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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°589 - mercredi 14 mai 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - Après la France et l’Italie, le Royaume-Uni : la déroute des sociaux- libéraux.

…Et de trois ! En un an, ce sont trois pays européens qui ont connu la défaite en rase campagne. Il ne s’agit pas d’une Bérézina de la gauche mais celle du social-libéralisme.

Inodore, incolore et sans saveur, telle est la martingale, perdante à tous les coups, de cette espèce politique en voie de perdition. De Ségolène Royal à Romano Prodi, de Walter Veltroni en passant par Dominique Strauss-Kahn, de Gordon Brown à Pierre Moscovici, tout ce beau monde vogue allègrement sur un bateau ivre sans gouvernail. L’échouage était prévisible : il a eu lieu.
Mais de quoi s’agit-il ? D’une défaite de la gauche ou d’une victoire d’une droite «  décomplexée  » comme l’affirment la plupart des commentateurs médiatiques ? Pour justifier cette hypothèse, ils s’appuient sur le «  vieillissement  » de la population européenne, sur son besoin de sécurité, sur la peur des étrangers, et que sais-je encore. Cette sociologie de cuisine permet, en fait, de ne pas chercher les raisons politiques d’une défaite… politique.
La réalité est autre et d’une certaine manière, hélas, plus simple : les années 2000 ont été marquées par la paupérisation des classes pauvres et moyennes en Europe occidentale, en particulier depuis le passage à l’Euro pour l’Italie et la France. D’après des économistes objectifs, les ménages italiens et britanniques vivent dans un tel état de surendettement qu’ils devraient être déclarés en faillite. Le niveau de vie de la classe moyenne recule de 2 à 4 % par an dans la péninsule. Quant aux Britanniques, la pauvreté commence à avoir des conséquences sur la nutrition des enfants dans certaines villes du nord de l’Angleterre et du Pays de Galles. Et nous n’aborderons pas ici le reste du paysage social, c’est-à-dire l’éducation publique, la santé ou les infrastructures en ruine depuis bien des années.
Cette situation catastrophique est le résultat des politiques libérales menées depuis une vingtaine d’années. Or, cette tendance s’est accentuée depuis peu, en particulier sous la gouvernance de Prodi en Italie, de Tony Blair et Gordon Brown au Royaume-Uni. Vaches maigres pour les pauvres et soutien indéfectible aux riches, le dernier exemple en date étant la transformation en obligation d’état des «  crédits pourris  » des banques anglaises. Au mépris d’ailleurs de toutes les règles du fameux «  marché  », les contribuables britanniques vont devoir assumer les pertes des banques pour la modique somme de 65 milliards d’euros. C’est une politique de collectivisation… mais seulement pour les pertes des banques !
Non, Gordon Brown ou Walter Veltroni ne sont pas des sociaux-démocrates mais des fidèles exécutants des politiques libérales, qui deviennent de jour en jour plus agressives pour les citoyens modestes.
Et qu’en pensent nos géniaux socialistes français ? Loin de tirer un constat réaliste de ce désastre, ils proposent de suivre le même chemin, mais en accélérant ! Au moment même où le capitalisme entre dans une de ses crises les plus graves, nos joyeux socialistes inscrivent dans leur projet de charte leur ralliement à l’économie de marché et renoncent définitivement au concept même de révolution sociale. Les apôtres du capitalisme ripoliné en rose s’attendent certainement à ce que les larges masses populaires les rejoignent en rangs serrés. Car ils n’ont pas compris, ou ne veulent pas comprendre, les leçons de l’élection présidentielle de mai 2007 : à vouloir faire la course à droite, on perd son âme et les élections. N’en doutons pas, ces gens, qui se veulent cyniques, sont dans l’époque de crise du capitalisme que nous traversons des éternels perdants face à une droite, qui elle, a le mérite de la clarté.
A nous de construire de manière autonome une alternative à gauche capable de porter les aspirations populaires, pour ne plus nous retrouver à devoir nous rallier par force à un (e) candidat (e) aux antipodes de nos convictions sociales et républicaines.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - Sans-papiers: Sarkozy, Fillon, Xavier Bertrand font la même mauvaise politique que Chirac, Jospin et Chevènement

Une fois encore, les mêmes causes produisant les mêmes effets, le scandale des personnes sans-papiers installées, avec leurs enfants dans les écoles, en France depuis des années, resurgit !
Et là, le gouvernement actuel, comme le gouvernement Jospin, réplique que les régularisations se feront au cas par cas ! Cette politique est, aujourd’hui, comme hier, anti-sociale, anti-laïque et anti-républicaine !

On oublie de dire qu’il y a près de 500 000 personnes dans ce cas, en France. On oublie de dire qu’un régime démocratique ne peut pas expulser plus de 20 000 personnes par an. Déjà pour atteindre ce chiffre, il faut mettre de côté les droits de l’Homme et du Citoyen comme c’est le cas aujourd’hui avec la politique Sarkozy - Fillon - Hortefeux. Il est donc impossible pour une démocratie soucieuse des droits de l’Homme et du Citoyen d’expulser 500 000 personnes. Alors, où sont les défenseurs de la théocratie bouddhiste tibétaine [1] pour défendre les droits de l’Homme et du Citoyen en France ?
En fait, Sarkozy, Fillon, Bertrand tout comme Chirac, Jospin et Chevènement et tous leurs soutiens de la bien-pensance et de la vérité révélée, souhaitent tout d’abord faire en sorte que le nombre de travailleurs clandestins (et donc sans droits, moins "chers" et moins combattifs) restent élevé pour que le patronat puisse continuer, sans sanctions, d’importer de la main-d’œuvre "bon marché" pour concurrencer les travailleurs en règle (dont les couches populaires, ouvriers et employés, et faire baisser la combattivité générale des couches populaires en particulier et donc des salariés en général ! Ne pas oublier que ce phénomène mine le financement de la Sécurité sociale solidaire !
Bien évidemment, la demande du communautarisme de gauche et d’extrême gauche de régulariser ad vitam tous les travailleurs sans-papiers du monde entier qui le souhaitent au nom d’un mondialisme de charité chrétienne, fusse-t-elle d’extrême gauche, ne peut au mieux, par son irréalisme et l’impasse stratégique dans laquelle met toutes les organisations portant cette demande, que renforcer cette politique du cas par cas qui est le maintien du statu quo, c’est-à-dire du refus d’application des droits de l’Homme et du Citoyen, et de la défense des intérêts des puissants de ce monde.
En fait, cette politique du statu quo est une politique de lutte de classe au profit des puissants de ce monde.

C’est pourquoi je propose de rompre avec cette stratégie qui profite aux puissants de ce monde et qui fait fi de la plus élémentaire défense des droits de l’Homme et du Citoyen et de produire une alternative courageuse qui défende les couches populaires du monde entier. Il faut un plan en deux temps. D’abord, éradiquer tout le travail au noir tout en défendant les droits de l’Homme et du Citoyen, puis dans un deuxième temps, avoir une politique de réduction des inégalités nord-sud tout en contrôlant les phénomènes migratoires.

Première étape: Éradiquer tout le travail au noir tout en défendant les droits de l’Homme et du Citoyen.

La seule possibilité est la régularisation de TOUS les sans-papiers et multiplier le plus rapidement possible par 5 le nombre d’inspecteurs du travail pour sanctionner les employeurs (qui sont les seuls fautifs!) qui organisent le travail au noir ou le travail hors législation du travail. Dans cette phase, il faut engager une forte communication interne et externe à notre pays pour annoncer la deuxième étape sans quoi nous risquerions de revivre les mêmes difficultés.

Deuxième étape: Contrôler les phénomènes migratoires et développer une politique internationale pour diminuer fortement les inégalités entre habitants de la planète.

Dans cette phase, il convient de continuer la politique de contrôle des employeurs par un recrutement de haut niveau du corps de l’inspection du travail dont les prérogatives doivent être renforcées. Il faut également une politique restrictive de l’immigration clairement affichée. De plus, il faut une politique internationale anti-libre-échange. Il faut combattre le libre-échange des quatre marchandises: capitaux, services, produits manufacturés&agricoles et force de travail[2]. Des mesures comme la taxation sociale et écologique devront être appliquées: par exemple, comme le propose l’économiste Jacques Sapir :

Aucune solution à ce problème de l’immigration clandestine ne verra le jour sans une politique globale et courageuse. Si la gauche laïque et républicaine ne prend pas l’offensive sur ce point, qui la prendra à sa place ?
Mobilisons-nous ! Rassemblons-nous ! Et Hasta la victoria siempre (jusqu’à la victoire finale !),

Amitiés aux combattants,

Notes

[1] Vous savez celle qui était pour le servage et contre l’enseignement des enfants!

[2] La force de travail est une marchandise selon Karl Marx et non le travailleur salarié proprement dit

Jérôme Manouchian

2 - Retraites : les mauvais arguments des néo-libéraux

Edito du n°117 de Combat Républicain, site internet: http://www.combatrepublicain.org

Une bataille sociale majeure est sur le point de s'engager. Le gouvernement Fillon a l'intention de porter à 41 le nombre d'annuités de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Les syndicats annoncent une journée de mobilisation durant la seconde quinzaine de mai. Vu son importance, Combat Républicain consacrera plusieurs articles à ce dossier. Nous commencerons par démonter la fausse argumentation dont abusent les libéraux afin de justifier leurs attaques contre le système des retraites.

« La durée de vie s'allonge, donc celle des cotisations aussi ».

Contrairement à ce qu'annonçait le rapport Charpin il y a dix ans, l'espérance de vie ne s'allonge pas d'un trimestre par an mais d'un demi trimestre. En 2003, elle a reculé d'un mois ! De plus, l'espérance de vie est inégale suivant les classes sociales, mais le gouvernement refuse de prendre en compte cette réalité. Or la prolongation de l'espérance de vie résulte largement de la retraite à 60 ans. Si l'âge du départ en retraite diminue, l'espérance de vie en est du même coup affectée, car une maladie sur deux est due au travail après 55 ans.

« Il faut favoriser le travail des seniors ».

Malgré l'allongement de la durée de cotisation, les Français continuent à travailler en moyenne 37 annuités. On est donc loin des 41 annuités que veut imposer le gouvernement. Le seul résultat de cet écart, pour les salariés, se traduit par un niveau de retraite en baisse constante, en contradiction avec les discours officiels sur la « protection » des retraites. Les retraites baissent, comme les revenus salariaux, mais les bénéfices des grands groupes capitalistes explosent ! Cherchez l'erreur...

En fait, la très grande majorité des travailleurs du secteur privé (60% selon le Conseil d'Orientation des Retraites) ne sont plus au travail lorsqu'ils atteignent l'âge du départ en retraite. Ils sont au chômage, en longue maladie ou en invalidité. Car le patronat licencie à tour de bras les salariés de plus de 50 ans. La diminution du niveau des retraites, véritable objectif de la « réforme » en cours, participe donc de la politique globale impulsée par la droite et le Medef, visant à abaisser les coûts du salariat (formation, salaires, soins, retraites).

« L'équilibre financier des régimes de retraite est hors de portée sans prolongation de la durée de cotisations ».

Les besoins de financement des retraites à l'horizon 2020 représentent 24, 8 milliards d'euros constants. Si l'économie française croît en moyenne de 1, 7% par an durant cette période, le PIB de notre pays aura augmenté de 30% en 2020. Cela représente (en euros constants) un accroissement de la richesse nationale de 410 milliards d'euros ! Et il ne serait pas possible de trouver 25 milliards pour équilibrer le régime des retraites !

En fait, le raisonnement des tenants de la « réforme » des retraites fait l'impasse sur deux données essentielles :
L'augmentation de la productivité du travail, facteur essentiel de l'augmentation des richesses, compense, et au-delà, les conséquences économiques du vieillissement de la population. La population inactive augmente, certes, mais la productivité des actifs permet d'éviter le grand écart générationnel que les libéraux agitent comme un épouvantail.

La croissance, faiblarde depuis des lustres, pourrait retrouver des couleurs sous l'effet d'une autre politique économique. Du même coup, les marges de manoeuvre en terme de financement des retraites, de la sécurité Sociale ou des allocations chômage s'en trouveraient accrues. Mais là encore, les libéraux considèrent que l'économie française est condamnée à languir sous la barre des 2% de taux de croissance par an.

Un certain Nicolas S. parlait il y a peu de « politique de civilisation ». Nous y voilà. Défense des acquis sociaux et des valeurs de la République, ou triomphe de la logique financière sur les besoins de l'humanité. Il faut choisir. Par la mobilisation de toutes les forces populaires.

Voir cet article sur son site d'origine

Combat Républicain Journal pour la République et le Socialisme
www.combatrepublicain.org

3 - Appel pour l'abolition de la loi sur la peine de sûreté (2)

(Voir la première partie)

Depuis 2002, Nicolas Sarkozy impose une vision de la justice, de la société et de l’individu en totale contradiction avec les fondements humanistes et républicains de notre société. Il ne s’agit pas d’une simple réforme de la justice, mais d’une modification profonde de la manière dont sont considérées les personnes et la société. Sous couvert d’un discours sécuritaire construit dans le but de choquer les foules, l’actuel président œuvre à la mise en place d’une nouvelle norme sociale par la mise en place d’un système sécuritaire inégalé dans les pays occidentaux, s’alignant directement sur les logiques des régimes totalitaires en matière de droit des individus. Là encore, le sarkozysme est un pétainisme de notre temps.

Un collectif contre cette loi s’est mis en place et appelle à signer une pétition demandant l’abolition de la loi sur la peine de sûreté.

Respublica s’associe à cette initiative en vous proposant de signer cette pétition et de la diffuser autour de vous. Nous vous proposons également le film explicatif tourné sur ce sujet, un film où interviennent des juges et des avocats, mais aussi des philosophes, ainsi que des psychologues, des éducateurs et des travailleurs en milieu carcéral. La semaine dernière, le premier volet avait été diffusé, voici la seconde partie. Film "Rétention de sûreté, une peine infinie", seconde partie

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

4 - La dictature des marchés financiers

La " gauche " et la " droite ", dans leurs successions aux affaires ou dans la cohabitation, ont troqué le pouvoir du peuple à un autre pouvoir, celui que donne la propriété des grands moyens de production et d’échanges, des banques et établissements financiers à une classe, la classe capitaliste, et à un système, le système capitaliste qui, aujourd’hui, non seulement veut mettre à bas les acquis démocratiques et sociaux, mais pousse plus loin encore ses ambitions, tandis que l’on voit surgir dans les conséquences des politiques mises en œuvre des crises profondes de différents aspects fondamentaux de la vie de nos sociétés.
En fait, le système tout entier s’est installé dans la dictature des marchés financiers devant laquelle nul n’est en mesure de prendre quelque initiative que ce soit qui ait l’aptitude d’enrayer les dysfonctionnements du système. Et encore faudrait-il que cette volonté existe !

LA CRISE FINANCIERE

La crise de la démocratie n’est en effet pas la seule manifestation de cette impuissance voulue et assumée.
Il en est aussi ainsi de la crise financière dont personne ne semble savoir comment elle peut évoluer et jusqu’où, tant les marchés les marchés financiers et leurs fournisseurs capitalistes ont pu, peuvent encore, galoper librement sans aucun licol, comme jadis les hordes sauvages déferlaient sur les peuples paisibles. " Ils sont devenus fous! ", clamait il y a encore peu, un Claude Bébéar décelant, avec quelques autres grands patrons, le gouffre béant qui allait s’ouvrir devant eux, et devant toute la société, les principales victimes devant être toujours les mêmes, les travailleurs chargés d’éponger les notes, de réparer les pots cassés.

LA CRISE ENERGETIQUE...

Il en est ainsi de la crise énergétique dont peu, très peu, osent encore avouer la gravité tant elle met en cause leur responsabilité. Le productivisme capitaliste, s’il exploitait et aliénait les travailleurs, pillait également et tout aussi allègrement les ressources naturelles, non sans graves désagréments pour les milieux naturels eux-mêmes. Directement représentées dans les organes du pouvoir, souvent au plus haut niveau, les compagnies pétrolières ont initié des politiques publiques désastreuses fondées sur l’utilisation d’un pétrole abondant et bon marché. Tout un mode de vie en a été conditionné, ne laissant nulle place à une quelconque énergie alternative énergétique. Et aujourd’hui le " pic de production " du pétrole est annoncé, sinon atteint ou dépassé, des masses de nouveaux consommateurs augmentent la demande et la production a du mal à suivre. Mais une certaine mondialisation a vu le jour fondée sur le développement sans limite et sans contrôle des échanges internationaux, de même qu’un aménagement du territoire irresponsable au regard des gaspillages énergétiques qu’il occasionne, et une agriculture et une industrie où le pétrole est sollicité sous différentes formes, y compris sous forme d’engrais, de pesticides, de plastiques...

... ET DE L’ALIMENTATION...

Une crise énergétique donc qui semble conjuguer, sinon provoquer, une crise de l’alimentation pour des centaines de millions d’êtres humains qui connaissent déjà les affres de la faim et de la misère. Engagés dans la production irresponsable de biocarburants de première génération, les stocks de céréales se sont vite épuisés, les prix se sont élevés et le coût de certains aliments traditionnels font qu’ils devenus inabordables pour ceux dont ils constituent le principal de l’alimentation.

... ET DES RELATIONS INTERNATIONALES...

Une crise énergétique qui exacerbe les relations internationales et pousse les principaux pays impérialistes à imposer, au besoin par la guerre, de nouvelles formes de domination au risque, selon les projets les plus insensés, de déclenchement d’une nouvelle catastrophe dont on ne sait quel caractère elle pourrait prendre tant les stocks d’armes nucléaires sont pléthoriques et les doctrines d’utilisation évoluant de la dissuasion vers des stratégies de l’emploi.

... ET DU CLIMAT...

Une crise énergétique qui conditionne pour une grande part une crise climatique sans que ne soient prises les dispositions pour limiter de façon conséquente les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique et des phénomènes et catastrophes naturelles qui lui sont liées.

UN CAPITALISME INSATIABLE

Et l’on pourrait évoquer les crises domestiques qui sont déjà à l’œuvre, les pillages systématiques des finances publiques par les subventions et les exonérations aux grandes sociétés qui vident les caisses de l’Etat au détriment des principaux besoins de la société en salaires, en emploi, en logements, en écoles et en Universités, en recherches, en transport public, en santé et en hôpitaux....
Le capitalisme financier est insatiable, il lui en faut toujours plus pour alimenter les marchés financiers et les exportations de capitaux, les capitalistes français se situant au plus haut niveau dans ce parasitisme social qui se fait au détriment de ceux qui produisent et créent les richesses par leur travail et dont ils sont dépossédés.
Peut-on penser que quelques taxations des mouvements des capitaux et des revenus financiers seraient en mesure de limiter ce pillage des fonds publics et cette appropriation privée des richesses produites ? A la marge certainement, mais les causes principales subsisteraient, elles sont dans la nature même du système.

UN IMMENSE ET URGENT BESOIN DE COMMUNISME

En conséquence il convient de changer de système : oui, il y a un immense et urgent besoin de communisme dans ce pays où il est né et où il s’est affirmé comme un courant politique dans le temps long de l’histoire.
Mais n’est-ce pas ce qu’ont voulu dire les électeurs à l’occasion des dernières élections, notamment au scrutin cantonal où se présentaient des candidats sous l’étiquette PCF dans presque tous les cantons. Ceux-là même qui avaient sévèrement, et à juste titre, sanctionné la candidature de Marie-George Buffet lors des présidentielle, se sont repris et, à 9 %, ont voté pour ces candidats communistes alors même que nombre de " dirigeants " du PCF, à tous les niveaux de l’organisation, avaient publiquement fait état de leurs motivations visant à faire disparaître toute force communiste organisée au profit d’une " gauche de la gauche " dont on voit mal en quoi elle se distingue des forces qui ont conduit ces dernières décennies cette mutation mortifère du capitalisme et dont on vient de voir dans l’Italie proche l’estime dont cette " gauche " a bénéficié.
En fait, il semblerait qu’à l’occasion de ces dernières élections, ce peuple qui cherche sa voie dans la longue durée ait amorcé une nouvelle étape, d’une part en sanctionnant sévèrement le gouvernement actuel et sa politique, d’autre part en affirmant le besoin ressenti d’une force communiste déterminée pour l’aider à construire une alternative à la domination du capitalisme qui s’avère plus que jamais néfaste et certainement hors d’état de pouvoir sortir la société des crises qu’il a lui-même provoquées. Et ce besoin de communisme, il l’a affirmé face à des " dirigeants " liquidateurs dont manifestement il n’a que faire.
Cette manifestation d’un déjà fort besoin de communisme rejoint l’initiative d’un certain nombre de communistes girondins qui ont initié dès juin 2007 un Appel pour des Assises du communisme ayant vocation à déterminer les grandes lignes d’un communisme du 21eme siècle dans la réunification de la force communiste et dans un projet de changement de société, sinon de civilisation, issu d’une co-élaboration avec toute la société et d’abord avec les 92 % de salariés que compte la population active.
Cet Appel, aujourd’hui élargi à nombre de communistes d’autres départements, a en conséquence acquis une dimension nationale pour être mieux encore au service de ce peuple qui a besoin de son entière souveraineté, et d’abord là où se produisent les richesses, dans le temple d’un capitalisme qui apparaît avoir fait son temps et suffisamment nui.

Michel Peyret

3 - débats politiques

1 - La réforme et le réformisme (1ère partie)

Réformisme : système politique selon lequel la transformation de la société, en vue d’une plus grande justice sociale, peut s’effectuer dans le cadre des institutions existantes, au moyen de réformes législatives successives, et sans recours à la révolution.
(Dictionnaire Larousse)

La messe est dite : à en croire les commentateurs de l’actualité politique, les acteurs de la majorité et malheureusement aussi la plupart des rhéteurs de l’opposition, en élisant Sarkozy, les Français auraient non seulement élu un président mais validé ad libitum un programme.
Cette coquecigrue politique est, évidemment, complaisamment reprise par les media du monde audio-visuel et par les experts, brevetés conformistes, qui ont envahi les plateaux des spectacles auxquels se résument les émissions de débat. Il est certes regrettable, pour le respect de l’esprit humain, que certains d’entre eux, universitaires par ailleurs, éditorialistes et idéologues de service, ne trouvent rien de mieux que de dénigrer à longueur de tirades la fonction publique statutaire, l’exception française, le préambule de la Constitution, le Code du travail et d’encenser le libéralisme, la flexibilité, la précarité et la rémunération du mérite illustrée, sans doute, par les stock-options. Le tout sans prendre le risque pour eux-mêmes de travailler sans filet !

Si une élection politique dans ce pays avait jamais eu pour objet de faire adopter la totalité du programme d’un candidat, y compris les éléments précisés après l’élection, ce serait à la fois su et connu de tout le monde mais surtout historiquement prouvé ; or il n’en est rien et sans remonter à une époque où le suffrage universel n’existait pas, l’approbation massive, un peu aidée ici ou là, d’un homme et de ce qu’il incarnait, pas nécessairement de ce qu’il portait, ne s’est rencontrée que deux fois dans l’histoire de notre pays, sous Louis-Napoléon Bonaparte, devenu après coup et dans le même "enthousiasme" Napoléon III, et sous Charles De Gaulle, que le Canard Enchaîné un peu injustement, a quelquefois caricaturé sous la défroque du précédent. Nous ne comparerons pas les deux personnages, l’Histoire a su leur donner la place qui revient à chacun. Mais dans les deux cas cependant, il est utile de rappeler qu’il s’agissait de mettre fin à une crise de régime et de compenser l’incapacité d’une " classe politique " à répondre aux défis du temps, à satisfaire les intérêts des possédants ou à donner une réponse appropriée et collectivement acceptable à un blocage institutionnel et politique.
Rien de tout cela en 2007, sauf peut-être le caractère non crédible d’un autre choix. Réussir à se faire désigner comme candidat à une fonction, ne signifie pas nécessairement qu’on peut l’exercer et tenir le rôle qui, par une espèce de schizophrénie politique, l’accompagne.
Mais c’est bien une incarnation, et non un programme, qui a été élue, cette fois encore ; les deux candidats ont d’ailleurs à peu près tout joué dans cette épiphanie du sauveur, et leur campagne à tous deux, au second tour, a parfaitement illustré le césarisme médiatique qui caractérise la dérive de la vie politique avec une élection d’un chef de l’exécutif au suffrage universel, sans équilibre des pouvoirs constitués.
Dans un tel contexte, à quoi rime un discours qui attribuant au président élu une légitimité indéniable, 53 % des suffrages exprimés avec un taux de participation de 84 %, ne pose pas la question pourtant fondamentale de la nature de cette légitimité ? C’est pourtant ce que fit encore, Pierre Moscovici, qui n’est peut-être pas le meilleur possible des premiers secrétaires du PS possibles, mais assurément pas le pire envisageable, au Grand Jury-RTL/LCI/Le Figaro le dimanche 20 avril 2008, S’il s’agit de ne pas toucher aux institutions, on comprend mieux, mais on est assez loin de la perspective d’un renforcement des pouvoirs du Parlement en France ou d’un approfondissement de la démocratie, participative ou non.

Le totem de la réforme


Par un curieux retournement, la droite, en France, s’est faite héraut de la réforme, oubliant la phrase de Niklas Luhmann : les conservateurs commencent par la déception ; à moins que la rigidité de père Fouettard de François Fillon, ne soit que le courage d’assumer cette formule ! Depuis que le Medef a théorisé la refondation sociale par la remise en cause de la totalité du compromis véritablement organique de 1945, ce que certains d’ailleurs continuent d’appeler le compromis gaullo-communiste, les partis politiques de droite, mais hélas, pas seulement eux, se sont ralliés en termes pratiques à son postulat de départ : la France est bloquée, pas dans le siècle, empêchée d’agir au mieux de ses intérêts dans la compétition mondialisée ; il faut donc déconstruire les bases de son fonctionnement actuel comme système social.
Il va de soi que les intérêts en question ne sont pas précisés, et il faut disposer effectivement de tous les moyens des techniques modernes de communication pour arriver à faire croire que les intérêts d’une minorité de privilégiés sans grand talent, encore moins de génie, puissent être, par une espèce de transsubstantiation, forcément mystérieuse, ceux du plus grand nombre. La formule la plus célèbre en est : " Travailler plus pour gagner plus " alors que chacun sait, au moins depuis Guizot de manière certaine, que ce n’est pas par le travail et par l’épargne qu’on peut espérer devenir véritablement riche.
Il va de soi également que la dimension historique de la construction du système social français est mise de côté, le peuple n’étant, par définition, pas un acteur de son histoire, pour un conservateur digne de ce nom, a fortiori pour un idéologue zélé au service des dirigeants de l’économie…
Il va de soi, enfin, que la difficulté de la tâche, ce foutu peuple étant capable de réveils, sera grandement atténuée si la gauche est divisée ou ralliée à l’idée que rien d’autre n’est possible dans une fin de l’histoire désirée, au moins par ceux qui préfèrent, et pour cause, raconter des histoires que la faire ou la subir.
Il faut avouer qu’entre une extrême-gauche qui n’a tiré aucune leçon du renvoi dans l’utopie du communisme, en tant que société en acte, sinon comme processus pratique de libération humaine, et un parti socialiste qui pense pouvoir proposer une alternance sans alternative et convaincre sans un corps de doctrine, la droite en France, ou en Italie, ne pouvait rêver mieux.

Jean-Paul Beauquier

2 - Boycotter les "boys cotés"?

Les médias ont lancé un nouveau divertissement : faut-il boycotter les JO ? Et comme d’habitude, la question ne fait pas l’objet d’un débat, mais permet à l’idéologie "bien pensante"? de chanter à l’unisson une partition classique glorifiant les valeurs humanistes, qui s’incarneraient, entre autres, dans le sport et particulièrement par les JO. Valeurs inaltérables, qui ne risqueraient donc pas d’être entamées par le caractère policier du pays d’accueil qui, au contraire, sera ainsi touché par la grâce humaniste. Pourtant, défendre les fameuses valeurs humanistes devrait conduire à répondre positivement à la question ainsi posée. Pas seulement parce qu’ils se déroulent en Chine. Mais parce que les JO n’ont rien à voir avec le discours lénifiant sur l’esprit sportif, la tolérance, la fraternité universelle et autres foutaises. C’est d’abord de sordides tractations financières, c’est aussi la glorification de la compétition qui suscite, au niveau collectif, le pire des chauvinismes, et, au niveau individuel, la recherche effrénée de l’exploit, forme particulièrement aliénante de l’exploitation de l’effort humain, au mépris de toute dignité. Enfin, c’est l’occasion pour les Etats, y compris les pires, de manifester leur puissance nonobstant la nature réelle des régimes politiques de ceux-ci.

Rafraîchir la mémoire.

En cette époque d’obsession mémorielle, on peut s’étonner de l’amnésie qui frappe nos choristes de l’humanisme. Rappelons donc quelques dates éclairantes.

En 1936, c’est Berlin qui fut choisi pour accueillir les JO. Un débat eut lieu à la Chambre des Députés pour savoir si l’on devait les boycotter. Les députés de gauche, y compris communistes, se sont abstenus, seul Mendès-France vota pour le boycott. Cependant, d’autres jeux furent organisés à Barcelone avec tous les sportifs qui refusaient d’aller à Berlin. Ils furent d’ailleurs interrompus par l’entrée de Franco en Andalousie et donc le début de la Guerre Civile. A noter que la majorité des sportifs présents, français en particulier, restèrent sur place et s’engagèrent auprès des Républicains. Quant à Hitler, s’il fut irrité par la victoire de Jesse Owens il n’en resta pas moins raciste et s’empressa d’aider Franco avant de plonger l’Europe dans l’horreur. Il serait temps de soigner l’amnésie de tous ceux qui prétendent aujourd’hui que la tenue des jeux à Pékin aura un effet positif sur le régime en place.

En 1968, les jeux se tinrent à Mexico. Dix jours avant l’ouverture, la police mexicaine avait tiré sur une manifestation d’étudiants (massacre de la Place des Trois Cultures). Par ailleurs, on peut penser qu’à cette occasion l’Union Soviétique et les Etats-unis affirmèrent leur puissance et leur haute valeur humaniste en raflant la majorité des médailles. La même année, les chars soviétiques entraient à Prague et le napalm américain arrosait le Viêt-Nam.

Dans le même ordre d’idée, en 1978, la coupe du monde de football se tint en Argentine, où la torture était devenue le sport national, en concurrence avec le foot. Un mouvement actif milita en France pour le boycott, mais se heurta, comme d’habitude, aux irréductibles défenseurs des suprêmes valeurs sportives, qu’il ne fallait surtout pas pervertir par des considérations politiques. Tout laisse à penser que dès que les sportifs mondiaux eurent libéré les stades, ceux-ci furent réoccupés par les tortionnaires argentins afin de reprendre leur funeste fonction, conseillés par les experts américains.

Amnésie, sottise ou malhonnêteté expliquent les contorsions intellectuelles actuelles pour à la fois protester contre la répression chinoise et maintenir la participation aux Jeux. On assiste à une débauche d’hypocrisie imbécile : rappeler, la main sur le cœur, les valeurs de l’olympisme, en citant d’abondance le pauvre Coubertin, et feindre d’ignorer la machine politico financière qui préside à l’organisation de cette manifestation, en totale contradiction avec ces valeurs.

"Il ne faut pas tomber de l’armoire"?

La Chine n’a pas eu l’initiative de ces Jeux, elle a été choisie, en toute connaissance de cause de la nature du régime. Mais déjà à l’époque, on expliquait que la Chine changeait et que justement cette désignation accélèrerait son évolution vers la démocratie. Qu’à quelques mois de ces jeux, elle se permette d’agir comme elle le fait au Tibet, montre au contraire qu’un tel honneur rend arrogant, comme Hitler jadis. Et c’est cette puissance arrogante qui rend lâche. La Chine est, ici comme dans d’autres domaines, maître du jeu. Qui, en effet, peut prévoir sa réaction dans le cas d’un boycott de la part des pays occidentaux alors qu’elle possède, par exemple, la majorité de bons du Trésor américains (1/3 de la dette américaine) et que le capitalisme mondial est dans une interdépendance de plus en plus asymétrique avec l’économie chinoise. Affaire de prudence diplomatique qui n’a pas grand-chose à voir ni avec les droits de l’homme ni avec les prétendues vertus humanistes du sport, sans parler de la fascination des capitalistes occidentaux vis-à-vis du modèle chinois qu’ils rêvent d’imposer aux salariés occidentaux.

Contrairement au poète Maïakovski qui disait "Quand une fleur pousse dans mon jardin, c’est un acte politique"?, on peut ne pas souscrire à l’idée que tout est politique. Mais, il est absurde de penser que le sport échapperait à l’environnement idéologique du moment et maintiendrait allumée, en toute circonstance, la flamme de la fraternité universelle. Ainsi, dans les années 30, la mode idéologique était aux mouvements de masse avec uniforme, défilés et spectacles sportifs militarisés (des communistes aux fascistes, des socialistes aux catholiques). Le champion dans cette catégorie était sans conteste l’Allemagne Nazie qui fut choisie en 36 pour accueillir les JO. Pendant la guerre froide, on prit la précaution de choisir des terrains neutres, mais les deux camps chauffaient à blanc leurs troupes sportives pour gagner la guerre des médailles. Au moment du "dégel"?, on eut l’imprudence d’organiser les jeux à Moscou, ne prévoyant pas l’invasion russe en Afghanistan, d’où le boycott des Etats-Unis. Après la chute du mur de Berlin et la victoire du capitalisme par abandon de l’adversaire, en 96 c’est Atlanta, capitale de coca-cola, qui fut préférée à Athènes, capitale de l’olympisme. Aujourd’hui dans le cadre de la mondialisation hyper compétitive, c’est encore le champion de cette catégorie, la Chine, qui a été récompensé, au grand dam de ce doux rêveur de Delanoë.

La guerre de Troie sportive aura bien lieu et les champions sont entraînés avec la même intensité que des troupes de commando. Chaque pays compte sur ses boys, comme on nommait les GI naguère, pour décrocher le plus de médailles et devenir ainsi des golden boys. Golden boys, ils ne le sont pas seulement par les médailles remportées, mais aussi parce que quelques-uns bénéficient, très inégalement d’ailleurs, d’une autre récompense de la part des groupes qui les sponsorisent et que tous transmutent leur cote sportive en cote financière au profit de ces mêmes groupes. Donc, si l’on refuse à la fois la "peoplelisation"? et la marchandisation du sport, il faudrait boycotter les boys cotés. Au moins, ceux qui revendiqueraient une telle décision ne risqueraient pas d’être traités de populistes. Ils pourraient même craindre de ne pas être populaires, si cette revendication n’était pas accompagnée d’une réflexion militante sur les dérives du sport spectacle, et donc pointer clairement, dans ce domaine comme dans d’autres, l’opposition entre universalisme et mondialisation affairiste, entre populaire et people.                                 

Jean-Claude COIFFET Président du Cercle Condorcet de Bordeaux

3 - Le PS se re…centre : pas possible !

Les commentateurs frétillent depuis mardi : le PS français qui passait pour le mouton noir trop à gauche parmi les partis socialistes d’Europe, ferait sa " révolution " : diable ! C’en serait fini avec la lutte des classes et l’abolition du capitalisme, le PS se contenterait d’être le promoteur d’une économie sociale et écologique de marché. Sous le regard bienveillant du CAC 40 et des gouverneurs indépendants des banques centrales et du FMI réunis.
Quelle découverte ? Ces " observateurs " ne manquent pas d’humour, ils trouvent que le PS est encore trop ancré à gauche et ils ne souhaitent pas que leurs nuits soient hantées par le spectre d’une transformation sociale qui limerait les ailes au capitalisme triomphant ou plutôt agonisant, selon le point de vue (de classe) où l’on se place.

Ces mêmes " observateurs " de l’Express au Nouvel Obs, en passant par le Figaro et quelques autres trouvent tellement archaïque le vocabulaire hérité du 19è siècle. Alors la chose, pensez donc… Libéral, à la rigueur, la racine du mot sonne bien mais capitalisme ça sent le rétro et plus, l’insupportable présomption de prétendre le supplanter. Et puis les expériences du siècle passé ont été tellement décevantes, au point de condamner toute velléité de s’affranchir d’un système voué à l’éternité. Alors, de grâce, soyons raisonnable, ne demandons pas l’impossible ! On n’est plus en 68, revenons sur terre et acceptons l’ordre économique comme le meilleur des régimes politiques, le plus efficace, ajoute-t-on au PS qui, décidément, n’est pas le dernier pour vanter les mérites de l’économie de marché.
Rappelez-vous, au lendemain de la défaite de Ségolène Royal, les mêmes commentateurs invitaient le PS à devenir franchement social-démocrate, à faire son congrès de Bad Godesberg (celui où le SPD allemand, en 1959, renonçait à toute référence avec le marxisme et la lutte des classes pour renouer avec l’éthique chrétienne et surtout se prononcer pour la libre concurrence, la libre entreprise, l’économie de marché, c’est-à-dire contre les nationalisations, pour les privatisations…) et se tourner sans complexe vers le centre, autrement dit la droite.
Mais que faisait d’autre madame Royal entre les deux tours en allant proposer à Bayrou de devenir son premier ministre et que disait d’autre François Hollande en 2003, quand il qualifiait le programme du PS de " gestionnaire et social-libéral ", c’était pour promouvoir quelles valeurs sinon celles du libéralisme ? Et le tournant de la rigueur en 1983, c’était quoi d’autre ? Et les privatisations sous la gauche, était-ce pour améliorer nos services publics, préserver notre modèle social ou pour répondre aux critères de Maastricht exactement inverses que le PS avait approuvés ? Et Jospin, premier ministre, qui voulait rassurer les Français en avouant qu’il n’appliquait pas un programme socialiste ! Et, et… on pourrait poursuivre.

L’électoralisme institutionnalisé

Si viser les responsabilités politiques les plus hautes - la présidence de la République, le gouvernement - consiste pour le PS, à séduire l’électorat de gauche par un discours de gauche et, ensuite gouverner à droite, pour éviter de faire des vagues et de se mettre à dos les puissances d’argent qu’il n’ose même plus qualifier de capitalistes, comment peut-on prétendre changer la vie des gens, car c’est bien la vie des gens les plus modestes qu’on veut améliorer, réduire les inégalités et résoudre l’ensemble des problèmes économiques et sociaux à partir de ce critère fondamental, du moins pour la gauche qui se respecte ?
Toute la quatrième République n’a été qu’une valse de gouvernements impuissants de centre-gauche gouvernant à droite, et pour cause et tout se passe comme si, avec la cinquième République, le bipartisme nous ait enfermé dans ce même faux choix où l’opposition et la majorité se confondent lorsqu’elles alternent au gouvernement et ne se contestent que pour y parvenir.
On serait tenté de déclarer le PS hors jeu à gauche. Cela serait sans tenir compte des réactions qui montent de ses propres rangs tout en restant minoritaires et des aspirations d’une partie de ses électeurs qui ont le cœur à gauche mais préfèrent encore voter pour un parti qui a des chances de gouverner que pour un qui n’en a aucune ! C’est l’effet pervers de cette bipolarisation qui conduit non plus à choisir positivement celui ou celle dont vous vous sentez le plus proche, dont vous partagez les convictions, la vision du monde mais celui qui a le plus de chances de battre votre ennemi principal, que vous ne voulez à aucun prix.
C’est le vote négatif, celui auquel vous êtes conduit par le système électoral, en désespoir de cause parfois, car vous auriez bien voulu voter pour untel mais il n’a aucune chance, donc votre voix est perdue : c’est la négation de la citoyenneté, de la démocratie. Ce n’est pas la moindre des révolutions à opérer. Encore qu’il n’est pas fatal d’aller là où on veut nous conduire. N’est-on pas libre dans l’isoloir ?

Et à gauche ?

Il y a ce morcellement à la gauche (réelle) du PS où la surenchère verbale n’a d’égale que l’impuissance à rassembler toutes les sensibilités idéologiques, sociales, écologiques, plus radicales les unes que les autres ou plus hésitantes sur l’attitude à avoir vis-à-vis du PS qui se veut " la gauche " à lui tout seul et surfe sur sa crédibilité électorale qui lui vaut de diriger toutes les régions, sauf une et une majorité de départements et de grandes villes.
On sent bien que c’est par là que l’on pourrait peser lors des prochaines échéances et donner un prolongement aux luttes et aux exigences sociales qui montent sous l’effet des contre-réformes sarkoziennes de plus en plus mal vécues qui n’arrêtent pas de faire chuter sa cote de popularité qui s’est accentuée après l’échec de sa majorité aux municipales.
Je ne crois pas que cela puisse se faire dans la précipitation ou dans l’incantation d’une nouvelle formation structurée comme il s’en prépare, mais dans la mise en commun d’objectifs politiques, sociaux, sociétaux… portés par des citoyens, des partis et des militants riches de leurs propres sensibilités. Le pluralisme reconnu et assumé est une vraie richesse qui n’exclut nullement, bien au contraire, de grandes initiatives unitaires pour porter des projets transformateurs et des majorités pour les concrétiser.
Le printemps nous y invite.

René Fredon

4 - Université : Oui à la sélection !

Publié dans le numéro 547 de Marianne, du 13 octobre au 19 octobre 2007, cet article nous a été transmis par son auteur, Claude Obadia, comme pièce au débat.
La Rédaction

S’il est un dossier sur lequel, plus que sur aucun autre, le candidat Sarkozy avait promis une rupture, c’est bien celui de l’Université. Force est de reconnaître que la rupture annoncée n’est pas venue, comme en témoigne l’abandon de l’idée d’une sélection à l’entrée du Master. Faut-il s’en étonner ? Rien n’est moins sûr tant la « sélection », à l’aune des politiques éducatives menées en France depuis trente ans, semble être devenue l’épouvantail d’une époque qui n’en finit plus de céder à la tentation du déni de réalité et dans laquelle chacun feint de croire, alors que le système éducatif n’a jamais été aussi peu démocratique, que le retour des inégalités le menace. Comme s’il avait suffi, à la fin des années soixante, de déclarer la guerre à la reproduction des élites et de scander de façon incantatoire l’impératif démocratique pour rendre accessibles à tous les parcours de réussite! Or, les faits sont là, entêtants et alarmants, confirmés non seulement par les études sociologiques les plus sérieuses mais par tous les rapports diligentés par les pouvoirs publics. Jamais les étudiants issus des milieux les plus modestes n’ont eu moins de chances de réussir leurs études supérieures, ce dont témoigne de façon paroxystique les conditions d’accès aux filières d’excellence.

Pour rendre compte de cette catastrophe nationale et comprendre les crispations que suscite, sitôt qu’on le prononce, le mot de « sélection », il faut d’abord rappeler à quel point notre culture hexagonale, héritière des Lumières, est acquise à l’idée selon laquelle le savoir constitue un bien auquel chacun a le droit de prétendre. Mais sans doute convient-il aussi de revenir au réquisitoire dressé contre l’Université par les théoriciens marxistes dans les années soixante, entreprise dans laquelle le sociologue Pierre Bourdieu, en affirmant que la fonction sociale du système éducatif est de pérenniser la domination de la bourgeoisie, joua un rôle déterminant. On ne dira jamais assez l’influence de cet intellectuel sur les politiques scolaires menées ces trente dernières années, en particulier sur la Réforme du Collège unique mise en oeuvre en 1974 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing et sur la Loi d’orientation de 1989 pilotée par Lionel Jospin. Dans les deux cas, un même postulat : la sélection prétendûment méritocratique maquille une entreprise de ségrégation socio-culturelle… Il n’est donc guère surprenant que, de réforme en réforme, nous ayons progressivement neutralisé la plupart des dispositifs sélectifs et entériné, en renforçant l’influence des déterminismes socio-économiques, une sélection beaucoup moins équitable que celle que ces réformes ont ruinée.

Comble du paradoxe, si les bonnes consciences démocratiques fustigent la sélection, chacun s’accorde toutefois à reconnaître l’efficacité des Classes préparatoires et des Grandes Écoles qui, en sélectionnant les étudiants au mérite, les inclinent à tirer le meilleur d’euxmêmes.

D’aucuns diront que ces filières sont aujourd’hui « confisquées » par les élèves issus des milieux les plus favorisés. Mais que faut-il en déduire ? Sommes-nous à ce point dupes de l’illusion qui nous fait prendre l’effet pour la cause qui le produit ? Oui, les élèves issus des milieux défavorisés ont plus que jamais un accès problématique, non seulement aux Classes préparatoires, mais plus généralement aux parcours de réussite. Mais cela s’explique assez aisément. Car pour réaliser l’objectif du plus grand nombre possible de bacheliers, il a bien fallu renoncer à les sélectionner, et ce en disqualifiant les critères fondés sur les exigences de l’enseignement supérieur et accusés d’avantager les élèves issus des milieux les plus favorisés. Ainsi avons-nous par-là même mis en place les conditions d’une sélection extra-scolaire beaucoup plus cynique. Dans cette affaire, les choses sont donc fâcheusement claires. Les filières dites sélectives sont accaparées par les élèves qui, pouvant bénéficier d’un environnement socio-culturel « porteur », ont été exhortés au travail tandis que l’institution scolaire se contentait d’encourager leurs camarades moins chanceux à la paresse. C’est donc l’abandon de la sélection au mérite qui a engendré le renforcement d’une authentique ségrégation sociale, ce que les étudiants pressentent bien, qui parvenus en Licence ont compris qu’ils sont les rescapés d’une formidable machine à produire de l’échec, raison pour laquelle le mot seul de sélection suffit à les indigner. Soyons clairs. Aucun concours, aucun examen , ne sera jamais absolument juste et il serait bien naïf de le croire. Pour autant, toutes les procédures de sélection ne sont pas égales entre elles, et c’est pour cette raison que le devoir de justice de l’État est plus que jamais, d’organiser la sélection des plus méritants pour faire barrage à la discrimination sociale qui s’est trop longtemps nourrie des fauxsemblants du démocratisme.

Claude Obadia Professeur de philosophie en classes préparatoires commerciales,
membre du comité de rédaction de la revue Le Philosophoire

4 - histoire

1 - Oui, le 6 Mai fut aussi une date heureuse dans l'histoire de la République !

Le 6 mai 1758, voici 250 ans, naissait à Arras, Maximilien Robespierre. Malgré la campagne de calomnie que la réaction n’a cessé de mener contre sa mémoire, Robespierre fut le principal dirigeant de la Révolution française, le plus grand événement progressiste de l’histoire mondiale depuis la révolte de Spartacus et avant la Révolution russe de 1917 conduite par Lénine, lequel a aujourd’hui l’honneur de partager avec Robespierre la haine revancharde de la contre-révolution et des renégats du communisme.

C’est Robespierre, ce grand lecteur de Rousseau et du Contrat social, qui affirma les conceptions démocratiques au début de la révolution contre l’idée d’un compromis " libéral " à l’anglaise entre la grande bourgeoisie et la monarchie. C’est lui qui, avec Saint-Just et le grand journaliste révolutionnaire Marat, fut le vrai fondateur de notre 1ère République, l’intraitable défenseur des Sans-culottes et du suffrage universel, l’ennemi acharné de l’esclavage colonial, l’inlassable animateur du combat de la France révolutionnaire contre la coalition monarchique et ses alliés, les aristocrates français émigrés à Coblence, et contre l’insurrection royaliste de Vendée. C’est Robespierre qui incarna, parmi les députés de la Montagne, l’orientation sociale de la Révolution avec ses projets sur l’instruction publique et sur le droit des pauvres aux " subsistances ". C’est lui en définitive qui avec Saint-Just, et Carnot son futur ennemi, fut le vrai vainqueur de l’Europe réactionnaire coalisée contre la France républicaine. C’est lui qui comprit que le gouvernement démocratique ne pouvait être solidement fondé sans l’implacable répression populaire des menées royalistes et girondines et sans l’alliance du Comité de salut public et de la démocratie jacobine et sans-culottes. C’est de Robespierre que nous avons hérité ce précieux héritage de la Révolution démocratique bourgeoise que sont les principes de souveraineté nationale et populaire, d’organisation communale, de République une et indivisible, de séparation de l’Etat et des cultes constitués (ce qui n’empêcha pas Robespierre de combattre les persécutions anti-religieuses des " déchristianisateurs "). Robespierre est mort en martyr de la révolution, abattu par un regroupement hétéroclite de politiciens corrompus et de dupes politiques, les Thermidoriens ; ceux-ci brisèrent l’élan populaire de la Révolution pour mettre en place une république bourgeoise anti-populaire qui allait se discréditer dans l’affairisme pour laisser rapidement place au despotisme militariste de Bonaparte.

Alors qu’elle doit le pouvoir aux grands Jacobins, la bourgeoisie et ses suiveurs sociaux-démocrates (il n’y a même pas une rue Robespierre, même pas une rue Marat à Paris sous la Municipalité de B. Delanoë associé au PCF !) n’ont jamais pardonné à Robespierre d’avoir pris appui sur les artisans, paysans et ouvriers sans crainte de faire du peuple travailleur un acteur autonome de l’histoire. Les historiens anti-robespierristes de la bourgeoisie savent en effet que c’est en prenant appui sur la mobilisation populaire autonome de la grande Révolution, en particulier sur celle de l’An II (93) que le mouvement ouvrier du 19ème siècle a pris son essor. Ils savent que Gracchus Babeuf, le premier fondateur du mouvement communiste en France, reconnut sa dette politique envers l’Incorruptible après s’être un moment mépris à son sujet au moment de Thermidor. C’est cela, et non les violences de la Terreur, -incontournable dans les conditions d’une lutte acharnée entre révolution et contre-révolution, que la bourgeoisie a toujours reproché à Robespierre. Sinon comment expliquer que le nom de Robespierre, dont le corps guillotiné fut jeté dans la chaux vive par les Thermidoriens, n’ait jamais été cité pour l’entrée au Panthéon alors que l’ultra-sanglant Napoléon Bonaparte et tant d’autres assassins de peuples, reposent dans le sanctuaire de l’actuelle " République " bourgeoise, devenue de plus en plus réactionnaire, anti-patriote, antisociale, anti-laïque, anti-jacobine et " européenne " ?

Quoi d’étonnant dans ces conditions si la France officielle de Sarkozy et de l’UMPS ne fait rien au contraire, pas plus que la direction " euroconstructive " du PCF, pour commémorer la naissance du fondateur de la France républicaine ? Sarkozy préfère célébrer La Fayette, le massacreur des ouvriers révolutionnaires en place de Grève, l’homme qui a déserté pendant les guerres révolutionnaires, celui qui en 1830, à l’issue des Trois Glorieuses, a brillamment manœuvré pour frustrer les ouvriers républicains de leur victoire sur le régime légitimiste de Charles X et faire proclamer le " roi bourgeois " Louis-Philippe. Le même Sarkozy de Nagy-Bocsa, avec son sbire idéologique Jacques Marseille, prépare en catimini la réhabilitation de Napoléon III, l’assassin de la Seconde République. Quant aux médias et aux institutions officiels comme le Grand Palais, ils ne cessent de s’épancher sur Marie-Antoinette, " l’Autrichienne " exécrée du peuple parisien, qui transmettait les positions de l’armée française aux généraux de l’armée ennemie ! A chaque classe sociale ses " femmes historiques " et ses " grands hommes " ; comme le chante J. Ferrat dans " Ma France "," la France des travailleurs " répond toujours du nom de Robespierre ", comme elle défend la mémoire diabolisée des Thorez, Frachon et autres Duclos.

Mais en ce triste anniversaire du 6 mai 2007, où l’arrogant proconsul du MEDEF, de Bush et de Bruxelles s’enroule dans le drapeau tricolore pour " rompre " avec l’héritage démocratique de 68 (fortes augmentations de salaires, droit syndical…), de 45 (retraites, sécu, nationalisations, statuts, droit du travail, école démocratique, CNRS, tout cela mis en place par les ministres et administrateurs communistes Thorez, Croizat, Billoux, Tillon, M. Paul, Grenier, Wallon, Joliot…), de 36 (40 heures, hausses de salaires, congés payés) et même de 89-93 (souveraineté nationale détruite par l’euro-constitution bis, régionalisation de la République, violations répétées par Sarkozy de la loi laïque de 1905, démontage de l’Education nationale, alignement militaire de la France sur l’Empire US…), il est une raison de plus de célébrer l’œuvre de Robespierre. N’est-ce pas lui qui nous a appris, après Rousseau et avant la Commune de Paris, que les élus doivent en permanence des comptes au peuple, et non le peuple aux élus qui le trahissent ? N’est-ce pas lui qui fit inscrire dans la Constitution de 1793 qui fondait la 1ère République, cette phrase qui cingle toujours au visage les apprentis-tyrans et qui guide toujours les vrais républicains : " quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ".

Vive la République sociale, souveraine et indivisible ! Honneur à Robespierre, à Marat et au peuple " sans-culottes " ! A l’action tous ensemble contre Sarkozy et ses complices de la social-eurocratie qui détruisent l’héritage républicain de la France pour construire la nouvelle Sainte-Alliance de Maastricht et de l’impérialisme américain !

P.S. de G. Gastaud : Le 5 mai 1818 naissait à Trèves Karl Marx. En 1848 paraissait le Manifeste du Parti communiste, au moment même où la Révolution de 1848 à Paris déclenchait le " printemps des peuples " en Europe. En 1948 les mineurs du Pas-de-Calais menaient une grève dure contre les attaques portées à leur statut. En 1968 éclatait la plus grande grève ouvrière de l’histoire. Alors, célébrons l’anniversaire de ces évènements positifs pour l’émancipation sociale de l’humanité en " faisant sa fête " tous ensemble et en même temps à Sarkozy et à son gouvernement réactionnaire.

Le PRCF Pôle de Renaissance Communiste en France
www.initiative-communiste.fr

2 - Roman historique : Les Blessures de l'âme

Eric Viot, 43 ans, est membre d'’une association de recherches et études historiques sur la vie des Bretons pendant la grande guerre. Il est passionné par cette période et en particulier par le quotidien des Poilus pendant ce conflit. Après avoir sorti en 2004 ’un premier ouvrage monument de papier à la mémoire des centaines de Manceaux morts pendant la grande guerre, il sort aujourd'hui Les blessures de l'âme, fruit de nombreuses années de recherche.

Les blessures de l’'âme, à mi-chemin entre le roman et le journal intime, présente le quotidien d’'un instituteur pacifiste engagé dans cette « boucherie » que fut la première guerre mondiale et qui, blessé dans son âme, ne sera plus jamais le même. D’'une lecture aisée, il se veut accessible au plus grand nombre et prend racine dans une documentation solide et manifeste sur ce conflit.

«''J’'ai voulu aborder dans ce roman des sujets qui me révoltent et mettre en avant le fait que bien souvent des vies auraient pu être épargnées :
Nos généraux ont consommé sans modération dans des offensives suicidaires, des milliers d'’hommes sont morts sur le terrain par manque de soins, d'’autres ont été exécutés juste pour l'’exemple .
Ce n'’est pas la « grande » histoire, celle des grandes batailles, de Nivelle, Foch, Joffre, Pétain ou d’'autres personnages illustres qui me passionne, non, c’'est celle de Georges, François, Arsène et tous leurs camarades qui alimentent les listes gravées dans la pierre des monuments aux morts.
Ce sont ces ouvriers ou paysans qui sont morts loin de chez eux et pour un grand nombre, l'’ennemi n’est pas l'’unique responsable de leurs disparitions.''»

LES BLESSURES DE L'AME, de Eric Viot, édité par société des écrivains.

ReSPUBLICA

5 - International

1 - A propos de la Chine

Face au déchaînement actuel des passions anti-chinoises, j’apprécie le courage de Mélenchon, tout en apportant quelques bémols à ses propos. Ayant eu l’avantage de séjourner en Chine, et particulièrement dans la zone tibétaine, je pense pouvoir apporter un témoignage :
Les moines peuvent y exercer librement leur religion, à condition de ne pas se mêler de politique, étant donné l’antagonisme existant entre le pouvoir central et le dalaï-lama (je serais incapable de détecter l’origine de ce conflit). On peut constater que cet antagonisme est partagé aussi bien par les Tibétains que par l’ensemble du peuple chinois (très énervé quand on lui parle du dalaï-lama). L’apport considérable de population chinoise au Tibet (comme partout ailleurs, étant donné l’importance de l’exode rural chinois) n’a fait qu’exacerber l’hostilité des moines qui ne supportent pas qu’à Lhassa, puisse exister, face à la ville ancienne située sur les hauteurs, une ville nouvelle, peuplée de chinois ayant un mode de vie totalement différent du leur. Dans cette ambiance, les moines (téléguidés ou non) ont probablement profité de l’occasion des JO pour manifester vigoureusement et la riposte a été quelque peu disproportionnée, étant donné le fossé existant entre les deux peuples.

Mais ce qui parait non moins disproportionné, c’est la campagne menée actuellement contre la Chine, par l’ensemble nord-atlantique (France-Angleterre-Etats-Unis), le reste du monde ne participant pas à cet émoi. Est-ce spontané ou télécommandé ? Je croirais volontiers à la seconde hypothèse, étant donné le nombre de documentaires télévisés, déjà prêts, qui surgissent en flots tendus, décrivant la Chine comme un enfer effroyable.

Sur place, certes, on constate de forts dysfonctionnements ; ce qui m’a choqué le plus, c’est le rôle brutal de l’argent : tout se paye (y compris le droit d’avoir un second enfant) ; la concurrence est reine (pour acquérir un commerce ou la plaque d’immatriculation d’un véhicule) ; les conditions de travail sont déplorables (cf les chantiers du bâtiment et les mines de charbon vendues par l’Etat au privé, mal entretenues, qui sont de véritables bombes) ; la corruption est reconnue par la plupart des personnes interrogées (toujours l’argent-roi).
Cependant le niveau de vie s’élève rapidement : les salaires augmentent au rythme de 15 % par an en moyenne et l’on voit maintenant très peu d’ilots misérables (même dans les régions les plus reculées du Yunnan). On circule d’ailleurs librement sur le territoire (sans devoir désigner au préalable son itinéraire, comme dans l’ex-URSS). Mais, très nationalistes et fiers des résultats du régime (dont ils reconnaissent aussi les faiblesses), ils défendent leur patrie, tout en admettant qu’on n’y parle guère politique. Quant aux droits de l’Homme, ils estiment qu’on n’a pas de leçon à leur donner (" chacun ses principes ") mais ils admettent qu’il leur faudra réviser leur politique de condamnation à mort. Je crois d’ailleurs que c’est par là qu’on pourrait aborder ces questions, menant de pair des campagnes symétriques aux Etats-Unis.
Autre suggestion : plutôt que de boycotter la séance inaugurale des JO, on pourrait proposer, beaucoup plus symboliquement, le boycott de la grande Exposition Internationale de Shanghai prévue pour 2010. Mais il n’est pas sur que nos courageux saboteurs des JO 2008 seraient encore partants Les affaires avant tout !

Yves Durrieu

2 - Comment Beyrouth-Ouest est tombée

Détails du plan du Hezbollah pour la prise de la capitale libanaise.

En quelques heures, la capitale libanaise, qu’on présentait figée dans une configuration de bastions tenus par différentes forces, est tombée entre les mains des combattants de l’opposition menée par le Hezbollah, bouleversant ainsi une bonne partie de la carte politique.

liban-hezbollahSelon des sources proches du Hezbollah, la prise de Beyrouth s’est déroulée en trois étapes : isoler d’abord Beyrouth-Ouest, ensemble de quartiers commerciaux mixtes du point de vue confessionnel, ensuite faire basculer par des frappes « chirurgicales » ces quartiers mixtes en faveur de l’opposition et enfin trancher « militairement » la question du rapport des forces en ciblant les positions armées de la majorité. Lors de la première étape, explique-t-on, les éléments de l’opposition ont profité de la manifestation de revendication sociale, le mardi 6 mai, pour couper toutes les routes vers Beyrouth-ouest, afin de délimiter les lignes de confrontations à venir. Le lendemain, dans plusieurs quartiers mixtes comme à Barbour et Ras Nabaâ (sorte de lignes de démarcation entre sunnite et chiite), les hommes armés de Amal et du Hezbollah ont délogé, lors de combats de rue, plusieurs postes occupés par des combattants de l’autre camp, majoritairement loyaux au Courant futur de Saâd Hariri. Ces offensives évitent soigneusement les quartiers chrétiens dont Beyrouth-est, afin de ne pas poignarder dans le dos l’alliance entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre de Michel Aoun de 2006 et d’enlever ainsi aux rivaux chrétiens de ce dernier, le couple Samir Gaegae et Amin Gemayel, tout prétexte de radicalisation de cette communauté. Pour revenir aux étapes de la prise de Beyrouth, la tactique suivie par les combattants de l’opposition était de remettre à l’armée chaque position de la majorité. Une attitude qui a poussé un ponte de la majorité à qualifier l’armée de « police militaire » du Hezbollah. D’ailleurs, jusqu’aux derniers combats dans la montagne et le Chouf — fief de Walid Jomblatt, un des leaders de la majorité — l’opposition a reconduit la même stratégie. « Le but n’est pas d’occuper du terrain ou des positions, mais plutôt de clarifier les positions et le poids de chaque force, en laissant à l’armée le soin de remplir son rôle de force de l’Etat », indique un proche de l’opposition. La troisième et dernière étape de la prise de Beyrouth a été déclenchée quelques minutes après, suite au discours de Hassan Nassrallah jeudi, avec l’offensive militaire d’envergure lancée par ses hommes qui a duré de la fin de journée jusqu’à une heure du matin. Le lendemain vendredi, non seulement Beyrouth-ouest était tombée, mais les résidence de Saâd Hariri et de Walid Joumblatt étaient pratiquement encerclées, seuls quelques axes de la ville étaient aux mains de l’armée. L’ultime étape de la « bataille » de Beyrouth se déplace à partir de samedi 10 mai, vers le sud-est de la capitale, la montagne et le Chouf, « afin de démanteler la présence milicienne de Joumblatt dans ce qu’il considère comme son fief », confie notre source. « Et tenter ainsi de briser la colonne vertébrale de la majorité en la personne de Joumblatt », commentait hier, un éditorialiste proche de l’opposition. Le but tactique et hautement symbolique du Hezbollah semble avoir été atteint : désarmer les « milices » qui menacent l’existence de la résistance en portant préjudice sur la légitimité de son armement. Mais du côté de la majorité — et de ses alliés étrangers — il s’agit d’un « coup d’Etat ». Un qualificatif reproduit en générique des émissions spéciales de la chaîne Al Arabiya, propriété de capitaux saoudiens, dont le ministre des Affaires étrangères, Saoud Al Fayçal, a, lors de la réunion extraordinaire des ministres de la Ligue arabe au Caire le 11 mai, comparé Nasrallah à Ariel Sharon étant les « deux personnages à avoir assiégé Beyrouth ». « Une grave attaque qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd », commente un sympathisant de l’opposition.

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Adlène Meddi

6 - courrier des lecteurs

1 - Néo-libéralisme ou libéralisme, Aimé Césaire et Henri Curiel

Ne pas confondre le libéralisme et le néolibéralisme

Chers amis, Je ne comprends pas cette volonté de confondre le libéralisme et le néolibéralisme, dans vos lignes. Ces deux système sont complètement différents. Ce que vous dénoncez dans vos articles ressemble plutôt au néolibéralisme (le système actuellement dominant) dont les principes sont bien définis par Hayek, Friedman et leurs acolytes. C'est un système qui redéfini et limite le rôle d'Etat seulement comme garant du respect des règles du jeu du marché et garant de la propriété privée et basta. Le néolibéralisme est farouchement contre le Keynésianisme et interventions étatiques. Le néolibéralisme cherche la dérèglementation totale et la défiscalisation du marché et attribue au marché le rôle que l'Etat jouait jusqu'au présent i.e. le libéralisme dans le cadre de l'économie classique de marché et du Keynésianisme. Le néoliberalisme est, à part être pour la libre circulation des capitaux et services, contre les services sociaux et contre le syndicalisme et contre toute protection sociale des travailleurs. L'individu et défini dans ce système, non pas comme être humain mais comme consommateur. Ces buts n'ont jamais été ceux du libéralisme, que je sache! Confondre le libéralisme et le néo-libérlisme, dont le seul point commun et le mot libéralisme, ne fait que brouiller le débat et génerer d'avanatge de confusion. Cordialement A. Néjade

 

Cher Evariste,
Tout d’abord merci d’avoir publié la lettre d’Aimé Césaire dont j’ai suivi les obsèques sur France Ô. L’Huma avait publié des extraits vendredi mais je ne connaissais pas l’intégralité de ce texte admirable de hauteur, de courage, de lucidité, d’humanisme. Tout simplement bouleversant. Quel dommage qu’il ait fallu tout ce temps pour mesurer l’ampleur des dégâts, des retards historiques qui ont produit les conséquences que nous vivons toujours : le discrédit sur le communisme, confondu avec ce qu’en ont fait les partis sensés le réaliser et ceux qui y ont trop longtemps fait allégeance. La pente est rude mais pas inaccessible à condition, comme le dit si bien Césaire, de savoir inventer et ressusciter la flamme (pas l’olympique), celle qui donne du sens aux combats des hommes qui ne se couchent jamais parce qu’ils ont un idéal noble à faire partager, pas à imposer... Quelle leçon nous a-t-il donnée de fidélité à ses convictions ? Quel pied de nez à celui qui voulait réhabiliter les "bienfaits" de la colonisation et qui n’a pas été invité à parler à ses obsèques ! Oui, encore merci.
(...)
Bien à vous
René Fredon

 

La pensée de Fillon en matière de Fonction Publique :

Il est important de diffuser le plus largement possible ces propos du Ministre de la Fonction publique (sic) rapportés par Charlie-Hebdo, tenus lors d’une réunion de la Fondation Concorde, proche de la majorité actuelle, le mercredi 20 octobre au Café Restaurant Pépita à Paris :

Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension d’un retraité, c’est presque 75
Le grand problème de l’État, c’est la rigidité de sa main-d’œuvre. Pour Faire passer un fonctionnaire du premier au deuxième étage de la place Beauvau, il faut un an. Non pas à cause de l’escalier (rires dans la salle), mais des corps. Il y a 1400 corps. 900 corps vivants, 500 corps morts (rires), comme par exemple l’administration des télécoms. Je vais les remplacer par cinq filières professionnelle qui permettront la mobilité des ressources humaines
A l’heure actuelle, nous sommes un peu méchants avec les fonctionnaires. Leur pouvoir d’achat a perdu 4, 5.
Comme tous les hommes politiques de droite, j’étais impressionné par l’adversaire. Mais je pense que nous surestimions considérablement cette force de résistance. Ce qui compte en France, c’est la psychologie, débloquer tous ces verrous psychologiques.
C’est sur l’Éducation nationale que doit peser l’effort principal de réduction des effectifs de la fonction publique. Sur le 1, 2 million de fonctionnaires de l’Éducation nationale, 800 000 sont des enseignants. Licencier dans les back office de l’Éducation nationale, c’est facile, on sait comment faire, avec Éric Wœrth (secrétaire d’État à la Réforme de l’État)
Le problème que nous avons en France, c’est que les gens sont contents des services publics. L’hôpital fonctionne bien, l’école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d’une crise majeure - c’est ce que fait très bien Michel Camdessus, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là, ils se recroquevillent comme des tortues

Il admet dans ses propos que les français sont satisfaits de la qualité du service public rendu par les fonctionnaires, quels qu’ils soient. C’est bien en les fragilisant de l’intérieur (sous effectif, baisse d’investissements etc.) qu’il compte rendre les services publics impopulaires auprès des populations. Une impopularité qui lui servira de prétexte pour les privatisations à venir. Alors que ce sont bien les attaques à l’œuvre depuis de nombreuses années qui dégradent la qualité des services publics.

Anonyme

 

Henri Curiel: commémoration du 30e anniversaire de son assassinat.

La publication par Respublica de l'appel à la commémoration de la mémoire de notre camarade, Henri Curiel, dont le parcours a été admirablement bien retracé dans Un homme à part, par Gilles Pérault, honore ce journal. Cette publication n'est peut-être pas étrangère au fait que Henri Curiel avait dès le début des années 1970, très certainement avec l'accord au moins tacite d'une partie des plus dirigeants de la résistance palestinienne, lancé l'idée de deux Etats. Ce rappel est très bonne chose, tant il aide à clarifier les termes du débat dans aussi bien les milieux sionistes que propalestiniens. Bonne lecture,

Hakim Arabdiou

ReSPUBLICA

Agenda

samedi 17 mai 2008, 13:30

Précarisation de l’enseignement

Maison des associations
5, rue Perrée
Près de la mairie du troisième arrondissement
Métro : République ou Temple

P.E.R.E.C. "Ile de France" vous invite à un colloque:

Précarisation de l’enseignement
Des professionnels de terrain prennent la parole

Renseignements: 01 39 60 26 21 ou 01 45 08 45 34
P.E.R.E.C. (Pour une École Républicaine et Citoyenne)
association issue de l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République (E. Brenner)
9, bd du Temple – 75003 Paris

samedi 24 mai 2008, 10:00

"Quelle modernité pour la laïcité ?"

en Sorbonne (amphi Milne Ewards)
Paris

Attention les horaires ne sont pas encore connu, 10h est à titre indicatif, voir les détails à cette adresse: Philosophe dans la Cité

Le premier colloque du Philosophe dans la Cité

Deux discussions :

Les religions ont-elles besoin du concept de laïcité positive ?

Faut-il réinventer la laïcité à l'aune des enjeux du XXIe siècle ?

Une table ronde : Quelle laïcité européenne ?

Ce premier colloque est parrainé par Mr Pierre-Henri TAVOILLOT (Sorbonne - Collège de Philosophie).

Voir l'agenda complet en ligne

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