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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°530 - vendredi 20 avril 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Une dernière ligne droite qui peut tout changer

Dans 48 heures, à 20 heures, nous saurons qui sera au deuxième tour des présidentielles. Nous devinons que chacun aura le cœur serré, à ce moment là, et que joies et déceptions risquent de se mêler. Le scénario qui paraissait certain il y a deux mois, Sarko-Ségo, aura-t-il lieu, ou bien les Français confirmeront-ils par leur vote ce côté imprévisible qui exaspère les élites et désespère les sondeurs ? Un des deux favoris disparaîtra-t-il du deuxième tour, ce qui serait un véritable schisme politique. Et le troisième homme sera-t-il Bayrou, ou Le Pen ?

Depuis plusieurs semaines, Respublica s’est efforcé de couvrir cet événement, en tenant compte de la diversité de notre lectorat. Nous ne sommes pas le journal d’une organisation politique, ni d’une association. Nous devions donc permettre, par nos chroniques, et par les contributions qu’ont envoyé de nombreux lecteurs (et qu’hélas nous n’avons pas pu publier toutes), de traiter cette élection de manière équilibrée, sans tomber dans une neutralité qui n’est pas le genre de la maison, ni dans une partialité qui n’avait pas lieu d’être.

Nous avons donc décidé de donner un maximum d’informations, favorables ou hostiles, sur les candidats, sur la laïcité, sur le social, évidemment, mais aussi sur d’autres sujets.

Nous avons refusé, bien sûr, le politiquement correct de gauche. Nous n’avons pas fui le débat sur François Bayrou. Certains pensent que de voter pour le leader de l’UDF est un vote tactique, et que s’il est au deuxième tour, il aura toutes les chances de battre Sarkozy. D’autres justifient ce vote en disant qu’il est porteur d’une explosion du Parti socialiste, et d’une vraie recomposition de la gauche. Mais nous avons aussi publié de nombreuses contributions expliquant les avantages du vote PS dès le premier tour, et les espoirs sociaux que donnerait une victoire de la candidate de gauche, moindre mal par rapport à l’axe UMP-UDF.

Nous n’avons pas caché notre inquiétude sur la montée du Front national, sur le danger de sa possible présence au second tour, d’en analyser les raisons, et notre exaspération devant la mauvaise façon de combattre, à gauche et l’extrême gauche, le parti de Jean-Marie Le Pen.

Nous avons publié des textes très critiques sur l’ensemble des candidats, mais nous avons aussi donné la parole à des lecteurs favorables à Buffet, à Besancenot, à Schivardi, à Laguiller, à Voynet.

Et par contre, nous revendiquons le fait d’avoir tapé comme il faut sur José Bové, soutenu par les « Indigènes de la République », parce nous devons être sans concession avec son discours anti-républicain, et sa démagogie dans les quartiers.

Nous avons bien sûr déploré qu’aucun candidat ne porte les valeurs de la République sociale, et sommes convaincus qu’il aurait fait un malheur.

Il est ainsi révélateur que la majorité des postulants aient mis en avant deux mots qui étaient occultées lors des campagnes précédentes : Nation et République.

Bien sûr, les pires ennemis de la démocratie, comme l’extrême droite, peuvent combattre la démocratie au nom de la démocratie.

Que Le Pen ait lancé sa campagne à Valmy ne doit pas nous tromper, mais nous devons l’interpréter comme la perception, par l’extrême droite, de l’attachement des citoyens aux valeurs de la République, et de la prise en compte d’un rapport de forces.

Que Sarkozy ait changé radicalement son discours, et qu’il parle de Jaurès et de la République, lui qui n’avait que le mot « discrimination positive » et « communautarisme » à la bouche, est un autre signe que nous ne devons pas négliger, sans naïveté, bien sûr.

Que la candidate socialiste, prenant de court toute sa gauche bobo et l’extrême gauche, ait repris ces thèmes, même de manière politicienne, est également révélateur.

Près de deux ans après la victoire du « non » au TCE, les thèmes de la Nation et de la République deviennent incontournables, et vont compliquer la vie des fédéralistes européens et de tous ceux qui veulent, dans le contexte actuel, passer en force sur l’Europe, après la présidentielle, et en finir avec les Etats-Nations.

Notre ami Valentin Boudras-Chapon nous a proposé, depuis plusieurs semaines, des contributions remarquables sur le thème : « La Nation, un concept républicain », qui, nous n’en doutons pas, serviront de références à des lecteurs désirant compléter leur culture politique sur une question qu’on voulait occulter, ces dernières années.

Respublica est composé de militants, tous bénévoles, issus de familles politiques, syndicales ou associatives fort différentes. Ce pluralisme rédactionnel est notre richesse. Nos rédacteurs feront, ce dimanche, des choix fort différents, sans que cela n’altère notre unité.

Nous avons décidé, dans ce numéro, de leur demander, s’ils le souhaitent, d’expliquer leur vote, leurs dernières hésitations.

Certains signeront de leur nom, d’autres préfèrent préserver leur anonymat, sur cette question, souvent pour des raisons professionnelles, ce que nous respectons.

Nous veillerons, bien sûr, à ce que cette dernière publication avant dimanche soit équilibrée, engagée, mais non partisane.

Nous espérons avoir enrichi votre réflexion, durant ces semaines où nous avons parfois fait des numéros plus amples que d’habitude.

Maintenant, on ne peut plus rien pour vous, c’est à vous de vous débrouiller ! Bon dimanche, et à mardi prochain.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Elections présidentielles 2007

1 - L'hydre à deux têtes et les présidentielles

Au niveau européen, nous sommes dirigés par une pieuvre néo-libérale et au niveau national par une hydre à deux têtes - la tête UMP et la tête PS. L'hydre est asservie à la pieuvre néo-libérale qu'elle engraisse et qu'elle sert malgré le peuple.

La pieuvre néo-libérale plonge le peuple dans la souffrance et le désespère : fracture sociale, paupérisation des classes moyennes, ghettoïsation des plus pauvres, montée des pouvoirs maffieux et des zones de non-droit, délocalisations, école à deux vitesses, université et recherche menacées de régressions irréversibles.

Exaspéré, le peuple n'a pas toujours l'occasion, comme en 2005, de se faire entendre par référendum. Avec les armes électorales qui sont à sa disposition, il tente de se débarrasser de l'hydre en frappant la tête visible qui est aux commandes, la tête majoritaire du moment. Mais celle-ci, à peine blessée et rétractée, se refait une santé dans l'opposition tandis que l'autre tête s'essouffle aux rênes du pouvoir. Actuellement au gouvernement, la tête UMP nous explique pourquoi il faut engraisser la pieuvre néo-libérale : elle amènerait comme par miracle la prospérité générale en installant un grand marché voué à la libre concurrence. La tête PS nous a naguère expliqué que la pieuvre est nécessaire aux droits des travailleurs, qu'elle est un progrès, qu'elle exige le développement des sciences et des techniques les plus pointues et que le tissu industriel dépend de sa bonne santé.

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Voilà un quart de siècle que l'hydre à deux têtes se paie la nôtre par cette comédie en un acte, intitulée "il n'y a pas d'autre politique possible". Pendant ce temps, notre politique monétaire est aux mains d'un technocrate qui vient d'avoir la peau d'Airbus et la France se désindustrialise à coups de délocalisations et de dumping social. La situation désespérée des banlieues devient explosive ; l'école, au lieu de transmettre des savoirs, est sommée de cultiver le "vivre ensemble". La panne durable de l'ascenseur social encourage les replis identitaires et la communautarisation.

Comme le rapporte la légende herculéenne, l'hydre ne peut être terrassée que si on l'ampute de toutes ses têtes. Comment trouver le moyen de frapper du même coup la tête UMP et la tête PS, la tête Sarko et la tête Ségo en brisant les appareils dont la symétrie est complice ? Il y a déjà quelque temps que Le Pen propose de prendre le rôle d'Hercule. Mais ses travaux, on le sait, reposent sur un lessivage général : pour pouvoir éliminer les têtes, il propose de détruire aussi le corps du peuple en exploitant en son sein les pires divisions qui sont l'effet de ces têtes empoisonnées. Il mise sur un empoisonnement général dont on sait très bien qu'il aurait pour résultat une régression tous azimuts. Ce n'est pas nouveau : il est de l'essence d'une politique profondément réactionnaire de se présenter sous l'effet d'annonce révolutionnaire, mais on serait impardonnable maintenant de ne pas entendre les accents terribles que le XXe siècle a donnés à cette redoutable ambivalence. Et Sarkozy est d'autant plus critiquable qu'il reprend sans vergogne les thèmes de campagne de Le Pen, se rangeant ainsi parmi les casseurs de la république.

Pour briser les appareils, ou du moins les mettre en crise et en demeure de se réformer radicalement sans casser l'unité républicaine, sans mettre le pays à feu et à sang en remplaçant les têtes de l'hydre par une unique tête brûlée, la séquence présidentielles-législatives offre une occasion intéressante et plus efficace qu'un référendum à un coup qui laisse intactes les têtes de l'hydre. Dans la configuration électorale qui se présente, François Bayrou est en mesure d'obtenir cet effet et il est le seul à pouvoir le faire. Il peut l'obtenir parce qu'il en a la volonté, affichée clairement dans toutes les analyses qu'il présente. Cette volonté se manifeste par sa détermination à rompre avec maintes de ses positions passées, et surtout par la rupture nette qu'il a engagée avec les deux têtes de l'hydre en votant la motion de censure et en s'opposant seul à la privatisation des autoroutes : ce sont là des actes significatifs. Il est le seul à pouvoir le faire, car la mécanique du vote le place en position décisive ; et même s'il n'en avait pas la volonté, son élection mettrait inévitablement les appareils en crise et réclamerait une recomposition législative radicale sans aventurisme.

Pour couper d'un coup les deux têtes de l'hydre, pour casser les appareils sans abandonner la république, il n'est donc nul besoin d'un Hercule providentiel : un candidat raisonnable, attaché aux principes républicains, déterminé à remettre les appareils en question et suffisamment bien placé suffit à redonner la main au peuple qui devrait lui fournir de toutes pièces une majorité présidentielle et non souscrire d'avance à un prêt-à-porter législatif comme dans les élections passées. Encore faut-il que cette occasion soit saisie : c'est le sens du vote Bayrou.

Catherine Kintzler www.mezetulle.net

Jean-Marie Kintzler

2 - La victoire de Ségolène Royal est nécessaire

J’avoue que je ne comprends pas les réticences de certains de mes amis de Respublica contre Ségolène Royal. Les médias, aux ordres de Sarkozy, l’ont maltraitée, la faisant passer, avec un certain machisme, pour une Bécassine. Les éléphants du Parti socialiste lui ont savonné la planche, et travaillent à sa défaite. Eric Besson, en écrivant en catastrophe son livre, ne pouvait mieux contribuer à sa perte. L’extrême gauche passe son temps à lui taper dessus, pour le plus grand bonheur de Bayrou et de Sarkozy.

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crédit : Charlie Hebdo

Je trouve pourtant que Ségolène Royal a fait un parcours courageux. Quand elle a osé rompre avec le discours de la bobocratie de gauche, et proposer un encadrement militaire pour les délinquants multirécidivistes, j’étais d’accord avec elle, et pas avec Jean-Luc Mélenchon, qui voyait dans de tels propos la recherche du vote des petits blancs.

Quand Jean-Pierre Chevènement l’a rejointe dans le staff de campagne, j’y ai plutôt vu un bon signe, et l’espoir que Ségolène Royal saurait prendre en compte le vote « non » des Français, le 29 mai dernier.

Quand elle a parlé, à Villepinte, d’une sixième République, j’y ai vu l’influence positive d’Arnaud Montebourg.

Quand elle a commencé à parler de la Nation, de la République, et du drapeau, j’y ai vu la patte de Jean-Pierre Chevènement, et je me suis réjoui que le principal parti de gauche adhère à ses valeurs. J’aime son discours sur la revalorisation de la valeur travail.

Je pense vraiment que Ségolène Royal était la seule chance, pour le Parti socialiste, de figurer au deuxième tour, et je n’ai pas envie de vivre à nouveau un 21 avril 2002.

Je suis pas pour autant une inconditionnelle, des choses, que je préfère taire dans ce texte, me dérangent chez elle, et dans son parti, mais pour moi il faut choisir le moindre mal.

Je la trouve nettement meilleure que Lionel Jospin, en 2002.

Je ne souhaite pas avoir à choisir entre Sarkozy et Le Pen le 22 avril 2007, au soir.

Je ne veux pas davantage avoir à choisir entre Sarkozy et Bayrou, dont je rappelle à mes amis que l’UOIF appelle discrètement à voter pour lui.

Je n’ai jamais choisi la politique du pire, et je considère que la plus mauvaise gauche (ce qui n’est pas le cas de Ségolène Royal) vaut toujours mieux que la droite au pouvoir.

J’ai toujours constaté que la gauche, malgré ses erreurs, amenait du progrès pour le monde du travail (40 heures et congés payés en 36, cinquième semaine en 1981, retraite à 60 ans, 35 heures en 1998, etc.). Jamais un gouvernement de droite n’a amené le moindre progrès social.

Je ne prendrai donc aucun risque, n’égarerai pas mon vote sur des organisations d’extrême gauche souvent démagogues, et qui ne veulent pas exercer le pouvoir.

Je ne crois pas davantage à la fable qui nous explique que Bayrou a des chances de battre Sarkozy, alors que la candidate socialiste n’en aurait aucune. Cela ne tient pas la route.

Je voterai pour Ségolène Royal, sans aucune hésitation, dès le premier tour, pour battre la droite, et bien sûr au deuxième tour, pour éviter d’avoir Sarkozy président.

Jeanne Bourdillon

3 - Mon vote expliqué à ma fille (suite)

Alors papa, je te rappelle qu’on avait convenu (Respublica 515) qu’on reparlerait de ton vote avant le premier tour. Et je te rappelle que tu m’avais dit que tu voulais voter à droite !

J’ai dis que je pensais voter pour Bayrou, le seul candidat capable selon moi de battre Sarkozy au second tour. Cela représente malheureusement aujourd’hui mon seul objectif, dans la mesure où il n’existe pas de dynamique et encore moins de candidats capables de porter le seul programme qui vaille, celui d’une gauche antilibérale engagée pour la République sociale et laïque. D’ailleurs, aucun des candidats antilibéraux n’a jamais eu l’ambition de passer le premier tour, et leur campagne a été lamentable. Regarde Besancenot, qui se complait dans la personnification liée au présidentialisme de la Vème république. Il annonce qu’il est satisfait de sa campagne avant même de connaître son score, tout simplement parce qu’il a eu un peu plus de monde qu’habituellement à ses meetings, et que son écurie s’imagine que les adhésions vont suivre. Mais qu’est-ce que sa campagne aura changé dans notre quotidien le 23 avril ? Et Buffet, rien qu’à la regarder ramer, on comprend qu’elle emmène son parti au cimetière de l’histoire. Tu as bien vu que nos amis communistes sont de plus en plus susceptibles et même agressifs dès qu’on ose la moindre critique. Ils nous reprochent presque d’être les responsables du fiasco annoncé de leur parti, alors que c’est à leur direction qu’ils devraient s’en prendre. Je te fais grâce du moustachu, son cas ne vaut pas la peine que je m’y attarde.

Avec des soutiens comme toi, ils ne risquent pas un score à deux chiffres ! Et ne te défile pas. Bayrou est de droite point barre !

Je ne dis pas le contraire et je ne l’ai jamais dit. Mais par contre, je te ferai remarquer que ce que je t’avais annoncé est en train de se produire.

Quoi, que tu avais viré à droite ?

Mais non imbécile. Je t’avais dis que le vote Bayrou était le seul qui allait permettre la salutaire recomposition à gauche. Et bien ça y est, c’est parti ! Rocard a lancé le mouvement. Il « prépare les esprits » comme il dit. Kouchner, Allègre et Cohn-Bendit ont déjà embrayé, et Bayrou prépare la chambre d’amis. Le Parti Socialiste, qui est depuis longtemps coupé du peuple et incapable d’apporter des réponses à ses attentes, est le verrou qui empêche toute recomposition. Et tout se met en place pour que le verrou saute à partir de lundi prochain. DSK va suivre, et les seuls reproches qu’il fait à ses amis, c’est d’avoir une semaine d’avance sur son calendrier.

Et pourquoi le PS volerait-il plus en éclat en 2007 qu’en 2002 ?

Parce qu’il n’a plus aucun ancrage populaire et qu’une partie de ses principaux responsables ou anciens responsables vont faire alliance avec Bayrou, ce qui était impensable en 2002. Parce qu’en face, c’était Chirac, parce que Chirac n’avait pas besoin d’eux, et parce qu’on sortait d’une cohabitation. Aujourd’hui, c’est joué d’avance, car les sociaux-libéraux ne pourront pas résister à créer cette alliance dont certain rêvent même en secret depuis longtemps, qui leur permettra enfin de gouverner en phase avec leurs idées. Et puis les bayrouistes se sont suffisamment démarqués depuis un an du gouvernement de droite dure qu’on vient de se coltiner depuis cinq ans pour qu’ils puissent sauver les apparences. En plus, ils n’ont pas du tout envie de passer cinq ans de plus dans l’opposition. Et enfin, Bayrou a besoin d’eux, car sans eux, il serait bien en mal de former un gouvernement.

Excuse-moi, mais je n’ai toujours pas compris comment un gouvernement de droite, même avec le renfort de quelques socio-démocrates, allait répondre aux besoins des classes populaires.

Ne te fais pas plus bête que tu n’es. Bien sûr qu’il n’y répondra pas !

Maintenant, si tu préfères Sarko, dis-le ! Moi vois-tu, je n’imagine pas que ce type soit le Président de la République française. Sa pratique du clivage, du fractionnement, de tout opposer, du recours au religieux, de l’utilisation de la peur et de la violence, tout cela ne colle pas avec la France et serait porteur de risques sérieux de fortes tensions, voire d’embrasement.

Tant mieux, comme ça tu l’auras ta révolution !

Mais non, affrontement ne veut pas dire révolution ! Au contraire, Sarko saura parfaitement instrumentaliser la tension pour en profiter pour imposer ses mesures antisociales et sécuritaires. Il en aura même besoin, car s’il obtient une majorité de godillots en juin et qu’il forme un gouvernement servile et dévoué, il y a fort à parier que l’état de grâce sera de très courte durée.

Donc en gros, tu te réfugies dans le vote centriste et tu abandonnes le combat politique.

Pas du tout. D’abord, j’ai hésité à voter blanc, car au fond de moi, toute cette mascarade me gonfle. Ce n’est qu’un simulacre de démocratie et quand je vois que tous, d’un extrême à l’autre, se complaisent dedans et qu’aucun ne songe à dénoncer tout ce cinéma, je regrette qu’il n’y ai pas eu un vaste mouvement populaire d’appel à voter blanc au premier tour pour dire : stop ! on s’en fout de votre grand cirque populiste, ce n’est pas cela qu’on attend des partis, ce qu’on veut, c’est de la protection sociale, de la sûreté, du pouvoir d’achat, des services publics, la fin du libre-échangisme, un environnement sain et du vivre ensemble!

Le combat continue, dès lundi matin à l’aube. Combat politique, pour imposer aux appareils le rassemblement capable de porter aux législatives les aspirations des 31% du Non de gauche du 29 mai 2005. Mais aussi combat social, car s’il n’a pu s’imposer dans les urnes, le rapport de force devra s’établir grâce à des mouvements sociaux renforcés. Combat laïque enfin, car face à la montée des intégrismes et du communautarisme, notre laïcité devient un trésor d’intelligence qu’il nous faut défendre.

Pas d’autre question ?

Non. Autant tu m’as convaincu, autant je me marre en imaginant la tête de tes amis quand ils sauront que tu as voté pour Bayrou.

T’inquiète. Ce qui compte, c’est que le cocotier soit suffisamment secoué pour que la prochaine fois, quand tu voteras, tu aies la possibilité d’avoir un bulletin de vote vraiment capable de nous sortir de la mélasse néolibérale.

Alexis Secondat

4 - Indécision et inquiétude

A moins qu’une force occulte illumine ma conscience embrouillée ou que dans l’isoloir une révélation foudroyante me fasse changer d’avis, c’est un point d’interrogation que je mettrai dans l’urne dimanche prochain. Je fais donc partie des 40% d’électeurs indécis qui n’ont pas trouvé ce chef d’Etat qui mériterait leur confiance. Parmi ces indécis, un certain nombre va choisir un candidat au dernier moment, sans conviction. Je serais curieuse de savoir ce qui va guider leur choix de dernière minute.

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Ma fille qui fait partie de cette jeune génération inquiète d’un avenir avec la droite et consciente que l’extrême gauche est un désastre me dirait que l’important c’est de voter utile à gauche.

Voter utile en votant Ségolène Royal parce qu’elle est socialiste ? J’ai du mal à admettre qu’avec sa palette de propositions fourre-tout, sa démocratie participative qui n’est qu’une stratégie démagogique pour nous faire croire que les éléphants sont roses, elle saura mener la barque sans passer par-dessus bord ceux qui croient encore que le PS peut avoir un programme réellement socialiste. Eric Besson, lui, a compris qu’il fallait mieux quitter ce navire fragile avant de couler avec.

Voter utile en votant Ségolène Royal parce qu’elle est une femme ? Il parait, en effet, que les femmes font de la politique autrement. C’est un argument qui pour moi dépasse tout entendement. Je l’ai entendu pourtant de la bouche de quelques féministes labellisées qui l’énonçaient comme une vérité implacable en renvoyant allègrement Margaret Thatcher au rang des exceptions de l’histoire. « Je voterais pour une femme à la présidence de la République même si elle était de droite » affirmait une militante qui intervenait dans un café-débat féministe. Cette déclaration provoqua des levées de boucliers dans l’auditoire et je ne fus pas la dernière à réagir avec indignation. Pour moi c’est l’un des arguments les plus incohérents que j’ai pu entendre dans cette campagne. Une femme présidente, serait une avancée pour toutes les femmes de France et de Navarre. Ça, j’ai vraiment beaucoup de mal à y croire.

Le mieux serait d’imaginer une candidature uniquement féminine : Marie-George, Arlette, Dominique, Ségolène, Marine, une « Bové » sans moustache, une jeune « Besancenotte » en jupette, une miss « chasse, pêche et tradition » en jambières, une madame De Villiers en tailleur bleu marine et une fougueuse « lambertiste » sortie par Schivardi et Cie de la botte secrète du parti des travailleurs. Là on serait sûrement sur le droit chemin d’une politique « juste » et dans tous les cas de figures le résultat aurait du bon. On pourrait chanter à l’unisson que la femme est l’avenir de l’homme et proclamer que l’histoire rattrape enfin les inégalités du passé. Pardonnez-moi ce petit délire mais ça ne fait pas de mal par les temps qui courent.

Quoiqu’il en soit, et peu m’importe la bien pensance féministe, je dis que le sexisme à l’envers c’est toujours du sexisme et que le pouvoir au féminin n’a rien de moins phallocrate.

Je l’avoue j’ai été séduite, un moment, par François Bayrou. Son côté « ni gauche, ni droite », sa prétention à rassembler pour construire de nouvelles perspectives avec des propos républicains dénués de démagogie à l’emporte pièce m’ont amenée à y réfléchir sérieusement. Mais voilà Bayrou n’a rien à envier à Royal ou à Sarkozy sur la question du régionalisme et je n’ai pas voté contre le TCE pour voir l’Europe en point de mire de notre prochain gouvernement.

Même la stratégie du troisième homme, celle qui viserait à casser la donne entre Sarkozy et Royal, cela ne me branche pas vraiment.

Alors ne pas voter utile, pourquoi pas. Mais là je bloque. La gauche et l’extrême gauche compassionnelles, de Besancenot, à Voynet en passant par Bové et Buffet, me révulsent. Anti-républicaine, communautariste et anti-laïque, cette gauche là me ferait virer sans scrupule à droite si je n’avais pas le cœur encore bien accroché à gauche. Arlette Laguiller, je l’aime bien mais elle n’est pas crédible. Dupont-Aignan n’est pas dans le peloton, c’est dommage. J’aurais pu voter pour Jean-Luc Mélenchon s’il était en lice. Il aurait pu être un candidat intéressant s’il avait eu le courage de poursuivre son chemin en solo sur la voie d’une gauche républicaine reconstituée avec le non au TCE dans ses bagages.

Je ne vote pas à droite et ne voterai jamais à l’extrême droite.

Et pourtant, certaines choses de la vie ordinaire, celle de monsieur et madame tout le monde, me laissent à penser que des électeurs qui n’ont jamais voté à droite le feront dimanche prochain. Anecdote parmi d’autres : je me trouvais, il y a quelques jours dans le hall d’accueil d’un commissariat de police. Une femme, la cinquantaine, entre pour déposer une plainte suite à une agression qu’elle a subie la veille au soir en rentrant chez elle. Réaction du préposé en charge des plaintes : « Si vous n’avez pas de certificat médical, madame, c’est pas la peine, on peut rien faire. » La femme insiste expliquant que sa force physique et sa détermination ont fait fuir ses agresseurs mais qu’elle aimerait quand même qu’on prenne sa déposition. Deuxième réponse identique à la première sur un ton plus irrité franchement désagréable. D’autres personnes qui se trouvaient avec moi réagissent et nous exprimons notre indignation. « Mais si on prenait les plaintes de toutes les personnes qui se font agressées, explique le policier, nous serions débordés ». J’ai demandé si pour les femmes battues sans certificat médical c’était le même traitement.

La femme n’a finalement pas déposé sa plainte. Un des hommes témoin de la scène lui a dit en sortant « Madame vous savez maintenant pour qui voter ».

Et ça c’est inquiétant.

Martine Chapouton

5 - Cela me désespère, mais je vais peut-être voter Schivardi !

Autant vous dire clairement les choses, je ne sais toujours pas pour qui je vais voter dimanche. Si Chevènement avait été candidat, il aurait eu ma voix. Si Mélenchon avait fait ce qu’a eu le courage de faire ce qu’a fait Dupont-Aignan (que je trouvais fort sympathique), j’aurai voté pour lui, et sans doute participé à sa campagne. Pour moi, le critère essentiel est la bataille pour sortir de l’Europe libérale, qui se profile après les présidentielles, le reste est secondaire.

J’ai été un moment séduit par la nouveauté de la candidature de Ségolène Royal, et j’aurai été prêt à oublier son « oui » au TCE. Mais les socialistes sont les plus dangereux européistes, et pour moi, c’est impossible. Les propos tenus par certains leaders PS, après les incidents de la Gare du Nord, ont fini de me convaincre que le PS, mais aussi toute la gauche, serait incapable d’avoir un discours à la hauteur des attentes des citoyens, face à la montée de la violence d’une minorité des jeunes. Le choix d’Huchon, président de la région Ile-de-France, de rendre gratuit les transports en commun pour les Rmistes, et de ne rien faire pour les travailleurs pauvres est révélateur de tout ce que je ne supporte plus chez les socialistes. Cela m’a révolté, et je partage totalement les critiques sévères de Martin Hirsch, président d’Emmaus, sur cette question. D’autre part, le discours sur la régionalisation jusqu’au bout de la candidate PS la grille à jamais à mes yeux. Quant à ses volte-face sur le nucléaire, et ses alliances privilégiées avec les Verts et leurs éoliennes, cela me paraît trop dangereux. Et vouloir opposer l’école à la construction d’un deuxième sous-marin ne me paraît pas très sérieux. Je n’ai pas aimé, d’autre part, son incapacité à résister à la pression d’une minorité agissante d’homosexuels, sur le mariage et l’adoption. Quant à sa volte-face sur la régularisation des parents en situation irrégulière qui ont un enfant scolarisé, je l’ai trouvé pathétique, mais surtout inquiétante.

Je ne parlerai pas des communautaristes de gauche et d’extrême gauche, Buffet, Besancenot, Voynet, et la caricature anti-républicaine que représente Bové. J’ai une tendresse particulière pour Arlette, mais elle a déjà eu 5 %, et n’a jamais été capable de proposer autre chose que de construire le parti révolutionnaire.

Je vais donc être franche, je ne souhaite pas la victoire de la gauche bobo aux prochaines municipales, je considère que cela serait une catastrophe pour les classes populaires, pour les citoyens, et pour le pays. Mais, ayant toujours voté à gauche, je suis incapable de voter à droite, en plus pour un partisan du oui, je reste totalement bloquée.

Certains m’expliquent et tentent de me convaincre que je devrai voter Bayrou pour battre Sarkozy et créer la crise. Non seulement cela ne me convainc pas, mais je n’ai pas plus envie que Bayrou n’arrive au pouvoir que Sarkozy. Pour moi, Bayrou et Royal vont trahir notre vote, et sur l’Europe, ce sont les deux plus dangereux. Ce sont leurs complices qui sont à la tête de l’Union européenne depuis cinquante ans, qui nous ont collé une Europe à vingt-cinq, et qui sont décidés à aller toujours plus loin dans la fuite en avant libérale.

Et Sarkozy ? S’il appliquait les discours de Guaino (une chance sur cent) je souhaiterais sa victoire sans hésiter, car les propos sont remarquables, talentueux et courageux. Mais je ne vais pas voter pour un garçon qui a passé sa vie à raconter et à faire le contraire que ce qu’il écrit, sous prétexte qu’il dit avoir changé. Par contre, je ne tomberai pas dans le « tout sauf Sarko ». Sa victoire ne me fait pas plus peur que celle de Bayrou ou de Royal, elle est porteuse de dangers différents. Je me méfie des qualificatifs excessifs. J’étais une enfant en 1958, quand je me souviens qu’on qualifiait dans ma famille la victoire de de Gaulle de victoire du fascisme. Aujourd’hui, on entend les mêmes sornettes sur Sarkozy, qui n’est qu’un conservateur très droitier, et pas un fasciste.

D’autre part, je fais confiance au mouvement social pour savoir imposer des limites à Sarkozy, qui comprend les rapports de force.

J’étais donc résigné à l’abstention, faute de mieux, et depuis quelque temps, le vote Schivardi me tente. Dès que j’en parle autour de moi, j’indigne nombre de mes amis. « Quoi, ce pantin, manipulé par les lambertos ? » me disent les uns, avec rage. « Tu sais que c’est le Parti des Travailleurs qui est derrière », me disent d’autres, très énervés. Certains exhibent des cicatrices, traces de leurs contacts avec le sympathique service d’ordre de l’OCI jadis, et du PT aujourd’hui. D’autres me parlent des pratiques lambertos dans FO, dans la Libre Pensée, dans le Grand Orient de France, partout où ils sévissent. C’est évident qu’ils sont haïs dans beaucoup de milieux. J’en prends plein la tête, on m’abjure de me ressaisir, de me reprendre, certains me disent que je suis très fatiguée, et que je dois prendre des vacances au plus vite. « Ne vote pas, plutôt que de voter pour ces voyous machos ! » m’a dit une amie de longue date.

Je sais que mes amis ont un peu raison. Je sais ce que sont les dirigeants du PT, et j’ai moi-même eu à les subir dans certaines circonstances. Mais ils ont ce talent de savoir faire des campagnes simples, sur le thème essentiel du moment. Alors certes, ils font l’unité avec eux-mêmes, et sont très forts pour orchestrer des collectifs unitaires qu’ils pilotent en sous-main.

L’opération Schivardi, qui nous prend pour des imbéciles en disant qu’il ne savait pas ce qu’était un « troskisse » est de cet acabit. Mais ils ont compris l’importance des enjeux européens, et sont les meilleurs pour dénoncer le traité de Maastricht, et les autres traités et directives européens. Ils ont compris qu’on ne peut pas défendre les services publics si on ne rompt pas avec l’Union européenne, sa politique libérale et la BCE. Ils sont les seuls qui vont au bout de leur logique : attaquer frontalement l’Union européenne, et sortir ! Et ce discours me plaît bien, même s’il est ringardisé par les médias, que le candidat n’est pas trop brillant, pas toujours très audible, et que directeur de campagne, le glacial Daniel Gluckstein, m’inquiéterait s’il exerçait une responsabilité politique un jour.

Donc, je me pose la question de savoir si je ne dois pas voter pour un discours qui tranche avec la bien-pensance européenne.

Je me donne encore deux hypothèses : l’abstention ou le vote Schivardi, bien que j’ignore si je serai capable de mettre un bulletin de vote Schivardi, en pensant en même temps à Boussel-Lambert, à Gluckstein ou à Eyschen…

Désespérant ? Je reprendrai cette phrase de Pierre-André Taguieff : « c’est à partir du constat pessimiste d’une triste réalité que l’on peut bâtir une vision optimiste de l’avenir ».

Lucette Jeanpierre

6 - Sarkozy, la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf

Il était une fois un pays...

Un pays dont le "dictateur" maintenait l'ordre en tuant et en emprisonnant les opposants, comme bien des dictateurs de par le monde! Mais ils n'ont pas tous le même sort, ils peuvent être condamnés, ou ignorés, ou même encouragés! C'est selon. Ainsi donc, en Irak le clan au pouvoir, sunnite,était minoritaire et opprimait les chiites, majoritaires, et aussi les kurdes qui revendiquaient leur indépendance et furent gazés sans pitié pour cela. Ces exactions ne dérangeaient pas trop les Occidentaux, qui vendaient des armes à ce dictateur qui n'était, après tout, pas si dictateur que ça, au début. C'est qu'il y avait du pétrole, et ça arrangeait bien les choses.. Mais il y avait aussi un pays super puissant qui exerçait sa domination économique, militaire et surtout idéologique sur le monde. L'irak, de par sa position stratégique avec le conflit Israël- Palestine dans le coin, c'était l'idéal pour asseoir sa domination. Il fallait un prétexte pour intervenir? Le terrorisme faisait bien l'affaire ; il y avait des armes de destruction massive en Irak! Et la "communauté internationale" avala la couleuvre. Une coalition se forma pour envahir ce pays. Beaucoup de pays. Sauf la France. Ce fut à l'honneur de Chirac de refuser de suivre de suivre la politique de Bush ! Et j'en suis fière, comme tous les opposants à la guerre en France. Opposants qui marchèrent, marchèrent, à Londres, et presque partout dans le monde. Bush n'écouta personne et fit ce qu'il avait, lui, décidé.

Qu'aurait été la décision du PS s'il avait été au pouvoir? La question mérite d'être posée. Aurait-il refusé l'invasion de l'Irak? Car il s'agissait bien d'une invasion, sans accord de l'ONU, et sans motif réel. Car des armes massives, on n'en trouva pas. Agression, invasion, et voilà Bagdad - Bombes. La coalition avait débarqué avec 150 000 hommes et sema la mort, voilà comment on sème le terrorisme dans un pays qui ne le connaissait pas, jusque là. Et depuis, les bombes, c'est tous les jours. C'est un peuple que l'on détruit, les envahisseurs ont déchaîné les luttes de clans, chiites contre sunnites, et les deux contre les Kurdes. Saddam a été pendu, c'est un procès " exemplaire" qui a satisfait surtout le clan Bush. Ce sont les Américains qui ont formé et mis en place le tribunal irakien.

Et au Kosovo ?

Au Kosovo, ce fut la première guerre de l'Europe (L'Europe qui a été créée pour nous apporter la paix, nous a-t-on dit)

Là-aussi, un "dictateur"serbe qui voulait faire une "grande Serbie": il a fait massacrer des Bosniaques et a provoqué l'exode des kosovars musulmans. On tait soigneusement que l'Albanie, pays frontière, voulait elle la grande Albanie, en annexant le Kosovo. On ne dit pas trop que la Croatie a eu aussi un rôle de division, avec Tudjman (un petit dictateur qui n'a eu aucun problème avec la justice, il est mort dans son lit) et a joué le rôle de déclencheur en réclamant son indépendance, avec l'aide du Vatican.

Voilà donc une Europe qui fait coalition pour rétablir l'ordre, "sauver les Kosovars" et détruire la Serbie, en la bombardant avec l'aide des Américains.

Voilà le procès : c'est le tribunal pénal international (TPI) qui poursuit surtout les Serbes, emprisonne Slobodan Milosevic. Le "dictateur " échappe à la sentence en mourant de maladie!

Et maintenant? Les problèmes sont-ils réglés dans la région? Il faut remarquer que l'on n'en parle guère. Maintenant, rien n'est réglé. Les kosovars ont certes regagné leur territoire, mais les Serbes habitant au Kosovo ont été obligés de fuir, ou vivent, pour ceux qui restent sous protection internationale avec des pogroms par ci par là (pas du tout médiatisés) Le statut du Kosovo ? La résolution de 1999 du Conseil de Sécurité rappelait la souveraineté de Belgrade sur le Kosovo. Mais si la "communauté internationale" devait imposer l'indépendance du Kosovo, alors ce serait la voie ouverte pour toutes les indépendances, en Espagne, la Catalogne, en France les Basques, les Bretons, les Corses ?? Et ce serait sans doute la reprise des combats.

Qui a appuyé de ses bombes l'intervention qui a défait la Yougoslavie? Les Américains. On sait maintenant qu'ils avaient préparé bien avant leur intervention en soutenant l'armée de libération du Kosovo, l'UCK

Qui sème la mort à Bagdad ?

Est-il question d'un tribunal international pour juger ce grand criminel, Bush ? Ah, au fait, dans les candidats, il y en a un qui admire les USA non ? Un qui était POUR soutenir l'invasion de Bush et de Blair. (il soutiendait donc une coalition contre l'Iran par exemple?)

Il est même allé à Colombey-les-deux Eglises. Le pauvre petit homme. De Gaulle, lui, n'était pas le vassal des Etats-unis. Il avait une autre vision de la France, sur le plan international.

Ce candidat devrait relire la fable du grand La Fontaine:

"La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf " " Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf

S'enfla si fort qu'elle creva "

Edith Berlioux

7 - LAICITE : MEANDRES…. AMBIGUITES… SILENCES !

Dès novembre dernier, « Les Laïques en Réseau » se sont adressés par questionnaire ( à lire sur le site : www.laic.fr ) à tous ceux qui proposaient leur candidature à l’élection présidentielle, afin de les faire s’engager sur la défense et le renforcement de la laïcité, pierre angulaire du mode d’organisation et de fonctionnement de notre société, socle de notre République.

Force est de constater aujourd’hui que si Corinne Lepage, Nicolas Dupont-Aignan, Rachid Kaci se sont très rapidement prononcés de manière positive sur les 28 questions posées (et nous ne pouvons ce jour que leur demander de continuer leur combat pour « la défense de la laïcité »), seuls Arlette Laguillier, Ségolène Royal et JM Le Pen ont répondu précisément à notre interrogation, P. de Villiers s’est contenté d’une lettre nous annonçant sa réponse (non parvenue au 17/04), les autres restant silencieux…mais il est des silences plus éloquents que de longs discours !

Nous avons précédemment analysé (dans « Respublica ») les positions - très négatives et dangereuses- de MG Buffet et de F. Bayrou en matière de laïcité à partir de leurs textes et interviews diverses…Nous n’avons rien à retrancher à ce que nous avions exposé alors : pire, quand Mme Buffet s’écrie, dans « La Vie » du 05 04 , que « la laïcité ne doit pas consister en une séparation factice, voire schizophrène, entre l’espace public et l’espace privé », elle avoue(sans le savoir?) son penchant pour le communautarisme religieux, la dilapidation des ressources publiques à des fins confessionnelles, le retour « des églises » dans la gestion civile de l’espace public…Et quand « l’illusionniste » M. Bayrou reçoit le soutien explicite de l’UOIF (lors de son congrès du Bourget les 13-16/04 où furent hués les noms de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal), on aimerait qu’il refuse cet allié encombrant, proche des « Frères musulmans », où officie le nommé Hani Ramadan (oui, oui, celui qui affirme que le sida est un châtiment divin et qu’il est juste de lapider une femme infidèle…) et qui lutte encore contre la loi « sur les signes religieux à l’école »…

Chacun pourra lire directement sur le site www.laic.fr les réponses de Mmes Laguillier et Royal, de M. Le Pen aussi… et se faire par lui-même une opinion. Aussi nous paraît-il plus intéressant d’évoquer les silences des autres candidats. Si le thème de la laïcité dépasse la candidature de témoignage de M. Nihous (ce qui explique son absence de réponse, sans doute…), il n’en est pas de même pour celle de M. Schivardi qui s’en réclame, sans pousser l’honnêteté intellectuelle jusqu’à préciser ce que son discours suppose : il en a eu la possibilité par notre questionnaire, il ne l’a pas saisie, cela suffit à disqualifier une parole de simple principe qui n’ose pas se concrétiser dans des positions affirmées…

Mais que dire des silences de Mme Voynet, de M. Besancenot, de M. Bové ? Cela leur coûtait-il d’affirmer leur attachement aux principes de la loi de 1905 et à leurs conséquences pratiques ? Cela les gênait-il de montrer leur refus de toute forme de communautarisme ? Cela les embarrassait-il de marquer leur attachement à la primauté de la loi générale sur toutes les lois religieuses ou coutumières ? Ont-ils été agacés par la demande de réservation de l’argent public à l’espace public, donc par l’impossibilité de financer la construction des lieux de culte (déguisés ou non en lieux culturels) par des fonds locaux, territoriaux ou nationaux ? Ont-ils été déstabilisés par l’engagement demandé à refuser toute atteinte à l’égalité en droits de l’homme et de la femme, notamment par le respect de l’intégrité physique du corps féminin ou le rejet de la pratique du mariage forcé ? Ont-ils été impuissants à prendre une position de principe contre les situations spécifiques de l’Alsace-Moselle ou de la Guyane ? …Nous ne le saurons pas …Aussi ne nous laissent-ils aujourd’hui , pour éclairer leur conception de la laïcité, que les images de M. Bové défilant avec « des femmes voilées » sous la houlette de l’UOIF, que les liens tissés par la LCR avec le Hezbollah libanais ou que les justifications communautaristes de Mme Voynet.

Nous aurions aimé pouvoir lire les réponses de M. Sarkozy…car s’il est un candidat qui a pratiqué l’art du méandre et de l’ambiguïté, c’est bien lui…Que croire, que prendre en considération ? Le discours du ministre qui prône « une laïcité vivante » prononcé lors de la remise du célèbre rapport « Machelon » (qui remet en cause directement les articles 1 et 2 de la loi de 1905 , et qui ouvre des pistes aux communautarismes religieux) ou l’interview du 06/04 au journal « La Croix » où le candidat affirme que la loi de 1905 est un monument qu’il ne faut pas toucher , renvoie le financement public des lieux de culte à un consensus à trouver, rejette tout communautarisme (discours de Caen du 09/03) ou réitère son attachement à la liberté d’expression (après le procès contre « Charlie-Hebdo »)? Peut-on oublier l’organisation du « culte musulman » à travers le CFCM, qui témoigne d’une intrusion de l’Etat dans « une Eglise » ? Il est vrai que le processus avait été initié par JP Chevènement et L. Jospin…Pour plus de clarté, on eût aimé des réponses précises à notre questionnaire !!!

Ce qui caractérise tous les candidats, c’est que « la laïcité » ne semble pas être un thème global et un enjeu spécifique…Au mieux y consacrent-ils des périodes de discours, des moments d’interviews, des passages d’articles… Il faut récolter ici ou là des bribes d’opinions pour tenter de comprendre comment le futur élu voit le maintien et le renforcement du socle laïque de notre République .Si l’on s’en tient aux trois candidats que les sondages qualifient de « principaux », on peut remarquer quelques certitudes :

Sans doute y aurait-il d’autres remarques à faire …Et il eût été plus aisé d’avoir à disposition les réponses précises qu’imposait le questionnaire des « Laïques en Réseau » .. ;Il est vrai que d’autres structures « laïques » ont, elles aussi, de leur côté, interrogé les candidats : il eût été plus pertinent et plus efficace de le faire en commun…Cette recherche a été la nôtre , mais il faut croire que certaines associations qui prétendent défendre la laïcité ne se complaisent que dans leur pré carré…Avec elles, les pourfendeurs du socle laïque de notre République auront des sommeils paisibles…

S’il est une remarque indispensable à faire en la situation présente, c’est que, quel que soit le résultat du scrutin du 6 mai prochain, les défenseurs de la laïcité ont , devant eux, un combat ardu et permanent.

Robert Albarèdes Comité pour le Laïcité et la Démocratie

8 - La laïcité au cœur de la campagne 2007

Discrimination positive, communautarisme, avortement, financement des lieux de culte… Le thème de la laïcité s'invite sans cesse dans la présidentielle sans toutefois jamais devenir un thème central de campagne. Malgré un consensus de façade, d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, la laïcité semble aujourd'hui bien mise à mal.

Lire la suite sur le site de Vigilance Laïque

http://vigilance-laique.over-blog.com/article-6408389.html

9 - Affaiblir Ségolène Royal, c'est favoriser Le Pen et faire gagner Sarkozy !

Les déclarations de Rocard et Kouchner en faveur d’une alliance avec Bayrou nous rappellent Guy Mollet et la mort de la SFIO. Si ce mauvais coup affaiblissait la candidature de Ségolène Royal au point de lui barrer la route du second tour, la deuxième place ne reviendrait peut-être même pas à Bayrou !

Ecarter Ségolène des deux premières places le 22 avril, c’est risquer de donner la deuxième place à Le Pen.

Dans les derniers sondages, Bayrou et Sarkozy sont donnés en régression et Le Pen en progression. Le nombre d’indécis est en train de se dégonfler lentement... au profit de Ségolène Royal et de Le Pen, pas de Sarkozy, ni de Bayrou.

Les courbes de Bayrou et Le Pen vont probablement se croiser. Il n’est pas impossible qu’il en soit de même pour celles de Sarkozy et de Ségolène Royal, sauf si le mauvais coup de Rocard et Kouchner affaiblissait trop Ségolène…

Qui tente d’affaiblir le score de Ségolène Royal, pour faire le jeu de Bayrou, risque en réalité de faire le jeu de Le Pen. Les mauvais stratèges nous font risquer le pire !

Si néanmoins Sarkozy et Bayrou se retrouvaient au second tour, Sarkozy l'emporterait pour trois raisons :

  1. L'appareil de l'UMP est présent partout, il a des relais dans toutes les circonscriptions : c'est grâce à eux qu'il a obtenu 360 députés en 2002. Alors que, en comparaison, l'appareil UDF est groupusculaire : il a près de 30 députés élus grâce aux accords avec l'UMP.
  2. Les électeurs de gauche ne recommenceront pas pour Bayrou et contre Sarkozy le vote qu'ils ont fait, en majorité, pour Chirac et contre Le Pen.
  3. Les patrons des médias sont pour Sarkozy : ils recommenceront, cette fois pour Sarkozy, la campagne qu'ils ont faite pour Bayrou et qui a abusé des électeurs UMP (et des électeurs de gauche !) et celle qu'ils avaient faite pour Ségolène Royal en annonçant qu’elle seule (ni Laurent Fabius ni DSK) pouvait battre Sarkozy.

Les médias ont réussi à abuser l'opinion parce que la direction du PS, refusant de constituer une Union de la gauche, a laissé ses électeurs sans perspective. Au second tour, en cas de duel Sarkozy–Bayrou pourquoi ne réussiraient-ils pas, relayés par l'appareil de l'UMP, à faire élire Sarkozy ?

Si Bayrou l'emportait néanmoins contre Sarkozy, il devrait gouverner avec une majorité UMP

Si les médias n'avaient pas réussi à assurer la victoire de Sarkozy le 6 mai, l'implantation nationale de son appareil donnera à l'UMP une majorité lors des législatives des 10 et 17 juin. Il ne faut pas croire que ces législatives pourraient être des sessions de rattrapage : battu les 22 avril et 6 mai, le PS perdrait les législatives.

Bayrou n'aurait aucun intérêt à s'opposer à la majorité UMP : les 30 députés UDF sortants auront besoin de l'UMP pour être réélus, et Bayrou sait qu'il ne pourra pas réaliser un accord majoritaire avec le PS.

Le programme socio-économique de Bayrou reste, pour l'essentiel, inconnu parce que c'est le programme du Medef : destruction du code du travail, généralisation du CNE, privatisation de tous les services publics, y compris la Santé et l'Ecole. C'est aussi le programme de l'UMP.

Donc, pour faire barrage au programme du Medef, la seule solution est de sortir Bayrou et Le Pen, dès le premier tour, et de battre Sarkozy au second tour.

Notre seul moyen est de voter pour la candidature de Ségolène Royal dès le premier tour.

10 - En réponse à Corinne Lepage

Je suis assez étonné que Respublica, journal de la gauche républicaine, laïque, écologique et sociale, laisse madame Corinne Lepage faire sa publicité mensongère, c’est un pléonasme, sur Bayrou. En effet, il ne me semble pas qu’elle ait fait montre, dans sa carrière politique, d’élans vers la gauche qu’elle soit républicaine ou pas, son dernier élan, au contraire ayant été de trahir ceux qui comptaient sur sa candidature, en particulier parce qu’elle était bien marquée, je le reconnais, du côté de la défense de la laïcité.

Lorsque dans son texte intitulé « la République face à tous les dangers » paru dans le numéro 529 de Respublica elle écrit « Or, non seulement il n’en est rien puisque ce thème (la laïcité) semble avoir disparu corps et bien du discours de trois des quatre principaux candidats … » Elle laisse entendre, implicitement, que la laïcité fait partie du discours du seul F. Bayrou (prononcez Baille rou, sinon il se fâche) : bigre, ça au moins, c’est de l’honnêteté intellectuelle ! Pour avoir suivi de près cette longue campagne présidentielle, comme beaucoup d’abonnés de l’excellent Respublica, je ne peux que contester cette affirmation sous-jacente. Le représentant de la droite centriste n’en a pas dit plus que les autres. On a entendu Sarkozy beaucoup dire ou écrire sur la loi de 1905, avec des positions souvent contradictoires et dangereuses, depuis qu’il s’est déclaré candidat, on a entendu aussi Ségolène Royal affirmer dans le discours de Nantes par exemple, qu’elle veut tourner le dos aux communautarismes et défendre une République une, laïque et indivisible quant à Le Pen … Bien sûr, la laïcité n’a pas été le thème central de la campagne et je le regrette également mais dire qu’il a disparu corps et bien est largement exagéré, il a été présent, aussi, au moment du procès inquisitionnel de Charlie Hebdo. D’ailleurs, peut-être que si madame Lepage avait eu le courage de rester candidate, la laïcité eût été beaucoup plus mise en avant dans la campagne. Cependant, force est de constater que depuis qu’elle est dans le giron du Béarnais, ce thème qui lui est cher, à moi aussi, n’est pas plus visible ou audible dans ses discours. Il n’en dit donc pas plus mais, par contre, il en a fait plus ! Il est le seul des quatre « grands » candidats à avoir effectivement voulu mettre sur le même pied d’égalité l’enseignement privé et l’enseignement public en réformant la loi Falloux ! Résultat, des centaines de milliers d’enseignants dans les rues parisiennes, non pas pour faire du shopping, mais pour dire que l’enseignement privé est une verrue qui ne concerne que des fonds privés. Comment, madame Lepage, laïque convaincue, peut-elle s’allier à un tel personnage et, en plus, prétendre qu’il est le meilleur défenseur de la laïcité parmi les candidats en lice ?! J’avoue que ça me laisse pantois.

Une chose est sûre, c’est que, quel que soit le président ou la présidente élu(e) le 6 mai, nous aurons, nous les laïques sincères, à batailler encore pour que les fondements de la Laïcité ne soient pas bafoués.

René Petitprêtre

11 - Pureté, responsabilité, vigilance.

L'article de M Guilleminot me laisse perplexe. Un petit rappel, tout d'abord: DSK n'a JAMAIS dit qu'il voterait pour Chirac sans état d'âme, mais bien "en se bouchant le nez". On lui en a suffisamment voulu. Après tout, cela rappelait curieusement "le bruit et l'odeur" si souvent agités.

Qui plus est, je reste convaincu que l'appel au troisième tour dans la rue est au mieux illusoire. Dire que si toute la gauche s'était abstenue, Chirac aurait de toute façon été élu, et que même s'il ne l'avait pas été, il restait la rue, c'est oublier tout d'abord qu'on ne doit jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. C’est ensuite s’en remettre pour l’élection du président à la seule droite, qui se présentera alors comme gardienne de la République. Notons que la République, c’est le monde politique qui est commun à ceux qui sont majoritaires, mais aussi aux autres. Chaque citoyen est comme dépositaire et garant de l’existence de cet espace commun. Face à quelqu’un qui ne joue qu’apparemment le jeu du débat démocratique, il est du devoir de celui qui ne pense pas seulement aux opinions qu’il préfère mais avant tout au maintien d’un espace de parole politique de faire une distinction entre un adversaire dans le débat et un adversaire du débat. Le bien commun prend alors la forme non du meilleur mais du minimum pour que l’existence du commun soit possible.

Venons-en au pouvoir de la rue. Le Pen au pouvoir, il y aurait eu un grand mouvement populaire insurrectionnel? Ceci reste à voir. Après tout, il aurait été ELU, comme Bonaparte, et sans avoir eu pour cela à utiliser les méthodes qui avaient fait d’Hitler un chancelier à Weimar. Ne pas vouloir se salir les mains en oubliant que dans une élection présidentielle, il est question de désigner un président et donc surtout d'écarter ce qu'on exècre le plus, conduirait à laisser le champ libre à ceux qui n'ont pas une pensée aussi pure. La politique qui n'est pas de composition avec les forces en présence finit par s'adosser à la violence, comme si les barricades, les emprisonnements et toute autre forme de réjouissances du même cru n'étaient rien au regard du refus de se compromettre. C'est placer si haut l'estime de soi qu'on oublie que, pour que cette posture soit possible, il faut que d'autres agissent différemment et empêchent par leur vote l'accès au pouvoir d'un dictateur. Si le pouvoir peut être vertigineux, le souci de pureté, fondé sur des critiques généreuses de ce que la réalité sociale peut avoir de révoltant, en vient ainsi à s'adosser à une violence dont elle critique la forme mais non la nécessité. Le débat public suppose que l'action citoyenne se situe en s'efforçant de laisser à l'écart, de marginaliser ce qui relève de la violence, et ne se pense pas comme attente d'explosion.

Dans ces conditions, voyons ce qui est proposé à l'électeur. Un ensemble de partis qui ont un pouvoir de grappillage de pourcents mais aucune chance de conduire leur candidat au poste de premier magistrat de France d'une part, de l'autre, une extrême droite à laquelle la droite dure de Sarkozy ne fait pas les yeux doux... parce qu'elle reprend nombre de ses thèmes et entend se substituer à elle dans l'esprit d'une partie de l'électorat. La droite extrême et la droite dure, ces deux droites dont Pasqua disait il y a quelques années qu'elles avaient des valeurs en commun. Entre ces deux feux, Bayrou et Royal, qui ont des chances de l'emporter et qui n'ont jamais exercé le pouvoir comme l'a fait Sarkozy ces dernières années, par la manipulation, l'intimidation systématique et le refus de toute position critique à son égard ( voir l'affaire Azouz Bégag notamment ) Le choix se trouve là.

On peut dès lors regretter que le PS ne soit que bien modérément de gauche, que Royal fasse l'apologie d'un Tony Blair, mais il faut aussi rappeler quelques faits. Comment Bayrou a-t-il voté, ces dernières années, par exemple pour ce qui concerne le CNE? Propose-t-il de le supprimer? Quelle politique budgétaire a-t-il soutenu ? Comment a-t-il voté sur le projet de PACS, qui a-t-il envoyé comme représentant de l'UDF? Rappel: c’était Christine Boutin Quels sont ses alliés au niveau local, avec qui l'UDF vote-t-il, tous les jours, en France, aujourd'hui, s'il a à choisir entre l'UMP et le PS? Bon, c'est vrai, depuis un an , il fait dans la dissidence nationale, mais si on peut en vouloir à Fabius d'avoir dit qu'il avait tant changé, comment ne pas dire que pour Bayrou, le problème se pose dans les mêmes termes? Qui se passerait bien de l'ISF? Comment l'UDF a-t-elle voté sur les délicieuses lois Perben? Et on pourrait continuer.

En somme, si l'on a pu voter Chirac en se bouchant le nez, même sans partager les positions de DSK, on peut, sans grand enthousiasme, si vous voulez en se bouchant une narine, voter Royal. A moins de préférer descendre dans la rue avec ses armes parce qu’on en viendra à ne plus supporter une pratique dictatoriale du pouvoir. Mais au fait, comme arme, à la maison, vous avez quoi, et que donneriez-vous à votre compagne, à votre compagnon, à vos parents ou enfants pour faire respecter, par les voies de la rue la volonté du peuple? Car enfin, il ne faut pas oublier que le pouvoir peut être sourd aux manifestations pacifiques de la rue, et il y a peu de chance, si la droite dure ou sa jumelle extrême arrive au pouvoir, qu’il devienne tout attention Que faire alors ? S’en remettre à la violence ? Je préfère voter, et me donner aujourd’hui les moyens de ne pas être confronté à ce dilemme.

Le rendez-vous, ce n'est pas Lundi matin ou au lendemain du deuxième tour, c'est d'abord dimanche. A dimanche, donc!

Emmanuel Subra

12 - Du courage il en faut !

Il faut aussi de l'enthousiasme ! Je suis allez sur mon vélo à la Paillade à Montpellier (le quartier populaire) avec mon grand drapeau vert de "Ségolène Royale présidente !". J'y ai reçu un accueil chaleureux. Ça m'a remontée à bloc. Au moins eux, ils savent que la gauche et la droite ce n'est pas la même chose...

Courage, il faut oser ! C'est une chance pour la France ! Un bond en avant formidable ! Mieux encore que la coupe du monde de foot ! Une image forte donnée au Monde qui le demande (sauf pour les Pays anglo-saxons qui exècrent notre modèle Républicain) ! La presse en parle peu car elle ne lit que les journaux anglophones.

Le monde est tourné vers nous et se demande si nous allons oser ! Osons et vous verrez ! Les hourras des peuples d’Afrique, de la Russie, et de toute l'Amérique du Sud ! Pour eux aussi, un gouvernement de droite ou de gauche, ce n’est pas la même chose !

Oui c'est un moment Historique !

Allons-nous oser ?

Corinne Daudier

13 - N’ayons pas peur de confirmer notre choix du 29 mai 2005

A quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle, l’activisme des candidats et de leurs épigones va laisser place à l’alchimie de l’isoloir. Plutôt que de ressasser les arguments partisans ou les appels à de soi-disant « votes utiles », laissons chaque électeur se déterminer en raison, selon les principes républicains, en connaissance des caractéristiques et du contexte de cette élection.

Rappelons donc les fondamentaux.

Premier principe : en République, la souveraineté appartient au peuple qui l’exerce dans le cadre de la nation. Chaque citoyen est détenteur d’une petite part de cette souveraineté nationale : tout vote est donc utile et aucun ne l’est plus qu’un autre.

Second principe : l’élection se joue en deux tours. Aucun candidat n’a plus de droits qu’un autre à être finaliste. On ne le devient pas parce qu’on est favori ou parce qu’on est le représentant d’un « grand » parti, mais en portant des orientations dans lesquelles les gens puissent se reconnaître, en montrant sa capacité à incarner la France et les attentes du peuple français. A chaque candidat(e) de convaincre. A chaque citoyen de juger, sans craindre que le ciel lui tombe sur la tête.

Ecartons fermement le scénario de la peur. Quelque doute qu’on puisse entretenir sur la validité des sondages ou leur précision, le risque d’un tel scénario apparaît quasi-nul. Même s’il recueillait le même nombre de voix qu’en 2002 (ce qui est loin d’être gagné pour lui), Monsieur Le Pen resterait tout de même loin derrière Mme Royal. Quant à la grenouille Bayrou, sa prétention à vouloir devenir aussi grosse que le bœuf a fait long feu. Votons donc selon nos convictions. Au premier tour, on choisit.

Le contexte de ce choix – il convient d’autant plus de le rappeler que les « grands » candidats ont tous été des partisans du oui au TCE – est d’abord européen. Aucun président ne pourra faire rebondir la France ni conduire d’autre politique que celle menée alternativement par la gauche et la droite depuis 30 ans s’il ne desserre pas la contrainte européenne.

C’est pourquoi il est essentiel d’utiliser le premier tour pour confirmer et amplifier notre vote du 29 mai 2005 contre le TCE. En choisissant résolument un candidat qui assume clairement sa rupture avec la logique libérale de l’intégration européenne. Il faut peser fort, afin que le prétendu dépassement du oui et du non ne soit pas seulement une astuce destinée à dissimuler des orientations européennes inchangées ou un renoncement déguisé à la réorientation fondamentale des coopérations européennes.

N’ayons pas peur de notre détermination. Il sera toujours temps, au second tour, d’éliminer le postulant qui nous paraît le moins acceptable.

Michel Pillier Militant républicain

14 - Soirée avec un bayrouiste

La soirée commençait bien. Tout le monde était heureux de se retrouver pour passer un bon moment.

Puis quelqu’un demanda à la cantonade : « Alors, pour qui allez-vous voter ? »

Après quelques secondes d’hésitation, certains avouèrent qu’ils voteraient à l’extrême droite : Le Pen, de Villiers, Nihous ou Sarkozy, car il y en avait marre des Arabes, des musulmans, des écolos et des fainéants... qui étaient souvent les mêmes d’ailleurs, et qu’un bon coup d’« appareil de nettoyage haute pression » ferait du bien.

D’autres assurèrent qu’ils voteraient Laguiller ou Schivardi, parce qu’il y en avait marre de ces patrons qui s’en mettent plein les poches et de cette Europe qui fait le jeu du grand capital.

D’autres encore appelèrent à voter Bové, Besancenot, Voynet ou Buffet, parce qu’il fallait aider les petites filles à porter le voile si elles le voulaient, aider les indépendantistes à saper les fondements de la République et rétablir le délit de blasphème.

D’autres enfin affirmèrent qu’ils voteraient Royal sans hésiter, pour faire barrage à la gauche.

Après un court silence, quelqu'un lança soudain : « Moi, je vais voter Bayrou ! »

Stupeur dans la salle. On entendit un plaintif « Oh, non ! » On aperçut un signe de croix furtif. Les regards, inquiets, désespérés même, cherchaient de qui avait pu provenir une telle déclaration éhontée.

« Oui, je vais voter Bayrou ! » confirma sans gêne le malotru afin que tous les yeux se portassent sur lui et vissent sa splendide arrogance.

La soirée était gâchée. Un fauteur de trouble s’était glissé dans ce groupe d’amis pour casser l’ambiance.

« Mais tu te rends compte de ce que tu dis ?

Bien sûr ! Je vais voter Bayrou parce qu’il est au centre et que c’est là qu’est l’avenir ! »

Grands éclats de rire. Ouf ! On était soulagé : il ne s’agissait que d’une formidable plaisanterie !

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

15 - Avec Sarkozy, franchise = régression sociale

En matière d’assurance maladie l’UMP et Nicolas Sarkozy ont une idée fixe : l’augmentation des dépenses de santé, ce serait d’abord et avant tout la faute des patients. Il faudrait donc les « responsabiliser », c’est à dire les pénaliser financièrement pour « qu’ils consomment moins », ou, au minimum, pour que « la Sécu rembourse de moins en moins ».

Déremboursements incohérents, augmentation du « ticket modérateur » sur des soins courants, généralisation des dépassements tarifaires pour les médecins spécialistes, invention du forfait de 1€ par acte de soins ou de biologie, du forfait de 18 euros sur les actes supérieurs à 91€, l’actuelle majorité a multiplié les atteintes à la prise en charge solidaire des soins. Mais si elle a augmenté le reste à la charge des patients, le déficit de l’assurance maladie n’en a pas été comblé pour autant.

Aujourd’hui Nicolas Sarkozy va plus loin, beaucoup plus loin, en annonçant que s’il est élu il mettra en place une « FRANCHISE » c'est-à-dire un seuil annuel de dépenses en dessous duquel l’assurance maladie ne remboursera rien. Rien du tout. Franchise qui, pour mieux jouer son rôle de dissuasion de la consommation, ne sera pas remboursable par les assurances complémentaires, au moins dans un premier temps.

Nous, professionnels de santé, acteurs du monde associatif ou médico-social, universitaires, représentants des usagers et/ou usagers du système de santé dénonçons les RISQUES MAJEURS D’UNE TELLE FRANCHISE :

Franchise = Régression sociale : Dans son principe même une franchise d’un montant identique pour tous « pèsera » différemment selon les revenus. C’est la fin d’un système d’assurance maladie solidaire dans lequel chacun cotise selon son revenu et qui protège, équitablement, les individus en bonne santé et les malades. On quitte la logique de la solidarité pour celle de l’assurance privée.

Franchise = Menace sur l’accès aux soins des plus modestes :Dans une France où vivent plus de 3 millions de chômeurs et 7 millions de « travailleurs pauvres », 100 € de soins de santé non remboursés ce n’est pas rien… Et ce sont eux qui seront les premières victimes de la franchise si jamais elle voit le jour. La franchise, c’est la remise en cause de ce progrès social et sanitaire évident qu’avait été la création de la CMU.

Franchise = Menace sur l’accès aux soins primaires et la santé publique : Pour les « gros consommateurs », c'est-à-dire les patients atteints de maladies lourdes, il n’y aura pas le choix : il faudra payer. Mais au-dessus du montant de la franchise, ce sera sinon gratuit du moins «comme avant ».

La cible de cette mesure ce sont surtout les petits ou moyens consommateurs qu’il faut dissuader de se faire soigner pour des maladies apparemment moins sévères (celles qui, non soignées, peuvent justement s’aggraver) et bien évidemment pour les actes de prévention que l’on croit toujours pouvoir « reporter » à plus tard. L’inverse d’une politique cohérente de santé publique.

Franchise = Remise en cause du « tiers payant » : Les professionnels de santé ne pouvant savoir si le montant de la franchise a, ou non, déjà été acquitté, les patients devront systématiquement faire intégralement « l’avance de frais ». Ce qui constituerait un obstacle supplémentaire à l’accès aux soins des plus modestes.

Franchise = Porte ouverte à l’escalade : Nicolas Sarkozy ne s’en est pas caché, cette franchise sera « modulable » c'est-à-direque « si les dépenses augmentent et si le déficit augmente on pourrait augmenter le montant », et comme les dépenses augmenteront, inéluctablement, la franchise augmentera, non moins inéluctablement, et avec elle augmentera la gravité de ses effets pervers.

Nous refusons l’instauration d’une telle « FRANCHISE», socialement injuste, économiquement inefficace et dangereuse pour la santé publique.

Rejoignez-nous afin d’exiger des candidats à la présidentielle une clarification de leur position face à cette menace inacceptable sur l’accès aux soins en France.

Rejoignez les signataires de l'appel contre la franchise sur les remboursements de soins, à l'adresse: www.appelcontrelafranchise.org

Christian Lehmann

Martin Winckler

Philippe Sopena

16 - Attentats d'Alger: rassemblement vendredi à Paris, à 48 heures des présidentielles

Moins d'une semaine après les attentats meurtriers d'Alger revendiqués par Al-Qaïda, les Algériens de France s'organisent pour faire entendre leur voix. «Le Collectif pour le refus et la résistance contre le terrorisme» vient de voir le jour à Paris. Composé de plusieurs associations algériennes actives dans différents domaines (culturel, scientifique, humanitaire...), il s'apprête à lancer un appel pour un premier rassemblement de soutien aux victimes des attentats. «Le Collectif pour le refus et la résistance contre le terrorisme appelle l'ensemble des femmes et des hommes épris de justice et de paix à venir nombreux au rassemblement de soutien aux Algériens victimes des attentats du 11/04/2007. Cette manifestation se veut aussi une marque de solidarité avec tous les peuples de la région touchés par le terrorisme aveugle et abject. Ce rassemblement aura lieu le vendredi 20/04/2007 à la place de la République, à 18h précises», écrivent les premiers signataires dans un communiqué qui devait être rendu public lundi soir. D'autres associations devraient rejoindre l'appel dans les prochaines heures. Au regard de l'indignation suscitée par les attentats en France, les organisateurs tablent sur une forte mobilisation des Parisiens de toutes les origines.

Coordinateur du rassemblement de vendredi, Adam Benhamed explique: «A travers cette initiative nous voulons faire passer deux messages forts. Le premier est destiné aux auteurs des attentats du 11 avril. Nous leur disons: cette fois, les Algériens ne se laisseront pas faire. Nous n'allons pas retomber dans le piège des années 1990 et rester passifs devant les actes odieux que vous commettez. Nous allons organiser la résistance et rester vigilants. Aujourd'hui, le rassemblement aura lieu dix jours après les attentats mais la prochaine fois, il aura lieu le jour même. Le second message, nous l'adressons à l'ensemble des gouvernements des pays de la Méditerranée. Nous leur disons clairement: la seule issue possible est de travailler ensemble pour vaincre le terrorisme. Nous voulons une mobilisation générale, forte pour faire face à danger qui touche désormais tous les pays sans exception. La lutte antiterroriste doit constituer une priorité pour tout le monde, en dehors de toute arrière-pensée ou de tout clivage régional». Vendredi, les organisateurs du rassemblement entendent également rendre un hommage aux victimes des récents attentats suicides perpétrés début avril au Maroc, eux aussi revendiqués par le réseau Al-Qaïda. A deux jours du premier tour des présidentielles françaises, les Algériens de France veulent aussi envoyer un message fort aux électeurs: la communauté algérienne de France est fortement mobilisée pour lutter contre le terrorisme.

Source

Rabah Yanis

17 - La société des phobocrates (suite) : comment la psychologie chrétienne imprègne une « nation moderne ».

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crédit : Charlie Hebdo

A l’heure où Nicolas Sarkozy se drape de religiosité, invoquant Dieu, les églises et l’apport inestimable du christianisme en France, force est de constater que le candidat ouvre de plus en plus les tréfonds de sa pensée, livrant davantage de sa psychologie et de son rapport au monde, c’est à dire ce sur quoi il assoit sa vision et prends ses décisions. Pour sur, soin est laissé à chacun d’apprécier si notre société aurait été plus heureuse de la non-présence de l’hégémonie chrétienne durant 20 siècles de détestation du monde réel, de la femme, des plaisirs, de la science, et si seul le christianisme est capable de réaliser des monuments d’architecture… Toujours est-il que si les héritages chrétien et protestant dans la pensée de Sarkozy sont indéniables, on peut s’interroger sur la prégnance de cette vision de la vie dans la population d’une grande nation anglo-saxonne, telle les Etats Unis ou l’Angleterre. Nicolas Sarkozy a peur de la vie. Mais cette peur des risques à exister, cette recherche permanente de toujours plus de sécurité, ce besoin compulsionnel d’avoir des certitudes protectrices de l’inconnu et du hasard de la vie, s’agit-il là d’une pensée réduite à quelques individus, ou au contraire d’un un mouvement de fond pénétrant largement la pensée des gens comme une fondation de leur manière de vivre, de leur manière de concevoir l’existence, l’humanité et la justice ?

Je livre ici une lettre produite sur le blog de Jean Pierre Rosenczeiq (Juge pour enfants). Une française, vivant à New York, apporte au juge un portrait de la mentalité anglo-saxonne qui ne ferait pas pâlir un Max Weber, lui qui publia en 1910 ce qui reste un monument d’analyse de la psychologie chrétienne et de son impact dans la vie individuelle et sociale (loin – bien loin ! – de l’illusion d’une coupure stricte entre vie publique et vie privée).

De fait, par cette lettre, je laisse à chacun le soin de mesurer l’influence d’une « religion de la peur de la vie » sur la psychologie des individus : leur conception de la vie en société, de ce qu’est un être humain, la justice, le rapport à la science, et même leur vision de leur propre existence.

Que deviendrait l’éducation de nos enfants aux mains d’un de ces phobocrates ?

Guillaume Desguerriers

18 - La condition humaine selon Sarkozy et la philosophie américaine du déterminisme génétique

« New York, 10 Avril 2007

Vivant aux Etats-Unis depuis plusieurs années, je trouve ce rapprochement entre la condition humaine selon Sarkozy et la philosophie américaine du déterminisme génétique à la fois justifié et caricatural. Rapprochement justifié, car en effet, aux Etats-Unis, l’idée d’une prédisposition génétique à certains comportements sociaux est très répandue. Cela fait des décennies que des scientifiques américains cherchent à identifier un gène de la violence.

L’attitude fataliste de l’Américain moyen vis à vis de la criminalité dans la société permet de comprendre à quel point cette idée s’est installée dans ce pays. La ferveur du mouvement évangéliste chrétien ultraconservateur contribue sûrement à faciliter cette acceptation de l’idée que certains naissent bons, et d’autres méchants. Rapprochement caricatural, car en réalité, aucun scientifique américain sérieux ne nie l’importance de l’environnement et de l’acquis sur le développement de la personnalité des individus. Les sociologues, psychologues et politiques américains, dans leur majorité, ne pensent pas que tout est joué dès le berceau. S’ils pensent que la plupart de nos comportements sont dus à des prédispositions génétiques, ils continuent de penser que l’environnement peut contrebalancer ces prédispositions. Si l’Américain moyen est prêt à croire que certains sont nés sous le signe de la grâce divine, tandis que d’autres portent la marque du diable, il pense tout de même que la majorité d’entre nous doit exercer son libre arbitre pour choisir entre le Bien et le Mal, malgré et grâce à son capital génétique de départ. Il faut tout de même noter que les théories sur un gène de l’addiction, de l’obésité, de l’homosexualité, de la violence, de la maladie mentale, trouvent une résonance dans la population. Aux Etats-Unis comme en France, en ces temps incertains, les gens sont à la recherche de certitudes. Certains universitaires mettent d’ailleurs en garde contre les dérives possibles dans le fonctionnement de la société et la responsabilisation de l’individu, contre les conséquences psychologiques du dépistage génétique pour tout. Comment cette philosophie, qui privilégie le déterminisme génétique sur la nourriture éducative, sociale, environnementale, se traduit-elle politiquement aux Etats-Unis dans le traitement de la criminalité ?

Je ne suis ni généticienne, ni juriste, ni spécialiste d’aucune sorte sur le sujet de la criminalité et de ses traitements. L’opinion que je vous livre donc ici n’engage que moi, elle est le fruit de mes observations de la société américaine. Je parle ici bien sûr en termes généraux, je parle des opinions les plus répandues chez la majorité des américains.

Je ne prétends pas brosser ici un portrait fidèle de tout l’éventail philosophique américain concernant le crime et le traitement politique et social de celui-ci. Politiquement et socialement, cette philosophie de la prépondérance du déterminisme génétique se traduit par un certain fatalisme face à la criminalité. L’idée sous-jacente, chez les politiques comme chez les électeurs, est qu’il existe en effet des prédispositions génétiques aux comportements criminels, que le rôle de l’éducation et du social est de neutraliser cette prédisposition en l’empêchant de s’exprimer. Malheureusement, pensent-ils, lorsque de bonnes conditions environnementales ne sont pas réunies assez tôt, et que le mauvais gène a donc profité d’un terreau fertile pour s’exprimer, il est très difficile de revenir en arrière.

D’où une justice qui privilégie la punition et ignore presque complètement la nécessité de la réhabilitation. D’où une population qui n’a jamais vraiment appris à faire la différence entre justice et vengeance. D`où un pays qui ne s’interroge ouvertement sur la peine de mort que par rapport au risque d’erreur judiciaire, mais rarement par rapport à la question éthique. La prison américaine. Un endroit pour punir, où d’une certaine manière vous méritez tout ce qui vous arrive, puisque vous avez eu la mauvaise idée de céder à vos penchants criminels ! La réhabilitation, c’est une opération de la dernière chance qu’on réserve à ceux qui n’ont pas encore plongé dans une criminalité grave.

La prison école du crime ? Le viol, le racket, les gangs en prison ? On constate, on en parle comme un état de fait, dans les medias, les séries télé, les campagnes électorales. On en fait même souvent des blagues. On en parle très rarement comme d’une honte pour le pays, comme d’un problème à remédier. Parce qu’enfin, que voulez-vous qu’il arrive dans une prison, cet endroit rempli de criminels, de déviants? Les bonnes gens n’y peuvent rien, sinon peut-être trouver des alternatives à la prison pour ceux des délinquants qui ne sont pas encore vus comme des criminels incurables, et à qui on juge encore utile (selon quels critères ?) d’épargner cette école du vice. Il faut s’en remettre aux sensibilités politiques locales pour espérer voir se développer des actions de réhabilitation, d’éducation, d’entrée de la culture dans les prisons. Le travail en prison est d’abord vu comme un moyen supplémentaire pour les criminels de payer leur dette à la société, de mériter la nourriture et les soins auxquels ils ont droit en prison.

Le travail en prison n’est vu que secondairement comme un moyen de réinsertion. D’ailleurs, pour ceux coupables de crimes graves, la seule réhabilitation spontanément acceptable pour la majorité des Américains, c’est la (re)découverte de la foi religieuse, les "Born Again", les convertis, qui se repentent et s’en remettent – corps et âme – au destin voulu pour eux par Dieu. Car seule la grâce divine peut, aux yeux de la majorité des Américains, délivrer un criminel de son Mal intérieur, et lui donner une vraie seconde chance. Je ne peux pas parler des prisons américaines sans parler de la surreprésentation des Noirs en prison. Cette situation tragique est bien sûr le résultat direct d’une longue histoire de discrimination, qui continue largement aujourd’hui (éducation, logement, accès à l’emploi, avancement professionnel) . Mais dans les Etats du Sud en particulier, là ou le souvenir de la ségrégation reste fort, douloureux pour les uns, nostalgique pour les autres, cette surreprésentation des Noirs en prison associée à l’idée d’un possible déterminisme génétique ne peut que renforcer les préjugés racistes. Il est évident qu’aux Etats-Unis comme en Europe, le déterminisme génétique comme position intellectuelle sur la condition humaine est plus dominant à droite qu’à gauche. On trouvera donc chez les Démocrates américains une plus grande volonté de développer des politiques de réinsertion, de lutter contre les abus en prison, une plus grande capacité à croire à la réhabilitation – avec ou sans épiphanie religieuse. Mais il est intéressant de noter que, même chez les Démocrates, le vocabulaire du Bien et du Mal est monnaie courante, et qu’en matière de criminalité, la prévention, l’éducation et l’égalité des chances sont surtout vus comme des moyens de réduire l’effet d’un déterminisme génétique qui ne demande qu’à s’exprimer. Après vous avoir exposé ce que je considère comme les conséquences sociétales les plus évidentes de cette philosophie américaine de la prévalence de l’inné sur l’acquis, je vous laisse méditer sur cet extrait de l’entretien entre Nicolas Sarkozy et Michel Onfray. On notera en effet que la position de Mr Sarkozy est extrême, même au vu de la position intellectuelle dominante aux Etats-Unis sur ce sujet : il semble penser que ce déterminisme génétique est total. Michel Onfray (Blog, 3 Avril 2007) : « ... il fait le geste d’un poing serré porté à son côté droit du ventre et parle du mal comme d’une chose visible, dans le corps, dans la chair, dans les viscères de l’être. Je crois comprendre qu’il pense que le mal existe comme une entité séparée, claire, métaphysique, objectivable, à la manière d’une tumeur, sans aucune relation avec le social, la société, la politique, les conditions historiques. Je le questionne pour vérifier mon intuition : de fait, il pense que nous naissons bons ou mauvais et que, quoi qu’il arrive, quoi qu’on fasse, tout est déjà réglé par la nature. »

Sources:

Corinne Narassiguin

Agenda

samedi 21 avril 2007

A Gauche Toute !

Grande salle du Syndicat Unia Genève
Place des Charmilles, 5 ch. Surinam
arrêt de bus 6

Pour fêter toutes et tous ensembles l'élection au Conseil municipal de la Ville de Genève des dix candidates et candidats d'"A Gauche Toute !" (SolidaritéS, Parti du Travail, Indépendants de Gauche, les communistes), tout particulièrement l'élection de Charlotte MEIERHOFER et pour soutenir la campagne de Rémy PAGANI en vue de son élection à la mairie de Genève, nous vous invitons à une soirée africaine.

Entrée libre (soutien dix francs)

mardi 24 avril 2007

" Chantons la République "

A Maurecourt, salle Blondeau (salle des Fêtes)

Soirée organisée par l'Ufal 78-7

Discours de bienvenue du maire de Maurecourt

Chanteurs locaux : Alain Bonet, Jean-Luc Houbron, Jacques Thibaut, Germinal Pica.

Textes sur la République lus par des comédiens locaux.

Un vin d'honneur clôturera la soirée.

Renseignements : 06.10.31.83.60

vendredi 27 avril 2007

"Couscous Républicain"

Au restaurant le Damade, rue Marcel Tabu (à coté de l'hôtel Climat sur le bord de Seine, le quartier d'Intermarché) à Mantes la Jolie .

L'UFAL (Union des Familles Laïques) du Mantois organise un "Couscous Républicain"

Intervention de Guylain Chevrier, docteur en histoire : La République sociale et laïque Chansons républicaines, interprétées par Jacques Thibaut et Germinal Pica

Renseignement : 06 72 99 50 32 b.morillon2@wanadoo.fr

jeudi 3 mai 2007

Les enjeux laïques du 21e siècle

A Marseille, à l'invitation de l'association " L'Elan du Vieux Marseille "
l’Auberge Espagnole, Quartier du Panier, 62, rue Caisserie, 13002 Paris

Café - Débat

Avec Pierre Cassen, responsable du journal en ligne Respublica, animateur de l'Union des Familles Laïques

Tapas et vin d'honneur à la fin du débat.

Renseignements : 04.91.91.95.20

jeudi 31 mai 2007

La violence et les jeunes, si on en parlait?

Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet

Sur l'invitation de:

avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune:

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org