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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°539 - mardi 22 mai 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Lendemain du premier gouvernement Sarkozy, veille des législatives

Le nouveau gouvernement Sarkozy-Fillon à peine constitué, une bande dessinée, dans la suite de « La Face karchée de Sarkozy », qui s’était vendue à 200.000 exemplaires avant le premier tour, est déjà dans les librairies. Philippe Cohen, journaliste à Marianne, auteur, avec Pierre Péan, de « La face cachée du Monde », Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo lors du procès des caricatures, et le dessinateur Riss nous racontent, dans « Sarko 1er », la campagne électorale de janvier au soir du premier tour.

Les auteurs s’appuient sur des anecdotes vérifiées pour nous restituer l’ambiance des différents états-majors, pendant ces semaines agitées.

Ils sont très cruels pour les petits candidats qui se situaient à la gauche du PS, montrant combien les intérêts boutiquiers ont rapidement pris le dessus sur une alternative unitaire.

Ils n’épargnent pas Le Pen, quand il va à Argenteuil raconter le contraire de ce qu’il a toujours dit.

Mais ils insistent surtout sur l’effet de panique que Bayrou a créé chez Sarkozy et chez Royal.

Ce qu’on retient surtout, à la lecture de cette bande dessinée, est l’absence de conviction dans les propos des deux principaux candidats.

Deux exemples : quand Ségolène dit qu’elle est pour une sixième République, elle n’a pas défendu cela au dernier congrès du PS, et ce n’est qu’une réponse politicienne aux propositions de Bayrou.

Quand Sarkozy parle de la valeur travail, de Blum et de Jaurès, ce n’est que tactique, cela ne correspond à aucune conviction chez lui, et il n’y a pas de rue Jean-Jaurès ou Léon Blum à Neuilly.

On retient également les grands cafouillages de la candidate, les problèmes internes au PS, ainsi que la machine de guerre mise en place autour de Sarkozy (souvent représenté avec des aiguilles d’acupuncture pour le calmer) pour tuer Bayrou dès le soir du premier tour.

Par ailleurs, les propos des candidats ont d’autres objectifs : frapper l’opinion, mettre l’adversaire en difficulté, et occuper le terrain médiatique.

La bande dessinée se terminant au soir du 6 mai, on n’a pas, bien sûr, la suite du feuilleton qui vient de se dérouler, avec la nomination du premier gouvernement Fillon présidé par Sarkozy.

Ce qui est présenté comme un gouvernement d’ouverture est surtout le fruit d’une stratégie de séduction à deux niveaux.

La bande à Sarkozy n’a pas eu de mal à convaincre la grande majorité des députés UDF que la stratégie de leur chef, la présidentielle dans cinq ans, allait leur coûter leur poste de député, pendant de longues années. Morin à la Défense, c’est la victoire de la carrière sur les convictions.

Mais bien sûr, l’événement largement médiatisé du nouveau gouvernement est l’arrivée de Bernard Kouchner au ministère des Affaires étrangères.

Remarquons d’abord que Sarkozy a proposé le même poste à Védrine, qui est à Kouchner ce que Mélenchon est à Delors. Il n’y a donc aucune cohérence politique, seulement l’objectif de réussir un effet d’annonces.

Bien sûr, tout le PS, indigné, crie à la trahison du « french doctor », dont on a annoncé l’exclusion immédiate. C’est de bonne guerre, d’autant que ce ralliement risque de faire très mal à tous les candidats de gauche, lors des législatives, montrant que Sarkozy, loin d’être le Bonaparte dénoncé unanimement, se veut un candidat d’ouverture.

Cela va donc coûter des postes et des voix, or une voix, cela vaut 1,63 euro par an, pour cinq ans, et les partis ont besoin de cela pour payer les permanents et les locaux.

On peut répéter, ce qui est vrai, que Kouchner était, comme Sarkozy, favorable à la loi Fillon sur les retraites, à l’intervention de Bush en Irak, et au CPE de Villepin.

Mais quelle différence entre un Kouchner, qui dit les choses, et va au bout de sa cohérence, et toute une frange du Parti socialiste, qui se sent plus proche de Tony Blair, de Bayrou et de l’UDF que de Chevènement ou du Parti communiste ?

En quoi les conceptions économiques de toute la droite du Parti socialiste sont-elles incompatibles avec sa participation à un gouvernement de droite ? En quoi les conceptions sur la construction européenne actuelle empêchent-elles ces convergences ?

En quoi ceux qui se préparaient à une alliance avec Bayrou sont-ils crédibles quand ils diabolisent ceux qui vont avec Sarkozy ?

Je me souviens d’un leader de la deuxième gauche, qui par ailleurs a été un des concepteurs du RMI, qui me disait : « Tu sais, la différence entre la gauche et le droite, c’est que nous, on a bon cœur, et qu’on essaie de limiter les dégâts du système, alors qu’à droite, ils s’en foutent. ». Tout était dit.

Un petit commentaire sur Besson. L’humain est un être en devenir. C’est le privilège des gens libres d’évoluer, tout au long d’une vie. J’ai trop connu les mauvais traitements subis par des camarades, qui changeaient de parti non par calcul, mais parce que c’était le fruit d’une évolution personnelle qui devait se respecter.

Besson, comme tout militant de gauche, a le droit, après avoir réfléchi, de se sentir plus proche de Sarkozy que du Parti socialiste. Mais la décence est nécessaire, et, dans sa démarche, elle a été totalement absente. Sa nomination ressemble davantage à une prime à la trahison qu’à une réelle reconnaissance d’une compétence.

Sarkozy a mis en place ses équipes. Quatorze de ses vingts ministres et secrétaires d’Etat postulent aux législatives. Il se définit comme l’homme des cents jours, mais il doit attendre la fin des législatives, pour ne pas griller ses candidats. Il sait que sa victoire, et ses propos de campagne, sont porteurs de contradictions explosives. Illustration, il annonce qu’il va attaquer le service minimum dans les transports, en cas de grève, et les régimes spéciaux, mais la veille de sa nomination, il reçoit la CGT, et promet qu’il ne passera pas en force. Le contrat de travail unique, développé par le candidat UMP tout au long de sa campagne, est également une bombe à retardement, surtout après les mobilisations contre le CPE de 2006.

Il faudra attaquer Sarkozy sur des angles justes, sur des faits, et ne pas se disperser dans une opposition principielle stérile et inefficace. Les « Sarko facho » de quelques gauchistes sont imbéciles et inopérants.

L’histoire nous a appris que l’été est souvent l’occasion des mauvais coups, l’exemple de Balladur, maltraitant les salariés du privé et leurs retraites, en 1993, l’illustre.

Mais à l’époque, toute la gauche avait protesté en septembre 1993, mais personne n’a remis cela en cause de 1997 à 2002…

Si une toute une partie de la gauche, bien au-delà de Kouchner, de Besson, ou d’anciens proches de Mitterrand, n’aurait donc aucun problème à gouverner le pays avec la droite, il reste maintenant à l’autre gauche, qui ne se reconnaît pas dans cette droitisation, à montrer un positionnement différent, et surtout crédible aux yeux des masses. Les grandes envolées lyriques déconnectées des réalités quotidiennes ne marchent pas, le peuple a besoin de concret.

Quel projet socialiste et républicain peut-on mettre en place, dans le cadre de l’Europe de Maastricht et de la mondialisation néo-libérale ? Quel outil faut-il construire pour cela ? Comment se débarrasser, à gauche, du cancer communautariste ?

Près de deux ans après la victoire du non, que voit-on ? D’abord un parti socialiste au bord de l’explosion. Si cela sert à clarifier des divergences, et à offrir une perspective à une nouvelle gauche, c’est une bonne nouvelle.

Mais quelle alternative quand on voit les hésitations d’une aile gauche du PS divisée, la dispersion ridicule de toute l’extrême gauche, la faiblesse du Parti communiste, l’absence d’une gauche républicaine unifiée, la crise d’Attac, mais aussi d’autres associations, on peut se dire que le monde du travail et les classes populaires ont davantage intérêt à compter sur leurs propres mobilisations, plutôt que d’attendre l’alternance politique qui soit une vraie alternative au tandem UMP-PS.

Le philosophe Pierre-André Taguieff disait : « C’est à partir du constat pessimiste d’une triste réalité que l’on peut bâtir une vision optimiste de l’avenir ».

S’il a raison, les conditions sont tout-à-fait réunies pour bâtir une vision très optimiste de l’avenir !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - La nomination de Christine Boutin est une insulte pour les laïques et les féministes de ce pays

L’Ufal a pris connaissance de la nomination de Christine Boutin, députée de Rambouillet, au ministère du Logement et de la Ville, dans le gouvernement Fillon-Sarkozy.

Cette décision est un message fort, mais prévisible, de Nicolas Sarkozy envers les forces catholiques traditionalistes de ce pays, et une agression contre les laïques et les féministes.

La nouvelle ministre était marraine de l’association « La Trève de Dieu », qui organisait des commandos anti-IVG, notamment devant l’hôpital du Chesnay, près de Versailles.

Personne n’a oublié, lors du débat du Pacs, l’image de Christine Boutin, qui bénéficie par ailleurs d’un statut diplomatique de conseiller du Vatican, brandissant sa Bible dans l’hémicycle, en direction d’Elisabeth Guigou.

Elle était invitée, le 4 mai 2006, au congrès des intégristes islamistes de l’UOIF, au Bourget, en compagnie notamment d’Hani Ramadan, le frère de Tarik, pour dénoncer de concert les principes laïques de notre pays.

L’Ufal considère que la décision de nommer ministre la députée de Rambouillet est une véritable provocation contre les femmes, les laïques et les homosexuels de ce pays qui, tout au long de leurs batailles émancipatrices, ont rencontré en face d’eux une militante acharnée de la défense de l’ordre moral.

Cette décision ne fait que renforcer la détermination et la mobilisation de tous les laïques et féministes pour montrer leur attachement aux valeurs de la République et aux droits des femmes à disposer librement de leur corps.

L’Ufal, après une telle décision, sera plus vigilante que jamais pour défendre les principes laïques et les droits des femmes, face à un gouvernement dont le président avait annoncé, quelques mois avant son élection, sa volonté de « toiletter » la loi du 9 décembre 1905, pour le plus grand plaisir de Christine Boutin et de tous les fondamentalistes religieux qui n’ont jamais admis la séparation du politique et du religieux dans notre pays.

Source

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - Gouvernement Sarkozy 1

Tout d’abord, soyons clair : vu l’attitude de Nicolas Sarkozy depuis sont investiture, il est assez évident que François Fillon n’aura qu’un rôle de fusible. Sarkozy tirera à lui la couverture quand les choses iront bien, et lui tirera dans le dos dès que cela se gâtera.

Passons en revue quelques-uns des membres de ce gouvernement Sarkozy 1

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Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

3 - Pour contrer le libéralisme, il faut construire une nouvelle gauche révolutionnaire, laïque, démocratique et républicaine (1re partie)

Le gouvernement Sarkozy : Une ouverture résolument à droite

François Fillon, au Conseil national de l'UMP juste avant sa nomination au poste de Premier ministre, déclarait "Les Français ont voté pour une rupture, nous la concrétiserons ! Les Français ont voté pour le changement, nous l'engagerons ! Les Français ont voté pour des réformes, nous réformerons (…) Nous allons rénover la démocratie politique".

La rupture en fait, celle de réformes qui doivent être imposées à la France parce que commandées par la mondialisation libérale, remettant en cause entre autres, notre modèle social et le droit du travail, doit ici être présentée d’abord comme une rupture avec ce que l’on entend désigner comme la vieille politique vis-à-vis de la modernisation dont veut procéder celle de « l’ouverture », en rompant, dans le sillage du centrisme d’un Bayrou, avec les clivages politiques traditionnels. C’est bien dans cet état d’esprit que le gouvernement a été composé et qu’il se met au travail, faisant selon le journal Le Monde « La part belle à l’ouverture à gauche » : de Bernard Kouchner, ancien ministre de François Mitterrand, à Eric Besson, ancien secrétaire national du PS ayant claqué la porte, à Jean- Pierre Jouyet, dont on dit qu’il est un proche du couple Hollande –Royal…Tout un programme ou la mise en scène et les compromissions remplacent les convictions politiques.

Nicolas Sarkozy, après avoir coupé l’herbe sous le pied de Le Pen entend coupé l’herbe sous le pied à un François Bayrou littéralement bluffé par la politique d’ouverture choisie, contre toute attente, par le nouveau Président de la République. Ce dernier travail son image et celle de la droite, pour lui faire endosser un costume consensuel en s’engouffrant dans l’illusion centriste, sans rien lâcher de ses projets de toujours contre le monde du travail et l’intérêt général à la faveur de celui des intérêts privés, à l’image du grand salut que Madame Parisot, Présidente du MEDEF, lui a adressé et qui ne laisse pas passer un jour sans communiquer dans ce sens.

Le centrisme, un nouveau projet politique au service unique du libéralisme ! Cette situation nouvelle ne vient pas de nulle part, elle découle du contexte d’une soi-disant modernisation de la vie politique qui a plus occupé l’actualité de l’appareil médiatique que les problèmes des Français lors de la dernière campagne électorale. Ainsi, on peut voir combien ce que certains désignaient comme une démarche « centriste révolutionnaire » a finalement pu être reprise à son compte par un Nicolas Sarkozy classé à droite, voir à l’extrême-droite, combattant pour son écurie. C’est que ce centrisme politique qui a décalé le PS vers sa droite, jusqu’au point que Madame Royal ne refuse pas l’idée que François Bayrou puisse être son Premier ministre, qui a aussi décalé à la surprise générale la droite Sarkozienne vers la gauche au moins en apparence, travaille tout l’ échiquier politique comme un nouvel instrument mis au service d’une seule et même politique, celle prôné par le libéralisme mondialisé.
Mais par quel contenu le centrisme se voit-il ainsi devenu valeur suprême ? Le centrisme comme troisième voie entre la gauche et la droite tiendrait d’un nouvel humanisme, celui propre à la prise de conscience que face à la réalité incontournable du libéralisme il n’y a plus à défendre de politique de droite ou de gauche, mais la meilleure gestion possible, avec tous ceux qui le souhaitent, hommes et femmes de bonne volonté, en vue d’assurer l’équilibre entre les exigences de l’économique et du social, sans rien pouvoir promettre, évidemment, de ce qu’il en sera. D’où l’idée de la création d’un « Mouvement démocrate » par François Bayrou et pas d’un parti, un parti politique semblant relever plus particulièrement d’une famille de pensée déterminée, d’une idéologie, un « mouvement » au contraire ayant des limites beaucoup plus vagues, passant pour plus ouvertes. En réalité, cette façon de poser l’histoire des sociétés comme ayant atteint le modèle indépassable, celui de la mondialisation libérale, renvoie à un passé défunt toute conception mettant en avant une analyse de classes opposant les intérêts des plus riches à ceux du grand nombre qui ne le sont pas. Il s’agirait de trouver le point du milieu dans un contexte d’où toute idée d’alternative au capitalisme aurait cédé la place.
C’est le point clé de cette nouvelle idéologie en vogue à laquelle la campagne de Ségolène Royal a non seulement adhérée mais qui en a été l’élément structurant, au point qu’elle atterrisse aujourd’hui sur la proposition de l’auto-dissolution du Parti socialiste à la faveur de la création d’un grand Parti de la gauche. Il s’agit en fait ici de faire disparaître, avec l’abandon de l’appellation socialiste, toute référence aux anciennes valeurs propres à l’origine de ce parti, celle relatives à la représentation pour la première fois dans l’histoire de la France, au début du XXe siècle, à travers la création d’un parti politique, de l’intérêt de ceux vivant de leur travail et particulièrement, des plus humbles d’entre-eux.

La responsabilité du P.S et de Ségolène Royal dans la trahison centriste des intérêts du peuple

Le phénomène Ségolène tient du fait que le PS savait ne pas être à même, en raison de son passif propre à l’expérience d’une gauche gouvernementale qui a désenchanté en tournant le dos à ses engagements depuis plus de trente ans, de mobiliser sur des valeurs de gauche par une démagogie qui serait apparue trop évidente, en tout cas, qui en comprenait le risque. La seule façon de gagner contre la droite était d’atténuer l’écart traditionnel entre la gauche et la droite en reprenant les thèmes de cette dernière et en donnant des gages de ce déplacement, de ce glissement à droite, par une nouvelle alliance, avec un centre droit engagé dans la stratégie d’une troisième voie qui y voyait un rendez-vous inespéré avec l’histoire pour contrer à droite la domination étouffante de l’UMP incarnée par Sarkozy. L’axe de convergence en était avant tout le projet d’une Europe fédérale toute entière habitée par le libéralisme, mais agrémentée de thèmes sociaux chers à la gauche qui ainsi équilibraient l’idée des réformes impopulaires que le choix politique de cette alliance contenait. Ségolène ne pouvait dans ce contexte présenter un programme de gauche cohérent qui n’aurait pu convenir à cette stratégie qui nécessitait des blancs, des angles morts, ceux qui lui laissaient les mains libres pour mener une politique à la convenance de cette ligne si elle l’avait emporté. Aussi, elle s’y est employée comme l’annonçait un article du journal « Le Monde », daté du 23 août 2006, de Zaki Laïdi, intitulé « Le véritable apport de Madame Royal : Le Ségolisme était ainsi censé introduire en France une nouvelle approche du politique qui devait convenir à cette stratégie, la « life politics » des Anglo-saxons » dont Blair s’est fait l’apôtre. L’analyse de l’article était la suivante : « La « life politics », la politique de la vie, part du bas, des problèmes quotidiens. (…) elle déclasse l’expertise, brise symboliquement la distance entre celui qui sait et celui qui doit savoir (…) chaque citoyen est porteur d’une vérité, d’un fragment d’expérience (…) que chacun peut apporter (…) en la communiquant aux autres. Il y a naturellement dans toute cette réalité une part d’illusion, de confusion des genres et de démagogie potentielle. » Une méthode qui « donne l’impression de dynamiter les clivages politiques en proposant des solutions nouvelles, qui en réalité ne le sont pas toujours. » On pourrait dire jamais ! C’est ainsi, comme le souligne l’auteur de cet article, que Tony Blair est parvenu, contrairement à ce que pouvait annoncer une telle démarche partant a priori des besoins des gens et collant parfaitement avec l’idée de démocratie participative, à « une concentration sans précédent du pouvoir politique en Grande-Bretagne ». On peut rajouter que selon une enquête récente, les mille premières fortunes de ce pays ont été multipliées par trois en dix ans grâce au Premier ministre travailliste. La stratégie de Ségolène on le voit était suicidaire pour la gauche, pire, c’était un coup de poignard dans le dos de celle-ci. Son projet était de saborder la gauche pour la remplacer par une sociale-démocratie libérale se plaçant au centre de l’échiquier politique et rompant définitivement avec toute idée de transformation sociale.
Il n’y a rien en fait de plus dangereux que cette politique qui prétend faire les meilleurs choix à travers ce rôle d’équilibre indifférenciant droite et gauche, qui autorise ainsi tous les excès, de réformes en ruptures, au nom d’un bien commun confondu avec la logique du marché interdisant tout recours. Il n’y a rien non plus d’aussi dangereux pour une société que « de dénier, car déclarés dépassés, les clivages structurants de sa conflictualité politique », comme le souligne le chercheur du CNRS Frédéric Lordon. C’est à ses yeux créer les conditions d’une réponse : « le retour du refoulé violent » que cette négation engendre à n’avoir pas pris le soin d’en éliminer la réalité des causes économiques, sociales, politiques. C’est nier, avec la condition réelle des contradictions que le capitalisme nourrit à travers les inégalités qu’il crée et entretient, les règles instituées de la conquête d’avancées sociales qui permettent de le rendre sinon acceptable, au moins supportable par le plus grand nombre dans un pays développé comme la France. La violence de cette conception politique pourrait ainsi la portée à son comble dans le peuple.
Au final, cette démarche centriste de la gauche a favorisé une large victoire de la droite décomplexée et sans contrepouvoirs politiques organisés, déterminés à en découdre face à elle, que cette stratégie n’a fait qu’affaiblir.

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

4 - Guy Môquet, l’amour de la France et Missak Manouchian

Le discours de Nicolas Sarkozy au Bois de Boulogne le jour de sa prise de fonction, discours dans lequel il rend hommage au jeune résistant Guy Môquet m’amène à quelques réflexions.

Tout d’abord, une petite mise au point historique.

Même s’il ne le dit pas vraiment, Nicolas Sarkozy fait un amalgame (confusion ?) entre l’exécution le 16 août 1944 de 35 jeunes résistants au Bois de Boulogne et celle de Guy Môquet. Or Guy Môquet a été exécuté le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire Atlantique) avec 26 autres prisonniers, en guise de représailles à la suite de l’exécution d’un commandant allemand par trois jeunes communistes à Nantes le 20 octobre 1941. Guy Môquet, militant communiste distribuant des tracts anti-nazis, avait été arrêté le 13 octobre 1940 à Paris suite à une dénonciation. Bien qu’acquitté le 23 janvier 1941, il fut maintenu en détention dans différentes prisons et au bout du compte au camp de Châteaubriant. Que Nicolas Sarkozy fasse la confusion entre ces deux séries d’exécutions n’est pas capital en soi. Peut-être n’ignorait-il pas qu’il s’agissait de deux épisodes différents, mais il aurait été plus conforme à la réalité historique de le signaler.

La lettre de Guy Môquet à ses parents est bien sûr émouvante et témoigne d’un courage étonnant pour un jeune homme de 17 ans. Avec tout le respect que l’on doit à ce jeune résistant, je me demande si on n’essaye pas de faire dire à la lettre qu’il a laissée un peu plus que ce qu’elle ne révèle effectivement. Dans le discours de Nicolas Sarkozy, on peut lire entre autres : «…un jeune homme de 17 ans qui donne sa vie à la France, c’est un exemple…pour l’avenir » - « il est essentiel d’expliquer à nos enfants ce qu’est un jeune Français … ce qu’est la grandeur d’un homme qui se donne à une cause plus grande que lui. » Encore une fois, avec toute l’admiration que j’éprouve pour le courage de Guy Môquet, j’ai du mal à trouver dans sa lettre cet amour de la France, ce sacrifice pour une cause plus grande que lui. Peut-être que ce jeune héros était effectivement animé de ces sentiments mais sa lettre, extrêmement courageuse encore une fois, est plutôt un témoignage d’amour et de soutien adressé à sa famille, avec une préoccupation pratique assez étonnante « que toutes (ses) affaires seront renvoyées (et qu’) elles pourront servir à Serge ». Effectivement, il souhaite aussi que sa « mort serve à quelque chose » et à son père il dit « Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée ». On peut voir évoqué là l’amour de la France, « une cause plus grande que lui ». Mais peut-être aussi l’aversion pour le nazisme, la détestation d’un régime totalitaire, l’amour de la liberté, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

Pour ma part, je n’ai jamais pu lire ou écouter sans une émotion intense la lettre de Missak Manouchian et, reprenant ce texte, le poème d’Aragon mis en musique par Léo Ferré « L’affiche rouge ». Missak Manouchian, arménien arrivé en France en 1925, communiste, engagé dans la résistance, menant à la tête de son groupe une guérilla incessante contre les allemands fût arrêté le 16 novembre 1943, jugé comme un étranger qui met la France en péril ; le président de la cour martiale qui le jugeait voulait « faire savoir à l’opinion française à quel point leur patrie est en danger ». Condamnés, Manouchian et vingt et un de ses camarades furent exécutés au Mont-Valérien le 19 février 1944. Dans la lettre qu’il écrivit avant l’exécution, on peut lire :
« Je suis sûr que le peuple Français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement… Je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand… Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps… Je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération. »

En ce qui concerne l’amour de la France, le sacrifice d’un immigré pour sa patrie d’adoption, la réconciliation avec l’Allemagne, on ne peut guère faire plus explicite. Je suis donc étonné qu’outre Guy Môquet, Nicolas Sarkozy n’ait pas évoqué la mémoire de Missak Manoukian dont la lettre se prêtait, me semble-t-il, encore davantage à l’illustration de ses propos. Sauf que, évidemment, il n’était pas Français. Le groupe de résistants dont il était le chef, outre trois Français, était constitué de huit Polonais, cinq Italiens, trois Hongrois, deux Arméniens, un Espagnol, une Roumaine et parmi eux neuf étaient juifs. Internationalistes donc. Cela suffisait-il pour les exclure comme modèles proposés aux jeunes Français ?

Jean-Paul Houssay

5 - Guy MOQUET ou la captation d’héritage

Le nouveau président de la République, dans un discours devant la cascade du bois de Boulogne, à Guy MOQUET, jeune résistant de 17 ans, fusillé par les allemands le 22 octobre 1941 à Chateaubriand.

Après avoir volé JAURES, BLUM, voici que l’ineffable hôte du yacht de Vincent Bolloré, force le traitt en s’accaparant un fait de la Résistance.

On peut que se féliciter que la lettre de Guy MOQUET à ses parents soit lue dans les classes des lycées lors de chaque rentrée scolaire.

Il faudrait néanmoins que les cours d’Histoire et, notamment celle de la seconde guerre mondiale et de la Résistance soient augmentés et enseignés avec force et vigueur. On pourra enseigner, que des hommes et des femmes se sont sacrifiés au plateau des Glières, que des rescapés de l’Armée des ombres refusent toute captation d’héritage. Un héritage qui est commun, qui appartient avant tout au peuple républicain.

Alors on découvrira que le programme du Conseil National de la Résistance est aux antipodes de celui proposé par le parvenu à l’Elysée, lors de sa campagne électorale.

Je suis conscient que le texte du programme est long mais il est urgent de s'en ressaisir toutes affaires cessantes.

http://perso.orange.fr/felina/social/programme_cnr.htm

Simon Archipenko

3 - gauche communautariste

1 - Mouloud Aounit se présente aux législatives sur une ligne communautariste : il doit démissionner de la présidence du Mrap

En assurant la co-présidence du comité de campagne de Marie-George Buffet, le président du Mrap avait déjà gravement compromis l'indépendance du mouvement.

L'engagement qu'il avait pris de son retrait temporaire de la fonction de porte-parole du Mrap n'a été qu'un artifice.

Après avoir instrumentalisé un mouvement antiraciste riche de la diversité de ses adhérents en le mettant au service de ses ambitions personnelles, Mouloud Aounit essentiellement connu pour être Président du Mrap a annoncé publiquement le 16 mars dernier, sa candidature aux élections législatives, contre le candidat du PCF car celui-ci, ne lui a pas accordé, à une écrasante majorité, l'investiture dans la 3ème circonscription de Seine-Saint-Denis.

Malgré ses affirmations universalistes et anti-communautaristes, Mouloud Aounit aujourd'hui, en s'auto proclamant candidat des populations issues de l'immigration, substitue ainsi de fait les critères communautaires aux éléments sociaux et économiques qui peuvent fédérer les individus au-delà de leurs origines. Cette candidature communautaire est incompatible, avec la présidence d'un mouvement qui repose sur des valeurs universelles.

A une question, que le site Bellaciao lui posait, concernant les rapports entre les populations arabo-musulmanes et les juifs, il affirmait : "nous ne voulons pas prendre la place, mais faire notre place", s'affirmant à nouveau, comme membre d'une communauté à côté d'une autre communauté, alors que président du Mrap, il devrait oeuvrer à la lutte contre le racisme sous toutes ses formes.

Le parcours électoral, législatif aujourd'hui, et sans doute municipal demain, du président du Mrap, se fonde ainsi de plus en plus sur une rhétorique communautariste et ethniciste.

En effet, il se posait, il y a peu, devant un journaliste du Monde, comme le représentant naturel d'une catégorie de populations: « les immigrés et fils et filles de l'immigration » qui « peuvent faire et défaire les maires ». On l'a vu être placé et rester, dans une émission de Stéphane Bern, du côté des religieux contre les laïques, et désorienter les adhérents attachés à la laïcité.

Le message du Mrap est donc altéré régulièrement et de plus en plus gravement par les déclarations d'un président devenu électron libre.

Les dérives ont assez duré. Le Mrap est une association laïque, universaliste de lutte contre tous les racismes.

Compte tenu de la gravité des faits, de leur répétition et des répercussions dans notre mouvement, les soussignés tous membres du Mrap ont décidé à leur tour de rendre publique l'existence d'une opposition importante et structurée, au sein du Mouvement contre Le Racisme et l'Amitié entre les Peuples.

Ils demandent solennellement à Mouloud Aounit, de s'honorer maintenant, en se retirant de la Présidence du Mrap pour ne pas entraîner tout le mouvement dans une aventure électorale qui ne respecte pas l'universalisme de la lutte antiraciste.

Les sous-signés, entendent affirmer auprès de tous ceux qui partagent les valeurs fondamentales du Mrap, auprès des associatiations, syndicats, partis politiques, et auprès des interlocuteurs publics et privés du mouvement qu'ils ne reconnaissent plus Mouloud Aounit comme le président du Mrap.

Signataires:
Bernard André (77), Claude et Colette CHENU (42), Renée Clergue(13), Jean-Paul Erard et Josette (38), Serge Goldberg (17), Christine Jedwab(13), Gérard Kerforn : membre du conseil d’administration (40), Nadia Kurys : membre de la Présidence nationale (07), Emmanuelle Le Chevallier : membre du conseil d’administration (75), Yves LE STIR (42), Christiane Lucas (21), Jérôme Maucourant (07), Alain Marschallik (67), Horiya Meklerouf : membre du conseil d’administration (13), René Meyer : membre du conseil d’administration (31), Mileine Mondi (38), Danièle Poupardin (94), Didier Poupardin : membre du conseil d’administration (94), Claude Raymond (07), Louis Raymond (31), Yves Loriette : membre du conseil d’administration (94), Anne Savigneux : membre du conseil d’administration (38), Henri Saint-Jean (13), Maya Vigier : membre du conseil d’administration (75), Marianne Wolff (75), Philippe Youchenko (13),

Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

4 - combat laïque

1 - “Les jeunes Tunisiens”

« Les jeunes Tunisiens » est un mouvement de résistance né au début du vingtième siècle qui a lutté contre la colonisation française ; ses membres s’étaient inspirés du mouvement « les jeunes turcs » qui s’étaient opposé à l’absolutisme du sultan et qui avait eu pour ambition de réformer la société turque.

« Les jeunes Tunisiens » se sont heurtés à la colonisation comme nous nous heurtons aujourd’hui à la mondialisation et les réactions sont nombreuses : soit nous acceptons d’épouser les mouvements de l’Histoire et d’accompagner cette vague immense qui va bouleverser toutes les cultures et toutes les habitudes, soit nous décidons de nous replier sur nous-mêmes, apeurés et craintifs, convaincus de notre bon droit, ânonnant et psalmodiant nos identités en fermant les frontières de nos intelligences ; pourtant, la mondialisation ne pourra pas être arrêtée par ces attitudes dérisoires car elle va imposer inexorablement le sens même de sa réalité.

Les « jeunes Tunisiens », dès le début du vingtième siècle, avaient compris qu’ils ne pourraient pas résister à la déferlante que représentait le phénomène de la colonisation et ils ont fait le pari de l’éducation et de l’enseignement. Ils ont pris au mot les valeurs « civilisatrices » du colonisateur sur l’égalité des droits de tout individu : « tout être naît et demeure libre et égal en droit. ». Ils se sont instruits, ont appris la langue de l’occupant avec pour seule revendication l’Indépendance, de prendre en charge un jour le destin de leur pays.

Evidemment, la réponse n’a pas été celle souhaitée, ils se sont heurtés au cynisme, à la barbarie d’intérêts divers et à des rapports de force qui ne leur étaient pas favorables. Certains décidèrent de rentrer dans le système pour travailler au développement de leur pays, d’autres entamèrent des carrières professionnelles et réussirent dans leur activité.

Je considère cette première génération comme le suc d’une Tunisie ouverte et moderne, à l’écoute des mouvements du monde tout en cultivant sa singularité. Les seuls mots d’ordre de tous ces précurseurs ont été l’éducation, la connaissance et l’ouverture aux autres et ces ambitions restent d’une actualité et d’une acuité extrêmement redoutable.

En 2007, la menace qui nous guette réside essentiellement dans les forces rétrogrades et passéistes qui sont prêtes à utiliser la force pour conquérir le pouvoir. Le grand danger de ces gens, c’est qu’ils n’ont pas le même rapport au temps. Ils vivent dans un temps immobile et leur seule référence est historique. Ils puisent leur légitimité dans un passé qu’ils embellissent de toutes les vertus et qu’ils idéalisent pour cultiver une nostalgie qui n’a pas lieu d’être. Ils passent leur vie à ânonner des vérités qui n’en sont plus car tombées en désuétude. Ils s’enferment dans un passé, une forme d’apartheid culturel volontaire, dans lequel on ferme les frontières de son intelligence, on cadenasse son esprit, on veut avoir raison, on est convaincu de sa propre supériorité… On croit tout savoir et on se ferme à toutes les compréhensions nouvelles apportées par la science, mais il faudra bien accepter d’intégrer dans sa réflexion ce que nous savons maintenant avec certitude de nos origines et de nos évolutions. Le grand handicap de tous ces replis culturels consiste à entrer dans sa coquille, frileux et timoré, en refusant de perdre ses repères ancestraux et en cultivant une identité passéiste.

Il ne s’agit pas de perdre sa foi, ni sa croyance en Dieu, il s’agit d’élargir sa compréhension pour percevoir l’ensemble de l’humanité comme un ensemble unique qui vit un destin commun. Il s’agit de voir le Noir, le Blanc, le Jaune comme des êtres de même origine, il s’agit de considérer le Juif, le Chrétien, le Bouddhiste, l’agnostique, l’athée comme appartenant à la même confrérie humaine et que nul n’a raison sur l’autre. Le grand défi qui se posera à l’intelligence humaine sera d’intégrer ces évidences comme les fondements de sa réflexion. La solidarité est le maître mot d’une humanité réconciliée avec elle-même et je suis persuadé que si tous les êtres de bonne volonté mettaient en avant cette notion essentielle, on parviendrait à battre les diviseurs et autres esprits malins qui ont fait de la discorde leur fond de commerce.

En 2007, la Turquie connaît le même risque après plus de quatre-vingts ans de laïcité. Cette notion essentielle, garantie par l’armée, est encore une fois menacée par le parti islamiste au pouvoir qui se dit modéré, comme s’il pouvait y avoir des islamistes modérés, ce qui est en contradiction avec l’essence même de leur idéologie.

J’ai toujours pensé que le but du parti islamiste au pouvoir en Turquie avait été d’affaiblir l’armée qui l’empêche d’agir à sa guise et de lui enlever ce rôle de garant de la laïcité. Je doute même de sa volonté réelle d’entrer dans l’Europe et que cette feinte attitude n’est qu’une stratégie pour cantonner les militaires dans leurs casernes, les dénonçant aux yeux de l’Europe et de la communauté internationale comme des interventionnistes qui mettent en péril les institutions démocratiques. Les islamistes au pouvoir se servent de la démocratie pour tuer la laïcité et c’est un jeu extrêmement subtil qui est mené. Il est désespérant de voir l’Europe tomber dans le piège car elle est incapable de comprendre la stratégie islamiste. Il ne peut y avoir d’islamiste modéré car tout se joue en fonction d’un rapport de force. En état d’infériorité, l’islamiste se dit modéré et pourquoi pas démocrate. Dès qu’il sent qu’il est en position de force, l’essence même de sa culture et de sa personnalité l’oblige à exercer sa tyrannie car il se croit le serviteur d’un dogme. Penser en politique selon un dogme consiste à rejeter tout ce qui ne correspond pas à ce code. Il n’y a ni modération, ni excès dans cette attitude, il y a seulement une logique dévastatrice et envahissante qui fait de celui qui ne pense pas en conformité avec le dogme un intrus, voire un ennemi.

Cela démontre combien il est important de rester vigilant et combien les manifestations turques qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes sont essentielles car ces citoyens sont descendus dans la rue pour affirmer à l’armée leur solidarité et pour l’encourager à être la garante de la laïcité qui, plus que jamais, est le préalable fondamental à la survie d’une pensée libre.

Foued Zaouche

2 - Confusion entre croyances religieuses et action politique

Dans la période récente, plusieurs prises de position de la hiérarchie vaticane ont affiché une régression dans les idées politiques, de nature à interpeller - pour le moins - non seulement les pratiquants, mais tous ceux qui ont des raisons de s’inquiéter de la collusion régressive des pouvoirs religieux et politiques en Europe.

MGR Angelo Amato, un prélat du Vatican en charge de la doctrine catholique, a assimilé l’avortement, le mariage homosexuel ou encore l’euthanasie à « du terrorisme à visage humain ». C’était le 23 avril dernier. Venant du secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, une telle déclaration ne peut être considérée comme un “dérapage”. Cette congrégation a été présidée pendant 24 ans par le cardinal Joseph Ratzinger, l’actuel Pape Benoît XVI.

Le deuxième exemple de régression nous vient de Pologne, dont un député dissident du PiS (il a adhéré à “la Droite de la République”) vient d’introduire une proposition de loi pénale « pour empêcher que les femmes, par leur habillement, se livrent à la séduction sexuelle ». Le nouveau parti se revendique de tendance conservatrice et chrétienne. Si ce projet est adopté, une femme portant une jupe ou une robe au-dessus des genoux pourra être arrêtée par la police polonaise des mœurs comme en Iran par les femmes de la “brigade des mœurs”. Il est écrasant de constater que la dérive pathologique de la misogynie dans le christianisme est entrée en compétition avec celle de l’islam le plus rétrograde. Enfin, un troisième indice nous vient du dossier de la béatification du Pape Pie XII, qui a franchi une nouvelle étape - en dépit de la controverse publique soulevée autour du silence de Pie XII sur le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale - lors d’une réunion qui s’est tenue mercredi dernier à la Congrégation de la cause des saints. Benoît XVI, d’origine allemande, a déclaré en mars que Pie XII a « défendu le peuple allemand dans la grande catastrophe qu’a représenté la guerre », ce qui n’est pas de nature à faire taire les polémiques.

Tout ceci démontre sans ambiguïté que la hiérarchie catholique a plus pour souci de guerroyer pour l’Ordre moral que d’apporter du réconfort aux plus pauvres. La récente visite de Benoît XVI au Brésil en a donné une démonstration affligeante. Quelqu’un a-t-il entendu les catholiques de La Réunion s’émouvoir de dérives aussi rétrogrades ? Et que pensent de ces prises de position les autres membres du Groupe de dialogue interreligieux, assez prompts d’habitude à reconnaître le leadership de l’Eglise catholique ? En arrière toute, tout le monde ?

L’exemple polonais en particulier vient rappeler - à l’heure où nous allons élire nos députés - le danger que peut représenter toute confusion entre les croyances religieuses et l’action politique.

Source

Pascale David Journal réunionnais « Témoignages »

5 - extrême-droite islamiste

1 - Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde » (Vè partie)

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Le révisionnisme de Burgat concernant la paternité des luttes d’indépendance de certains pays arabes

L’intéressé va jusqu’à émettre une grossière contre-vérité, concernant la paternité des indépendances de l’Egypte, de la Tunisie et de l’Algérie. Selon lui, le pouvoir aurait dû revenir de droit aux islamistes, lors des indépendances de ces trois pays, en nous expliquant que : « Les premiers islamistes modernes seront en effet écartés, dans tous les cas, au bénéfice des élites indépendantistes « laïques », au terme d’un processus dont toutes les dimensions (et notamment le rôle joué par les puissances coloniales dans la cooptation de leur « interlocuteurs-partenaire » indépendant) n’ont pas encore été éclaircies ». Autrement dit, l’Egyptien, Gamal Abdelnasser, le Tunisien, Habib Bourguiba et l’Algérien, Ahmed Ben Bella, ainsi que leurs compagnons nationalistes, et parfois des éléments de gauche et des marxistes ne seraient en fait que des fantoches des puissances coloniales, qui les ont parachutés à la tête de ces Etats, nouvellement indépendants.

Pourtant, voici ce que racontent Olivier Carré et Michel Seurat à propos des Frères musulmans égyptiens[1]. « Les premiers dons reçus cette année-là, en 1928, sont le fait de la compagnie du Canal de Suez. 500 livres égyptiennes ; outre le permis de construire du premier local des Frères, mais aussi une mosquée . Banna niera plus tard ces dons de la Compagnie du Canal, après s’être justifié auprès de Frères qui le quitteront ». Banna avait collaboré avec le roi Farouk, et « garder pendant toutes ces années des contacts suivis avec la puissance coloniale ». Les deux auteurs montrent aussi comment ces intégristes avaient été instrumentalisés aussi bien par le Palais que par le chef de l’université d’El Azhar contre le Parlement, le gouvernement, les partis politiques, en particulier, le Wafd, pionnier de la revendication de l’indépendance de l’Egypte. Il perdra plus tard son crédit pour sa conciliation avec les Britanniques. Ce parti avait une « tare » supplémentaire : il était laïque. Sa devise était : «La religion est pour Dieu et la patrie est pour tous».

Quant à l’Association des ouléma algériens, composée aussi d’islamistes (leur figure de proue fut Bachir Ibrahimi), elle réclamait la liberté du culte musulman et l’égalité des droits dans le cadre de l’Etat colonial français. Elle n’a de surcroît rejoint que tardivement la guerre de libération nationale, déclenchée en 1954, par les nationalistes du Front de libération nationale. Malek Bennabi (1905-1973), intellectuel islamiste francophone et père du fondamentalisme de l’Algérie indépendante, explique la domination coloniale du peuple algérien par la « colonisabilité » de celui-ci. Il récidivera à l’indépendance, en parlant de «néocolonisabilité » du peuple algérien. La revue, au titre aussi séduisant que trompeur, Humanisme musulman, de l’association islamiste algérienne, Al Qyam el islamia, avait publié un article qui disait entre autres ceci : « Qu’est-ce que le mouvement hitlérien ? Le mouvement nazi n’est au fond qu’une réaction, brutale certes, contre un état de fait ; l’Allemagne était en décomposition, il fallait sauver l’Allemagne. Le régime nazi étant le seul régime capable de sauver l’Allemagne, le régime était l’Allemagne, et ses ennemis étaient les ennemis de l’Allemagne, et qu’il fallait détruire sans pitié. »[2]

En Israël, et bien avant les révélations (en 1987) de l’hebdomadaire israélien, Koteret Rashit, et de Charles Enderlin, correspondant de France 2, en Israël, dans le journal Le Monde (du 4 février 2006), nous, militants de gauche algériens, à Alger, étions déjà au fait de la collusion des islamistes palestiniens avec les autorités israéliennes, contre la résistance palestinienne, incarnées alors par les seules nationalistes et les marxistes laïques. Ainsi, dès les débuts de 1980, nous lisions, dans les organes centraux, El Hadaf (le But) et El Houria (la Liberté), des organisations d’extrême gauche, respectivement le Front démocratique pour la libération de la Palestine et le Front populaire pour la libération de la Palestine, des articles relatant les agressions physiques des membres de la résistance palestinienne par des commandos des Frères musulmans, avec la bénédiction du Shin Bet et du Shabak, ou le fait que ces fondamentalistes se portaient ou soutenaient les listes des élections syndicales professionnelles de l’ « administration » (israélienne) contre celle de la résistance.

En 1979, le leader islamiste palestinien, Fathi Shqaqi,[3] écrit un ouvrage, dans lequel il critique l’OLP, pour son inefficacité dans sa lutte contre Israël, et surtout la « discrétion des Frères musulmans de Palestine, qui avait sacrifié le combat politique contre Israël au confort de la prédication et de l’action sociale ». La mémoire arabe se souvient encore de Septembre-Noir, ce tragique mois de 1970, où les islamistes jordaniens avaient apporté leur soutien à leur roi, dans le massacre des fidayine et des réfugiés palestiniens, en échange de prébendes et de « strapontins » dans le pouvoir.

(à suivre)

 

Textes de François Burgat :

Notes

[1] Olivier Carré et Michel Seurat : les Frères musulmans (1928-1982), éd. L’Harmattan, 2001, Paris

[2] revue Hamanisme musulman d’août 1965 (Alger), cité en note a, p. 225, par Saïd Bouamama : Algérie : les racines de l’intégrisme, éd. EPO, 2000, Bruxelles

[3] Fathi Shqaqi : Komeini : l’alternative islamique, cité en pp. 199-200, par Gilles Kepel : Jihad : expansion et déclin de l’islamisme, éd. Gallimard, 2000et 2003, Paris.

Hakim Arabdiou

6 - débats républicains

1 - La nation, un concept républicain (14ème partie) : les solutions républicaines fondées sur les états-nations pour des conflits actuels

C'est le moment pour clore (momentanément) cette série d'articles sur le concept républicain de la nation, d'exprimer un point de vue républicain faces à des conflits actuels qui nous sont proches, donc en Europe et au Proche Orient. Car l'analyse cohérente des tenants et aboutissants du concept républicain de la nation (et c'est ce manque de cohérence actuellement qui caractérisent les différentes positions de la gauche bobo socialiste, sans parler de l'extrême-gauche communautariste islamogauchiste et de la droite « libérale » communautariste elle aussi, qui ont des positions cohérentes pour empêcher l'émancipation des individus au profit de leurs maîtres), aboutit à des positions claires qui vont à l'encontre de la vision anglo-saxonne de la résolution des conflits.

En effet la vision anglo-saxonne est d'affaiblir les états-nations (et aussi leurs regroupements régionaux de caractère politique) pour laisser le champ libre au maximum à l'exploitation des peuples par les grands groupes financiers qui veulent marchandiser toutes les activités humaines pour leur profit, et donc d'empêcher toute maîtrise du destin des peuples par leur représentation politique démocratique dans le cadre des états-nations.

C'est pourquoi les solutions anglo-saxonnes des conflits actuels consistent à concocter à chaque fois des « droits de minorités » qui sont parfois de véritables « usines à gaz » mais qui ont pour effet de paralyser l'action politique des états par la reconnaissance de droits spécifiques (donc instituant la différence des droits dans la population) à telle ou telle « minorité » qui se sent, à l'issue, ou toujours opprimée par la majorité nationale ou alors devenir un corps exogène privilégié dans un état aggravant le ressentiment de la majorité nationale de cet état, donc aggravant au final la confrontation des communautés dites nationales; c'est l'alimentation sans fin des facteurs de guerre et de revanche. Ce sont les solutions proposées pour Chypre, le Kosovo, le Haut Karabagh, que nous allons aborder à la fin de cet article, laissant pour le prochain, l'exercice à risques de proposer les solutions républicaines à la résolution du conflit israélo-palestinien, avant notre article 16 portant des conclusions (provisoires).

La meilleure introduction est d'en référer à l'histoire européenne. C'est la recherche de la constitution d'états-nations au 19ème et 20ème siècle (ceux des 5 de Scandinavie, d'Allemagne, de Pologne , de Tchécoslovaquie, d'Italie, de Grèce, et ceux issus de l'empire austro-hongrois et des Balkans), fondés sur le sentiment de se forger un destin commun par des institutions politiques démocratiques avec un droit républicain d'égalité en droit en partageant à chaque fois une langue commune nationale, qui a permi presque partout de se débarrasser de l'oppression de « princes » s'appuyant sur des structures féodales destinées à sauvegarder leur pouvoir d'oppression (et parfois s'appuyant sur une organisation religieuse chargée d'enchaîner les esprits, comme l'application du principe « un prince, une foi »), car seul l'état-nation permet, grâce à la constitution d'un sentiment national homogène, d'une part de protéger le peuple qui la forme des agressions extérieures et d'autre part de parvenir par l'égalité des droits accordées à tous ses citoyens de garantir la paix civile et politique (et c'est quand l'état-nation n'est pas fondé sur ces principes qu'il y a facteur de guerre, comme ça été et c'est toujours le cas dans les Balkans.)

Rappelons-nous la situation chirurgicale imposée entre 1945 et 1947 par les alliés et l'URSS pour résoudre définitivement les conflits nationaux dans l'Europe centrale et l'Europe de l'est, confirmées par les traités et accords bilatéraux après la chute du mur de Berlin: la création de frontières cohérentes sans enclaves, entre les différents états-nations de Pologne, de Tchécoslovaquie, d'Allemagne, et de Biélorussie et Ukraine absorbées dans l'URSS; cette solution chirurgicale a pourtant nécessité le déplacement de millions de personnes pour retrouver leur état-nation reconnu par la langue nationale: 5 millions d'allemands ont été expulsés de Prusse Orientale (ou ils étaient implantés exclusivement depuis le Moyen Age), de Poméramie orientale et de Silésie (également depuis plusieurs siècles en Silésie); mais aussi 3 millions d'allemands des Sudètes au profit des Tchèques, alors que la colonisation des forêts des Sudètes a été faite exclusivement par des populations germanophones au milieu du Moyen Age et aucunement par des populations tchèques ; plus d'1 million de Polonais ont quitté la partie occidentale de la Biélorussie actuelle pour la Poméramie-Silésie et la moitié-sud de la Prusse orientale, et des centaines de milliers de Biélorusses et Ukrainiens de Pologne ont retrouvé leur foyer national à l'est de la ligne de Brest-Litvosk -Lublin

Tout le monde s'accorde pour dire désormais que cette solution chirurgicale, pourtant condamnable dans sa brutalité et le manque d'indemnisation pour les personnes déplacées (voire aussi les excès manifestes comme la ville de Stettin à l'ouest de l'Oder donnée à la Pologne et la région de Kaliningrad devenue une enclave russe) a permis par la stabilité des frontières encadrant des états-nations sans reconnaissance de minorités nationales d'être un facteur de paix pérenne et un facteur d'émancipation collective et individuelle des peuples qui forment désormais ces états-nations; les derniers accords bilatéraux après la chute du mur de Berlin entre l'Allemagne d'une part et la Pologne et la Tchéquie d'autre part avant leur entrées dans l'Union Européenne entérinent ces frontières et rejettent TOUT DROIT AU RETOUR individuel et collectif qui pourrait reconstituer des minorités nationales. (à méditer pour la résolution du conflit israélo-palestinien) Le conflit du Kosovo est exemplaire de ce point de vue; province initialement et très majoritairement serbe au Moyen Age, elle fut peuplée progressivement par des Albanais qui constituent désormais 90% de la population. Toutes les solutions antirépublicaines ont été essayées, (l'autonomie surveillée par un pouvoir serbe organisée par Tito, donc non démocratique, la purification ethnique tentée par Milosevic au nom de la filiation ethno-historique de la patrie des ancêtres); et maintenant est proposée par les d'anglo-saxons l'indépendance du territoire au profit d'une nation albanaise, en voulant garantir des droits hypothétique à la minorité serbe, impossible à faire appliquer vu l'état de guerre larvée La solution républicaine pérenne est bien le partage du territoire entre la Serbie et l'Albanie, la Serbie récupérant l'extrême-nord peuplé uniquement de Serbes et possiblement une bande de territoire à l'est ou résident beaucoup de serbes, le reste étant rattaché à l'Albanie, le rattachement à un état conséquent étant une plus grande garantie d'émancipation individuelle et collective que de petites entités soumises plus facilement à n'importe quelle surenchère et lobbies, (même si les kosovars albanais sont prés de 2 millions), les habitants des 2 cotés de la frontières auront évidemment à choisir de rester dans l'état-nation où ils résident (quelle que soit leur origine) ou de rejoindre l'état-nation qu'ils préfèrent...

Le conflit de Chypre est d'une autre nature: population grecque héllénophone à l'origine dès l'antiquité, elle reçu au Moyen Age une colonisation turque dont les descendants sont environ

100.000 actuellement regroupés surtout autour de la région de Famagouste au sud et dans la pointe nord-est de l'île. La nouvelle occupation militaire de plus du tiers de l'île par la Turquie à partir de 1974 a permis la venue de plus de 100.000 nouveaux colons surtout dans le nord de l'île (où il n'avait pas plus de 5% de la population de nationalité turque avant l'intervention militaire). Il va de soi que la solution qui puisse rester pérenne est le rattachement de la région de Famagouste et de l'extrême nord-est avec la partie centrale près de la partie turque de Nicosie, à la Turquie avec le rapatriement d'une grande partie des 100.000 nouveaux colons en Turquie, les grecs de Chypre récupérant tout le nord soit environ la moitié actuellement occupée de l'île, libres à eux ensuite vu leur nombre (600 000) de rester en état-nation indépendant ou de se rattacher à celui de la république grecque (une minorité turque dans un état-nation cypriote grecque n'étant pas vivable à terme: soit elle bénéficie de privilèges exorbitants pour maintenir leur colonisation, soit elle est opprimée par la majorité grecque).

Quant à l'actuel conflit du Haut-Karabagh, peuplée au début du conflit en 1991 par 150 000 arméniens et par 30 000 colons azéris (turcs d'Azerbaidjan), descendants des colons qui avaient exterminé la population arménienne dans l'ancienne capitale Chouchi au début du 20ème siècle, il est du aux pogroms azéris contre les populations arméniennes de son territoire (dont celui de Bakou) après l'effondrement de l'URSS; la volonté des habitants arméniens de cette province du Haut-Karabagh donnée par Staline à l'Azerbaidjan, de se rattacher à l'Arménie, a permis, en attendant un accord internationnal, de proclamer son indépendance après une guerre victorieuse contre l'Azerbaidjan qui s'est terminée en 1994 par un transfert de population, les azéris de Chouchi ayant fuit en Azerbaidjan et les Arméniens des villages du nord de la province restée occupée par l'armée azérie ayant rejoint les villages arméniens; cette situation devrait raisonnablement être actée en l'état par la communauté internationnale, puisque cela correspond à des frontières viables dans lesquelles les 2 états-nations peuvent exister, en actant aussi que le petit couloir territorial de Latchin entre l'Arménie et la province du Haut-Karabagh, qui n'a jamais été peuplé par des azéris (mais par des kurdes qui ont pris fait et cause pour les arméniens) reste à l'état-nation arménien, les armées d'autodéfense arméniennes rendant alors les territoire azéris conquis audela de la province entre 1991 et 1994 et qui avaient provoqué le départ de près de1 million de réfugiés azéris. Cela devrait être couplée par une solution définitive de la question arménienne par la Turquie qui aurait outre à reconnaître le génocide arménien de 1915 perpétré par le gouvernement « jeune turc », et donc à proposer des indemnisations aux descendants des rescapés et à la république arménienne actuelle puisqu'elle ne peut pas évidemment récupérer les 2/3 de son territoire de 1920, les arméniens de ses territoires maintenant turcs ayant été exterminés,( une minorité seulement ayant pu se réfugiée au Liban, en Syrie, en Amérique et en France); aurait aussi à accepter le principe de réparation ou de récupération territoriale qui peut se poser comme à Chypre et à Stettin; la récupération du district turc d'Ararat, sachant que le mont Ararat est le symbole de l'existence de l'état-nation d'Arménie et que ce district n'a jamais appartenu à la Turquie avant 1920 et qu'il n'est peuplé que très récemment de quelques colons turcs., pouvant être le dernier acte du règlement.

Par ces exemples de propositions de règlement de conflits sur des principes républicains permettant l'existence d'états-nations sans reconnaissance de minorités nationales, donc assurant l'égalité en droit de tous les citoyens d'un même état-nation, et sans nostalgie belligène de la notion de patrie, terre sacrée des ancêtres, il est aisé de constater qu'on est loin de la conception anglo-saxonne d'affaiblissement des états-nations, source de pérennité de guerres et d'iniquités (quand ce n'est pas de massacres), favorable à l'action dévastatrice des forces mondiales financières et économiques qui n'ont plus alors sur leur route des pouvoirs politiques forts d'états-nations.

(à suivre)

Valentin Boudras-Chapon

2 - Le nucléaire, c’est vraiment un choix de société

Bonjour Evariste,

Je lis avec intérêt les articles publiés dans la rubrique intitulée "L'urgence énergétique" dans ResPublica, et vous avez raison de vouloir ouvrir un débat sans tabous sur les choix énergétiques pour le futur. Peut-être n'ai-je pas été suffisamment attentif sur les différents points de vue exprimés dans vos colonnes, mais il me semble que, ne traitant la question sur le plan de l'efficacité et du coût (technologique, écologique, économique), les intervenants omettent un aspect important du problème, fondamentalement politique, ou même philosophique.

Un choix responsable de la technologie nucléaire comme source quasi unique de production d'électricité ne peut être fait qu'en se donnant les garanties d'une sécurité maximale. Cette sécurité concerne bien sûr les sites de production, mais aussi les lieux de stockage du combustible et des déchets, et le transport de ceux-ci. Elle doit aussi s'appliquer à la recherche scientifique, et ainsi de suite tout au long de la chaîne de production d'énergie, pour éviter les conséquences catastrophiques d'accidents, de sabotage, de vol de technologie ou de matières premières.

Il faut donc protéger le nucléaire, les partisans les plus résolus de cette forme de production d'énergie en conviendront les premiers. Quelle forme cette protection doit-elle prendre ? Que peut-on proposer sinon un dispositif policier renforcé auquel il faut adjoindre les moyens les plus sophistiqués de videosurveillance, des barrières cybernétiques, etc. pour accompagner le transport des matières radioactives, les laboratoires de recherche, les centrales, etc. ? Comment cette impérieuse nécessité de sécurité peut-elle être assurée dans une société démocratique ?

Dans une société où on utilise déjà le contrôle biométrique dans les cantines scolaires, où les radars automatiques détectent le moindre dépassement de vitesse sur les routes, quel degré de sophistication doit atteindre la protection des populations et de la société contre les effets de malveillances ou d'accidents ? (cessons une fois pour toutes d'entretenir l'utopie du risque zéro - contrairement à ce que disent même souvent les antinucléaires, la centrale de Tchernobyl n'avait rien de vétuste et était parfaitement entretenue au moment de la catastrophe, dont la cause ne fut qu'une succession de décisions prises par un personnel pourtant compétent)

Une société démocratique responsable qui choisit le nucléaire doit accepter aussi de débattre des choix corollaires concernant la sécurité et la protection.

Or pour qu'il y ait démocratie, et pour que les décisions ne soit pas laissées entre les seules mains des scientifiques, il faut qu'il y ait débat public. Ce débat ne peut avoir lieu que si les citoyens ont un accès satisfaisant à une information indépendante et de qualité. Il se trouve hélas que le nucléaire et la sécurité, de même que la politique de défense d'un pays, s'accommodent extrêmement mal de la transparence de l'information, et sont au contraire très coutumiers d'une culture du secret. Ce sont des domaines ou depuis longtemps l'information a laissé la place à ce qu'on nomme aujourd'hui la communication - et qui s'appelait autrefois la propagande. Il suffit de consulter les chiffres officiels communiqués par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) sur le nombre ridiculement - volontairement - sous estimé, présenté de plus comme définitif (établi une fois pour toutes en 2006, 20 ans après l'explosion du réacteur de la centrale en 1986, alors qu'aujourd'hui encore des gens souffrent des suites d'Hiroshima) de victimes de la catastrophe de Tchernobyl pour avoir une idée de la volonté d'investigation et de transparence de tels organismes.

Pourquoi d'ailleurs est-ce l'AIEA seule qui communique sur cette question, et non pas l'OMS ? Tout simplement parce qu'un accord a été signé en 1959, reconnaissant à l'AIEA la compétence exclusive pour tout ce qui concerne les effets de la radioactivité sur la santé. Les données sur les victimes irradiées d'Hiroshima et Nagasaki, les soldats français qui ont été irradiés lors d'essais nucléaires en Algérie dans les années soixante, les habitants des régions contaminées proches de la centrale de Tchernobyl, toute question de santé publique et d'irradiation sont confiés à un organisme dont la fonction est de promouvoir et de développer le nucléaire civil. C'est comme si on donnait à Total la mission d'informer sur la pollution due aux véhicules à moteur.

En France, où le choix de l'énergie atomique comme moyen principal de production d'électricité a été fait depuis de nombreuses années, qui sait ce que c'est qu'un becquerel ou qu'un sievert ? Que sait un élève de niveau bac, un citoyen-électeur, de la technologie nucléaire ? La seule "information" qui nous est fournie nous parle d'efficacité, de propreté, de rendement, d'indépendance nationale... Avec l'EPR, on a l'impression d'acheter une lessive qui lave plus blanc.

Une démocratie peut-elle faire le choix du tout nucléaire, donc du tout surveillé étroitement, c'est à dire du presque tout secret, allant même jusqu'au presque tout mensonge ?

On assiste d'ailleurs par voie de conséquence au développement chez les anti-nucléaires d'une propagande tout aussi mensongère, allant de diverses théories du complot jusqu'aux fantasmes les plus délirants (images d'enfants malformés, chiffres délibéréments exagérés, etc).

Je souhaiterais voir les partisans d'un choix à long terme de production d'électricité d'origine nucléaire s'exprimer sur ces questions corollaires à celles de l'efficacité rationnelle, en sortant des ornières sempiternelles et technocratiques du "c'est trop dangeureux/tout est sous contrôle" ou du "c'est rentable/c'est coûteux". Le nucléaire, c'est vraiment un choix de société. Une vraie question politique.

André Rigaut

3 - L'urgence énergétique: les faits et les sources

Les points de débat soulevés par un lecteur (Johannès Robyn) dans ReSPUBLICA n°538 appellent quelques précisions et commentaires sur mon étude « l'urgence énergétique ».

1. La surcapacité électrique française

Il s'agit de la surcapacité de production électrique quant aux besoins actuels et à court terme en énergie électrique finale spécifique, terme habituellement utilisé pour désigner les usages ad hoc de l'électricité pour lesquels elle est irremplaçable ou elle offre la meilleure efficacité sur l'ensemble du cycle de la source à l'usage final (éclairage, électronique, électrochimie, électrométallurgie, électromécanique, informatique, télécommunications, magnétisation, optoélectronique, lasers, etc.).

Il n'est donc évidemment pas question de « tout électrique », et les usages non spécifiques tels que le chauffage électrique ou le fonctionnement du parc automobile ou des avions n'est pas à prendre en compte dans une utilisation rationnelle de l'énergie basée sur les flux d'énergie actuels.

D'ores et déjà, au vu des puissances disponibles actuelles et de leurs fluctuations, les chiffres tout à fait officiels que j'ai rappelés dans le volet V-1 montrent une forte surcapacité de base.

Dire que l'argument de surcapacité est « irrecevable » me paraît plutôt court et contraire à la réalité de la production électrique française actuelle, sauf à se placer dans une perspective irréaliste d'un remplacement de toutes les utilisations actuelles des énergies fossiles par le vecteur électrique... Je rappelle tout de même que l'électricité ne représente en 2006 que 22,9% de la consommation d'énergie finale en France.

2. Les coûts nucléaires

Les chiffres que j'ai donnés sont issus des études officielles (EDF, rapport CHARPIN, ADEME) et de bureaux d'étude spécialisés en énergie (SCIC les 7 vents du Cotentin, DETENTE), tous très fournis et documentés. Chacun peut se les procurer assez facilement sur le web et les lire. Le qualificatif de « fantaisiste » n'est en aucun cas admissible, tout autant que l'affirmation selon laquelle les évaluations des coûts qui y sont faites seraient « hors contexte historique et technologique » et d'un genre « généralement très approximatif »: les coûts présentés sont ceux du réacteur EPR, improprement appelé de 3ème génération. Ils sont parfaitement actuels, et même actualisés au sens économique du terme. Cette accusation ne tient donc pas.

J'ajoute que de nombreuses études internationales corroborent les coûts présentés en détaillant les hypothèses retenues ou non (coûts du minerai d'uranium, de l'enrichissement de l'uranium, du retraitement des combustibles irradiés, du démantèlement des centrales, du stockage des déchets, des assurances). Parmi elles, je citerai celles du Ministère du Commerce et de l'Industrie britannique[1] qui présente un inventaire complet des différents postes dans le coût d'investissement par kW et dans le coût de production par MWh de l'électricité nucléaire; de la Commission Européenne[2]; du PSIRU[3]; de STORM et SMITH [4]; de l'IPSEP[5], jusqu'à celle de l'autorité de régulation du marché de l'énergie turque[6]. Elles sont très variées et issues de milieux aux intérêts très différents.

On trouve même dans ces études les coûts des accidents nucléaires selon l'estimation du prix de la vie. C'est ainsi que dans l'étude 1 par exemple, on apprend que la probabilité de l'accident majeur (fusion du coeur avec fuite de confinement de la radioactivité à l'extérieur de la centrale) est évalué à 2 millionièmes en France et à 4 milliardièmes au Royaume-Uni (500 fois moins), avec un coût associé de l'ordre de 0,03 à 0,3 £/MWh (0,044 à 0,44 Euro/MWh) suivant les hypothèses sur les taux de crédit et la valeur de la vie. Il y est aussi dit que « les coûts nucléaires sont incertains » pour toutes les raisons que j'ai déjà évoquées, en particulier sur les durées de construction officielles qui vont du simple au double, les taux d'intérêt, les coûts du combustible et du démantèlement, etc. Les chiffres donnés dans cette revue internationale vont de 734 Euros à 4405 Euros/kW pour l'investissement et de 17,6 à 88,1 Euros/MWh ! Ceux que j'ai présentés sont tout à fait inclus dans cette plage.

Les chiffres du parc éolien du Chemin d'Eblis sont ceux de la société EDF-Energies Nouvelles qui le construit; ils ne peuvent pas être mis en doute, je pense.

3. Production d'électricité éolienne

Dans aucun des volets de mon étude je n'ai affirmé que les éoliennes devaient assurer « toute la production » d'électricité! Ce serait stupide, compte tenu de l'intermittence du vent. Un lecteur attentif aura bien vu que j'ai soigneusement décrit les puissances éoliennes potentielles énormes dont bénéficie notre pays (je rappelle que c'est le deuxième potentiel européen après le Royaume-Uni) et l'énergie récupérable raisonnablement à long terme par le biais des éoliennes de puissance les plus modernes (volets II et III).

Contrairement à ce qui est affirmé de manière un peu téméraire par le lecteur, les coûts d'entretien de « ce genre d'engins » ne sont pas « généralement fort sous-estimés » mais au contraire très précisément évalués car les industriels qui investissent et gèrent ces parcs sont très majoritairement privés et soumis à des contraintes sévères de rentabilité de leurs investissements en R&D. Leurs chiffres d'affaire mais aussi les études de coûts que je détaille dans le volet V-2 paru dans ReSPUBLICA n°538 sont publics.

La polémique habituelle sur le bruit des éoliennes est sans objet: les recherches aérodynamiques sur les profils de pale, particulièrement sur les décollements d'air aux extrémités, et la mise au point de matériaux composites extrêmement lisses et souples ont permis de réduire de manière drastique le bruit de traînée de pales; de même, les dernières génératrices multipolaires permettent de se passer des multiplicateurs bruyants ou de réguler le synchronisme par mécanismes multiplicateurs à pas variable. L'intensité sonore des éoliennes est passée en dessous de 40 décibels à 300 m à pleine puissance (c'est moins que le bruit dans votre salon sans télé ni chaîne hifi!), bien moindre que le bruit du vent dans vos oreilles (car les éoliennes ne tournent qu'en présence de vent..). Les éoliennes sont de toutes façons soumises aux limites maximales réglementaires de nuisance sonore de voisinage (3 dB la nuit, 5 dB le jour).

Quant à l'esthétique d'une grande éolienne, en quoi serait-elle pire que celle des pylônes THT, des zones industrielles ou des tours de refroidissement?

4. Emplois générés

Les chiffres que j'ai cités sont publics et internationaux. Il n'y a rien à ajouter. Un MWh nucléaire génère beaucoup moins d'emplois qu'un MWh économisé dans la consommation d'énergie électrique d'une installation grâce à un procédé énergétiquement plus efficace ou qu'un MWh éolien. Le coût de ce MWh n'inclut pas seulement celui de la main d'oeuvre mais de la maintenance, des protections (travailler en milieu radioactif coûte très cher), des matériels loués, utilisés et consommés, etc. Le raisonnement économique n'est donc pas aussi simple que celui évoqué par le lecteur.

N'étant ni « antinuc » (sic) comme il l'insinue, ni « pronuc », ni « écolo », ni « anti-écolo », je ne me sens pas concerné par la remarque selon laquelle « les antinuc seraient pour un esclavage éternel » dont je laisse la responsabilité à son auteur. Il faudra qu'il en débatte avec un véritable « antinuc ».

5. Nucléaire et effet de serre

Je veux bien que l'on construise des centrales nucléaires en n'utilisant que de l'électricité nucléaire, mais ce n'est pas le cas. Les engins de chantier et de transport consomment encore largement du pétrole, tout comme la fabrication du béton, du ciment, etc. L'extraction de l'uranium, la fabrication du combustible, la construction des bâtiments consomment des produits issus pétroliers ou de la chaleur et de l'énergie produite à partir de pétrole.

Mais il faut être conséquent: si l'on affirme que « l'énergie nécessaire pour la construction et pour le fonctionnement aussi bien que pour le démantèlement d'une centrale serait évidemment majoritairement d'origine nucléaire aussi » (pourquoi ce conditionnel si c'est une vérité?), il faut alors défalquer toute cette consommation de la consommation électrique finale, au titre de l'autoconsommation du cycle nucléaire, puisque cette électricité n'est pas disponible pour les consommateurs! Voir à ce sujet mon article sur « La production d'électricité en France » dans ReSPUBLICA n° 536.

Je peux rassurer notre lecteur sur les comparaisons internationales des différentes filières de production électriques en matière de coût énergétique et de production de gaz à effet de serre: elles sont parfaitement sérieuses et scientifiques, très documentées et basées sur les méthodes universellement adoptées que sont l'analyse de cycle de vie du système étudié (qu'il soit nucléaire, fossile ou renouvelable), et l'analyse économique entrée/sortie.

Toutes les études scientifiques internationales issues des publications de recherche universitaire que je cite dans mon étude sont fondées sur ces méthodes et référencées en bas de chaque volet, avec le nom des revues scientifiques internationales réputées dans lesquelles publient tous les chercheurs du monde entier, qu'ils soient universitaires ou industriels ou gouvernementaux, leurs auteurs et leurs dates de parution. Elles sont ouvertes, publiques et rigoureuses; on peut s'y fier.

J'ai pris soin de citer toutes mes sources, il me semble.

6. Lutte contre le changement climatique

C'est l'objet du volet VI-1 qui paraîtra prochainement dans ReSPUBLICA.

7. Nucléaire et déficit hydraulique

Toute centrale thermique à cycle direct non combiné doit utiliser l'eau d'un fleuve ou de la mer pour assurer son refroidissement en vertu du 2ème Principe de la thermodynamique. Si l'eau prélevée passe directement dans les condenseurs des turbo-alternateurs, elle voit sa température s'élever d'une dizaine de degrés avant d'être rejetée dans sa source et peut parcourir plusieurs kilomètres avant que la température du cours d'eau ne s'homogénéise en aval. Ceci entraîne un phénomène d'évaporation, constituant un prélèvement net d'eau sur le débit du cours d'eau.

La température élevée en sortie des condenseurs nécessite une chloration régulière de l'eau pour limiter la formation d'algues toxiques et l'injection de produits décapants pour décrasser les échangeurs, générant très régulièrement des dépassements de normes chimiques très importants en sodium, sulfates, phosphates, cuivre et chlorures dans les cours d'eau, régulièrement relevés et dénoncés à EDF par l'Autorité de Sûreté Nucléaire (source ASN). Ceci n'empêche pas la prolifération de ces algues, en particulier des algues bleues, la pollution chimique et bactériologique en aval (qui nécessite parfois l'interdiction de baignade, d'où ma référence au tourisme de loisirs qui ne me semble pas déplacée ni outrancière) et assez généralement mais pas systématiquement, la diminution du taux d'oxygène dissous. Il s'agit bien là d'une « consommation » d'eau au sens industriel puisque remise dans la nature sous forme d'eaux usées au plus strict sens du terme. De plus une température trop élevée peut menacer directement les espèces vivantes dont les températures létales sont assez basses, comme les salmonidés (24 à 26°C) ou les truites (25°C). C'est pourquoi la législation française et européenne limite à 30°C la température maximale admissible pour les cours d'eau (27°C pour certains). Il ne s'agit pas d'un argument « écolo sentimental » mais de réglementation basée sur des critères purement biologiques.

Très régulièrement, les centrales nucléaires fonctionnent illégalement, dans la mesure où les températures des cours d'eau après mélange en aval dépassent régulièrement 30°C en été, de sorte que les préfectures se voient contraintes de délivrer des arrêtés d'autorisation de dépassement. Seulement, la situation critique atteinte en juillet-août 2003 a conduit le ministère de l'industrie, de l'écologie et de la santé à publier un nouvel arrêté le 12 août donnant autorisation permanente de dépassement jusqu'à ce que l'écart atteigne 3 degrés entre l'amont et l'aval (après mélange) pour les installations sans aéroréfrigérant et 1 degré pour celles équipées de tours de refroidissement (1,5 degré pour la Seine et la Moselle), la référence à la température limite de 30 degrés ayant disparu. Un Comité de suivi a dû être créé à l'occasion pour émettre des proposition de gestion de crise et pour étudier les conséquences écologiques de ces réchauffements exceptionnels. S'il est vrai que certaines espèces comme les cyprinidés se développent mieux en eau plus chaude, ce n'est a priori pas le cas de la plupart des espèces courantes comme les truites, les saumons, les anguilles, les brochets, et l'année 2003 a connu une forte mortalité globale des poissons (source ministérielle).

J'en viens au prélèvement physique d'eau dans les tours de refroidissement qui équipent 11 des centrales nucléaires françaises: le débit de certains cours d'eau est trop faible pour rester dans les limites de température raisonnables, ce qui nécessite le recours au processus d'évaporation massive dans ces tours de 150 m de hauteur et de diamètre, surmontées d'un panache de vapeur qui s'en échappe. Un réacteur de 1000 MW électrique évapore ainsi dans l'atmosphère 1 m3 d'eau par seconde prélevé sur le cours d'eau: c'est bien aussi de la « consommation d'eau » puisqu'elle part dans l'atmosphère, comme dans l'irrigation du maïs par aspersion. Et comme pour les aéroréfrigérants des climatiseurs, les tours de refroidissement favorisent la multiplication des légionelles et leur dispersion dans leur voisinage, certaines pouvant être pathogènes (legionella pneumophila). L'ASN a demandé à EDF de renforcer sa vigilance et les mesures de prévention pour contrôler autant que possible ce phénomène[7].

Je me permets donc de redire que la gestion et de la répartition des utilisations de l'eau se posera de manière critique dans les prochaines années, et qu'il vaut mieux devancer et prévenir les crises plutôt que d'ignorer les signes avant-coureurs jusqu'à ce que les situations graves surviennent (je n'ai à aucun moment parlé de catastrophe mais de situations critiques possibles).

Notes

[1] New nuclear power generation in the UK: cost benefit analysis, D. KENNEDY, Energy Policy (2007)

[2] The role of nuclear power in a low carbon economy: the economics of nuclear power, Sustainable Development Commission – United Kingdom (mars 2006)

[3] The economics of nuclear power: analysis of recent studies, S. THOMAS, Public Services International Research Unit (2005)

[4] Nuclear Power – The energy balance, J. W. STORM VAN LEEUWEN, P. SMITH (août 2005)

[5] Nuclear power – The cost and potential of conventional and low-carbon electricity options in Western Europe, F. KRAUSE, International Project on Sustainable Energy Paths (1994)

[6] Nuclear power in open energy market: a case study of Turkey, E. ERGOGDU, Energy Policy, 35 pp 3061-3073 (2007)

[7] Prévention des risques liés à la présence de légionelles dans les tours de refroidissement des centrales nucléaires, Lettre de l'Autorité de Sûreté Nucléaire au Directeur de la Division Production Nucléaire d'EDF (16 juin 2006)

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - J’appelle pas ça de l’amour, d’Agnès Boussuge et Elise Thiébaut

Editions Femmes – 7,50 euros.

Déjà auteurs de « Si j’étais présidente », début 2007, Agnès et Elise, militantes connues dans les milieux laïques et féministes, commettent, quelques mois après, un nouvel ouvrage sur le thème des violences dans les relations amoureuses. Ce livre commence par trois témoignages de jeunes femmes qui décrivent l’engrenage qui amène leur compagnon à leur cogner dessus, le sentiment de culpabilité qui longtemps habite une compagne frappée, et la difficulté de sortir d’une telle relation.

Les faits sont là, en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Certes, un homme meurt tous les seize jours, tué par sa compagne. Mais dans la moitié de ces meurtres, la femme n’a fait que se défendre face aux violences de son tortionnaire.

Les auteurs tentent de fournir un maximum d’informations au lecteur, en refusant toute vision manichéenne et victimaire, posture qui avait irrité Elisabeth Badinter, dont l’ouvrage « Fausse route », avait critiqué fortement certaines thèses des milieux féministes, et suscité de vives polémiques.

Ce livre est d’une lecture agréable. Dans un style alerte, statistiques à l’appui, Agnès et Elise amènent un ensemble de réponses, y compris juridiques, pour faire face à diverses situations qui tournent autour des violences conjugales.

Elles refusent surtout l’idée qu’on puisse tuer par amour. S’appuyant sur deux faits divers très médiatisés, les meurtres de Marie Trintignant par le chanteur Bertrand Cantat, et celui de Chantal Cécillon par son époux, international de rugby, elles démontrent que la notion de crime d’honneur, utilisée dans certains pays comme l’Inde ou le Pakistan, sert, dans les pays occidentaux, sous le nom de crime passionnel, à minimiser les peines encourues pour un meurtre.

Avec un ensemble de questions autour des lois de l’amour, de l’éducation, par un ensemble de questions-réponses, elle permettent, dans un ouvrage destiné à un lectorat large, de mieux appréhender un phénomène qui, certes, a existé de tout temps, mais qu’une société se réclamant des Lumières ne peut tolérer sans agir.

L’ouvrage se termine par deux entretiens fort intéressants avec Alain Legrand, psychologue auprès des hommes auteurs de violences, et deux responsables du Mouvement français pour le planning familial.

Des adresses utiles complètent un ouvrage qui amène son originalité sur un sujet où, bien que beaucoup de choses ont déjà ont été écrites, il restera toujours à dire pour lutter contre l’insupportable.

Pierre Cassen

2 - « Parlons enfants de la patrie »

de Gaston Kelman
éditions Mad Max Milo
251 pages
mars 2007
18 €

Osons débattre, exposer nos positions, ayons le courage d’exprimer nos pensées. Gaston Kelman nous propose « de sortir des chemins balisés de la bien-pensante pour se risquer vers des positions que l’on juge encore iconoclastes. »

Avec beaucoup de talent et plus qu’un brin d’humour, Gaston Kelman nous demande de réfléchir et d’agir afin de replacer les jeunes, tous les jeunes au cœur de nos préoccupations.

Les jeunes qui ont cassé, brûlé des voitures, voire des écoles en octobre novembre 2005 ont émis des suppliques « car s’ils niquent la France, c’est pour qu’elle les aime. ».. Voici là donc une approche qui rejoint celle de certains intellectuels qui refusaient le tout sécuritaire ?

N’allons pas trop vite à la besogne, l’auteur veut nous étonner, il nous étonnera puisqu’il souhaite aussi que les « racailles » très minoritaires soient punies !

Gaston Kelman bouscule les certitudes en exposant un positionnement original qui s’appuie sur des observations pertinentes et une analyse rigoureuse.

Les enfants de ce pays, tous les enfants ont besoin d’amour, de reconnaissance mais aussi de repères forts. L’auteur n’hésite pas à prôner le retour au service militaire et même l’obligation de l’uniforme militaire. Je ne le suivrai pas sur ce terrain, quoiqu’il est vrai que beaucoup de bien pensants, de gauche notamment n’hésitent pas à crier au loup tout en envoyant leurs chers petits-les leurs- dans des institutions privées où ils portent des uniformes !

Il est intéressant et important d’être capable de s’exprimer clairement sans ambiguïté en refusant le politiquement correct… Gaston Kelman n’hésite pas à bousculer les certitudes. Il ose même affirmer que la France ne peut pas accepter sur son sol toute la misère du monde !? Il le fait sans complexe, d’autant plus qu’il ne peut pas être taxé de racisme et qu’il dénonce la politique néo coloniale française et l’incurie de beaucoup d’états africains…

Que l’on soit d’accord ou pas, partiellement ou totalement avec Gaston Kelman, on ne peut pas l’accuser d’occulter les enjeux et de fuir le débat.

Avec force, en s’appuyant sur des observations et des anecdotes, il nous rappelle que les enfants qu’ils soient noirs ou beurs sont avant tout des petits français et qu’il faut arrêter de les considérer comme des étrangers. Il n’y a pas de deuxième ou de troisième génération… Le noir n’est pas un footballeur né et le beur ne devient pas inéluctablement un animateur de quartier, un grand frère de surcroît.

Revenant plusieurs fois sur les émeutes de fin 2005, Gaston Kelman, sans faire ni d’angélisme, ni de paternalisme explique avec force que la fraternité des barbares de 2005, barbares sans guillemet chez lui !, est inscrit dans notre devise républicaine : « Nous sommes français, hurlaient-ils. Nous ne sommes ni ne voulons être des étrangers, encore moins des Africains. Nous sommes des enfants de la patrie. Tels des professeurs Tournesol, nous n’avons rien compris et leur avons demandé : « Vous dites que vous êtes « foncés » ? Non, Français. » Alors ils ont allumé des torches pour qu’on les voie. »

Voici là un livre qui nous invite à débattre, sans que soient dressés des échafauds et sans que certains soient taxés de réactionnaires et d’autres d’idéalistes petits bourgeois… Il faut qu’ensemble nous apportions des solutions concrètes et que nous rompions avec les « trente Honteuses » qui lient pauvreté, répression aveugle ou laxisme coupable !

Jean-François Chalot

Agenda

mardi 22 mai 2007

"Communautarisme et laïcité"

au GREPA ( Groupement des retaités de l'enseignement public et des adhérents FGR),
7 rue Major Martin 69001 LYON

l'UFAL 69 intervient sur le thème: "Communautarisme et laïcité"

Mireille Popelin (au début de l'après-midi) et Jean-Claude Santana ensuite - secrétaire et président de l'Ufal 69

jeudi 24 mai 2007

L’égalité des chances contre l’égalité - Carte scolaire les enjeux d’un débat mal posé

« Amphithéâtre 250 » de l’Institut Universitaire de Formation des Maîtres (IUFM) de Mont Saint-Aignan (rue du Tronquet)

Conférence

Le Comité de réflexion et d’action laïque de la Seine-Maritime (CRÉAL-76) propose une conférence suivie d’un débat aura pour thème la sectorisation scolaire.

Maintien, assouplissement, suppression de la carte scolaire ? La question est d’actualité et la réponse engage l’avenir de l’École Publique et de la société. Pour mieux comprendre les enjeux de cette polémique, le CRÉAL-76 a fait appel à Jean-Christophe François (Docteur en Géographie) Maître de conférence à l’Université Paris VII et chercheur au centre de sociologie européenne. Il présentera une analyse sociologique et géographique des flux d’élèves dans le système scolaire.

Contact : Jean-Michel Sahut au 02 35 37 48 60,

jeudi 24 mai 2007

"La laïcité: un atout pour l'école "

Intervention au Collège Honoré de Balzac
56 rue Ernest Renan
69200 Vénissieux

Avec les parents d'élèves et le personnel

Avec : Jean-Claude Santana (président de l'UFAL 69)

vendredi 25 - lundi 28 mai 07

3ème Université Populaire Laïque (UPL) de l'UFAL

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier

Programme:

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :

Vendredi 25 mai

Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse

Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni

Samedi 26 mai

Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)

Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL

réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)

soirée méchoui grillades

Dimanche 27 mai

Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes

Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale

Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)

soirée musicale

Lundi 28 mai

Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures

Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants

 

L'organisation matérielle

FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.

Les chèques vacances sont acceptés.

Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE:

Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)

acompte de

à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.

mardi 29 mai 2007

Après l’élection de Sarkozy, comment défendre les principes laïques et républicains ?

à Mantes, salle Agora

Réunion-débat

Sous la présidence d'Hayet Morillon, présidente de l'Ufal du Mantois

Avec:

Un pot amical clôturera la soirée

jeudi 31 mai 2007

La violence et les jeunes, si on en parlait?

Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet

Sur l'invitation de:

avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune: - Jean-Claude Santana (président de l4UFAL du Rhône, auditionné par la Commission Stasi) - Malika Haddad (NPNS) - Dominique Ginet - psychologue. Maître de conférence à Lyon 2 - Un représentant du syndicat national des officiers de Police (UNSA)

samedi 9 juin 2007

Rencontre avec Julien Landfried sur "Contre le communautarisme"

à la librairie l’Apostrophe
2 rue Théophile Roussel
75012-Paris
Métro : Ledru-Rollin (ligne 8)

"République et Socialisme - C.E.R.I.S.E" vous convie au 4ème samedi de CERISE

Plan d’accès sur mappy.com / pagesjaunes.com en cliquant ici

mardi 12 juin 2007

Afrique, pillage à huis clos

dans les salons de la Fondation des Français Libres
59, rue Vergniaud, 75013 Paris - 01.53.62.81.81

105e dîner-débat de l’Académie du Gaullisme

Animé par Jacques Dauer, président de l’Académie du Gaullisme

et présidé par

Xavier Harel, écrivain, journaliste à La Tribune

Thème : Afrique, pillage à huis clos

Avec précision et force détails, Xavier Harel analyse et démontre que le cynisme de quelques grands dirigeants, qu’ils soient « politiques » ou à la tête de sociétés multinationales, n’a d’égal que leur cupidité et leur amoralité ; ils pillent sans vergogne l’une des principales richesses de l’Afrique : l’or noir, contribuant ainsi à accentuer la pauvreté des populations. La corruption est leur arme préférée.

Pour participer, écrire à Jacques Dauer
18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine
(accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme)
06.81.24.15.95 - 01.64.24.65.98

Prix du repas : adhérent 38 € ; non-adhérents 41 € ; moins de vingt-cinq ans 25 €.

samedi 16 juin 2007

La vie chère

Salle de la Maison des syndicats, place de la Myrpe, à Bergerac

Réunion – débat

Avec Pierre Cassen, rédacteur en chef de Respublica, porte-parole de l’Ufal 78

Débat organisé par la Libre-Pensée Dordogne

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org