faire croire que l’éducation populaire tournée vers l’action peut être faite par un parti politique est une erreur politique. Confondre une conférence publique avec un stage de formation ou avec un cycle d’éducation populaire est confondant de bêtise.

Chaque type d’organisation -  le parti, le syndicat, l’association d’éducation populaire - a son objet. Jamais l’un ne pourra remplacer l’autre. Ce sont les trois jambes du trépied qui assurent sa stabilité. Il faut donc les développer tous les trois dans un rapport dialectique.

Conclusion provisoire

Il faut d’urgence organiser un débat démocratique sur la ligne, la stratégie et les tactiques. Faire croire que sa propre formation a la vérité révélée, que son leader est un gourou et qu’il suffit de faire trancher par les électeurs entre les différentes formations au premier tour mérite un zéro pointé ! Il faut donc approfondir le processus de refondation politique et stratégique.

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Attention, la « gauche Limousin » arrive !

par Gérald Andrieu

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Derrière la déferlante rose-verte-rouge, il est un résultat qui doit être regardé de près: celui du Front de gauche élargi au NPA en Limousin qui obtient près de 20%.


Dans les réunions de la gauche de la gauche, ils vont en bouffer du Limousin. Pendant les deux années qui nous séparent de la présidentielle, son nom va être cité jusqu’à plus soif. Et pour cause, dans cette région, le Front de gauche élargi au NPA s’est maintenu et a atteint un score très honorable. Son candidat, Christian Audouin, arrive certes en troisième position, mais a obtenu 19% contre 32% à l’UMP et près de 48% pour le PS et ses alliés. 19%, c’est tout de même 6 points de plus qu’au premier tour.

De quoi réjouir François Delapierre, bras droit de Jean-Luc Mélenchon : « Nous sommes à 19% au niveau régional. À Limoges, nous sommes même aux alentours de 20%. Limoges, ce n’est pas Toulouse ni Marseille. C’est une ville traditionnellement de gauche, mais pas d’extrême gauche ! À Tulle, chez François Hollande, nous sommes à 19% ! En Haute-Vienne, nous sommes à 21%. Nous ne disposons pas encore du détail du vote, mais de toute évidence nous avons réuni plus de gens qu’au premier tour.1 »

Et tout régional qu’il soit, ce score a pour le délégué général du Parti de gauche une « signification » nationale. Une « signification » qu’ils sauront rappeler aux dirigeants du Nouveau parti anticapitaliste le temps venu : « Nous ne savons pas encore combien d’élus nous allons avoir en Limousin, mais ce qui est sûr c’est que les seuls conseillers régionaux que le NPA aura obtenus2, ce sera avec nous, en utilisant la stratégie de rassemblement que nous leur proposions pour l’ensemble du pays ! » . Ce score, selon François Delapierre, constitue aussi un message à l’adresse des socialistes : « C’est une cuisante leçon pour le PS local, tout comme pour le PS national. Ils étaient persuadés de nous faire reculer, ce n’est pas le cas. »

Ce score très local va-il jusqu’à donner du poids à l’idée de Jean-Luc Mélenchon de présenter un candidat unique pour l’ensemble de la gauche de la gauche à la présidentielle de 2012 ? Sur ce dernier point, François Delapierre se montre plus sibyllin. Trop tôt sans doute : « Il ne faut pas se voiler la face, on ne peut pas construire seulement une force à 7%. Mais on ne peut pas non plus se contenter d’être le troisième pied d’un trépied un peu bancal : le dispositif socialiste comme le dispositif écologiste sont d’une fragilité totale… »

  1. Il semble que la liste Front de gauche ait gagné 20 000 voix. []
  2. Il devrait y avoir 3 élus PCF, 2 NPA et 1 PG. []
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J.L Mélenchon : « France Télévisions piétine le pluralisme politique »

par David Doucet

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Si ces élections régionales ont permis au Front de Gauche de s’inscrire dans le paysage politique français, son leader ne décolère pas du traitement médiatique que subit sa formation. Littéralement écarté des débats électoraux dimanche soir, J.L Mélenchon dénonce des « méthodes de voyous »…

1) Ce soir, vous avez eu un véritable coup de colère sur France 3, quelles en sont les raisons ?  Vous avez pourtant pu vous exprimer ?

J’étais en effet invité à m’exprimer à 20 heures sur France 2 et à partir de 20h30 sur France 3. A partir du moment où j’avais accepté, j’ai été obligé de refuser toutes les autres invitations des autres médias. Aujourd’hui, en raison de la grève d’une partie du personnel de France Télévisions, on me demande si je peux venir dans les studios situés en banlieue parisienne, à Boulogne-Billancourt. J’accepte.

A 17 heures, France 3 m’appelle pour me dire que le dispositif est complètement modifié et qu’il est désormais impossible que je puisse m’exprimer. Dès lors, je me retrouve devant le fait accompli, n’ayant aucune possibilité de me retourner vers d’autres médias vu l’horaire avancé.

Je me rends donc à Boulogne-Billancourt comme convenu à 20 heures pour le plateau de France 2. On commence par m’indiquer que je suis « trop en avance » et que je ne pourrai passer qu’à 20h30. En vérité, on me fait patienter durant plus de 45 minutes  dans un petit duplex alors que sur le plateau, on pouvait observer la présence de 4 invités (2 PS et 2 UMP) mais également 2 chaises vides. Daniel Cohn-Bendit et moi-même ne sommes considérés que comme des agréments de la soirée et nous ne pouvons intervenir que de manière ponctuelle lorsque les débats sont clos. Au final, je n’aurai pu m’exprimer que 3 minutes.

Au bout d’un moment, à force de me faire patienter, j’ai fini par partir. Ce qui est marquant, c’est la méthode : à aucun moment, il ne m’ont averti que je ne pourrais pas reprendre la parole. Au final, ils m’ont bloqué durant une heure pour rien et sans m’avertir. Personnellement, je trouve que ce sont des méthodes de voyous. Ils ne sont pas du tout respectueux de la dignité de la personne.

2) Est-ce que vous pensez que c’est lié à l’accrochage que vous aviez eu avec Arlette Chabot ?

C’est lié en partie à cela mais j’avais justement accepté de venir sur France Télévisions pour enterrer la hache de guerre. Mais ce nouvel incident s’ajoute à une triste succession. Après m’avoir éliminé de ses écrans pendant toute la campagne électorale jusqu’au 1er tour, et avoir annulé à  4 reprises mon invitation à sa matinale des 4 Vérités, France 2 a, une nouvelle fois (la 5ème), annulé ma participation à cette matinale mercredi dernier, alors même que celle-ci m’avait été confirmée par écrit. Quant aux antennes régionales de France 3, elles avaient également éliminé les candidats du Front de Gauche de leurs débats contradictoires dans plusieurs régions, aussi bien pendant la campagne que lors des soirées électorales.

3) Sur votre blog, vous aviez indiqué que vous aviez déjà essayé de vous réconcilier avec Arlette Chabot en déjeunant avec elle, mais qu’elle ne vous avez pas adressé la parole du repas.

Oui elle s’était comportée de manière très vulgaire en me lançant de but en blanc : « Vous êtes mal élevé ». Je lui avais alors répondu : « Si vous le voulez bien, laissons les parents en dehors de cela, j’ai 58 ans. »

Lors du fameux débat des élections Européennes, on n’a retenu que la phrase que j’ai lancée, alors que le cadre de l’émission était proprement scandaleux. A.Chabot avait organisé des pugilats, des duels d’hommes politiques pour faire du spectacle…

4)Lors de votre dernier entretien avec des blogueurs, vous aviez indiqué que le « système médiatique était perverti, qu’il produisait un métadicours qui n’était in fine qu’une subversion de la sphère publique ». Dès lors, votre intérêt n’est-il pas d’adopter la tactique de Mitterrand en 81, à savoir délégitimer au maximum le média télévision que vous jugez biaisé et orienté ?

C’est précisément ce que je suis en train de faire avec vous, en dénonçant ces pratiques. Le problème, c’est que je suis le seul qui proteste, les autres préfèrent le silence.  D.Cohn-Bendit était furieux lui aussi de la tournure des évènements mais il ne dira rien.

Aujourd’hui, je veux que ça se dise, que ça se sache. Ce sont des manipulateurs d’opinions, ils m’ont en quelque sorte privés de paroles, non seulement chez eux mais sur les autres médias. Ce n’est pas acceptable. Au final, un homme politique est capturé, on le garde au chaud durant une heure pour qu’il ne puisse aller nulle part ailleurs.

Ils entretiennent le bipartisme et piétine le pluralisme politique. Il y a d’un coté le grand PS et de l’autre coté le grand UMP, tous les autres partis ne servent qu’au décorum. Dans la soirée, ils ont parlé 20 fois du Front National et de son score et pas une seule fois du Front de Gauche alors qu’on a fait presque 20% dans le Limousin.

5) Justement, pour revenir aux élections, vous vous étiez fixé un ordre de mission : déplacer le centre de gravité à gauche, pari réussi avec le déclin du Modem. Second objectif que vous vous étiez assigné : le retour d’une gauche solidaire, ce qui semble être le cas. Dès lors, le Front de Gauche a t-il encore une raison d’être après cette réorientation du PS ?

C’est certain que ça renforce notre stratégie auprès de l’autre gauche. Pour une gauche solidaire, lorsque j’entends les propos de P.Moscovici sur les retraites, je me dis que ce n’est pas forcément pour tout de suite…

Lors du premier tour, Daniel Cohn Bendit appelait, en me montrant du doigt, à l’alliance des rouges, des roses et des verts. C’était précisément le mot d’ordre de mon courant, il y a 15 ans, au Parti Socialiste avec Julien Dray. Mais personne ne s’en souvient…

Ce que l’on a montré dans le Limousin, c’est que désormais si nous ne sommes pas d’accord avec les idées du PS, nous sommes en capacité de résister et dans des proportions auxquelles ils ne s’attendaient pas. Il faut bien se rendre compte qu’à Tulle, la ville fief de François Hollande, on a fait 17% au second tour. C’est une démonstration magistrale.

Quel est le scénario historique ? Ca ne se résume pas aux 3 conventions programmatiques du PS suivis des primaire et en avant pour 2012 ! Ce qu’il faut observer, c’est la situation de blocage au sein de notre pays. La droite vient de connaitre la pire défaite de son histoire depuis 1958 et elle continue à faire comme s’il ne s’était rien passé. C’est un déni total du réel. S’il y avait des légistlatives ce soir, il faut savoir qu’il y aurait que 45 députés UMP.

Pendant ce temps là, France 2 et France 3  nous jouent la comédie actuelle. Ils ne se rendent pas compte de la gravité du moment. Ce qu’ils m’ont fait n’est même pas de nature politique, c’est l’industrie du spectacle et de la communication, qui ont fusionné. S’ils ne parviennent pas à comprendre que dans une forteresse de la social-démocratie, on s’implante avec près de 20% de voix, qu’est-ce qu’ils peuvent comprendre ?

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Résurgences !

par Jocelyne Clarke

Alors que Simone Veil fait son entrée à l’Académie Française, une poignée de l’ultra-droite catholique déroule devant l’Institut une banderole sur laquelle ils ont écrit : “avor-tueuse”.
L’espace public résonne de leurs prières, aussi décomplexées que la droite de notre chanoine de Latran, alors présent sous la Coupole.
Encouragée par un pouvoir qui a permis qu’une place, entre la Préfecture de police de Paris et sa cathédrale, soit inaugurée du nom d’un pape, encouragée par l’orientation vaticane qui a réintégré dans son giron les plus intégristes, une horde d’anti-IVG prétend revenir sur une loi républicaine impulsée pour libérer les femmes des grossesses non désirées : ceci n’est pas nouveau.

En ce cas précis, ces groupes affichent bien sûr leur fanatisme, et aussi leur dépit de voir entrer une femme parmi les “Immortels”. Entre quelques relents antisémites, ils ajoutent au passage une insulte à la dignité d’une femme revenue des camps.
Cette mouvance met toute sa hargne, toujours et encore, à tenter de revenir sur les lois, celles de la République, plus particulièrement celle sur l’I.V.G., et celle de 1905 portant séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Eux qui ne sont pas parvenus à faire de la France, la “fille ainée de l’Eglise”, ne parviendront pas davantage à imposer une Europe chrétienne, pas davantage à “opiumiser” les consciences.

Parce que nous sommes des millions à ne pas baisser la garde, sur chacun de ces fronts.
Parce que nous sommes des millions de femmes et d’hommes à avoir imposé, et la contraception, et l’I.V.G,
Parce que la loi Veil est la nôtre,
Parce que nous aurons raison des menaces sur les centres de plannification familiale et sur la fermeture des centres I.V.G.
Parce qu’une loi I.V.G. c’est bien, une veille permanente, c’est mieux.

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Oui, Armand Lanlignel, de Riposte laïque, le colonialisme est un crime contre l'humanité

par Fewzi Benhabib
Enseignant-chercheur
Université Cergy-Pontoise

Il y a quelques semaines, le réalisateur algérien Nasreddine Guenifi, réfugié en France depuis la vague terroriste islamiste en Algérie, a présenté à Bobigny son dernier documentaire : « Daniel Timsit, l’Algérien ».

Le titre en soi appelle déjà au débat et interpelle d’emblée l’imaginaire collectif. En effet, le travail du metteur en scène ne s’inscrit pas du tout dans un esprit chauviniste. C’est une remise en cause audacieuse des clichés reçus puisque le film invite à réfléchir sur une Algérie dont l’histoire a été travestie et continue de l’être par des manipulations diverses.

A un moment où fleurissent les crispations et les dérives identitaires et où triomphe le communautarisme, Nasreddine Guenifi met en lumière un personnage central qui incarne à lui seul l’horizon d’une Algérie plurielle et ouverte au progrès. Il rappelle que l’indépendance de l’Algérie est le fruit d’un combat multiple cher à tous les hommes épris de liberté. Celle-ci a été arrachée dans une guerre féroce menée non seulement par ceux que l’on singularise aujourd’hui encore en France par le qualificatif de « musulmans », mais aussi par des pieds-noirs de toute origine dont des Juifs communistes comme Daniel Timsit. Ce film-témoignage de facture sobre, touchant par son extraordinaire sensibilité et d’une grande ouverture d’esprit délivre un message porteur d’espérance et empreint d’humanisme.

C’est ce qui certainement a déplu à Riposte Laïque qui vient de publier dans son numéro 131 en date du 5 mars 2010 un point de vue intitulé « Le manichéisme de Respublica et d’Arabdiou sur le colonialisme français en Algérie » de Monsieur Armand Lanlignel.
En se faisant de nouveau le porte-voix d’un nostalgique d’un passé qu’on croyait révolu, Riposte laïque a ouvert ses colonnes à une plume empoisonnée.

Elle a permis surtout de déverser un torrent d’insultes sur Nasreddine Guenifi, un militant de la démocratie, de la justice sociale et de la laïcité, condamné à mort par le Front islamique du salut et qui a déjà payé un lourd tribut dans le combat contre l’islamisme politique. Dans son aveuglement, elle n’a pas aussi épargné un militant impénitent de la cause laïque, Hakim Arabdiou.

Je me demande encore comment un hommage rendu à un grand combattant de la liberté de la première heure, en l’occurrence Daniel Timsit et un témoignage qui célèbre l’amitié arabo-juive aient pu déclencher tant de miasmes colonialistes dans un journal qui prétend militer au service des idéaux nobles d’égalité, de justice et de laïcité.

La réalité est que par personne interposée, consciemment ou inconsciemment, Riposte laïque a embouché la trompette des “aspects positifs de la colonisation”, voire la justification des crimes coloniaux les plus atroces.

Autant alors tresser les louanges du fascisme qui lui aussi s’était lancé sur les chantiers les plus mirobolants et fait miroiter des alouettes sociales aux peuples qu’il a asservis ??!!

Toute la question est de savoir pour qui ? pour quoi ? Était-ce pour un idéal noble ou bien pour le dessein funeste de « purifier » la race aryenne par le génocide des Juifs et écraser les peuples monde?

Comment peut-on se faire les apôtres d’un système esclavagiste fondé sur la négation d’un peuple par le code de l’indigénat et le déni de la citoyenneté ? Comment peut-on oublier les juridictions d’exception, les exécutions sommaires, les massacres collectifs, l’incendie criminelle de la bibliothèque universitaire d’Alger, la destruction de milliers de villages y compris par des moyens prohibés comme le napalm, le déracinement sous la contrainte militaire de centaines de milliers de paysans vers les sinistres camps de regroupements ?

Comment peut-on passer sous silence les centaines de milliers de meurtres dont est responsable le colonialisme français? Que dire alors des crimes de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) ? ….

Le sanglant épisode de la période coloniale est une des pages les plus noires de l’Histoire de France. Celui-ci a souillé l’image de la République française. Le colonialisme est un crime contre l’Humanité et depuis longtemps condamné par la morale et le droit internationaux et doit être combattu en tant que tel, par tous les authentiques républicains épris de paix et de justice.

Cet article m’a donné à saisir la véritable nature de Riposte Laïque. Sa pseudo-défense des valeurs universelles n’est qu’un masque qu’il croit savoir et pouvoir éternellement utiliser pour distiller un message raciste d’un autre âge dirigé contre les musulmans et tromper son lectorat. Mais pour combien de temps encore ?

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Les artifices du sapeur*

par Raymond MARI

Beurrer les lunettes des citoyens

Lorsque l’on veut analyser la politique du gouvernement en matière de santé et de protection sociale, il est préférable d’ignorer les discours tant ils sont contradictoires avec les faits, bien que certains lapsus ou circonstances particulières permettent de distinguer la réalité. Pour n’en citer que quelques uns, on se rappellera les saillies du grand inspirateur (le Président) qui, par exemple, justifiait il y a quelques temps les franchises affectant les remboursements de la Sécu par cette formule : « peut-on imaginer une assurance sans franchises », alignant ainsi la santé au même niveau que la possession d’une automobile. Depuis et récemment, devant le congrès de la mutualité Française, Monsieur Sarkozy n’a pas caché sa volonté de « confier davantage de responsabilités » aux organismes d’assurance complémentaire, ce qui signifie que son intention est bien de faire glisser la protection sociale du système de solidarité créé à la Libération (la Sécu) vers la prévoyance individuelle privée (assurances, mutuelles,…). Il s’agit bien de saper les fondements de notre pacte social.

Les faits significatifs de cette politique sont plus ou moins visibles. On ne peut ignorer « les franchises » ou le déremboursement, voire la diminution de ce remboursement, des produits pharmaceutiques, mais d’autres dégradations sont plus discrètes et peut-être beaucoup plus graves.

La couverture sociale rétrécit, au détriment des ménages

En examinant les grands agrégats de la prise en charge des dépenses de santé, on constate immédiatement qu’il convient de démystifier les assertions des responsables politiques qui prétendent que la charge des ménages n’a pas augmenté en matière de santé. Les chiffres avancés sont souvent erronés et les plus favorables aux thèses gouvernementales cachent des tendances significatives des dures réalités vécues par les malades.

Globalement la part de la consommation de soins et de biens médicaux remboursée par la sécurité sociale a diminué entre 2000 et 2008 passant de 77,1% à 75,5% et, apparemment, la charge des ménages n’augmente que de 0,4%. Cependant, cet indicateur général dissimule une progression des soins remboursés à 100% (forte évolution des affections de Longues durées), mais une diminution des remboursements subissant le ticket modérateur. En outre, examinée par type de dépense, la prise en charge collective est nettement plus réduite : la Sécu ne couvre que 65% des soins ambulatoires (au lieu de 66,7% en 2003) et pour les médicaments, cette couverture n’est que de 64,8% après avoir été de 67,2% en 2003.

Bien plus que les organismes complémentaires, ce sont les ménages qui font les frais de la régression de la part remboursée par la Sécu : pour les soins ambulatoires, la charge des ménages était de 10,9% en 2000. Elle est aujourd’hui de 12,5% ; en 2008, pour les médicaments, les ménages supportaient 17,5% des dépenses. En 2000, leur contribution n’était que de 14,2%.

En constatant ce qui reste globalement à la charge de nos concitoyens (après remboursement de la Sécu et des organismes complémentaires) sur la consommation de soins et de biens médicaux, soit 9,4% des 170,5 Mds. d’Euros (16,1 Mds.), il convient d’observer que ceci pèse lourdement sur ceux qui cumulent une santé déficiente et des capacités financières réduites.

Lorsque l’on fait le compte des mesures qui ont été prises depuis 2005 (franchises, déremboursement de médicaments, augmentations du ticket modérateur pour les soins ne respectant pas le fameux « parcours », etc…) et qui ont directement amputé le budget des ménages puisque les organismes complémentaires ne les prennent pas en charge, on aboutit à la coquette somme de plus de 2 milliards.

Plusieurs enquêtes démontrent que le renoncement aux soins pour des raisons financières affecte une population de plus en plus nombreuse et atteint désormais les catégories dites « moyennes ».

Si les discours tentent (et réussissent malheureusement) de dissimuler la réalité, la volonté du pouvoir actuel est évidente pour détricoter la trame sociale « tissée » en 1945 (comme le réclamait haut et fort l’ineffable Monsieur Kesler, ancien animateur du MEDEF). La plupart des mesures qu’il conviendrait de prendre pour maîtriser les dépenses de l’assurance maladie ne font pas partie des dispositions mises en place par le gouvernement : il faut que la manne sociale continue à alimenter les intérêts privés (producteurs de soins libéraux, industrie pharmaceutique, etc…) qui s’en gavent au moyen d’une production irrationnelle.

La dérive volontaire des honoraires médicaux

Parmi les phénomènes qui modifient profondément les principes ayant fondé notre système de protection sociale (la dépense de santé est mutualisée, les produits de santé - les soins par exemple - sont financièrement encadrés pour que la dépense des malades prise en charge par la Sécu soit maîtrisée et que son remboursement soit optimal) la dérive des honoraires médicaux des médecins et des dentistes libéraux est un indicateur révélateur du glissement d’une conception de service public vers un système assurantiel individuel, évidemment soumis aux moyens dont chacun de nous dispose.

Sur le plan financier, les dépassements représentent aujourd’hui environ 6,5 Milliards d’Euros par an (2,5 pour les médecins et 4 pour les dentistes en 2007) qui sont principalement à la charge des ménages puisque la Sécu ne les rembourse pas et les assurances complémentaires, peu. Ces dépassements augmentent considérablement, chez les médecins spécialistes surtout, dont la moitié pratiquent les honoraires « libres » : entre 2005 et 2007 leurs honoraires ont augmentés d’un peu plus de 9%, mais dans cet ensemble, les dépassements ont progressés de 21%.

Sur le plan du droit c’est un déni de justice, en premier lieu au regard de la Constitution (11ème alinéa du préambule) et une anomalie vis-à-vis des dispositions du code de Sécurité Sociale (Art L. 145-1 et Art 145-2) ou du code de déontologie médicale et une négation de la Convention souscrite entre les praticiens et l’assurance maladie à laquelle adhèrent, dans leur grande majorité, les médecins et les dentistes.

On sait (carences dénoncées par la Cour des Comptes et l’Inspection Générale des Affaires Sociales) que ceci résulte d’une invraisemblable inertie du quasi service public (l’assurance maladie) en principe chargé de l’application des règles et des sanctions en cas d’irrégularités. Or, la mansuétude de l’administration pour les producteurs de soins n’est pas la conséquence d’une incompétence mais l’application d’une volonté politique au plus haut niveau (voir les quelques mesurettes prévues dans le projet de loi sur la Sécu pour réguler les dépassements tarifaires, disparues dans le texte final) pour atteindre un triple objectif : augmenter le revenu des médecins libéraux, sans affecter le budget de l’assurance maladie et transférer les frais médicaux vers les assurances individuelles.

Le phénomène des dépassements tarifaires va d’ailleurs s’accentuer puisque, le gouvernement a instrumentalisé le Conseil de l’UNCAM (c’est l’instance créée par la loi Douste-Blazy qui détient tous les pouvoirs dont à été dépossédé le Conseil de la Caisse Nationale d’assurance Maladie) en le poussant à accepter une nouvelle extension de la liberté des honoraires. Le « secteur optionnel » est en outre le faux nez d’une disparition à court ou moyen terme de l’encadrement des honoraires médicaux.

Les établissements hospitaliers : la course aux objectifs financiers au détriment des finalités sanitaires

Dans les phénomènes peu visibles, mais qui modifient profondément le système conçu à la libération, on pourrait également évoquer deux tendances de même nature, mais dont les effets diffèrent. Au sein des structures hospitalières, qu’elles soient publiques ou privées, une finalité univoque s’impose désormais : gagner de l’argent !

Dans les établissements publics, il faut réduire les coûts, quel qu’en soit le prix sur le fonctionnement des structures et des personnels et, par conséquence, sur la qualité des soins. On taille dans les effectifs, on ferme des lits. La carrière des directeurs d’hôpitaux est liée à leur capacité de respecter les contraintes financières que le pouvoir leur impose.

Dans les structures privées, de plus en plus gérées par des groupes investisseurs voraces, il faut générer du bénéfice en poussant les « machines à produire », aux frais, bien entendu, de la collectivité (la Sécu) qui paye les soins, parfois, au détriment du service rendu aux malades et, souvent, à la confusion des médecins confrontés aux dictats de gestionnaires pour lesquels « l’éthique médicale » ressort de la poésie.

L’abandon des personnes âgées dépendantes à la solidarité familiale

La réduction des coûts pour ce qui concerne l’hôpital public, puisque ce dernier a « le privilège » d’assumer seul la prise en charge des personnes âgées atteintes de polypathologies, entraîne une volonté de s’en débarrasser au plus vite. Combien de familles sont mises en demeure de trouver dans la précipitation une maison de santé médicalisée privée (les structures publiques ou subventionnées sont surchargées) où elles devront assumer des frais considérables qui ne bénéficieront d’aucune couverture sociale. Que de drames silencieux, de ruines, d’abandons… !

On prétendait jusqu’à présent que l’hôpital public était « gratuit ». Il n’en est rien ! En particulier pour les malades que nous venons d’évoquer qui présentent la double particularité de subir des hospitalisations de longues durées - on ne les jette quand même pas dehors mourantes - et d’être souvent démunies d’assurance complémentaire qui prennent en charge le forfait hospitalier. Or, pour des personnes disposant de faibles retraites et devant faire face par ailleurs aux charges habituelles qui perdurent (loyers, impôts, etc…), les 540 Euros par mois (18 E. x 30) qu’elles doivent verser au trésor public constituent un poids souvent insupportable.

Dans les frais qui pèsent sur ce type de situation, désormais le blanchissage des malades n’est plus assuré par l’établissement. Dans les unités de médecine ou de « soins de suite », on demande aux familles de fournir et d’entretenir les vêtements du malade. Bientôt, devra-t-on acheter les médicaments et autres produits… !?

Faut-il ajouter que le moindre dérivatif proposé à ces malades souvent délaissés (la télévision) est facturé à des taux prohibitifs ? Des recettes de poche pour les établissements ?

Réduire la prise en charge des maladies graves

Autres mesures souterraines, qui touchent les plus malades et les plus mal adaptés à cette évolution (peu disposent d’assurances complémentaires), l’exonération du ticket modérateur (remboursement à 100%) accordée aux personnes atteintes d’une affection de longue durée (cancer, diabète, sida, etc…) fait l’objet par les Médecins Conseils de l’assurance maladie d’une surveillance et d’une pression sur les médecins traitants pour que ces derniers réduisent au maximum les soins et les prescriptions reconnus consécutifs à l’affection individualisée. Pour éviter « les tracasseries administratives », parfois par conviction, les médecins traitants, qui doivent distinguer les soins et prescriptions en rapport avec la maladie individualisée cèdent à cette pression et tout ce qui n’est pas dans le cadre strict de la pathologie est désormais frappé du ticket modérateur. Tant pis pour les affections opportunistes qui atteignent ces malades aux défenses immunitaires amoindries.

Le Graal des libéraux : Le « gros risque » pour la Sécu, le « petit » abandonné à la prévoyance individuelle.

De façon insidieuse, une conception fondamentalement différente de ce qui a inspiré le législateur à la libération, modifie profondément les finalités du système. Le rêve que caresse tout bon libéral consiste à faire l’arbitrage habituel entre le collectif et l’individuel. On connaît le principe : privatiser les bénéfices et socialiser les pertes.

Sur le plan de la protection sociale, cela se traduit par des systèmes qualifiés de « panier de soins », formule ambiguë qui aboutit à faire un tri entre les pathologies et leur traitement reconnus graves ou lourds (gros risque) et celles qui, à priori, ne présentent pas un facteur de gravité (petit risque). Le premier serait destiné à la prise en charge socialisée (la Sécu) qui en assumerait le considérable coût. Le second serait laissé à la prévoyance individuelle privée, ce qui implique une première sélection puisqu’il faut payer une assurance complémentaire dont les cotisations et, forcément, les prestations, sont proportionnelles aux capacités financières dont on dispose. Les personnes âgées notamment ayant des besoins sanitaires plus importants et qui ne bénéficient pas de contrats de groupe négociés au sein des entreprises, en sont les premières victimes. La seconde sélection est impitoyable pour les catégories défavorisées et, désormais, les catégories « moyennes » : plus on est malade et moins on a pu payer pour acheter sa protection complémentaire, plus le reste à charge est lourd et…moins on peut se soigner… !

Pour illustrer cette tendance, on développera l’exemple des médicaments dont les taux de remboursement peuvent diminuer jusqu’à 15% de leur prix, voire être totalement déremboursés. Beaucoup de ces médicaments sont frappés d’un nouvelle flétrissure : Ils sont peut-être efficaces, mais ils sont « inefficients ». En fait, on considère que leur effet (démontré) aurait un rendement insuffisant pour que la collectivité les assume. Or, d’après les médecins confrontés aux pathologies pour lesquelles ils sont indiqués (les veinotoniques ou les fluidifiants bronchiques par exemple), ces produits n’ont pas de substituts. On a donc tout simplement conclu que les malades devaient les assumer… Ceux qui en ont les moyens bien entendu !

Pendant ce temps, on continue à inscrire sur la liste des produits remboursables à taux plein (70%) des médicaments qui n’apportent aucune amélioration par rapport à ceux qui existent déjà, souvent avec un prix majoré et une intense promotion marketing impulsée par l’industrie pharmaceutique qui pousse les médecins à les prescrire.

Observons par ailleurs, qu’un aboutissement du principe de sélection des risques avec l’abandon du « petit » à la prévoyance individuelle privée et, en conséquence, l’élimination des malades incapables d’en assumer le coût, serait absolument antinomique avec la prévoyance dont on se rengorge à juste titre, car un accès aux soins aisé et rapide permet de diagnostiquer une maladie grave qui se dissimule sous des symptômes anodins.

Nous pourrions développer davantage les exemples de ce glissement profond d’un système solidaire égalisant les chances devant la maladie vers un mécanisme de prévoyance individualisé qui sélectionne implacablement par l’argent. Nous évoquions précédemment les quelques émergences d’une volonté politique obstinée qui apparaissent dans un discours lénifiant. L’unanimité de la petite phrase « il faut réfléchir à un nouveau partage entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle » dans les déclarations gouvernementales est révélatrice des intentions profondes des leaders de la droite au pouvoir.

Les mêmes, le Président encore très récemment à la télévision, qui s’attribuent les bienfaits de notre protection sociale, comme amortisseur des effets de la crise économique… !

Or, il y aurait tant à faire pour améliorer simultanément les recettes et les dépenses de l’assurance maladie, tout en préservant son efficacité sanitaire et sociale. Encore faudrait-il faire des arbitrages absolument inverses à ce qu’entreprend ce gouvernement, c’est-à-dire consacrer le considérable effort financier de nos concitoyens à la promotion de la santé et non pas aux intérêts privés qui utilisent cet investissement collectif à leur seul bénéfice.

 —  —  — 

* Sapeur : soldat du génie militaire dont la mission consistait à l’origine à détruire les assises d’un édifice pour qu’il s’écroule. Le glorieux et sublime « sapeur camembert » s’était distingué en creusant un trou pour mettre la terre d’un autre. Miner la protection sociale et, en conséquence, la santé, tout en creusant « le trou » de la Sécu, présente une réelle analogie avec « l’œuvre » de ce héros…

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Manifestation à Jérusalem contre la ségrégation dans les bus imposée par les intégristes juifs

par Hakim Arabdiou

Plus d’un millier de femmes et d’hommes ont manifesté, il y a quelques jours à Jérusalem, à l’appel de plusieurs organisations féministes et de laïques pour exiger la fin de la ségrégation sexiste imposée, depuis plusieurs années, par les intégristes juifs, dans pas moins quatre-vingt-dix lignes d’autobus, en Israël. Les manifestants se sont également rassemblés devant la résidence officielle du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, en brandissant une banderole indiquant qu’ « Israël n’est pas l’Iran ».

Les juifs ultra-orthodoxes, à l’instar de leurs frères et sœurs intégristes musulmans et chrétiens, sont les ennemis les plus déterminés de la mixité entre les sexes, conformément selon eux aux enseignements de l’Ancien Testament. C’est pour cette raison qu’ils ont imposé, depuis 2 000, que les hommes se placent à l’avant et les femmes à l’arrière des bus. Les femmes doivent, de plus, monter par la porte arrière, et devrait porter des tenus décentes.

De nombreuses femmes ont ainsi été vilipendées ou agressés physiquement, parce qu’elles s’étaient assises par mégarde sur des banquettes faisant partie de l’ « avant » des bus, à cause de l’absence de signalisation de ces deux espaces à l’intérieur de ces moyens de transport.

Évidemment, ceci n’est pas étonnant quand on enseigne à ces religieux des passages de la Bible du rabbinat tels que : « A la femme il dit : J’aggraverai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras dans la douleur ; la passion t’attirera vers ton époux, et lui te dominera. » ; et dans le Kohelet : « Et ce que j’ai trouvé de plus amer que la mort, c’est la femme, dont le cœur n’est que guet-apens et pièges et dont les bras sont des chaînes. »

Ces prédateurs, fer de lance également de la colonisation des Territoires palestiniens, veulent étendre cette ségrégation aux hôpitaux, aux bureaux de postes, et même dans les avions des compagnies aériennes.

En Algérie, leur alter égo, les islamofascistes du Front islamique du salut, avaient eux aussi imposée cette séparation des sexes dans les véhicules des régies de transport en communs de certaines municipalités, qu’ils avaient conquises, lors des élections de 1990. Les femmes avaient alors été obligées de se placer devant et les hommes à l’arrière, séparés par une paroi en plexiglas, qu’ils y avaient fait installer à cet effet.

Peu importe également pour ces intégristes, les désagréments que cette séparation occasionne aux familles, aux couples, aux mamans accompagnées de leurs garçons et aux papas de leurs filles. Obéissance absolue au Talmud ou au Coran oblige !

D’ailleurs, on n’a pas besoin d’être aussi extrémiste que les Juifs ultra-orthodoxes pour pratiquer ce type de ségrégation. Il suffit d’être « simplement » intégriste, comme Tariq Ramadan, pour donner comme il l’a fait, des conférences, devant une assistance où les militantes et les sympathisantes islamistes, considérées de fait comme des pestiférées, sont soigneusement éloignées des hommes, malheureusement sans réaction de désapprobation des « féministes islamiques » ; et pour déconseiller à ses ouailles de fréquenter les piscines mixtes.

La ségrégation sexiste, avec l’interdiction de toute activité le jour de shabbat, par exemple, ne sont pas les seules revendications de ces fondamentalistes.

Il s’agit également du noyautage possible de l’armée israélienne, avec les graves conséquences que l’on imagine, par un autre courant extrémiste politico-religieux juif. Cela concerne les soldats fanatiques, appelés du contingent, membres des « Yeshivat hesder », école talmudique, combinant études religieuses et privilège d’effectuer leur service militaire pendant seulement dix-huit mois au lieu des trente-six mois règlementaires. « Hesder » signifie « arrangement » en hébreu, un arrangement entre le ministère israélien de la Défense et les cinquante-sept « Yeshivat hesder », ainsi que leurs 7 500 étudiants.

Ces soldats sont particulièrement « motivés » dans la répression des populations palestiniennes dans les Territoires et l’expansionnisme de l’État d’Israël. A la grande satisfaction des chefs de l’armée… Jusqu’à ces derniers temps !

Désormais, ce qui préoccupe ces derniers, c’est le risque de sédition. C’est ainsi que le 22 octobre dernier, certains de ces soldats n’avaient pas hésité à déployer des banderoles face à leur commandant, pendant leur prestation du serment militaire habituel, où l’on pouvait y lire « Nous ne nous sommes pas engagés pour évacuer des Juifs. » des colonies ou « Le bataillon Shimshon n’évacuera pas Homesh », une colonie sauvage en Cisjordanie.

D’autres de ces soldats appartenant au bataillon Nahshon avaient refusé d’obéir aux ordres de destruction d’un avant-poste d’une colonie, près de Hébron. Ces jeunes, fanatisés dans un grand nombre de yeshivat, écoles similaires aux madrassa des Talibans afghans, ne font, dans leur esprit, qu’obéir « aux 613 commandements de la Torah, dont l’un des plus importants est de s’installer sur la terre d’Israël. »

Certains de leurs rabbins les encouragent publiquement à désobéir aux ordres allant à l’encontre de la Torah. « La loi de l’État peut changer, pas celle de la Torah » justifie le rabbin intégriste, Levalon, directeur de la yeshivat d’Elon Moreh.

Les chefs de l’armée, comme nombre d’observateurs israéliens, ne manquent pas de s’interroger sur l’attitude de ces soldats fanatiques, si leur institution se voyait un jour obligée de procéder au démantèlement ne serais-ce que d’une partie des colonies illégales.

Sources :

  • Reportage de France 24
  • Quand des soldats religieux se dressent contre Tsahal, le Figaro du 19/01/2010
  • Caroline Fourest et Fiammetta Venner : Tirs croisés : la laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman, éd. Calmann-Lévy, Paris, 2003.
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De la crise à l’avancée ?

Netanyahou sera finalement reçu par le président Obama, en marge du congrès de l’AIPAC, le lobby juif de droite aux Etats Unis. Cette rencontre, la quatrième depuis l’arrivée au pouvoir de ces deux dirigeants depuis un peu plus d’un an, était encore incertaine la semaine dernière. Elle se déroulera suite à la plus grave crise dans les relations entre les deux pays depuis de nombreuses années, aux dires mêmes de Michael Oren, l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis. Les engagements par écrit pris par Netanyahu, suite aux demandes américaines, ont permis qu’il soit invité par Obama à la Maison Blanche. Bien qu’aucune information à ce sujet n’ait été rendue publique, selon des sources israéliennes et américaines, il semble en effet que le Premier Ministre israélien se soit engagé à assouplir les conditions du siège de Gaza, à lever une partie des centaines de barrages et check points qui parsèment la Cisjordanie, à libérer des prisonniers proches du Fatah et à aborder dans le cadre des négociations indirectes, qui devraient commencer sous l’égide des Américains après les fêtes de pâques, toutes les questions centrales du conflit comme celles des frontières, des colonies, de Jérusalem, de la sécurité, des réfugiés et de l’eau, au lieu de se concentrer sur la procédure de négociation, comme il le voulait préalablement. Par contre Netanyahu ne s’est pas engagé à arrêter les constructions à Jérusalem qui, de son point de vue, ne sont pas différentes de celles de Tel Aviv. Il s’est seulement engagé à mieux contrôler ces projets et à les limiter, pour ne plus embarrasser les Américains, comme cela s’est passé récemment avec l’annonce de la construction de 1600 appartements dans le quartier de Ramat Shlomo. Si les négociations israélo-palestiniennes reprennent réellement sur cette base, on pourra dire que la crise qui vient de se dérouler, aura été bénéfique. Quelle stratégie les Etats-Unis vont-ils adopter à l’égard du conflit ? Dans cette étude, Gershon Baskin examine toutes les possibilités offertes à l’administration américaine. Le président Obama a aujourd’hui une position internationale plus forte suite au vote de la réforme de la couverture de santé par la Chambre des représentants. On peut espérer qu’il continuera dans sa politique de pression à l’égard des deux parties, d’autant plus que les sondages effectués récemment par J Street sur la position des Juifs américains à l’égard de son administration peuvent le conforter.

Israel/Palestine Center for Research and Information, 19 mars 2010

Traduction : Gérard Etzenberg pour La Paix Maintenant

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La crise des relations entre Washington et Jérusalem n’est pas nécessairement une mauvaise chose dans l’optique de l’avancement du processus de paix. Bien entendu, cette crise constitue pour l’administration Obama l’un des problèmes les plus graves de sa politique étrangère en général et pourrait modeler et influencer la politique américaine dans la région pour les prochaines années.

Il est très important de faire la liste de toutes les options politiques à la disposition de la diplomatie américaine afin de parvenir à une issue positive. Ce qui a réellement transpiré dans les médias n’est pas complètement connu de l’opinion. Il y a des rumeurs, et seuls de rares faits sont réellement connus. Ce qui suit est ce que j’ai pu reconstituer - avec une réserve : si ce scénario est faux, alors les projections peuvent elles aussi se révéler fausses. Mais s’il est correct, la situation constitue de fait, peut-être, la crise la plus grave que les relations entre Israël et les Etats-Unis aient jamais connue

Avant la décision de la Ligue arabe de soutenir le lancement de pourparlers, l’OLP présentait à Mitchell un document de trois pages, dont des questions et des positions fermes concernant le début des négociations. Ce document comprenait : les négociations auront pour base la ligne Verte ; elles devaient commençait là où les propositions d’Olmert à Abbas finissaient ; elles devaient comprendre tous les sujets liés à un accord de règlement final ; enfin, il devait y avoir un gel total de la colonisation, dont Jérusalem, au cours des négociations. Une source palestinienne, en général fiable, me disait que le sénateur Mitchell avait remis à Abbas un document avec réponses, dont des assurances américaines selon lesquelles la construction à Jérusalem Est serait gelée pendant la période des négociations.

Si cela est vrai, je ne peux que formuler une hypothèse : Netanyahou était d’accord. Il est probable qu’il était également d’accord pour qu’Israël n’annonce pas publiquement cette décision. Encore une fois, si cela est exact, alors le fait d’avancer sur le projet de planification des 1 600 logements à Ramat Shlomo, et en même temps sur d’autres plans des commissions locales et régionales d’urbanisation, constituait directement un abus de confiance à l’égard des Etats-Unis. C’était donc plus grave qu’un simple dysfonctionnement bureaucratique, et donc qu’une simple baisse de la confiance entre les parties avant toute négociation. La profondeur de la crise ainsi créée déterminait aussi la profondeur des options politiques.

Il est certain que l’annonce faite par Netanyahou à la Knesset, devant le président du Brésil, que peu importait le dysfonctionnement et qu’Israël continuerait à construire partout à Jérusalem Est, était le signe clair de la décision de ce gouvernement d’aller au bras de fer avec Obama.<

Cette annonce de Netanyahou suivait une conversation téléphonique de 43 mn avec Hillary Clinton, rapportée en détail par elle-même et par le Département d’Etat. Hillary Clinton a trois exigences envers Israël : 1/ le retrait du plan de 1 600 logements à Ramat Shlomo 2/ des gestes sérieux aux Palestiniens, comme des libérations de prisonniers et des levées de check points 3/ annoncer que tous les sujets concernant le règlement final seraient sur la table des négociations. La déclaration de Netanyahou sur la poursuite de la construction à Jérusalem Est, après ces exigences américaines, est une attaque frontale et directe contre l’administration Obama, et ne peut être perçue autrement.

Si je lis correctement la carte politique, Netanyahou, en coordination avec ses alliés au Congrès, l’AIPAC et d’autres organisations juives, a décidé qu’Obama serait, pour ce qui les concerne, le président d’un seul mandat. En conséquence, ils cherchent à affaiblir le Président, quelles que soient les répercussions sur la scène internationale. Les élections de mi-mandat au Congrès ne sont que dans 8 mois, et la carte stratégiques des compétitions de congressmen clés a été tracée, avec le but de gagner les élections contre les membres du Congrès les plus pro-Obama et les plus menacés. (Il se peut que Netanyahou ait du mal à réussir dans ce projet. Cf. le récent sondage réalisé par J Street auprès des juifs américains )

Ce défi posé au Président par le gouvernement israélien sur la construction à Jérusalem Est est un défi qui déterminera en grande partie la question de savoir si Obama est perçu en Israël, dans la région et dans le monde comme un fort ou un faible. Si l’administration américaine cède au gouvernement israélien, après avoir fait de Jérusalem une telle question d’importance, le prestige, la puissance et la force en souffriront sévèrement. Ironie de la chose : Israël a besoin d’un président américain fort pour s’attaquer à la communauté internationale sur l’Iran, et ce défi d’Israël pourrait en fait affaiblir les Etats-Unis et son président. Et le gouvernement israélien ne voit pas que c’est lui qui a grimpé trop haut sur l’échelle. En fait, on m’a posé la question deux fois ces deux derniers jours, par des proches conseillers de Netanyahou : « Qu’est-ce qui fera descendre les Palestiniens de l’échelle ? »

Pourquoi ce défi de Netanyahou ? D’une part, parce que c’est sa position idéologique. D’autre part, à cause des pressions de sa coalition, surtout de Lieberman et du Shass, qui ont fait du sujet d’Israël contre le monde entier la nouvelle vision du monde israélienne. Lieberman le dit tous les jours, jamais plus nous ne céderons à une quelconque pression internationale, nous forcerons le monde à respecter Israël ! Et du côté du Shass, qui connaît lui aussi une crise de leadership, Eli Yishaï bâtit son autorité sur la question de Jérusalem dont il veut paraître comme le protecteur juif. Troisièmement, il y a le scénario décrit ci-dessus d’une volonté d’affaiblir Obama et de s’assurer qu’il n’aura pas de second mandat.

Avec l’actuelle coalition en Israël, il n’y a absolument aucune chance d’avancer sur un processus de paix avec les Palestiniens. Et il n’est pas du tout certain qu’il soit possible d’avancer avec un Netanyahou au pouvoir. Mais on peut espérer que la même dynamique qui a joué pour d’autres dirigeants israéliens et les a menés à changer radicalement de position pourrait arriver à Netanyahou. Ainsi que l’ont déclaré Rabin, Sharon et Olmert, ce qu’on voit d’un endroit ne ressemble pas à ce qu’on voit de l’autre.

Où serait l’intérêt des Américains et que peuvent-ils faire ?

1. Reculer n’est pas une option. Si les Américains cédaient à la pression d’Israël, l’administration Obama serait considérée comme faible et sa politique incohérente et inefficace. Le prestige présidentiel serait mis à mal et Obama lui-même serait perçu comme un looser, ce qui aurait de profondes répercussions pour la politique étrangère américaine dans le monde entier, et en particulier au Moyen-Orient. Un recul américain renforcerait également le mythe du pouvoir du lobby juif aux Etats-Unis, ce qui pourrait provoquer directement une montée de l’antisémitisme dans le monde. Ainsi, il est essentiel pour le Président qu’Israël réponde au moins aux trois exigences d’Hillary Clinton. Il est d’ailleurs probable que sa position sortira renforcée de sa rencontre avec le Quartet, prévue aujourd’hui à Moscou.

2. Une recomposition du gouvernement israélien pourrait être une issue positive à la crise. Un gouvernement composé du Likoud (27 députés), de Kadima (28) et des travaillistes (13), avec au total 68 sièges, même avec quelques députés récalcitrants au Likoud ou au Kadima, pourrait en principe aller plus rapidement que la coalition actuelle. Avec Lieberman, le Shass, La Torah unifiée et Habayit HaYehudi dans l’opposition (il existe une possibilité que la Torah unifiée et ses 5 sièges restent dans la coalition), Netanyahou aurait bien plus de marge de manœuvre intérieure pour aller au processus de paix (s’il le veut, bien sûr). Il est possible que les Etats-Unis cherchent à faire avancer ce scénario, dans la coulisse, bien entendu. A ma connaissance, les Américains travaillent déjà à cette hypothèse.

3. Une troisième issue possible pourrait être l’ouverture d’un canal secret de négociations - mais seulement si Netanyahou est sérieux sur une possible avancée sur le processus de paix. En fait cela serait recommandé même si les pourparlers indirects devaient démarrer. Mais comment surmonter l’impasse. Ici, je proposerais l’idée que je présentais déjà il y a des mois : un processus imposé et non une négociation sur le processus. En d’autres termes, les Américains présenteraient un document, en public ou en secret, qui reprendrait le processus de négociations, les paramètres de ce dont parleraient les parties et le mécanisme des pourparlers (directs ou indirects, ou passage de pourparlers indirects à directs). Ces paramètres devraient inclure des déclarations comme : les négociations seront menées en vue d’un accord définitif entre Israël et l’OLP, sur la base d’accords précédents qui produiront la cessation complète du conflit israélo-palestinien et se fonderont sur la formule « deux Etats pour deux peuples ». Ces négociations conduiront à la création d’un Etat palestinien à côté d’Israël.

Sur le plan territorial, l’accord sera fondé sur la ligne Verte de l’armistice de 1949, avec des échanges de territoires sur le principe de 1 km2 pour 1 km2. Toutes les questions relatives à un accord final seront sur la table, dont Jérusalem, les frontières, les réfugiés, la sécurité, l’eau, les relations économiques, etc. Les Etats-Unis serviront de médiateur. Lorsque le médiateur le jugera nécessaire, il soumettra aux parties des propositions de conciliation. Les Etats-Unis s’engagent à ce que ces pourparlers débouchent sur une issue positive et considèrent cette issue positive comme l’un des objectifs politiques majeurs de l’administration Obama. La lettre d’invitation au premier round de ces pourparlers sera signée du président Obama lui-même. On verra bien si Netanyahou ou Abbas refusent de venir. (Il est essentiel que les Etats-Unis avertissent bien les parties des conséquences qu’aurait un refus).

4. Il y a également l’option Thomas Friedmann : laisser les parties mijoter dans leur jus. Il se pourrait bien que ce soit l’option préférée de l’administration Obama. Elle requiert un moindre effort, elle peut aussi se révéler la moins dommageable pour le prestige du président, mais c’est aussi l’option la plus dangereuse. Car il se développe, partout en Cisjordanie, une « Intifada blanche » de désobéissance civile massive et de confrontation directe avec l’occupation1. Il est très peu probable que cette nouvelle Intifada demeure non-violente, et il est plus que certain que l’armée y répondrait massivement par la force. Tout le projet du gouvernement de Salam Fayyad serait en danger et toutes ses réussites de ces deux dernières années s’évanouiraient du jour au lendemain. La droite israélienne monterait en puissance et les distances entre Israël et les Etats-Unis s’élargiraient encore.

5. Une autre option encore consisterait à soutenir plus fort qu’aujourd’hui le plan Fayyad et son gouvernement. Il existe des façons, pour les Etats-Unis, de soutenir Fayyad économiquement et politiquement. Cela enverrait un message très clair à Israël et au monde, et contribuerait à une avancée, même en l’absence de négociations. Les Etats-Unis pourraient exercer une pression sur Israël pour qu’il transfère davantage de zones C à l’Autorité palestinienne, et travailler avec le reste de la communauté internationale en préparant la Palestine à un Etat. Cela pourrait également avoir des conséquences internationales, comme un non-véto américain sur une résolution qui accorderait à la Palestine le statut de membre du Conseil de sécurité.

Pour les Etats-Unis, ne rien faire n’est pas une option. Il serait d’ailleurs avisé de le faire, quelle que soit l’option choisie, en collaboration avec tout le Quartet.

par Gershon Baskin

Gershon Baskin est le co-directeur israélien de l’IPCRI (Israel/Palestine Center for Research and Information. www.ipcri.org

  1. cf. http://www.lapaixmaintenant.org/art… []
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Algérie : journées d'études sur la laïcité et le féminisme

par le PLD
Parti pour la Laïcité et la Démocratie

Journées d’études et de réflexion: la laïcité, et laïcité et le féminisme

A l’occasion du 8 Mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, le PLD (Parti pour la laïcité et la Démocratie ) a organisé dans son siège les 5 et 6 Mars, deux journées d’étude et de réflexion consacrées aux 2 thèmes :

  • La laïcité, quels enjeux aujourd’hui ?
  • Femmes et laïcité

A cette occasion, M. Bernard TEPER de l’UFAL (Union des Familles Laïques) ainsi que Mme Soad BABA AISSA de l’IFE (Initiative féministe européenne) : ont animé ces journées en présence d’un public attentif et réactif. Les réflexions et débats de ces deux journées ont permis de définir les concepts et contribué à clarifier les enjeux.

A l’appui de faits historiques ayant conduit à la démocratisation des sociétés autrefois régies par le droit du plus fort puis le droit divin, il apparaît clairement qu’il ne peut y avoir de laïcité sans démocratie c’est-à-dire sans la séparation des pouvoirs, la sélection des compétences par les élections libres et la garantie des libertés.

La laïcité n’est possible qu’en République et ne se confond pas avec la tolérance. La rupture avec le théologico-politique permet aux citoyens d’agir indépendamment de leur appartenance à une communauté. «L’Etat laïque connaît toutes les communautés mais n’en reconnaît aucune ». Le droit à la différence ne doit pas aboutir à la différence des droits. C’est l’universalité des droits dont l’égalité homme/femme et la primauté du droit sur les us et coutumes.

La laïcité n’est pas l’athéisme .La liberté absolue de conscience est garantie à l’ensemble des citoyens. L’Etat laïque garantit la liberté des cultes mais n’en finance aucun et ne peut donc pas les instrumentaliser.

Aujourd’hui, face aux intégrismes les batailles ne sont pas seulement formelles .Elles doivent grâce aux alliances aboutir à des luttes concrètes tout azimut et sans hiérarchie. Par exemple :

  • opposer à la charité des communautés religieuses, la solidarité en sauvegardant les services publics.
  • séparer l’école et la santé de la sphère marchande pour ne pas subir les «vérités» politiques de l’Etat et des instances religieuses.

A la lumière de ces définitions et éclaircissements, les constats et inventaires sont édifiants.

En Algérie au nom de l’article 2 de la Constitution «l’islam est la religion de l’Etat », le code de la famille (de l’infamie !) n’a jamais été abrogé. Pourtant les luttes menées pour l’égalité depuis l’indépendance ont été nombreuses. En voici les moments les plus importants que Mme Baba Aïssa a rappelés dans son intervention :

  • Au lendemain de l’Indépendance, en 1964, un avant projet de code de la famille est à l’étude. Les commissions « sont priées » de ne pas perdre de vue que l’Islam est la religion de l’Etat.
  • en 1966, Fadéla Merabet, écrivaine et journaliste évente dans son livre : « Les Algériennes » l’avant projet du code qui circulait à Alger sous le manteau
  • entre 1968 et 1973, des projets de code sont évoqués. Ils restent sans lendemain face à la mobilisation de la société civile.
  • le 18 Mars 1980, le combat des femmes et notamment des étudiantes aboutit à l’annulation de la directive obligeant les femmes de fournir l’autorisation de leur tuteur pour quitter le territoire national.
  • en 1984, le FLN parti unique investi par les islamistes promulgue le code de la famille inspiré de la charia.
  • Après les événements d’octobre 1988, le pouvoir croit pouvoir contenir les islamistes. Au mépris de la constitution, il cède en en leur accordant le droit d’organiser des partis religieux. Le programme politique du FIS se résume à dicter la conduite des femmes qui deviennent sa principale cible.
  • en 1991, le système du vote des femmes par procuration est supprimé.
  • en 1995, le collectif Maghreb Egalité annonce cent propositions pour des lois civiles égalitaires
  • 2003, plusieurs associations font campagne pour l’abrogation du code de la famille
  • 2005, le code de la famille est amendé. Aujourd’hui, tous ces amendements n’ont rien changé .La polygamie a même augmenté !

Dans le monde, le combat des femmes est d’actualité aussi. En Pologne, les droits des femmes sont régulièrement remis en question par l’église catholique alliée au pouvoir en place. En France, les confusions idéologiques et les calculs électoralistes aboutissent aux actuels reculs et reniements de la laïcité.

Ces deux journées ont également permis de débattre et d’échanger sur de nombreuses questions dont :

  • la montée des intégrismes religieux qui prospèrent en dépit de la sécularisation grandissante des sociétés et ce souvent, grâce au financement par les Etats, d’associations intégristes qui sous couvert d’activités caritative, éducative ou culturelle font de l’endoctrinement et du recrutement politique.
  • Le combat pour la sécularisation de la société et la laïcité passera t-il en Algérie nécessairement par les étapes historiques que l’Europe a connues ? L’accès à l’information et les progrès de la communication vont-ils conforter les luttes pour la laïcité ou bien les freiner ?
  • Le combat pour l’indépendance politique de l’Algérie auquel ont participé les femmes n’a pas libéré pour autant les femmes. Les luttes socio-économiques d’ailleurs aussi. Force est de constater que les reculs en matière d’égalité sont encore plus importants que par le passé. Cette régression doit nous amener à changer de stratégie et de mettre en synergie les luttes socio-économiques et sociétales pour ne plus reléguer au second plan l’idéal laïque.
  • l’absence ou du moins le recul regrettable des démocrates dans le combat pour la laïcité en Algérie et dans le monde a également interpellé les personnes présentes. La cause essentielle en est la sous-estimation de la prise en charge des questions sociétales, du danger de l’intégrisme religieux qui est par essence un mouvement totalitaire et l’opportunisme politique de la mouvance démocratique.

Arrivées à terme, les journées de formation et de réflexion sur la laïcité se sont achevées sur le constat suivant : face à un monde globalisé, régi par l’idéologie néolibérale dite « consensus de Washington de 1979 », à la montée et alliances des intégrismes religieux à l’origine des conflits meurtriers dans les Balkans, en Inde, au Nigéria, en Irlande et partout dans le monde, le combat pour la laïcité, lié aux revendications économiques et sociales doit être un combat planétaire.

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Washington : des musulmanes protestent contre la séparation des sexes à la mosquée

WASHINGTON - Une poignée de femmes musulmanes ont risqué l’arrestation dimanche en voulant prier dans la salle principale utilisée par les hommes au Centre islamique de Washington, la grande mosquée de la capitale américaine dans le quartier des ambassades, a constaté l’AFP.“Nous voulons faire tomber les barrières et que les femmes soient autorisées à prier derrière les hommes dans la salle de prière principale”, affirme Fatima Thompson, une musulmane américaine convertie depuis 18 ans, qui a conduit l’initiative de ce groupe de femmes musulmanes progressistes.

“Nous sommes contre la ségrégation des sexes. Ce n’est pas sain et cela ne reflète pas notre société”, a-t-elle ajouté, entourée de cinq autres femmes. C’est la deuxième fois que ces musulmanes tentent de prier dans la salle principale de la mosquée de Washington. En février, elles avaient été une vingtaine.

Foulards sur la tête, le petit groupe est entré par la grande porte, traditionnellement utilisée par les hommes, et s’est installé à l’arrière de la salle, alors qu’une vingtaine d’hommes étaient présents à l’avant. A la mosquée de Washington, les femmes et les enfants doivent normalement rejoindre par une petite porte un recoin adjacent à la salle, caché derrière un paravent.

“Si vous êtes Noir dans ce pays, on ne vous dit pas d’aller vous asseoir dans un coin. Mais si vous êtes une femme, c’est permis”, a expliqué Asra Nomani, une musulmane féministe qui a déjà participé à des mouvements de ce genre aux Etats-Unis.

L’imam qui officie le week-end a interrompu au micro la prière “dans l’attente que la police vienne parce que des gens sont venus perturber la prière”, a-t-il déclaré. En quelques minutes, trois officiers de police sont intervenus pour évacuer les femmes. “Vous devez partir ou vous allez être arrêtées”, a déclaré un officier.

“En Indonésie d’où je viens, ça ne se passe pas comme ça. Les femmes peuvent prier dans la même salle que les hommes”, explique une des jeunes femmes, qui préfère taire son nom, en sanglots parce qu’elle se sent humiliée. “Nous ne verrons peut-être pas cela de notre vivant, mais nous faisons cela pour nos filles”, lui a soufflé une autre participante, Jannah Hannah, convertie à l’islam depuis 25 ans et déterminée à rééditer l’initiative.

Le groupe de femmes a obtempéré et continué sa prière sur le trottoir face aux grilles de la mosquée sous les yeux des policiers avant de se disperser sans incident.

Interrogé par l’AFP, l’imam, qui n’a pas souhaité dire son nom, a dénoncé “ces gens qui viennent ici et ne respectent pas la loi”.

“C’est dégoûtant !”, a éructé un homme en sortant de la mosquée. “Si elles sont musulmanes, elles doivent suivre les règles”. “Construisez votre propre mosquée !”, a dit un autre.
Après un bref échange à la sortie de la mosquée, un seul homme a laissé tomber: “ce sont les coutumes qui gèrent l’islam maintenant, ce n’est pas l’islam”, a déclaré Bachir Kardoussi, maître de conférence en religion comparée à l’Université de Constantine.

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Le « dessein intelligent » (1re partie) : l'argumentation

par Jean-Marie Blanc

La publication, en 1859, de l’œuvre majeure de Charles Darwin L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life) eut un succès immédiat dans le monde scientifique, auquel elle apportait une explication rationnelle du mécanisme de l’évolution des êtres vivants. En revanche, la réaction des diverses instances religieuses fut bien entendu hostile : Après une première attaque contre le dogme biblique provoquée par la théorie Copernicienne (la fin du géocentrisme) au XVIe siècle, la théorie de l’évolution représentait une menace plus grave encore, puisque mettant à mal un article fondamental de la foi, la création divine.

C’est aux Etats-Unis, que la réaction se manifesta le plus vivement, dès que la théorie darwinienne commença à être enseignée dans les écoles c’est à dire à partir des années 1920. Les Etats les plus conservateurs tentèrent d’abord d’interdire purement et simplement cet enseignement, mais en 1968, après diverses péripéties, la Cour Suprême des Etats-Unis invalida les lois antiévolutionnistes, au motif que l’interdiction d’un enseignement au nom d’une religion violait l’article de « non étatisation religieuse » (Establishment Clause) du 1er Amendement de la Constitution. Les créationnistes adoptèrent alors une nouvelle tactique : jeter le doute sur la validité de la théorie de l’évolution, et proposer le créationnisme biblique comme une théorie alternative qu’il serait nécessaire d’enseigner simultanément avec l’évolution, au nom du pluralisme idéologique. De nouvelles lois dans ce sens furent votées dans divers Etats, mais en 1987, la Cour Suprême les invalida à nouveau, toujours au nom de l’Establishment Clause, considérant que derrière l’argument du pluralisme se cachait en fait la promotion d’une doctrine religieuse particulière.

En dépit de cet échec au plan législatif, le créationnisme américain est resté vivace : d’après des sondages concordants, 40% des personnes interrogées affirment que l’Homme aurait été créé par Dieu sous sa forme actuelle, sans avoir subi aucune évolution ! Ce créationnisme, s’appuyant sur des organismes richement financés (Institute for Creation Research, Creation Research Society, etc.), pratique un lobbying actif et très efficace, tant dans la sphère politique qu’auprès des parents d’élèves. Ceux-ci sont en effet très influents dans les Conseils Scolaires (Boards of Education) qui, dans un système éducatif très décentralisé, déterminent les programmes au niveau local, via le choix des manuels scolaires.

Pour autant, cette nébuleuse créationniste ne forme pas un ensemble homogène. Les croyants les plus stricts, pratiquant une lecture littérale de la Bible, affirment que le monde a été créé en six jours, il y a moins de 10.000 ans, au prix d’une argumentation (Kent Hovind, Creation Science Evangelism) qui est difficilement soutenable. Pour d’autres exégètes, les « jours » de la Genèse seraient à interpréter comme de très longues périodes, ce qui lève en partie les objections géologiques. D’autres, enfin, acceptent au moins partiellement le principe de l’évolution, mais en la déclarant soumise à des interventions divines continues, ou encore seulement occasionnelles… Seul point commun, tous vénèrent le Dieu de la Bible.

C’est dans ce contexte que s’est développé, depuis une vingtaine d’années, le mouvement de l’Intelligent Design (dessein intelligent, ou conception intelligente), sous l’impulsion d’un organisme doté de gros moyens, le Centre pour le Renouveau Scientifique et Culturel (Center for the Renewal of Science and Culture), fondé par une puissante institution créationniste, le Discovery Institute.

1. Les arguments du « dessein intelligent »

Par rapport aux courants créationnistes antérieurs qui étaient ouvertement religieux, le mouvement de l’Intelligent Design se démarque en se présentant comme une démarche scientifique, indépendante de toute religion, et n’ayant d’autre but que de proposer une théorie alternative à la vision strictement naturaliste exprimée par le darwinisme, sans contester toutefois le principe d’évolution lui-même. Le concept fondamental de cette démarche est que « certains aspects de l’univers et des êtres vivants présentent les caractères spécifiques de produits résultant d’une conception intelligente, par opposition à un processus non dirigé tel que celui de la sélection naturelle » (The Discovery Institute). Mais de là à nommer le (ou les) auteur(s) de cette « conception intelligente », il y a un pas que les tenants de l’Intelligent Design se refusent à franchir.

L’argument selon lequel la complexité et les remarquables ajustements de la nature prouveraient l’intervention d’un créateur remonte aux philosophes Grecs (Héraclite, Platon, Aristote), plusieurs siècles avant notre ère. Dans la Chrétienté, cet argument fut repris notamment par Thomas d’Aquin (Summa Theologiae) au XIIIe siècle, et cinq siècles plus tard par le philosophe anglais William Paley (Natural Theology, 1802). C’est à ce dernier que l’on doit « l’analogie de l’horloger » : Si, sur un chemin de campagne, au milieu des cailloux qui en sont des éléments naturels, on trouve soudain une montre, on ne peut que conclure que cet objet, parce qu’il est fait d’éléments finement ajustés dans un but précis (et même si on en ignore l’usage), résulte, à la différence des cailloux, d’une conception intelligente. Il en est de même si l’on considère la complexité fonctionnelle et les ajustements précis caractéristiques des diverses adaptations des êtres vivants : il a fallu un « horloger ».

Un exemple souvent cité par les créationnistes et repris par les avocats de l’Intelligent Design est celui de l’œil humain, si parfaitement agencé, avec ses muscles, son iris, son cristallin, sa rétine et son nerf optique, qu’on imagine mal, intuitivement, qu’il puisse avoir résulté d’une série de petites mutations génétiques au hasard… il doit donc être le fruit d’une conception intelligente.

Sous un habillage scientifique, les arguments en faveur du dessein intelligent développés ci-après reprennent, en gros, cette analogie de l’horloger.

a. Une vie improbable

Un premier argument avancé est que les propriétés physicochimiques dont la combinaison a permis l’apparition de la vie sur terre, étaient, a priori, hautement improbables. On a par exemple montré que, si certaines constantes atomiques, telles que les forces de cohésion nucléaires ou encore les forces électromagnétiques entre électrons et protons, différaient de ce qu’elles sont, ne fut-ce que de quelques pour cent, les atomes et molécules constituant l’univers seraient radicalement différents et la vie que nous connaissons serait impossible. La conclusion de cet argument est que, pour permettre cette vie et la nôtre en particulier, un ajustement aussi précis n’a pu être fait que par une conception intelligente.

Second argument, les molécules intervenant dans les fonctions biologiques, l’ADN en particulier, présentent une « complexité structurée » (specified complexity) qui est la propriété caractéristique des produits d’une action intelligente. Cet argument a été développé par le mathématicien William A. Dembski (The Design Inference, 1998). Selon son raisonnement, des produits structurés mais simples (un cristal par exemple) résultent de l’action des lois physiques ; des produits complexes, mais sans architecture définie (par exemple l’arrangement des éléments d’une roche granitique) sont l’effet du hasard. Mais un objet à la fois complexe et de structure bien définie, tel qu’un texte poétique ou une séquence codante d’ADN, ne peut résulter ni d’une loi physique (parce que complexe) ni du hasard (parce que structuré), et ne peut donc qu’être le fruit d’une conception intelligente.

Sur la base de ce raisonnement et en utilisant la théorie de l’information, Dembski a proposé une formulation mathématique du degré de « complexité structurée » d’un objet en fonction inverse de la probabilité de son obtention par tirage au hasard de ses éléments. En dessous d’un certain seuil de probabilité, qu’il appelle « seuil universel », il considère la conception intelligente comme certaine.

b. Une complexité irréductible

Un autre argument de l’Intelligent Design s’attaque au fonctionnement de la sélection naturelle. Il est basé sur le concept de « complexité irréductible » (irreducible complexity), dû au biochimiste Michael J. Behe (Darwin’s black box, 1996). Selon lui, de nombreux organes ou systèmes vivants présentent une « complexité irréductible », c’est-à-dire qu’ils sont composés de plusieurs parties, toutes nécessaires au fonctionnement de l’ensemble, à l’image d’une tapette à souris, dont aucun élément ne peut être enlevé sans la mettre, ipso facto, hors service. A titre d’exemple, Behe cite le flagelle qui permet la motilité de certaines bactéries, et qui est constitué de nombreuses protéines ayant chacune leur fonction propre et indispensable à la bonne marche de l’ensemble.

Le raisonnement de Behe est alors le suivant : Comment imaginer qu’un tel système ait pu être mis au point par améliorations successives, comme le voudrait la théorie de l’évolution, sachant que tout système précurseur, donc incomplet, ne pouvait qu’être non fonctionnel, et par suite ne pouvait présenter aucun avantage ? Si en effet la sélection naturelle peut faire des choix entre des innovations plus ou moins efficaces, elle ne saurait en revanche favoriser une innovation qui, quel que soit son intérêt potentiel, n’a aucune utilité immédiate. La conclusion de ce raisonnement est analogue à celle des arguments précédents : puisque la « complexité irréductible » ne peut pas s’expliquer par l’effet du hasard et de la nécessité, elle démontre donc l’intervention d’une conception intelligente.

2. Les objections scientifiques

Les arguments avancés par les tenants du dessein intelligent ont fait l’objet de diverses critiques de la part des scientifiques. Ceux-ci font tout d’abord remarquer que l’analogie offre plus une technique didactique qu’un mode de raisonnement fiable. En particulier, l’analogie de l’horloger est trompeuse : la montre trouvée sur le chemin est interprétée intuitivement comme un artefact non seulement parce qu’elle diffère radicalement des cailloux qui l’entourent, mais aussi et surtout parce que, même si l’on n’a jamais vu une montre auparavant, on sait a priori qui a pu réaliser un tel artefact, à savoir l’être humain. Les créationnistes, eux, postulent un concepteur intelligent inconnu, ce qui n’est pas du tout la même chose. Plus précisément, en termes probabilistes, l’utilisation d’un événement pour valider une cause possible qui aurait rendu celui-ci plus probable (application du théorème de Bayes) implique qu’à cette cause puisse être affectée a priori une probabilité significative, ce qui n’est évidemment pas le cas en l’espèce. Cette lacune, à elle seule, suffit à invalider non seulement l’analogie proposée par William Paley, mais aussi l’ensemble des raisonnements tendant à « prouver » l’existence du créateur à partir de ses créatures supposées.

a. L’usage abusif des probabilités

Le fait que la vie sur terre soit dépendante de constantes physiques très particulières n’est nullement contesté par les scientifiques. Ce qu’ils contestent, c’est l’usage abusif, a posteriori, du calcul des probabilités. Même si la probabilité a priori qu’une planète donnée puisse héberger la vie telle que nous la connaissons est infime, il y a dans l’univers actuellement observable des millions d’étoiles avec leurs satellites, et nous ignorons ce qu’il y a au-delà. Nous ignorons aussi si d’autres formes de vie, radicalement différentes de la nôtre, peuvent exister ailleurs. Le fait est simplement qu’à l’instar des rescapés des grandes catastrophes, nous nous trouvons être, par définition, là où la vie était possible. Dans la ville de Saint-Pierre (Martinique) rasée par l’éruption explosive de la Montagne Pelée (8 mai 1902 : 28.000 morts), on retrouva un survivant : Suite à une rixe et en état d’ivresse, il avait été mis la veille au soir, et bien contre son gré, au seul endroit ayant pu offrir une protection suffisante : le cachot de la prison.

Les critiques précédentes relatives à l’usage inadéquat du concept de probabilité et du raisonnement Bayesien s’appliquent également, bien entendu, aux travaux mathématiques de Dembski sur la « complexité structurée ». Ces travaux supposent en outre qu’une séquence d’ADN, si elle est obtenue aléatoirement, implique le tirage au hasard de chaque « lettre » indépendamment des autres. Or ce qu’on sait actuellement de l’ADN (redondance considérable, duplication possible de très grandes séquences, voire de chromosomes entiers) laisse à penser que son évolution a dû se faire par bonds successifs plutôt que par une suite continue de petites mutations ponctuelles. Des simulations sur ordinateur ont montré que, dans ce cas, la probabilité d’obtention d’une séquence donnée, après un grand nombre de générations, pouvait être beaucoup plus importante que Dembski ne l’estime.

b. La complexité est réductible

L’argument de la « complexité irréductible » de Behe repose sur une autre hypothèse, non dite et non vérifiée, à savoir que la nécessité de tous les éléments d’un système pour son fonctionnement implique que sans cela il ne peut servir à rien. Or, cette hypothèse, même dans l’analogie simpliste de la tapette à souris, est fausse : enlevez les éléments qui maintiennent le piège ouvert, et certes il ne fonctionnera plus comme tel, mais il pourra toujours constituer une excellente pince à papiers ! En biologie, cela signifie que l’évolution fait du neuf avec du vieux en modifiant et en combinant des éléments redondants utilisés antérieurement pour d’autres fonctions. Certains éléments facultatifs d’un système peuvent alors devenir indispensables dans un autre. On a pu par exemple montrer que certaines protéines qui interviennent dans la coagulation du sang sont des versions modifiées de protéines du système digestif. Même dans le flagelle bactérien cité par Behe, il existe des groupes d’éléments qui, chez d’autres bactéries, font partie d’organites différents, permettant de secréter ou d’injecter des toxines. La complexité biologique, parce qu’elle est redondante, et de ce fait réductible.

Ces considérations s’étendent aux organes des animaux. On a en effet découvert que le fonctionnement de l’ensemble des gènes intervenant dans la formation de certaines parties du corps était contrôlé par des gènes particuliers, dits « homéoboîtes », agissant en quelque sorte comme des commandes de sous-programmes dans un logiciel d’ordinateur. La mutation de tels gènes peut donc produire des organes redondants (on a obtenu expérimentalement des drosophiles avec une paire d’ailes surnuméraire) susceptibles d’évoluer ultérieurement vers des fonctions innovantes.

c. La preuve par l’imperfection

Par quelle évolution est apparu l’œil des vertébrés ? Les tenants du dessein intelligent ont beau jeu de faire remarquer qu’il n’y en a pas de trace fossile… Mais cet œil peut nous permettre de leur poser, à notre tour, d’intéressantes questions :

- Comment se fait-il que des poissons cavernicoles, vivant dans le noir le plus total, possèdent des yeux ?… des yeux aveugles, certes, passablement dégénérés et parfois même cachés sous la peau, mais des yeux ? N’eût-il pas été plus rationnel, pour un « concepteur intelligent », de ne doter d’yeux que les êtres qui en avaient l’usage ?

- Et comment se fait-il que les neurones connectés aux cellules visuelles de la rétine soient placés en avant d’elles et non derrière ? De ce fait, les fibres du nerf optique, rassemblées en faisceau, doivent repasser à travers la rétine, au « point aveugle », pour rejoindre le cerveau. Imagine-t-on un « concepteur intelligent » créant un récepteur photoélectrique avec un câblage aussi stupidement disposé ?

En réalité, mieux que par les réussites de l’évolution, c’est par ses échecs qu’on en apporte la meilleure preuve. Et l’échec le plus grave réside sans doute dans ce monstrueux gâchis : les espèces apparues au cours de l’évolution ont, dans leur immense majorité, disparu sans laisser de descendance : « l’arbre de l’évolution » ressemble à ces vieux thuyas dont les rameaux verts, à l’extérieur, cachent au centre un amas de branches mortes. Est-ce-là une « conception intelligente » ?

(Article original : Science et religion : la thèse de l’Intelligent Design,

publié sur : http://www.brightsfrance.org, mars 2006)

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Protestation mondiale pour faire entendre raison à Amnistie Internationale

par Human Rights For All

Des gens du monde entier, parmi lesquels des militants bien connus des droits humains, des intellectuels et des groupes citoyens, ont soutenu une pétition mondiale exigeant d’Amnistie Internationale que l’organisation donne des éclaircissements publics et rende des comptes.

Le 7 février 2010, Gita Sahgal, Chef de l’Unité de Genre au Secrétariat International d’Amnistie Internationale à Londres, questionnait publiquement l’alliance problématique d’Amnisite Internationale avec Moazzam Begg et son organisation Prisonniers en Cage dont la position envers les Taliban est des plus ambigüe.

G.Sahgal soulevait une question de principe qui est fondamentale ‘quant à l’importance pour le mouvement des droits humains de garder une distance objective vis à vis de groupes et d’idées qui prônent la discrimination systématique’.

Ce principe ne remet nullement en cause ni ne contredit la campagne que mène Amnistie Internationale contre les violations des droits humains fondamentaux qui ont eu lieu à Guantanamo et ailleurs.

Au lieu de répondre à ces graves interrogations par une enquête / ou d’engager un débat démocratique – à la fois en interne et public, Amnestie Internationale a suspendu Gita Sahgal de ses fonctions et a publiquement confirmé son alliance avec Begg. Ceci constitue une compromission vis à vis de ses propres valeurs essentielles.

En réponse à la pétition, ainsi que dans ses déclarations publiques récentes, Amnistie Internationale a utilisé le concept de ‘djihad défensif’ pour justifier son soutien à Begg.
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Voir le texte complet de la Pétition Mondiale à Amnistie Internationale et la signer : Restaurer l’Intégrité des Droits Humains

Parmi les signataires connus figurent: Salman Rushdie, Michael Walzer; Amitav Ghosh; Malalai Joya, (Membre du Parlement Afghan, suspendue de ses fonctions pour avoir citiqué les seigneurs de la guerre).; Dr. Nawal El Sadaawi (Ecrivaine et ancienne détenue politique) Egypte.; Martha Nussbaum (Professeur de Droit, Université de Chicago; co-fondatrice de l’Association pour le Développement Humain et de ses Aptitudes avec Amartya Sen) USA.; Dr. Yakin Erturk (Ex- Rapporteure Spéciale auprès de l’ONU sur la Violence Contre les Femmes, et Membre du Bureau de l’ UNRISD). Turquie: I. A. Rehman et Iqbal Haidar (membres éminents de la Commission des Droits Humains du Pakistan); Farida Shaheed (Experte Indépendante auprès de l’ONU sur les Droits Culturels et Directrice du Centre de Recherche Shirkat Gah) Pakistan; Jodie Evans (militante pour l’environnement et membre fondatrice de CODEPINK, Femmes pour la Paix) US; Nayantara Sahgal (écrivaine et ex ambassadrice de l’Inde en Italie) Inde; Romila Thapar (Historienne de l’ Inde Ancienne) Inde; Madanjeet Singh (Ambassadeur de Bonne Volonté auprès de l’UNESCO et fondateur de la Fondation pour l’Asie du Sud); Ramachandra Guha (historien, tient une colonne régulière dans The Telegraph à Calcutta.) …