Site icon ReSPUBLICA

Urgences sursaturées à Paris : suite

Malgré le décès aux urgences de Cochin, la nouvelle direction de l’APHP maintient la ligne néolibérale

Croyez-vous que la nouvelle direction de l’APHP ait pris cet événement, survenu le 15 février à la hauteur des enjeux de santé publique ? Que nenni ! La bienséance aurait été que la commission d’enquête soit composée de médecins hors APHP. Erreur, ce sont bien deux professeurs de l’APHP qui sont nommés. Pire, ils sont en plein conflit d’intérêts, ces deux professeurs ayant un intérêt professionnel à la fermeture des urgences de l’Hôtel Dieu. Donc, bien sûr, leur rapport conclut que ce décès n’a rien à voir avec la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu.
En fait, depuis la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu début novembre, les urgences déjà sursaturées de l’hôpital Cochin sont passées de 120 patients à 160. Mais comme le précise un article du journal professionnel The Lancet de la semaine dernière, à partir d’un certain seuil, il ne suffit plus de rajouter du personnel en faisant une règle de trois comme à l’école.
La nouvelle direction réorganisée autour de M. Hirsch s’enferre et ne répond pas au communiqué de la CGT-Santé qui reste toujours d’actualité (Voir ci-après).
La question reste : est-ce que l’hôpital doit être une entreprise financièrement rentable, ou l’hôpital est-il un maillon d’une politique de santé publique, comme l’ont souhaité les résistants du Conseil national de la Résistance ?

Bernard Teper

Communiqué de presse du 20/02/2014 – Morte dans la salle d’attente de Cochin, pour avoir trop attendu ? Première morte depuis la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu 

Comme révélé par Le Parisien ce 19 février (édition papier du 20), et confirmé par un communiqué de l’APHP, le samedi 15 février 2014 alors que toutes les urgences de la capitale étaient sursaturées avec des délais de prise en charge de plusieurs heures, une patiente est décédée dans la zone d’attente des urgences de l’hôpital Cochin.

Cette patiente a été amenée dans l’après-midi par les pompiers pour une plaie du pied suite à une chute sans signe de gravité et a été examinée par l’infirmière d’accueil et d’orientation qui l’a classée en urgence relative (tri 3). Alors qu’elle patientait – depuis plus de 6 heures – en zone d’attente pour être examinée par un médecin, elle a été retrouvée, morte sur sa chaise, au milieu des autres patients à 23 h 00. Le service d’urgences de Cochin était complétement saturé, comme le sont quotidiennement toutes les urgences parisiennes depuis la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu, le 4 novembre 2013.

Nous n’avons cessé de lancer l’alerte sur les risques de cette fermeture, et ses conséquences sur les autres services d’urgences parisiens. Nous n’avons cessé d’avertir que « les patients s’accumuleront dramatiquement dans des urgences bondées ». Le 1er novembre 2013, nous avions symboliquement enterré devant le Panthéon « la première victime, morte d’avoir trop attendu des soins (…), car plus on attend, plus on meurt. »

Sommes-nous face à cette réalité ? Malheureusement, nous n’en doutons pas. Indéniablement, la question se pose et mérite une réponse en toute transparence et impartialité : l’enquête interne ne devra pas se limiter aux dernières semaines. Si l’on veut juger de l’activité et de la sursaturation des urgences, notamment de Cochin, il faudra remonter avant le 4 novembre 2013, pour mettre en lumière les conséquences liées à la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu.

Démanteler l’Hôtel-Dieu, avec son service d’urgences, a privé les Parisiens d’un hôpital opérationnel et aux normes et de lits de médecine d’aval, qui font actuellement cruellement défaut, pour coucher les patients. Les services de l’Hôtel-Dieu ont été refaits à neuf à coup de millions d’euros – notamment les urgences (120.000 par an) -, le plateau technique (scanner, IRM, biologie, pharmacie), et l’hospitalisation de médecine, de psychiatrie, ophtalmologie, etc.

L’AP-HP et les acteurs en responsabilité, dont les politiques au niveau national et municipal, doivent cesser leur plan de restructuration de l’Hôtel-Dieu. Il faut arrêter de vouloir y mettre des bureaux médico-économiques à « vocation médicale » qui ne soignent pas. Il faut arrêter de sacrifier les urgences, et maintenant, les patients au centre de Paris :

• Toutes les urgences parisiennes sont saturées à plus de 200% ; ce samedi 15 février 2014, l’Hôtel-Dieu, lui, était quasiment vide suite à la décision de détourner les pompiers vers d’autres hôpitaux ; la victime aurait pu être prise en charge très rapidement à l’Hôtel-Dieu ;
• Il faut arrêter de culpabiliser les patients en les accusant de venir pour rien aux urgences : 90 % des personnes, qui y viennent, relèvent de l’urgence et non de la bobologie ; il n’y a pas d’urgences graves ou d’urgences pas graves ; la patiente décédée avait été amenée, par les pompiers, pour une plaie au pied;
• La surmortalité liée à l’attente aux urgences, prouvée par toute la littérature scientifique, est une réalité qui ne doit pas être niée ;
• La maltraitance des équipes de soins de terrain, dévouées et débordées, dans tous les hôpitaux sursaturés est inacceptable et dangereuse. Rien ne doit leur être reproché.

Pour mémoire, dans son communiqué du 30 octobre 2013, le Comité de Soutien de l’Hôtel-Dieu posait déjà une question : « Faut-il attendre un mort pour agir ? ». M. Hirsh : il faut immédiatement rouvrir les urgences de l’Hôtel-Dieu ainsi que les lits d’aval sur place, remettre les effectifs nécessaires et y ramener les pompiers et les patients ! Ne pas le faire est inconscient !

Contacts presse : Dr Gérald KIERZEK (urgentiste, 06.10.02.32.91), Dr Christophe PRUDHOMME (urgentiste, CGT Santé, 06.83.25.98.90), Guillaume GANDOIN (infirmier, 06.99.50.66.61). Pour prendre connaissance de notre projet et du suivi de nos actions, consultez notre blog : hopitalpourtous.blogspot.com

 

Quitter la version mobile