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  1. chronique d'Evariste
    1. Le plombier, le chauffagiste, le peintre et le garagiste, par Évariste
  2. université populaire laïque
    1. Deuxième Université Populaire Laïque, par Union Des Familles Laïques
  3. Proche-Orient
    1. Le conflit vu par Antoine Sfeir, franco-libanais, et Nissim Zvili, ex-ambassadeur d'Israël en France, par Anonyme
    2. Manifestation parisienne, par Lucette Jeanpierre
    3. Manifestation lyonnaise contre la guerre au Liban, par Mireille Popelin
  4. trotskysme
    1. La dérive des Jeunesses Communistes Révolutionnaires (JCR), par Jeanne Bourdillon
    2. De drôles de marxistes, par Arguments Pour Le Socialisme
  5. violence sociale
    1. Les encagoulés veulent faire la loi à la piscine de Vénissieux, par Mireille Popelin
  6. santé
    1. Lettre au ministre de la Santé, par Bernard Schneider
  7. obscurantisme religieux
    1. Un avortement agite l'Argentine, par Anonyme
    2. Une ville italienne envisage des plages réservées aux femmes pour accommoder une partie de sa clientèle musulmane, par AP Associated Press
    3. Pour un réalisme athée, par Thierry De Larochelambert
  8. sans-papiers
    1. Immigrationnisme militant dans l'outre-mer comme en France, par Christiane Lezeau
    2. Dialogue avec Madame Françoise Mériou, par Yves Margenstern
  9. Europe des régions
    1. Quelle langue pour l'Europe?, par Francis BERNARD
  10. à lire
    1. Baudelaire et la Musique, de Murielle Lucie Clement, par Nicolas Pomiès
    2. " A bonne école ", de Jean-Paul Brighelli, par Jean-François Chalot
    3. " Témoignage " de Nicolas Sarkozy, par Alain KERHERVE

1 - chronique d'Evariste

1.1 - Le plombier, le chauffagiste, le peintre et le garagiste

J'aime profiter de mes vacances pour revoir, souvent après des années d'éloignement, des amis de tous bords, avec qui j'ai pu partager, à une époque de ma vie, des expériences communes, qu'elles soient professionnelles, associatives, sportives ou tout simplement amicales.

Cet été, entre autres, j'ai rencontré quatre personnes avec qui j'ai longuement discuté (et bien mangé, et le reste...) Ils étaient plombier, chauffagiste, peintre dans le bâtiment et mécanicien. Ils avaient tous des histoires différentes, avec pourtant beaucoup de similitudes.

Ils ont commencé à travailler dans les années 1970, ou avant, à l'époque du plein emploi. Ils ont la nostalgie de ce temps où les ouvriers étaient bien payés, et respectés. Ils ne comprennent toujours pas le mécanisme qui a pu amener la société française à abandonner le travail manuel, à le dévaloriser, et à vouloir faire poursuivre à tout prix des études à des gamins pas faits pour cela.

Le plombier me raconte les bons salaires qu'on peut gagner dans ce milieu, et exprime sa surprise, en tant que chef d'entreprise, face aux difficultés qu'il trouve à embaucher des jeunes salariés compétents. Très crûment, il me dit que nombre des gosses qui sortent des écoles n'aiment pas le travail pour lequel ils ont été formés, et qu'ils n'ont pas faim. Il me parle de son grand-père, réfugié communiste italien qui a combattu la dictature de Mussolini, et de son père, grand résistant. Il me décrit sa difficulté de chef d'entreprise, face à la concurrence du travail au noir. Il me parle de son angoisse face aux chantiers impayés, à la multiplication des recours juridiques de certains clients pour ne pas régler leur dette, et me dit sa volonté de retravailler comme salarié dans une boite. Il en a marre des semaines de 70 heures, et de passer à côté de sa femme et de son gosse.

D'origine paysanne, chasseur, il a par ailleurs une réflexion intéressante sur l'agriculture et l'écologie, et déteste José Bové.

Le chauffagiste, aujourd'hui retraité, m'avoue rapidement que, depuis qu'il a cessé de travailler, il effectue quelques travaux au noir. Je lui fais naturellement remarqué qu'il pique du boulot aux entreprises et provoque l'accroissement du chômage. Irrité, il me répond que la majorité de ses clients sont des gens des milieux populaires, qui n'ont pas pour la plupart les moyens de payer les tarifs exorbitants de certains voleurs - par ailleurs incompétents - de la profession. Il me dit d'autre part qu'il accourt en une heure, en plein hiver, pour dépanner des personnes âgées, alors que les petits patrons mettent trois jours à venir. Cet homme, qui a appris son métier dans la marine, me fait part du regret de sa vie. Me montrant ses mains, il me dit, les larmes aux yeux : " Tu vois, il y a de l'or, là-dedans, eh bien, quand je vais crever, je n'en aurai fait profiter personne. J'aurai tant aimé apprendre tout ce que j'ai appris à un jeune. Mais les grosses têtes qui dirigent tout encouragent les gamins à faire des métiers intellectuels. Ils nous méprisent, ils nous prennent pour des cons, comment veux-tu qu'on donne envie aux mômes de devenir ouvrier, et de bien vivre de leur travail, avec le discours des grosses têtes ? "

Le peintre me raconte, lui, son histoire. Ancien chef d'entreprise, il a connu une situation difficile, et a failli perdre tous ses biens. Il a eu vraiment faim dans sa vie. Titi parisien, il me dit avec des formules bien à lui combien il dort mieux depuis qu'il est ouvrier. Mais il me raconte les chantiers Il me dit que dans sa boîte, il y a trois blocs : les Français, les Portugais, et les Arabes. Chacun défend d'abord les siens. Il me parle de la pression des conditions de travail et des salaires, exercée par la venue de travailleurs de l'Est, par la sous-traitance et le travail au noir. Il a encore quelques années à travailler, et me fait part de son inquiétude pour l'avenir de la branche. Il m'affirme que les bureaucrates, inspecteurs du travail et autres, ne connaissent rien au boulot, et que si on respectait les lois sur les chantiers, notamment l'été, on ne pourrait pas travailler. Il m'avoue très clairement que s'il n'avait pas une conscience, il se mettrait aujourd'hui au chômage, toucherait les indemnités, et gagnerait près de deux fois son salaire, sans problème, en bossant au noir.

Le garagiste lui, travaille depuis trente ans dans un garage particulier. Il autorise les clients à utiliser le matériel, et à réparer eux-mêmes leur voiture, à un prix modique. Homme de gauche, il me fait part de sa difficulté à trouver des jeunes salariés qui aient vraiment envie de s'investir. Il ne peut offrir de gros salaires, s'il veut maintenir l'esprit de son garage : permettre aux plus modestes de réparer leur voiture à bon prix. Il est conscient, en homme de gauche, de la contradiction du système : chômage de masse, et difficulté à trouver des salariés compétents, et volontaires.

Ces quatre hommes, avec des histoires différentes, sont des gens qui ont bossé toute leur vie, avec leurs mains, très durement. Ils ont tous leur maison, et ne vivent pas trop mal. Mais ils ont l'impression qu'ils appartiennent à une culture dont on a programmé la disparition. J'ai discuté politique avec eux, l'un m'a dit qu'il voterait à gauche, les trois autres sont incapables de dire quel sera leur choix en 2007, et surtout sont convaincus que rien ne changera. Ils exècrent tous les trois Le Pen, mais l'un d'entre eux n'exclut pas de voter pour lui, pour dire " merde " au système.

Ils sont très lucides sur la situation politique. Quand on parle du RMI, l'un me dit : " Pourquoi veux-tu que les mecs bossent au Smic, quand ils peuvent toucher le RMI, et compléter au black. Tu sais bien qu'on est dans cette société où on préfère les assistés que les travailleurs. Qui calculera un jour ce qu'on pourrait donner à ceux qui bossent avec l'argent du RMI et toutes les autres combines qu'on trouve pour habiller le chômage ".

Concernant l'immigration, le chauffagiste me dit : " J'ai rencontré des mecs formidables, dans les usines automobile où j'ai travaillé. Ils respectaient le travail. Pour les remercier, les patrons les ont mis à la porte, après les avoir bien exploités. Aujourd'hui, leurs gosses nous foutent souvent le bordel ! Il y a un fort chômage, on continue à régulariser des sans-papiers. Je ne comprends pas tout, ou je comprends trop bien. On tire les salaires vers le bas ! ". Le plombier me dit : " Tu vois, quand j'étais môme, on me disait qu'heureusement que les étrangers étaient là pour ramasser les poubelles. Cela m'a toujours choqué qu'on les considère ainsi. Pour deux raisons. D'abord, pour moi ils ne sont pas là pour faire la merde des Français. Et ensuite, je ne vois pourquoi les Français ne pourraient pas ramasser les poubelles, ce qui se fait de plus en plus, c'est mieux que le chômage, non ? " Il rajoute, un peu féroce: " Toi qui es de gauche, tu peux m'expliquer pourquoi tes potes qui réclament la régularisation de tous les sans-papiers bossent presque tous dans la fonction publique, où les postes sont réservés aux Français ? "

Sur l'école, la perte d'autorité des enseignants les consterne. Le plombier me dit : " Avant, il y avait des professeurs qui exagéraient. Mais aujourd'hui, les gosses sont les rois à l'école, et les adultes ont perdu toute autorité. Cela ne peut pas marcher ! ". Le chauffagiste, lui, s'interroge, faussement naïf : " J'ai quitté l'école à treize ans, et je ne fais pas de fautes d'orthographe. Mes petits-enfants sont sans doute plus intelligents que moi, puisqu'ils ont le bac, les profs sont sans doute meilleurs qu'avant, puisqu'ils font plein d'études, alors pourquoi mes petits-enfants font plein de fautes d'orthographe, alors que moi je n'en fais pas ? "

Tous les quatre ont voté " non " au référendum sur le TCE. Seul le garagiste va à des manifestations, et tient un discours proche de celui des militants.

Ils ne supportent pas l'insécurité qu'ils constatent tous les jours, et l'impuissance de l'Etat à y mettre fin. Ils ont tous perdu des points sur leur permis de conduire, et en veulent beaucoup à Sarkozy.

Moi je les connais tous les quatre, mais ils ne se connaissent pas. Pourtant leurs propos, qu'on peut ne pas partager dans leur intégralité, se ressemblent. Ils ont souvent un discours de bon sens, que certains qualifieraient de populiste. Deux d'entre eux apprécient Ségolène Royal, surtout parce qu'elle va piéger les éléphants socialistes qu'ils détestent.

Ils ne lisent pas Respublica, ne vont jamais sur un ordinateur, aiment, outre le travail, leur pays, la bonne vie, la bonne chair, le bon vin, leur famille et les amis.

Pourtant, ils ne se sentent représentés par personne.

Les communautaristes, partisans de la discrimination positive, à droite comme à gauche, ne s'émeuvent pas qu'aucun ouvrier ne siège à l'Assemblée nationale.

Il est vrai qu'ils ne sont que six millions, en France, complétés par sept millions d'employés, et quinze millions de salariés du privé... Mais ouvrier, cela n'est pas assez " fun ", les combats branchés, aujourd'hui, c'est les minorités visibles et le mariage homo.

Évariste

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2 - université populaire laïque

2.1 - Deuxième Université Populaire Laïque

DU VENDREDI 18 AOUT AU LUNDI 21 AOUT, à Annonay (07)
Organisée par l'Union des Familles laïques
A Annonay (Ardèche), au Groupement des Ľuvres Laïques d'Annonay, château du Grand Mûrier

Programme :

Vendredi 18 août

séance plénière 15 h-18 h : le mouvement social, par Bernard Defaix, porte-parole de la Convergence nationale services publics(ex-Guérêt),président d'ATTAC 23.
Soirée conférence à 20H30 : Histoire des idées laïques et républicaines, par Guylain Chevrier, président du conseil scientifique de l'UFAL

Samedi 19 août

Attention : inversion de dernière minute des deux séances plénières

Séance plénière 9 h 30-12 h : l'Europe, par Bernard Teper, président de l'UFAL

14 h - 16 h : Ateliers

Séance plénière 16 h - 18 h 30 : " Les enjeux contemporains du combat laïque ", par Pierre Cassen, membre du bureau national de l'UFAL

Dimanche 20 août

Séance plénière 9H30-12H: " Energie, développement durable ", par Christian Gaudray, président de l'UFAL 33 et Guillame Campioni, chercheur au CEA

14 h - 16 h : Ateliers séance plénière 16H-18H30 : l'école républicaine, avec Marie Perret, professeur de philosophie

Lundi 21 août

Séance plénière 9 h30 - 12h : " Le modèle alternatif au turbocapitalisme ", par Bernard Teper

Renseignements : 01.46.27.09.25, 06.27.17.26.91, et ufalsiege@ufal.org

Union Des Familles Laïques

www.ufal.org

3 - Proche-Orient

3.1 - Le conflit vu par Antoine Sfeir, franco-libanais, et Nissim Zvili, ex-ambassadeur d'Israël en France

Au-delà des idées communément développées dans les médias, notamment français, Antoine Sfeir, franco-libanais et Directeur des "Cahiers de l'Orient", et Nissim Zvili, ex-ambassadeur d'Israël en France, ont apporté, sur RMC, quelques précisions qui peuvent permettent de mieux comprendre le conflit israélo-libanais.*

Antoine Sfeir <http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Sfeir> s'est exprimé le 24 juillet dernier <http://www.1001podcast.com/podcast/RMCInfo/channel49/2407_ggdujour.mp3> (à écouter en podcast), dans l'interview des Grandes Gueules de 13h tandis que Nissim Zvili était interrogé le 31 juillet <http://www.1001podcast.com/podcast/RMCInfo/channel38/310706_invitebourdin.mp3> (à écouter en podcast), dans le cadre de l'émission matinale Bourdin & Co.

Selon Antoine Sfeir, l'Iran cherche à asseoir son leadership sur la région du moyen orient en installant des pouvoirs chiites notamment en Irak et au Liban, sachant que les dirigeants syriens sont eux-même issus d'une branche chiite. Au Liban, la présence de l'influence iranienne passe par la fourniture de missiles et de roquettes au Hezbollah. Il signale notamment que l'Iran consacre environ 70 à 100 millions de dollars par an pour soutenir et armer le Hezbollah. Ce budget est supérieur à celui de l'armée libanaise. Il devient donc difficile de penser que le Hezbollah et ses alliés travaillent pour le bien des libanais. Le Liban souffre de toutes ses présences extérieures. En outre, il indique que le Hezbollah est un mouvement exclusivement chiite dirigé par des gens comme le commanditaire de l'attentat, contre l'ambassade de France à Beyrouth qui avait fait plusieurs dizaines de morts français, au début des années 80, des enlèvements de journalistes français maintenus en captivité pendant plusieurs années et comme le responsable de la mort du journaliste Michel Seurat.

Après avoir fustigé l'attitude du Président de la République libanaise au service des seuls intérêts syriens, et le général Aoun, chef chrétien libanais, connu en France pour ses actions en faveur de l'indépendance du Liban pendant les années 80 et 90, qui s'est bizarrement, rapproché depuis quelques temps du mouvement du Hezbollah afin de conquérir le pouvoir (il considère d'ailleurs que ces deux personnalités devraient comparaître devant des tribunaux indépendants libanais), Antoine Sfeir a clairement expliqué que l'action israélienne pouvait être salutaire pour l'état libanais. En effet, selon lui, Israël accomplit le travail que le Liban ne peut pas faire : l'éradication de la puissance militaire du Hezbollah. Il reconnaît seulement le droit au mouvement chiite d'exister en temps que force politique au sein d'une démocratie libre. Il regrette par contre vivement, les frappes israéliennes sur des cibles civiles et dans des régions sans présence, selon lui, avérée du Hezbollah. Il est intéressant d'entendre le sentiment d'un franco-libanais qui connaît aussi bien les subtilités géopolitiques du moyen orient. Il explique, et par là même justifie, sans doute involontairement, l'offensive israélienne (plus par son action que par son ampleur qu'il considère démesuré) par l'acheminement depuis quelques temps par le Hezbollah et l'Iran d'armes de longue portée au sud Liban destinée à pilonner le Nord de l'état hébreu. On comprend donc que l'incapacité de l'état libanais a appliquer totalement la résolution 1559 demandant le désarmement de toutes les milices libanaises conjugué au stockage par un mouvement terroriste d'armes à la limite de la frontière libano-israélienne ne pouvait qu'aboutir aux événements actuels. Antoine Sfeir considère également qu'une partie importante de la population libanaise de toute confession souhaite la fin de la milice chiite. S'il reconnaît l'action de résistance qu'a pu avoir le Hezbollah notamment entre 1996 et 1998, il ne leur accorde plus ce titre à partir du moment où Israël a quitté le territoire libanais depuis 2000. Il considère que l'action de la milice est désormais une action politique au service de l'Iran et donc la regrette au même titre que celle des politiques libanais qui travaillent pour la Syrie. Il s'interroge, sans donner de début de réponse, sur les raisons qui poussent Tsahal a bombarder des infrastructures libanaises (ports, ponts) dans des régions où il affirme qu'il n'y a pas de miliciens chiites. Est-ce parce qu'Israël tient l'état libanais en partie pour responsable des actions du Hezbollah ? On comprend donc dans l'intervention de cet expert franco-libanais du moyen orient que l'action israélienne peut être un mal nécessaire à partir du moment où elle ne touche pas des civils innocents et des infrastructures d'état.

Il évoque également les liens qui existeraient entre le Hamas, sunnite, et le Hezbollah, chiite. Et il réfute toute alliance. Selon lui, les oppositions sont telles que même leur haine d'Israël ne suffit pas à les réunir.. D'ailleurs, il souligne à quel point les chiites ne portent que peu d'intérêt aux problèmes palestiniens rappelant le massacre inouï perpétré par les chiites à Beyrouth contre les Palestiniens dans les années 80. Il affirme même qu'il s'agit d'actions bien plus terribles et atroces que Shabrat et Shatilat. Tout ceci n'est pas sans rappeler les massacres jordaniens des années 70 envers les Palestiniens. On comprend donc que le conflit israélo-palestinien n'est qu'un prétexte pour tous les fanatiques religieux de la région. On devrait même se demander - question trop rarement posée dans les médias et pourtant essentiel -s'il n'y a pas une volonté délibérée de la part des factions armées de saboter les efforts de paix israélo-palestinien afin de conserver l'élément politique mobilisateur des populations arabes.

Enfin, il regrette, après avoir expliquer à quel point il est difficile pour un journaliste de couvrir un conflit, que le peuple libanais soit trop souvent absent des préoccupations des uns et des autres. On ne peut être que d'accord.

De son côté, Nissim Zvili, ex ambassadeur d'Israël en France et membre du parti travailliste israélien, regrette vivement les événements de Cana. Il signale toutefois, que les bombardements israéliens ont eu lieu vers 1h du matin et que l'immeuble s'est effondré vers 6h du matin. Il s'interroge sur la présence d'explosifs du Hezbollah dans cet immeuble ce qui expliquerait l'ampleur du désastre. Par contre, il ne souhaite pas avancer cet argument pour atténuer les événements. Il serait quand même intéressant de connaître le fin mot de l'histoire sur les raisons de la force de l'explosion. Il est regrettable, encore une fois, que les médias ne cèdent qu'au sensationnel. Ces gens sont morts dans des conditions atroces. Il est essentiel de les secourir, mais est-ce impensable que cette explosion ait été téléguidée par le Hezbollah pour servir sa cause, et faire des martyrs ? Pourquoi cet immeuble a-t-il volé en éclat jusqu'au sous-sol, contrairement aux autres depuis le début du conflit ? Nissim Zvili explique également qu'il ne devenait plus possible pour Israël d'attendre que la communauté internationale se décide à faire pression sur le Liban ou mieux, apporte son aide au Liban pour supprimer la milice chiite. On peut effectivement se demander pourquoi depuis six ans, la communauté n'a-t-elle pas entrepris avec plus de force de désarmer le Hezbollah ? Il aura fallu ce tragique enchaînement pour que l'occident se penche sur le problème. Nissim Zvili, diplomate aguerri, considère que la communauté internationale laisse Israël accomplir le " sale " travail.

Il donne également deux informations très intéressantes. La première concerne la population israélienne. On apprend en effet, qu'entre 300 000 et 800 000 habitants du Nord d'Israël ont été déplacés depuis le début du conflit à cause des tirs du Hezbollah. On parle généralement côté libanais de 500 000 à 1 million de déplacés. On perçoit donc qu'il ne s'agit pas d'une guerre sans conséquence pour l'état d'Israël. Je vous invite à lire, dans le même esprit, l'article paru dans le journal Le Monde <http://www.lemonde.fr/>, " La guerre vue d'Israël " <http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-798942,0.html>. La guerre fait souffrir toutes les populations sans exception. La deuxième information concerne la stratégie employée par l'état hébreu pour éradiquer la milice. Pourquoi avoir privilégié des frappes aériennes forcément moins précises, par rapport à une attaque terrestre beaucoup plus ciblée ? Nissim Zvili explique qu'Israël n'a pas pour ambition d'envahir le Liban. L'objectif n'était pas de déverser des dizaines de milliers de soldats de Tsahal au Liban pour occuper le sud du pays au risque d'entraîner d'autres nations dans le conflit (Syrie et Iran notamment). Il estime que de nombreuses nations arabes modérées comprennent implicitement la démarche d'Israël devant la montée des intégristes aussi bien du Hamas que du Hezbollah. Il insiste sur le fait qu'Israël n'a aucun intérêt à déclencher un embrasement de toute la région. Mais son retrait du Sud Liban en 2000 lui confère une légitimité à vouloir désormais ne plus attendre pour supprimer le mouvement chiite libanais militairement. Il rejoint d'ailleurs les propos d'Antoine Sfeir sur l'importance de l'armement payé par l'Iran et fourni par la Syrie.
Il réaffirme le souhait pour Israël de voir l'état libanais exercer son autorité sur tout le Liban, exprimant beaucoup d'affection pour les Libanais. En outre, il rappelle les propos récents du leader chiite, Nasrallah, qui affirme vouloir tuer un maximum d'israéliens civils. Il est étonnant de ne pas avoir entendu de la part des dirigeants français, pourtant si prompt à condamner la politique israélienne dans les territoires automnes ou au Liban, s'insurger, se scandaliser des appels aux meurtres du Hezbollah (qui n'est toujours pas considéré, sauf erreur, officiellement par la France comme une organisation terroriste).
Cet entretien est également l'occasion de rappeler qu'Israël réclame la présence d'une force internationale au sud Liban, non pas pour faire tampon entre la milice et l'état hébreu, puisque cela est impossible (cf. la FINUL), mais pour assister l'armée libanaise dans une prise en main de l'ensemble de son territoire jusqu'au frontière internationale d'Israël.

Ces deux interventions montrent à quel point les Libanais ont besoin de l'aide internationale aussi lorsque les bombes ne tombent pas sur Beyrouth. Elles illustrent qu'au fond le Liban et Israël aspirent à la paix. Ce sont des voisins qui ont de vrais sentiments de respects mutuels que la folie extrémiste occulte depuis trop longtemps. Il est du devoir des occidentaux de s'employer à offrir à toutes ces populations un avenir serein et prospère bien au-delà des déclarations de circonstances pleines d'opportunités et sans ambition pour cette région si extraordinaire.

Anonyme

3.2 - Manifestation parisienne

Je suis allée voir la manif de cet a.midi (qui partait du Châtelet) et les conversations sur les trottoirs - ligne de partage d'avec les manifestants et clivage symbolique entre militants de gauche, voire de droite (institutrice d'extrême-gauche convertie ... à l' UMP, juive laïque si je peux dire) - montraient bien des militants -de gauche - atterrés par cette démonstration pro palestinienne : "Nous sommes tous palestiniens", "La barbarie, c'est Israël", "Bush, Olmert assassins" autant de slogans qui contrastaient avec les benoîts "Pace" et "Cessez-le-feu immédiat" inscrits sur quelques banderoles. En premières lignes, la LCR aux mots d'ordre musclés, Lutte Ouvrière et Arlette herself, le PC et le député européen Francis Wurtz, des militants du MRAP, de la CGT, des Alternatifs, une poignée de militants d' Attac, une représentante des "Femmes en noir ", bref un cortège d'environ 2000 personnes avec des drapeaux libanais en nombre.

L'instit. UMP criait "Hezbollah assassin" et un manifestant rétorquait " Le Hezbollah, c'est la résistance"; ce dernier mot, on le lisait et on l'entendait, dévoyé par des militants islamistes, par des suivistes, par leurs alliés de l'extrême-gauche et de la gauche qui ont choisi de battre le pavé en réclamant la paix à grand renfort de haine. Imposture.

Lucette Jeanpierre

3.3 - Manifestation lyonnaise contre la guerre au Liban

Tous les jeudis se tient un rassemblement sur la Place des Terreaux à Lyon . A l'appel du PCF , de la LCR , d'Attac-Rhône , de l'UJFP , des associations de soutien au peuple palestinien , de la CGT etc ..

Surtout des drapeaux palestiniens , des banderoles de soutien à la Palestine . Je me dirige vers un groupe de deux femmes voilées et un homme qui porte un drapeau libanais .

Respublica : Puis-je vous interroger , vous êtes libanais ? Pour Respublica.

W: je connais Respublica . D'accord . (L'homme refuse que je mentionne son nom. Je l'appellerai donc W)

Respublica : Est-ce que vous soutenez le Hezbollah ?

W: Bien sûr . Tous les Libanais soutiennent le Hezbollah ! Les Chrétiens , les Druzes , les Maronites , les Chiites , les Sunnites .. C'est un mouvement de résistance nationale , créé pour lutter contre l'occupation israélienne et qui a réussi à libérer le Liban , à obliger Israël à quitter le Liban .

Respublica : J'ai interrogé une chrétienne qui ne soutient pas le Hezbollah .. C'est un mouvement soutenu par la Syrie et l'Iran ?

W: Une chrétienne , par ci par là , ou une autre personne , ce n'est pas la majorité! qui elle ,soutient le Hezbollah ! Pourquoi parlez-vous toujours de religions ? Le Liban est un état où toutes les religions sont représentées , et s'entendent bien entre elles .

Respublica : Pourtant , il y a bien eu une guerre civile interconfessionnelle ? Et Sunnites et Chiites en Irak ? et la guerre entre l'Irak et l'Iran ?

W: C'est l'Amérique qui est responsable de tout ! La Cia , et l'Europe qui sont à l'origine des conflits , ce sont eux et eux seuls qui sont les responsables .

Respublica : J'ai vu une émission sur Arte le 8 /8 2006. Le Hezbollah souhaitait très nettement la disparition d'Israël ?

W: Si ce que vous me dites est vrai .. Je n'ai pas vu l'émission . Ce n'est pas représentatif du Hezbollah .. Ce n'était que quelques militants ..

Respublica : ( j'insiste ) Mais Vous , souhaitez-vous la disparition d'Israël ?

W: ( après hésitation ) Israël est un état raciste , qui traite fort mal sa minorité arabe. Il traite aussi fort mal ses voisins , en prenant leurs territoires .. Cet état - là , on ne le souhaite pas ..

Respublica : Croyez-vous que les états musulmans traitent bien leurs minorités d'autres confessions ? les chrétiens par exemple ?

W: Les états musulmans traitent très bien leurs minorités religieuses . Je connais très bien le sujet ! Vous , vous ne connaissez pas bien, vous mélangez tout.

Respublica : Les frappes israéliennes tuent beaucoup de civils libanais mais les tirs du Hezbollah tuent aussi des israéliens ?

W: Le Hezbollah utilise des armes conventionnelles ! Les Israéliens , eux , utilisent des armes non-conventionnelles .

Respublica : que pensez-vous de la ligne politique de Chirac sur le Liban ?

W: S'il ne s'aligne pas sur la politique de Bush , s'il suit le plan de paix du gouvernement libanais, ce sera bien .

Respublica : Expliquez-moi: comment le Hezbollah peut être le mouvement de résistance de tout le peuple libanais , et pas l'armée libanaise ?

W: Voilà une bonne question . Vous comprenez , c'est comme en France ( guerre 39-45 ) , vous aviez une résistance qui était obligée d'agir seule ? Notre armée ne représente rien, elle est bien trop faible , Israël n'en ferait qu'une bouchée . Le Hezbollah , lui, sait se cacher pour frapper et organiser la résistance .

Respublica : Mais le Hezbollah a des armes ? Qui lui fournit ses armes ? Et il a capturé des soldats israéliens ?

W: Mais il y avait des dizaines de soldats capturés ! Le Hezbollah veut les échanger contre des prisonniers libanais. Nous voulons aussi récupérer les fermes de Chebaa .

Je remercie W de m'avoir accordé cet entretien. Même s'il n'a pas répondu à toutes mes questions.

Mireille Popelin

4 - trotskysme

4.1 - La dérive des Jeunesses Communistes Révolutionnaires (JCR)

L'organisation de jeunesses de la Ligue Communiste Révolutionnaire tient comme à la prunelle de ses yeux à son indépendance vis-à-vis de la " maison-mère ". Cela n'a jamais empêché la direction de la LCR de tout faire pour essayer de la contrôler, quitte à tolérer parfois des divergences jugées acceptables par la majorité.

Aujourd'hui, au sein de la LCR, une tendance sympathisante du Socialism Workers Party (SWP) britannique, qui se signale par sa connivence avec les islamistes (voir FSE de Londres en 2005), est minoritaire à la LCR, mais majoritaire à la JCR.

Sans surprise, on a donc vu ces prétendus trotskystes soutenir l'offensive des islamistes pour défendre le voile à l'école, notamment lors de l'affaire d'Aubervilliers, où les s˝urs Levy trouvèrent dans les JCR (et chez des militants confirmés de la LCR, comme Catherine Samary) des soutiens aussi déterminés que leurs habituels avocats du Mrap Levy-Aounit. On se souvient encore de ce spectacle effarant de la manifestation féministe du 6 mars 2004, qui vit le service d'ordre des JCR protéger, avec les barbus islamistes, les militantes voilées qui, par leur présence, insultaient la cause des femmes que cette journée incarne, dans le monde entier.

Aujourd'hui, trente militants des JCR, dont deux membres du bureau national, vont être exclus de l'UNEF au mois de septembre.

Outre une attitude fractionniste constante, il leur est reproché un ensemble d'agressions physiques contre d'autres militants, notamment ceux de la majorité de l'Unef et des proches de Bruno Julliard, son président, par ailleurs membre du Parti socialiste, proche de Henri Emmanuelli.

Il fut un temps où les violences physiques, au sein du mouvement social, étaient le fait des staliniens, et du Parti des Travailleurs. Elles étaient alors fortement, et justement, dénoncées par la LCR et les JCR.

Le Premier mai, quand, avec d'autres militants d'organisations gauchistes, les JCR ont agressé brutalement, de longues minutes, en les ciblant, des militants de l'UNEF jugés coupables d'être trop proches du PS, on n'a pas entendu de protestations de la maison mère, dont certains militants se vantent d'avoir organisé des agressions contre les stands du Parti socialiste, lors de quelques forums sociaux, notamment à Annecy et dans le Larzac. Les républicains n'ont pas de mots trop durs pour dénoncer la politique social-libérale de la direction du Parti socialiste. Mais ils respectent les militants socialistes qui, souvent de l'aile gauche de ce parti, ont choisi ce parti pour y mener des batailles contre le libéralisme et les injustices.

Les JCR, en défendant les voilées hier aux côtés des islamistes, et en reproduisant les pires fonctionnements staliniens dans les organisations de jeunesse, s'enfoncent dans une dérive sectaire et violente que les observateurs avertis avaient remarqué depuis plusieurs années.

Le silence de la direction de la LCR est assourdissant. Quand les JCR étaient sur le point, dans les années 1990, de passer sous le contrôle du courant animé par Gérard Filoche (aujourd'hui au PS), elle n'avait pas hésité à casser son organisation de jeunesse pour éviter une telle catastrophe (pour elle).

Manifestement, la direction de la LCR est moins dérangée aujourd'hui par les comportements cléricaux et les exactions physiques de sa direction de jeunesse.

Faisons malgré tout confiance aux vrais laïques et démocrates qui militent dans cette organisation pour interpeller leur direction sur les dégâts de son organisation de jeunesse, qu'on retrouve naturellement aux premiers rangs des manifestations pour la Paix au Liban, en compagnie des islamistes du Hezbollah et du Hamas.

Au moins, eux, ils sont rodés depuis longtemps à ce type de fréquentations !

Jeanne Bourdillon

4.2 - De drôles de marxistes

Chaque année, le SWP de Grande Bretagne organise une université d'été qui attire du monde en rapport avec la surface de cette organisation. On connait l'orientation stratégique poursuivie par le SWP en direction de l'islamisme, considérée comme une forme acceptable et déformée d'anti-impérialisme. En GB, cela se traduit par la construction de Respect, qui n'est nullement une alternative socialiste et ouvrière au blairisme, mais plutot un "front unique" (en langage vieux trotsk' on dirait plus précisément un Front Populaire, sans les virugules car c'est bien de cela qu'il s'agit...) avec des forces communautaristes islamistes. Respect a pour figure de proue le politicien aventurier Georges Galloway, un homme bien introduit auprès du défunt régime baasiste de Saddam Hussein. Un homme pour les beaux yeux de qui, le SWP a repoussé le mot d'ordre "un salaire moyen de salarié pour les députés" lors de sa discussion à la conférence de feu la Socialist Alliance, liquidée depuis au profit de Respect. Un homme qui porte haut ses convictions religieuses et se proclame adversaire de l'avortement. Un homme qui déclare que "Respect est le parti des musulmans". Un politicien qui spécule maintenant sur l'éclatement du SSP (Scottish Socialist Party), proposant à Tommy Sheridan de laisser tomber le SSP pour une variante écossaise de Respect ..

Ne reculant devant aucun sacrifice pour attirer un public pieux et pratiquant, cette année, à l'édition 2006 de Marxism, il y avait 2 salles de prière pour les croyants de confession musulmane : une pour les hommes et une pour les femmes !

Faut-il rajouter de longs commentaires sur ce fait et sa portée politique ?

Précision pour éviter tout faux débat :

Arguments Pour Le Socialisme

site.voila.fr/arg4soc/index.html

5 - violence sociale

5.1 - Les encagoulés veulent faire la loi à la piscine de Vénissieux

Le personnel de la piscine de Vénissieux avait interdit l'entrée à un jeune de 16 ans : il avait frappé des agents de sécurité et commis des violences graves, il était bien connu des services de police. Le père de cet adolescent vient alors à la piscine, il menace la directrice de mort " Tu as touché à mon fils, je vais te tuer, mettre le feu à ta piscine " La directrice garde son calme, elle est soutenue par le personnel et la police, mais la tension est grande, des rumeurs circulent sur une attaque annoncée.

Mardi 8/8, vers 18h15, ils sont arrivés masqués, cagoulés (sauf une jeune femme) du fond du parking. Les portes étaient déjà fermées heureusement ! Le commando a été surpris de ne pouvoir entrer. L'expédition punitive a commencé : vitres brisées avec violence, un jeune se blesse sérieusement et saigne...

La courageuse directrice, avec son personnel, fait face : " j'ai fait le 17 et j'ai fait sonner l'alarme, les maîtres nageurs ont fait évacuer les derniers nageurs qui ont pu sortir sans dommage "

La bande s'est alors enfuie, mais le jeune blessé avait laissé des traces qui ont permis de le localiser. Un habitant du 8e arrondissement a eu le courage de dénoncer à la police les membres de ce commando qui lui paraissaient suspects. Bravo pour ce comportement citoyen ! Les douze suspects ont été arrêtés, et c'est tant mieux.

Mais si les portes de la piscine avaient été ouvertes, si ce commando de douze avait pu entrer, et mettre ses menaces à exécution, envers la directrice et les employés ? Le personnel de la piscine de Vénissieux , je le connais bien : je nage dans cette piscine depuis plus de 25 ans !

Alors ce matin, je leur ai apporté mon soutien : les employés ont largement alerté les médias, courageusement, et ils ont bien fait !

Mais j'enrage lorsque j'entends les discours compassionnels, lénifiants envers ces voyous qui pourrissent la vie des quartiers , la vie des gens, qui menacent de mort des employés qui font leur boulot, et le font bien.

Ce matin, le Progrès (journal régional) parle de 10 personnes déférées devant un juge, dont 7 mineurs. Des majeurs qui entraînent des mineurs !

Une violence organisée, préméditée , et qui n'a RIEN de défendable.

Mireille Popelin

6 - santé

6.1 - Lettre au ministre de la Santé

Ma mère, âgée de 93 ans a été transportée aux urgences du CHU Trousseau de Tours le mardi 1er aôut, vers 21heures trente pour une fracture du col du fémur. Après son admission aux urgences, elle a été hospitalisée dans le service de chirurgie plastique et maxilo-faciale, par manque de place en traumatologie. Elle n'a été admise dans ce service que le vendredi 4 août, en fin d'après-midi et aujourd'hui lundi 7 août, elle n'a toujours pas été opérée.

Il m'a été déclaré que le manque de places dans le service traumatologie, ainsi qu'au bloc opératoire étaient la cause de cette situation.Celle-ci constitue un véritable scandale et est inimaginable dans notre pays au 21ème siècle. Je considère qu'il y a là atteinte à la santé, à la vie même d'une personne âgée. Celà ne semble pas poser problèmes au CHU. Il est vrai que la voisine de lit de ma mère âgée de 95 ans a attendu 6 jours pour une fracture identique. Il semble donc que ce soit pratique courante dans cet établissement.

Monsieur le Ministre, j'ai pu constater dans ce CHU le manque de places, un personnel surmené, peu disponible pour renseigner les familles. Ceci est déjà inadmissible quand vous déclarez couramment que la situation à l'hôpital public s'est améliorée et que les leçons de 2003 ont été tirées. Ce l'est encore plus lorsqu'il s'agit de personnes âgées que l'on laisse "croupir" plusieurs jours avec une fracture. S'agit-il d'une situation volontaire? Dans ce cas, à quoi bon vos bons discours sur les personnes âgées, vos mesures soi-disant préventives contre l'isolement. Vous vous donnez bonne conscience, mais la réalité des hôpitaux envers les personnes âgées est toute autre. Vous semblez pratiquer une politique de quotas, dans laquelle les personnes âgées sont envoyées vers une fin plus précoce. C'est peut-être votre manière de faire de la place en maison de retraite pour annoncer des chiffres toujours plus merveilleux.

D'autre part, avec les journées d'hospitalisation se succédant, les coûts vont s'aggraver et la Sécurité Sociale et la mutuelle mis à contribution. Vous ne vous inquiétez pas dans de tels cas des charges pesant sur la protection sociale.

Monsieur le Ministre, le 22 juin dernier, je me suis déjà adressé à vous pour vous signaler que ma mère, hospitalisée pour un problème cardiaque au CHU de Tours avait été dirigée vers le service des maladies infectieuses suite à un manque de places en cardiologie! Décidément, c'est d'une maladie chronique dont souffre le CHU de Tours.

Vous n'avez pas daigné me répondre; aussi, aujourd'hui, j'ai décidé de transmettre mon courrier aux médias afin de faire connaitre comment, malgré les moyens soi-disant suffisants mis en oeuvre par votre gouvernement, avec votre impôt solidarité aux personnes âgées, sont soignés et traités les malades et en particulier, les personnes âgées à l'hôpital public.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de ma considération distinguée.

Bernard Schneider

7 - obscurantisme religieux

7.1 - Un avortement agite l'Argentine

Un hôpital argentin ne pratiquera pas un avortement à une jeune fille de 19 ans retardé mentale, qui a été violé il y a cinq mois, bien que le Tribunal Suprême pensait statuer favorablement. L'histoire de L M. R, dont on connaît seulement les initiales, a créée une commotion dans le pays et a ouvert un débat passionné. Les parents de la fille, qui sont d'origine modeste, ont réclamé dans un premier temps qu'on autorise l'avortement, illégal en Argentine sauf dans des cas exceptionnels, mais deux tribunaux l'ont rejeté pour des questions religieuses. Devant le refus, ils n'ont pas faibli et ont fait appel. Mais au moment où le Tribunal Suprême allait se prononcer en leur faveur, le comité de bioéthique de l'hôpital où était R L M. a décidé de ne pas procéder à l'intervention en alléguant que la gestation était très avancée.

L'avortement clandestin s'est transformé dans la principale cause de décès maternel dans le pays. Selon le Centre d'Études État et Société (Cèdes), 27.4% décèdent pendant l'opération effectué généralement dans des conditions très pauvres . "L'illégalité expose les femmes, spécialement les plus pauvres, à des pratiques qui mettent en péril leur santé et leur vie", conclut le Cèdes.

L'article 86 du code pénal argentin considère que l'interruption de la grossesse n'est pas punissable "quand elle est due à un viol" et que la victime est une femme "débile mentale ou folle". Mais la juge de mineurs, Ines Siro, qui s'est occupé de la cause au début, a dit que "le cas ne rentrait pas dans la doctrine de l'avortement thérapeutique". Le tribunal de deuxième instance a dit la même chose, en invoquant déjà plus explicitement que "l'on respecte" le "droit à la vie".

L'archevêque se fâche

Vendredi dernier, les neuf membres du Tribunal Suprême de Buenos Aires ont rencontré la jeune handicapé à huis clos avant d'émettre leur avis. Tout indiquait qu'ils allaient autoriser l'avortement.

Et c'est pourquoi la réaction coléreuse de l'archevêque de La Plata, Héctor Aguer, ne s'est pas fait attendre. "Le soupçon de que l'enfant puisse naître avec un handicap physique ou psychique n'autorise pas son élimination. Ou peut-être pensons-nous qu'il est possible de produire une humanité idéale?", a-t-il clamé. Pendant ce temps, plusieurs centaines de personnes ont exigé face aux tribunaux de la ville de La Plata qu'on confirme le droit à l'avortement.

"Juges=Inquisition", "nous, les victimes ne sommes pas coupables", "le dogme, la croix et les rosaires, hors de nos ovaires", disaient certaines des affiches portées par les manifestantes.

Après tant de polémique, il n'y a pas eu assez de temps pour qu'entrent en action les médecins. "Une grossesse de cinq mois est près de la naissance", a dit la chef de Gynécologie de l'Hôpital San Martín, Eliana Soria, en justifiant le refus de pratiquer l'interruption. Soria a nié qu'ils aient subi la pression de l'Église. Le ministre de la Santé, Ginés González García, a considéré que ce qui s'est produit est "une tragédie familiale et institutionnelle" parce que la loi "est très claire" et le cas "rentrait totalement dans les standards". Le gouverneur de la province de Buenos Aires, Felipe Sola, a annoncé qu'on donnera une pension à L M. R "parce elle le mérite". En outre, il a promis que la maison de la famille sera arrangée et qu'on donnera une subvention à la grand-mère "pour qu'elle puisse cesser de travailler pour veiller sur sa fille et son petit-fils".

"Vous ne comprenez pas ? Elle a la capacité intellectuelle d'un enfant de 10 ans. Elle ne sait pas qu'elle sera mère et donnera naissance à un fils ", a insisté la soeur de L M. R.

Transmis par Suzy Candido

Anonyme

Source : El Periódico de Catalunya du 08/08/06

7.2 - Une ville italienne envisage des plages réservées aux femmes pour accommoder une partie de sa clientèle musulmane

ROME (AP) -- La station balnéaire italienne de Riccione envisage de créer des plages accessibles au seul sexe féminin pour accommoder des femmes musulmanes qui souhaiteraient ôter le voile et les longues tuniques à l'abris des regards des hommes, ont déclaré jeudi les autorités.

Le Conseil municipal de cette ville de la côte est de l'Italie projette d'autoriser aux hôtels de créer, sur des parties de la côte, des plages interdites aux hommes, séparées par des cloisons, pour répondre aux souhaits du nombre grandissant de touristes en provenance de pays arabes et musulmans.

"Nos plages sont suffisamment grandes pour répondre à ce besoin", a déclaré Loretta Villa, conseillère municipale à l'urbanisme. "Nous vivons du tourisme, et nous ne pouvons survivre si nous ne satisfaisons pas les requêtes de nos clients, surtout ceux qui viennent ici depuis peu".

Cette mesure, que la municipalité est prête à adopter immédiatement, permettrait aux plus pratiquantes des musulmanes d'échapper aux restrictions qu'elles doivent respecter en présence d'un homme, a soutenu Mme Villa.

"Si nous en avions envie, nous pourrions créer une section de plage réservée aux nudistes, ce serait la même chose", a-t-elle ajouté lors d'un entretien téléphonique.

Les séparations ne pourraient en revanche se prolonger dans la mer, où le passage public doit être maintenu. Mme Villa a ajouté que la municipalité envisagerait de permettre la construction de piscines pour que ces plagistes puissent se baigner.

Transmis par Jocelyne Clarke

AP Associated Press

7.3 - Pour un réalisme athée

j'ai lu avec intérêt l'article de Pascal HILOUT dans le ReSPUBLICA n°460. Il pose clairement et très honnêtement l'énorme travail qui reste à faire chez les exégètes démocrates musulmans pour faire admettre enfin une lecture matérialiste des textes coraniques (Coran, Hadith, Sira) pour les replacer dans leur contexte historique, dans la réalité géopolitique de la période couvrant leurs écritures, destructions et réécritures entre le 7ème siècle et le 10ème siècle, et pour remettre à plat leur traduction à la lumière des écritures arabo-syriaques de l'époque pour en montrer les différentes interprétations littérales et contradictoires.

Cependant, à la lecture de cet article, on est pris d'un désir irrépressible de dire à son auteur: "encore un effort! Les religions et les dieux ont été inventées par les Hommes! Il faut le dire, l'admettre enfin, et débarasser l'humanité de ces scories idéologiques, de ces représentations divines autoprojectives et infantiles qui entravent son jugement limpide, sa lucidité d'esprit, jusqu'à son jugement moral et son éthique propres! C'est par cette étude scientifique des textes et contextes religieux (et non sacrés!) que les musulmans, les juifs, les chrétiens et tous les croyants en général pourront relativiser leurs croyances et les soumettre à la réalité du monde, libérer leur pensée et atteindre la vraie fraternité humaine, sans dieux, horizontale et immanente, et reconnaître que l'aventure humaine et l'expérience du monde et du vivant, si elle est fabuleuse et précieuse est fragile, incertaine, hasardeuse, sans but ni finalité transcendante, et qu'elle peut cesser du jour au lendemain, exister ailleurs sur une autre planète, dans une autre des milliards de galaxies de notre univers, sous une forme ou sous une autre, ou même dans un autre univers puisque le nôtre pourrait n'être qu'un univers possible parmi d'autres indénombrables dans un grand vide quantique instable, intemporel, indéfini...

Il suffira d'une gigantesque éruption volcanique comme la Terre en a connue déjà plusieurs, causant la disparition de pratiquement 95% des espèces vivantes sous un flot de pluies sulfureuses acides; ou d'une collision avec un géocroiseur énorme; ou d'un dérèglement climatique totalement chaotique vers lequel nous conduisons irréversiblement la planète par nos surconsommations, ou plus prosaïquement d'un déclenchement irrationnel des haines religieuses à coup de bombes nucléaires, chimiques et bactériologiques!

L'humanité est condamnée à terme, chacun le sait, par la mort du Soleil dans 5,5 milliards d'années qui absorbera alors la Terre; par la disparition du bouclier magnétique terrestre qui dévie les particules cosmiques, à la suite du refroidissement inélucable de son noyau liquide de fer-nickel; par la collison gigantesque de notre Voie Lactée avec la galaxie d'Andromède dans 2 milliards d'années; et à échéance plus lointaine par l'accélération croissante de l'expansion de l'Univers qui retourne au grand vide...

Cessons alors de croire et de faire croire à l'existence d'êtres supérieurs indétectables et transcendants qui auraient créé tout l'univers pour arriver à nos vaines existences afin de se faire admirer stupidement et béatement dans une éternité qui elle-même n'a pas aucun sens physique.

Occupons nous de la survie de notre petite planète, de notre bonheur collectif et individuel; donnons-nous l'amour, la fraternité et la connaissance comme pains quotidiens, et la vie vaudra d'être vécue.

Thierry De Larochelambert

8 - sans-papiers

8.1 - Immigrationnisme militant dans l'outre-mer comme en France

Les dérives des partisans de l'immigration e France touchent aussi la Guadeloupe. L'archipel avait réussi sa transition démographique et sa " révolution culturelle ", notamment grâce à la disparition des maladies graves et à la scolarisation de tous les enfants. Ces progrès sont remis en cause par les conséquences de l'immigration clandestine : le paludisme a réapparu, les maternités fonctionnent en surrégime, les écoles sont en surcharge d'élèves, et nombre de jeunes agriculteurs locaux sont victimes du travail clandestin qui tire les prix vers le bas. Les syndicats et des organisations nationalo-indépendantistes cautionnent cette situation. Sans doute parce qu'ils en veulent au peuple guadeloupéen qui n'a jamais offert une réelle représentativité aux partis indépendantistes hors des élections et a rejeté le changement de statut qui lui avait été proposé en décembre 2003.

Christiane Lezeau

Guadeloupe

8.2 - Dialogue avec Madame Françoise Mériou

Madame,

Votre article m'a beaucoup intéressé (Respublica 457), vu que je suis directement impliqué dans la défense de ces jeunes et leurs familles.

Vous parlez de ceux qui se battent avec les sans papiers pour leurs régularisations, que leurs actions revendicatives est " idéologique et compassionnelle ". Je dirais que leur choix peut être aussi l'un des deux.

Pour moi avant qu'elle soit " idéologique et passionnelle ", elle de l'ordre d'éducation, ou plus justement d'héritage éducative.

En effet je suis issue de familles juives roumaines, dont mes parents ont été des rescapés de déportation. S'étant connu à la Libération dans un camp de regroupement et après s'être rétablis, ils décidèrent de retourner dans leurs familles respectives. Découvrant tous deux qu'ils étaient l'unique survivant de leur famille respective, ils se retrouvèrent dans le même camp et décidèrent d'immigrer en France en 1946.

De cette période mes parents eurent du mal à nous la relater, tant ils l'eurent paru difficile que l'on puisse croire l'inimaginable. De plus une profonde culpabilité

pesait pour chacun d'eux : avoir survécu d'une part, et de ne pas avoir voulu (ou cru nécessaire de) résisté à ce qui était pourtant évidant, croyant que le pire ne pouvait pas être dépassable, d'autre part. Mon père écrivit cette période dans un cahier dont mon frère et moi nous découvriment récemment son existence. Cette façon de se libérer de ce lourd passé et de pouvoir nous le transmettre a été sans doute conseillée par d'anciens déportés qui trouvèrent une manière de s'exprimer là où la parole a du mal à le dire.

Aussi de ce passé, dont nous sentions mon frère et moi les héritiers directes, nos parents nous firent comprendre que l'écoute des autres, leurs histoires, leurs cultures, leurs réflexions, devaient nous interpeller dans une démarche humaine et citoyenne.

C'est pour cette raison qu'aujourd'hui j'essaye d'appliquer ces préceptes

La situation des sans-papiers sont divers : politiques, économiques, inter-etheniques, ... Dans tous les cas ils sont dans des situations de dangers de vie, de détresses morales, de sans-emploies , de famines, ... Leurs pays en but à des guerres, à des régimes dictatoriaux et/ou de corruptions, ou à des pressions extérieures faites par des pays qui ne cherche " que leur(s) bien(s) ", au sens propre et figuré, par l'entremise du Fond Monétaire International (FMI) qui leur impose ce qu'on n'a pas voulu en France dans le Traité Constitutionnel Européen (TCE) : " ... un marché .. où la concurrence et libre et non faussée ", quant il y a marché.

Je vous défi, madame, de me trouver un de ces pays " en voie de développement ", où la liberté de choix politique, économique, et/ou sociale ne soit entravée par les contraintes des pays les plus riches, détenteurs pour l'essentiel du FMI.

Donnez leurs librement des choix politiques et ils ne viendront plus se réfugier dans nos pays où les libertés, les droits politiques, sociaux, culturels, religieuses, ... sont encore préservées, si nous n'y veillons pas.

Je dois vous dire, que dans la Direction et la fonction que vous exercez, vous n'avez pas les moyens que vous voulez. Vous devez vraisemblablement dépendre, directement ou non, d'une Administration indépendante ou pas, d'une Collectivité ou d'un ministère, qui vous donne des directives. Les choix fondamentaux, qui sont politiques, ce n'est pas vous qui les définissez.

Il n'est pas bien de raisonner uniquement à travers sa fonction. J'en sais quelque chose puisque moi-même je suis fonctionnaire.

Je pense que la réflexion citoyenne ne s'arrête pas à la porte de son bureau.

Merci, Madame, d'avoir ouvert une telle réflexion sur un sujet grave et actuel. J'espère en donnant mon point de vue, apporter pour les lecteurs, une réponse aux questions sur les idées dominantes, dont vous vous êtes faits involontairement le porte-parole.

Avec mes meilleurs respects

Un parrain d'une famille de trois enfants

Yves Margenstern

9 - Europe des régions

9.1 - Quelle langue pour l'Europe?

La propagande nous a formatés pour répondre : l'anglais ! C'est à dire une des nombreuses variantes de l'anglais dans le monde ! Disons le "globish" ou langue du commerce et de l'industrie.

Mais avez-vous réalisé qu'il s'agit d'une monstrueuse injustice ? Le professeur Grin, dans son rapport demandé par l'Education Nationale, a calculé que l'anglais rapportait à la Grande Bretagne plus que son pétrole de la mer du Nord : 25 milliards d'euros par an au minimum, le budget de l'UE étant de 116.55 milliards d'euros en 2005 ( voir le site, à la page 7 : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/054000678/index.shtml) : frais d'études de langues étrangères que n'ont pas les anglophones de naissance, accaparemment des postes de responsabilités publics et privés en Europe au seul profit des anglophones de naissance (voyez les annonces pour les métiers de responsabilités : "english native speaker", "english mother tongue only), dans toutes les réunions internationales politiques, commerciales, scientifiques, etc, ils ont l'avantage car leurs interlocuteurs ne maîtrisent pas aussi bien qu'eux la langue anglaise.

Une solution juste existe, recommandée par l'ONU et l'UNESCO : l'utilisation de l'Espéranto comme langue-pont, neutre.

Là encore, la propagande nous met dans la tête que "ça n'a pas marché", que c'est "artificiel", comme si toutes les langues n'étaient pas artificielles !

Alors là, c'est mon dernier mot : tapez esperanto sur un moteur de recherche comme "Google" ou tapez "esperanto.org". Et apprenez les bases de l'espéranto en quelques heures. Après, vous pourrez vous permettre de juger cette langue !

Francis BERNARD

professeur de lettres - histoire -géographie -éducation civique
retraité de l'Education Nationale
enseignant durant 25 ans au collège "Mon Plaisir" à Crécy-la-Chapelle, Seine-et-Marne, après avoir été instituteur à Epinay-sur-Seine, département de la Seine à l'époque.

10 - à lire

10.1 - Baudelaire et la Musique, de Murielle Lucie Clement

Editions Sahar

ISBN : 9973-28-146-2

Il est toujours réjouissant d'avoir des nouvelles de Murielle Lucie Clement.

Murielle est en effet l'exemple type de l'éclectisme et du raffinement.

Un jour, on apprend qu'elle a traversée la Russie en interrogeant à chaque arrêt la population, un autre elle sort un ouvrage d'analyse de l'écrivain Houellebecq, une autre fois la voila dans un colloque sur la gastronomie française pour une conférence sur /" Bartavelles et ortolans " : menu gastronomique et protocole national dans la Russie vue par Andreï Makine, /tout en prenant le temps de monter des opéras à Amsterdam, Moscou et dans les prisons françaises.

Cette fois Murielle Lucie Clément commet une étude de Baudelaire.

Que dis je une étude ! Il eut été trop simple pour notre auteur de se contenter de réaliser la énième analyse littéraire de Baudelaire aussi c'est le musicien qu'elle débusque dans son ouvrage.

On découvre donc un Baudelaire livrant des vers sciemment destinés à être mis en musique.

L'˝uvre du poète est disséquée et toutes les allusions aux instruments de musiques en sont sorties.

On ne lira plus Baudelaire de la même façon.

Et Murielle Lucie Clement de conclure qu' " il serait probablement erroné, mais certainement prétentieux, de vouloir émettre une théorie quelconque au sujet de Baudelaire qui soit nouvelle ou même originale, après tout l'encre que le poète a su faire couler de la plume de ses pairs, thuriféraires et détracteurs. Cependant, quelle que soit la perspective qui nous fasse aborder la thématique de l'˝uvre baudelairienne, si nous acceptons de le faire sans préjugés , l'évidence irréfragable est que la Musique, dans l'expressions les plus diverses (l'image musicale, la métaphore musicale, la métaphore auditive, la suggestion musicale, le symbole sonore, l'écho, le silence etc...) y tisse une trame polyphonique qui transforme irrémédiablement la parole en une symphonie poétique ou se répercute en filigrane l'importance indéniable de la place capitale donnée Euterpe par l'auteur. "

L'ouvrage est donc à lire d'urgence pour celui qui veut avoir la tête dans les étoiles en ces jours où le ciel nous tombe sur la tête.

Nicolas Pomiès

10.2 - " A bonne école ", de Jean-Paul Brighelli

L'auteur de la " fabrique du crétin " récidive, il persiste et signe !

Dès les premières lignes, le lecteur se trouve au c˝ur de la problématique défendue par Jean-Paul Brighelli...Il s'agit de dénoncer la casse de l'école, perpétuée par les " pédagogistes " ! Encore eux !. Au début j'ai eu l'impression de relire une " resucée " de l'˝uvre précédente mais très vite j'ai compris que si l'orientation était la même, il s'agissait pour l'écrivain de formuler- ici- des propositions pour changer la donne et " contrecarrer la dégénérescence de notre système éducatif ".

Philippe Mérieu qui, hasard du calendrier sort un livre de propositions est tancé et dénoncé comme " le principal artisan du désastre "...Est-ce là une obsession ou l'analyse lucide d'une réalité ?

Ne faudrait-il pas distinguer le Philippe Mérieu qui a collaboré avec Claude Allègre sur une orientation condamnée à juste titre par beaucoup de syndicalistes et le Philippe Mérieu développant une critique de l'école ?

Mais revenons au livre de Jean-Paul Brighelli et aux différents axes de transformation développés.

Effectivement la formation des enseignants de tous les niveaux est insignifiante. Qui aujourd'hui serait prêt avec un minimum d'arguments à défendre les IUFM ? :

-Des mouvements pédagogiques estiment que les futurs enseignants n'ont droit qu'à une bouillie avec ces Institut Universitaire ; -quant à Jean- Paul Brighelli, il pointe avec beaucoup de pertinence la non maîtrise des contenus à enseigner par les futurs professeurs des écoles.

Idée " séduisante " que celle qui consiste à promouvoir la création de Classes Préparatoires à l'Enseignement Primaire. L'auteur veut pour cela supprimer les IUFM et intégrer ces CPEP dans les lycées. Attention au terrain glissant pourraient lui rétorquer à juste titre certains de ses collègues : Les syndicats ont troqué à tort les Ecoles Normales d'Instituteurs contre des IUFM si décriés aujourd'hui, ne risque t-on pas demain de voir disparaître avec les IUFM toute formation initiale et continue, les instits perdant là tout cadre structurant !?

Ce livre est intéressant, passionnant même car il nous offre des pistes de changement.

On peut d'ailleurs penser que la pédagogie moderne reste un outil indispensable pour la transformation de l'école et considérer comme l'auteur de ce livre que beaucoup de " fausses réformes " ont eu comme effet d'accentuer l'inégalité des chances . Il n'est pas réactionnaire de critiquer vertement la diminution drastique et irresponsable du nombre d'heures de français ; Il n'est pas réactionnaire de se déclarer partisan du retour à un travail sur la mémorisation ; Il n'est pas non plus rétrograde de demander que l'histoire chronologique reprenne toute sa place dans l'enseignement !

Faut-il en revenir aux fondamentaux ? Oui mais à tous les fondamentaux et pas seulement à un minima appauvrissant !

" Si l'école ne comble pas les insuffisances dues aux différences de fortunes, elle ne sert à rien, sinon à conforter les plus riches dans leur supériorité de classe. Seuls 8% des enfants de milieux défavorisés contre plus de 20% pour les classes " dominantes "

Place à la culture accessible à tous ! Place à un réel enseignement artistique de qualité !

Cette contribution au débat en cours est à lire, à méditer, même si nous avons quelques désaccords avec l'auteur de ce livre ou avec les quelques suggestions de lecteurs de la " fabrique du crétin " présentées en annexes

Edition : Jean-Claude Gawsewitch
324 pages
avril 2006

Jean-François Chalot

10.3 - " Témoignage " de Nicolas Sarkozy

Il se prend pour Dieu. On lui pardonne ! Il se dit gaulliste. Là, il va trop loin !

Dans son dernier ouvrage " Témoignage ", Nicolas Sarkozy se contente d'empiler ce qu'il a déjà, et très largement, évoqué ces derniers mois. Rien de nouveau, mais une confirmation : sa détermination à surfer sur la vague people qui le porte, comme Ségolène Royal, dans cette pré-campagne Élyséenne.

Ce discours de Sarkozy, puisque c'en est un, est axé sur quelques mots clé qu'il veut présenter comme un programme : effort, travail, mérite et aussi oser, tenter, entreprendre. Car lui a un projet, contrairement aux Chirac, Balladur et Jospin en 2002, affirme-t-il.

L'élection présidentielle

Pour mettre tous les atouts de son côté, Nicolas Sarkozy quitte le Gouvernement (Ministère des finances...), choisissant l'UMP plutôt que l'action gouvernementale. Pourquoi ? Réponse sans ambiguïté : " Il fallait conquérir l'organisation qui serait décisive dans la prochaine élection présidentielle ". Cela a au moins le mérite d'être clair. Il va bientôt annoncer son départ du gouvernement dont il est le vice-Premier ministre pour s'occuper de son destin. La France ne vaut plus une messe !

Sarkozy et le peuple souverain

Pour Sarkozy le peuple doit rester souverain. " La politique a sur tout autre forme d'action et d'engagement cet avantage immense, cet intérêt unique et tellement exigeant de se faire avec le peuple, pas contre lui, ni sans lui ".

Qu'il serait agréable de le croire ! Mais l'Europe le rattrape, et il change de ton1 : " La seule solution consiste à négocier un traité institutionnel plus court, limité aux stipulations essentielles permettant aux institutions communautaires de fonctionner ; ces stipulations n'ont été contestées par personne durant la campagne référendaire. Ce traité serait ratifié par voie parlementaire ".Ainsi, ce qu'a décidé le peuple souverain le 29 mai 2005 peut être effacé par la seule volonté de nos élites politiques. Bizarre conception de la démocratie ! Quant au processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne2, il convient de rappeler avec force que Nicolas Sarkozy doit en assumer la mise en ˝uvre en tant que numéro deux du gouvernement. (http://www.gaullisme.fr/turquieetump2.htm)

Sarkozy et l'Europe

Cela s'appelle la solidarité gouvernementale et c'est une vertu, pour peu qu'elle soit respectée, de la constitution mise en place par le général de Gaulle auquel il se réfère en affirmant que l'Union européenne " n'avait pas vraiment les faveurs du Général ", contre-vérité qu'il faut dénoncer avec force. Certes, le Général rejetait la structure fédérale, mais il préconisait, afin que les États gardent leur souveraineté, une structure confédérale3.

Depuis quelques semaines, le discours de Sarkozy sur l'Europe change.

" ... il est exact que la construction européenne, et plus globalement l'ensemble de nos obligations internationales, limitent les marges de man˝uvre au pouvoir national. Certaines réformes sont impossibles si nous n'avons pas l'accord de nos partenaires ou des institutions communautaires. "

N'est-ce pas ce qui a motivé, pour une part non négligeable, l'expression majoritaire du " non " lors du référendum du 29 mai 2005 ?

Quant à la monnaie unique : " Depuis le passage à l'Euro, nos indices d'inflation sous-estiment l'augmentation des prix " avoue-t-il tardivement. " Les Français ne s'y sont pas trompés ".

Il justifie ainsi son action en faveur d'une baisse des prix qu'il dit avoir quasiment imposée, contre vents et marées, aux grandes enseignes de la distribution. Une nouvelle fois il distribue ses cartons rouges : " Aucune entreprise de l'agroalimentaire n'a fait faillite et la loi stupide votée en 19964, qui avait rendu possible cette dérive inflationniste... " précise-t-il en guise de sentence.

Sarkozy et la Vème République

Et puisque tout est mauvais, il condamne nos pratiques constitutionnelles Sarkozy déplore l'instabilité politique que nous subissons depuis 25 ans. " Depuis 1981, les Français n'ont jamais reconduit un seul gouvernement5en place, une situation ignorée de la plupart de nos partenaires européens...

...En vingt sept ans, la Grande-Bretagne a eu 3 Premiers ministres, la France 12 ". Quel mensonge !

Si le Chef du gouvernement britannique est désigné par les électeurs (élections législatives), ce n'est pas le cas en France. Par contre, dans la comparaison, il convient de prendre en compte l'élection du Président de la république française au suffrage universel qui octroie au Chef de l'État une légitimité indiscutable lui permettant d'assurer la continuité de l'État et la sauvegarde des intérêts majeurs de la Nation. Le gouvernement qu'il désigne a pour mission de mettre en ˝uvre les orientations présidentielles.

Oserait-il insinuer que du temps du général de Gaulle, il y a eu 3 gouvernements différents, donc trois politiques distinctes ?

En réalité, l'instabilité politique française qu'il fabule pour justifier sa rupture avec la Vème république n'existe pas. De Gaulle : 10 ans, Giscard d'Estaing : 7 ans, Mitterrand : 14 ans, Chirac : au moins 12 ans.

Bien entendu, la cohabitation est une première verrue aux fondements constitutionnels de la Vème république, la seconde étant, l'instauration du quinquennat. Mais Nicolas Sarkozy ne peut blâmer ces deux verrues ; Il est, au même titre que beaucoup d'autres, responsable et coupable. Il condamne la cohabitation. Ignore-t-il qu'il l'a déjà pratiquée du 29 mai 93 au 11 mai 95 dans le gouvernement Balladur ?

Quant à la constitution, Sarkozy la qualifie d'excellente ... en 1958. " Elle a permis au général de Gaulle d'entreprendre de très nombreuses réformes, au premier rang desquelles la décolonisation ". On ne peut être plus laconique !

Et pour justifier les réformes constitutionnelles qu'il préconise par ailleurs, il regrette " la concentration par la constitution de 1958 révisée en 626 de tant de pouvoirs entre les mains d'un seul homme, le Président " ainsi que le quinquennat qui a " aggravé l'ascendant du Président de la République sur le Premier ministre ". Je ne me souviens pourtant pas de son engagement contre cette réforme proposée par Valéry Giscard d'Estaing, défendue par Jacques Chirac, votée par le parlement7, et ratifiée par référendum le 24 septembre 20008.

Sarkozy le ministre exemplaire

Sarkozy ne laisse le soin à personne de le juger en tant que ministre. Il s'identifie comme le meilleur. Il n'y en a pas d'autres pense-t-il !.

" Quitter un endroit ou une réunion en fixant tout de suite la date de la prochaine échéance est une méthode que j'utilise très souvent pour forcer mes équipes à rester mobilisées dans la culture du résultat " annonce, très sérieux, Sarkozy dans son dernier ouvrage " Témoignage ".

Réforme essentielle du prochain quinquennat ? Que croit-il avoir inventé ? C'est le B.A.-Ba de toute organisation, qu'elle soit professionnelle, politique, syndicale, associative... Mais pour le candidat à la magistrature suprême, le temps est compté. " Chaque fois que j'ai exercé une responsabilité, quelle soit nationale, départementale ou locale, je me suis mis à la tâche à la première minute de la première heure du premier jour et je n'ai relâché mon effort qu'à la dernière...

... j'en ai trop connu, là encore, qui, à l'heure de partir en étaient encore à réfléchir sur ce qu'il convenait de faire ! " Merci pour eux.

Sarkozy et la France

Nicolas fait un rêve pour la France : un exemple de démocratie moderne et responsable. " Le débat au sein d'un même parti n'y sera pas vécu comme une division, mais au contraire comme une richesse ".

Mais qu'attend-il ? Il tient l'UMP par les deux bouts ! Et les courants9 internes permettant le réel débat, dont l'existence est toujours inscrite dans les statuts, mais jamais autorisés par le seul fait du prince ? Et les votes des militants sur les points importants : promesse non tenue, même sur la position du mouvement relatif au référendum européen. Avant de vouloir " gouverner la France démocratiquement ", pourquoi n'instaure-t-il pas une réelle vie démocratique au sein du mouvement qu'il préside ? Vaste programme !

1 Même proposition que Ségolène Royal.
2 Le gouvernement français a autorisé l'ouverture du processus d'adhésion en octobre 2005.
3 Politique européenne du général de Gaulle et plan fouchet. (www.gaullisme.fr/politique_europ_cdg.htm)
4 Ndlr : Loi du 1er juillet 1996 signée de J. Chirac, Chef de l'État, du Premier ministre Alain Juppé, des ministres Toubon, Arthuis, Raffarin, Galland.
5 Ndlr- Rappelons quand même que le gouvernement n'est pas élu. C'est le Président de la République qui arrêt la composition du gouvernement après proposition du Premier ministre désigné par le Chef de l'État.
6 Ndlr - Référendum sur l'élection du Président de la République au suffrage universel. 7 Ndlr : dont Nicolas Sarkozy.
8 Ndlr : 69,3% d'abstention.
9 Art. 15 : " Les Mouvements expriment la diversité des sensibilités politiques, historiques, philosophiques, sociales qui animent la vie politique française et composent l'Union ".

Alain KERHERVE

www.gaullisme.fr