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Combattre les maladies infantiles de la gauche de la gauche devient un impératif catégorique du courage

L’exemple de la protection sociale en porte témoignage

par Évariste

 

Première remarque liminaire : nous pourrions prendre d’autres exemples dans d’autres domaines que la protection sociale car nous voyons ces maladies infantiles dans leur action de retardement de l’arrivée des conditions de la révolution citoyenne tant souhaitée par une fraction grandissante du peuple..
Deuxième remarque liminaire ; bien d’autres maladies infantiles pourraient être caractérisées.
 Pour ces deux raisons, ce texte en appelle beaucoup d’autres, sur le domaine de la protection sociale mais aussi sur tous les autres domaines, sur la maladie infantile que nous allons détailler comme sur d’autres maladies infantiles. Nous continuerons d’y travailler dans d’autres articles mais surtout dans des initiatives d’éducation populaire refondée où vous nous inviterez localement à débattre avec vous à l’occasion de réunions que vous organiserez.
Nous allons donc en rester dans cet article au domaine de la protection sociale et à la maladie infantile qui consiste à prôner l’idéal sans connaître et comprendre le réel. 
Avant d’entrer dans le vif de l’exemple présenté, relisons un morceau du « Discours à la jeunesse » de Jean Jaurès :

« L’humanité est maudite, si pour faire preuve de courage elle est condamnée à tuer éternellement. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit : c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; (…) Le courage, c’est d’être tout ensemble et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. (…) Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir, mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » Jean Jaurès, « Discours à la Jeunesse », Albi, 1903.

Lier la réflexion et l’action sur le réel en ayant en tête
un modèle alternatif au système dominant

Aujourd’hui, on ne compte plus les intellectuels, les militants, les organisations qui prônent leur idéal, leur paradis en négligeant la compréhension du réel et de l’action pour modifier ce réel. Quel engouement autour de certains intellectuels transformés en gourous entourés de leurs adeptes pour promouvoir leur idéal ! En langage populaire, ils proposent le bout du chemin sans s’intéresser au chemin lui-même pour y parvenir. En langage politique, ils rompent avec la dialectique historique matérialiste nécessaire à toute praxis visant à la transformation sociale et politique vers le progrès humain.
On peut néanmoins comprendre cette prolifération idéaliste qui se développe face au discours d’adaptation et de connivence d’une partie grandissante des responsables politiques, syndicaux et associatifs, voire des intellectuels ou supposés tels présents dans les médias aux ordres du mouvement réformateur néolibéral.
Et bien sûr, cette double réalité n’est pas pour rien dans l’abstention majoritaire, aux élections de toute nature (dans la séquence des élections présidentielle et législatives 2017 mais aussi dans les élections professionnelles syndicales), dans les couches populaires ouvrières et employés, elles-mêmes majoritaires dans le pays. Car quand un militant souhaitant la transformation sociale et politique ne sait pas répondre efficacement à des questions et réflexions simples dans tout contact en « porte-à porte » ou dans l’entreprise – « vous proposez quoi aujourd’hui et maintenant », « est-ce plus crédible que ce que disent les autres ? », « que puis-je faire pour satisfaire tel ou tel besoin social », « tous pourris Front national compris », etc. – il n’y a pas d’autre posologie que la dialectique des luttes sociales et politiques et des méthodes « efficaces » de l’éducation populaire refondée (voir http://www.gaucherepublicaine.org/education-populaire-2/des-methodes-efficaces-pour-une-education-populaire-refondee/7400673 ).
Mais la conséquence de cette double réalité est que le mouvement réformateur néolibéral avance de plus en plus fort, de façon de plus en plus brutale, en se dotant des futurs instruments de violence contre des manifestants ou contestataires. Même si les études d’opinion montrent qu’une majorité est opposée à telle ou telle mesure (réforme des retraites, loi travail XXL, etc.), rien ne semble arrêter le déploiement du néolibéralisme  ; trop de résignation et de fatalisme se répandent en milieu populaire en conséquence de la soumission d’une partie importante des élites de gauche au mouvement réformateur néolibéral et au faible lien politique et social des organisations politiques, syndicales et associatives avec ces couches populaires ouvrières et employées. Et pourtant, l’oligarchie au pouvoir est fragile. Elle continue à se déployer que parce que les forces progressistes ne sont pas à la hauteur des enjeux, parce qu’elles ont perdu le lien social et politique avec les masses populaires.

Et la protection sociale dans tout cela ?

Il en est de la protection sociale comme de la défense dans un match de rugby : il vaut mieux résister face à l’attaquant que de rester de l’autre côté du terrain ! La protection sociale et les droits au travail sont la priorité des travailleurs et de leurs familles dans toutes les études d’opinion quand on agglomère la santé, les retraites, les prestations familiales, les droits et les aides au logement, les accidents du travail et les maladies professionnelles, l’assurance-chômage et les aides sociales.
Or la protection sociale, les droits au travail, l’école, les services publics, la baisse des salaires directs et socialisés, s’affirment la priorité de l’attaque néolibérale pour diminuer les conquis sociaux, étatiser ce qui appartient au peuple, privatiser les profits et socialiser les pertes. Alors ?
Eh bien, comptez le nombre de réunions publiques organisées par les militants politiques, syndicaux et associatifs lors du 70e anniversaire de la sécurité sociale en 2015 ! Voyez le film «  La Sociale » de Gilles Perret dont le Réseau Éducation Populaire fut un partenaire pour les débats, véritable outil d’éducation populaire refondée, en 2016 qui a permis plus de 500 débats et plus de 150.000 personnes participantes ! Comptez le nombre d’initiatives publiques d’information et de débat sur la loi travail XXL des ordonnances Macron  ! Et cela malgré la faiblesse de la préparation militante au sein du peuple avant l’appel à manifester, malgré la multiplication des appels à la grève sectorielle et non interprofessionnelle, et enfin la continuation des manifestations « saute-mouton » au lieu d’une montée nationale sur une attaque aussi gravissime contre les conquis sociaux.
Il y a pourtant bien une cohérence entre la suppression annoncée de la part salariale des cotisations chômage et maladie, leur transfert vers la CSG, la suppression du régime social des indépendants, le projet de réforme des retraites (vers un régime en comptes notionnels), la nouvelle loi travail XXL, l’augmentation du forfait hospitalier à 20 euros, la fiscalisation progressive de la protection sociale, les exonérations massives de cotisations sociales, la désertification médicale, l’augmentation des restes à charge, l’accroissement fort des inégalités sociales scolaires, de santé, de retraite, de logement, de services publics, le recul de la laïcité et de la démocratie, la privatisation du logement social, la non-reconnaissance de nombreux accidents du travail et de maladies professionnelles – dus à l’amiante, aux pesticides1, aux conditions inhumaines de travail, etc..
C’est à l’explication de cette cohérence (au sein du peuple et non dans des cénacles peu liés au mouvement social et politique) que doivent s’atteler les organisations militantes en liant les luttes sociales et politiques et les méthodes efficaces de l’éducation populaire refondée (voir http://www.gaucherepublicaine.org/education-populaire-2/des-methodes-efficaces-pour-une-education-populaire-refondee/7400673) afin de porter au débat populaire tant le chemin pour en sortir que le bout du chemin à atteindre.

  1. Un nouveau film va sortir le mois prochain sur ce sujet, « Les sentinelles » de Pierre Pézerat, film dont le Réseau Education Populaire est partenaire pour les débats à l’issue du film. Avis aux amateurs. []
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L’intersectionnalité dévoyée : le cheval de Troie des islamistes

par Bernard Maro

 

Source : https://medium.com/@B.D.Maro/lintersectionnalit%C3%A9-d%C3%A9voy%C3%A9e-le-cheval-de-troie-des-islamistes-2286e82bc64

 

Comment des militant.e.s féministes et homosexuel.le.s se réclamant de la gauche pour qui l’égalité est une valeur fondamentale peuvent-ils faire cause commune avec des mouvements religieux fondamentalistes proches des islamistes dont l’idéologie sexiste et homophobe n’est plus à démontrer ? La réponse se trouve dans ce mot dont le sens a été dévoyé, intersectionnalité.

L’intersectionnalité est un concept visant à mettre en évidence la multiplicité des formes de discriminations : race, sexe, classe, handicap, âge, etc. Ce terme est apparu sous la plume d’une féministe et juriste afro-américaine, Kimberlé Williams Crenshaw dans un article paru à la fin des années 1980 (cité en fin d’article) « Les discours féministes et antiracistes contemporains n’ont pas su repérer les points d’intersection du racisme et du patriarcat. Face à ces difficultés, cet article propose une approche originale : l’intersectionnalité. […] la manière dont le positionnement des femmes de couleur, à l’intersection de la race et du genre, rend leur expérience concrète de la violence conjugale, du viol et des mesures pour y remédier qualitativement différente de celle des femmes blanches. ». On voit très bien l’intérêt de ce concept dans le cadre juridique américain, ou la plaignante devait choisir le motif de la discrimination qu’elle subit, raciste ou sexiste. Les plaintes de femmes noires étaient ainsi rejetées par les juges puisque, si le racisme était invoqué, les hommes noirs ne subissaient pas les mêmes discriminations. De même, si le sexisme était invoqué, elles étaient rejetées dans la mesure où les femmes blanches ne les subissaient pas non plus. Ce concept, qui a permis de faire évoluer le système judiciaire, à aussi une portée bien plus générale car il permet de comprendre et d’analyser la complexité des oppressions subies par les membres de minorités multiples.

Depuis ce concept a été totalement récupéré et corrompu — on le retrouve sur des banderoles, comme si un concept qui est un outil d’analyse scientifique pouvait devenir un slogan militant — dans certains milieux « progressistes » et sert de justification à la « convergence des luttes » qui aboutit bien souvent au mariage de la carpe et du lapin.

On assiste à une hiérarchisation entre sexisme et racisme : « Être intersectionnelle suppose à mon avis d’avoir des priorités : aujourd’hui la lutte contre l’islamophobie. Et donc d’accepter, parfois, d’être en présence de personnes qu’on aurait préféré ne jamais côtoyer. » Nous dit la comédienne Oceanerosemarie.

On réduit le voile, symbole sexiste et patriarcal s’il en est, à un marqueur d’oppression raciste. Ainsi Rokhaya Diallo n’hésite pas a affirmer « La grande majorité des actes islamophobes concernent des femmes voilées, et sont donc manifestement sexistes. ». Cette inférence, liant racisme et sexisme, lui permet ensuite de justifier l’abandon du combat contre le patriarcat religieux au nom du féminisme. Car le seul sexisme auquel ces femmes ont affaire, c’est bien entendu celui des « islamophobes » pas celui des religieux qui renvoient la femme à une condition inférieure. Ce problème, Kimberlé Williams Crenshaw l’avait déjà mis en évidence dans son article ou elle mettait en garde contre la tentation de masquer les oppressions au sein d’un groupe au nom de la solidarité raciale ou de genre.

Les islamistes ont profité de cette confusion à gauche de l’échiquier politique. Ils ont transformé toute critique de l’islamisme en racisme, et ont investi dans le même temps le terrain des luttes sociales au nom de l’antiracisme. Ainsi la lutte contre « l’islamophobie » a été incluse dans la plupart des protestations sociétales. Dans le même temps, ils se sont également associés aux manifestations de la droite conservatrice contre le mariage pour tous, les droits des LGBT et celui des femmes à disposer de leur corps.

On est bien loin de Kimberlé Williams Crenshaw qui s’élevait dans son article contre le communautarisme: « Le problème, avec la politique de l’identité, n’est pas qu’elle échoue à transcender la différence (…) mais plutôt l’inverse : la plupart du temps, elle amalgame ou ignore les différences internes à tel ou tel groupe. » Cette rhétorique contre laquelle elle mettait en garde, on la retrouve aujourd’hui au sein de groupes racialistes qui mettent en avant l’appartenance religieuse avant l’appartenance à la République comme le Parti des Indigènes de la République. On ne peut que souhaiter que ces militant.e.s féministes et LGBT, qui défilent avec les islamistes, relisent Kimberlé Williams Crenshaw et comprennent que seul l’universalisme des droits et des devoirs est un facteur d’émancipation, y compris pour les membres de minorités.

Kimberlé Williams Crenshaw. Demarginalizing the Intersection of Race and Sex: A Black Feminist Critique of Antidiscrimination Doctrine. University of Chicago Legal Forum. 1989;1989:139–168. Les citations en français sont extraites de : Kimberlé Williams Crenshaw et Oristelle Bonis, Cahiers du Genre, 2005/2 (n°39), p. 51–82.

Protection sociale
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Le mouvement réformateur néolibéral attaque toute la Sécu et donc autant la branche Famille que la santé et les retraites

par Bernard Teper

 

Trois phases se sont succédées concernant la branche famille de la Sécu. Pendant longtemps, la branche famille1 de la Sécurité sociale a suivi un axe progressiste dans la lignée du programme du Conseil national de la Résistance. Puis, après la mise sous tutelle du gouvernement français par le mouvement réformateur néolibéral, les néolibéraux ont géré la branche famille de la Sécurité sociale principalement avec le lobby catholique. Dans la dernière phase, le mouvement réformateur néolibéral, souhaitant rompre, d’une part avec l’universalité des prestations (là ou elles existaient) et d’autre part avec un financement par la cotisation sociale liée à l’instauration d’un droit social conquis grâce au programme du Conseil national de la Résistance, transforme petit à petit la branche famille de la Sécurité sociale « en auxiliaire de l’État en matière de lutte contre la pauvreté au détriment d’une politique familiale inclusive à destination de l’ensemble des familles » selon l’analyse d’Olivier Nobile2. Pire, « une telle politique comporte un risque considérable en termes de délitement de la cohésion sociale entre l’ensemble de familles et préfigure le souhait du Président Macron d’étendre cette politique à d’autres pans essentiels de la protection sociale (Assurance maladie en particulier) ».

Un déficit inexistant

Le fait que la branche famille de la Sécurité sociale présente un excédent structurel montre bien que les raisons qui poussent le mouvement réformateur néolibéral n’ont rien à voir avec un déficit qui n’existe pas mais bien d’une politique délibérée visant à supprimer un à un tous les conquis sociaux précédents. Nous sommes bien là dans une politique de lutte de classe visant à terme à baisser la masse des salaires directs et socialisés (surexploitation) comme moyen d’augmenter les taux de profits que l’oligarchie capitaliste n’arrive plus à obtenir dans l’économie réelle.
Tout cela est promu avec un habillage visant à augmenter certaines prestations aux familles les plus pauvres et notamment aux familles monoparentales sous le seuil de pauvreté3. Mais entre ce que l’on retire aux uns et ce que l’on rajoute aux autres, il y a la proportion d’un éléphant et d ‘une alouette ! Cela rappelle les ordonnances travail XXL du président Macron qui augmente l’indemnité du licenciement légal d’un cinquième du salaire à un quart du salaire mensuel par année d’ancienneté qui correspond aussi à une alouette par rapport aux régressions de type diplodocus!

Petite enfance

Quant à la politique de la petite enfance, nous voyons le développement des solutions individuelles face aux solutions collectives largement plébiscitées par les familles4. D’autant que ces solutions collectives (crèches collectives pour les zones urbaines et crèches familiales principalement pour les zones rurales et périurbaines) ont un contenu éducatif, sanitaire et de sûreté pour les parents de bien meilleur niveau que les solutions individuelles (de type assistante maternelle-formée en 5 jours chrono- surtout avec le passage récent à 4 bébés par assistante maternelle. Mais tout ceci est très cohérent avec le développement du modèle politique néolibéral accentué par l’arrivée à la présidence du président Macron5. Alors que la solution de progrès pour la petite enfance appelle à reprendre le chemin de l’augmentation d’un programme de plusieurs centaines de milliers de places de crèches collectives ou familiales avec le déplafonnement de la prestation de service permettant aux collectivités locales de financer le fonctionnement de crèches collectives ou familiales de haut niveau. Le tout articulé avec un grand service public de la petite enfance.

Logement

Quant aux prestations logements, la solution de progrès réside, à partir des prestations CNAF actuelles d’arriver à une véritable sécurité sociale du logement incluant le paiement des loyers en cas de longue maladie ou de chômage (sur le modèle des indemnités journalières de l’assurance-maladie) doublé d’un retour massif à l’aide à la pierre avec un programme de construction de plusieurs centaines de milliers de logements sociaux par an.

Article rédigé en utilisant les analyses d’Olivier Nobile.

 

  1. Rappelons que la branche famille de la Sécurité sociale gère principalement les aides familiales et les aides au logement. Fin 2014, 6,9 millions de familles bénéficient de 32,6 milliards d’euros de prestations familiales versées dans l’année, soit 396 euros par mois en moyenne pour chaque foyer aidé.
    Fin 2014, 6,5 millions de foyers bénéficient de 17,7 milliards d’euros d’aides au logement versées dans l’année, soit 226 euros par mois en moyenne pour chaque foyer aidé. Un peu moins de la moitié des jeunes âgés de 18 à 24 ans
    sont couverts par une prestation familiale ou de logement. []
  2. Olivier Nobile, responsable protection sociale de l’UFAL, a écrit, en collaboration avec Bernard Teper, éducateur populaire au Réseau Education Populaire (Rep), « Pour en finir avec le trou de la Sécu, repenser la protection sociale au XXIe siècle » []
  3. Un recyclage trompeur des mesures antérieures à destination des familles plus modestes, déclare Olivier Nobile, présenté ci-dessus.
    Le PLFSS 2018 confirme la préoccupation du législateur à l’endroit des familles les plus modestes, et en particulier les familles monoparentales. Derrière cet effet d’annonce, le PLFSS 2018 n’est en réalité qu’un habile recyclage des mesures prévues dans la loi Ayrault/Touraine de 2013 sans la moindre amélioration. Le gouvernement  s’enorgueillit pourtant de donner un coup de pouce “exceptionnel” à destination des familles modestes : il en va ainsi de la revalorisation de l’Allocation de soutien familial (ASF), du Complément familial.
    L’allocation de soutien familial pour les personnes ne bénéficiant pas de pension alimentaire sera ainsi revalorisée de 6 € (soit un total de 115,7 €). Au total, comme le fait remarquer le gouvernement, l’ASF aura été revalorisée de 25 % depuis 2013 … soit exactement ce qui avait été prévu dans le cadre de la réforme Ayrault/Touraine de 2013. La revalorisation de 6 €, qualifiée d’exceptionnelle par le gouvernement, n’est en réalité que le strict respect des engagements pris antérieurement, pour un montant, somme toute extrêmement modeste en valeur absolue pour les familles concernées, dont une grande part vit sous le seuil de pauvreté.
    Même subterfuge gouvernemental pour la revalorisation du Complément familial majoré (à destination des familles modestes avec 3 enfants et plus). Celui-ci sera augmenté en 2018 de 16,8 € par mois (à 253,50 €). Comme le précise le Gouvernement, le CF aura connu une revalorisation de 50 % depuis 2013, ce qui n’est en effet pas neutre. Le Gouvernement aurait été toutefois plus honnête de préciser que ce sont exactement les termes de la revalorisation prévue par l’article 55 de la loi de 2013…
    Il en va de même de l’Agence de recouvrement des impayés de pensions alimentaires (ARIPA) qui a pour but de faciliter le recouvrement des impayés de pensions alimentaires. Celle-ci sera pleinement “opérationnelle”, précise le communiqué ministériel. Outre le fait que l’ARIPA est opérationnelle depuis 2016, il faut avoir à l’esprit que cette agence n’est en réalité qu’une entité fictive. Derrière cette nouvelle agence annoncée en grandes pompes par le Président Hollande, ce sont les Caf, en charge de la gestion de l’ASF recouvrable, qui se sont vu déléguer par l’Etat une mission de recouvrement des impayés de pensions … qu’elles exerçaient en réalité depuis toujours !
    En résumé, le Gouvernement Philippe a repris à son compte les seules mesures d’accompagnement à destination des familles plus pauvres qui découlaient de la réforme des prestations familiales de 2013 sans y apporter la moindre amélioration. S’il y a lieu de reconnaître que ces revalorisations améliorent les aides apportées aux familles les plus modestes, en particulier les familles monoparentales, nous devons néanmoins rappeler que ces coups de pouce modestes étaient la contrepartie de la réforme des prestations familiales de 2013 qui s’est traduite par une série de réductions historiques des prestations familiales pour le reste des familles.
    []
  4. Pour répondre au choix préférentiel du mouvement réformateur néolibéral contre les solutions collectives les plus progressistes, il est annoncé le relèvement de 30 % du plafond du Complément Mode de garde (CMG) pour ces même familles monoparentales. Le CMG vise à aider financièrement les familles qui recourent à des solutions de garde à domicile, chez une assistante maternelle ou en micro-crèche.
    Cette mesure est un encouragement sidérant aux solutions individuelles de garde du jeune enfant au détriment des solutions collectives de garde du jeune enfant, déclare toujours Olivier Nobile, spécialiste de la sécurité sociale. Précisons que projet s’inscrit dans un contexte d’insuffisance criante du nombre de places en Etablissement d’accueil du jeune enfant ; notons de surcroît que sur les 100 000 places de crèche supplémentaires prévues  l’horizon 2017 dans la Convention d’Objectifs et de Gestion Etat/CNAF, à peine 54 000 ont effectivement vu le jour.
    Alors même que les familles souhaitent majoritairement recourir à des solutions collectives de garde, nettement moins coûteuses pour les familles et encadrées par des professionnels de la petite enfance, le gouvernement décide de revaloriser à l’inverse les aides financières aux solutions individuelles de garde qui, en pratique, sont utilisées par les familles aisées car beaucoup plus onéreuses. Plus insolite encore, la revalorisation de 30 % du plafond du CMG est réservée aux seules familles monoparentales qui sont dans les faits les familles les plus touchées par la pauvreté … et qui pourront le moins recourir à ce type de solutions de garde y compris avec la revalorisation prévue. En effet, le gouvernement n’a prévu de toute façon de la financer qu’à hauteur de 40 millions d’euros, ce qui s’apparente littéralement à de la poudre aux yeux.
    Toujours d’après Olivier Nobile, « cette stratégie a néanmoins une portée symbolique considérable car elle entérine le revirement politique initié depuis les années 2000 en matière d’accueil du jeune enfant. Le Gouvernement semble vouloir tabler sur une stratégie duale reposant d’une part sur des solutions domestiques de garde pour les familles les plus pauvres exclues de l’emploi et, d’autre part, sur l’encouragement à l’embauche d’emplois précarisés (assistantes maternelles, nounous …) pour les familles (plus) aisées. Et ce au détriment d’un véritable service public de la petite enfance au sein de structures adaptées au besoin des familles et contribuant à la socialisation de l’enfant. » []
  5. Pour comprendre comment s’effectue dans les faits, la destruction du principe d’universalité de la branche famille de la Sécurité sociale tel qu’il a été souhaité par Ambroise Croizat, ministre du travail et de la sécurité sociale, dans les grandes lois du 22 mai, 22 août et 30 octobre 1946, il faut regarder ce que fait le gouvernement Macron-Philippe. Pour Olivier Nobile, ce gouvernement entend accélérer la sortie du bénéfice de la politique familiale une part grandissante des couches moyennes. Sous couvert de “simplification”, le PLFSS opère un rapprochement des montants et des plafonds de ressources de l’allocation de base de la PAJE (versée jusqu’aux 3 ans de l’enfant) et le complément familial (versé à compter du 3ème anniversaire de l’enfant). Ce terme de simplification est une litote assez cynique pour ne pas dire “économies sur le dos des familles”. Précisons tout d’abord que ces deux prestations ne concernent pas les même types de familles car le complément familial n’est versé qu’aux familles de 3 enfants et plus alors que l’allocation de base est versée dès le premier enfant. Pour une majorité de familles bénéficiaires de l’allocation de base, la simplification annoncée risque donc d’apparaître pour le moins abstraite. En revanche, cette prétendue “simplification” aura pour l’ensemble des familles deux conséquences très concrètes : d’une part, le montant de l’allocation de base passera de 184 € à 169 € par mois et, d’autre part, la réduction de 3 100 € du plafond de ressources se traduira par l’exclusion de dizaines de milliers des familles du bénéfice de l’allocation de base et au mieux par leur basculement dans le dispositif à taux partiel (92 €). Au total, ce sont 500 millions d’euros d’économies réalisées sur le dos de l’ensemble des familles qui sont attendues par cette mesure “d’harmonisation” qui ne simplifiera en rien les finances de leurs bénéficiaires.
    Le Président Macron s’inscrit dans la droite ligne de la réforme des prestations familiales initiée sous le quinquennat Hollande et dont la philosophie consiste à sortir progressivement les classes intermédiaires du champ de couverture de la politique familiale. Le Gouvernement entérine de la sorte son souhait de transformer la branche famille de la Sécurité sociale en simple opérateur de lutte contre l’extrême pauvreté. Il vise à mettre fin à la dimension universelle de la politique familiale qui découlait de la vocation initiale de la Sécurité sociale.
    Et cette orientation politique risque très prochainement de franchir un nouveau cap historique si l’on s’en tient aux annonces faites par le Ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Celui-ci a en effet exprimer son souhait de mettre fin de l’universalité des allocations familiales pour les familles touchant plus de 8 000 € par mois (pour un couple). Une telle mesure ne ferait que parachever la réforme des allocations familiales mise en œuvre en 2013 qui a introduit la modulation des allocations familiales au-delà de certains niveaux de revenus.
    Cette lente asphyxie de la politique de prestations familiale que le Président Macron cherche à accélérer découle de la décision de supprimer (ou quasi supprimer) le financement de la branche famille par les cotisations sociales : depuis 2012-13, la branche famille qui est pourtant structurellement excédentaire, est entrée dans une ère de réduction continuelle du niveau des prestations versées, rendue possible car la CNAF ne dispose plus de ressources affectées. Le financement de la branche famille repose aujourd’hui structurellement sur des ressources fiscales non pérennes décidées (à la baisse) chaque année. Les décisions de ce PLFSS 2018 et celles à venir (mise sous condition des AF…) s’inscrivent dans cette logique de modification structurelle du financement de la branche famille et de son resserrement autour d’un objectif de lutte contre l’extrême pauvreté. Le prix de cette politique sera très élevé, à savoir la destruction de la cohésion sociale entre l’ensemble des familles. En attendant qu’un tel dispositif ne n’applique à d’autres types de prestations, comme celles de l’assurance maladie. []
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Le capital coûte toujours plus cher

par ReSPUBLICA

 

Ça se passe comme ça en Macronie

La flexibilité du travail est pour d’Emmanuel Macron et son gouvernement le sésame de l’emploi. D’où la loi Travail comme il y avait eu la loi El Khomri sous François Hollande. Pour des raisons d’ « équilibre » il est aussi question (pour plus tard) de « sécurité ». Flexibilité et Sécurité, pour parler de ces concepts au public quoi de mieux pour les médias que de faire un topo sur la « flexisécurité » comme cela existe, soit disant à la satisfaction générale, dans les pays nordiques. En fait au Danemark. Et de vanter les mérites de cette facilité donnée aux employeurs de licencier mais aussi, en contrepartie, de la multiplication des chances données aux licenciés de retrouver vite un travail par l’importante formation qui leur est prodiguée. Un point est pourtant rarement abordé par les médias : le coût. Au Danemark pour 6 % de taux de chômage, en 2009, un peu plus de 4 % aujourd’hui, il était dépensé pour la flexisécurité 3,2 % du PIB. Pour 9,5 %, taux de chômage en France il faudrait donc plus de 5 % du PIB. Or la France ne dépense actuellement que 2,4 % !
Flexisécurité : il faudrait donc plus de 50 milliards en plus…. Et encore rien ne permet de dire que c’est la flexisécurité ou une meilleure conjoncture qui a provoqué une chute du taux de chômage. Chut !

 

Bradage d’Alsthom : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !

Il était une fois, une multinationale américaine, General Electric (GE), qui s’engage par écrit de créer 1000 emplois net en France si elle peut racheter les activités énergie d’Alstom en 2014. Immédiatement, les « chiens de garde » médiatiques du mouvement réformateur néolibéral chantent les louanges de cette arrivée extraordinaire de l’oncle Sam.
Deux ans plus tard, nous en sommes à 400 postes de moins pour GE France (pour obtenir 14.228 postes fin 2016) sans compter le deuxième plan social de 350 postes à Grenoble prévu pour 2018.
Comme le disait Henri Queuille : « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent! ».
Mais me direz-vous, on n’a pas beaucoup entendu alors ceux qui s’offusquait de ce bradage ! C’est encore Henri Queuille qui expliquent pourquoi :  « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. ». Mais alors comment expliquer l’immobilisme du gouvernement sur ce dossier alors qu’il vient de brader les activités transport à Siemens. Encore une fois, c’est Henri Queuille qui explique cet immobilisme :  « Il n’est aucun problème assez urgent en politique qu’une absence de décision ne puisse résoudre. »

 



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