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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°537 - mardi 15 mai 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Sarkozy n’est pas encore président, et toute une partie de la gauche n’a déjà plus de repères !

Ce numéro sort 24 heures avant le passage de pouvoir entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Tous les bilans ont été tirés des deux mandats présidentiels de Jacques Chirac. J’avais moi-même expliqué dans une chronique, il y a quelques semaines, que, malgré tout le mal que l’on pensait de lui, on ne devait pas oublier les trois bonnes choses qu’il a faites, lors de son dernier quinquennat. D’abord son refus de la guerre de Bush en Irak (et le discours de Villepin à l'Onu), ensuite la loi contre les signes religieux à l’école, enfin le référendum pour le Traité constitutionnel européen. J’avais même ajouté que, tout en laissant le doute aux socialistes sur la guerre d’Irak, jamais la gauche, ni Sarkozy n’auraient pris les deux autres décisions.

Le président de la République a donc présidé, samedi soir, sa dernière finale de coupe de France, au stade de France. Il est déjà entré dans l’ère de Sarkozy. En effet, alors que le match ne devait durer que quatre-vingt dix minutes, notre président a dû effectuer une heure supplémentaire, à cause des prolongations, et de la série de pénalties qui a suivi. Eh bien, il a travaillé davantage, sans rechigner, et il n’a demandé aucune heure supplémentaire !

Décidément, tout change, depuis l’élection du nouveau président de la République. Ainsi, le soir de la dite finale, j’étais à Marseille. J’ai vu plein de choses étonnantes. Dans une brasserie, j’ai découvert Dominique Strauss-Kahn attablé avec le candidat local UDF du deuxième arrondissement de la cité phocéenne.

Ensuite, j’ai vu, tout au long de la soirée, des milliers de supporters de l’équipe de football crier qu’ils étaient « fiers d’être marseillais ». J’ai trouvé sympathique, n’en déplaise à tous les grincheux qui, comme Philippe Val, voient dans le football l’opium d’un peuple abruti et le pré-fascisme, cette identification de toute une ville à son équipe. Dans le cas de Marseille, il ne serait pas envisageable de voir, comme à Paris, l’apartheid s’installer dans les tribunes. Il y avait vraiment une communion universelle de toute une population aux origines diverses, derrière son équipe. Je ne pouvais m’empêcher de penser aux débats de la campagne présidentielle, sur la question nationale. Là encore, n’en déplaise à certains spécialistes du mépris du peuple, je trouve sympathique que les Marseillais soient fiers de leur ville et de leur équipe, comme je trouve bien que des électeurs soient fiers de leur pays, de la Nation, de la République, et de l’hymne national. Et cela m'exaspère encore qu'il ait fallu que cela soit un Sarkozy qui dise cela pendant la campagne !

La soirée a été chaude, et la tristesse était grande. Marseille a perdu aux pénalties. J’ai vu beaucoup de dignité chez des supporters réputés chauvins, mais surtout beaucoup de sportivité. Mais j’ai vu aussi les pourrisseurs de fête à l’œuvre. Une cinquantaine de jeunes qui, dès le match terminé, se sont mis à jeter des cailloux sur les forces de l’ordre, et a lancé des fumigènes en direction des brasseries pleines de monde. Début d’incendie, sans l’intervention des pompiers, protégés par les CRS, cela peut être une catastrophe. L’attitude des gens était sans ambiguïté. Aucune hostilité contre les forces de l’ordre, et des jugements sans appel contre les jeunes loubards. J’ai entendu plusieurs fois des gens dire : « Ils nous font chier, ces petits connards. Il est temps qu’ils se fassent enfin calmer ! ». Là encore, cela m'exaspère que la gauche ait été incapable de comprendre cette demande légitime !

Mais il n’y a pas eu que du football, ce week-end, il y avait aussi de la politique. Sarkozy et Fillon continuent leurs consultations. Pendant que Strauss-Kahn mangeait la bouillabaisse avec le candidat UDF à Marseille, le Parti socialiste essayait, dans une ambiance à couper au couteau, de limiter les dégâts pour les législatives.

Il en a du travail, le pauvre François Hollande ! Ségolène veut en finir avec les éléphants, qu’elle accuse de ne pas l’avoir soutenue, et elle veut prendre la tête du parti, et être désignée dès maintenant pour 2012. Autre problème pour le pauvre Hollande, voilà que Sarkozy tente de débaucher des socialistes pour entrer au gouvernement, ou leur confier des missions. Tant qu'il s'agissait du traître Besson, cela allait encore, mais voilà qu’on parle de grosses bêtes comme Védrine, Allègre, voire Kouchner, qui ne disent pas "non" tout de suite, ce qui commence à faire désordre. La direction du PS ne sait plus où elle en est !

Pendant toute la campagne, elle a raconté d’abord que Sarkozy et Bayrou, c’était pareil. Puis elle s’est rapprochée de Bayrou, en disant que Sarkozy était très dangereux pour la démocratie, que ce serait un Bonaparte, et qu’il fallait tout faire pour empêcher sa victoire. Elle s’est engagée ensuite à quinze désistements socialistes en faveur de l’UDF, toujours dans l’esprit de battre l’UMP ! Dans le même temps, la majorité des députés UDF, dont les deux principaux lieutenants de Bayrou, Leroy et Morin, passaient avec armes et bagages du côté de Sarkozy !

Le nouveau président de la République, que le PS et toute la gauche extrême diabolisaient en le décrivant comme un futur dictateur, va donc se permettre le luxe d’annoncer, dans quelques jours, la constitution d’un gouvernement constitué d’UMP, bien sûr, des nouveaux convertis UDF, et peut-être de quelques socialistes débauchés ! Ce serait énorme, et sans doute très jouissif pour lui. Pied de nez à Chirac, pied de nez à Bayrou, pied de nez au PS !

Heureusement, il nous reste une valeur sûre : les Verts ! Eux, ils ne changent pas ! Ils viennent de se prendre la déculottée du siècle, et tombent à 1,5 %. Ils ont trois députés sortants. Le PS leur propose 14 circonscriptions, soit quatre de plus qu’à Chevènement. Les chefs Verts, de Mamère à Voynet, leur disent qu’il faut prendre, que c’est inespéré. Eh bien, leur conseil national, avec l'arrogance et le mépris qui caractérise ce groupuscule, montre des pectoraux qu’il n’a pas, et dit qu’on se moque d’eux, qu'on ne les respecte pas, et que c’est non ! Si les Verts n’existaient pas, il faudrait les inventer.

Le PCF continue, lui, à faire le grand écart, et à répartir les rôles en interne. Pendant que certains font semblant de protester contre le rapprochement avec l’UDF, d’autres négocient avec le PS pour sauver un maximum de postes.

Dans toute cette agitation, Hollande annonce que le PS va s’élargir, à la rentrée, avec plein de forces nouvelles, du centre au PRG et au MRC de Chevènement, pourquoi pas le PCF, dépassant l’actuel parti socialiste. On irait vers une UMP de centre-gauche, accentuant la bi-polarisation de la vie politique française.

Dans un autre registre, de nombreuses contributions parviennent à notre rédaction, suite au désastre du 6 mai.

Bien sûr, plus personne ne peut occulter la coupure de la gauche et du peuple, et le fait que cela soit le candidat préféré du Medef qui ait séduit les classes populaires.

Longtemps, dans ces colonnes, Respublica a, sans concession, dénoncé le mépris des classes populaires, par tout une gauche, qui va de l’axe PS-Verts à l’extrême gauche communautariste. Dans un autre registre, un hebdomadaire comme « Marianne » a mené cette bataille contre l'abandon des valeurs républicaines, au détriment du libéralisme libertaire de la gauche social-libérale.

L’avertissement du 21 avril 2002 n’avait absolument pas été entendu. Le vote du 29 mai 2005 pas été davantage. Le 6 mai 2007 est le troisième tremblement de terre, et celui-là, ajouté aux deux précédents, pourrait faire très mal.

Aujourd’hui, beaucoup admettent que Nicolas Sarkozy a gagné une bataille idéologique contre une gauche molle, incertaine, illisible, bobo, coupée du peuple.

Le débat ne pourra pas s’arrêter à des questions tactiques : la gauche peut-elle aller de Bayrou à Arlette ?

Les vraies questions qui sont devant nous sont, entre autres : Europe, services publics, éducation, immigration, sécurité, social, laïcité, république, nation, énergie, délocalisations, protectionnisme... : on dit quoi, et on fait comment ?

Et on devra répondre sans langue de bois, d’une manière aussi claire que Sarkozy l’a fait, de préférence en disant des choses différentes, si on veut regagner une bataille idéologique que cette gauche a perdue.

C’est ainsi qu’on réussira à reconquérir la confiance des classes populaires, du peuple, sans lequel aucun projet de gauche n’est possible.

Mais aujourd'hui, la coupure est béante, parce que le mépris a été trop profond (lire ci-dessous les articles de Denis Billon, Gaël Brustier et Mireille Popelin).

Respublica, qui a de tout temps signalé ce fossé, continuera, sous Sarkozy, à défendre une conception laïque et sociale de la République, seule réponse aujourd'hui crédible face à Sarkozy et à la faillite de la gauche libérale et communautariste. Nous entendons contribuer, par nos articles, à la reconquête idéologique de la gauche sur des bases républicaines, sans aucune concession pour le gauchisme, le communautarisme et le social-libéralisme. Nous voulons d’une gauche qui ne soit ni bobo, ni gaucho.

A un moment où on a l'impression que tout fout le camp, suite à la victoire de Sarkozy, ce sera notre façon de garder des repères et de contribuer, modestement, à construire une alternative capable de fédérer les classes populaires et l'ensemble du salariat.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Elections présidentielles 2007

1 - Pourquoi Sarkozy a gagné ?

Il est sans doute prématuré de rechercher finement les causes d’une victoire (ou d’une défaite).

Car il est beaucoup plus simple de voir les erreurs souvent monumentales que la gauche a globalement commises, moi y compris. Il deviendra plus problématique de savoir comment y remédier.

Donc je vais m’attaquer à la question frontale. Pourquoi a-t-il gagné ?
Pourquoi a-t-il persuadé un électorat très majoritaire, y compris dans les couches populaires.

Certains nous diront qu’on assiste à un glissement à droite des opinions, et ceci n’est pas seulement valable en France.

Mais il nous faut bien comprendre que ce glissement est la résultante d’une politique économique et de la mondialisation, conjuguée avec l’écroulement des régimes des pays de l’Est.

Je n’ai jamais été un partisan de cet étatisme sans liberté qui y régnait souvent. C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai jamais été communiste alors que le rêve communiste était un très beau rêve. Mais on est tous tombés dans l’économie de marché, destructrice pour l’homme. Et ceci sans aucun contrepouvoir. Le communisme avait cette qualité qu’il permettait aux gens ou aux peuples d’avoir un recours face au fric américain tout puissant. Ce faisant, sous couvert de liberté, on a privilégié la liberté individuelle au détriment de la liberté collective. Et cette liberté individuelle porte un nom : l’égoïsme. Les gens ne pensent plus qu’à leur intérêt personnel, leur promotion, au détriment des autres qu’on est prêt à écraser.

On a développé cela en faisant miroiter la réussite financière. On a fait acheter des actions aux ouvriers, et l’homme ne rêve plus que de fortune. Les gens sont très individualistes. Mais cela fut instauré de longue date, et le poison est distillé depuis bien longtemps. Dans ma jeunesse, la gauche avait dans son programme la suppression des jeux d’argent. Fichtre !

Par les jeux de hasard, par les jeux télévisés, par la star académie, par les combines sans morale. C’est le mythe américain du petit cireur de chaussures devenu milliardaire. D’ailleurs « Sarkozy a fait des petits boulots ». Même si sa propre mère a démenti, disant qu’il a eu une jeunesse dorée. Dans ce contexte, le fait qu’il ait trahi Chirac, qu’il ait piqué sa mairie à Pasqua, c’est un avantage. Les gens se disent qu’il a su se démerder. L’individualisme a provoqué la destruction de l’action collective, l’associatif, le bénévolat, le mutualisme, la coopération, le militantisme, etc.

Je racontais qu’en 1981, j’étais au PS. Dans ma commune, durant au moins deux mois avant l’élection, chaque soir, 10 à 20 militants se retrouvaient pour coller toute la nuit. Cette fois-ci, ils étaient deux.

Pour imposer cet égocentrisme forcené, il y a eu un formidable outil, c’est la publicité, en particulier à la télévision. Ce n’est pas pour rien si Le Lay a parlé d’espace disponible. La publicité est d’abord un outil politique. Des militants socialistes se plaignaient de la chute du militantisme à partir des années 70 et je leur faisais remarquer que cela coïncidait avec le début de la publicité à la télévision.

La campagne s’est déroulée devant les écrans, les groupies des deux bords ont fait la claque dans les meetings mais c’est sans importance pour le résultat. Les gens un peu plus évolués sont allés sur internet. Mais les décisions se sont faites sur le canapé, avec des émissions sans intérêt, mises en œuvre par des journalistes souvent aux ordres et qui privilégient toujours la forme avant le fond.

La publicité télévisée s’est faite encore en créant des personnages sans existence, sans pensée, séparés de la vie politique. On est frappé de voir qu’on nous a montré à la télévision des gens qui n’avaient rien à y faire. Je cite : Tapie, Doc Gyneco, Gérard Miller, le monde du tout Paris, Klarsfeld, etc… Ces gens n’ont de légitime que la télé. Il est symptomatique de voir que les émissions politiques sont menées par des rigolos, certains sympathiques, mais rigolos tout de même : Ruquier et ses comparses, Fogiel, Ardisson, Sébastien, Caué, Stéphane Bern, les Guignols, Groland, Canteloup.

Tous ceux là présentent de façon sympathique la réussite à tout prix. En 2002, Chirac roi des menteurs s’en est bien sorti. En 2007, Le mec sans foi ni loi qui cite pèle mêle Blum, Jaurès, De Gaulle et Bush est perçu comme sympathique.

Les escrocs sont réhabilités, Balkany, Michel Noir, Tapie. Les traîtres aussi, Besson, Seguela, Charasse, Allègre etc.

Avec une telle philosophie, il faut une belle dose de toupet pour annoncer qu’on ne laissera personne sur le bord du chemin. Car la solidarité suppose la morale. Quand on dit qu’on va favoriser ceux qui se bougent, comment peut-on en même temps aider ceux qui sont des accidentés de la vie. Comment fait-on pour redonner un travail et une dignité à ceux qui n’ont pas d’emploi quand on organise un volant de chômage au bénéfice du Medef.

Mais cela, c’est un thème porteur. Les gens ne supportent plus l’Assistanat. Tant d’ouvriers, souvent mal payés, demandent à ceux qui sont dans la panade de se « bouger le cul ». Et à cela une explication, c’est l’échec total de la politique d’équité.

Une secrétaire me disait dernièrement que sa voisine, étrangère et au RMI, qui logeait à côté d’elle, payait son loyer moins cher lui expliquait qu’elle, au bout du compte, il lui restait plus de moyens que d’aller travailler. Pendant longtemps, cela a nourri l’exclusion et le vote extrême. Et ceux là, Sarkozy les a récupérés sans être obligés de créer un ministère de l’immigration. Simplement en laissant penser qu’il va redonner au travail sa noblesse et sa récompense.

Quand il dit que pour toucher une aide, il faut prouver qu’on se bouge, ne croyez pas que ce soit impopulaire, bien au contraire.

Quand il dit qu’il faut réformer les régimes spéciaux, tous ceux qui n’ont pas un régime spécial applaudissent. Et même parfois ceux qui en ont un. « Qu’est-ce que vous voulez ? Il faut qu’on fasse un effort aussi ! »

Quand il parle de sécurité et de Karcher, à l’exception des quartiers directement concernés, il est populaire. Ce qui veut dire que la gauche a eu grand tord d’utiliser l’excuse de pauvreté pour accepter la drogue, les petits délits, les incendies de voitures. Le désespoir n’est pas une excuse. C’est tout au plus une explication.

C’est ainsi que l’écologie est brandie sans réflexion aucune. On veut sauver la planète, on applaudit Nicolas Hulot. Mais on achète un 4X4. On privilégie le transport individuel en réclamant des transports collectifs. On mange bio et on achète toutes les vacheries cancérigènes de l’industrie chimique. Tiens, c’est les amis de Sarkozy qui sont les patrons de ces usines. On nous dit à longueur de spots publicitaires qu’il faut faire du sport, ne pas manger gras, ne pas boire, ne pas fumer, j’en passe pour ne pas avoir la nausée. On explique aux pauvres que ce sont eux les plus gros et que ce n’est pas beau de trop manger. C’est ignoble alors que les filières agroalimentaires sont responsables de ce qu’on mange, font qu’on boive plus, qu’on mange plus, par tous les moyens. Et ces grands capitaux sont aussi aux mains des amis de monsieur Sarkozy, ceux qui mangent avec lui au Fouquet’s des produits sains et bio.

Les gens sont pour de bonnes conditions de travail mais vont dans les magasins le dimanche. Tant pis pour les vendeuses.

Les gens sont contre le travail des enfants mais achètent des outils fabriqués en Chine par des prisonniers. Il y a donc toute une évolution des esprits qui fait que notre société s’est droitisée, et cela n’est donc pas de bon augure pour les année à venir, car il faudrait un effort pédagogique important pour inverser la tendance.

La gauche française a commis des erreurs d’appréciation irréparables. Elle s’est souvent focalisée sur des problèmes de société, importants ou pas, mais qui n’intéressent pas la majorité des français.

Il faut savoir que la majorité des Français ne sont pas hostiles aux homosexuels. Ils souhaitent qu’on leur foute la paix. Mais ils ne supportent plus le cirque médiatique de la Gay Pride ou les mariages à la Mamère.

Il faut savoir que les français ne sont pas hostiles aux sans papiers, mais ils en ont marre du discours de l’ultragauche qui voudrait donner presque plus de droits aux sans papiers qu’aux papiérisés.

Les Français sont partisans de fournir un logement à tous, mais ils ont fini par en avoir assez de l’exposé des tentes du canal Saint-Martin, surtout après que des solutions de relogement aient été trouvées.

Les Français sont conscients que la colonisation fut parfois émaillée d’exactions, et ils étaient majoritairement pour l’indépendance des peuples. Mais ils se demandent si on va leur reprocher jusqu’à la fin des siècles la colonisation, eux qui n’étaient pas nés à l’époque.

Les Français en ont assez de voir des jeunes brandir le drapeau d’un état maghrébin et siffler la Marseillaise. Bref, les Français ne veulent plus de la repentance. Les français ne veulent plus de cette liberté anarchique initiée par mai 68, ils veulent un retour à une morale bien comprise, pas à l’ordre moral, mais le respect de la République. Sarkozy l’a compris. Il dit non à la repentance, à l’assistanat, aux valeurs libertaires qui sont des antivaleurs. Est-ce pour autant un retour à l’ordre moral ? Non.

Sauf que les français vont s’apercevoir qu’il est le plus mal placé pour défendre ce type de République. On le voit depuis deux jours, lui qui ne veut laisser personne au bord du chemin s’en occupe en mangeant au Fouquet’s avec la jet set la plus branchée et la plus fortunée, et en se prélassant sur un yacht d’un richissime qui ne manquera pas de réclamer son dû.

C’est déjà fait avec la suppression des droits de succession pour les plus riches, et le bouclier fiscal, en attendant mieux.

Quand il dit « Je vais réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite », ce n’est pas travail famille patrie, même si on sait que ses penchants l’y poussent.
Quand il dit « Je vais remettre à l’honneur la Nation et l’identité nationale », il récolte les fruits des errements communautaristes de ceux qui s’appellent « les indigènes de la République ».

C’est parce que la gauche extrême a totalement dérivé que les gens se sont laissés abuser, en oubliant que Sarkozy est le candidat des puissances d’argent mondialisées et donc le contraire de la nation et de ses intérêts.

Mais si le débat sur le drapeau tricolore a été en dessous de tout, c’est bien parce que j’ai souvenir que les premiers à le brandir après 1945, c’était les communistes. Lors des meetings du PC, on brandissait des drapeaux rouges souvent, mais à la sortie, on tendait un drapeau tricolore pour ramasser de l’argent. La gauche était fière de son pays et en a maintenant honte. Sarkozy a ramassé la donne. Un certain temps, ce fut Le Pen qui engrangeait. Les gens ont trouvé que Sarkozy, c’était plus présentable. Les alsaciens par exemple, toujours très attachés à leur Province, mais aussi très attachés à la patrie pour des raisons historiques, votaient pour le FN. Ils ont reporté leurs sentiments sur Sarkozy.

Personne ne peut dire qu’il soit raciste Sarkozy. Il a su habilement intégrer dans son staff de jeunes français issus de l’immigration. Il surfe sur le respect de l’autre la compréhension des différences, mais le communautariste qu’il est ne parle surtout pas de laïcité. La gauche s’est aussi engluée à propos de la loi sur le voile à l’école, en défendant les inepties dangereuses du Mrap, voire de Tarik Ramadan.

Sarkozy les déborde des deux côtés, en faisant d’abord croire qu’il appliquera des concepts laïques, mais aussi en flattant les communautaristes.
Il est même capable de dire qu’il va réunifier les pays de la Méditerranée, il a en effet capitalisé les votes juifs et certains votes arabes. Et il promet de faire la leçon aux américains, lui qui était partisan de l’intervention de Bush en Irak.

Il a fait en sorte de rendre floue l’image qui a fait la force de la gauche, la patrie et l’internationalisme, la défense des opprimés et le respect du travail.
Il a réussi pleinement.

Alors face à cela, je le dis solennellement, L’avenir de la gauche passe par les actions suivantes.

Et naturellement, je dis qu’il faudra mettre autour de la table tous les militants. Les communistes ne sont plus communistes et n’ont plus de parti frère. Qu’est-ce qui les différencie des militants socialistes authentiquement de gauche ? Qu’est-ce qui pourrait empêcher un écologiste responsable d’entrer dans ce rassemblement. On a même vu l’extrême gauche s’interroger. Pour la première fois depuis toujours, Arlette Laguiller appeler à voter Royal sans barguigner. Tout en pointant du doigt les différences bien sûr.

Enfin, un parti de gauche, portant les espoirs du peuple, doit se retrouver au contact du peuple. Il faut retrouver, non pas la rue et les banderoles, mais les sonnettes des Hlm et des petites maisons. Il faut s’occuper des problèmes concrets des gens, et les pousser au militantisme. Autrefois, c’était le PC qui jouait ce rôle. Le terrain abandonné, cela laissait libre la voie au FN. Sarkozy a récupéré en paroles. Mais quand il s’agira de faire réellement, ce ne sont pas les bourgeois de l’UMP qui le feront. A nous de le faire. Laissons tranquilles les Bobo qui votent PS, mais allons chercher les ouvriers.

J’aurais la tentation d’être grand-père à plein temps, mais si un espoir d’entamer cette démarche existe, j’y prendrai ma petite place.

Denis Billon

2 - Recherche " mouvement ouvrier " désespérément…

1% des ouvriers ont voté pour le Parti Communiste Français. Thorez, réveille-toi, ils sont devenus nuls ! 24% des ouvriers ont, cette fois, voté pour Ségolène Royal contre 11% il y a 5 ans. Le PS serait-il en rémission ? Ou bien s’agirait-il de ce léger mieux que l’on constate presque toujours à la fin d’une agonie et juste avant la mort ? Derrière ce chiffre faussement rassurant, perce une réalité : à 66% les ouvriers ont voté à droite (UDF - UMP - MPF - FN - CPNT). Au second tour de 1965, le Général de Gaulle – qui avait pourtant créé les comités d’entreprise et la Sécurité sociale et qui reprochait au patronat de ne pas avoir été à Londres – rassemblait 45% des ouvriers. Un chiffre historique pensait-on… Parmi les employés, Ségolène Royal recueille 27% des suffrages. Les droites recueillent, quant à elles, au premier tour, 61% des voix… Peu importe disent les optimistes ! Il n’y a plus d’ouvriers ni d’employés en France ! C’est vrai ! Il n’y en a plus que 60% !

Ces scores du premier tour laissaient donc entrevoir que le second tour était difficilement gagnable et que tous les efforts de la candidate du PS ne pouvaient suffire à compenser la crise structurelle qui touche l’électorat de la gauche. Il y a d’abord cette opposition des deux géographies françaises : celle des zones périurbaines, des marges des aires urbaines, celles qui le 29 mai avait donné la victoire au " non " sur des bases éminemment égalitaires et " sociales " et qui, cette fois, ont voté pour Nicolas Sarkozy. Les communes de ces zones périurbaines connaissent une augmentation majeure du nombre de foyers ouvriers sur leur territoire. Bien souvent précarisés, ils sont ceux dont le temps de trajet pour aller au travail est également le plus important. La France des marges vote Sarko. C’est un fait et c’est un cruel échec pour la gauche. Il y a, c’est vrai, l’exception des " cités ", qui donnent des scores importants à Ségolène Royal… Il y a l’exception de l’ex-ceinture rouge qui voit les villes de Saint Denis ou Montreuil passer du PCF au PS, signifiant une fois de plus à un Parti Communiste aux abonnés absents que l’ère ouverte au Congrès de Tours est refermée… Cités + bobos = vote Ségo… Les villes-centres votent PS : est-il primordial que les socialistes soient majoritaires dans le centre de Paris entre la Rue de Montorgueil et Beaubourg ? C’est sympathique mais pas suffisant, voire inutile ! Car, le PS se fait dépouiller de tous ses bastions ouvriers à l’exception du Pas de Calais. Le grand bassin parisien passe donc au Sarkozysme, comme la Lorraine , comme le Nord… Personne, n’en déplaise à Emmanuel Todd, n’aurait gagné dans ces conditions…

Ajoutons à cette nouvelle implantation géographique de la droite française, un problème " culturel " majeur… La gauche paye, disons-le clairement, une forme de " prolophobie ". Eric Conan avait parlé de " Gauche sans le peuple "... On peut parfois parler de " gauche contre le peuple ". Certains, comme Serge Halimi, ont déjà mis en relief l’extraordinaire astuce d’un Nicolas Sarkozy qui a su s’implanter dans les bastions de gauche comme le Parti Républicain américain a su s’implanter dans les anciens bastions démocrates (ceux des Appalaches par exemple). Cette astuce tient au discours populaire - voire populiste -, simple – voire simpliste – du candidat sarkozyen – mais elle tient aussi aux " goûts simples " du candidat qui préfère Johnny à Cali, Bigard à Bedos ou même Steevie à BHL… Quand on a les goûts du peuple (ou supposés tels), on peut être le copain des milliardaires. Cela, Berlusconi, Bush, Reagan, Haider et quelques autres l’avaient compris avant le maire de Neuilly qui, comme son illustre ancêtre Louis-Napoléon le Petit, " n’a rien de sorcier ", convenons en… Il y a donc aussi, avouons le, un problème de mépris du peuple à gauche. On ne peut pas décrire son peuple comme un tas de beaufs, estimer les ouvriers forcément racistes et vulgaires, imposer aux classes populaires une vision moralisante du monde – pétrie de bons sentiments culpabilisateurs - et s’étonner ensuite que la " Révolte des élites " entraîne celle des masses. Il y donc bien un problème d’osmose entre le parti organique de la gauche et la gauche sociologique.

On peut placer le curseur plus à gauche ou moins à gauche, psalmodier les vertus supposées de la " social-démocratie " (qui n’est jamais qu’un socialisme impuissant mais satisfait), la vérité est fort simple : c’est de logiciel qu’il faut changer pour renouer avec notre histoire : celle des Républicains, celle du Socialisme.

En sociologie ce qui est latent s’exprime souvent le plus violemment qui soit. Chers camarades, la sociologie de notre pays vient de nous péter à la gueule… Cela ne peut que nous faire du bien…

Gaël Brustier

3 - Défaite morale d’une gauche qui a trahi le peuple : plus jamais ça !

La victoire de Sarkozy ne saurait cacher, y compris la mobilisation du corps électoral autour de cette élection, le fait que rien ne soit réglé du côté de la crise de la représentation politique qui affecte notre démocratie. Le choix présenté aux Français lors de cette élection présidentielle, de Sarkozy à Ségolène et au-delà, à travers même celui du premier tour, n’a fait que continuer de creuser le fossé entre le peuple et sa capacité à se sentir représenté dans ses intérêts fondamentaux. Il n’a eu face à lui que des faux-choix. Il a été d’emblée amené à voter pour un moindre mal, encouragé par une puissance de feu médiatique considérable lui faisant procès contre le danger « honteux » d’un Le Pen au second tour. Le vote utile à gauche, incarné par Ségolène Royal, à pu fonctionner à plein, ramenant à sa plus simple expression les partenaires de l’ex-gauche plurielle. L’alternative du second tour se jouait ainsi entre un consensus mou, figure du moindre mal, et une fuite en avant qui l’a finalement emportée. Ce ne fut ici qu’une victoire de la bipolarisation de la vie politique et non de la démocratie, aucun des deux programmes n’envisageant de s’attaquer au système, le choix n’était que dans la méthode. Dans ce contexte, le phénomène Bayrou était à mettre au même compte, nourrissant à merveille une recomposition politique de la gauche vers la droite dans le sens de la fausse alternative d’une démocratie à l’anglo-saxonne.

Victoire d’une droite décomplexée contre une gauche sans vertu.

Nicolas Sarkozy a gagné à la faveur d’une idée, celle du changement, d’un projet politique engagé à droite sans complexe, cohérent, fondée sur la réussite personnelle et la méritocratie, créant l’espoir d’une alternative à la situation de stagnation et de fatalisme actuelle par le moyen d’une politique de recul des acquis sociaux, ceux-ci étant identifiés à un Etat-providence fondé sur l’assistance générant l’oisiveté. Il a offert un discours de convictions à un électorat de droite qui s’y est pleinement reconnue et a même séduit à gauche, à donner le sentiment d’être l’homme providentiel qui allait faire sortir la France de l’impasse du consensus mou et de l’impuissance politique qui étouffe la démocratie depuis trente ans dans notre pays, depuis que les illusions perdues de 1981 y ont laissés la place. Les Français dans leur immense majorité attendaient un message qui fasse bouger les lignes, celles de leur vie quotidienne pas celles des combines politiciennes où la fin justifie toujours les moyens, dont Madame Royal a donné le spectacle, avec François Bayrou en second rôle dans ce mauvais film. Le changement n’est malheureusement venu que de la droite avec sa politique dont rien n’est à attendre que des combats sans merci, à défaut d’une véritable alternative à gauche où le monde du travail, le peuple, auraient pu se reconnaître pour y faire barrage. Finalement, cette c’est cette gauche fade là, déphasée, qui a été le facteur décisif de cette victoire d’une droite en phase avec elle-même.

La candidate à la présidence, en présentant un programme à mille lieux de s’attaquer au libéralisme, « piochant à droite et à gauche » tel que le soulignait le journal « Marianne » entre les deux tours y voyant une qualité d’ouverture de la candidate, a fait dans l’illusionnisme d’une fausse alternative. Une situation qui mettait par contraste en lumière une droite radicale, cohérente dans ses valeurs, sans ambiguïté pour son camp et par là-même, entraînante pour son électorat gonflé à bloc. Le candidat de la droite n’a ainsi gagné qu’à à la faveur d’une gauche incolore et sans saveur, nourrissant la confusion des valeurs et des identités.

Le peuple trahi par une gauche qui le livre à la droite

Le peuple aura été encore une fois lors de ces échéances politiques, dès que l’on gratte le verni des discours, écarté de tout réel accès à la représentation de ses intérêts. C’est bien l’idée d’un autre projet de société à opposer au libéralisme qui est sa seule voie de salut, qui a été le plus mise à mal dans cette campagne à travers une gauche socialiste glissant à droite, pour ne faire de révolution que conservatrice en déplaçant son centre vers l’UDF. Il n’en a été que de l’esbroufe, du clinquant, des fausses envolés au mime des convictions. Nous avons eu le spectacle d’une gauche « attrape tout » à laquelle il ne restait que le jeu de la peur d’un « tous contre Sarkozy » pitoyable, pour espérer gagner. On atteignait alors une sorte de point de paroxysme dans la crise des repères, des valeurs à gauche, préparant inévitablement les lendemains qui déchantent, qu’elle perde ou qu’elle gagne.

Le peuple a été traité avec mépris avant tout dans ce déballage indécent, dans cette mise en scène dont l’histoire retiendra l’immoralité des pratiques politiques poussées jusqu’à l’obscène. Certains militants socialistes interviewés le soir du 6 mai disait sans ambages, « j’ai honte d’être français », je les paraphraserais en disant, « j’ai honte de cette gauche là », sans morale et sans valeurs, démagogique jusqu’au tréfonds, tout ce qu’une démocratie doit honnir. Une gauche qui a fait précisément gagner cette droite là, qui va faire mal aux familles populaires et au monde du travail.

Ceci étant, si tous les dangers pèsent d’effacer de l’histoire les droits conquis jusqu’à leur référence, car la France avec son modèle social et sa capacité de résistance est bien la hantise de ceux qui veulent imposer une nouvelle domination de classe en Europe et dans le monde, il est à craindre qu’on ne le doive pas uniquement au fait que la droite gouverne. Car en réalité, on risque aussi de le devoir à une opposition de gauche dominée par le PS essentiellement préoccupée par une refondation s’inscrivant dans une modernisation de la vie politique qui vise à créer en France une sociale-démocratie à l’allemande ou à l’anglaise, tournant définitivement le dos à l’intérêt des couches populaires. Ségolène expliquait lors de ses déclarations le soir du second tour, que le principal dans cette élection, c’était le renouveau auquel elle avait présidé et que cela n’allait pas s’arrêter. Un programme de transformation de la politique en France pour en finir avec cette tradition du choc « bloc contre bloc », lâché lors de son débat avec Bayrou. François Hollande déclarait au lendemain du 6 mai dans l’émission Complément d’enquête sur France 2, concernant la possibilité d’un accord aux législatives avec le centriste de droite François Bayrou, que la balle était dans son camp. Ce qui est tout aussi inquiétant est que, des Verts au Parti Communiste, on s’inquiète plus des accords électoraux avec le PS que de dénoncer sa dérive droitière.

Une orientation qui vient d’être confirmée par la dernière déclaration de François Hollande dimanche 13 mai dans l’émission France Europe express sur France 3, qui parle d’inventer « un grand Parti socialiste qui couvre tout l'espace qui va de la gauche, sans aller jusqu'à l'extrême gauche, jusqu'au centre-gauche ou au centre", et qui perdrait son appellation de « socialiste » à la faveur de la dénomination de « Parti de gauche ». Autrement dit, en réalité, la fin d’un socialisme français identifié à une gauche porteuse des intérêts du grand nombre, avec pour unique but de gagner l’élection présidentielle de 2012 pour gouverner à droite. Un coup de poignard dans le dos des travailleurs. Ce que révèle finalement ce glissement à droite du PS, c’est le fait qu’aucune organisation à ce jour ne soit à même de représenter le peuple, ceux qui ont intérêt à en finir avec l’exploitation, la loi unique du marché, le capitalisme, l’égoïsme comme idéal de société… De ce point de vue, il est question ici d’une grave atteinte aux libertés, à celles qui sont au cœur de l’idée de démocratie, écrasées derrière la bonne conscience d’une bipolarisation de la vie politique qui n’offre aucune solution d’alternative à la domination d’intérêts tournés contre lui. Il y a un climat de trahison qui transpire de cette gauche socialiste, de plus en plus abjecte, se dévoilant telle qu’en elle-même toute en supercherie, celle de la collaboration de classe qui méprise profondément les humbles, ceux qui ont le plus grand besoin d’être défendue et qui sont livrés par des faux-amis ici à leurs ennemis.

La nécessité d’une recomposition politique qui donne la parole au peuple !

De Téléfilms prônant une Présidente pour la France, aux sondages outrancièrement favorables à choisir comme leader de la gauche la candidate Ségolène Royal, à sa promotion par des médias dominés par le boboïsme ambiant, tout aura été fait pour imposer l’idée : « on a essayé la gauche, on a essayé la droite, essayons une femme… » Un slogan écrasant d’emblée les enjeux de fond et préparant par cet affadissement la droitisation du PS. La Bourse pendant toute la campagne n’a cessé de monter indifférente aux deux prétendants, les milieux d’affaires laissant aux Français le choix de leur Président, car sur le fond par delà les méthodes, c’était pour eux blanc bonnet et bonnet blanc.

Il n’aura échappé à personne que notre nouveau Président a été élu en se réclamant des valeurs de la République. Ceci n’est pas le fait du hasard, mais tient à la portée identitaire de cette référence. Malgré les politiques de droite et de gauche qui l’ont mis à mal, l’Etat républicain assure toujours la solidarité entre les membres de la nation, notre cohésion sociale, ainsi qu’une dignité commune inscrite dans les sillons d’un passé glorieux de révolutions et de luttes sociales, qui ont éclairé l’idée de progrès. Un fait ténu mais pour combien de temps, dans ce contexte de reniement de la démocratie s’écartant de plus en plus de son rôle, qui est originellement de permettre au peuple de choisir son destin ?

A la place de la création d’un « Mouvement démocrate » à la Bayrou, ou de la mystification d’un nouveau parti s’appelant « la gauche » abandonnant l’appellation « socialiste » à la Hollande, il faudrait l’initiation à gauche d’un grand parti populaire antilibéral voire anticapitaliste, national et républicain, social et laïque, internationaliste et universaliste, animé de vraies convictions, pour que dans le champ de la représentation politique le peuple trouve démocratiquement à se faire entendre et à reprendre confiance en lui.

La fausse gauche de Ségolène : une défaite morale devant l’histoire et le peuple.

Sarkozy peut décidément dire merci à Madame Royal. Cette stratégie d’une gauche renonçant à ses valeurs jusqu’à l’imposture n’aura finalement pas été couronnée, comme si l’histoire avait une morale. Porter au pouvoir Ségolène Royal au nom de la gauche rendant victorieuse sa stratégie de virage à droite, aurait sans doute été le plus dur coup porté contre la France et son peuple, contre la démocratie, l’espoir d’une autre politique, du projet d’un autre monde, contre la gauche elle-même. Dans la déclaration des Droits de l’homme de 1793, prévoyant l’oppression exercée par les gouvernants, son dernier article proclame : « l’insurrection est pour le peuple (…) le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». Une invitation à méditer pour ceux qui, à gauche comme à droite, se réclament de lui et violent ses droits et sa dignité.

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

4 - Quatre valeurs essentielles, laissées aux oubliettes par la gauche

Si Ségolène Royal, et donc la gauche dans son ensemble, a perdu cette élection présidentielle, c’est que la gauche a totalement laissé aux oubliettes, depuis de trop nombreuses années, plusieurs valeurs essentielles dans l’esprit de ses électeurs, valeurs qu’elle a remplacées par un salmigondis idéologique flou et très indigeste... Examinons ces valeurs oubliées, et pour tout dire abandonnées par la gauche:

1°) La laïcité :

La laïcité a été l’apport le plus fondamental de la gauche à la pensée politique française au siècle dernier, et également un des apports politiques les plus essentiels de la France au monde entier. Son principe est extrêmement simple : l’Etat ne reconnaît, ne subventionne et ne salarie aucun culte, les religions sont une affaire privée dont la puissance publique ne doit absolument pas s’occuper, chacun étant libre de croire n’importe quoi à condition que cela ne trouble pas l’ordre public et que cela n’amène pas les personnes de telle ou telle religion à demander une législation ou des règlements particuliers . La laïcité n’a pourtant jamais été autant menacée que ces dernières années.

Sarkozy et son enfant chéri , le rapport Machelon qu’il a lui-même préfacé, veut , même s’il a prétendu changé d’avis, se débarrasser de la laïcité et de la loi de 1905, en imposant le financement public des lieux de cultes des "nouvelles religions " en France ( islam , évangélistes etc. ). Par ailleurs ,le TCE, heureusement rejeté par l’immense majorité des Français, aurait irrémédiablement mis fin , par plusieurs de ses articles , à la laïcité telle qu’on la connaît en France. Néanmoins, Sarkozy veut faire voter par voie parlementaire, au mépris du choix du peuple français, un mini TCE dans lequel il y a fort à parier que subsisteront les articles notoirement antilaïques sus-mentionnés. D’autres attaques antilaïques ont constamment lieu en France : limogeage du recteur Morvan, " experts " cléricaux nommés par la CCI de Limoges ( cf mes articles sur Agoravox sur ces sujets ), statue de Jean-Paul II financée sur des fonds publics à Ploërmel etc. et également en Europe (soutien de Javier Solana à l’antilaïque et islamiste turc Abdullah Gül) .

Qu’a fait la gauche à propos de la laïcité ces dernières années ? Le contraire de ce qu’il aurait fallu faire ! On a vu l’institution de " menus musulmans " dans des écoles supposées pourtant être laïques. On a vu Martine Aubry soutenir de façon éhontée l’obscurantisme le plus moyen-âgeux en instituant dans les piscines publiques de sa commune de Lille des horaires réservés aux femmes , sous prétexte de complaire à l’islam. On a vu des maires se prétendant de gauche contourner la loi de 1905 en faisant passer pour des subventions à des associations " culturelles " des subventions destinées en fait à l’édification de mosquées . On a vu une islamiste intégriste voilée au bureau politique des Verts, et José Bosé faire l’accolade à l’obscurantiste islamiste Tariq Ramadan. Les députés qui ont jadis voté la loi de 1905 doivent s’en retourner dans leur tombe !

Combien de centaines de milliers de voix ces dérives aberrantes, si justement dénoncées par Caroline Fourest dans son ouvrage " La Tentation de l’obscurantisme " ont-elles fait perdre à la gauche ? Si Ségolène Royal a vaguement soutenu la laïcité dans quelques-uns de ses meetings, que ne s’est-elle pas attaquée avec pugnacité à ce point faible de Sarkozy pendant toute la campagne et pendant le débat , au lieu de l’attaquer sur des détails ? Pourquoi le PS n’a t-il pas organisé une gigantesque manifestation de défense de la laïcité, à l’instar de celle qui avait réuni 1 million de citoyens contre les funestes projets antilaïques de Bayrou à l’époque où celui-ci était ministre ?

2°) L’instruction publique

Encore une idée fondatrice de la gauche : l’instruction laïque, gratuite et obligatoire . Jules Ferry avait bien compris que des enfants instruits devenaient capables, par leur esprit critique, d’être des citoyens éclairés, et non des moutons prêts à se laisser influencer par n’importe quel démagogue ! Des innovations pédagogiques ineptes malheureusement issues de la gauche ont fait que l’enfant, et non plus le savoi , s’est retrouvé au centre de l’école ! On a voulu que l’enfant " construise son savoir " (comme s’il en était capable !), on a institué la consternante méthode globale de lecture , à l’origine de générations de pseudo-dyslexiques, on a quasiment aboli la grammaire. Les notations sont devenues surréalistes ( j’ai quarante-cinq sur cinquante à ma dictée, me dit fièrement ma fille, j’ai bien écrit quarante-cinq mots sur les cinquante de la dictée ! Je suis bien obligé de lui répondre qu’à mon époque, cinq fautes à une dictée, ça valait un zéro ! ) . La gauche a voulu 80 % d’une classe au baccalauréat, on voit maintenant ce que vaut ce diplôme ( si tout le monde a le Bac, personne n’a le Bac ) .

Le résultat de l’abandon de l’instruction, initié malheureusement par la gauche, c’est un niveau scolaire catastrophique, l’incapacité des jeunes à manier leur langue, qui atteint des sommets dans les banlieues, dont les jeunes utilisent un affreux langage appauvri, limité à quelques centaines de mots ( un patois, pourrait-on dire) à la place du français correct, qu’ils sont incapables de maîtriser, ce qui leur laisse d’ailleurs peu de chances d’échapper au chômage. Il se trouve néanmoins de bons esprits prétendument de gauche pour parler, à propos de ce consternant sabir, de " créativité linguistique " et de " culture des banlieues " ( sic ! ) . Le pire dans cette histoire , c’est que c’est un homme de droite De Robien, qui a commencé à rafistoler cette pétaudière éducative . Honte à la gauche !

3°) La liberté de la presse et la liberté d’expression

On aurait pu imaginer qu’au moment de l’affaire des caricatures de Mahomet et du honteux procès intenté à Charlie-Hebdo par une poignée de fanatiques, la gauche toute entière se serait retrouvée par centaines de milliers derrière ses leaders à manifester dans la rue pour défendre la liberté d’expression menacée, comme l’ont fait les Turcs ces derniers jours ! Hélas qu’a t-on vu à la place ? quelques molles protestations de trop rares socialistes, le silence absolu de l’extrême gauche et des Verts. Encore pire, on a même vu dernièrement, dans un de ses meetings, Marie-George Buffet, candidate du PCF , faire une accolade remarquée à Mouloud Aounit, du MRAP (organisation dont l’acronyme semble de plus en plus signifier " mouvement pour le respect d’Allah et du Prophète " ) lequel Mouloud Aounit, si je ne m’abuse , était un des plaignants contre Charlie Hebdo ! C’est la deuxième mort de Karl Marx ! Alors , Marie-George, on a oublié que la religion est l’opium du peuple ? et que parmi toutes les religions, l’islam est l’une des drogues les plus dures pour le peuple des banlieues ? Marie-George a oublié les bases de la pensée communiste, ses électeurs ont donc naturellement oublié de voter pour elle. La prochaine fois, elle s’en souviendra ( mais y aura t-il une prochaine fois ? )...

Cette inertie de la gauche dans la défense de la liberté contre le nouvel obscurantisme était telle qu’on a même vu Sarkozy se payer le luxe de se poser en défenseur de la liberté de caricaturer ( la caricature est une tradition française, disait-il, comme si la défense d’un des droits de l’homme les plus fondamentaux se résumait à la défense d’une sympathique tradition folklorique française ! )

4°) L’unité et l’indivisibilité de la République

Encore une fois, la gauche a perdu les pédales . En envisageant de signer une charte européenne des langues régionales, Ségolène Royal (et également je crois les Verts ainsi que Bayrou) oubliait un des fondements de la nation française, l’ordonnance de Villers-Cotterêts : la langue du peuple français est le français . Pourquoi ouvrir la boite de Pandore de revendications linguistiques puis, pourquoi pas, nationalistes régionales, en réactivant des langues et patois anciens en voie de disparition ? La France, qui croule sous les dettes, peut-elle se payer le luxe de former et d’embaucher des enseignants pour réactiver au frais du contribuable des langues, certes respectables, mais qui n’ont pas vocation à servir de langue de communication courante ? Si des Bretons , Basques , Corses etc.. désirent que leurs enfants les apprennent à l’école, ils n’ont qu’à s’autofinancer des écoles privées dans ce but, il n’y aucune raison que la République s’occupe de cette question !

Il y aurait bien d’autres valeurs de gauche oubliées par la gauche, mais je ne voudrais pas trop tirer sur l’ambulance, en tant qu’électeur de gauche, malgré tout ...

En conclusion, ce qui a été malheureusement battu ce six mai 2007 par Sarkozy, ce n’est pas vraiment la gauche, c’est une sorte de gauche-Canada dry , un ersatz de pacotille, un brouet idéologique indigeste et vaguement rétrograde.

Si la gauche veut un jour revenir aux affaires il faut qu’elle se modernise tout en redevenant elle même, ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Oui , il faut que se reconstitue une véritable gauche qui soit simultanément républicaine, laïque, écologique et sociale ! Dans l’état actuel de décomposition de la gauche, on peut dire qu’il y a du travail

Source

Dominique Gay

5 - Encore un effort, camarades !

Acheter l'Humanité-Dimanche m'a paru indispensable pour voir comment le parti communiste analyse sa cruelle défaite, son score le plus bas de toute son histoire.

Sur l'Huma p 16 : "Où est passé le vote populaire?"

Voilà une bonne question !

vote générationnel:

Sarkozy l'emporte dans les zones rurales : 67%

Où est passé le vote populaire?

Une bonne partie de ce vote populaire a quitté le PCF depuis longtemps!
L'analyse s'arrête là, elle parle du désir de sécurité (légitime d'ailleurs!) mais pourquoi les ouvriers, les employés ne font plus confiance au PCF ?

Encore un effort, camarades!

Alors les classes populaires qui sont restées profondément attachées aux valeurs de la République laïque, démocratique et sociale se laissent prendre au discours de Sarkozy, qui se sert de Jaurès de Blum etc. pour capter les valeurs d'une gauche REPUBLICAINE que le PCF a abandonnées.

Et voilà comment on perd une élection! Et pourtant, les classes populaires ont besoin d'un PCF fort.

Alors, pour votre analyse, encore un effort camarades!

Mireille Popelin

6 - Respectez le suffrage du peuple

En tant que citoyen, et défenseur de la laïcité je m’indigne devant les actions (dont la caricature est l’occupation de Tolbiac) de certains groupuscules ultra-gauche, encouragés par les propos de groupes trotskistes comme la LCR. Je suis indigné et condamne fermement ceux qui crachent sur la République et vomissent leur haine de la démocratie, en contestant le suffrage universel. Je me dois de rappeler à Monsieur Olivier Besancenot, et aux ultra-gauches, qu’en France, on vote, en toute liberté, pour le candidat de son choix.

Je souhaiterais préciser à ces gens qui haïssent les meilleures traditions de notre pays que l’Article 2 de la constitution précise que la langue de la République est le Français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est la « Marseillaise ». La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Je n’ai pas voté pour Nicolas Sarkozy, mais j’ai le respect du choix du peuple, et mon modèle ne sera jamais celui des partis uniques de Staline, Mao ou Castro, etc., je pense plutôt à leurs victimes.

Vous aimez cracher sur la France, et voir un drapeau français se faire brûler, et entendre la Marseillaise se faire siffler ne vous a jamais posé de problèmes.

Pourtant, c’est grâce au sang versé pour la patrie, notamment lors de la Résistance, que je peux parler aujourd’hui en homme libre, avec une liberté absolue de conscience, et que j’ai le droit de voter, et de choisir mon président de la République, mon député, mon maire, etc. Cela c’est à la République que je le dois, à ceux qui sont morts ou on vécu pour elle. Je souhaite du fond du cœur que ce modèle continuera après mon passage sur cette terre. J’appelle donc tous mes frères républicains à ce que nous condamnions d’une voix unanime les auteurs de ces exactions contre la République. Nous le devons à nos pères et à nos enfants.

Vive la République laïque, Sociale et Démocratique, Vive la France universelle.

André Harris

7 - C’est la faute à Ségo

C'est la faute à Sego. Sa faute entière et non partagée. Tel est le credo d'Alexis Dalem qui avait prédit que si le PS désignait Royal, il perdrait les élections. Un vrai devin! Et d'aligner les contrevérités pour mieux justifier sa mauvaise foi. J'en relève quelques unes.

Non, l'élection n'était pas imperdable. Cette défaite est le résultat non pas des "erreurs" de Ségolène, mais d'un long processus de désaffection de la gauche et de l'incapacité du PS à tirer les leçons du 21 avril et à proposer un Projet stimulant. Royal a, en dépit de ce lourd handicap, réalisé la performance de dynamiser une partie de la population et de susciter une adhésion inespérée chez une majorité de jeunes et dans les grandes villes, dont Paris, où la gauche réalise un score de 50%.

Non, la France n'est pas à gauche. Elle ne l'a jamais été, sauf brèves exceptions. Mais depuis quelques années, ce pays se droitise nettement.
Comme la plupart des pays d'Europe. Nos politologues et analystes de service ont abondamment expliqué pourquoi. Un contexte d'insécurité, de précarité et de mutation profondes favorise toujours les formations conservatrices. Cf l'exemple de l'Allemagne des années 30 et le succès du nazisme.

Une défaite ou une victoire n'est jamais imputable à une seule cause, encore moins à une personne. Et si A. Dalem souhaite réfléchir à une réelle rénovation de la gauche, il faudra qu'il renonce au réflexe" c'est la faute à", pour penser cette défaite. Penser, c'est à dire renoncer au mépris dont il fait preuve et s'élever au dessus de ses antipathies personnelles, pour chercher une juste évaluation de la situation.

Anne Zelensky

3 - combat laïque

1 - Manifestation monstre en Turquie pour défendre la laïcité

Plusieurs centaines de milliers de Turcs, plus d'un million selon la police, sont descendus, dimanche 13 mai, dans les rues d'Izmir, la troisième ville du pays, pour exiger le maintien de la lacité qu'ils estiment menacée par le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste. La manifestation, qui avait été précédée la veille par un attentat à la biyclette piégée non revendiqué qui a fait un mort et une quinzaine de blessés sur un marché de la ville, ajoute à la pression qui s'exerce sur le gouvernement Erdogan à l'approche des élections législatives du 22 juillet. Les manifestants, qui brandissaient des portraits du fondateur de la Turquie moderne Mustafa Kemal Ataturk, se sont réunis sur une place d'Izmir, la troisième plus grande ville de Turquie, située au bord de la mer Egée. Environ 3000 policiers ont été mobilisés pour surveiller les manifestants.

Deniz Baykal, dirigeant du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l'opposition, ainsi que les présidents d'autres partis, devaient participer à la manifestation, qui fait suite à celles organisées, en avril, à Istanbul et Ankara pour le maintien du régime laïque en vigueur depuis les années 1920 dans ce pays musulman.

L'OPPOSITION CONTRE LE SUFFRAGE UNIVERSEL SANS UN DÉBAT PRÉALABLE

La perspective de voir un ancien islamiste, le chef de la diplomatie Abdullah Gül, accéder à la présidence de la République avait déclenché ces dernières semaines de vives protestations des milieux laïques turcs, dont l'armée, qui avait menacé dans un communiqué d'intervenir en cas d'atteinte à la laïcité du régime.

Faute de quorum en raison d'un boycott de l'opposition, M. Gül s'était retiré de la compétition et le Parlement turc avait adopté, dans la foulée, une réforme controversée de la Constitution prévoyant l'élection du président au suffrage universel. Le CHP s'est opposé pour sa part à cette réforme, soutenue par le gouvernement, estimant qu'un débat au sein de la population est indispensable avant de modifier les équilibres institutionnels.

Source

LEMONDE.FR

2 - Images des islamistes chahutant la conférence de Caroline Fourest à Bruxelles, le 14 mars dernier

Nous avons enfin les images de ce débat mouvementé à l'Université Libre de Bruxelles du 14 mars 2007. Caroline Fourest, invitée à parler de son livre sur le "Choc des préjugés (victimaires et sécuritaires)", fait face à l'hostilité de partisans de Tariq Ramadan et de Dieudonné (leurs invectives incessantes ne sont pas toujours enregistrées par le micro), mais ne perd pas son calme, maintient son propos et explique la nécessité de se battre à la fois contre le racisme et contre l’intégrisme, contre Sarkozy et Ramadan, contre Bush et contre l’islamisme…

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ProChoix

3 - Turquie - Débat sur la laïcité... et affrontements pour le pouvoir

En Turquie, l'affrontement entre le parti AKP dit « islamiste modéré », du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, et les partis qui s'y opposent au nom de la défense de la laïcité de l'État, a débouché sur une crise politique.

Du fait du système électoral majoritaire, l'AKP détient la majorité des sièges à l'Assemblée nationale tout en n'ayant obtenu que 34 % des voix dans le pays lors des élections de 2002. Le président de la République étant élu par l'assemblée, cela devait lui permettre de faire élire son candidat à ce poste. Les autres partis s'y sont opposés, invoquant le maintien du caractère laïque de l'État turc. Ils ont été appuyés par l'armée, qui se proclame la gardienne des principes du kemalisme, instaurés à l'issue de la guerre d'indépendance par le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal, dit Atatürk. Deux grandes manifestations appelées pour la défense de cette laïcité ont rassemblé des centaines de milliers de personnes le 14 avril à Ankara et le 29 avril à Istanbul.

En l'occurrence, le choix du thème de la « défense de la laïcité » par les organisateurs de ces manifestations ne relève pas de leurs convictions profondes. Ceux-ci, à commencer par l'armée, portent une grande part de responsabilité dans le renforcement de l'influence religieuse ces vingt dernières années, par exemple à l'école et dans les programmes scolaires. D'autant que l'AKP, qui est depuis quatre ans au gouvernement, se contente de quelques gestes symboliques à l'égard de son électorat, même s'ils indignent à juste titre les partisans de la laïcité, tel le fait pour ses dirigeants de s'afficher en public avec leur épouse voilée.

L'armée et les partis concurrents de l'AKP semblent donc ne se découvrir aujourd'hui une vocation à défendre la laïcité que parce que le poste de président de la République est en jeu, alors que ce poste est en grande partie honorifique, et qu'accéder à la présidence de la République ne donnerait en fait guère plus de pouvoir à l'AKP.

Bien sûr, tout cela n'ôte rien aux sentiments qui pouvaient animer les centaines de milliers de personnes qui ont manifesté à Ankara, Istanbul et dans d'autres villes, et cela même si les manifestants se recrutaient bien plus dans les couches moyennes ou aisées des villes que réellement dans les couches populaires.

L'armée, en particulier, cherche à maintenir sa prééminence dans l'État, renforcée à la suite de son coup d'État de 1980. Elle cherche aussi, toujours au nom du « kémalisme », à imposer ses choix dans la lutte contre la guérilla du PKK au Kurdistan. Ainsi, à la veille de la manifestation d'Ankara, et en même temps qu'il exposait ses vues sur les qualités nécessaires du prochain président de la République, le chef de l'état-major, le général Büyükanit, suggérait que l'armée pénètre dans le nord de l'Irak pour éliminer les bases du PKK et donner une « leçon » au dirigeant kurde irakien Barzani.

Ce qui se déroule est donc avant tout une lutte pour le pouvoir, opposant l'état-major au gouvernement de l'AKP, qui lui-même conteste la prééminence de l'armée. C'est aussi le début de grandes manœuvres avant les élections législatives. Un compromis a été trouvé : ces élections, qui devaient avoir lieu en novembre, ont été finalement anticipées au 22 juillet. Quant à l'élection présidentielle, elle a été repoussée au-delà des législatives, après que le candidat de l'AKP Abdullah Gül a été contraint de renoncer à s'y présenter.

Cela ne sera certainement qu'un épilogue provisoire dans cette crise, marquée par la concurrence entre l'islamisme dit modéré de l'AKP d'une part, et d'autre part des politiciens et des militaires « défenseurs de la laïcité » qui sont surtout des partisans du nationalisme turc et de la guerre contre les mouvements kurdes.

Que des millions de personnes manifestent pour s'opposer à l'accentuation de la mainmise de la religion et des forces politiques qui s'en servent pour imposer une politique réactionnaire et des relations sociales obscurantistes, tant mieux. Les travailleurs conscients avaient toutes les raisons d'être solidaires des manifestants qui se battaient sur ce terrain et qui ne voulaient pas du retour du voile, de l'oppression de la femme, de l'encadrement de la population.

Mais ils avaient, aussi, à expliquer que l'armée n'est pas un rempart contre cette évolution et que la lutte pour le pouvoir entre l'armée et les islamistes, c'est la lutte entre deux forces aussi hostiles aux classes populaires et à leurs intérêts, l'une que l'autre.

Source

André FRYS Lutte ouvrière

4 - extrême-droite islamiste

1 - Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde » (IIIe partie)

Lire la 1ère partie
Lire la 2ème partie

La violence des islamistes : peut-être responsables, mais sûrement pas coupables, selon Burgat

Dans un débat organisé par le magazine l’Express, entre la journaliste et spécialiste du fondamentalisme, Caroline Fourest, et François Burgat, la première n’a pas manqué d’interpeller le second au sujet de ses positions sur le terrorisme du FIS en Algérie. « Dans tous vos écrits, lui avait-elle reproché, vous avez soutenu le Front islamique du salut. Les massacres, selon vous, étaient uniquement imputables à l’armée et au gouvernement. Autrement dit, les islamistes seraient de doux agneaux… », et le fait aussi qu’il ait mis toute « son énergie à dénoncer le complot de l’armée (algérienne) ne sert qu’à une chose : disculper les intégristes de leurs crimes… ». Elle avait un peu plus tôt défini l’islamisme, comme un « mouvement politique qui instrumentalise la religion à des fins liberticides et réactionnaires. »

Voici la réponse du mis en cause. « Nous serions d’accord (…) si vous évoquiez la composante « salafiste », c’est-à-dire la frange sectaire du courant islamiste, et non pas sa totalité. (…) Elle existe. Je la dénonce et je la combats comme vous. »

Voyons maintenant comment François Burgat « dénonce » et « combat » cette tendance de l’islamisme. D’abord, il omet volontairement de porter à notre connaissance que le FIS et ses nombreuses bandes armées sont des salafistes, pure jus. Ensuite, il absout ces mêmes salafistes de leurs longues listes d’atrocités en Algérie : égorger des citoyens, enfourner des bébés, faire exploser des voitures piégés devant les marchés et les lieux populeux, transformer dans les maquis les sabayas (les captives) en esclaves du travail le jour et en esclaves sexuels le soir pour tous les membres du groupe, violer ou sodomiser une femme parfois devant son mari ou ses enfants, avant de la découper, etc. Il fait également endosser la « …responsabilité massive, systématique (c’est moi qui souligne, H.A) de l’armée algérienne dans les massacres qu’elle a attribués aux islamistes ? »

Notre chercheur ne se contente pas de blanchir, comme neige, a posteriori les assassins se réclamant de l’islam politique. Il excuse aussi a priori leurs crimes, en les présentant, comme des victimes. Leur violence ? Elle n’est que le fruit de l’oppression passée et présente du colonialisme, du néocolonialisme et de l’impérialisme qui sont de « véritables machines qui fabriquent des poseurs de bombes » et à « produire de la violence politique ». Malgré cela, les « salafistes » qu’il dit « dénoncer » et « combattre » ne seraient pas passé à l’acte, s’ils n’ont pas été forcés à dessein de se « radicaliser », et s’il ne s’était pas agi de « manipulations, souvent massives, des franges extrémistes de l’opposition islamiste » de la part des régimes musulmans.

Par dépit que les islamistes aient échoué à instauré une islamodictaure à la soudanaise en Algérie, notre politologue décharge sa rage en traitant de « laïco-éradicateurs »[1] les démocrates républicains algériens[2], constituées d’une partie de la gauche et des laïques, ainsi que de l’écrasante majorité des organisations féministes, syndicales et des anciens résistants anti-colonialistes.

Notre auteur cache également à ses lecteurs qu’en Algérie (et dans quelques autres pays musulmans), la répression contre le terrorisme islamiste est menée, depuis les débuts des années 1990, avec la pleine collaboration des Frères musulmans algériens, du MSP, qui comptent plusieurs ministres, dont Abou Djerra Soltani, le président actuel de cette formation politique, dans le gouvernement islamo-conservateur algérien.[3]

Précisons au passage que l’armée algérienne est d’extraction populaire (60% d’appelés du contingent) et ne se réduit aucunement à une poignée de généraux véreux. Elle compte en son sein des milliers d’officiers républicains et une minorité de laïques qui ont combattu le terrorisme islamiste sur une base idéologique : la préservation du caractère républicain de l’Etat algérien.

Selon lui, la violence islamiste serait de tout façon un moindre mal, dans la mesure, où elle vise à l’avènement de la « modernité islamique ». C’est ainsi qu’il cite entre autres le cas de l’interdiction de force, en 1979, par les commandos islamistes, de la mixité dans les excursions à l’université du Caire. Il affirme sans sourciller que cette interdiction correspondait à l’aspiration de la « population universitaire féminine- en l’occurrence une large majorité- pour qui la pratique de la mixité hors mariage n’est pas acceptée ». Il ajoute que « Pour toutes celles pour qui ce qui se passe « sous le voile » (C’est moi qui souligne, H.A) ne se passe à bien des égards que grâce à lui, cette réconciliation va paradoxalement permettre de goûter aux bénéfices d’une indiscutable… modernisation. » D’après lui donc, si ces étudiantes avaient rejeté la mixité, c’était en vue d’échapper au contrôle de leurs familles et d’accéder par conséquent à un mode de vie moderne, notamment de pouvoir satisfaire leurs désirs sexuels, grâce aussi au port du hidjab, qui éloigne d’elles tout soupçon de fornication.

Premièrement, sur quoi Burgat s’est-il fondé pour affirmer qu’une « large majorité » d’étudiantes égyptiennes de cette université avaient refusé la mixité hors mariage ? A-t-il effectué un recensement, parmi elles ? De plus, la citation ci-dessous montre que Burgat confond entre les étudiantes non voilées et les étudiantes voilées, qui sont soit des militantes ou soit des sympathisantes islamistes. Deuxièmement, comment ces mêmes étudiantes utilisaient, d’après lui, le stratagème du port du hidjab, pour pouvoir faire l’amour avec leurs camarades étudiants, en même temps qu’elles refusaient de les côtoyer. Troisièmement, la présence même de ces étudiantes dans cet établissement, où règne la mixité, atteste que cette dernière ne constituait pas un obstacle majeur pour leurs familles.

De plus, le rejet de la mixité par les islamistes ne concerne pas seulement cette enceinte et ce seul milieu, bien au contraire. Dans toutes les universités des pays musulmans, où ils disposaient d’un minimum de puissance (avec l’apport des islamistes non universitaires ou du lumpen-prolétariat), ils avaient imposé ou tenté d’imposer la séparation des sexes. Ils ont également appliqué cette politique en dehors du milieu universitaire. C’est ainsi qu’en Algérie, dans les municipalités qui disposaient de régies de transport, et que le FIS avaient gagnés, en 1990, comme celle de Blida, ce parti avait installé une cloison en plexiglas, au milieu des bus, séparant les femmes (à l’avant) et les hommes (à l’arrière). Nous l’avons vu aussi en France avec leur réclamation, à l’instar des intégristes juifs, des séances de piscine non mixtes, ou la soigneuse séparation des femmes et des hommes, lors des rassemblements et des réunions organisées par eux, même en présence d’un Tariq Ramadan, qu’on présente faussement comme un islamiste modéré ou un musulman libéral.

Voyons maintenant comment François Burgat justifie-t-il la théorie de la violence de Qotb, l’un des idéologues les plus en vue des islamistes du monde entier ? Celui-ci avait appelé, au milieu des années soixante, à suivre l’exemple de l’expérience guerrière du prophète Mohammed, qui avait détruit les symboles du paganisme de la période préislamiste, en Arabie. Qotb en avait tiré la conclusion que pour prendre le pouvoir d’Etat, les « musulmans » (c’est-à-dire les islamistes) devrait recourir à la violence, qui est pour eux plus qu’une nécessité, une obligation. Burgat justifie cette « radicalisation » par les tortures que lui avait infligées le régime de Abdelnasser, avant de l’exécuter, en août 1966. Or Qotb ne pouvait pas ne pas s’inspirer de ses maîtres à penser : Ibn Taymiya, considéré comme le grand théoricien du djihad et Mohammed Ibn Abdelwaheb, dont la doctrine, le wahabisme, fait des ravages dans le monde musulman.

De plus, le régime de Abdenasser tortura tout autant, et emprisonna pour de longues années et parfois, assassinat des communistes égyptiens, qui prônaient et se battaient pourtant pour le socialisme, qui était la doctrine officielle du régime. Pour autant, ces pratiques inhumaines ont-elles amené les communistes égyptiens à excommunier l’ensemble des Etats et des peuples musulmans, comme l’ont fait Qotb et ses semblables ? Non.

Ce sont les communistes et l’extrême gauche des pays musulmans qui ont, depuis les années 1960 et 1970, qualifié les mouvements islamistes de fascistes. Ils l’ont fait en observant un certain nombre de caractéristiques essentielles sur les plans de l’organisation et des méthodes que ces derniers avaient copié sur les chemises brunes de Benito Mussolini et les Section d’assaut d’Adolf Hitler. Il faudrait ajouter les similitudes dans leurs programmes politiques respectifs en faveur d’un capitalisme, pure et dure. Sous couvert de char’ia, c’est-à-dire d’application des préceptes pseudo-divins (car ils sont de fabrication humaine), les mouvements islamistes visent à instaurer un ordre politique et social qui muselle les classes laborieuses musulmanes et interdisent leurs organisations politiques et syndicales de gauches. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les marxistes étaient la cible permanente et privilégiée de des calomnies et des agressions physiques des islamistes, au nom d’ « Allah Akbar !» (Dieu est grand !) et à coup de barres de fer, de gourdins, de sabres, de chaînes à vélo, d’esprit de sel, etc. Ces agressions, qui se faisaient souvent avec la complicité, active ou passive, des régimes en places, entraînaient parfois morts d’hommes. Au début des années 1980, l’étudiant, Kamel Amezal, avait été assassiné, dans la cité universitaire-garçons- de Ben Aknoun, à Alger, à coups de sabre, par un commando islamiste, qui voulait interdire toute activité dans la cité, à part les leurs.

Les islamistes cultivent aussi une véritable névrose envers le sexe des musulmanes. Les islamistes culpabilisent la plupart d’entre elles en les traitant de mauvaises croyantes, voire de dévergondées, de dénudées ou de prostituées, pour l’unique raison qu’elles ne portent pas leur uniforme politique et sexiste. Sexiste, car cet uniforme, qu’est le hidjab, considère non seulement la musulmane comme inférieure au musulman, mais aussi parce qu’il les considère tous deux, non pas avant tout comme des êtres humains, mais d’abord comme des sexes.

(à suivre)

Notes

[1] Ce sont les réconciliateurs algériens, français et des ONG des droits de l’Homme, qui ont appelé « éradicateurs », les démocrates algériens opposés à l’instauration d’une théocratie islamiste et ultra-libéral en Algérie. Ils voulaient par cette appellation leur attribuer mensongèrement la volonté de persécuter indistinctement tous les militants et les sympathisants, voire les électeurs du FIS, alors que l’objectif des forces antifascistes algériennes était d’éradiquer le terrorisme de ce parti.

[2] Les démocrates anti-islamistes s’étaient, à un moment donné de la lutte contre l’islamofascisme du FIS, autodésignés ainsi, afin de se distinguer aussi bien de la frange du pouvoir opposé au FIS que des démocrates, qui se sont compromis avec lui, et qu’ils ont rangés sous l’étiquette « réconciliateurs », parce que ceux-ci avaient pris fait et cause pour le FIS.

[3] Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas tout le pouvoir algérien, avec ses principales composantes et centres de décisions, en premier parmi les forces de sécurité et le FLN, qui était opposé à l’accession du FIS au pouvoir. Ainsi, les réconciliateurs étaient représentés dans le pouvoir par les hommes de l’ancien président de la république, Chadli Bendjedid, y compris parmi les chefs de l’armée algérienne, par les hommes de Mouloud Hamrouche, ancien Premier ministre, par Abdelhamid Mehri, alors secrétaire général du FLN, par l’islamiste, Abdelaziz Belkhadem, alors vice-président, puis président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, Premier ministre…

Hakim Arabdiou

5 - débats républicains

1 - L'urgence énergétique (V): Défis financiers et écologiques

Après l'inventaire énergétique des énergies renouvelables (volets II et III dans ReSPUBLICA 519 et 524) puis de l'énergie nucléaire (volet IV dans ReSPUBLICA 527), nous abordons ici les questions financières (coûts d'investissement et de production) et écologiques (rejets de gaz à effets de serre) des énergies nucléaires et renouvelables.
Rappelons les unités employées :
énergie : 1 TEP (une tonne équivalent pétrole) représente une énergie de 11600 kWh ; 1 MTEP (mégaTEP) vaut 11,6 TWh (un térawatt-heure = 1 milliard de kWh). puissance : 1 gigawatt GW = 1000 mégawatts MW ; 1 MW = 1 million de watts

1. L'EPR, une filière coûteuse, inutile et contre-productive

1.1. Surcapacité de la production électrique de base

La France est déjà en situation de surcapacité de production électrique depuis plusieurs années :
la puissance totale des installations de production électrique en 2004 est 116,8 GW, répartie de la manière suivante: nucléaire 63,4 GW ; gaz-fioul-charbon 21,3 GW ; cogénération 6,3 GW ; hydraulique 25,5 GW ; éolien 0,4 GW 1 (notons qu'en 2006, la puissance électrique totale éolienne + photovoltaïque a atteint 2,4 GW 2) ;
la pointe maximale de puissance électrique appelée sur l'ensemble du réseau électrique français a été atteinte de 84,7 GW en 2003, tandis que la puissance électrique minimale appelée a été de 30,8 GW en août 2005, plus élevée qu'en 2001 et 2006 2.

Une telle surcapacité n'est pas seulement inutile mais elle coûte aussi très cher à entretenir et oblige EDF à vendre les surplus sur un marché de l'électricité libéralisé aléatoire, sujet à de fortes fluctuations et à de fortes spéculations, sans aucune visibilité à court ni à moyen terme.
De plus – et c'est un problème plus fondamental pour l'avenir –, elle produit des rigidités structurelles élevées dans la gestion des flux d'énergie électrique au lieu de les adapter aux fortes variabilités de la demande, ce qui génère de fait des surconsommations électriques très importantes dans notre pays et les rend elles-mêmes quasi-structurelles, voire indispensables pour absorber les productions électriques non modulables comme celle des centrales nucléaires.
Il en résulte une propagande commerciale inouïe pour tous les dispositifs anti-économiques et incohérents du point de vue physique tels que le chauffage électrique domestique (même paré de toutes les vertus de la régulation par pièces Promotélec, Vivrélec, etc) ; les appareils de chauffage électrique d'appoint ; les pompes à chaleur air-air ou air-eau, grosses consommatrices d'électricité du fait de leur coefficient de performance déplorable, inadaptées aux périodes hivernales pour raison de givre sur les échangeurs ; les climatiseurs mobiles et ventilateurs (catastrophiques et sans intérêt) ; les installations de climatisation domestique et tertiaire (on se souvient des appels dérisoires à la climatisation d'urgence des maisons de retraite lors de la canicule de l'été 2005) ; sans parler des opérations publicitaires commerciales pour les téléviseurs à plasma, particulièrement énergivores ; les sèche-linges inutiles dans l'habitat individuel et évitables dans l'habitat collectif ; les appareils en veille qui perdent la mémoire dès qu'on les débranche ; les équipements informatiques surconsommateurs (télévision et téléphone par modems ADSL, jeux vidéo sur ordinateur, tous branchés en permanence sans nécessité, etc.).
Cet excès d'équipements et de consommations électriques inutiles est utilisé pour justifier a posteriori le suréquipement en centrales nucléaires et plus particulièrement la construction du premier réacteur EPR de 1600 MW à Flammanville (Basse-Normandie), prélude à une série de réacteurs EPR que la société Areva envisage de construire en France en remplacement des anciens REP, davantage pour son plus grand profit que dans l'intérêt de la France.

1.2. Un investissement trop lourd et trop lent

Le coût de construction de l'EPR de Flammanville estimé par EDF est de 3,3 GEuros (milliards d'euros), soit 2062 Euros/kW pour un prix de revient officiel de l'énergie électrique produite de 46 euros/MWh (4,6 centimes d'Euros/kWh) à raison de 11 TWh/an 3. Rappelons que le coût du kWh nucléaire en France comme dans la plupart des pays est fortement sous-évalué par le fait que les grands investissements dans les recherches et le développement nucléaire depuis la Deuxième Guerre mondiale ont été massivement pris en charge par les budgets nationaux et les dettes des opérateurs publics épongées par l'État ; qu'il n'inclut pas le coût réel du démantèlement des centrales (voir le volet IV de cette étude) ; que les assurances en cas d'accident nucléaire et de contamination radioactive ne prises en charge que très partiellement.
Il est intéressant de comparer cet investissement à celui que la société EDF-Énergies Nouvelles réalise actuellement dans le parc éolien du « Chemin d'Ablis » le long de l'autoroute A10, comportant la construction de 26 éoliennes de 2 MW chacune pour un montant total de 75 millions d'euros, soit un coût d'investissement de 1442 Euros/kW. Avec le montant de l'investissement prévu dans l'EPR, EDF pourrait donc installer une capacité électrique éolienne terrestre de 2288 MW permettant de produire environ 5,95 TWh (milliards de kWh) par an à plus faible coût (voir plus loin).
Un plan d'investissement énergétique alternatif publié le 25 avril 2006 par un bureau d'étude spécialisé dans la maîtrise de l'énergie et dans les énergies renouvelables 4 évalue à 22 TWh/an le potentiel d'économies d'électricité et de production électrique renouvelable réalisable avec le même investissement, c'est à dire le double de la production annuelle prévue du réacteur EPR, tout en générant 15 fois plus d'emplois que n'en demandera la construction et le fonctionnement du réacteur.
Le rapport très documenté et pondéré « Éole ou Pluton » élaboré en 2003 par l'association DETENTE 5 à partir des données officielles gouvernementales et des industries nucléaires et éoliennes calcule le montant réel des investissements dans l'EPR et dans l'éolien suivant trois variantes technico-commerciales (favorable, défavorable, moyenne), incluant tous les coûts d'investissement, de fonctionnement, de maintenance, de remplacement et de fin de cycle (retraitement, démantèlement) actualisé sur 60 ans (durée de vie très hypothétique d'un réacteur EPR). Le coût total actualisé s'élève alors à 4,745 GEuros pour un EPR 1550 MW produisant 10,2 TWh/an (facteur de charge 75%) à 64,9 Euros/MWh. Il correspond à l'installation d'une puissance éolienne totale (terrestre et maritime) 4,9 fois plus élevée (7616 MW) produisant annuellement 2,3 fois plus d'électricité (23,8 TWh/an) à 42,6 Euros/MWh.
Sur le plan social, la création d'emplois dans la construction et le fonctionnement de l'EPR sur une durée de vie hypothétique officielle de 60 ans est 4,7 fois moins grande que dans le programme éolien équivalent (133 477 et 630 339 emplois respectivement) ; en données actualisées, le ratio éolien/nucléaire n'est plus que de 2,0, ce qui reste tout de même très favorable à l'éolien. Le grand intérêt de cette étude réside dans l'application de la même méthode de calcul économique, énergétique et financier aux deux types d'énergie, et dans l'inventaire très minutieux de tous les coûts à partir des données réelles et officielles.
D'une manière générale, l'industrie nucléaire étant fortement capitalistique génère peu d'emplois en comparaison de toutes les autres filières électriques, fossiles ou renouvelables. Le taux d'emploi EDF dans l'EPR est évalué à 35/(TWh.an) ; les activités de maintenance, rechargement génèrent 75 emplois/TWh, et la construction entre 5000 et 8000 emplois.
De plus, la construction d'un réacteur nucléaire de la taille de l'EPR, officiellement de 5 ans, demande plus vraisemblablement entre 7 et 10 ans d'après toutes les expériences mondiales et les contraintes techniques et juridiques réelles (8 ans dans l'étude 5), tandis qu'un programme équivalent de turbines éoliennes est construit en un an en Allemagne, rembourse l'énergie de sa construction en 6 mois et produit l'équivalent de 10 ans d'énergie électrique d'un EPR avant que celui-ci n'entre en service: de tous les modes de production électriques, l'énergie nucléaire est la plus lourde à mettre en oeuvre, l'énergie éolienne la plus rapide.

1.3. Le MOX, combustible coûteux, proliférant et à risque

Depuis 1987, EDF inclut une fraction plus ou moins grande de MOX (mélange d'oxydes d'uranium appauvri et de plutonium) dans les barres de combustible de certains réacteurs à eau pressurisée. Depuis 2002, 19 à 20 réacteurs fonctionnent déjà à 30% de MOX ; il en serait de même pour les charges initiales de l'EPR, mais EDF prévoit de monter à 100% de MOX à plus ou moins longue échéance dans ce réacteur 6.
Nous avons déjà évoqué les problèmes de sécurité que pose ce combustible (cf. volet IV) du fait du taux de neutrons rapides plus élevé du plutonium. Nous examinons ici son coût financier et plus largement celui de ce qu'il est convenu d'appeler « l'économie du plutonium ».
Au lieu de procurer une économie, l'usage du MOX génère au contraire un surcoût de fonctionnement des réacteurs nucléaires. C'est ainsi que dès 1989, EDF chiffre à environ 2,3 MF le coût supplémentaire sur dix ans, mais décide de maintenir son accord avec la Cogema (Areva NC) pour utiliser le MOX pour éviter « les conséquences dommageables pour l'option nucléaire dans son ensemble » 7.
D'autres organismes, tels le M.I.T. (USA), estiment le combustible MOX 4 fois plus cher que le combustible UO2 enrichi habituel 8.
Le rapport CHARPIN (Commissariat au Plan), DESSUS (Ecodev-CNRS), PELLAT (CEA) remis au Gouvernement en 2000 fait un bilan exhaustif et rigoureux de l'ensemble du cycle nucléaire et du programme électronucléaire français 9. Il montre qu' « un écart d'un facteur supérieur à 3 apparaît entre la stratégie sans retraitement (...) et la stratégie MOX 28 tranches », et conclut : « la poursuite de la stratégie française de retraitement-recyclage, si elle est complètement mise en oeuvre sur le parc existant (28 tranches moxées), et dans des conditions optimales de fonctionnement de la Hague (s'agissant de son plan de charge) permettrait, sur la durée de vie du parc actuel considéré de manière isolée, et par rapport à un arrêt du retraitement en 2010 : - une économie d'uranium naturel de 5%; - une réduction des quantités de plutonium + américium à stocker de l'ordre de 12 à 15% selon la durée de vie du parc. Ces réductions seraient possibles au prix d'un surcoût global de 1% et d'un rallongement du temps d'entreposage de certains des déchets produits, le MOX irradié devant en particulierêtre entreposé jusqu'en 2150-2200, avant son stockage définitif ». Autrement dit, le retraitement n'apporte guère d'économie alors qu'il renchérit le coût du kWh. Le coût du kWh sans retraitement y est évalué à 13,65 cF au lieu de 15,28 cF à l'époque. L'étude des divers scénarii énergétiques (arrêt des centrales au bout de 30 ans, 45 ans, 50 ans ou renouvellement du parc électro-nucléaire; forte ou faible demande électrique; faible ou forte tension internationale sur les prix des énergies fossiles) conduit les auteurs à la conclusion qu'il n'y a pas de besoin de renouvellement du parc nucléaire avant 2020, et que la suite dépend essentiellement des investissements qui auront été faits dans l'efficacité énergétique, les économies d'énergie et les énergies renouvelables 10.

La conclusion généralement admise dans les publications internationales est ainsi résumée dans 11 : « Finalement, les coûts du recyclage du plutonium sont élevés en comparaison avec l'usage unique dans les réacteurs nucléaires, faisant de l'usage du plutonium dans le combustible MOX une option non rentable pour la gestion du plutonium ».
Enfin, l'utilisation du MOX, en impliquant le retraitement des combustibles irradiés pour en extraire le plutonium de première génération, soulève la question de la circulation du plutonium, des pertes globales du plutonium (estimées à 2,27% dans le retraitement par le rapport CASTAING 12) dans la chaîne industrielle d'extraction, et des risques de détournement mafieux ou terroriste comme on peut le constater dans les anciens pays du bloc communiste. Le rapport WISE 13 estime à 1 tonne la quantité de plutonium dans l'ensemble des déchets de catégorie A, B et C issus du retraitement, et à 1 kg la quantité perdue dans les effluents.
La solution est alors le simple stockage du combustible non retraité (retenue par la plupart des autres pays dotés de centrales nucléaires et laissant ouverte la possibilité d'un retraitement ultérieur pour d'éventuels réacteurs de 4ème génération), et la transformation du plutonium déjà séparé (plus de 240 tonnes de Pu civil et militaire dans le monde) en MOX de stockage, inapte au détournement terroriste 11.

1.4. Nucléaire et gaz à effet de serre

L'affirmation très souvent rebattue par les médias et par le lobby nucléaire est que les centrales nucléaires ne produisent pas de gaz à effet de serre. La réalité est beaucoup plus nuancée car les évaluations physiquement correctes des gaz à effet de serre (CO2, méthane CH4, protoxyde d'azote N2O) émis par la filière nucléaire doivent porter sur l'ensemble du cycle de l'uranium, depuis la mine jusqu'aux déchets nucléaires, et non pas seulement sur le fonctionnement du réacteur qui n'émet effectivement que très peu de GES (gaz à effet de serre).
De très nombreuses études internationales évaluent régulièrement ces quantités pour la filière nucléaire et pour tous les autres modes de production électriques. Les résultats, souvent très dispersés d'une étude à l'autre selon les sources d'information et les méthodes de calcul retenues, sont les suivants :
l'étude de STORM et SMITH 14 déjà évoquée dans le volet IV, après inventaire minutieux et revue des toutes les sources disponibles, estiment à 17 g de CO2 équivalents/kWh l'émission des gaz à effets de serre lors de la construction des centrales ; 31 gCO2éq/kWh pendant le cycle complet de fonctionnement de la filière nucléaire ; 34 gCO2éq/kWh pendant le démantèlement. Elle montre que ces émissions dépendent fortement de la teneur des minerais en uranium et de leur dureté. Ainsi, le cumul des émissions de GES dans le cas de minerais durs à 0,02% sans démantèlement de centrale en fin de vie ne passe en dessous de celui d'une centrale équivalente à gaz (même production électrique) qu'au bout de 5 ans. D'après ces calculs, le cycle électronucléaire produit davantage de GES qu'une centrale équivalente à gaz naturel en dessous d'une teneur de 0,01% en uranium (ce bilan est pire encore si l'on compare le nucléaire aux centrales à cycles combiné à gaz naturel avec cogénération). Il est vrai que ce bilan est grevé par l'industrie américaine qui enrichit l'uranium par diffusion, procédé 40 fois plus énergivore que l'ultracentrifugation 15 ;
la SFEN (Société Française d'Énergie Nucléaire) avance une émission de 46 gCO2éq/kWh pour un REP avec diffusion gazeuse aux USA, contre 18 gCO2éq/kWh pour la grande hydroélectricité, 10 gCO2éq/kWh pour l'énergie éolienne ou marémotrice, 8 gCO2éq/kWh pour un REP avec centrifugation, mais ces chiffres sous-estiment systématiquement le démantèlement, le retraitement et sont calculés pour des minerais riches en uranium ;
l'étude 15 compare le cycle nucléaire au cycle photovoltaïque à partir des données les plus récentes et aboutit à une fourchette de 16 à 55 gCO2éq/kWh émis dans le cycle nucléaire et de 17 à 39 gCO2éq/kWh émis dans le cycle photovoltaïque, avec un avantage pour le solaire photovoltaïque de moins en moins émetteur de GES grâce à l'amélioration constante de l'efficacité des procédés de fabrication et des rendements des cellules solaires, tandis que l'appauvrissement des minerais d'uranium, le stockage minier des déchets et le démantèlement des installations nucléaires alourdira de plus en plus le bilan du cycle nucléaire en GES;
l'étude 16 utilise une méthode d'analyse hiérarchique multicritères pour évaluer l'impact des pollutions (hors radioactivité) sur les coûts financiers des différents modes de production électrique; elle se base sur les évaluations des émissions de GES obtenues par ailleurs 17 : 21,4 gCO2éq/kWh (nucléaire); 17,6 gCO2éq/kWh (éolien); 22,7 gCO2éq/kWh (hydroélectrique); 49,2 gCO2éq/kWh (photovoltaïque); 18,9 (géothermique); 560 gCO2éq/kWh (gaz naturel); 450 gCO2éq/kWh (cycle combiné gaz naturel);
l'étude 18 de l'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique) compare les résultats des analyses de cycle de vie selon les méthodes de calcul (chaîne de production, moins rigoureuse que entrée/sortie) appliquées à chaque type de production électrique. Elle fournit des fourchettes d'estimation très larges du fait des incertitudes de calcul et de l'hétérogénéité des sources d'information : 8 à 24 gCO2éq/kWh (nucléaire); 43 à 62 gCO2éq/kWh (photovoltaïque); 8 à 30 gCO2éq/kWh (éolien terrestre); 9 à 19 gCO2éq/kWh (éolien maritime); 1 à 34 gCO2éq/kWh (hydroélectrique); 35 à 99 gCO2éq/kWh (biomasse); 440 à 780 gCO2éq/kWh (gaz naturel); 950 à 1250 gCO2éq/kWh (charbon);
les techniques de production électrique les plus performantes en termes d'émission de GES sont actuellement les centrales de cogénération au biogaz de fermentation ou de gazéification de biomasse 19, qui génèrent une non-production de GES grâce à la substitution des énergies fossiles qu'elles permettent dans la production de chaleur et à l'excellent rendement des turbines à gaz (- 420 gCO2éq/kWh). En conséquence, l'énergie nucléaire n'est pas neutre en émission de gaz à effet de serre et contribue aussi au réchauffement climatique; ses émissions de GES sont actuellement supérieures à celles de l'énergie éolienne et solaire thermique, mais comparables à celles de l'énergie photovoltaïque ou hydraulique si l'on ne prend pas en compte le démantèlement et tant que l'on utilise des minerais riches (teneur supérieure à 0,2%).
Il est donc important de prendre en compte ces réalités pour mettre en oeuvre une politique de lutte efficace contre le changement climatique, et de poursuivre l'exploitation des centrales nucléaires actuelles sans aucune autre construction de réacteur nucléaire pour permettre la mise en oeuvre à émission minimale de GES des nouvelles structures de production renouvelable, des améliorations des efficacités énergétiques dans les systèmes de production électrique, thermique et dans les systèmes de consommation d'énergie, jusqu'à ce qu'elles aient remboursé leur dette énergétique (voir le volet IV) et que la nouvelle économie de l'équilibre énergétique soit opérationnelle (voir volet VI).

1.5. Nucléaire et déficit hydraulique

Le rendement nominal de l'EPR n'est que de 33% comme celui de tous les autres réacteurs nucléaires à eau pressurisée, du fait des faibles températures de fonctionnement du circuit primaire. Ceci signifie qu'un réacteur de 1600 MW électrique rejette en permanence une puissance thermique de 3200 MW dans l'eau de refroidissement (rivière, fleuve ou mer); pour le cours d'eau, cette charge thermique peut devenir particulièrement critique dans les périodes estivales.

Or, les projections climatiques prévoient la multiplication rapide des épisodes caniculaires estivaux, voire printaniers et automnaux, et l'abaissement des enneigements des chaînes montagneuses dans toute l'Europe, ce qui aggravera d'autant plus les sécheresses estivales et les débits des cours d'eau. Le refroidissement des centrales nucléaires commence déjà de poser de sérieux problèmes et s'aggravera au cours des prochaines années, multipliant les autorisations préfectorales de réchauffement des eaux de rejet pour assurer la production électrique nucléaire au détriment de la biodiversité dans les cours d'eau.

L'eau apparaît comme l'un des grands talons d'Achille du parc nucléaire, car elle devient de plus en plus limitée, précieuse, coûteuse et indispensable à tous les acteurs économiques (agriculture, tourisme, loisirs, santé, industrie, commerce), et il est impensable que les français acceptent de la sacrifier au refroidissement des centrales nucléaires quand on pourrait produire autant d'électricité par les énergies renouvelables tout en l'économisant.

(Volet V: 2. Le coût des énergies renouvelables à suivre dans un prochain ReSPUBLICA)

 

1 Production-distribution de l'énergie électrique en France et dans les régions en 2003 et 2004, Observatoire de l'Énergie - DGEMP (novembre 2006)
2 Résultats techniques du secteur électrique en France, Réseau de Transport d'Électricité (2006)
3 Communiqué de presse EDF (4 mai 2006)
4 Un courant alternatif pour le Grand Ouest, SCIC « Les 7 vents du Cotentin » (2006)
5 Éole ou pluton, Antoine BONDUELLE et Antoine LEFEVRE (DETENTE), décembre 2003
6 Document de référence 2005, Groupe EDF (mai 2006)
7 Combustible MOX: aspects techniques, économiques et stratégiques, EDF, Direction Production Transport, Service des Combustibles (novembre 1989)
8 The future of nuclear power : an interdisciplinary MIT study, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge (2003)
9 Étude économique et prospective de la filière électrique nucléaire (Rapport au Premier Ministre, rendu public), J-M. CHARPIN, B. DESSUS, R. PELLAT (juillet 2000)
10 Les enseignements du rapport Charpin-Dessus-Pellat, Dépêches du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement (octobre 2000)
11 Another option for separated plutonium management: Storage MOX, Allison M. MACFARLANE, Progress in Nuclear Energy (sous presse mars 2007)
12 Rapport du groupe de travail sur la Gestion des Combustibles Irradiés, Commission CASTAING, Décembre 1981-Novembre 1982
13 Recyclage des matières nucléaires. Mythes et réalités, Xavier COEYTAUX, WISE-Paris (mai 2000)
14 Nuclear Power – The energy balance, J. W. STORM VAN LEEUWEN, Philip SMITH (août 2005)
15 Greenhouse-gas emissions from solar electric- and nuclear power : A life-cycle study, V.M. FTHENAKIS, H.C. KIM, Energy Policy, vol. 35, pp 2549-2557 (2007)
16 Objective and subjective evaluation of power plants and their non-radioactive emissions using the analytic hierarchy process, A. I. CHATZIMOURATIDIS, P. A. PILAVACHI, Energy Policy (sous presse 2007)
17 Life-cycle assessment of electricity generation systems and applications for climate change policy analysis, Thesis, Paul MAIER, Fusion Technology Institute, University of Wisconsin (août 2002)
18 A guide to life-cycle greenhouse gas emissions form electric supply technologies, Daniel WEISSER, Energy (sous presse, 2007)
19 Comparison of greenhouse gas emissions and abatement cost of nuclear and alternative energy options from a life-cycle perspective, U. R. FRITSCHE, Öko-Institut, Germany (janvier 2006)

Thierry DE LAROCHELAMBERT Chaire supérieure de Physique-Chimie en CPGE,
Professeur de mécanique des fluides en École d'Ingénieurs,
Chercheur à l'Université.

2 - La nation, un concept républicain : égalité des droits, communautés et communautarisme, langue nationale et autres (suite n°12)

Parties précédentes

Il paraît quand même nécessaire pour parfaire la décortication du concept républicain de la nation, d'aborder quelques thèmes qui font débat en ce moment et qui font parti de ce concept; nous allons aborder celui de l'immigration et de l'émigration dans le prochain article, et nous allons nous contenter dans cet article d'aborder celui de l'égalité des droits, des services publiques et de la langue nationale et des autres langues employées.

Pour ce qui est de « l'égalité des droits » pour toute la population vivant sur le territoire de l'état-nation, donc formée par tous les citoyens et citoyennes , cela découle, bien sur, de « l'égalité en droit » aussi bien civil que politique qui leur est attribué « de jure », et dont nous avons insisté avec force que c'était le principe générateur de notre idée de la République émancipatrice; il ne peut donc y avoir de droits différents pour tout ou partie de la population sans créer de facto « l'inégalité en droit ».

Il n'est presque pas besoin d'insister, ayant dit cela, que tout mesure dite de « discrimination positive » instituant des droits différents est contraire à notre éthique et à nos objectifs, et que cela n'empêche nullement de donner des moyens supplémentaires à certaines parties défavorisées de la population pour en « faire des égaux » selon la formule de Jean Jaurès

Cela impose par exemple que les citoyens et citoyennes, qu'ils vivent en Poitou-Charentes ou en Ile de France, aient les mêmes droits de prise en charge dans le domaine social et des prestations médicales, et les mêmes possibilités de services publics (enseignement), et qu'il n'y est pas de décisions différentes d'attributions et de contributions dans tous les domaines.

C'était d'ailleurs ce qui ressort de la doctrine du Jacobinisme fondée sur l'égalité, la souveraineté populaire et l'unité nationale, ce qui, dans ce cadre précis de l'égalité des droits opposée à la conception fédérale mise en place dans un état-nation, laissait malgré tout la place à une large décentralisation pour les décisions à prendre; or les ennemis de la république, diffament jusqu'à maintenant la doctrine du Jacobinisme, en l'assimilant à la concentration des pouvoirs dans les administrations centrales et à Paris, concentration qui a été amenée exclusivement par la conception bonapartiste du pouvoir dans les années 1800 et suivantes, pour « assassiner » véritablement cette notion d'égalité des droits. On comprend mieux que les forces financières mondiales soient les vecteurs de cette diffamation pour aboutir à l'affaiblissement des états et les empêcher ainsi de pouvoir contrôler efficacement leurs agissements en faveur de la marchandisation de toutes les activités humaines.

C'est bien cette notion d'égalité des droits qui différencie le communautarisme et l'organisation de communautés (qu'elles soient religieuses ou d'origine ethnico-historiques) dans le cadre de la nation. L'organisation de ces communautés pour que ses membre vivent une approche culturelle spécifiques n'a rien d'antirépublicain à condition que le critère de fond du communautarisme soit banni: c'est à dire celui de la différence reconnue des droits pour une communauté spécifique avec la reconnaissance à des responsables auto proclamés ou non de la communauté de «légiférer» pour ces membres, en en faisant ainsi ou des citoyens de seconde zone ou des citoyens privilégiés.

Cela nous amène tout naturellement à préciser notre position de républicains, adeptes de l'unité de la nation de l'égalité des droits de ses citoyens, sur la langue nationale et les autres: la langue nationale est la langue de tous les citoyens de l'état-nation et donc la langue officielle de l'état-nation pour cimenter l'unité de la nation; la langue nationale doit donc être enseignée obligatoirement à l'école élémentaire et employée seule dans les administrations pour les actes officiels et l'accueil des citoyens. Il ne peut ainsi y avoir de langues minoritaires selon les critères et les attributions que leur confèrent la Charte européenne des langues minoritaires, puisque cela veut dire par cette Charte que la puissance publique dans ces relations avec les citoyens par ses administrations est tenue d'employer telle ou telle langue dite minoritaire, ce qui détruit le lien national ( exemple des états à plusieurs langues officielles aboutissent à plus ou moins long terme comme en Belgique au sentiment d'appartenir à des nations différentes segmentant l'état en plusieurs morceaux, exemple aussi de la Tchécoslovaquie, et même de la Suisse obligée d'avoir une organisation fédérale très poussée avec des différence de droits pour rester dans la même état confédéral). Mais cela ne signifie aucunement que les langues communautaires ou régionales ne puissent pas être enseignées à l'école républicaine comme source de culture et d'enrichissement sur le mode du volontariat dès l'école élémentaire, sans faire d'ailleurs référence à l'origine ou à une appartenance communautaire ou territoriale des familles volontaires (que des petits maghrébins ou polonais puissent apprendre volontairement la langue arménienne dans une maison de la culture arménienne, par exemple, subventionnée par la commune comme maison de quartier ouverte à tous, est hautement positif dans le sentiment qui est donné à tous, de par ce fait, d'appartenir à un état laïque aux mêmes droits pour tous pour l'enseignement) à condition bien sur, que l'enseignement de la langue française soit prioritaire à l'école de la république (comme cela se fait d'ailleurs toujours dans les « sections internationales » de l'école publique) Il est peut-être utile en parlant des langues nationales et autres, de se saisir d'une part de l'hégémonie toujours plus grande de la langue anglaise, vecteur efficace de la pénétration des forces mondiales financières pour la communication des élites et la diffusion des savoirs (et par conséquence favorisant l'asservissement progressif des peuples maîtrisant mal cet outil), et d'autre part de l'obstacle que constitue la pratique d'une vingtaines de langues officielles en Europe pour construire une entité politique ayant un corpus de pensée facilement communicable entre tous et capable de par ce fait de s'opposer à la pénétration dévastatrice du turbocapitalisme mondial. Or il existe dès maintenant un outil qui pourrait être particulièrement efficace comme langue commune: l'espéranto (langue construite à partir de 1887): outil efficace pour les raisons suivantes:

Il faudra bien un jour que les républicains prennent conscience de ce moyen efficace qui peut être dans leurs mains.

Pour finir cet article, disons un mot de la conception républicaine des services publics : En garantissant à chaque citoyen, riche ou pauvre, les mêmes services publics pour servir l'intérêt général de l'état-nation, cet état-nation participe fondamentalement à faire des égaux de chaque citoyen.

(à suivre)

Valentin Boudras-Chapon

Agenda

mardi 22 mai 2007

"Communautarisme et laïcité"

au GREPA ( Groupement des retaités de l'enseignement public et des adhérents FGR),
7 rue Major Martin 69001 LYON

l'UFAL 69 intervient sur le thème: "Communautarisme et laïcité"

Mireille Popelin (au début de l'après-midi) et Jean-Claude Santana ensuite - secrétaire et président de l'Ufal 69

jeudi 24 mai 2007

"La laïcité: un atout pour l'école "

Intervention au Collège Honoré de Balzac
56 rue Ernest Renan
69200 Vénissieux

Avec les parents d'élèves et le personnel

Avec : Jean-Claude Santana (président de l'UFAL 69)

mardi 29 mai 2007

Après l’élection de Sarkozy, comment défendre les principes laïques et républicains ?

à Mantes, salle Agora

Réunion-débat

Sous la présidence d'Hayet Morillon, présidente de l'Ufal du Mantois

Avec:

Un pot amical clôturera la soirée

jeudi 31 mai 2007

La violence et les jeunes, si on en parlait?

Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet

Sur l'invitation de:

avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune: - Jean-Claude Santana (président de l4UFAL du Rhône, auditionné par la Commission Stasi) - Malika Haddad (NPNS) - Dominique Ginet - psychologue. Maître de conférence à Lyon 2 - Un représentant du syndicat national des officiers de Police (UNSA)

samedi 9 juin 2007

Rencontre avec Julien Landfried sur "Contre le communautarisme"

à la librairie l’Apostrophe
2 rue Théophile Roussel
75012-Paris
Métro : Ledru-Rollin (ligne 8)

"République et Socialisme - C.E.R.I.S.E" vous convie au 4ème samedi de CERISE

Plan d’accès sur mappy.com / pagesjaunes.com en cliquant ici

mardi 12 juin 2007

Afrique, pillage à huis clos

dans les salons de la Fondation des Français Libres
59, rue Vergniaud, 75013 Paris - 01.53.62.81.81

105e dîner-débat de l’Académie du Gaullisme

Animé par Jacques Dauer, président de l’Académie du Gaullisme

et présidé par

Xavier Harel, écrivain, journaliste à La Tribune

Thème : Afrique, pillage à huis clos

Avec précision et force détails, Xavier Harel analyse et démontre que le cynisme de quelques grands dirigeants, qu’ils soient « politiques » ou à la tête de sociétés multinationales, n’a d’égal que leur cupidité et leur amoralité ; ils pillent sans vergogne l’une des principales richesses de l’Afrique : l’or noir, contribuant ainsi à accentuer la pauvreté des populations. La corruption est leur arme préférée.

Pour participer, écrire à Jacques Dauer
18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine
(accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme)
06.81.24.15.95 - 01.64.24.65.98

Prix du repas : adhérent 38 € ; non-adhérents 41 € ; moins de vingt-cinq ans 25 €.

samedi 16 juin 2007

La vie chère

Salle de la Maison des syndicats, place de la Myrpe, à Bergerac

Réunion – débat

Avec Pierre Cassen, rédacteur en chef de Respublica, porte-parole de l’Ufal 78

Débat organisé par la Libre-Pensée Dordogne

vendredi 25 - lundi 28 mai 07

3ème Université Populaire Laïque (UPL) de l'UFAL

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier

Programme:

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :

Vendredi 25 mai

Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse

Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni

Samedi 26 mai

Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)

Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL

réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)

soirée méchoui grillades

Dimanche 27 mai

Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes

Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale

Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)

soirée musicale

Lundi 28 mai

Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures

Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants

 

L'organisation matérielle

FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.

Les chèques vacances sont acceptés.

Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE:

Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)

acompte de

à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org