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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°548 - lundi 25 juin 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - La « guerre des Rose », ou à quoi bon rester ensemble quand on ne s’aime plus?

La rupture annoncée de Ségolène Royal et de François Hollande n’est que l’illustration d’un phénomène de plus en plus courant dans notre société: on n’est pas obligés de rester ensemble quand on ne s’aime plus. Quel progrès pour les couples, depuis la génération de nos parents ou grands parents ! De leur temps, il n’y avait pas la contraception, la doctrine réactionnaire de l’ordre moral faisait encore des ravages, et la femme ne travaillait pas.
Résultats : l’angoisse de la grossesse quand les femmes commençaient à découvrir les charmes de la vie, l’obligation de garder un enfant non désiré, et de « réparer » la faute en s’épousant, et le mariage à perpétuité obligatoire, même quand l’amour n’est plus au rendez-vous. Et quand, exceptionnellement, à l’époque, une couple divorçait, il était montré du doigt et les enfants pouvaient recevoir des pierres sur le chemin de l’école.

Il y a encore trente ans, Mitterrand devait encore faire semblant d’être avec son épouse, alors que sa vie amoureuse se situait ailleurs. Quand Rocard a annoncé son divorce, cela a été une première dans la vie politique française. Un homme politique devait afficher une vie familiale conforme au modèle standard, avec épouse et enfants, même quand, de notoriété publique, il y avait une maîtresse officielle qui se substituait à l’épouse depuis longtemps. Aujourd’hui, le nouveau président de la République peut être élu après une crise grave de son couple, tandis que sa rivale socialiste, tout en cachant la réalité de ses déboires conjugaux pendant la campagne, annonce la vérité au soir même des élections, et le maire de Paris peut annoncer son homosexualité, et être élu. Tant mieux.

Mon amie Anne Zelenski, présidente de la Ligue du Droit des Femmes, me disait, lors d’une conversation, que la condition des femmes avait davantage progressé en quarante ans, grâce aux combats féministes, à la maîtrise de la contraception et à l’accès au travail, qu’en deux mille ans d’histoire.
Se quitter, rompre, divorcer demande souvent beaucoup de courage et sur une décision aussi difficile à prendre.

A ce sujet, les femmes sont doublement plus déterminées que les hommes. D’abord, ce sont elles qui, dans 80 %, demandent la séparation. Ensuite, il est exceptionnel, quand c’est l’homme qui s’en va, qu’il n’ait pas déjà une autre compagne. La femme, elle, n’a pas besoin d’une nouvelle rencontre pour décider de partir, et de s’installer seule.

Certes, il est toujours attendrissant de voir un couple âgé, qui a passé sa vie ensemble, se montrer toujours attentionné et amoureux.

Mais ce n’est pas toujours ainsi que ça se passe dans un couple vieillissant.
Qui n’a pas été bouleversé par ce merveilleux film, « Le Chat » qui voyait un couple, incarné par Jean Gabin et Simone Signoret, se haïr au quotidien, ne plus s’adresser la parole, mais continuer à vivre ensemble, à manger ensemble, et à préférer cela à une solitude encore plus ennuyeuse.

Alors, oui, il faut savoir se séparer quand la vie à deux n’est plus possible et c’est un acquis essentiel des combats laïques et du combat contre l’ordre moral, de pouvoir mener au cours de son existence plusieurs histoires d’amours, au fil des évolutions des uns et des autres.

A quoi bon rester ensemble quand on ne s’aime plus ? On peut aussi, s’interroger sur le sens de cette phrase en mordant sur la politique.

Le Parti socialiste ressemble aujourd’hui à ce film américain, « La guerre des Rose », avec Michael Douglas. Un chef d’oeuvre qui voyait un couple en rupture, les Rose, se refuser à quitter la maison commune, pour que l’autre n’en profite pas, et organiser une cohabitation haineuse et destructrice. Espérons que Ségolène Royal et François Hollande ne joueront pas à Solférino la dernière scène du film, en train de continuer à se battre sur un lustre situé à dix mètres du sol !

Quelle image de nombreux dirigeants du PS donnent-t-ils aujourd’hui aux électeurs ? Regardez, au conseil national du PS qui s’est tenu samedi, le premier rang des élites socialistes. On y voit ceux qui pilotent le parti depuis des dizaines d’années, plus déterminés à se surveiller les uns les autres qu’à offrir des réponses à la hauteur de la situation. Même quand ils disent des choses justes pour s’opposer à Sarkozy, ils n’apparaissent pas crédibles, et n’offrent pas une alternative sérieuse. Ils sont à bout de souffle, mais se cramponnent férocement à la direction du parti, pas du tout décidés à laisser leur place aux jeunes lions, comme se qualifie Arnaud Montebourg.

Pour corser la situation, Ségolène envoie une véritable bombe en racontant sur un plateau de télévision qu’elle a défendu les 35 heures et le smic à 1500 euros bruts, par obligation vis-à-vis de son parti, tout en étant convaincu que c’était une ineptie. Puis elle pousse l’insolence jusqu’à bouder le conseil national du PS, creusant encore davantage le fossé entre elle et les caciques de l’appareil.

Après les défaites de 1995, la catastrophe de 2002, le séisme du TCE, et la nouvelle défaite de 2007, peut-on espérer voir rapidement une nouvelle situation politique, à gauche, qui redonne de l’espoir et fasse de nouveau rêver ceux qui ne se résignent pas à la disparition du modèle républicain issu de la Résistance, dont notre modèle de santé solidaire ?

La réponse est non. Même si Ségolène Royal et les siens souhaitaient accélérer les choses, et prendre le PS dès maintenant, pour le transformer en parti de centre gauche, Hollande et tout le reste du PS veulent figer la situation jusqu’en novembre 2008. Telle la logique de la « guerre des Rose », il n’est pas question, pour personne, de lâcher le morceau avant les municipales, où il y a des postes à prendre, et des moyens militants à préserver.

Quand j’étais plus jeune, et que j’ai commencé à m’intéresser à la politique, je me souviens que c’est la droite qui paraissait ringarde, vieille, conservatrice et réactionnaire, et que le dynamisme et l’élan étaient du côté de la gauche, et notamment du Parti socialiste.

Quel contraste, trente ans après, avec la situation actuelle !

Quand la nouvelle secrétaire d’Etat, Rama Yade, sur un plateau de télévision, ramasse Dominique Voynet (qui est loin d’être la plus ancienne), qui la titille, en lui disant qu’on la voit depuis des années, alors que Nicolas Sarkozy donne sa chance aux jeunes comme elle, elle fait très mal.

Peu importe que cette gauche désespère les citoyens, ses cadres politiques conserveront leurs mandats, leur baronnie, et leur petit pouvoir local.

Ce n’est pas encore maintenant que les clarifications seront faites entre les différents clans qui cohabitent au sein du PS.

Entre les projets de Strauss-Kahn et Royal, tournés d’abord vers le centre, et ceux de Fabius et surtout de Mélenchon ou Dolez, tournés vers les autres forces de gauche, il n’y a plus grand chose de commun.

Tous les gens sensés se rendent compte du ridicule de la situation, et pensent qu’il est de toute urgence de clarifier les choses.

Une séparation à l’amiable, telle qu’elle se fait dans le couples en crise, serait plus profitable à toute la gauche que cette hypocrite cohabitation qui discrédite le PS. Mais, au vu de leurs seules préoccupations électoralistes, pourquoi voudriez-vous qu’ils divorcent?

En 2004, après leurs victoires électorales, dues au rejet de la droite, ils ont gagné presque toutes les régions, et ont envoyé au parlement de Bruxelles un maximum d’élus.

Après l’épisode TVA sociale du deuxième tour, ils ont sauvé une bonne centaine de députés, et tout le monde est content.

Pour peu que le gouvernement Sarkozy soit rapidement impopulaire (ce qui n’est pas une certitude), et que cela se traduise en 2008 par le gain de centaines de municipalités, on nous dira que tout ira bien, et qu’on ne change pas une équipe qui se remet à gagner. Et finalement, au-delà des mots, l’ensemble de la gauche de gouvernement reste complice de la stratégie du PS.

Bref, tels les personnages du film « Le Chat », on continuera à se détester, mais on ne se séparera pas, on continuera à vivre sous le même toit, dans l’attente de la prochaine victoire de 2012.

Avec de tels adversaires, Sarkozy et les siens peuvent dormir tranquille.

Ils savent qu’ils ont plus à craindre d’un possible mouvement social de rentrée que d’une alternative politique aujourd’hui inexistante.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - Allez Fadela !

Depuis sa nomination hier à un poste de secrétaire d'Etat dans le "gouvernement Fillon 2", Fadela Amara, présidente de Ni putes ni soumises, est l'objet de violentes critiques bien-pensantes.

"Trahison !"... comme si l'appartenance à une famille ou à une tribu politique importait plus que l'action politique elle-même ; les critiques vont parfois jusqu'à la calomnie : "carriérisme"... J'ai même entendu que NPNS aurait inventé en grande partie les affaires de violences faites aux femmes dans les cités afin de se "faire mousser".
Les mêmes (je parle des tribus progressistes bien pensantes pour lesquelles l'appartenance tient lieu de politique) n'ont soufflé mot naguère lorsque telle leader de mouvement étudiant ou tel dirigeant de mouvement antiraciste ont été non pas nommés secrétaires d'Etat, mais planqués à des postes infiniment moins exposés, bien plus durables et avantageux... Ah mais j'oubliais un détail : les auteurs de ces manoeuvres de haute politique étaient des "potes"....

Il faudrait peut-être que les thèmes de l'intégration restent, en demeurant perpétuellement utopiques, la propriété des discours qui surfent sur la revendication en se gardant bien de toute prise de risque ? Chose intéressante : ce sont des jeunes femmes qui portent ici le courage politique "d'y aller", d'effectuer une sortie comme un ailier de rugby va à l'essai. Mais c'est toute la différence avec une équipe de rugby : il leur faut non pas percer les lignes adverses mais celles qui devraient en principe les soutenir. Elles "y vont" malgré les secondes et troisièmes lignes, malgré les piliers grandes gueules, tous ceux qui voudraient bien les retenir en leur faisant une leçon de décence : comment, vous allez vous montrer ailleurs, ailleurs que dans "notre" monde ? Des filles qui sortent de la bienséance politique, et brillantes en plus ? Voilez-moi cette audace que je ne saurais souffrir! Et puisqu'on ne peut pas les voiler, les retenir "chez nous", alors on les salit. Jamais le slogan NPNS n'aura été si vrai : car il souligne un comportement hélas très répandu bien au-delà d'une "culture" particulière... et auquel le ressentiment n'est pas étranger.

Je n'en doute pas une seconde : si Fadela Amara a le courage d'accepter l'occasion d'agir qui se présente à elle, elle aura aussi, si la politique qu'elle est venue défendre rencontre trop d'obstacles, celui d'en tirer les conclusions. Les responsables se jugent à leur politique, à leurs actes, à leurs engagements et aux leçons qu'ils en tirent.

Allez Fadela ! Ne vous laissez pas impressionner !

Pour lire une réaction critique qui analyse les choses sans complaisance mais sans crise d'hystérie, voir le texte de Caroline Fourest sur le blog de Prochoix. Elle soulève à mon avis le point difficile de cette affaire, à savoir la collaboration oxymorique avec Christine Boutin. Souhaitons que la force de conviction et l'exemplarité de l'action de Fadela Amara puissent détourner son ministre de tutelle de certaines complaisances envers l'UOIF et l'intégrisme religieux en général !

Catherine Kintzler www.mezetulle.net

2 - Le MJS déplore la trahison de Jean-Marie Bockel et de Fadela Amara

Le Mouvement des Jeunes Socialistes prend connaissance avec consternation de la composition du nouveau gouvernement et déplore les nouveaux débauchages opérés par la droite et les trahisons de Jean-Marie Bockel et de Fadela Amara.

Trahison de l’engagement pris devant les citoyens pour Jean Marie Bockel, élu avec des voix socialistes. En conséquence, le MJS soutiendra et participera à la constitution d’une liste de gauche face au maire sortant lors des prochaines municipales à Mulhouse.
Trahison de Fadela Amara vis-à-vis de son engagement de toujours puisqu’elle sera sous la responsabilité gouvernementale de la très féministe et progressiste Christine Boutin. Engagée à SOS Racisme, puis aux Maisons des Potes, élue socialiste à Clermont Ferrand et aujourd’hui membre d’un gouvernement de droite, le parcours de Fadela Amara doit interpeller les socialistes. Voilà des années que des dirigeants du PS instrumentalisent un certain nombre de responsables associatifs à des fins claniques. L’incohérence entre la morale et les actes est un des ressorts de cette trahison.
Le MJS appelle les socialistes à assumer leurs responsabilités. Quand les annonces et les comportements de certains, pendant des années, s’écartent des valeurs socialistes et des cadres de fonctionnement collectif, on ne peut pas être surpris que le ver finisse par sortir du fruit.
L’attitude à adopter vis à vis des baronnies locales irresponsables, la relation à établir avec le monde associatif, feront aussi parti des sujets à traiter pour refonder la gauche.

Mouvement Des Jeunes Socialistes

3 - Un samedi tranquille

Quand arrive ce samedi de fin de partie, c’est à peine si l’on se rend compte de la série des évènements qui se sont empilés de façon si décisive au cours des deux dernières semaines.

C’est presque un samedi tranquille. Le conseil national se réunit dans un grand hôtel parisien. Le ciel est gris, l’air est lourd d’un orage qui ne vient pas. A l’arrivée, le mur des caméras et des micros permet de savoir quelle est la question du jour. Plusieurs voix sans visage la lance à la volée. C’est elle qui sera la seule réalité donnée à voir quoiqu’il se passe par ailleurs au cours de la réunion. Ce sera donc pour finir la seule réalité tout court. Je me souviens du temps où cela m’indignait. Dorénavant je m’y adapte aussi bien que je peux. J’ai compris ce qu’était un format de réponse utile.

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Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr

4 - Lettre ouverte à Ségolène Royal

Chère Ségolène Royal,

Tes déclarations de mercredi mon profondément déçu (voir ci-dessous).
"(PARIS AFP, 22/06/2007 09:00) Mercredi, elle avait déclaré qu'il fallait "remettre en cause un certain nombre de choses" dans l'idéologie socialiste. "Par exemple, le SMIC à 1.500 euros brut dans cinq ans, qui est une idée phare de Laurent Fabius ou la généralisation des 35 heures, sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans mon pacte présidentiel et qui n'ont pas du tout été crédibles", avait-elle dit."

Je suis militant du PS et secrétaire de section en faisant ces déclarations, tu as perdu la confiance de nombreux militant(e)s et sympathisant(e)s qui on fait la campagne des présidentielles 2007 et mouillés le maillot pour toi.

Comment peut-on estimer que le SMIC à 1.500 euros brut dans cinq ans n'est pas crédible alors que beaucoup de nos concitoyens son actuellement au SMIC à 1254,28 € brut mensuels !

En 5 ans l'augmentation aura été de 49,04 euros par mois soit 588,48 euros d'augmentation par ans. Pour toutes ces personnes cette somme est important pour eux.

Concernant les 35 heures, il y a certes des incohérences dans leur application et une remise a plat du dossier aurait été nécessaire.

Quant au projet du PS qui avait été "voté par les militants» ! Comment peux-tu le remettre en cause?

Si celui-ci ne te plaisait pas, tu n'étais pas obligé de te présenter à l'investiture des socialistes.

Mais à partir du moment ou tu t'es présenté et que tu as élu par les militant(e)s ton devoir était de le porter et le défendre.

"Ma chère Ségolène, tu as menti aux militants et militantes ainsi qu'aux 17 millions d'électeurs et électrices qui ont voté pour toi. Je te demande d'avoir un peu plus d'humilité et de respect pour la force collective qui t'a porté pendant la campagne ainsi que pour tous ces hommes et femmes qui ont cru en toi.

Je suis militant de gauche et j'ai toujours défendu les valeurs de la gauche " solidarité, égalité, liberté, fraternité ".

C"est pourquoi ma chère Ségolène, je continuerai à défendre l'augmentation du SMIC, la sécurité sociale, les services publics, l'égalité des chances, la justice sociales etc. Pour moi aujourd'hui mon choix est clair, je suis un opposant farouche de la droite et de tout les mauvais coup qu'elle va asséner à nos concitoyens.

Au sein du Parti socialiste je vais continuer à défendre ces valeurs de gauche qui m'ont toujours animé et je serais un farouche opposant des tous ceux et celles qui trahiront ces valeurs.

Marx disait : Une idée devient une force lorsqu'elle s'empare des masses.
Si nous avons des idées, les masses nous rejoindrons.
Ma chère Ségolène à partir d'aujourd'hui, je fais parti de ceux qui vont s'opposer à ton élection comme premier secrétaire du Parti voir comme futur candidate à l'investiture pour représenter le PS au prochaine présidentielle 2012.

Ma chère Ségolène, je te présente mes salutations Socialistes.

Alain Wallon Secrétaire de section du Parti socialiste de Provins

5 - Quelques exemples de mauvaises revendications socialistes

La lourde défaite de Ségolène Royal à la présidentielle, puis du PS aux législatives, impose de redéfinir la ligne politique du PS.

Je me situe dans la gauche du PS. Cela ne veut pas dire que je me sente militant d’une aile « radicale » du PS, qui s’opposerait à une aile « social-démocrate ». Je me propose ici d’argumenter à partir du fait que l’ensemble du PS est social-démocrate[1], que son aile droite est social-libérale et ne peut donc revendiquer la transformation du PS en un « vrai » parti social-démocrate – puisqu’il l’est déjà –, pour montrer que son aile gauche ne doit pas chercher à singer la gauche réellement radicale.

Depuis la présidentielle, l’aile gauche du PS ressort d’anciennes revendications : ce serait parce que S. Royal les a oubliées en route qu’elle aurait perdu. Ce catalogue de revendications est au mieux incohérent, au pire corporatiste, comme l’étaient aussi bien le programme de Lionel Jospin en 2002 que le projet socialiste de 2006 ou le Pacte présidentiel de S. Royal.
J’affirme au contraire qu’il est essentiel de repartir des objectifs pour construire un programme qui soit cette fois digne de ce nom.
Je propose comme objectifs prioritaires la lutte pour l’égalité et l’équité et la lutte contre la précarité[2]. Ils doivent évidemment être intégrés dans une vision nationale, européenne et internationale.

Quelques exemples de mauvaises revendications

Les retraites

C’est par la réforme de 1993 qu’a été décidé le passage aux 40 ans de cotisation, pour les salariés du privé. Les syndicalistes qui participent à la gestion paritaire de l’assurance vieillesse considèrent unanimement que cet allongement est inévitable. Faudrait-il dès lors accepter que les fonctionnaires continuent, eux, à ne cotiser que 37,5 ans, et a fortiori que les bénéficiaires des régimes spéciaux et les fonctionnaires en « services actifs » partent à 55, voire à 50 ans ?

Revendiquer un « retour » à la retraite à 60 ans et aux 37,5 ans de cotisation repose d’ailleurs sur un mensonge. Avant la réforme de 1993, seuls cotisaient 37,5 ans ceux qui avaient commencé à travailler après 22 ans et demi : des hauts diplômés et des cadres, souvent des cadres supérieurs ; malgré la réforme de 1993, ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans continuent à prendre leur retraite à 60 ans ; avant 2003, les salariés qui avaient commencé à travailler à 14 ans cotisaient même… 46 ans : c’est la réforme Fillon qui a ramené cette durée à 42 ans.

Le SMIC à 1 500 €

Il s’agit du SMIC brut. D’une part, une hausse du salaire brut ne veut pas dire hausse du pouvoir d’achat : le risque est gros que ce qui est donné d’une main en salaire brut soit repris de l’autre en CSG, TVA sociale[3] ou hausse d’autres prélèvements. D’autre part, elle signifie mécaniquement hausse du coût salarial, avec un cortège de défaillances, de délocalisations, et de hausse du chômage. Parler d’augmenter le SMIC brut sans dire comment on garantit l’impact sur le salaire net et le maintien de l’emploi est simplement démagogique.

Généralisation des 35 heures

Dans les entreprises où elles ont été mises en œuvre, les 35 heures ont dégradé les conditions de travail plus souvent qu’elles ne les ont améliorées ; les bénéfices en sont décroissants au fur et à mesure qu’on descend dans l’échelle des qualifications, des revenus et des responsabilités, de la taille de l’entreprise[4] ; il faut ici encore s’interroger sur l’impact qu’elles auraient sur les charges des petites entreprises, leurs défaillances et l’accroissement du chômage.

La généralisation des 35 heures aux petites entreprises est donc une mesure extrêmement complexe à mettre en œuvre sans casse économique et sociale.

Garanties en cas de licenciement collectif

Le terme licenciement collectif désigne juridiquement un licenciement d’au moins 10 salariés au cours d’un mois donné. Les garanties associées aux licenciements collectifs ne concernent donc que les grandes entreprises et les grosses PME, quand elles font des réductions massives d’effectif (et les liquidations d’entreprises de plus de 9 salariés). Les autres licenciés ne bénéficient pas de ces garanties.

Ces revendications justifient pleinement que A. Lefebvre et D. Méda qualifient le modèle social français de corporatiste conservateur, par opposition au modèle social-démocrate des pays nordiques[5].

Orientations pour un programme

1.Lutte contre la précarité

Cela implique : une sécurité sociale professionnelle, qui ne soit pas réservée aux agents du public et aux grandes entreprises ; un énorme effort d’intégration, qui passe par une grande politique de la ville ; l’amélioration de l’efficacité[6] de l’enseignement obligatoire, de l’enseignement supérieur et du dispositif de formation des adultes.

2.Contrat de travail

Il faut améliorer d’abord le statut et les garanties des salariés des PME. Une priorité doit porter sur la réduction de la précarité statutaire, qui doit passer, pour les entreprises, par des obligations réglementaires et des incitations financières sous conditions. Il est nécessaire de passer d’une logique reposant sur des garanties associées au seul contrat de travail liant un salarié et son entreprise à une amélioration de la maîtrise de l’ensemble de la carrière professionnelle.

3.Retraites

L’objectif est la garantie à moyen et long terme d’un niveau satisfaisant de la retraite par répartition, qui doit demeurer publique, avec une égalisation et un allongement progressifs de l’espérance de vie à la retraite. Il faut prendre en compte la trajectoire de carrière pour le calcul du montant des retraites, en particulier pour ceux – et surtout celles – qui ont élevé des enfants. La pénibilité réelle doit aussi être prise en compte, au-delà de l’homogénéisation des durées de cotisation qui est un premier pas dans ce sens. Cela doit évidemment s’accompagner d’une amélioration des conditions de travail des plus de 50 ans et d’une amélioration de leur taux d’emploi.

4.Santé

L’objectif est la garantie à moyen et long terme d’une couverture médicale publique de qualité ouverte à tous et d’un niveau satisfaisant. Cela suppose une réflexion de fond sur l’organisation du système de santé, avec l’implication accrue des médecins du secteur privé.

Ces réformes supposent le respect des conditions suivantes :

Conclusion

L’indispensable refondation du PS ne dépend pas d’un arbitrage trompeur pour fixer le curseur entre l’aggiornamento vers la « vraie social-démocratie » – en bon français vers le social-libéralisme –, et la promotion d’un catalogue incohérent, irréaliste et démagogique de revendications reprises chez la gauche radicale.

Il s’agit de repartir des objectifs pour élaborer un vrai programme de gauche, et de convaincre les électeurs que ce programme, cohérent et réaliste, permettra d’atteindre ces objectifs. Cela suppose d’avoir le courage politique de dire où on veut aller et comment on propose d’y aller, plutôt que d’avoir la faiblesse de céder à la démagogie et au corporatisme et de prétendre qu’il est possible de satisfaire toutes les revendications.

Cela suppose de reprendre un travail de fond, de réflexion et de construction, que le PS a malheureusement abandonné depuis au moins dix ans.

Pour plus de détails, voir le livre Dialogue social et programme économique, Serge Ruscram, Lulu éditeur.

Notes

[1] Dans la suite, j’utiliserai délibérément le terme social-démocratie dans son sens générique et habituel de socialisme réformiste (Le Petit Robert), c’est-à-dire reposant sur une conquête du pouvoir par la voie électorale. C’est donc l’ensemble du PS qui est social-démocrate et pas seulement son aile droite : celle-ci camoufle sous un glissement sémantique ce qui est en fait son social-libéralisme. Plus largement, l’ensemble des partis qui sont d’accord pour envisager une alliance avec le PS pour gouverner la France (PRG, MRC, Verts, PC et une minorité de la LCR…) est social-démocrate. Je me situe donc à la fois au sein des organisations social-démocrates et dans la gauche du PS.

[2] J’entends le mot précarité dans un sens large : la précarité est évidemment au premier chef financière, et touche les SDF, les minima sociaux, les petites retraites, les demandeurs d’emploi, les temps partiels contraints, les bas salaires, etc. ; mais il existe aussi une précarité statutaire : c’est celle des non-titulaires du secteur public, des CDD et intérim, des CDI du privé peu qualifiés ou travaillant dans un secteur en crise ; mais c’est aussi, de plus en plus, celle de beaucoup de CDI du privé de qualification intermédiaire et même supérieure.

[3] Malgré les cris d’orfraie que pousse le PS au sujet de la TVA sociale, rappelons que beaucoup au PS, et en particulier sa candidate à la présidentielle ont envisagé son instauration : on se reportera par exemple à la contribution du NPS pour le congrès du Mans, Rendre la gauche possible, ou aux Cahiers d’espérances de Désir d’avenirs…

[4] INSEE, Economie et statistique n° 376-277, juin 2005, « Les déterminants du jugement des salariés sur la RTT», G. Cette, N. Dromel, D. Méda. L’étude porte sur les salariés des entreprises qui sont passées aux 35 heures depuis au moins un an, dans le cadre des lois Robien et Aubry 1.

[5] Voir Alain Lefebvre et Dominique Méda, Faut-il brûler le modèle social français, Seuil, 2006.

[6] C’est cela l’objectif, et ce n’est pas l’accroissement des ressources, qui n’est qu’un moyen parmi d’autres : un accroissement important de l’efficacité de l’enseignement primaire, accompagné d’une forte amélioration des conditions de travail des enseignants de ZEP, est par exemple possible à effectifs et budget constants (voir les travaux de Thomas Piketty et Mathieu Valdenaire et ceux d’Eric Maurin). En revanche, il faut manifestement augmenter le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais il ne faut le faire que dans le cadre d’une réorganisation améliorant l’efficacité et la capacité d’évaluation du système.

Serge Ruscram

6 - Les questions incontournables de la reconstruction de la gauche

Interview passionnante de Jacques Sapir, économiste à l’Ehess, par Pascale Fourier, lors de l’émission « Des sous et des hommes » des 22 et 29 mai derniers :

Pascale Fourier

7 - Dénoncer le glissement à droite du PS, condition de la refondation d’une vraie gauche anticapitaliste

De vague bleu en vaguelette rose, des conditions difficiles au rassemblement contre les réformes promises par Sarkozy.

Certes, la vague bleu a été endiguée, le PS progresse en voix et en sièges par rapport à 2002, le PCF sauve l’essentiel de ses députés même s’il ne peut former un groupe sans les verts, mais si ces résultats ne font pas « d'une défaite une victoire », c’est que les électeurs qui ont créé cette situation ne se sont nullement rassemblés sur un projet de gauche, car à ce jour il n’en existe pas. Ils ont voulu empêcher l’hyper-domination d’un groupe politique sur la vie nationale et les institutions, ils ont voté en reflet de l’esprit de notre république pensent certains pour préserver des équilibres, surtout peut-être dans cette période sans alternative pour faire prévaloir une sorte de statut-quo politique plutôt que la fuite en avant d’un chèque en blanc à la droite sarkosienne, après l’annonce par le gouvernement Fillon de ses premiers mauvais coups. Il y a même eu un chassé croisé entre une abstention des électeurs de gauche au premier tour et une abstention des électeurs de droite au second, montrant peut-être combien le corps électoral n’appartenait à personne, renvoyant à l’idée d’un peuple imaginant son destin par-delà les faux-choix du moment, comme il a su si bien le montrer en rejetant en 2005 contre la droite et le PS, la néfaste Constitution européenne. Ceci étant, les grandes réformes promises par la droite étaient, pour bon nombre d’entre-elles, dans les cartons de Ségolène Royal, conditions en tout état de cause difficiles pour rassembler contre elles.

Le PS veut se rénover en adoptant officiellement les valeurs de l’économie de marché et de la mondialisation.
Si dans son interview au journal « Le Monde » du lundi 18 juin, François Hollande explique avoir conscience que dans le choix des électeurs en faveur du PS « Nous avons été regardés davantage » dit-il, « comme une protection contre la droite que comme une espérance pour le pays », il n’en conclut pas moins que cela constitue « un acquis qui nous permet de redresser et de renouveler la gauche » Renouveler la gauche, qu’est-ce à dire ? Il s’agit pour lui de créer « une UMP de gauche (…) un grand parti qui irait de la gauche jusqu'au centre ». Sous le signe de quels axes politiques ? « Les socialistes ont fait leur aggiornamento sur l'économie » explique-t-il « c'est une plaisanterie de dire le contraire. Comme si nous n'avions pas reconnu depuis 1981 l'économie de marché et obtenu des résultats sur la désinflation, la croissance et l'emploi ! (…) il faut agir dans un cadre d'économie mondiale, clarifier le rôle de l'Etat sans le priver de moyens, concilier souplesse pour les entreprises et stabilité pour les salariés, utiliser l'impôt sans en faire un frein à l'initiative (…) porter le juste diagnostic de la société et notamment sur l'individualisation des comportements ». Autrement dit, il s’agit pour le PS de prôner clairement une politique qui positive la mondialisation et le libéralisme, impliquant un effacement du rôle de la nation qui est dans les objectifs prioritaires de la mondialisation. On sait que pour réaliser les conditions d’un marché sans frontières, il faut faire tomber les résistances nationales selon le principe sacro-saint de la concurrence. Il s’agit aussi pour lui de valider la montée des individualismes comme la nouvelle figure de l’homme de ce monde là, que d’aucun n’hésitent pas à désigner sans rire de « moderne ». Certes, pour l’emballage, il parle de la nécessaire efficacité de nos systèmes de solidarité, mais que faut-il encore y entendre ? De poursuivre sur la voie de l’économie des dépenses dans ce domaine avec de nouveaux déremboursements de médicaments tel que l’avait organisé le gouvernement Jospin et mis en oeuvre le gouvernement de droite qui y a succédé, ou encore de repousser à nouveau l’âge de la retraite comme Jospin, encore lui, l’avait fait en montrant la voie à la droite qui a poursuivi dans le même sens ? Ou encore de« conjuguer le défi de la compétition dans la mondialisation avec l'aspiration à la sécurité professionnelle » avec une précarisation généralisée qui est le modèle même de la nouvelle économie mondialisée, sur le modèle d’une politique blairiste, par exemple ? Comment pouvoir penser nous faire croire que la mondialisation pourrait permettre de préserver une quelconque politique nationale de solidarité ? !

Une stratégie socialiste de conquête du pouvoir axée à droite qui méprise le peuple Pour conquérir le pouvoir selon cette politique, il s’agit de « trouver la bonne stratégie politique permettant de fédérer en une seule force l'ensemble de la gauche et de régler une fois pour toute la question du rapport avec les électeurs du centre ». Cette stratégie politique entend rompre avec celle du Congrès d’Epinay (1971), qui avait pour pierre angulaire l’idée de rupture avec le capitalisme, rénovation du PS d’alors, pour le faire à la main des ambitions d’un certain François Mitterrand. N’oublions pas au passage, comme l’expliquait en ce temps là ce dernier, qu’avec cette orientation qui impliquait l’union avec le Parti communiste, il était question de prendre cinq millions de voix à ce dernier pour que le PS soit en mesure d’être la force d’entraînement à gauche et avoir ensuite les mains libres pour gouverner une fois le pouvoir conquis. C’est bien ce qui arriva après la victoire de la gauche à la présidentielle de 1981, passée une période de grâce relative à une politique qui ne pouvait pas immédiatement tourner le dos aux engagements de la veille, on vit s’affirmer une politique de rigueur, d’austérité, trahissant les belles promesses au nom du réalisme du pouvoir qui n’était nullement une surprise, le monde du travail, le peuple de gauche étaient ainsi trahis.
C’est dans ce sillon historique que se situe la perspective fixée ici par François Hollande validant l’économie de marché comme valeur suprême avec la mondialisation. Elle vise à la récupération des électeurs du centre qu’a rassemblé au premier tour de la présidentielle François Bayrou, en opérant un nouveau glissement à droite du PS susceptible de les convaincre de voir dans ce dernier le nouveau recours face à la droite traditionnelle dans le cadre d’un bipartisme qui donne plus d’efficacité à leur vote, leur leader ayant perdu son pari. Une continuité aussi dans la stratégie de trahison des intérêts des travailleurs ; du peuple des humbles qui forment le grand nombre. Pierre Moscovici, vice-Président du Parlement européen, dirigeant socialiste, le disait clairement d’ailleurs sur le plateau de France 2 dans l’émission de « Mots croisés » au lendemain du second tour, ce dont il est question, c’est de s’adresser autrement aux électeurs des classes moyennes devenus le principal enjeu pour ramener les électeurs du centre qui sont dominant parmi ceux-ci vers un PS rénové, c’est-à-dire recentré sur les idées de droite de ces électeurs. Cet électorat est constitué de cette nouvelle classe moyenne du dessus du panier qui est au coeur de la nouvelle économie et vit la réussite personnelle comme le nouvel individualisme « juste », dont font partie pour l’essentiel les fameux bobos, ceux qui profitent à fond du système et se cherchent une bonne conscience à peu de frais en se retrouvant sur des thèmes sociaux où le politiquement correct fait rage. Le prototype même de ces électeurs centristes d’une droite présentée comme humaniste et faussement fréquentable que le nouveau PS en marche veut capter, dans le seul but d’aller au pouvoir pour mettre en oeuvre une politique ayant comme différence avec la droite l’équivalent d’une feuille de papier à cigarette, une démarche, attention danger, qui tue la politique. D’ailleurs, cela est facilement perceptible à travers le changement de camp d’un Eric Besson ou d’un Jean-Marie Bockel, seule l’étiquette semble vraiment faire la différence, quant à la morale en politique, elle semble ici encore moins épaisse.
C’est un électorat stratégique dans cette perspective de rénovation du PS, que celui de la droite centriste de Bayrou, car il est le vecteur de la mise en oeuvre, dans l’économie de la mondialisation, non seulement de projets économiques en phase avec ce processus, mais d’une mentalité, d’une forme de pensée ultra-individualiste, avec son verni de préoccupations collectives condescendantes vis-à-vis des plus vulnérables, de nouveaux riches qui s’offrent en quelque sorte leurs pauvres. Une façon d’organiser la vie politique autour d’un électorat entre les mains duquel on dépose le sort du nombre, du peuple, avec l’assurance que son comportement électoral soit en phase avec les buts de la mondialisation et de l’Union Européenne comme superstructure de celle-ci.

Face à la rénovation droitière du PS il faut une refondation révolutionnaire de la gauche Ce grand parti qui irait de la gauche jusqu’au centre cherchant à imposer le bipartisme, propose une version française du modèle américain de la démocratie qui conduit directement à la fin de toute démocratie réelle, réduite à la seule alternative entre une droite conservatrice et une droite modérée, cette dernière fut-elle encore affublée du terme de gauche. La démocratie serait ainsi vidée de son rôle essentiel d’instrument de correction permettant au peuple de faire entendre ses intérêts se confondant le plus souvent avec l’intérêt général. La démocratie deviendrait alors une pure illusion servant d’alibi aux abandons et renoncements de toutes sortes, acquis sociaux en tête. Nos libertés fondamentales elles-mêmes seraient niées à travers cette impossibilité de changer le cours des choses dans ce contexte, le bipartisme faisant barrage à toute possibilité de remise en cause par une voie démocratique du système libéral, avec tous les dangers de tensions et de fractures, de montée de la violence que cela impliquerait pour notre société.
Le Parti communiste, a travers sa politique d’union avec le PS, a permis depuis de nombreuses années à ce dernier de se réclamer d’une image de gauche de plus en plus contestable, en lui fournissant un label d’authenticité, malgré bien des politiques tournant le dos aux engagements pris comme à ceux qu’il prétendait défendre. Faisant écho à cet état de fait, Marie-George Buffet, ces jours derniers, amalgamait encore dans son discours le PS avec la gauche sans nuances. On voit bien que le PC a une responsabilité énorme vis-à-vis des événements qui se profilent à travers les projections du PS dans la création d’un grand parti de la gauche allant jusqu’au centre droit. A travers le bilan qui est fait ici du nouveau glissement à droite du PS risquant d’entraîner toute la société avec lui, il reviendrait précisément au PC d’en dénoncer les dangers en rompant avec ce rôle précité, en raison du caractère révolutionnaire dont il se réclame ainsi que de son attachement à la notion même de peuple, en levant des ambiguïtés qui l’ont certes servi électoralement jusque-là, à courte vue, à travers une dynamique qui fut celle de la gauche plurielle, mais qui à présent engage le pronostic vital de la gauche. Ce serait un des points de départ à une reconstruction de l’ espoir à gauche, et d’un rassemblement susceptible de peser contre la politique libérale d’une droite conservatrice ou d’une fausse gauche.
Il faut que la gauche retrouve pied sur ses valeurs humanistes révolutionnaires, républicaines, laïques et sociales, pour ouvrir une nouvelle perspective. Il faut sortir pour cela des logiques électoralistes et y opposer la sincérité, les convictions et l’intégrité, le courage politique rejetant les compromissions attachées aux quelques avantages dont le partage du pouvoir a le secret. Il n’y a pas d’autre voie si l’on veut mettre en chantier une véritable alternative politique anticapitaliste et briser le fatalisme, rêver à nouveau à un monde meilleur en sifflant sur le chemin de nouvelles conquêtes collectives, « le temps des cerises ».

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

8 - “Manif de droite”, non merci (humour pour humour)

Les plaisanteries les plus longuettes risquent souvent de n’être pas les meilleures. Lorsqu’on avait vu les premières vidéos sur les « manifs de droite » (conçues en 2003 par des intermittents du spectacle en lutte), j’avais trouvé que l’idée pas bête était à creuser, mais qu’en l’état, elle était un peu « surjouée », comme disent les pros du théâtre, et pas si agréable à mettre en scène.

Certes, il y a là un filon ironique à exploiter, par exemple, vers les parodies de dénonciation de voisins (et encore, avec précautions déontologiques), mais nous avions voulu dépasser un gag déjà trop vite éculé lorsqu’à Nantes le 30 mai nous avons entrepris de débaptiser un bateau militaire en yacht présidentiel de Nicolas Sarkozy, humour pour humour.

Une partie de l’après-midi d’hier samedi 23 juin, j’ai marché derrière un « carnaval des luttes » qui s’est avéré être une énième « manif de droite », la première du genre organisée à Nantes.

Certes, les passants s’arrêtent, et j’ai ramené un nombre incroyable de photos de promeneurs interloqués. Mais je ne vois pas l’intérêt de jouir de la stupéfaction politique de personnes profanes, exploitées et manipulées tous les jours comme vous et moi, non initiées, c’est-à-dire de bonne foi. (Un peu comme l’art contemporain dans sa version officielle des FRAC, biennales et compagnie, n’ayant rien à dire sauf à asseoir la résignation artistique, répète en boucle qu’il dérange le public, provoque et remet en cause, ce qu’il ne fait aucunement, bien entendu.)

En fait, après que Ségolène ait cru profiter de sa posture de droite surjouée, et que Sarko ait récupéré les icônes de Jaurès et de Guy Mocquet laissées si longtemps en jachère par la gauche, les « manifs de droite » entreprennent de parachever le brouillage idéologique ambiant.

Imaginons qu’après 1933, les derniers antifascistes allemands aient défilé dans les rues avec des croix gammées rigolardes en criant à bas les juifs, humour pour humour. On y est presque.

A Nantes, le brouillage était complet. Une partie seulement de la manif respectait la charte vestimentaire de droite, l’autre n’ayant pas été informée. Et cette manif de droite défilait derrière une grande banderole de gauche réclamant « La Résistance se conjugue au présent » de Lucie Aubrac. Allez comprendre ou cherchez l’erreur. D’ailleurs, le flic en civil de service en était malade d’humiliation.

D’autre part, la mixité des mots d’ordre est à terme criminelle (criminelle si le mot crime a encore un sens). On entend certes de beaux slogans qui relèvent du vieux génie frondeur et coluchien, qui véhiculent une vraie signification contestataire, parce que livrant clairement leur charge ironique et subversive : « Nous sommes plus à droite que vous », « TF1 sur toutes les chaînes », « Tous tous seuls, tous tous seuls, yeah ! ».

Malheureusement, à côté de cela, voici l’ignominie raciste implicite qui devient explicite, et c’est un vrai cauchemar linguistique et politique : « Chômeurs, profiteurs », ou pire « Pas d’allocs pour les dreadslocks ». Ou pire encore (crié plusieurs fois avec force sourires réjouis) : « Les manouches à la douche ». Quand je disais qu’on se rapprochait des années 1930 et 1940. (Moi j’ai marché à contre-coeur sur les trottoirs, avant de quitter cette manif avant la fin, alors que pendant cet après-midi, de vrais résistants nantais, eux, procédaient à des parrainages d’enfants sans-papiers.) Ainsi, l’intériorisation de la victoire de la droite sarkozienne, qui en a sidéré plus d’un, conduit également à l’intériorisation intime des pulsions d’une droite surjouée, c’est-à-dire d’extrême-droite.

Et les « manifs de droite », on ne s’en contente plus d’une seule, il faut en rajouter encore et encore, jusqu’à satiété.

J’en parlais à un copain libertaire, qui me disait que dans une ville bretonne (fait à vérifier), des participants gauchistes d’une « manif de droite » avaient été verbalisés par la police républicaine, pour incitation au racisme. Et oui. Une situation inversée comme les aime Sarkozy.

Cette victoire du second degré n’est pas nouvelle. Nos ennemis aussi savent faire de l’humour. Dans le film « De Nuremberg à Nuremberg », on montre un dignitaire nazi affirmer avec finesse que « L’antisémitisme est la seule forme de pornographie autorisée dans le Reich ». Et si les « manifs de droite » étaient la seule forme d’humour que s’autorise un gauchisme à bout de souffle ? Peut-être faut-il passer à autre chose. Un peu plus de premier degré, finalement, ne ferait pas de mal.

Luc Douillard

3 - Europe libérale

1 - Traité simplifié : «La France a fait toutes les concessions sans contrepartie»

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a estimé dimanche que "la France a fait toutes les concessions sans contre-partie", en commentant l'accord à Bruxelles des 27 sur un projet de traité simplifié.

"Les 55% de Français qui ont voté non (en mai 2005 au référendum sur le projet de constitution européenne) n'ont obtenu que des satisfactions cosmétiques", a jugé M. Chevènement dans une déclaration à l'AFP.

Pour lui, "le principe de libre concurrence reste au coeur de la philosophie des traités européens tels que les interprètent la Commission européenne et la Cour de justice".

Il a relevé aussi que "le ministre des Affaires étrangères européen s'appellera certes Haut Représentant de l'Union européenne mais il garde toutes ses prérogatives notamment la présidence du conseil des ministres des Affaires étrangères".

"Dans l'Union à 27 où il n'y a pas de majorité pour une politique étrangère européenne indépendante, il sera l'instrument de l'alignement sur la diplomatie américaine", a-t-il ajouté.

Il a estimé qu'au sommet de Bruxelles le président Nicolas Sarkozy s'était "rendu aux exigences d'Angela Merkel (chancelière allemande) de préserver la 'substance' de la constitution européenne". "La modeste exigence de la France visant à faire 'd'une croissance non inflationniste' l'objectif de la BCE a été rejetée", a-t-il poursuivi.

Pour M. Chevènement l'accord de Bruxelles "présenté comme un succès inespéré de Nicolas Sarkozy sortant l'Europe d'une paralysie imaginaire est un pur succès de communication célébré par les bien pensants, où la France a fait toutes les concessions sans contrepartie".

Source

Jean-Pierre Chevènement

2 - Premiers commentaires après l’accord européen

Quoi qu'il en dise, en n'obtenant que l'abandon de la référence de la Constitution européenne à la "concurrence libre et non faussée" dans le projet de traité institutionnel simplifié, cela ne change rien fondamentalement à l'inspiration du traité, qui sort même renforcée par la relativisation de la chartes des droits fondamentaux (optionnelle pour la Grande Bretagne) et l'oubli pur et simple de la charte sociale passée par pertes et profits...

Quant à la mention sur la « nécessité pour l'Europe de "protéger les citoyens" dans la mondialisation », elle n'est jamais rien d'autre qu'une de ses belles phrases comparables au "liberté, égalité, fraternité" inscrits sur les murs de nos mairies sans que pour autant ils ne soient accomplis, ni même d'ailleurs simplement poursuivis objectivement... servir cela comme argument pour faire passer le vote du traité ne serait que pures forfaiture et manipulation.

Puisque ce sont les libéraux qui en parlent le mieux, la réaction du président tchèque[1] - principal leader libéral en Europe depuis la chute d'Aznar - en dit finalement bien davantage sur la véritable nature du traité sur lequel se sont accordées les 27.

La gauche, si elle votait ce traité au parlement, non seulement participerait à renier la parole des Français donnée par référendum en 2005 (ce qui déjà en soit est inacceptable du point de vue du simple respect de la démocratie), mais trahirait définitivement le peuple en votant un pacte européen scélérat, qui justifie la privatisation des services publics et la soumission de l'Europe aux diktats de la mondialisation.

Notes

[1] "Pour les pays libéraux, l'accord est bien meilleur que le traité initial" %%%Mirek Topolanek, Premier ministre tchèque : "Nicolas Sarkozy a joué un rôle clef, mais dans le round final c'est le négociateur en chef Jean-Claude Juncker qui a fortement contribué au processus en incitant ses homologues à renoncer à certaines revendications". "Chaque pays se bat pour des priorités et des intérêts différents. Nous faisons partie de ceux qui sont plutôt libéraux, différents des pays dont l'économie est fondée sur une agriculture profitant des subventions. Pour les pays libéraux, l'accord est bien meilleur que le traité initial". (Déclaration à la presse, samedi 23 juin)

Bruno-José Lebeau

3 - L'Union européenne : un très vieux projet (17e et 18e siècle)

Un capitalisme universel

Voilà : les dirigeants européens se sont mis d'accord sur un projet de traité remplaçant la Constitution. Nicolas Sarkozy, président de DROITE, flanqué de Kouchner, ministre de " GAUCHE" c'est tout un symbole! C'est la droite et la "gauche" (ou plutôt la droite du PS) , le ministre de cette" gauche " du OUI au TCE qui acquiesce et sourit au discours faussement modeste du président " c'est la France qui a eu l'idée du mini-traité (sous entendu c'est moi Sarkozy !) " c'est la France qui a négocié dans les coulisses, avec Blair, avec les jumeaux polonais intégristes. Bref, le sauveur de l'Europe, c'est la France! (c'est moi, Sarkozy) : la France qui a voté NON au TCE.
Et qui va avaler par voie parlementaire ce qu'elle a refusé par référendum? Le traité chassé par la porte mais qui revient par la fenêtre?

Où est la souveraineté de la France, du peuple ?

Mais l'Europe a précisément été créée pour démanteler l'état-nation, et ôter sa souveraineté au peuple !

Un chercheur au CRNS, Bernard Peloille, docteur es Lettres, vient de faire paraître un premier volume d'une trilogie consacrée au projet de l'Union de l'Europe qui date du XVIIe et XVIIIe siècle (voir critique de ce premier tome également dans la rubrique A lire).

L'ouvrage de l'abbé de Saint-Pierre est révélateur du mobile de ce crime de lèse-souveraineté du peuple : L'Europe n'est rien d'autre que le moyen envisagé par une classe (à cette époque l'aristocratie féodale), confrontée à une classe nouvelle, la bourgeoisie capitaliste naissante, pour résoudre les contradictions qui travaillent la société et garder ses privilèges.

Mais la nature de l'Europe?

Tout d'abord, les origines de l'Europe que l'on mythifie : Charlemagne, la chrétienté etc. Les thuriféraires de l'Europe (les OUI au TCE, à droite comme à gauche) ne manquent pas d'arguments pour convaincre les Eurosceptiques.

L'argument bateau : c'est que l'Europe est censée apporter la paix. Mais c'est l'argument, déjà! de l'abbé de Saint-Pierre puisque son projet, qui constitue la matrice idéologique de l'Union, s'appelle " Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe"

La réalité, c'est que l'Union, en détruisant les unités internes des NATIONS (formées ou en formation) abolit aussi ce qui est extérieur à l'Union. Le projet est en réalité une dynamique de guerre perpétuelle!

Il propose la destruction de l'Etat-nation et de la souveraineté du peuple. Il propose une guerre sociale des classes réactionnaires CONTRE le progrès SOCIAL historique ! Merci à Bernard Peloille pour sa démarche novatrice d'une analyse HISTORIQUE de cette " critique de la raison européenne", qui aura trois volumes. La Gauche, autour du parti communiste, avait fait, au temps où le PCF était plus important en nombre et en influence, une critique du projet de cette Europe, critique très juste, et elle avait cette gauche-là, le projet de dire NON à cette Europe. Mais la gauche plurielle et surtout le PS, avec Mitterrand avait le projet d'affaiblir le PCF pour faire cette Europe (et mener une politique qui n'était pas vraiment de gauche) Objectif atteint au-delà de ses espérances! Il a fallu alors faire avaler le projet de l'Europe (la couleuvre?) qui pouvait être améliorée, amendée. Europe fédérale ou Europe des Nations , trop ou pas assez sociale, étendue jusqu'où ? Avec ou sans la Turquie ? Mais jamais de question sur la NATURE de cette Europe. C'est le deuxième argument des thuriféraires : " L'Europe? On-ne peut-pas-faire-autrement".

Ainsi, on peut détruire l'état-nation, détruire le Code du Travail, détruire les emplois, les services publics, ôter sa souveraineté au peuple etc., présenter ce projet comme un "progrès" ? Alors que c'est une fuite dans l'espace, une anarchie destructrice des sociétés,

Le retour à un temps pré-social, voire asocial.

Avec cette analyse, les opposants à l'intégration européenne ont des arguments pour répondre et reprendre le combat.

Faire du peuple le sujet politique majeur, lui redonner sa souveraineté perdue.*** Et dire non à un mini ou maxi traité, ce n'est pas suffisant ! *** Il faut avancer sur ce sujet et dire: NON à L'EUROPE !

Mireille Popelin

4 - débats laïques

1 - Islamisme et islam : quel rapport ?

C’est une controverse lancée sur le site LibertyVox, dont la figure de proue est l’islamologue Anne-Marie Delcambre, qui m’incite à ouvrir ici un débat fondamental. Mme Delcambre qui, au demeurant, ne manque pas d’esprit et se désigne elle-même et publiquement comme « l’imam caché », cède malheureusement à la facilité d’une savante polémique tout en laissant libre cours à ses pasdarans militants pour déraper et en arriver à des discriminations à peine voilées.

Avis de Mme Delcambre

Trêve de polémique et de plaisanterie ! Mme Delcambre pense que la distinction entre islam et islamisme n’a pas lieu d’être. En 2005, un mois après son inscription au forum de LibertyVox, elle publie la dissertation d’un jésuite égyptien, le père Boulad : http://www.libertyvox.com/phpBB/viewtopic.php?p=713#713

En bon professeur, elle y ajoute le jour suivant : « Que puis-je ajouter, …, à ce que vient de dire (d’écrire) le Père Boulad ? Je lui mets 19/20 »

La toute dernière réflexion, publiquement livrée à ce sujet par Mme Delcambre, date du 17 juin 2007 : http://www.libertyvox.com/phpBB/viewtopic.php?p=107285#107285

Sa réflexion mérite une citation in extenso : « Caroline Fourest ne connaît pas ce qu'est l'islam. Ramadan et Qaradawi lui paraissent d’horribles intégristes alors qu'ils sont des musulmans dans la plus pure tradition islamique. Elle adopte la division islam/islamisme, s'imaginant qu'il y aurait un islam foi et un islamisme Loi. Or l'islam est UNE FOI et UNE LOI ou plutôt c'est une foi qui ne se conçoit pas sans que la LOI soit observée. François Burgat connaît mieux l'islam que Caroline Fourest MAIS C'EST UN ISLAMOPHILE. Il sait que Ramadan n'est pas un islamiste mais un musulman.
Par son ignorance, Caroline Fourest se place à côté des Pascal Hilout & Co.
Par son désir de ne pas stigmatiser l'islam, François Burgat contribue indirectement à l'islamisation de la France. »

Avis de Mme Fourest

Fin 2005, Mme Fourest a été invité à répondre aux questions des internautes sur Nouvel-Obs.com

Et c’est sous le pseudo de ‘'tariq ramadan'’ qu’on lui pose la question suivante : « Bonjour, quelle est la définition de l’islamisme ? »

Réponse de Mme Fourest : « J’ai toujours défini très précisément le mot "islamisme", dans mes livres comme dans mes interviews. J’utilise ce mot pour désigner l’"intégrisme", en l’occurrence musulman mais qui peut être juif ou chrétien. A savoir l’"instrumentalisation politique de la religion à des fins liberticides et réactionnaires". »

Et en effet, dans ses publications, lorsque Tariq Ramadan et Qardawi sont rangés dans la catégorie des islamistes par Caroline Fourest, elle explicite ce qu’elle considère comme liberticide et réactionnaire dans leurs déclarations et écrits. Elle ne préjuge pas de l’utilisation qu’ils vont faire de leur héritage et éducation islamique.

Dans ce même échange sur Nouvel-Obs.com Caroline Fourest écrit :
« Quand j’ai lu le Coran, pour les besoins de mes recherches, j’ai souvent été surprise de son contenu souvent plutôt progressiste. Mahomet s’est battu pour que les femmes héritent (au moins la moitié des hommes), que l’excision soit modérée, il a refusé que l’on marie une fille de force, sans son consentement. Bien sûr, il y a aussi des passages très durs, mais comme dans tous les textes sacrés. Ce sont aux hommes de faire le tri et de garder le meilleur.
L’islam ne pose en soi aucun problème. Seul l’intégrisme menace les libertés et le vivre ensemble. »

A mon humble avis,

Mme Fourest devrait s’informer un peu plus sur l’islam classique = Coran + Mahomet. Elle cède facilement à l’intoxication idéologique qui ne lui explique pas la Mecque antéislamique sans fioriture apologétique. Il n’y a qu’à considérer le cas de la célèbre Khadija, première femme du prophète. Dans une société plutôt tolérante et polythéiste, elle disposait de ses biens, avait un oncle chrétien versé dans les livres et c’est bien cette grande dame antéislamique qui a d’abord engagé Mahomet pour conduire ses caravanes en Syrie, pour faire fructifier ses capitaux et, ayant constaté qu’il était un bon parti, l’avait demandé en mariage : oui, c’est une dame célibataire d’un certain âge qui demande le jeune Mahomet en mariage ! Il lui est resté fidèle tout au long de sa vie à la Mecque et elle lui a donné des enfants viables.

Ce n’est que plus tard, lorsque Mahomet est devenu chef d’une communauté et avait conclu le fameux « pacte de la guerre » avec deux tribus non juives de Médine, avant même d’y émigrer, qu’il est devenu polygame à outrance et qu’il nous a laissé neuf veuves « élevées » à la dignité de mères des croyants dans le coran, c'est-à-dire interdites de mariage. C’est cette tradition propre au prophète qui n’est nullement attestée dans l’Arabie antéislamique que les Califes (successeurs) ont perpétué jusqu’aux harems ottomans. En Arabie, les femmes avaient certainement un statut pas très enviable mais au moins évoluait-il au gré du temps et des forces sociales en présence : il n’était pas figé, gravé dans le marbre d’une loi sacrée et définitivement consacrée. C’est ça l’invention-même de l’archaïsme. Mme Delcambre a bien raison de nous indiquer que l’archaïsme et l’usage de la violence est inscrit noir sur blanc dans le texte fondateur de l’islam qu’est le Coran, confirmé par la conduite de razzias non défensives par Mahomet. Lorsque, en islamologue avertie, elle dit : « Or l'islam est UNE FOI et UNE LOI ou plutôt c'est une foi qui ne se conçoit pas sans que la LOI soit observée », elle veut tout simplement nous avertir et nous expliquer que les Frères musulmans et Qaradawi sont des musulmans tout à fait classiques. Il nous faut aussi avoir le courage d’affronter cette réalité-là, il nous faut aussi accuser Tariq Ramadan d’être tout simplement archaïque parce qu’il s’accroche, comme il dit, aux « vraies valeurs de l’islam ». Il faut faire le pas suivant, pour aller de l’avant et en finir avec l’inutile idée de diversion qu’était et qu’est celle de « double-discours ». Mais il me semble que Mme Delcambre se refuse aussi d’entrer dans la logique d’une politologue comme Caroline Fourest qui observe des phénomènes d’aujourd’hui tels que la Turquie, pays qui a promulgué des lois positives à la place de la charia (loi islamique), qui interdit le port du voile même à l’université et qui n’en est pas moins un pays musulman. Mme Fourest juge des phénomènes tangibles et reste objective ; Mme Delcambre sonde les liens plus profonds au risque de se tromper et de s’embourber dans un procès d’intention. Elle ne veut pas considérer qu’il y a quelques pays musulmans où l’état de droit est en développement alors que dans d’autres c’est la loi divine qui fait un retour en force. Son nuancier est un peu sombre et restreint. Elle excelle dans la peinture des ombres et utilise souvent la couleur rouge-sang, ce qui donne à ses tableaux beaucoup d’éclat.

Mais quoi qu’en pense Mme Delcambre, l’Orient et nous autres orientaux nous ne sortons jamais indemnes de notre contact avec l’Occident. Je suis persuadé que l’inverse est aussi valable : une certaine soumission au fascisme et une hypocrisie certaine guettent nos concitoyens bien à gauche. C’est ce que Caroline Fourest a dénoncé avec brio dans son livre « La tentation obscurantiste »

En conclusion

Mme Fourest devrait faire le pas suivant qui me considèrerait, moi le musulman comme un citoyen à part entière, dont on peut non seulement critiquer « l’usage de la religion en politique » mais aussi « la foi tout court ». Il faut passer de la critique de l’islamisme à la critique de l’islam classique=Coran+Mahomet qui n’est pas beau à voir, croyez-moi (et non croyez en moi) ! Mais il est évident qu’on ne peut pas demander à une politologue d’endosser l’habit d’un théologien. Ce serait totalement ridicule !

Face aux évolutions qu’ont connues et connaissent les héritiers de l’islam classique en Turquie en Tunisie et Ici, Mme Delcambre se voile la face. Elle ne voit même pas qu’ils donnent de bons coups de pied dans le derrière de la loi islamique (charia) et qu’ils dissèquent, sans état d’âme, les pieds d’argile de leur maison-islam qui croule de tous les côtés.

Les deux approches éclairent deux espaces spatio-temporels distants de quatorze siècles, elles sont toutes les deux nécessaires et enrichissantes. Si les islamistes ont leurs idiots utiles, nous pouvons dire que nous avons là deux brillantes dames bien utiles au débat républicain dont on a bien besoin. Si seulement Mme Delcambre, l’imam caché, concédait enfin à prendre ses distances avec des pasdarans militants et qui, sur l’expression de leur racisme, sont très peu regardants !

Mohamed Pascal Hilout Initiateur du nouvel islam en France

nouvel-islam.org

2 - « La plume face au sabre : agir contre l’idéologisation de l'islam »

Ecrire est un refuge. C’est selon moi un acte de résistance personnelle pour échapper à la vie quand elle ne convient plus. L’écriture correspond à un exil. L’exil vous maintient dans le passé car l’avenir n’existe pas.

J’étais à l’origine une jeune militante de gauche. Je luttais contre la dictature du Shah. Khomeiny était à l’étranger. Ses écrits étant interdits, nous n’en connaissions pas la teneur ; mais il était pour nous le mythe de la résistance, notre « Jean Moulin ».Nous imaginions que cela devait être bien subversif pour être censuré avec une telle rigueur.

En 1979 à son retour d’exil à la chute du Shah, j’ai accepté moi la libérale, de porter le foulard. Cela représentait à mes yeux une victoire, un signe de ralliement anti-impérialiste. Nous étions tous auprès de Khomeiny.

Mais nous avons compris très rapidement que la dictature faisait place au totalitarisme. Nous nous retrouvions à nouveau dans la résistance active. Les armes du Khomeynisme étaient celles de tous les totalitarismes : terreur et répression. Nul n’a parlé des gigantesques massacres qui ont eu lieu très rapidement. Nous étions seuls face à cette nouvelle férocité.

Le totalitarisme fait de la communauté un instrument politique.

J’ai rédigé tous mes essais sociologiques en français, car votre langage conceptuel est riche. Grâce à l’héritage démocratique de la France, contrairement à notre passé répressif de censure qui supprime et empêche la créativité.

Le problème de l’Islam n’est pas un problème de foi, mais d’interférence agissante de la foi sur le pouvoir politique. Le prophète n’était rien d’autre qu’un chef politique. Tout musulman est-il islamiste ? Du point de vue du texte théologique, non ! Mais du point de vue politique oui, bien entendu.

Notre problème est de faire entendre notre revendication en Occident. Mon livre « Femmes sous le voile » a été vécu par les journalistes comme un outrage à l’Iran. En 2002 il a été refusé par les journalistes de FR2.

Et voilà qu’en 2005 des journalistes présentent des caricatures d’Ahmadinedjab en Nazi ! Aujourd’hui les journalistes ne posent plus et ne se posent plus de questions ; ils entérinent les faits les plus convenables au système de pensée du moment.

Comme tous les régimes en « isme », l’islamisme et un totalitarisme politique. C’est l’idéologisation de l’Islam. L’islamisme est une idéologie politique favorisée au quotidien par la stricte application de la « Charia », qui régit la vie personnelle et intime de l’individu, ne laissant aucune sphère d’application à sa liberté de pensée et d’action.

Peut on changer la facette politique de l’Islam ? Question délicate, car l’Islam est une foi. Réformer le texte religieux, cela ne peut se faire que dans le cadre d’un débat intérieur à la religion, dans une université théologique par exemple.

Au quotidien il faudrait historiciser le texte religieux, le désacraliser ; donner des outils au peuple pour connaître le fait de la laïcité.

Nous en sommes très loin en républiques islamiques. Cela nous promet de longues années d’exil et de lutte. Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas tombé du ciel un beau jour mais le résultat d’un processus. Veillez en occident à garder votre liberté de penser, de créer.

Résumé intervention à la réunion annuelle de Perec, le 14 juin 2007
Transmis par Josiane Sberro

Chahla Chafik

5 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Critique de la raison européenne - 1er tome

La matrice de l'Union aux XVIIe et au XVIIIe siècles de Bernard Peloille - editions François-Xavier de Guibert - 23 €

Bernard Peloille, docteur es Lettres, chargé de recherches au CNRS, dans l'introduction de son ouvrage, s'insurge contre les caractère "indiscutable" de l'Union. Le débat porte surtout sur les différentes formes de l'Union, s'agace-t-il.

Mais la Nature de l'Union ?

Cette trilogie propose donc le résultat de ses recherches : l'union aurait comme précurseurs Charlemagne et Napoléon, Louis XI et Richelieu, et pourquoi pas Attila ou Mahomet ?

" Dans l'histoire du continent européen, l'Union de l'Europe n'a pas d'autre histoire que celle des formes Nations et Etats modernes qu'elle nie. L'Union de l'Europe correspond à une résistance du régime antérieur au capitalisme précédant son développement ou une résistance de celui-ci ( du capitalisme) à sa propre transformation ."

L'auteur va étudier le " Projet pour rendre la paix perpétuelle " de Charles Irénée Castel, dit l'Abbé de Saint-Pierre (1658-1743).

Castel a imaginé un projet de dissolution des puissances nationales ou étatiques indépendantes ou souveraines...pour faire cesser les guerres. Il appelle à une "société européenne". Cette société prévaut sur les divers corps sociaux et corps politiques constitués, les souverains cesseront d'être souverains, ils seront privés du pouvoir de dire ou casser la LOI, de décider de la paix ou de la guerre. Le souverain doit obéir à l'Union ou alors ni ses provinces ni ses sujets ne lui doivent plus obéissance ni fidélité. Et l'Union soutiendra les provinces contre le souverain ! Le projet est en opposition aux formations Nation et Etat, et renvoie au monde féodal (toute ressemblance avec le Projet actuel est-elle purement fortuite, note de l'auteur de l'article).

D'autre part, Castel s'inspire du modèle de l'empire germanique, qu'il idéalise. Il ôte sa souveraineté à l'Union européenne pour la conférer à l'Allemagne!

Les critiques du Projet : Voltaire (" Escrit de l'empereur de Chine"), Jean-Jacques Rousseau , Emmanuel Kant (1724-1804) , opposé à la désinstitution des formations sociales, il soutient la souveraineté des Etats-nations, et H.F d' Aguesseau ( 1668-1751). Les soutiens du Projet, Wilhelm Leibniz (1646-1716) qui veut restaurer et conserver l'empire germanique, et surtout Jean-Gottfried Herder (1744-1803) qui voit dans ce Projet l'universalisation de la peuplade germanique.

Ce livre est très riche, très documenté et passionnant. Il est indispensable à tous les militants qui refusent d'accepter les versions officielles des thuriféraires de l'Europe et se posent des questions sur le "pourquoi ?" plutôt que sur le "comment" de l'Europe. Assez difficile, le livre mériterait une documentation plus complète sur les biographies des auteurs cités, opposants ou adeptes., le lecteur est obligé de s'entourer de dictionnaires et d'encyclopédies( pour les dates qui ne figurent pas sur les notes).

Mais nous attendons avec impatience les deux autres volumes :

Mireille Popelin

2 - Une nouvelle vassalité, d’André Bellon

Une nouvelle vassalité
Contribution à une histoire politique des années 1980
André Bellon
Editions mille et une nuits. 12 euros.

Quelques jours après l’élection présidentielle et au lendemain du premier tour des législatives, la France républicaine et progressiste s’interroge. Quelles leçons tirer de la régression des partis politiques qui se réclament de la gauche et d’abord du recul du parti socialiste ? Depuis François Mitterrand en effet, aucun des candidats du parti socialiste n’est plus parvenu à obtenir la confiance d’une majorité du peuple de France. Il faut rappeler que ce dernier lui-même, n’avait été élu Président de la République, qu’au nom d’une union de la gauche qui s’est révélée mythique puisque rapidement, une fois élu, Mitterrand, les dirigeants socialistes au pouvoir et leurs alliés, ont mené une politique sociale -libérale et ont laissé comme leur héritage politique essentiel, le calamiteux traité de Maastricht néolibéral et atlantiste… et sa suite. Jospin premier ministre avait ensuite allègrement aggravé le désastre des conséquences de ce véritable programme commun des fédéralistes de droite et de gauche.

Les Français ont dit non le 29 mai 2005 au renoncement national et républicain, au rejet de la souveraineté populaire et de l’indépendance, aux perspectives antisociales, qu’entraînait de toute évidence, le projet de traité constitutionnel soutenu dogmatiquement par la majorité des dirigeants du PS et tout particulièrement par la future candidate à l’élection présidentielle, Ségolène Royal.

André Bellon ancien député socialiste et ex-président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée Nationale à publié récemment un nouvel ouvrage qui est un témoignage se révélant bien utile dans cette période de réflexion critique et de recherche de l’élaboration d’une nouvelle démarche de rassemblement, dont nous considérons qu’elle ne peut se construire qu’autour de la République, de la Nation, du combat anti-impérialiste et anti-mondialisation , de la volonté progrès social et de la reconquête de la démocratie.

Témoignage sur la mécanique interne du PS, sur sa dérive idéologique, politique et organisationnelle. Analyse de l’ascendant pris par ces penseurs de pacotille mais bien estampillés « pensée unique » et favoris des médias domestiqués que sont Antonio Négri et Pierre Rosanvallon, sur l’approfondissement de la dégénérescence de la vision politique des dirigeants socialistes.

Ce nouvel essai d’André Bellon qui est l’un des responsables du Comité Valmy, est bien trop riche pour tenter de le présenter en quelques lignes. Les militants républicains et progressistes et tout particulièrement ceux qui ont la volonté de contribuer à tracer une perspective concrète et réaliste, pour la renaissance de la gauche, trouveront intérêt à le lire.

Claude Beaulieu Président du Comité Valmy

Agenda

vendredi 29 juin 2007, 19:00

AURA-T-ON DEMAIN LES MOYENS DE SE SOIGNER?

Maison des Associations
Rue Poterne 21200 BEAUNE

L’Union des Familles Laïques de la Côte d’Or organise une conférence sur le thème de la Santé et de l’Assurance Maladie :

VENEZ PARTICIPER A CETTE CONFERENCE !

Avec Lucette GUIBERT, Responsable du Secteur Santé de l’UFAL
Et la présence de professionnels de la santé

Nombreux échanges !

Contact : ufal21@wanadoo.fr

- Entrée gratuite -

Voir l'agenda complet en ligne

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