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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°550 - mardi 3 juillet 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - La troisième voie de Tony Blair : surtout pas de cela chez nous !

Tony Blair vient de quitter le pouvoir. Depuis une dizaine d’années, les déclinologues, en France, n’arrêtent pas de nous parler de son modernisme, opposé, bien sûr, à l’archaïsme du vieux modèle républicain français issu de la Résistance. Le fait qu’il ait ravi l’organisation des Jeux Olympiques à Bertrand Delanoë a renforcé l’image de « La France archaïque qui perd », face à la « Grande-Bretagne moderne qui gagne ». La droite n’arrête pas d’interpeller le PS français, accusé de ne pas vouloir devenir un parti social-démocrate, comme tous les autres PS européens (qui perdent par ailleurs partout en Europe). Au sein du Parti socialiste, il faut reconnaître à Jean-Marie Boeckel, sénateur-maire de Mulhouse et nouveau secrétaire d’Etat dans le gouvernement Sarkozy-Fillon, un certain courage. Il est le seul à se réclamer, depuis des années, du blairisme, et à dire tout haut ce que Strauss-Kahn et les siens pensent tout bas. Lors de la dernière campagne, Ségolène Royal a commencé à faire référence à Tony, mais elle n’insista pas trop, devant les polémiques qui commençaient à naître.

J’avoue qu’intuitivement, je n’éprouve aucune sympathie pour celui qui, en compagnie d’Aznar et de Berlusconi, a épaulé Bush dans la guerre d’Irak. Le fait qu’il va bientôt se convertir au catholicisme, et qu’il va souvent baiser l’anneau du pape, n’arrange bien évidemment pas son cas à mes yeux. Mais, détestant les sujets tabous, j’ai décidé de m’informer un peu sur le miracle anglais que la droite et une partie de la gauche essaient de nous vendre, depuis des années. Quels sont donc les résultats de cette fameuse troisième voie ? Quels sont les secrets d’un pays qui a gagné l’organisation des Jeux olympiques contre Paris, où le chômage n’atteint que 5 % de la population, la dette publique est deux fois moins élevée qu’en France, où le code du travail n’étouffe pas les entrepreneurs, et où les golden boys font de la City une place boursière où l’argent coule à flots ?

Je me suis donc plongé tout le week-end dans un livre qui m’a paru sérieux. Son auteur est Philippe Auclair, il est amoureux de la Grande-Bretagne, a épousé une Anglaise, et a découvert ce pays en 1976. Ce n’est pas un gauchiste, il est catholique, correspondant respecté de Marianne. On ne sent pas le laïcard de compétition, il est même plutôt compréhensif avec le modèle communautariste du pays dans lequel il vit, défend plutôt la discrimination positive et la politique du droit des minorités. On peut donc penser que la lecture de Respublica l’irriterait parfois.

Pourtant, la lecture de son livre, « Le royaume enchanté de Tony Blair », sorti fin 2006, est une charge sans concession contre la mystification et l’imposture blairistes, et devrait ouvrir les yeux à tous ceux qui veulent que notre pays s’inspire de l’exemple venu d’outre-Manche.

On nous dit donc que les Anglais n’ont officiellement que 1,5 million de sans-emplois, soit 5 % de la population, alors qu’en France, on plafonnait encore à 10 % il y a un an. Petit détail, le nombre de malades incapables de travailler était de 600.000 en 1981. Il est passé à 2,7 millions en 2006. Sur ce chiffre, 42,2 %, soit 1,3 million, pourrait travailler. Pourquoi ne le font-ils pas ? D’abord parce qu’on gagne d’avantage en étant invalide qu’en étant chômeur. Ensuite parce que cela arrange le gouvernement, qui voit ainsi son nombre officiel de chômeurs rester dans les plus faibles de l’Europe. Les vrais chiffres sont donc de 2,6 millions de chômeurs en Grande-Bretagne, soit 8,8 % de la population. Première imposture.

On nous accuse, en France, d’avoir une dette insupportable, et d’hypothéquer l’avenir des futures générations. Il est vrai qu’avec près de 1.200 milliards d’euros de dettes, que Sarkozy a largement contribué à alimenter lors de son passage à Bercy, sous Balladur, la France paie des intérêts énormes, qui nuisent à l’efficacité de notre économie.

Les chiffres officiels de la Grande-Bretagne sont de 644 milliards, soit la moitié de la nôtre. Mais si, en France, on a des experts pour manipuler les chiffres, nous sommes des petits garçons face à nos amis les Anglais (j’ai failli dire les rosbeefs, mais je me suis rattrapé à temps). En effet, dans leurs chiffres officiels, ils ont juste oublié de faire figurer le montant des retraites des fonctionnaires, soit la modeste somme de 1000 milliards d’euros, la participation de l’Etat pour ses conventions public/privé, soit 145 milliards d’euros, et le passif de Network Rail, soit 30 milliards d’euros.
Au total donc, la Grande-Bretagne a une dette de 1.819 milliards d’euros, 50 % de plus que la France. Deuxième imposture.

Le système de crédit étant illimité, les chiffres que nous donne l’auteur donnent le vertige. L’endettement total des sujets de sa Majesté se monte en effet à 1,6 trillon d’euros, ce qui ne dit rien à personne. Mais cela signifie que chaque citoyen anglais devrait verser une année et demi de son salaire pour rembourser un tel passif du pays, qui se monte à 66.000 euros par personne.
On est donc loin du modèle économiquement vertueux dont on devrait s’inspirer.

Bien que les salariés français soient d’horribles profiteurs des 35 heures qui ont ruiné le pays, dixit le Medef et la droite, tandis que les Anglais passent beaucoup plus de temps dans leur entreprise, une heure d’un travailleur hexagonal est plus productive de 10 % que l’heure de son homologue anglais.

Sinon, Philippe Auclair nous décrit le cauchemar de l’hôpital, où les délais pour obtenir un rendez-vous sont incroyablement longs. Il nous explique que le personnel doit passer 40 % de son temps dans la paperasse, car nos amis ont hérité d’un système bureaucratique et technocratique digne de l’URSS.

Il nous décrit le désastre des chemins de fer, les plus chers d’Europe, ceux qui arrivent le plus souvent en retard, et dans lesquels les malheureux voyageurs voyagent les uns sur les autres.

Il n’y a plus de carte scolaire en Grande-Bretagne, il y a trois types d’écoles. Les écoles privées élitistes, dont les tarifs dissuadent les classes populaires d’y envoyer leurs enfants. Les écoles confessionnels, plus accessibles, mais dont l’inscription dépend du bon vouloir de la direction, et quelques appuis opportuns. Et enfin, malheur pour les enfants de pauvres, il leur reste la troisième catégorie.

Pour l’impôt sur le revenu, Sarkozy serait un affreux gauchiste, chez nos amis britanniques, puisque le bouclier fiscal s’arrête à 40 % chez eux, et que le New Labour du camarade Tony s’est opposé de toutes ses forces à la mise en place d’une tranche à 50 %. Le contrat public/privé, qui se substitue aux services publics, s’avère juteux pour le privé, et un gouffre pour l’Etat et les citoyens.

Tout au long de l’ouvrage, l’auteur explique que Tony Blair avait une qualité hors pair : cela a été un communicant exceptionnel. Il insiste également sur la sous-culture politique de beaucoup d’électeurs anglais.

Tony Blair a d’autre part un profond mépris pour le Parlement, à qui il donne quelques lois à discuter pour les occuper, et leur faire croire qu’il a de l’importance. Mais le vrai pouvoir se situe autour de lui, où quelques conseillers triés sur le volet lui conseillent la politique du pays.

Il finit son mandat avec un record d’impopularité, alors que les médias du monde entier l’encensent. Il a rendu les riches encore plus riches, sans que cela ne profite aux plus défavorisés.

Il a toujours eu besoin d’agiter l’épouvantail Thatcher, pour justifier sa politique de « moindre mal ».
Un bon conseil, achetez ce livre. Quand vous entendrez un socialiste ou un UMP vous dire que la France devrait s’inspirer de l’héritage de Tony Blair, sortez votre arme secrète, et passez lui l’ouvrage.
Cela lui fera peut-être apprécier un peu plus le modèle de son pays, et surtout le dissuadera de vouloir nous importer celui du camarade Tony !

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - combat laïque

1 - Lettre ouverte à Fadela Amara

Chère Fadela,

Je suis une militante féministe et laïque parmi tant d’autres. Nos chemins se sont croisés à plusieurs reprises. J’ai eu le plaisir de te rencontrer avec Mohamed Abdi dans l’organisation de la manifestation féministe laïque du 8 mars 2004. J’étais là au nom de l’Union des Familles Laïques, aux côté des militantes de Ni putes, ni soumises, dans les réunions du Collectif National des Droits des Femmes. Nous étions farouchement opposées à ce que les militantes voilées, soutenues par « Une Ecole pour tous », rentrent dans les rangs de la marche pour la journée internationale des droits des femmes. Nous nous sommes retrouvées parfois à intervenir à la même tribune. Nous nous sommes côtoyées dans certaines manifestations, comme pour défendre la mémoire de Sohane. La dernière fut la marche silencieuse pour Ghofrane à Marseille.

Je ne crierai pas avec les loups contre ta nomination au poste de secrétaire d’Etat chargée de la Ville. Je n’irai pas dire comme ceux qui t’accusent de traîtrise que tu n’aurais jamais dû accepter la proposition de Nicolas Sarkozy. Si tu as fait ce choix, c’est que tu as pensé qu’il serait utile au combat que nous avons mené ensemble.

Ta nomination m’avait donné l’envie de t’écrire depuis quelques jours. Cet après-midi, à Marseille, j’ai croisé trois fillettes voilées, âgées de quatre à huit ans, et cela a été le détonateur pour que je prenne la plume.

J’avoue avoir quelque part une forte inquiétude quant à la marge de manœuvre que tu auras dans un ministère tenu par Christine Boutin, intégriste catholique notoire, soutenue par l’Opus Dei, militante anti-féministe et anti-laïque de la pire espèce.

Je sais que pour lutter contre l’intégrisme, il faut lutter contre le chômage de masse et les injustices sociales, qui en sont le terreau. Cela est nécessaire, mais pas suffisant.

Je suis certaine qu’on peut compter sur toi, dans ce gouvernement, pour défendre la laïcité et les droits des femmes. Cette laïcité a permis à nos mères et grands-mères de s’émanciper en se libérant du poids des dogmes et de la religion catholique. Elle est aujourd’hui gravement remise en cause par les extrémismes religieux et plus particulièrement par l’intégrisme islamique. L’islam politique avance ses pions, en France comme ailleurs, en profitant des portes ouvertes par la bien-pensance de droite comme de gauche. Nos adversaires utilisent le prétexte du relativisme culturel, ce racisme qui veut interdire l'accès aux droits universels aux personnes selon leur patronyme et de la liberté religieuse. Nous savons, nous, que la laïcité est l'unique espace politique qui permet aux croyants de toutes les religions, aux athées et aux agnostiques d'avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Dans cette offensive, les femmes et les jeunes filles voilées servent à marquer le territoire de la République comme autant de point de rouille rongeant peu à peu ce socle laïque qui porte, entre autre, l’égalité des sexes et le « vivre ensemble », si important dans la politique de la Ville.

Ce voile, je le vois tous les jours à Marseille, envahir de plus en plus l’espace de tous. Il est à mes yeux une véritable agression contre les combats féministes, menées en France ces dernières années. Les femmes qui le portent, dans notre pays, de manière militante, insultent celles qui, partout dans le monde, se battent face aux islamistes pour ne pas le subir.

A Marseille comme dans d’autres villes, il a envahi des quartiers entiers.

Mais aujourd’hui, on passe à une autre étape. On voit de plus en plus souvent des burkas et d’autres formes de voile intégral dans l’espace public. Ces tenues qu’on croyait cantonnées dans l’Afghanistan des talibans, nient l'identité et la dignité de la personne, empêchent son identification, et laissent un profond malaise à celles et ceux qui y sont confrontés.

Non seulement cela ne suscite aucune réaction gouvernementale, mais des mères d’élèves voilées, "les soldates de l'islam politique" que tu dénonces, réclament le droit d’accompagner les sorties scolaires des écoles publiques. Je suis enseignante et je ne veux pas que mes élèves soient encadrés par des femmes portant ce foulard, symbole de l’oppression des femmes.

Je ne comprends pas les délibérations de la HALDE à ce sujet. Elles vont à l’encontre du principe de laïcité et verrouillent les libertés individuelles accordées aux enseignants dans l’exercice de leurs fonctions. Le délit de discrimination est par trop souvent utilisé par la Halde et par tous les communautaristes pour justifier les droits particuliers accordés contre l’intérêt commun. C'est l'alliance entre différentialistes et intégristes.

Oui, ce voile pose un vrai problème dans un pays marqué par une volonté égalitaire entre les hommes et les femmes. Mais le fait de voir des fillettes le porter, comme je l’ai vu cet après-midi, et la multiplication de voiles intégral(e)s appellent, à mon avis, une réponse que seule le politique peut apporter, par la voie parlementaire.

Je sais que d’autres associations féministes, comme Regards de Femmes, présidée par Michèle Vianès, dont les adhérents et adhérentes sont indignés également par l'enfermement des enfants comme porte-drapeau du combat de l'islam politique, vont lancer une campagne contre ce "mauvais traitement à enfants par personne ayant autorité". J’espère que l’unité la plus large se fera autour de ce thème. Voiler les enfants est une invention récente des intégristes islamistes. Pourquoi le gouvernement français ferait-il prévaloir cette interprétation rigoriste de l'islam? Toutes les fillettes de France ont les mêmes droits et sont des citoyennes en devenir.
Permettre à toutes, indépendamment de la religion ou de l'ethnie de leurs parents, de se construire une identité plurielle par la connaissance du savoir et de la culture de l'humanité est fondamental. Je sais que ce sont aussi tes convictions.

Par cette lettre j’aimerais me faire le porte parole de tous les défenseurs de la laïcité et des droits des femmes et te demander d’intervenir en tant que secrétaire d’Etat pour qu’une loi interdise le port de la burka en France, et que les mineures soient protégées de cette violence symbolique et psychique qu'est l'enfermement dans le voile.

Ton entrée dans ce gouvernement, après ton combat auprès des jeunes filles des cités, ton message et celui de Ni Putes Ni Soumises pour l’égalité entre les hommes et les femmes est un espoir pour de nombreux jeunes des quartiers. Nicolas Sarkozy t'a confié le Secrétariat d'Etat à la politique à la Ville en connaissant tes convictions. Ce combat pour être gagné doit commencer par les droits des fillettes, qu’il est urgent de protéger. Je fais confiance à ta détermination pour y parvenir au plus vite. Ensuite, d’autres combats nous attendent, tant l’offensive contre les femmes et la laïcité a pris de l’ampleur, ces dernières années. J’ai confiance en toi pour te donner les moyens de les relayer au sein de ce gouvernement et auprès du Président de la République.

Je te souhaite bonne réception, et bon courage pour tes nouvelles fonctions.

Amicalement,

Brigitte Bré Bayle présidente de l’Ufal d'Aix-Marseille

2 - Lettre à mes amis proches de Ni putes ni soumises

Pour avoir simplement souhaité que le mouvement Ni putes ni soumises puisse s'émanciper de la tutelle de Fadela Amara (et de celle de Mohamed Abdi) pour rester crédible et libre de critiquer éventuellement la politique à venir, j'ai reçu plusieurs lettres assez enflammées.

Certaines sur le registre de l'affect, d'autres faisant preuve d'une confusion politique plus grave. En effet, les arguments invoqués pour justifier que l'on cesse de s'interroger sur l'entrée au gouvernement de Fadela Amara comme secrétaire d'Etat de Christine Boutin sont deux types mais relèvent du même registre :

  1. Le féminisme est ni de droite, ni de gauche, il serait donc "sectaire" de critiquer le ralliement de Fadela Amara à la politique de Christine Boutin concernant les quartiers populaires.
  2. Critiquer l'entrée de Fadela Amara comme secrétaire d'Etat de Christine Boutin reviendrait à vouloir exclure les militants de droite de NPNS (il y en a quelques uns), ce qui serait encore une fois "sectaire" voire contradictoire avec une volontée affichée de "vivre-ensemble".

Petites précisions donc à l'intention des partisans du "Ni droite ni gauche" (un vieux slogan d'extrême droite désormais très mode) : personellement, je ne serais pas choquée si Fadela Amara était devenu secrétaire d'Etat de Jean-Louis Borloo, Roselyne Bachelot, ni même si elle était devenue ministre dans un gouvernement Villepin, si elle avait une réelle marge de manoeuvre pour mettre en oeuvre une politique à la fois anti-intégriste et anti-raciste...

Mais qui peut croire sa décision anodine et sans effets sur la crédibilité de NPNS (censée défendre la laïcité et le féminisme pour tous !) lorsqu'elle devient numéro deux d'une ministre intégriste chrétienne, provie, antiféministe, qui croit que Bush est possiblement à l'origine des attentats du 11/09 et se rend volontier au congrès de l'UOIF pour appeler à une union sacrée des religieux contre la laïcité à la française !

Pas grave disent certains. Boutin n'est que ministre de la ville et non du Pacs... Mais c'est bien pire ! Boutin est ministre de la ville chargée de la politique concernant les quartiers populaires dans un gouvernement qui a choisi de restaurer le lien social grâce au religieux ! Or c'est cette politique que Fadela Amara cautionne d'ores et déjà en devenant secrétaire d'Etat d'un ministère dont le directeur de cabinet, formé par la Cité catholique, défend un intégrisme chrétien sexiste et homophobe.

Et que dire que la "marge de manoeuvre" ou de l'esprit critique de Fadela vis-à-vis de sa supérieur lorsqu'elle présente pudiquement Christine Boutin comme une "femme de coeur". Cette phrase et cette caution relève d'un cynisme inouï aux yeux de ceux qui ont combattu et qui continuent de combattre les intégristes, qu'ils soient chrétiens ou musulman. Elle alimente l'idée d'un 2 poids 2 mesures (critique envers Tariq Ramadan mais complaisant envers Christine Boutin) propre à faciliter la propagande des islamo-gauchistes.

Vouloir nous faire croire qu'il faut absoudre les intégristes chrétiens, tout en pensant que l'on reste crédible face aux intégristes musulmans, relève au mieux de la naïveté. Comment peut-on critiquer les idiots utiles de l'islamisme et traiter de "sectaire" ceux qui tentent de faire preuve de la même vigilance face à l'intégrisme chrétien ? Simplement parce qu'ils se permettent d'alerter sur le sens ambigû d'un partenariat Amara/Boutin (sachant que Boutin est la chef d'Amara et non le contraire !)

Il y a quelques années, j'ai rompu avec plusieurs amis qui, après avoir combattu Christine Boutin à mes côtés, se mettaient à trouver Tariq Ramadan formidablement charismatique. Je suis prête à perdre ceux qui, après avoir combattu Tariq Ramadan à mes côtés, présentent Christine Boutin comme une "femme de coeur" formidablement sympathique. Car c'est vrai, Tariq Ramadan est charismatique et Christine Boutin est sympathique. Mais ce n'est pas le sujet ! Ma vigilance porte sur leurs projets de société, convergents et à l'opposé de la France laïque et féministe dont je rêve. Je les combats tous deux pour les mêmes raisons. Et tant pis si l'époque veut nous faire croire que la fidélité à ses idéaux et à ses convictions est une forme de "sectarisme" démodé et archaïque. Mes convictions ne suivent pas les modes. Elles sont.

Source

Caroline Fourest

3 - Prenons le temps de la réflexion, avant de crier au scandale contre Fadela

Je suis trésorier du comité NPNS de Lyon et Rhône et je suis militant dans cette association depuis octobre 2004.

Nous avons essayé de faire notre travail contre vents et marées depuis le début, à la fois contre les détracteurs, voire les ennemis de NPNS (que sont les groupes intégristes et certaines associations de quartier qui ont cru que nous marchions sur leurs plates-bandes en pensant que NPNS stigmatisait les garçons de banlieue et en faisait trop sur les souffrances des filles alors que l'objectif est le même: favoriser le vivre ensemble) et aussi contre les difficultés de chaque association (obtenir des subventions, trouver des gens motivés pour mettre en oeuvre ce travail consistant souvent à intervenir dans les lycées; sur Lyon nous avons fait environ 250 interventions en milieu scolaire depuis 2004 à la demande de ces derniers).

Nous savions tous que Fadela AMARA avait des projets politiques de GAUCHE qu'elle n'a jamais cherché à imposer à nous les membres actifs ou sympathisants. Je me suis toujours dit qu'en venant chez NPNS, c'était l'esprit libre et qu'à la première tentative de manipulation ou de pression politique du bureau national je démissionnerais. Et l'occasion ne s'est jamais présentée, donc tout va bien.

Apprenant la nomination de Fadela au gouvernement de M. FILLON, j'ai été surpris comme la majorité des français qui connaissent les idées de notre présidente nationale.

Sachant qu'elle va démissionner, qu'un intérim est assuré actuellement par Mme Sihem HABCHI (vice-présidente), qu'un congrès sera organisé en octobre 2007 pour élire son successeur, je ne vois pas où est la polémique.

Tout membre d'une association peut avoir des idées et projets politiques, nous sommes en démocratie que je sache! La limite est qu'il faut démissionner du poste de président pour ne pas induire de confusion des genres.

Je préfère voir une Fadela AMARA, dont on connaît le sérieux et le dynamisme dans la lutte contre la ghettoïsation des banlieues, utile à la société avec un gouvernement qu'elle a rejoint en tant qu'actrice de la société civile, plutôt que rester sans moyens d'action que sont les facilités d'un porte-feuille de secrétaire d'Etat.

La gauche c'est bien, mais la droite l'a dépassée de manière humiliante dans la visibilité des minorités ethniques du pays. C'est la première fois qu'un ministre issu de l'immigration n'est pas relégué au poste de chargé de l'intégration ou l'égalité des chances: Mme DATI est quand même MINISTRE DE LA JUSTICE!

Si Mme ROYAL avait gagné les élections, je ne suis pas certain que Fadela AMARA aurait été appelée à une fonction ministérielle.

Donc la gauche a du pain sur la planche pour sa refondation et notamment sur le traitement des minorités visibles qu'elle doit mettre en avant dans des fonctions autres que celles liées à leurs origines.

NPNS continue son travail, et je vous assure que sur Lyon, nous ne chômons pas, entre interventions scolaires, débat avec des partis, des syndicats, mairies, et surtout l'accueil et la prise en charge de personnes victimes de diverses violences. Et tout cela sans local! Nous accueillons les personnes dans des lieux publics mais la motivation est là, et parfois il nous est arrivé d'héberger des gens chez nous directement faute de place dans les foyers de la ville.

La seule chose qui me choque comme beaucoup de gens sérieux dans cette polémique, c'est le couple AMARA-BOUTIN, un couple contre nature, qui présage de futures batailles au sein de ce ministère.

Souhaitons bonne chance à Fadela dans sa nouvelle fonction et nous serons là pour juger sur pièces son travail. Prenons le temps de la réflexion avant de crier au scandale.

Amitiés,

Kamel BENMOUHOUB NPNS, trésorier du comité de Lyon et Rhône

4 - Houria Bouteldja, un racisme de moins en moins voilé

Patrick Devedjian a fait la « une » de l’actualité, ces derniers jours, pour s’être fait surprendre, en pleine discussion avec Renaud Muselier et le député UMP de la région lyonnaise tombeur de l’UDF Anne-Marie Comparini, à traiter cette dernière de « salope ». Bien sûr, tout le monde est tombé sur le peu sympathique Devedjian, qui a dû présenter des excuses à l’intéressée, s’est fait sermonner par son ami le président de la République, et passe pour un affreux macho.

Je n’aime pas Devedjian, mais pourtant, dans cette affaire deux choses me dérangent. D’abord, il y a un côté protection de la faible femme qui me gêne. Connaissant Devedjian, je suis certaine que, quand il parle de Hollande ou de Bayrou, il peut dire des mots très crus à leur encontre, dans le même genre que ceux utilisés contre Anne-Marie Comparini. Or, je ne suis pas certain que ces mots grossiers, employés à l’encontre d’un homme, aurait suscité une telle vague d’indignation. Je suis d’autre part certaine qu’une Roselyne Bachelot emploie des mots semblables, en privé, contre des militants de la gent masculine, fussent-ils de son bord, et cela me la rend parfois sympathique, notamment quand elle traite les sénateurs de vieux cons !

Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est qu’on puisse passer sur les ondes, puis sur le net, une conversation qui demeurait une discussion privée. Si on ne peut plus dire du mal de quelqu’un, voire l’insulter, dans un échange entre amis, sans qu’une caméra cachée ne diffuse vos propos à des milliers de personnes à qui ils n’étaient pas destinés, je suis inquiète pour l’avenir. Je n’ai pas envie de vivre dans un monde où les hommes publics vivent sous la hantise de la caméra cachée, et ne peuvent plus tenir des discussions privées libres en disant des gros mots.

Par contre, je suis stupéfaite du silence fait, suite aux propos proférés en direct sur France 3, le 21 juin dernier, lors de l’émission de Frédéric Taddéi, « Ce soir ou jamais », par l’inimitable porte-parole des « Indigènes de la République », Houria Bouteldja. Seul, à ma connaissance, l’hebdomadaire « Marianne », dans son numéro du 30 juin, a relevé le fait. Après avoir, dans son registre habituel, opposé les Français d’origine immigrée et les autres, forcément blancs, racistes, xénophobes, islamophobes et nostalgiques du colonialisme, elle a tenu ces propos invraisemblables : « Il faut rééduquer le reste de la société, la société occidentale. Nous, on les appelle les sous-chiens, parce qu’il faut bien leur donner un nom : les Blancs ! ». Peut-être la porte-parole des Indigènes dira-t-elle qu’elle a parlé de « souchiens », ce qui pourrait signifier « Français de souche », et saura-t-elle jouer, tel Le Pen dans ses plus mauvais jeux de mots racistes, de l’ambiguïté pour se disculper.

Ce n’est pas le premier dérapage d’Houria Bouteldja. Alors que les « Indigènes de la République » n’existaient pas encore, elle avait qualifié notre ami Pascal Mohamed Hilout, coupable de défendre la laïcité, la République et l’intégration, de « bougnoule de service », en septembre 2003, dans une réunion parisienne.

Evariste soulevait, dans une chronique intitulée « La lepénisation des esprits des Indigènes », dans le numéro 512 de Respublica, la dérive de ce mouvement, qui encourage, en miroir, un racisme contre les Blancs qui est le pendant de celui du Front national contre les gens de couleur.
Un de nos correspondants, Mustafa Al Ayyubi, nous rapportait, dans Respublica n°529, ces propos hallucinants d’Houria Bouteldja, tenus à Paris, le 14 avril 2007 : "Nous ne sommes pas tous des Fadela Amara, des Malek Boutih, des Fodé Sylla, des Azouz Begag."
"Nous sommes pour la résistance palestinienne, qu'elle s'appelle Hamas ou pas, Hezbollah ou pas ». Il nous signalait que pendant sa prise de parole, un négationniste de la Vieille Taupe distribuait sa propagande, sans être inquiété le moins du monde.
Il faut bien remarquer l’incroyable impunité dont les « Indigènes », et leurs propos, bénéficient dans la plupart des médias bien-pensants. Jean-Pierre Chevènement, pour la simple utilisation du mot « sauvageon », avait été littéralement lynché, et traité de raciste par toute une partie de la gauche, relayée par la bien-pensance médiatique.

Il était juste de dire que les propos du Front national attisaient, dans les années 1990, la haine de l’immigré. Mais il serait aussi juste de signaler que le discours de Houria Bouteldja et des siens sont une autre incitation à une haine du Blanc, dans des quartiers sensibles.

Les « Indigènes de la République » ont produit, en 2004, un film de Jérôme Host, contre la loi laïque du 15 mars 2004 intitulé « Un racisme à peine voilé ».

Ce film, et les propos tenus régulièrement par cette mouvance, paraissent autrement plus dangereux quant à leurs conséquences que les écarts de langage d’un Devedjian.

A quand une clarification, à gauche, avec tous ceux qui ont signé la pétition, et qui ne se démarquent pas des propos tenus sur des plateaux de télévision par une porte-parole qui aurait besoin qu’on lui rappelle quelques règles démocratiques élémentaires, notamment que dans un pays « colonialiste » comme la France, le racisme n’est pas une opinion, mais un délit.

Lucette Jeanpierre

5 - Colloque international organisé par l’Institut Avicenne des sciences humaines de Lille

A la suite de la réunion du bureau de l'Ufal-Lille durant laquelle nous avons décidé d'aller voir et entendre ce qui se passait dans ce colloque, je me suis rendue sur le site de l'Institut que je vous encourage d'ailleurs à consulter. (cf le communiqué du directeur Mohamed Bechari, président de la fédération des musulmans de France, concernant les dissensions et démissions dans l'Institut). Cet Institut a ouvert ses portes en octobre 2006 avec le soutien financier, en particulier, de la mairie de Lille, et compte 80 étudiants.

Je suis arrivée samedi 23 à 8 heures 50 (le début du colloque étant fixé à 9 heures) à l'adresse indiquée et après avoir difficilement trouvé l'amphithéâtre, étant donnée l'absence de foule (amphi décoré de représentations d'Avicenne et de grands drapeaux tricolores), la grande surprise fut de constater que nous étions 3 personnes (3 femmes...) présentes. Les autres personnes étaient des organisateurs qui, dès 9 heures 10 ont commencé à donner des coups de téléphone pour appeler leurs connaissances...
Devant le "fiasco" (terme utilisé par la jeune fille, étudiante en droit d'origine maghrébine avec qui j'ai sympathisé), le programme a été bouleversé... A ma question, posée à un des organisateurs sur la suite des événements, celui-ci m'a répondu que nous étions invitées à aller prendre un petit déjeuner dans les locaux de l'Institut qui jouxtent l'amphithéâtre, petit déjeuner réservé aux intervenants, à l'origine...

Le colloque a commencé avec presque une heure de retard en présence d'environ 80 personnes dont au moins 95% était composé des intervenants (plus d'une vingtaine assis sur les premiers bancs de l'amphi), des organisateurs et des étudiants arrivés vers 9 heures 30 dont toutes les jeunes filles étaient "reconnaissables" au port du voile...
J'ai écouté et pris quelques notes (difficilement car les 3 intervenants que j'ai entendus lisaient rapidement leurs notes) entre 10 heures et 11 heures 30, heure à laquelle je suis partie puisqu'il s'agissait de la pause café prévue à 10 heures 30 et que je ne pouvais, de toute façon, pas rester au delà de midi.

Intervention inaugurale de M. Bechari sur le choix nécessaire et majoritaire chez les musulmans de "l'intégrationnalisme": "être un bon musulman et un bon citoyen n'est pas contradictoire". Il faut, pour lui, éviter deux "tendances": la peur de l'intégration et l'intégration en renonçant à son identité.

M. Michel David, président de l'association DMA ("d'un monde à l'autre", très orientée sur la connaissance de l'Islam) et directeur général de la Ville renouvelée et de la culture à Roubaix : pour lui, nous sommes dans une période d'inflation des revendications identitaires et dans laquelle la discrimination est un fait reconnu. Il faut reconnaître à chaque individu le droit à l'émancipation et rejeter le communautarisme. Mais il faut se mettre d'accord en France sur un socle de valeurs collectives avec acceptation des identités culturelles mais dans les limites des droits universels, avec reconnaissance des acquis des femmes. L'Islam est interpellé. M. David parle de la "dictature" du modèle social d'intégration français, du "défunt modèle français" et de la nécessité de revoir les dogmes des deux côtés...

Mme Zahara Anseur, chargée d'enseignement à l'Université de Nancy, dont l'intervention me paraissait fort importante (le thème de son intervention était "Laïcité et pluralisme religieux en droit public français") n'était pas là. Nous sommes passés directement à l'intervention de M. Gilles Devers sans que personne ne fasse allusion à son absence (à la pause café de 11heures 30, j'ai posé la question, en aparté , à Mr Bechari qui m'a répondu qu'elle était à l'höpital depuis deux jours...)

M. G. Devers, avocat au bareau de Lyon s'est présenté comme étant un grand ami de M. Bechari et un spécialiste du droit des religions : le début de son intervention a porté sur l'historique de la Cour Européenne des Droits de l'Homme et sur celui de la Convention européenne de 1950, "date à laquelle l'Islam n'était pas présent en Europe. Sa présence fait rebondir le débat sur la diversité culturelle et religieuse. La laïcité à la française n'est de toute façon qu'un des modèles européens". Suit une condamnation du "débat laïcard" en France... M. Devers parle aussi de la "méconnaissance du fait religieux en France". Puis M. Devers rentre dans le "vif du sujet": La Cour Européenne des Droits de l'Homme a reconnu le statut de religion minoritaire à l'Islam et la liberté de croyance passe par la liberté d'extérioriser sa religion ce qui inclut les "attributs vestimentaires". Dans ces conditions, après l'échec des recours en France contre la loi du 15 mars 2004 dont M. Devers se présente comme un adversaire déterminé (cette loi est "une atteinte à la liberté"), celui-ci espère avoir gain de cause auprès de la Cour Européenne, et en cas d'échec auprès de l'ONU...

Trois questions sont posées à la suite de son exposé : Deux qui se recoupent (une posée en arabe par un des professeurs de l'Universitéd'Al-Azhar du Caire et mal traduite et l'autre par une étudiante voilée) : "pourquoi la Cour Européenne ne condamnerait-elle pas aussi l'islamophobie comme elle a condamné la Shoah et le négationnisme ?"
La troisième est posée par une autre étudiante voilée, encouragée par Mr Bechari : "La déclaration islamique des Droits de l'Homme publiée au Caire dont j'ai appris le contenu en cours, ici à l'Institut, peut-elle avoir une valeur juridique?"

Réponse de M. H.El Manai, porte parole de la commission arabe des Droits de l'Homme à Paris (dont l'exposé fut lu très rapidement et peu compréhensible...):" la déclaration islamique comme celle universelle des Droits de l'Homme (mises ici sur le même plan...) ne sont que des déclarations de principe et n'ont pas de valeur juridique"

Je dois avouer que je suis partie, partagée entre deux sentiments: l'absence de surprise par rapport à ce que l'on pouvait attendre de ce genre d'Institut et beaucoup d'inquiétude face aux "combats" qui nous attendent...

J'ai vu personnellement deux caméramen, l'un d'Al Jezira et l'autre de FR3.Le reportage n'est pas passé le soir sur FR3 mais dans la semaine qui a suivi. Sur une des images, un des autres membres de l'UFAL de Lille a reconnu M. Pierre de Saintignon, adjoint de Martine Aubry, maire de Lille.

Jacqueline Duhem professeur agrégée d'histoire, ex-syndiquée et militante à l'UFAL

Villeneuve d'Ascq

3 - politique française

1 - Mini-traité et maxi-déboires : heurs et malheurs du sarkozysme et de la classe politique française

Comme il l'avait annoncé Durant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy a obtenu des pays de l'Union Européenne l'approbation d'un « mini-Traité » censé relancer la démarche européenne. On pouvait y craindre une tentative pour contourner le rejet massif du Traité Constitutionnel Européen par les électeurs français et néerlandais en 2005. L'accord survenu dans la nuit du 22 au 23 juin 2007 contient cependant plusieurs changements significatifs avec le texte du défunt Traité Constitutionnel Européen. Ces changements viennent s'inscrire dans la logique d'un discours qui affirme l'importance de protections douanières, une remise en cause de la politique de l'Euro fort pratiquée par la BCE et autres coups de canifs au contrat moral du politiquement correct européiste que l'on a connu, à droite comme à gauche, ces dernières années en France.

Que l'on ne soit pour l'instant que dans l'espace du discours est une évidence. Cependant, on doit constater la continuité de ce discours entre l'avant et l'après-élection présidentielle. Il faut aussi remarquer que la position de Nicolas Sarkozy a été affaiblie par les résultats du 2ème tour des élections législatives et l'importante abstention qui s'y manifestât.

Même si les dirigeants de l'UMP refusent de l'admettre, passer d'une estimation de 405 à 420 sièges à une réalité de 318 élus a un sens, en dépit du fait que la majorité au Parlement soit conservée. Le décalage entre la prévision et le résultat réel a bien été perçu dans l'opinion comme une correction significative donnée au mandat confié au nouveau Président. Ce dernier ne connaîtra pas un « état de grâce » comparable à celui de ses prédécesseurs.

Ces différents événements forment un tout. Il éclaire les contradictions et dynamiques du « sarkozysme », mais aussi de l'ensemble de la classe politique française. Les commentaires euphoriques des défenseurs du système après l'élection Présidentielle se trouvent ainsi démentis. La crise du système politique français est toujours présente. On l'avait diagnostiqué dans le fait que les 3 principaux candidats de l'élection Présidentielle avaient dû reprendre à leur compte une bonne partie des éléments du discours des adversaires du système. Ce diagnostic est ainsi confirmé. Il doit cependant être enrichi par l'analyse des récents événements.

Pour lire la suite, cliquez sur ce lien

PLAN DU TEXTE

  1. Un traité aux forceps pour une Constitution défunte
  2. Par-delà la TVA sociale, les contradictions d'une démarche politique
  3. Les sources d'une défaite
  4. La crise du sarkozysme est-elle inéluctable ?

Jacques Sapir

2 - Il faut sauver le « tarif France »

Communiqué UFC QUE CHOISIR sur l'ouverture des marchés de l'électricité et du gaz

A la veille de l'ouverture du marché de l'électricité (et du gaz) pour les particuliers, la Commission Européenne est d'ores et déjà partie en guerre contre les tarifs réglementés de l'électricité en France. Pourtant, le tarif réglementé est la seule garantie pour le consommateur de pouvoir bénéficier d'un prix très compétitif qui est le reflet des coûts stables du nucléaire.

Si la décision du Conseil de la concurrence intervenue hier règlera peut-être les difficultés d'approvisionnement en électricité auprès d'EDF des fournisseurs alternatifs, elle n'est pas de nature à lever les risques évidents de flambée des prix d'un marché libéré où il sera très improbable qu'un producteur puisse concurrencer l'opérateur historique.

A la suppression des tarifs réglementés reste donc attachée la perspective d'une hausse des prix infligée aux consommateurs. Leur maintien est une sauvegarde pour le pouvoir d'achat dans l'attente de solutions ne sacrifiant pas l'intérêt de millions de ménages. Dans cette attente, l'UFC-Que Choisir conseille donc à tous les consommateurs de conserver le bénéfice des contrats actuellement en cours au tarif régulé.

Dans sa volonté de supprimer ces tarifs, la Commission Européenne est aujourd'hui implicitement soutenue par la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) ainsi que par EDF. Le fournisseur historique français pourrait alors produire de l'électricité aux coûts « stables » du nucléaire et vendre librement l'électricité produite à des prix tirés vers le haut par le prix des énergies fossiles.

L'ouverture à la concurrence, avec la suppression du tarif réglementé voulue par la Commission Européenne, aurait ainsi pour conséquence de forcer tous les consommateurs français à tirer un trait sur plusieurs décennies de choix industriels et d'investissements coûteux pour devenir les vaches à lait d'EDF en monopole de production.

Funeste situation quand on sait que la capacité de production électronucléaire d'EDF a été entièrement financée par tous les citoyens/consommateurs français qui en ont, par la même occasion, accepté les risques. Il n'existe donc aucune raison de priver aujourd'hui ces consommateurs des bénéfices de leurs efforts passés.

La construction souhaitable de l'Europe de l'énergie ne peut pas se réaliser au prix de tels sacrifices qui de surcroît ne bénéficieront pas aux consommateurs des autres pays européens mais aux seuls opérateurs dominants.

Pour l'UFC-Que Choisir il doit exister une voie de passage compatible avec des ambitions européennes à long terme, politiquement et économiquement équitables pour les consommateurs en France.

En attendant, l'UFC-Que Choisir demande au Président de la République Nicolas Sarkozy d'être le garant inébranlable du « tarif France » auprès des institutions européennes.

UFC Que Choisir

3 - Dette publique : vendre les bijoux de famille, c'est s'appauvrir davantage !

Christine Lagarde ne perd pas de temps : sitôt arrivée à Bercy, elle vend des actions de France Télécom détenue par l'Etat ; Il y en aurait pour 2,6 milliards d'euros. Cette somme serait affectée au désendettement, proclame la nouvelle ministre de l'Economie. Hélas, la réalité est bien différente. Les dépenses nouvelles décidées par Nicolas Sarkozy devraient largement dépasser la somme tirée de la cession d'un bout de capital de France Télécom. Selon le JDD, le gouvernement pourrait dépenser jusqu'à 5 milliards, issus des rentrées fiscales « inattendues » en 2007, afin de financer ses premières promesses (dont des réductions d'impôts pour les plus aisés). Et sans demander l'avis du Parlement. Et sans prendre en compte le déficit des caisses de retraites (-3,5 milliards). Selon la cour des comptes, la dette de l'Etat a déjà dérivé de 42 milliards d'euros depuis le début de l'année. Elle alerte le gouvernement : le cap des 1200 milliards de dette publique (toutes administrations confondues) devrait être atteint cette année.

Dès lors que les vannes sont ouvertes, on peut toujours chercher des seaux pour écoper. L'Etat possède encore pour 190 milliards d'euros de participations dans des entreprises, et il est déjà question de céder une part d'EDF, puis de Renault ou de Safran. Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin ont déjà expérimenté cette fuite en avant. En cinq ans, ils ont vendu pour 40 milliards d'actions diverses. Un record. Dans le même temps, la dette a continué à augmenter plus vite que la richesse nationale. Vendre les bijoux de famille, ce n'est pas se désendetter, mais s'appauvrir.

Source

Hervé Nathan

4 - Au-delà de l’âge de Guy Roux…

L’âge de Guy Roux, 68 ans, personnage emblématique du football français, est devenue une affaire d’Etat. Connu pour avoir amené Auxerre d’un patronage de division d’honneur, en 1961, à des titres français (coupe et championnat) et à des multiples matches de coupes d’Europe, il avait fait toute sa carrière dans un seul club, et avait décidé de prendre sa retraite, après une ultime victoire en coupe de France, il y a deux ans.

Communicant hors pair, omniprésent sur les chaînes de télévision ou sur les radios sportives, mais aussi sur les publicités, il n’a aucun souci d’argent. Pourtant, à 68 ans, il a décidé de reprendre du service, et d’entraîner le Racing Club de Lens. Passion quand tu nous tiens !

La tempête vient de là. La charte du football professionnel français fixe à 65 ans l’âge limite d’un entraîneur de football. Par contre, les lois européennes, au nom de la liberté du travail, interdisent toute discrimination, notamment à cause de l’âge. D’où l’imbroglio juridique qui secoue le monde du football, dont le gouvernement, fort habilement, s’est emparé.

Cette affaire est en effet une aubaine pour Nicolas Sarkozy pour illustrer à bon compte les archaïsmes qu’il entend combattre.

Voilà un homme en pleine force de l’âge, Guy Roux, technicien à la compétence mondialement reconnue, que des règlements stupides veulent empêcher de travailler plus longtemps pour gagner encore davantage !

Dans le même temps, des roulants de la SNCF, continuent à bénéficier d’une retraite à 50 ans, et la CGT voudrait défendre ces privilégiés ! Médiatiquement, pour attaquer l’exception des régimes spéciaux, c’est du billard pour le président de la République.

En outre, le football n’échappe pas à l’offensive libérale, même si joueurs et entraîneurs n’ont pas grand-chose à voir avec des précaires et des travailleurs pauvres.

Dans une entreprise, les actionnaires se moquent des projets à long terme, la financiarisation de l’économie exige des dividendes immédiats, sinon le manager saute.

En football, c’est pareil, au bout de trois mauvais résultats, l’entraîneur joue sa tête, et si son équipe perd un quatrième match, le président doit prendre une décision qui rassure les actionnaires inquiets : virer l’entraîneur ! Qu’on se rassure pour eux, ils possèdent, la plupart du temps, des contrats en béton, et passent à la caisse quand ils sont virés. Il n’empêche que le métier est très fragile et précaire.

Au-delà de l’exception de Guy Roux, et de ses 45 années à la tête d’Auxerre, il est rare aujourd’hui qu’un entraîneur reste plus de deux ans à la tête d’une équipe. Dans le championnat de France 2006-2007, sur vingt clubs, huit on changé de coach en cours de saison !

Mais bien avant cette période de plus en plus instable, les entraîneurs français, sous la houlette de l’inévitable Guy Roux, longtemps patron de leur syndicat, avaient pris des mesures pour protéger leur emploi, notamment face à la concurrence des entraîneurs d’autres pays, ou d’autres continents. Pour entraîner un club français, il faut posséder un diplôme, qu’on obtenait en suivant des longs stages sous l’égide de la Fédération.

Un technicien étranger, comme ce fut le cas pour le prestigieux Frantz Beckenbauer, quand il entraîna le Marseille de Bernard Tapie, ne pouvait officier dans un club français que s’il passait le diplôme (ce qui lui était possible), ou bien s’il s’appuyait sur un prête-nom possesseur du sacro-saint titre de travail.

Grâce à ce tour de passe-passe, aujourd’hui, la plupart des clubs français ont des entraîneurs hexagonaux. C’est loin d’être le cas pour les joueurs.

La philosophie ultra-libérale des instances européennes a trouvé à s’exprimer depuis l’année 1993, date de l’arrêté Bosman.

A cette époque, les fédérations de football, dans l’ensemble des pays européens, protégeaient leurs clubs en limitant le nombre de joueurs étrangers sur le terrain à trois. Cela n’évitait pas, dans certains pays, des naturalisations complaisantes, mais l’esprit était de préserver les clubs en leur conservant des réalités nationales, tout en évitant aux plus modestes de se faire piller inconsidérément par les plus riches.

Saisie par un joueur par ailleurs inconnu, Bosman, la cour de Justice européenne mit fin à ces limites, au nom de la libre circulation des travailleurs européens.

Le résultat ne se fit pas attendre. Les clubs les plus riches prirent sans limite les meilleurs joueurs du monde, qui se retrouvèrent tous dans un nombre limité d’une dizaine de grandes équipes européennes, la plupart en Angleterre, Espagne ou Italie.

Le plupart des internationaux français évoluent dans ces grands clubs, qui se font de plus en plus tirer l’oreille pour libérer leurs joueurs quand ils doivent jouer en équipe nationale.

On voit maintenant des choses étonnantes. Ainsi un club anglais, Arsenal, entraîné par un Français (sans diplôme anglais), peut aligner sur la pelouse une équipe sans aucun joueur anglais. Sans tomber dans cette caricature, on voit de plus souvent les grandes équipes de clubs évoluer avec une minorité de joueurs du pays.

La seule exception connue demeure le club de Bilbao, qui, avec une vision ethnique, estime que seuls des Basques peuvent jouer dans un club basque.

Le football professionnel illustre à merveille le message de l’Union européenne, porteur de la disparition du concept de nations, et de tous ses droits protectionnistes, même si les joueurs professionnels ont un statut particulier, et des salaires souvent exorbitants.

Un autre argument, donné par le syndicat des entraîneurs français, en froid avec Guy Roux, est qu’en travaillant à plus de 65 ans, l’ancien entraîneur d’Auxerre prendrait le travail d’un entraîneur plus jeune.

Quand on sait la place qu’a prise, dans le débat sur les présidentielles, la « liberté » de travailler plus, on ne peut ignorer que la personnalité hors normes de Guy Roux sera instrumentalisée par tous ceux qui estiment que les salariés français doivent travailler bien plus longtemps.

Mais les libéraux seront sans doute bien plus discrets pour rappeler le combat de l’ancien président du syndicat des entraîneurs pour protéger, contre la logique de Bruxelles, sa profession de la concurrence libre et non faussée des entraîneurs venus d’autres pays.

La fin de l’histoire paraît écrite : Guy Roux devrait obtenir satisfaction, et poursuivre, à 68 ans, son travail à Lens. Mais la suite nous dira jusqu’à quand les entraîneurs français pourront s’opposer la libre circulation de leurs homologues étrangers, même sans diplôme national.

Pierre Cassen

5 - PS : Le contre-gouvernement fait pschitt

Le PS c'est fou ! À peine annoncé, immédiatement « défunté » : le contre-gouvernement créé par le groupe socialiste au Parlement a fait pschitt ! Il n'aura pas vécu ce que vivent les roses. En moins de 48 heures, le projet de Jean-Marc Ayrault, préparé et verrouillé avec François Hollande, pour montrer que le parti était sorti de son KO a été sabordée par les ambitions rivales, les contradictions radicales, l'absence de leadership incontesté.

Les initiateurs de ce contre-cabinet destiné à marquer les ministres de droite et à se constituer en force de proposition, ceux-là auraient dû se souvenir pourtant que l'expérience avait déjà été tentée. C'était au printemps 1966 et je rencontrai, à cette occasion, François Mitterrand. En effet, l'un des contre-ministres fantômes habitait à côté de chez nous, et le leader de la gauche s'était trompé d'appartement. Mauvais signe. Mais l'Histoire sonnait à ma porte avec ses grandes dents et son regard intelligent. Je l'ai remise hardiment dans le droit chemin. Mais ça n'a pas suffi. Le « shadow government Mitterrand », avec Gaston Defferre et Guy Mollet, fut un ratage total. Ces contre-ministres étaient en permanence divisés sur la politique étrangère, sur l'alliance avec les communistes et en retard d'une information, d'une réflexion, d'une décision. Le contre-gouvernement, au lieu de consolider le contre-président, en fit un Président fantôme qui mit fin à ce simulacre au bout d'une année.

41 ans plus tard, le PS est encore en plus mauvais état et il en donne une nouvelle démonstration implacable. Passons sur les négociations pour éliminer l'un ou rétrograder l'autre. Ainsi, Arnaud Montebourg, fut-il écarté du porte-parolat spectacle pour être expédié, non pas aux mines de sel, mais à un improbable contre-ministère de la prospective. Pour le reste, on a cherché à caser le maximum de beau monde, en tentant de respecter l'impossible équilibre des courants ; ça n'a pas marché, évidemment.

La rogne et la grogne n'ont cessé de grandir, obligeant à ajouter de nouveaux noms et des responsabilités supplémentaires. Les uns trouvaient qu'il y avait trop de royalistes, les autres pas assez de fabiusiens, d'autres encore que le parti n'avait pas à être supplanté par le groupe parlementaire. La dream team a tourné au cauchemar. Partis 15, ils se retrouvèrent vite 22, 25 puis 30, et maintenant on ne parvient plus à dénombrer les valeureux et ambitieux qui, tous, veulent avoir l'illusion de la gloire. Mais ce n'est pas fini, car les responsables du parti, les secrétaires nationaux, protestent parce qu'ils n'en sont pas, même s'ils nous expliquent aussi que ça ne servira à rien.

Car chacun en est persuadé, si ce cabinet fantôme rassemble quelques noms prestigieux, tel André Vallini, porte-parole avec Aurélie Filipetti, Manuel Valls en charge de l'Intérieur, Elisabeth Guigou des Affaires Etrangères, Pierre Moscovici des Affaires Européennes, Bernard Roman de la Justice, etc., il sera hors d'état de fonctionner. Pour une bonne raison qu'a immédiatement développée Laurent Fabius : « Qui sera le Premier ministre alternatif ? » Qui sera le chef ? Et, comme il n'y aura pas de patron, l'attelage fantôme tirera à hue et à dia. Puisque personne n'est d'accord sur rien, seuls les désaccords seront manifestes, et non les contre-propositions audacieuses qui, de toute manière, sont à réfléchir. Enfin, comment contrer un gouvernement de ministres qui n'existent guère puisque seul compte le Président de la République ? Sarkozy est le gouvernement et contre-gouvernement à la fois. Il pourrait d'ailleurs dire aujourd'hui, comme De Gaulle lorsqu'il avait Pompidou à Matignon : « Je me fiche du gouvernement et je me contrefiche du contre-gouvernement ».

Nicolas Domenach Directeur-adjoint de la rédaction de Marianne

4 - communautarisme

1 - Quand des élus favorisent le communautarisme et leur communauté

La députée de Villeurbanne, Pascale Crozon, nouvellement élue, avait envisagé de laisser son mandat régional. Mais la situation est délicate et peu banale.
Le prochain sur la liste est un conseiller municipal de Vaulx-en-Velin, Samir Khamassi. Or ce dernier est mis en examen depuis Octobre 2006 pour : " Faux, complicité d'usage de faux, organisation et tentative d'organisation de mariages aux seules fins d'obtenir un titre de séjour ou d'acquérir la nationalité française, et corruption passive". Selon des témoins, il recrutait des candidats au mariage dans des bars tunisiens (il est d'origine tunisienne) et en a retiré un profit personnel. Quant à la corruption passive, c'est un Tunisien qui a indiqué avoir effectué des travaux au domicile de l'élu vaudais (de Vaulx-en-Velin). Le maire a suspendu l'élu de sa délégation (économie sociale et solidaire).
Bien sûr, il faut attendre le résultat de l'enquête.
Mais cette affaire, peu médiatisée, mérite pourtant une analyse citoyenne, laïque et féministe!
Pour les travaux au domicile de l'élu, on a connu d'autres élus qui ont usé et abusé de leur fonction et des bienfaits de la République, hélas.
Et d'autres cas où des élus ont confondu la caisse publique et la caisse privée de leur ménage...
Mais ce qui est dangereux, c'est le statut de l'élu utilisé à des fins frauduleuses pour SA communauté d'origine! Quand on sait que le communautarisme est en train de pourrir nos cités et faire voler en éclats la communauté NATIONALE de tous les citoyens vivant en France (la seule communauté que nous reconnaissons), on peut s'inquiéter de ce communautarisme PROMU par des élus au niveau municipal ou régional. Bien sûr, tous les élus issus de minorités n'agissent pas de cette façon et heureusement !
Mais les maires eux-mêmes ne favorisent-ils pas cette dérive en accordant dérogations, droits différentiels etc. à des "communautés" (horaires de piscines pour femmes musulmanes, n'est -ce pas Martine Aubry?)
Il faut que les élus soient les gardiens vigilants des valeurs de notre République, ils sont responsables aussi des conseillers municipaux et doivent exiger d'eux le même respect des valeurs d'une République laïque.
" Notre pays est entré dans la modernité en faisant le choix de la République. A chaque fois qu'il s'en est éloigné, il a plongé dans l'obscurité. Les solutions aux défis français devront, pour être efficientes, être compatibles avec cette cohérence républicaine. Cela nécessite FIDELITE aux principes REPUBLICAINS. "(Contre le communautarisme, de Julien Landfried)

Sources : le Progrès du 26 Juin 2007)

Mireille Popelin

5 - débats politiques

1 - Sortir de l’euro serait-il une catastrophe ?

SORTIR DE L'EURO entame la rédaction d'une série de fiches qui visent à répondre aux questions les plus fréquemment posées sur l'éventualité d'un abandon de la monnaie unique.

Il s'agit d'apporter des réponses argumentées à des doutes, des interrogations ou même des craintes qui ne permettent pas d'envisager sereinement une sortie de l'euro.

Aujourd'hui, réponse à la question "Si la France quitte l'euro, ne risque-t-elle pas d'être complètement isolée en Europe ?"

Cette interrogation, entretenue par les médias et les partisans de la monnaie unique, est légitime. Beaucoup en effet ont bien compris les méfaits de l'euro, mais n'osent pas tirer jusqu'au bout les conclusions de leur réflexion, de crainte d'un isolement dévastateur de notre pays en Europe.

Il faut les rassurer. Pour quelles raisons ?

D'abord parce que l'Europe sans la France n'existe pas et ne peut pas exister. La France est en effet le 2ème pays le plus peuplé du continent (et le premier dans 25 ans), elle est aussi le plus étendu et elle occupe une place absolument centrale dans la géographie européenne. D'un strict point de vue monétaire, la part pondérée du franc dans l'euro s'élève à 25%. La sortie de la France de la zone euro ne se traduirait donc pas par autre chose qu'une disparition pure et simple de cette zone. Les économistes en sont bien conscients, et tout dirigeant politique de bonne foi ne peut que l'admettre.
Par ailleurs, une sortie de la France de l'euro ne se ferait pas d'un coup, du jour au lendemain, à la surprise générale. Elle aura nécessairement été précédée d'une phase de plusieurs mois de discussions et de négociations, qui aura permis l'anticipation par l'ensemble des acteurs européens d'une possibilité que la France abandonne la monnaie unique. En économie, l'anticipation est fondamentale. Un événement anticipé n'en est plus un. Il n'y a donc pas à craindre une réaction brutale et imprévue des marchés par exemple. Il faut également bien se rendre compte que les pays de l'Union européenne qui n'ont pas fait le choix de l'euro ne sont en rien isolés. Outre le fait que leurs économies se portent mieux que les nôtres, le Royaume-Uni, le Danemark ou la Suède obtiennent très souvent gain de cause à Bruxelles et ne sont pas considérés comme des parias. C'est mentir ou méconnaître profondément le fonctionnement de l'Europe que d'affirmer le contraire. Enfin, une sortie programmée de la France de l'euro libérerait très vraisemblablement d'autres pays qui eux-aussi ont intérêt et souhaiteraient abandonner la monnaie unique. Une France annonçant sa volonté de retrouver une monnaie nationale verrait très certainement des pays comme l'Italie ou même l'Allemagne lui emboîter le pas. Il ne faut pas croire que seul notre pays a des problèmes avec l'euro. Le débat est même souvent plus libre et plus avancé ailleurs, notamment dans les deux pays cités précédemment. Pour toutes ces raisons, il n'y a donc pas lieu de craindre l'apocalypse en cas d'abandon de la monnaie européenne... Un choix politique assumé et clair vaut de toute façon toujours mieux qu'une crise subie et provoquée par l'incapacité de prendre les décisions qui s'imposent en temps et en heure.

Aujourd'hui, réponse à la question "Le franc ne peut pas lutter avec le dollar, alors que l'euro le peut. N'est-il donc pas dangereux de quitter la zone euro ?"

Cette interrogation pose en filigrane la question de la puissance. Elle part du présupposé que plus une monnaie est attachée à un territoire vaste et peuplé, plus elle est forte au niveau international. Il faut rassurer les personnes inquiètes à ce sujet. Ce raisonnement n'a en effet aucun sens en matière monétaire.

Pourquoi ?

L'argument de la grande monnaie synonyme de puissance opposé au retour du franc n'a donc aucun fondement. Merci de nous aider à le dénoncer.

Source

SORTIR DE L'EURO

6 - histoire

1 - 30 juin 1907. Les Genevois ont (enfin) voté la laïcité

Bonté divine! Cette fois, c’est vrai. L’Eglise et l’Etat viennent de divorcer. Et sans pension alimentaire! Leur séparation consiste au contraire dans la suppression du budget des cultes.

Notons qu’il s’agissait d’un ménage à trois. Outre l’Eglise nationale protestante, Genève subventionnait les catholiques nationaux, actuels catholiques chrétiens. Le canton avait imprudemment joué la carte de ces dissidents de Rome après le concile cataclysmique de 1870. Le pape ne se voulait-il pas infaillible?

En ce soir du dimanche 30 juin 1907, la nouvelle ne fait pas que des heureux. Les protestants perdent leur lien séculaire avec le pouvoir séculier. A en croire le pasteur Neeser, qui écrit en 1919, «on en vit qui sanglotaient comme des enfants, sur la place publique, ou se laissaient glisser à terre, à demi évanouis.» Le vote se termine en effet de manière inattendue. Un «non» était prévu. Or le dépouillement donne 7653 oui et 6823 non, avec une faible participation pour un sujet aussi passionnel. Les votants s’étaient déplacés à 58%. Moins que pour l’interdiction de l’absinthe!

Radical et franc-maçon

Comment en était-on arrivé là? Il suffit de lire «Touche pas à mon dieu», que notre confrère Jean-Noël Cuénod vient de sortir aux éditions «Tribune de Genève». Pour l’auteur, tout commence en 1834. Nous sommes en pleine Restauration patricienne. Le 27 janvier, la Compagnie des pasteurs n’en perd pas moins «son droit de surveillance générale sur l’enseignement public». Il n’y aura aucune protestation.

La révolution de 1846 met en selle le Parti radical, aux chefs souvent francs-maçons. Il ne s’agit pas d’athées, mais de déistes dotés d’un certain esprit de tolérance. La liberté de culte se voit garantie, «même s’il s’agit d’une liberté surveillée.» L’Eglise protestante est réorganisée de manière démocratique. Le Consistoire contiendra une forte majorité de laïcs. On aimerait bien que les catholiques, repris en main par Rome, en fassent autant.

Chapelles de la persécution

Après 1870, l’humeur change. Antoine Carteret, dont la tombe crie misère au Cimetière des Rois, n’est pas James Fazy. «Cet homme à poigne va appliquer une politique antiromaine musclée.» La scission catholique tombe à pic. Pourquoi ne pas confier à ces gens les églises et les subsides réservés aux catholiques romains? Les curés, comme les pasteurs pourraient se voir élus par leurs ouailles. Aussitôt dit, aussitôt fait. Et de force. Les papistes n’auront plus qu’à construire leurs «chapelles de la persécution.»

On vous passe ici «l’affaire Mermilliod», qui va encore aigrir les esprits. On vous épargne la scission des radicaux en trois branches. Le monde n’est jamais simple. Sautons à 1880. La question de la laïcité se pose grâce à Henry Fazy. Le neveu de James entend ruser. Il suggère de supprimer le budget des cultes. Les protestants se montrent plutôt tièdes. On les comprend. Les catholiques nationaux ont tout à perdre. Leur mouvement reste marginal. Les romains semblent pour. Les partis se fragmentent. Echec. Le 4 juillet 1880, la loi se voit repoussée par 9306 voix contre 4064. L’initiative populaire de 1897 ne fera pas mieux: 7178 non, 3508 oui.

Un seul ukase, Saint-Pierre

En 1905, l’infatigable Fazy remonte aux créneaux. Il faut dire qu’il sait s’incruster. Le cher homme ne quittera le Conseil d’Etat qu’en 1920. Le sujet est dans l’air. A la suite d’un psychodrame aussi violent que l’Affaire Dreyfus, la France vient d’adopter la laïcité. Genève compte alors 64 000 protestants et 75 000 catholiques romains, mais les rôles électoraux restent défavorables à ces derniers, souvent étrangers.

Un projet de suppression du budget (toujours le même truc!) se voit déposé le 20 octobre 1906. En douceur. «Il faut distinguer entre la laïcité de combat à la française et la laïcité de conciliation à la genevoise», rappelle Bernard Lescaze. Temples, églises, cures et presbytères conserveront leur destination. Il y aura une période de transition. Un seul ukase. Quoiqu’il arrive, Saint-Pierre restera protestant.

On s’empoigne au Grand Conseil. On s’étripe au sein des partis. On s’égosille dans la presse. Et puis voilà. Le vote a lieu. Durant 70 ans, on parlera peu de laïcité. Le mot va de soi. C’est après 1980 que les passions, venues d’ailleurs, reprendront…

«Touche pas à mon dieu», de Jean-Noël Cuénod aux éditions Tribune de Genève, 251 pages. 1905. La France se laïcise.

Un psychodrame national

Il est difficile de comprendre le vote genevois du 30 juin 1907 sans connaître le précédent français. Le 9 décembre 1905, une loi a mis fin aux rapports immémoriaux entre l’Etat et l’Eglise. Notons cependant que cette dernière s’était mise au pluriel depuis le Concordat de 1801. Les protestants, les Juifs et les luthériens bénéficiaient des mêmes avantages que les catholiques, comme la prise en charge financière du clergé par la nation. Reste qu’il n’y a pas eu ici de vote populaire. Il a suffi d’une décision de l’Assemblée nationale.

L’historique, maintenant. Au XVIe siècle, la France entière se voit soumise à l’axiome «une foi, une loi, un roi». L’Edit de Nantes, en 1598, change provisoirement la donne. Les protestants reçoivent des droits partiels. Louis XIV, on le sait, révoque cet édit par celui de Fontainebleau en 1685. Il n’y a qu’une religion admise en France jusqu’à l’Edit de tolérance signé par Louis XVI en 1788. Mais celui-ci reste valable pour les seuls protestants.

Influence négociée

En 1789, la Déclaration des droits de l’homme établit la liberté de conscience. Les Juifs deviennent citoyens à part entière en 1791. L’Eglise, dont le patrimoine est devenu «bien national» en 1790, disparaît de la scène fin 1792. Bonaparte Premier Consul se rabiboche (provisoirement) avec Rome en 1801. C’est le fameux Concordat, qui restera en vigueur jusqu’en 1905.

Le retour des Bourbons, en 1814, ramène des structures à l’ancienne. Mais attention! En 1830, Charles X tombe en partie à cause de ses excès bigots. L’Eglise n’en a pas moins retrouvé une partie de son pouvoir. Elle négocia son influence (surtout dans les campagnes) avec Louis-Philippe, puis Napoléon III. C’est à nouveau «l’alliance du trône et de l’autel».

Processus par étapes

D’abord chaotique et hésitante, la Troisième République, proclamée du bout des lèvres en 1871, reprend les credos de 1789. Les députés et ministres deviennent «des fils de Voltaire contre fils de Croisés». La laïcisation se fait cependant par étapes. La Compagnie de Jésus est à nouveau dissoute en 1880. Dès 1881, les «mauvais» prêtres peuvent faire l’objet de suppressions de traitements. En 1882, Jules Ferry rend l’école «laïque et obligatoire».

Six ans plus tard, le pape Léon XIII se plaint auprès du président Jules Grévy. Il se fait envoyer sur les roses. «Le clergé reste dans sa majorité hostile à la République.» La réponse nationale est immédiate. Le «programme d’Alger» vise à rallier publiquement le haut clergé français au nouveau régime, qui semble désormais appelé à durer.

Trois lois cadres

Rien ne peut cependant arrêter la montée anticléricale, même l’Affaire Dreyfus. Avec les gouvernements Waldeck-Rousseau, puis Combes, les offensives s’effectueront en trois temps, après les escarmouches d’usage. En 1901, la Loi sur les associations s’attaque (entre autres) au flou entourant les institutions religieuses. Les autorisations données l’ont été sans base réelle et de manière laxiste. On en est ainsi arrivé à 19 424 congrégations pour la France, dont 3126 seulement d’hommes. Mais où est donc la parité?

En 1904, Emile Combes (qui fut dans sa jeunesse séminariste…) réussit à interdire l’enseignement aux congrégations. En décembre 1905 est enfin votée la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais attention! Non seulement la France fait, avec les traitements, une économie de 37 millions or et des poussières, mais elle oblige à l’inventaire des biens du clergé.

Le pape hurle

Dissoutes de fait, puisque jugées inexistantes, les congrégations disposent de trois mois pour se voir ressuscitées en tant qu’associations. Elles se voient donc soumises à la fameuse Loi de 1901. Et les irréductibles? Eh bien, on vendra leurs possessions, après en avoir expulsé les membres. Voilà qui promet de beaux agiotages financiers, genre Office des poursuites dans la Genève des années 2000! Il faudra d’ailleurs ouvrir une enquête en 1907.

Inutile de dire que le Vatican est furieux. Le 11 février 1906, Pie X lance son encyclique «Vehementes Nos». Les Français se retrouvent secoués en famille par des crises de conscience. Dans certains milieux, la République redevient «la gueuse». Les passions mettront du temps à se calmer. J’ai encore connu une vieille dame qui disait, à propos du 9 décembre 1905, «le jour où le malheur est arrivé.» pub Tribune de Genève © Edipresse Publications SA

Source

ÉTIENNE DUMONT

7 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Persépolis : film français d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

2005 - 1h35 - Avec les voix de Chiara Mastroianni - Catherine Deneuve- Danielle Darrieux

Marjane a 8 ans. Elle vit en Iran, dans sa famille, des intellectuels de gauche, sous la dictature du Chah. Ses oncles passent leur temps dans les geôles du Chah et Marjane rêve d'être..le prophète qui va sauver l'Iran! Sa grand-mère, une féministe, fume comme un sapeur, jure comme une affreuse mécréante, insulte les mollahs. Elle recommande à sa petite fille de toujours garder son intégrité morale, de ne jamais céder. Leçon que la petite fille n'oubliera pas. Après le Chah, les opposants pensent pouvoir enfin vivre dans une démocratie, mais ils déchantent vite : les mollahs ont pris le pouvoir ! La fillette grandit, elle est obligée comme toutes les filles et les femmes de se voiler. Et gare au cheveu qui dépasse! Il faut voir Marjane résister à sa façon, portant sur sa sinistre tenue noire, un calicot blanc marqué d'un "punk is not Dead".. Il faut la voir tenir tête à la police religieuse, femmes ou barbus, qui arrête, menace de coups de fouet ou emmène les récalcitrants. Marjane décrit aussi la vie des Iraniens qui le soir, désobéissent à toutes ces lois ridicules, et "s'éclatent "avec des danses "occidentales décadentes", de la musique rock et de l'alcool. On rit beaucoup, mais on tremble aussi quand la répression s'abat sur les opposants politiques, les emprisonne et les tue.Après une tentative échouée de fuite en Autriche, un retour en Iran, Marjane ne supporte plus cette répression et revient définitivement en France... où elle vient de faire ce film, pour notre plus grand bonheur.

Je recommande ce film à tous les laïques surtout, avant de partir en vacances! C'est un coup de pied au c.. des mollahs (ouh la la, je risque la fatwa, moi !) à toute la mollahcratie et même la mollahcrature... ça vous fera du bien !

Mireille Popelin

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