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Nos tâches au lendemain du deuxième tour de la présidentielle de 2022

Photo évoquant le mythe de Sisyphe, un homme faisant rouler un rocher sur un pente

Photo évoquant le mythe de Sisyphe, un homme faisant rouler un rocher sur un pente

En 2002, le FN est battu au deuxième tour par le candidat du mouvement réformateur néolibéral par 82,21 % contre 17,79 %. En 2017, le RN est battu par le candidat du mouvement réformateur néolibéral au deuxième tour par 66,10 % contre 33,90 %. En 2022, le RN est battu par le candidat du mouvement réformateur néolibéral par 58,80 % contre 41,20 %.

En fait, même si nous ne pouvons pas « faire bouillir les marmites de l’avenir », force est de constater que le développement du mouvement réformateur néolibéral « fabrique » la montée de l’extrême droite national-populiste. La stratégie de la gauche « bourgeoise » est d’accepter de maintenir ou d’amplifier le partage de la valeur ajoutée en défaveur des salaires en faveur du capital et même d’aller au-devant des exigences des oligarques de la finance.

Ainsi cette stratégie qui consiste à appeler tous les 5 ans « pour éviter le pire » à l’élection du candidat néolibéral ne pourra pas se perpétuer indéfiniment.

Ainsi cette stratégie qui consiste à appeler tous les 5 ans « pour éviter le pire » à l’élection du candidat néolibéral ne pourra pas se perpétuer indéfiniment car elle ne fait que retarder la prise de pouvoir de l’extrême droite nationale-populiste, associée à l’extrême droite favorable à la stratégie d’union des droites sous domination de l’extrême droite. Comme nous l’avons déjà écrit dans la perspective du premier tour, puis du second tour, il est donc temps d’engager dès maintenant la production d’une alternative de gauche via un bloc historique populaire majoritaire, condition sine qua non pour parvenir à fermer définitivement la parenthèse du mouvement réformateur néolibéral soutenu par l’ordolibéralisme allemand et son avatar d’extrême-droite.

Retour sur le réel

L’augmentation importante de l’abstention et des votes blancs et nuls continue de diminuer la légitimité du vote démocratique. Nous en arrivons à la même conclusion que dans la chronique précédente. L’analyse sociologique du vote du deuxième tour corrobore également nos conclusions de la semaine dernière sur les 4 fractures (générationnelle, sociale, géographique et institutionnelle) données par les résultats du premier tour.

Le basculement du vote en Guyane et aux Antilles est cependant spectaculaire. Il est à noter que le taux d’abstention en Martinique, Guadeloupe et Guyane est particulièrement élevé (plus de 50 % en Martinique et plus de 60 % en Guyane !). En 2017, Emmanuel Macron caracolait en tête avec 65 à 77 % des votants alors qu’en 2022, c’est Marine Le Pen qui l’emporte dans ces trois départements avec 60 à 69 % des votants. En 5 ans, la population de Guyane et des Antilles a basculé dans un anti-macronisme radical.

Les zones rurales et les zones périphériques votent majoritairement pour Marine Le Pen les grandes villes et les grandes métropoles votant majoritairement pour Emmanuel Macron.

Donc les retraités, les CSP+ et les métropoles votant pour l’extrême centre macroniste (72 % chez les cadres, 60 % pour les couches moyennes intermédiaires, et 69% pour les retraités CSP pour Ipsos), les CSP- et les zones périphériques et rurales votant plus pour l’extrême droite national-populaire (70 % chez les ouvriers et 57 % chez les employés pour Ipsos).

Sur les reports de voix de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, il est différent des membres de l’Union populaire car une majorité de suffrages exprimés a voté pour Emmanuel Macron.

Concernant la période de développement des votes utiles faisant suite à la campagne des votes de conviction, force est de constater qu’il y a eu un « vote utile » en faveur d’abord de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, puis d’Emmanuel Macron dont l’ampleur est encore à déterminer et analyser.

Dans les deux cas, leurs montées sont dues à des transferts des autres candidats dans leurs camps respectifs mais aussi à une légère augmentation des transferts à partir des abstentionnistes. Bien que le pourcentage final des abstentionnistes ait augmenté de plus de 4 % par rapport à 2017, ce pourcentage a diminué dans les quinze derniers jours précédant le premier tour. Par contre, il est à noter que le rapport des votes de conviction et des votes utiles est différent par candidat. Le vote utile maximal est de 45 % pour Jean-Luc Mélenchon (vote de conviction 55 % selon IPSOS vague 10) donc cet électorat est le plus fragile. Pour renforcer le pourcentage des votes par conviction d’un bloc historique populaire, le passage par l’éducation populaire refondée s’avérera indispensable pour mieux stabiliser l’électorat. (C’est pourquoi nous vous invitons à un colloque à Paris le 25 juin prochain, voir ci-dessous).

On peut constater le démarrage de la dynamique des votes utiles sur les trois dernières semaines de mars sur nos graphiques où nous avons agrégé les sondages de 6 instituts de sondages mentionnés en note de bas de tableau, en prenant en compte que les candidats faisant plus de 3 % d’intention de vote en moyenne à la date du 1er avril. Ces votes utiles se sont renforcés au début avril.

Quant à la fausse idée d’un clivage gauche-droite obsolète répétée par les adeptes du populisme de gauche ayant abandonné la lutte des classes, un sondage OpinionWay pour la Fondation pour l’innovation politique montre que seuls 23 % des Français ne s’autopositionnent pas sur l’axe gauche-droite. Et dans ceux qui s’autopositionnent sur cet axe, cela donne 40 % à droite (échelle 6 à 10), 21 % à gauche (échelle de 0 à 4), 15 % au centre (échelle 5). Cela fait penser pour ce qui concerne les électeurs de gauche à la déclaration de Warren Buffet : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner ». Notre proposition de construire une alternative de gauche via un bloc historique populaire majoritaire a pour finalité, entre autres, de démentir la « prophétie » du milliardaire sus nommé.

Les institutions de la Ve République seront de plus en plus néfastes pour la France et les Français

Rappelons d’abord que les opinions françaises se caractérisent aujourd’hui par un clivage sur trois axes, d’abord gauche-droite (voir-ci-dessus), puis autoritaire-libertaire et enfin laïque-identitaire (lire notre précédent éditorial).

Remarquons que le premier tour de la présidentielle s’est caractérisé par 4 pôles principaux (le pôle abstentionniste, le pôle de l’extrême centre macroniste, le pôle des extrêmes droites, le pôle de la gauche populiste), les autres courants devenant marginaux sur le plan national. Cette configuration entraîne le développement des votes utiles au détriment des votes de conviction, des votes contre en lieu et place des votes pour. Tout simplement parce que le vote uninominal à deux tours qui peut bien fonctionner avec deux pôles ne peut plus fonctionner démocratiquement avec quatre pôles…

Le vote uninominal à deux tours qui peut bien fonctionner avec deux pôles ne peut plus fonctionner démocratiquement avec quatre pôles…

Résultat : les pouvoirs d’un homme, président de la République sont considérables et sans équivalent dans d’autres pays développés avec suffrage universel. Même si ces pouvoirs sont assis sur une légalité, la légitimité démocratique du pouvoir décline de façon exponentielle. Cela conduit à un recul très dangereux de la démocratie, recul qui s’est accentué durant le dernier mandat.

La probabilité grandit de mouvements de rue puisque les institutions ne permettent plus la démocratie.

Une VIe République est donc nécessaire mais le débat reste à faire sur la ligne stratégique pour l’obtenir !

Pour les législatives

La gauche est en tête, au premier tour de la présidentielle, dans 128 circonscriptions, l’extrême droite fait plus de 40 % dans 129 circonscriptions. Il revient donc à Jean-Luc Mélenchon et à l’Union populaire, eu égard à sa position largement dominante à gauche, d’ouvrir, sur une base politique proche du programme L’Avenir en commun, sur une base électorale qui tient compte du rapport des forces du premier tour de la présidentielle mais aussi, ici et là, de l’influence politique de certains élus locaux de gauche, de créer les conditions d’un rassemblement large à gauche pour avoir le maximum de députés de gauche à l’issue des législatives. Cela permettrait un rapport exécutif/parlement moins déséquilibré.

Nos rendez-vous pour agir efficacement avec une campagne d’éducation populaire refondée

Après le succès de notre dernier colloque au Sénat intitulé « République sociale et laïcité » du 19 février dernier, nous vous donnons rendez-vous le samedi 25 juin de 9 h à 17 h à Paris, pour intégrer dans notre projet d’éducation populaire refondée, les enseignements que nous procurent les résultats de la présidentielle et des législatives de 2022 pour que ce type de deuxième tour ne se reproduise plus !

Les inscriptions sont ouvertes auprès des adresses de nos outils :

Hasta la victoria siempre (jusqu’à la victoire finale) !

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