Chronique d'Evariste
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Retour sur l’élection présidentielle et enseignements pour l’avenir

par Évariste
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Pour la deuxième fois de la Ve République, un socialiste est élu président. Mais avec un total des voix de gauche de 43,76 %, alors qu’en 1988 cette même gauche faisait 49,12 %. L’écart n’est pas anodin.
L’abstention au premier tour est de 20,5 % alors qu’elle a été de 15,8 % en 1974, 18,9 % en 1981 et 18,6 % en 1988. De ce point de vue encore, l’écart n’est pas anodin. Pire encore, ce pourcentage monte à plus de 30 % dans la classe des employés et des ouvriers.
La classe des ouvriers et employés est totalement dispersée sur l’échiquier politique. Le premier contingent se réfugie dans l’abstention (plus de 30 %), le second vote extrême droite (moins de 30 %).

Géosociologie des territoires et sociologie du vote

Parce que les partis de gauche n’ont pas pris la mesure de la nouvelle géosociologie des territoires qui voit la classe des ouvriers et des employés en forte augmentation dans les zones rurales et périurbaines, en faible diminution dans les banlieues et en forte diminution dans les villes centres, le FN a surtout progressé dans les zones rurales et périurbaines. La faiblesse du discours républicain laïque et social de la gauche en général en est la cause. Pourtant, la lutte contre la fermeture des hôpitaux et maternités de proximité et des bureaux de poste a montré la voie. Il convient pour la gauche et particulièrement le Front de gauche d’être le fer de lance de la lutte contre la désertification en matière de services publics dans les zones rurales et périurbaines.
Le vote en faveur du FN est un vote de classe (d’un point de vue sociologique) sans conscience de classe. Ce sont les prolétaires les plus atomisés et les plus isolés (y compris d’un point de vue géographique en zones périurbaines et rurales) qui ont voté massivement pour Le Pen. On peut faire un parallèle entre l’analyse que faisait Marx de la classe paysanne et cette partie du prolétariat. Marx, dans Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte, décrivait les paysans comme « une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés », incapable d’agir collectivement comme une classe consciente de ses intérêts, donc impuissante et réduite à s’en remettre à un homme providentiel. C’est un peu l’état dans lequel se trouvent ces prolétaires, isolés face à leur patron, pris à la gorge par des crédits, relégués loin des centre villes, et dont l’abrutissement télévisuel fait souvent office de seul lien social avec l’extérieur.
Pour qui votent les sympathisants des syndicats ? Malgré une percée chez les salariés proches des syndicats, le FN séduit essentiellement des travailleurs hostiles ou indifférents aux syndicats. Le FN fait 12 % auprès des sympathisants des syndicats : 9 % parmi les proches de la CGT, mais 25 % parmi les proches de FO (qui regroupe essentiellement des ouvriers et employés, notamment des fonctionnaires de catégorie C).
Ce sont Hollande et Mélenchon qui font les meilleurs scores chez les travailleurs proches des syndicats : 43 % pour Hollande et 19 % pour Mélenchon. Sans surprise, Mélenchon fait ses meilleurs score chez les sympathisants de la CGT (39 %), de Solidaires (39 %) – où il fait presque jeu égal avec Hollande – et de la FSU (31 %), alors que Hollande fait ses meilleurs scores chez les sympathisants de la CFDT (56 %) et de l’UNSA (49 %).
Il est difficile de tirer des conclusions sur le vote Poutou, compte tenu du faible score et de la taille limitée des échantillons. Néanmoins, Poutou semble réaliser des scores nettement supérieurs à sa moyenne chez les proches de Solidaires (8 % ) et de FO (6 % ).

Le cœur de l’électorat de Hollande : les couches supérieures du salariat.

L’évolution de l’électorat du PS est très nette : en 1988, Mitterrand faisait un score supérieur à sa moyenne chez les ouvriers et employés. En 1995, Jospin faisait son score moyen chez les ouvriers et employés. Depuis, l’électorat ouvrier a décroché du vote PS :11 % en 2002 (merci Jospin, Aubry, Strauss-Kahn…), 21 % en 2007 et 2012, soit nettement moins que le score moyen du PS. En revanche, le PS réalise depuis 2002 ses meilleures performances chez les cadres (34 %) et les couches moyennes intermédiaires (35 %).
Il est donc totalement erroné d’affirmer, comme le fait le démographe Emmanuel Todd, que le PS a reconquis ou est en voie de reconquérir l’électorat populaire. Il est même frappant de constater à quel point l’immense rejet de Sarkozy dans les classes populaires n’a pas du tout profité au PS. Mais Todd, qui soutient Hollande tout en pourfendant l’euro et le libre-échange (comprenne qui pourra !), s’illusionne complètement en prédisant un « tournant de 1983 à l’envers », c’est-à-dire une rupture de Hollande avec l’Europe libérale pour pouvoir mettre en œuvre une véritable politique sociale au service des classes populaires.
Le cœur de l’électorat de Sarkozy : les vieux et les patrons. En 2007, le coeur de l’électorat de Sarkozy était déjà les patrons (grands et petits) et les retraités. Contrairement à une légende, la majorité des ouvriers (54 %) et des employés (51 %) avaient déjà voté contre Sarkozy au 2e tour de l’élection. Néanmoins, en 2012, si Sarkozy conserve un soutien important chez les patrons (74 % chez les patrons proches du Medef ou de la CGPME), les retraités, et les cadres, il baisse fortement chez les employés et ouvriers(18,5 %). Globalement, seuls 20 % des salariés actifs ont voté pour Sarkozy.
Vote Mélenchon : petite percée dans les classes populaires. Mélenchon a su percer dans les classes populaires (renouant en partie avec l’ancien électorat du PC) mais son électorat reste globalement assez bien réparti entre les différentes catégories sociales. Chez les ouvriers et employés, il mobilise environ 13,5 % de la classe votante.

Les couches populaires: leur dispersion

Comme le montre le livre de Patrick Lehingue1, alors que les employés constituent près de 30  % de la population active, ils ne sont que 1,3  % des députés. Les ouvriers qui comptent près de 25  % des actifs ne sont que 0,5 % des députés. A contrario, les couches moyennes supérieures représentent 15 % dans le pays et 83 % des députés (96 % pour l’UMP).
Et pendant ce temps-là, nos moralistes à la petite semaine ne voient que les discriminations que pour les ethnies, les religions et les femmes. Mais combien de fois la «  gauche sociétale » s’est-elle émue de la représentation des ouvriers et des employés alors qu’ils sont plus de 53 % de la population ?
Patrick Lehingue ajoute que «  pour la représentation des classes populaires, la France est revenue au niveau de 1885 »… A fortiori, bravo la gauche depuis 19812 !
Cet affaiblissement de la représentation populaire a été de pair avec la montée des professionnels de la politique. Les attachés parlementaires, les chefs de cabinet, les conseillers en communication, etc. représentent 14  % des députés – alors qu’ils sont évidemment 0,0001 % dans la population.
Patrick Lehingue précise auprès du journal Fakir : « D’autant que les instruments qui permettaient ces trajectoires ont été supprimés. Pour moi, le PC a perdu sa spécificité – et a accéléré son déclin – avec la fermeture des écoles du Parti, à l’époque de Robert Hue. C’était quoi, ces écoles ? C’était la possibilité, pour des ouvriers ayant arrêté leurs études, pour cause d’échec scolaire ou plus souvent parce que leurs parents ne pouvaient pas suivre financièrement, d’avoir une seconde chance, d’acquérir une culture politique, de manier l’argumentation, bref, de lutter à armes égales avec leurs adversaires, les classes dominantes. »

Voter, ça ne sert à rien ?

Là, vient se surimposer l’impact des médias et la nature de la démocratie.
Les couches populaires souffrent du fait que nous sommes de moins en moins en démocratie et de plus en plus dans un régime représentatif. Le débat qui faisait rage lors de la Révolution française est comme assoupi aujourd’hui. Sieyès déclarait qu’il fallait un gouvernement représentatif tout en combattant la démocratie. Aujourd’hui, c’est Sieyès qui a gagné. Une fois élus, les représentants n’ont que faire de ce que pense le peuple. C’est bien pourquoi la plupart des hommes et femmes politiques se moquent de la sous-représentation des couches populaires. Ce qui leur importe est le gouvernement représentatif à la Sieyès et l’alternance vers un autre gouvernement représentatif. C’est pourquoi, si la gauche veut reconquérir les couches populaires, il importe de remplacer le gouvernement représentatif par la démocratie. Pas la démocratie directe de Rousseau, dont lui-même admettait l’impossibilité sur de grandes entités, mais la démocratie du peuple où celui-ci peut intervenir, y compris après l’élection des élus (c’est ce qu’esquissait Condorcet). Pourquoi pas le référendum d’initiative populaire ou la possibilité de révoquer les élus à mi-mandat comme au Venezuela ?
Ecoutons encore Patrick Lehingue dans son interview à Fakir « Quant aux médias, la seule question qui vaille pour eux, c’est « qui va gagner ? », « qui sera en tête à l’issue du premier tour ? », « qui sera le troisième homme » (ou femme…) ? La véritable politique (la discussion sur les bilans, les promesses – tenues ou pas – , la vision du monde que l’on désire, les programmes et propositions pour s’en approcher, la hiérarchie des questions les plus importants à résoudre…) cède le pas au spectacle d’une course de chevaux. Le jeu l’emporte sur les enjeux. »
N’oublions pas aussi qu’il y a d’après l’INSEE 10 % de la population non inscrite sur les listes :16 % des chômeurs, 16 % des emplois précaires font partie de cette catégorie. Autant nous sommes contre le vote obligatoire, autant nous pouvons estimer que tout le monde devrait être sur les listes. Ne serait-ce que pour avoir le vrai chiffre de l’abstention.

À gauche : comment retrouver le peuple ?

D’abord, « ça n’a jamais été naturel et acquis que les ouvriers votent pour des représentants du mouvement ouvrier. Ça supposait tout un travail syndical, politique, de mobilisation de l’usine jusqu’au domicile. Or, on a assisté, non pas à une disparition, mais à une dispersion des classes populaires. Une dispersion du travail, avec la casse des grandes entreprises, mais aussi une dispersion géographique ». Dans « les corons miniers de ma petite enfance, les gens vivent là où ils travaillent. Il y a une continuité de l’existence, qui rend le travail politique plus simple : pour les mineurs, ne pas voter pour ces gens-là, qui sont au milieu d’eux, qu’ils fréquentent au bistro, à la ducasse, c’est trahir le groupe auquel ils appartiennent tous les jours avec quand même un travail d’encadrement sur le terrain qui, de fait, n’existe plus… Combien reste-t-il de sections locales ? dans les entreprises ? travaillant dans des quartiers populaires ? » (Aujourd’hui, en France, le taux de syndicalisation avoisine les 6 % . Dans le privé, pour les deux tiers des entreprises, il n’y a rien du tout…)

  1. Le vote : Approches sociologiques de l’institution et des comportements []
  2. Rappelons qu’à la Libération, les couches populaires obtenaient 20 % des sièges. Le Parti communiste fait élire à ce moment-là 50 ouvriers sur ses 65 députés. Puis, on stagne aux alentours de 10  % dans les années 60, 70, et à partir des années 80 cette représentation populaire disparaît. « A cause, évidemment, de l’affaiblissement du PC, mais aussi parce que le PS connaît un déracinement populaire ». []
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Syriza, la conscience de la Grèce

par ReSPUBLICA

 

Après la percée de Syriza, la coalition de la gauche radicale, aux dernières élections législatives grecques (voir notre analyse sur les résultats des élections en Grèce), nous voilà repartis comme prévu pour de nouvelles élections en juin 2012. Nous avons montré dans cet autre article que la gauche de gauche (celle qui est en rupture avec les politiques néolibérales, c’est-à-dire Syriza et KKE) pouvait déjà « empocher » le bonus de 50 députés donné à celui arrivé en tête de la consultation, à la place de la droite néolibérale (ND, Nouvelle démocratie), soit un écart de 100 députés entre les deux lignes contradictoires au profit de la gauche de gauche. Mais le KKE (parti communiste néo-stalinien), qui ne veut s’allier avec personne, a permis que ce bonus aille à la droite néolibérale. Il reste donc au peuple grec à donner à Syriza les 3 % supplémentaires lui permettant d’« empocher » seule le bonus du premier parti. Ce n’est pas insurmontable.
Aujourd’hui, à Respublica, nous sommes tous des Grecs soutenant Syriza ! C’est aujourd’hui, sur le plan politique, la pointe avancée de la gauche de gauche en Europe. Mais honte au KKE, ce parti qui ne veut débattre avec personne ! Comme l’a fait le PCUS dans les années 20, il préfère favoriser la droite au pouvoir que de participer à une alliance de la gauche de gauche. Sur son site, il qualifie Syriza de gauche opportuniste alors que ce collectif a une position de rupture envers les politiques néolibérales de droite et de gauche. Le KKE, comme certains groupuscules en France, considère qu’il peut seul conduire à la victoire et ne discutera donc pas avec Syriza qui affirme qu’on ne peut sortir de l’euro demain matin sans le rapport des forces nécessaire.
Sur la question de la sortie de l’euro, le KKE, comme certains groupuscules en France, crée une prééminence alors que l’alternative ne peut être que globale, sans prééminence. D’autant que la sortie à froid de l’euro, outre qu’elle demande un rapport des forces impossible actuellement, aurait des conséquences immédiates pour le peuple difficille qu’un gouvernement de gauche de gauche pourrait dificilement assumer. Cette solution est un mirage, mais le statu quo est une impasse.
Devant la réalité de la construction européenne, il n’y a pas d’autre solution que d’avancer avec un modèle politique et culturel alternatif et global en engageant au sein de la zone euro (et non en dehors) une ligne gauche de gauche opposée aux néolibéraux de droite comme de gauche. Cette stratégie doit être multiforme et, notamment, pratiquer des formes de désobéissance : d’une part menacer de refuser de voter des décisions qui demandent l’unanimité des Etats et d’autre part faire adopter par le parlement national une loi organique (ou une modification de la Constitution) qui déclare les décisions nationales supérieures dans la hiérarchie des normes aux décisions de l’Union européenne. Cela permettrait permettrait que l’Etat puisse donner des directives à sa banque centrale, par exemple de financer la bonne dette de son Etat à un taux inférieur à 1 % au lieu de financer les banques privées à but lucratif pour les actionnaires.
Revenons à Syriza. Cette force politique de la gauche de gauche non seulement à une ligne anticapitaliste intransigeante contre les politiques d’austérité, mais compte en plus rompre avec la dépossession des citoyens et des salariés que le modèle politique néolibéral a organisé. Il faut bien sûr comprendre que le capitalisme n’est pas seulement lié à l’exploitation salariale mais aussi aux formes de domination qui organisent la dépossession des citoyens et des salariés par la privatisation, le recul des droits sociaux, la marchandisation de la nature, la fiscalité antiredistributive et les « cadeaux » qui l’accompagnent, la prolétarisation de masse, l’absence de liaison avec les mouvements laïques, féministes, antiracistes, etc. C’est parce qu’il faut articuler la lutte contre l’exploitation mais aussi contre les phénomènes de domination et de dépossession que le modèle politique de la république sociale est crédible. Comme l’ont dit récemment Cédric Durand (Paris XIII) et Razmig Keucheyan (Paris 4) « nul axe ne peut être subordonné à un autre et tous participent de la résistance à la logique du système. La construction d’un projet politique commun suppose de penser l’articulation de ces combats. »
Alors que pour la presse people et les “bobos” des couches moyennes supérieures, la seule actualité grecque est l’entrée des néonazis dans le Parlement grec, nous disons ici que le meilleur antidote à la droite et à l’extrême droite, c’est le développement de la gauche de gauche en lieu et place des partis néolibéraux de droite et de gauche. Car on ne traite pas un problème sans agir sur ses causes. Laissons la presse people et les “bobos” des couches moyennes supérieures déclarer qu’ils vont s’attaquer aux conséquences. Nous, nous appelons à agir sur les causes de la triple crise et de la poussée d’extrême droite. C’est facile, ce sont les mêmes!
Vive Syriza, vive la révolution citoyenne et républicaine, pour l’alliance des couches populaires et des couches moyennes intermédiaires !

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La « faute à la crise »

par Edith Bottineau-Fuchs
Edith Bottineau-Fuchs est professeur de philosophie (en classes terminales, hypokhagne et khagne) et enseignante bénévole à "l'Ecole à l'Hôpital" - occasionnellement à la prison de Fresnes.

Source de l'article

 

Tu l’as voulu, George Dandin : c’est un économiste, Christian Arnsberger, qui le dit (Libération 19-03-2012 p. 24) . « L’actuelle architecture monétaire et financière […] est en tout point responsable de la crise qui nous frappe » et il précise que « les excès de l’obligation de croissance », inscrits dans cette organisation ont suscité de tels effondrements que la seule issue pour faire revenir la croissance paraît consister en une « brutale décroissance maquillée en cure d’austérité ».

On voit bien que le remède, s’il ne tue pas le malade, s’efforce de réitérer ce qui, justement, a fini par provoquer la dénommée « crise ». Or, cet économiste, bienheureusement critique, pense que la crise financière présente masque la vraie crise, qui serait en vérité une « crise du sens », dont « souffrirait depuis longtemps notre système économique ».
Il y aurait donc « crise » et « crise », et celle que tous évoquent ne serait pas celle qu’on croit. Il n’est dès lors peut-être pas inutile de rappeler de quoi on parle quand on parle de « crise » et comment on en parle.

Le terme de crise est censé détenir une aveuglante évidence, alors que, loin de désigner une notion simple, il ne cesse de faire jouer, dans ses usages récents, une analogie médicale. De même que, par exemple, la crise d’asthme requiert une urgente intervention, puis ensuite surveillance et traitement dit « de fond », de même ladite « crise financière » appelle deux types de remède : une mise à disposition immédiate de liquidités pour que soit honoré l’échéancier du remboursement des emprunts, puis le long terme de l’ « austérité » exigée par les prêteurs. Au traitement de fond des médecins fait écho la prise en compte par les politiques des défaillances dites « systémiques ».
L’analogie du remède à la maladie se trouve confortée et relayée par une autre qui, cette fois, emprunte à la vie spirituelle : « la » crise dont les politiques parlent avec le souci « responsable » de s’y attaquer, évoque une crise spirituelle, comme on parle par exemple d’une crise de la foi, et cette crise que la cure d’austérité doit surmonter permettra aussi, et par là même, une régénération générale.
Voilà donc ressuscité le parallélisme de la médecine avec la politique : économie et finance auraient plongé les sociétés dans la crise-de-la-dette ; la politique, quant à elle, serait chargée du remède.
Si l’analogie médicale joue pleinement dans les usages récents du terme de crise, ne faut-il pas souligner combien la représentation implicite de l’art médical qui y œuvre en sous- main relève d’un objectivisme fort rudimentaire ?

En effet, si on raisonne comme si l’ « architecture économique et financière » relevait d’un état de fait quasi naturel, n’est- ce pas parce qu’on imagine que l’organisme, sa complexion, sa situation seraient à envisager comme autant de données de fait ? De même que la médecine chercherait à modifier un « état de choses » connaissable scientifiquement - de même la politique de son côté, tenterait de porter secours à un « effondrement », une « épidémie », un « choc » économico-financier présent, connaissable objectivement. Or, en quoi consiste, croit-on, l’objectivité ? en la capacité d’évaluation chiffrée ! Il serait admirablement sérieux de produire statistiques, courbes et graphiques divers, en s’abstenant le plus souvent,de préciser en vue de quoi, par quelle méthode et quels présupposés de cette méthode, par quel calcul d’erreurs enfin, tout cela est établi.
En d’autres termes, ne peut-on déceler dans la présente litanie de la « crise » un tour de prestidigitateur qui entrecroise plusieurs types de croyances ?

Au premier rang semble-t-il, se trouve la croyance que « la » dette, brusquement, serait devenue une plaie brûlante.
Faut-il rappeler que Kant par exemple, évoque l’endettement sans fin des Etats, non au juste pour s’en effrayer, mais parce que cet endettement est dû aux dépenses militaires, lesquelles se font au détriment de ce qu’il conviendrait de consacrer à l’instruction et à la lente formation des populations ?
Faut-il souligner que le montant de l’endettement est régulièrement jeté à la tête comme un absolu, sans que soient évoquées, en regard, les richesses publiques disponibles, ni celles qu’on peut raisonnablement prévoir ?
« La » dette s’offrirait ainsi à notre entendement avec l’évidence du Mont Blanc à Monsieur Perrichon. N’a-t-on pas entendu, récemment, un responsable de l’administration scolaire renvoyer chez eux les parents d’enfants d’une école maternelle, vouée à la fermeture, en leur disant que leurs enfants devaient bien commencer à payer la dette ? Qu’une telle extravagance soit proférée par immoralité ou par sotte conviction, les deux cas supposent installée l’évidence qu’il y a une dette terrible, de sorte qu’il incomberait à chacun de « faire des sacrifices », comme on dit.

Outre que « la » dette serait une donnée de fait, à saisir sur le mode du « il y a », joue encore, nous l’avons suggéré, la croyance que les évaluations chiffrées de celle-ci, seraient, à elles seules, parole d’Evangile. En ce point, il suffit de rappeler les mises en garde de Bachelard,  autant que les analyses de Husserl. Le naturalisme objectiviste que Husserl dénonce, par exemple dans la Conférence de 1935, n’est-il pas toujours de nouveau le terreau dont se nourrit l’illusion que la configuration économique et financière constitue un donné de fait, sans résulter de décisions et de pratiques multiples ? A ce titre serait profondément fautive la philosophie spontanée de la majorité d’entre nous, comme celle de la majorité des économistes qui exposent publiquement leur diagnostic, soit qu’ils croient au caractère scientifique de leur objectivisme, soit que, n’y croyant pas, ils imaginent que la popularisation d’une connaissance exige qu’elle soit défigurée dans le sens des préjugés qu’on suppose être ceux de la plupart des contemporains.

Enfin, la prétendue scission entre économie et finance d’un côté, politique de l’autre, revient vraiment à faire prendre les vessies pour des lanternes. Car enfin, la spéculation financière « mondialisée », et ce qu’on baptise si exquisement « économie virtuelle », ne furent-elles pas autorisées, encouragées et choyées par des politiques délibérées, et fières d’entrer ainsi dans la pleine modernité ? Inversement, « le » marché global, et les politiques bancaires ne pèsent-ils pas sur les politiques nationales et les relations de compétition générale qu’ils entretiennent ? Si le terme d’économie politique a disparu des vocables publics, c’est que cette éclipse permet de faire avaler la conviction qu’à l’économie et la finance toutes puissantes ferait face l’impuissance de la politique, comme si les politiques n’étaient pas nommément les architectes de l’ « architecture économique et financière » évoquée par l’économiste « critique » cité ci-dessus, et comme si, inversement, entrepreneurs et banquiers en tout genre ne pesaient pas sur les orientations et décisions politiques .

Tu l’as voulu, George Dandin ! la situation que tu as lentement façonnée, tu l’appelles à tout bout de champ une « crise » pour faire peur et insuffler à ceux que tu baptises « chacun » la croyance coupable qu’il devra désormais « payer ». Les dirigeants politiques revêtent la sévérité de la fourmi, pour nous enjoindre de « danser » sans vivres, maintenant que la bise est venue…

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Poussée de la gauche de transformation sociale et de l'extrême droite en Grèce

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Les élections législatives grecques ont donné les résultats suivants :

  • Extrême droite néonazie - Aube dorée - 7 % - 21 sièges
  • Droite néolibérale - Nouvelle démocratie - 18,9 % - 108 sièges
  • Droite anti-austérité - Grecs indépendants - 10,6 % - 33 sièges
  • Gauche néolibérale - PASOK - 13,2 % - 41 sièges
  • Gauche démocratique (scission de droite de Syrisa) - 6,1 % - 19 sièges
  • Coalition de la Gauche radicale- SYRIZA- 16,8 % — 52 sieges
  • 

Parti communiste anti-unitaire - KKE - 8,5 % — 26 sieges

COMMENT FONCTIONNE LE MODE ÉLECTORAL GREC POUR LES LÉGISLATIVES

Pour comprendre ce tableau, il faut comprendre le mode électoral grec pour les législatives.
Depuis 2004, c’est un système mixte, basé sur le scrutin proportionnel avec une dose de scrutins majoritaires (loi « Skandalidis », du nom du député socialiste qui en est l’inspirateur).
Le but de ce mode de scrutin est que le Parlement exprime la diversité des opinions tout en renforçant le parti arrivé en tête pour faciliter la formation d’une majorité parlementaire.
Pour qu’un parti grec entre au Parlement, il doit recueillir 3 % des voix.
Sur les 300 sièges du Parlement, 250 sont attribués à la proportionnelle calculée en ne prenant en compte que les partis ayant dépassé 3 %.
Les 50 sièges restants sont attribués au parti ayant obtenu le plus de voix, quel qu’ait été le pourcentage obtenu.

Pour qu’un parti politique grec puisse devenir majoritaire, c’est-à-dire obtenir au moins 151 députés sur 300 au Parlement, il doit donc obtenir 40,4 % du total des voix des partis ayant dépassé 3 %.
Par conséquent, plus le pourcentage total des partis ayant obtenu moins de 3 % est grand, moins le parti arrivé en tête a besoin d’un score important pour avoir la majorité absolue au Parlement.
Un exemple : si le pourcentage total de tous les partis à moins de 3 % est de 3 %, la proportionnelle se calcule sur la base des 97 % restants, ce qui signifie qu’un parti voulant gouverner seul doit atteindre : 97×40,4 %= 39,18 % soit environ 39,2 %. Si le pourcentage total de tous les partis à moins de 3 % est de 5 %, la proportionnelle se calcule sur la base des 95 % restants, ce qui signifie qu’un parti voulant gouverner seul doit atteindre : 95×40,4 %= 38,38 % soit environ 38,4 %.

ANALYSE

Le premier commentaire est de déplorer le caractère anti-unitaire du KKE qui aurait permis avec une alliance Syrisa-KKE qui aurait alors pris les 50 postes supplémentaires qui auraient été enlevés à la droite néolibérale. La gauche aurait alors été majoritaire avec l’équivalent du Front de Gauche en groupe majoritaire dans la majorité de gauche.

La coalition de la gauche radicale SYRIZA arrive première dans toutes les grandes villes et pour les moins de 55 ans. Le PC recule dans ses bastions populaires. Les néonazis sont partout présents et font une grande percée dans les villes. Le PASOK est désormais absent des grandes villes. Les enquêtes montrent que SYRIZA doit son succès à sa promesse d’essayer de former un gouvernement de gauche annulant les Memoranda (politique d’austérité) et en ne payant pas la dette illégitime.

Nous voyons donc se déployer notre analyse à savoir que l’approfondissement de la crise entraîne une poussée de la gauche anti-libérale et de l’extrême droite. Il est donc nécessaire d’étudier avec sérieux les conditions de la transformation sociale et politique que nous avons déployées dans nos deux derniers éditoriaux.

Histoire
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Appel : Nous voulons une réhabilitation des communards !

par ReSPUBLICA

 

Nous relayons cet appel qui demande la réhabilitation des communards. Vous pouvez retrouver cet appel sur ce site internet : http://www.commune1871.org/. NDLR

Appel commun pour le mur des Fédérés

Mur des fédérés 2012, Un souffle d’espoir

En ce 141ème anniversaire de la Commune de Paris de 1871, nous revendiquons plus que jamais la nécessité de la réhabilitation de la Commune et des communards ! Mais comment les réhabiliter mieux que par la mise en œuvre des mesures démocratiques et sociales pour lesquelles ils ont combattu.

Rétablir dans leurs droits les communards, c’est donner un sens à leur combat pour une société plus juste. C’est aussi un engagement à faire connaitre ce moment de l’histoire où pour la première et seule fois dans notre pays, le pouvoir fut exercé par le peuple et pour le peuple. En agissant pour la réhabilitation des communards nous faisons connaitre la modernité de la commune et nous voulons son enseignement à l’école.

De la révolution de 1789, au Front populaire en 1936 à mai 1968, en passant par la Libération de 1945, c’est un souffle vital qui parcourt notre société aujourd’hui. Il a pour ossature la volonté d’un autre monde bâti sur des idéaux d’égalité, de respect, de fraternité, de justice sociale. Et si l’on s’attaque aux acquis, ce ne sont pas à ceux des pauvres, des mal payés ou des précaires qu’il faut s’attaquer, mais bien à ceux du capital. Nobles hier, haute bourgeoisie d’aujourd’hui, rapports sociaux liés au servage ou aliénation par l’endettement, l’élan populaire s’attaque aux formes de domination d’une classe sur toute la population. Nous nous heurtons à la domination du capital, au mur de l’exploitation par une minorité de nantis. Face à cette histoire aseptisée par les bien pensants du système dominant, nous menons un combat où l’on gagnera à faire reconnaître la place « des gueux », des communards de Paris. Nous savons tous que rien n’est gagné d’avance. Chanter que « La Commune n’est pas morte » n’est pas un effet de style, c’est une réalité. Les 72 jours de combat de ces hommes et des ces femmes n’ont pas été anéantis par la répression terrible de la semaine sanglante. Il faut être aveugle pour ne pas voir que beaucoup de leurs revendications ont été reprises, mises en pratique parfois grâce aux luttes populaires ou incorporées à l’idéal commun. Avec la commune de Paris, les communards avaient reconnu la citoyenneté des étrangers, l’égalité homme-femme. Ils avaient brulé la guillotine, réquisitionné des logements vacants pour les sans abris, déclaré la séparation de l’Eglise et de l’Etat, réorganisé les services public en faisant participer les salariés à leur gestion. En partageant le pouvoir avec les associations ils ont su donner corps à la démocratie. Mais notre volonté est persévérante car nous voulons ensemble construire le présent.

Réhabiliter les communards c’est travailler à ce que cet élan vital qui parcourt notre société avance encore plus vers son but : bâtir une société démocratique et faire qu’unis nous soyons assez nombreux et assez forts pour y parvenir ! Nous voulons ensemble construire le présent.

Premiers signataires de l’appel

- Association des Libres penseurs de France (ADLPF)
- Association Action
- Syndicat CGT des retraités PTT des Bureaux gares et ambulants
- CER SNCF Normandie
- UD CGT - FO de Paris
- Mouvement des jeunes communistes de Paris
- Parti Communiste Français
- PCF PARIS 20ème
- Rassemblement des Cercles Communistes
- Cercle Communiste de Région Parisienne
- Section de Paris 20e du Nouveau Parti Anticapitaliste
- Association National des Partisans Italiens (ANPI)
- Comité Valmy
- Section PCF Paris XI ème
- Pôle Renaissance Communiste en France
- Union Régionale CGT Ile de France
- Lutte ouvrière
- Rouges Vifs Île de France
- MRAP
- Section PCF Paris 19
- Section PS du 11e arrondissement
- Section PS “Commune de Paris” de Paris 20e
- Syndicat Général du Livre et de la Communication Ecrite
- Comité d’Entreprise Régional SNCF Paris Est
- Section CGT cheminots de Paris Est
- Section CGT cheminots de Paris Nord
- Info’com CGT
- Institut d’histoire sociale CGT PTT
- République et socialisme
- FSU
- Association Louise Michel
- Parti de Gauche
- Parti de Gauche Paris
- Parti de Gauche Paris 11
- Parti de Gauche Paris 20
- Union des familles laïques (UFAL)
- Fédération de Paris de la Ligue des droits de l’homme
- RESISTANCE SOCIALE
- Association pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité des chômeurs et des travailleurs précaires (APEIS) - National
- Association pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité des chômeurs et des travailleurs précaires (APEIS) - Paris
- Parti de Gauche Paris 19

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Avec Catherine Kintzler, quand la musique peut construire une pièce de théâtre

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Pour nous, républicains de gauche, Catherine Kintzler, reste rivée sur le fleuron de la laïcité qu’est son livre « Qu’est que la laïcité ? » aux Éditions Vrin qui est l’essai le plus abouti de toute la recherche sur ce principe républicain. Mais c’est oublier que Catherine Kintzler est également une spécialiste de l’esthétique qui a sur ce point « commis » plusieurs ouvrages. D’abord celui sur Rameau qu’elle m’avait offert et que j’ai dévoré ou encore, avec deux CD, « La France classique et l’Opéra… ou la vraisemblance merveilleuse ». Un ravissement musical.

Mais là n’est pas mon propos, spécialiste des titres longs, elle vient de commettre une pièce de théâtre toute dévouée à la musique. Cette pièce est intitulée, retenez votre souffle, « La musique : du “corps sonore” au”signe passionné”, entretien imaginaire entre Jean-Jacques Rousseau et d’Alembert ». Voilà une nouvelle façon d’écrire que de faire des entretiens imaginaires ! Henri Pena-Ruiz ne vient-il pas de commettre un livre sur un entretien censé avoir eu lieu en 1882 avec Karl Marx ?

Cette pièce, qui s’inscrit dans les spectacles du 300e anniversaire de la naissance de Rousseau, que j’ai vu à Méru (60) ce 12 mai 2012 est organisé principalement autour d’œuvres musicales magnifiquement interprétées par l’orchestre de l’Oise sous la direction de Thierry Pelicant et de la soprano Catherine Manandaza et du ténor Daniel Galvez-Vallejo.

Prééminence de la mélodie ou de l’harmonie ?

Cette pièce, comme son long titre le précise est un entretien imaginaire entre deux intellectuels ayant travaillé pour « l’Encyclopédie ». Mais bien sûr, le spectre et la voix de Rameau (ce génie musical malheureusement trop polémiste) interviennent dans la pièce. Le fil rouge de cette pièce est un débat sur la nature de la musique. Pour comprendre le débat, partons sur l’analyse de Rousseau  qui distingue dans toute musique « la mélodie ou le chant, l’harmonie ou l’accompagnement, le mouvement et la mesure ». Il faut savoir que Rousseau s’éprend de la musique bien avant sa célébrité pour ses œuvres philosophiques et littéraires. À partir de là, le débat musical s’organise pour défendre la « vraie » nature de la musique. Est-ce la prééminence de la mélodie (Rousseau) ou celle de l’harmonie (Rameau) qui doit prévaloir ? Avant d’en parler, écoutant Emmanuel Kant qui eut un propos fort « Le propre des écrivains français est de toujours préférer à l’humble vérité le trait d’esprit et la brillance du paradoxe ».

Ouvrons une parenthèse. J’ajouterais humblement que pour paraphraser de façon analogique le grand intellectuel allemand, nous pouvons constater une des raisons des impasses théoriques en politique française dans l’engouement de ces militants français « coupés du peuple », à la prééminence (que j’appelais d’un mot nouveau « surplombance » avant d’utiliser à sa place un vrai mot, m’a-t-on dit, « prééminence ») d’un combat sur les autres alors que le peuple, lui, souhaite la globalisation des combats et qu’il refuse de se mobiliser massivement sans celle-ci. Fermer la parenthèse.

Et pour apporter des arguments au spectateur, la pièce fournie à ce dernier, différentes œuvres françaises et italiennes répondant à chaque prééminence. Rousseau faisant appel aux œuvres italiennes, Rameau aux Françaises. La pièce se termine par le refus du choix entre ces prééminences par le « sage » d’Alembert.

En fait, nous assistons au conflit entre « les Indes galantes » (Rameau) contre les « Muses galantes » (Rousseau), Pergolèse et Vivaldi étant appelés à la rescousse. Il aurait été intéressant de continuer ce débat au 19e siècle où nous pouvons prendre le risque de dire que Rousseau anticipa la musique romantique du 19e siècle alors que Rameau reste un génie inconnu  pour les français comme le sont Condorcet, Galois et consorts.