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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°547 - jeudi 21 juin 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Sarkozy réussit à pacser Boutin et Fadela Amara !

Il est vraiment très fort, il faut le reconnaître. Le président de la République a réussi l’exploit de faire cohabiter, dans son gouvernement Fillon 2, deux femmes que tout devrait opposer.

Personne n’a oublié la carte de visite de Christine Boutin, et son combat contre le Pacs, où elle se ridiculisa en brandissant une bible à l’assemblée nationale. La droite, bien que décidée à compliquer la vie de la gauche sur ce projet, était gêné par les excès de la députée des Yvelines. Charles Pasqua alla même jusqu’à s’écrier, avec son accent inimitable : « Quand je vois madame Boutin brandir sa bible à l’Assemblée, j’ai l’impression d’être en Iran ». Il faut croire que le spectacle de femmes voilées, séparées des hommes par une allée centrale, ne dérange pas plus que cela la nouvelle ministre de la Ville, puisqu’elle accepta l’invitation des intégristes islamistes de l’UOIF, en 2006, au Bourget. La présence d’Hani Ramadan, le frère de Tariq, qui raconte que le sida est une punition divine et que la lapidation des femmes peut être légitime, ne lui posa pas plus de problème, pas davantage que celle du prêcheur aux propos antisémites Hassan Iquioussen. Intégristes de tous les pays, unissez-vous !

Cette conseillère diplomatique du Vatican, par ailleurs marraine d’associations organisant des commandos anti-IVG, a immédiatement commencé à recruter, dans son ministère, un directeur de cabinet intégriste catholique, et un prêtre embauché pour sa connaissance supposée des quartiers. Elle apparaît, au sein du gouvernement Fillon, comme une caution donnée aux traditionalistes chrétiens, et le fer de lance du combat contre la laïcité.

Fadela Amara incarne tout le contraire du parcours de sa nouvelle ministre de tutelle. Alors que l’une a accompagné tous les combats des intégristes catholiques contre le droit des femmes, des homosexuels et la laïcité, l’autre mène, depuis les années 1980 le combat contre le racisme et pour l’intégration, sur des bases laïques. Depuis les années 1990, elle a pris conscience de la gravité de l’offensive des intégristes islamistes. Depuis qu’elle a pris la présidence de Ni Putes Ni Soumises, elle est leur bête noire, et son discours sur un nouveau type de violences subies par les jeunes femmes, dans les quartiers, a rompu l’omerta qui régnait, souvent grâce à la passivité de certaines organisations féministes et d’une partie de la gauche sensibles au relativisme culturel.

Il était donc pour le moins surréaliste, et même gênant, de les voir toutes les deux, bras-dessus bras-dessous, devant les journalistes, en train d’éclater de rire au souvenir des leurs affrontements passés, Fadela se permettant même de dire avec son langage bien à elle : « C’est vrai qu’on s’est bien fritées ». Christine Boutin, quant à elle, voulait donner l'impression qu’elle était amicale avec la nouvelle venue, soignant une image contestée qu’elle cherche à améliorer. Fadela devrait se méfier de cette amitié bien trop démonstrative pour être honnête.

Bien évidemment, le débat fait rage, dans les milieux féministes et laïques, sur le ralliement de la présidente de NPNS dans le gouvernement Sarkozy, alors qu’elle est membre du Parti socialiste, et élue municipale. Vous lirez dans les différentes réactions de ce numéro que certains ont du mal à cacher leur déception, sans oser par ailleurs aller aussi loin que Clémentine Autain, qui se permit de dire, dès mardi : « Fadela Amara a beaucoup d’ambition, et peu de conviction ». Il n’est pas certain que quelqu’un comme elle, qui a hésité à signer le manifeste des « Indigènes de la République », soit la mieux placée pour donner des leçons à une femme qui a milité, depuis des années, dans des conditions autrement plus difficiles que celles, dorées, de l’adjointe au maire de Paris.

Certains de nos proches, qui, comme nous, ont mené des combats communs avec NPNS et sa présidente, craignent que ce ralliement ne discrédite le combat des laïques et des féministes, surtout après avoir entendu les propos de Nicolas Sarkozy sur le droit de grève, et l’ensemble du programme qu’il a annoncé dans la foulée, pour cet été.

D’autres se montrent moins circonspects, et espèrent que Fadela, dans ce gouvernement, aura les moyens de faire progresser la cause qu’elle défend depuis ses engagements militants de jeunesse. Ils se disent que les quartiers n’ont pas le temps d’attendre que la gauche revienne au pouvoir, et que si Fadela profite de sa connaissance pour faire avancer le droit à l’égalité hommes-femmes, et faire reculer l’intégrisme dans les quartiers, eh bien, qu’elle y aille !

La rédaction de Respublica n’échappe pas à ces nuances, dans l’appréciation de cet événement.

Par ailleurs, cette nomination, au-delà du côté ubuesque du pacs Boutin-Amara, pose la question de l’attitude de personnalités, associatives ou autres, devant de telles propositions.

Est-ce plus grave d’accepter un maroquin dans un gouvernement Sarkozy que dans un gouvernement PS, quand on sait que sur les grands sujets économiques, et notamment sur la question européenne, ils ont une vision très proche ?

Faut-il toujours se contenter de rester dans le confort associatif, ou bien, à un moment, n’est-il pas nécessaire de mettre les mains dans le cambouis ?

Avec quel rapport de forces ? Comment éviter de servir de caution, et de se faire rouler dans la farine ?

Ces questions, des milliers de syndicalistes, de militants associatifs ou politiques se les sont posées, à un moment de leur vie.

Le syndicaliste qui se voit proposer une promotion professionnelle importante, et qui s’interroge : dois-je y aller, en donnant l’impression de trahir, ou passer à côté ? Généralement, une bonne discussion avec les copains est nécessaire, et il est bien rare que des syndicalistes responsables dissuadent le salarié d’accepter une telle offre, en se disant qu’il n’est pas inutile d’avoir quelqu’un dans la place.

Le militant socialiste, dans une commune de droite, qui sait que s’il reste dans l’opposition, il ne fera jamais avancer ses dossiers, et qui réfléchit quand, en face, on propose, tel Sarkozy, une ouverture à la gauche. Faut-il, dans ce cas, refuser au nom des principes, et rester dans une opposition stérile, ou négocier un rapport de forces qui permet de travailler utilement pour la commune, sur des dossiers précis ?

Le militant associatif à qui on propose, dans une municipalité, de quitter ses fonctions, pour prendre des responsabilités politiques, et faire avancer des dossiers, en étant aux manettes.

Les réponses ne peuvent être toutes faites, mécaniques, face à des situations variées, dont la réponse peut bouleverser l’engagement d’une vie militante, et le quotidien d’un individu.

Nul doute que des militants respectables et respectés de gauche, comme le président d’Emmaus, Martin Hirsch, ou la présidente de NPNS, Fadela Amara, ont dû mal dormir, beaucoup discuté avec leurs amis, avant de prendre leur décision, et de rentrer dans un gouvernement de droite dirigé par Nicolas Sarkozy.

L’avenir nous dira s’ils auront les marges de manœuvres espérées, et des résultats à mettre sur la table, ou s’ils ne seront utilisés que comme caution par le gouvernement Fillon pour mieux faire passer la pilule (un mot que Fadela ne devra plus utiliser devant Christine Boutin).

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - Fadela Amara a-t-elle trahi la cause ?

C’est une nomination qui va faire parler dans les milieux laïques et féministes, et dans toute la gauche. Fadela dans le gouvernement Sarkozy, secrétaire d’Etat à la Ville, dans le ministère de Christine Boutin ! Elle se fit connaître comme présidente de l’association « Ni Putes Ni Soumises », créée au lendemain de l’assassinat de Sohane Benziane, brûlée vive à Vitry, le 4 octobre 2002, par un petit caïd dont elle refusait d’appliquer les lois. Fadela s’est rapidement imposée médiatiquement pour défendre la cause des jeunes filles des quartiers, victimes de la double offensive des petits caïds machistes et des islamistes voileurs.

Dans son livre « Ni Putes Ni Soumises », elle raconte son enfance, à Clermont-Ferrand, et sa prise de conscience politique, lors de la Marche des Beurs, en 1983. Elle décrit parfaitement l’émancipation des jeunes filles issues de l’immigration, lors de ces années, sa relation à un père algérien issu d’une toute autre culture, mais qui arrive à comprendre la volonté émancipatrice de sa fille, et ferme les yeux quand elle ne rentre pas à la maison.

Fadela est issue de la mouvance SOS Racisme, longtemps influencée par Julien Dray, puis par Malek Boutih, aujourd’hui proches de Ségolène Royal. Cela ne l'empêche pas d'analyser remarquablement le virage des années 1990, quand le gouvernement français – socialiste – accorde l’asile politique aux militants du FIS, qui vont jouer leur rôle politique dans les quartiers, d’abord contre les droits des femmes. Elle voit à ce moment là les grands frères se sentir autorisés à surveiller leur sœur et à faire régner l'ordre dans les quartiers ainsi que le rôle grandissant des imams. Elle enrage contre l’aveuglement de la gauche, devant la montée du nombre de voiles dans les quartiers. Elle interpelle les féministes qui ont abandonné, dans les quartiers en difficulté, les filles de filiation musulmane à la merci des soldats de l'islam politique.

L’arrivée de NPNS sur la scène bouleversera le monde féministe, notamment autour de la bataille sur le voile. Les associations, comme Regards de Femmes, qui partagent les revendications du "Livre blanc des femmes des banlieues" sont rares. Lors de l'organisation de la première marche des quartiers, après l'immolation de Sohane, le refus de participer se justifie trop souvent par "ce sont leurs traditions". Au nom du relativisme culturel, les différencialistes acceptent que des jeunes filles en France n'aient pas accès aux droits universels de la personne humaine!

Lors de la campagne pour une loi contre les signes religieux à l’école, après bien des hésitations, NPNS soutiendra les associations qui, comme l’Ufal et Regards de Femmes, réclamaient une loi.

Le témoignage de Fadela, à la commission Stasi, décrivant la réalité des pressions subies par les jeunes femmes dans les quartiers, sera déterminant. Alors qu’au début des travaux, seuls quatre membres sur vingt étaient favorables à la loi, dix-neuf personnes voteront pour, seul Bauberot s’abstiendra.

Bien qu’issus du Parti socialiste, Fadela et les dirigeants de NPNS sauront jouer, habilement, diront certains, de manière opportuniste, diront d’autres, sur le pouvoir UMP en place pour obtenir des aides, des locaux, des lieux d’intervention et une couverture médiatique bien supérieure à la réalité de la présence de l’association sur le terrain.

Cela n’empêchera pas Fadela de multiplier les interventions, partout, en France et à l'étranger, où elle sera invitée, et de défendre l’égalité hommes-femmes et la laïcité, tout en s’affirmant musulmane.

Elle fera preuve d’un grand courage physique quand, dans certaines réunions, une coalition d’islamistes voilées ou barbus et de gauchistes agressifs viendront perturber ses interventions, l’insulter et la menacer physiquement.

Elle décevra des adhérents de NPNS quand elle se prononcera pour le « oui » au TCE, aux côtés de Nicolas Sarkozy, alors que le débat n’avait pas été mené à son terme, c’est le moins qu’on puisse dire, au sein de son association.

Bien évidemment, à l’intérieur de la gauche, toute une frange hostile à NPNS, par aversion du Parti socialiste, ou par incompréhension de la laïcité, ne manquera jamais une occasion d’épingler Fadela et les siens, lui préférant Tariq Ramadan et les défenseurs du voile.

Lors des dernières élections municipales, le secrétaire de NPNS, Mohamed Abdi, était le porte-parole du maire fabiusien Michel Charzat, dans le 20e arrondissement, pour défendre les principes laïques, face à une rivale suspectée de communautarisme.

En proposant, au nom de l’ouverture, le poste à une militante de gauche aussi emblématique que Fadela Amara, Nicolas Sarkozy montre, là encore, sa capacité à surprendre, et à désarçonner un mouvement associatif qui lui est traditionnellement hostile, après avoir recruté Martin Hirsch, président d’Emmaus.

Sans doute certains se croiront-ils le droit d’ironiser, voire de cracher, sur le choix de Fadela Amara.

On peut faire confiance aux bonnes âmes qui continuent de fermer les yeux sur l’offensive de l’islam politique, en France, pour dire que la preuve est faite que ceux qui menaient le combat contre les signes religieux à l’école étaient des complices de la droite.

A l’intérieur du Parti socialiste, des Jack Lang, Lionel Jospin, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn ou Bertrand Delanoë auront-ils le culot de critiquer les choix de l’ancienne présidente de NPNS, eux qui, sur la laïcité, ont trahi depuis longtemps, par leurs actes ou leurs paroles, les idéaux de la gauche ?

Faut-il rappeler qu’avec eux, jamais il n’y aurait eu de loi contre les signes religieux à l’école, et que c’est d’une partie de la gauche qu’est venue l’« Appel des Indigènes » qui est une véritable insulte au combat des féministes et des laïques.

En acceptant ce poste, Fadela a choisi de relever un défi, et de franchir une étape, en militant dans un gouvernement dont la majorité ne partage pas ses idées, avec la catholique traditionaliste Christine Boutin, qui est aux antipodes de ses valeurs. Cela va bien sûr lui valoir des qualificatifs désagréables, qui ont commencé dès le jour de sa nomination.

Reste à savoir quelles seront les marges de manœuvre dont elle disposera, au sein de ce gouvernement.

Si elle ne sert qu’à justifier le bouclier fiscal, et l’attaque contre l’assurance maladie, et ne mène aucune action concrète pour le droit des femmes et le renforcement de la laïcité, on pourra, à juste titre, crier à la trahison.

Mais si elle fait preuve, au sein de ce gouvernement, du même courage qu’elle a montré, tout au long de ces années, à la tête de NPNS, et qu’elle est capable de faire avancer des dossiers, cela serait alors une véritable interpellation pour toute la gauche qui, de 1997 à 2002, aura été incapable de prendre les mesures qui s’imposaient.

Il faut espérer qu’elle saura, dans la politique de la Ville, en finir avec le discours compassionnel du droit sans devoir, et qu’elle réaffirmera les principes égalitaires de la République, contre la discrimination positive qu’a longtemps défendu le nouveau président de la République.

Espérons que Fadela saura se battre contre la volonté souvent émise par le nouveau président de la République de remplacer dans les quartiers les travailleurs sociaux par des religieux, et de financer les cultes de manière déguisée. Aura-t-elle la volonté, et les moyens, de clarifier, entre autres, le problème des accompagnatrices voilées à l’école, contre la circulaire de la Halde (dont elle fut membre) ? Elle qui a toujours lutté contre le symbole d’oppression du voile, interviendra-t-elle pour qu’à l’université, où on délivre des diplômes nationaux, on ne puisse suivre des cours dans des tenues religieuses prosélytes, comme c’est de plus en plus le cas ? Saura-t-elle, dans la Ville, mettre un coup d’arrêt à la multiplication des voiles intégraux sur la voie publique, qui agressent les traditions progressistes et égalitaires de notre pays ? Pourra-t-elle prendre des dispositions courageuses pour protéger les mineurs, filles et garçons, de l’influence religieuse dans les quartiers ?

Fadela sait, d’autre part, que pour remettre du lien social là où les communautaristes érigent des murs pour fragmenter la société, elle devra tenir fermement un discours républicain, laïque et social trop souvent abandonné par sa famille politique.

Jugeons là sur les faits, et n’oublions pas qu’elle demeure une militante qui a mené des combats exemplaires et courageux depuis plus de vingt ans. Pierre Cassen

Pierre Cassen

2 - Un ministère de l’identité nationale mais pas le moindre ministère pour les droits des femmes !

Communiqué de l'UFAL

L’Union des Familles Laïques a ceci de particulier, qu’elle lie le combat laïque au combat social et qu’elle ne cesse de mener le combat pour la mixité et l’égalité en droits des hommes et des femmes.

L’UFAL prend acte que le nouveau gouvernement de Monsieur Fillon ne comporte aucun ministère ou secrétariat censé régler les questions qui se posent principalement aux femmes : égalité de genre, égalité salariale, mixité, formation, violences publiques et privées, respect de disposer de leur corps par une contraception financièrement plus accessible, l’accès réel à l’I.V.G., et à la laïcité, rempart contre les manoeuvres obscurantistes issues des coutumes et des religions dont elles sont les premières cibles.

Ne comptons pas sur Madame Boutin pour faire avancer ces dossiers.

Nous espérons que l'entrée de Fadela Amara dans le gouvernement Sarkozy-Fillon n'aura pas les mêmes résultats que l'entrée de Khalida Messaoudi dans le gouvernement Bouteflika en Algérie. Nous rappelons que Khalida Messaoudi, combattante féministe incontestable avant sa participation au gouvernement algérien, fait actuellement le contraire de ce qu'elle souhaitait avant d'y entrer (le Code de la famille de 1984 qui rend la femme mineure à vie est toujours en vigueur!).

Alors que nous savons bien que seule la liaison du combat social et du combat laïque peut résoudre les problèmes des couches populaires, des zones péri-urbaines et des banlieues populaires, comment ne pas être circonspect avec la politique ouvertement anti-sociale du gouvernement et avec la ministre Christine Boutin qui vient de nommer un cabinet très proche de l'Opus dei, cette église dans l'église, qui organise partout dans le monde, l'attaque contre les droits des femmes et favorise le communautarisme religieux et social.

Que Fadela Amara nous montre dans les faits que nous avons tort ! En attendant, nous craignons que ce soit un mauvais coup contre le droit des femmes et pour la résolution des besoins sociaux et laïques des couches populaires.

L’UFAL restera au plus près des familles, des citoyennes et des citoyens les plus discriminés, des couches populaires et des couches moyennes aujourd’hui déclassées. L’UFAL continuera à lutter pour que l’égalité de genre ne soit pas un vain mot !

Source

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

3 - Fadela Amara devient secrétaire d'Etat de Christine Boutin

Après Bernard Kouchner, Fadela Amara (fondatrice de Ni putes ni soumises) rejoint le camp des personnalités mises en avant pour souligner l'ouverture d'esprit du gouvernement de François Fillon. Elle se dit "très honorée" de sa nomination et entre au gouvernement comme secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville.

"Je suis vécue à droite comme à gauche comme une sorte de poil à gratter, une femme honnête, franche qui ne met pas sa langue dans sa poche", a-t-elle expliqué sur France-Info. "Je pense que Nicolas Sarkozy respecte ça". "Nous avons toujours eu, quand il était ministre de l'Intérieur, des rapports extrêmement honnêtes et francs. Il me respectera dans ce que je suis, dans le combat que je mène et dans ce que j'ai envie de faire", a ajouté la fondatrice de "Ni Putes, Ni Soumises". "Je n'aurais pas accepté si je n'avais pas eu une marge de manoeuvre et une liberté de ton".

Quant à sa ministre de tutelle Christine Boutin, Fadela Amara assure que "cela va bien se passer" avec "une personne qu'elle a déjà rencontrée, qui a beaucoup de coeur". "On va s'entendre sur beaucoup de choses, notamment sur la question de vouloir transformer les quartiers".

Une déclaration qui ne manquera pas de faire tiquer ses alliés du combat contre l'intégrisme et pour la laïcité. Puisque Christine Boutin figure parmi les élus les plus violemment opposés au camp de la laïcité. Marraine d'associations anti-avortement et de think tank intégristes, anti-avortement, homophobes et sexistes, sa politique concernant les quartiers populaires consiste essentiellement à vouloir réenchanter les quartiers populaires à base de religion. Elle ne cache pas se demander si les islamistes sont bien à l'origine du 11/09[1] et se rend volontiers au congrès de l'UOIF pour souligner tous ce que les croyants politiques ont en commun[2]. Elle a d'ailleurs nommé un prêtre pour mettre en oeuvre sa politique concernant les quartiers populaires.

Quelle sera la marge de manoeuvre de Fadela Amara, prise en sandwitch entre Christine Boutin et un prêtre ? Pourra-t-elle réellement éviter cette dérive ? Peut-être... Mais avec quelle crédibilité ? En effet, comment donner des leçons d'antisexisme et de laïcité aux banlieues quand on est soi même si complaisant envers l'intégrisme de son propre ministre de tutelle ? Quelles seront les répercussions, en termes d'images et de crédibilité, sur l'association Ni putes ni soumises — dont le principal atout réside justement dans l'image médiatique ?

Source

Caroline Fourest

4 - Fadela Amara, secrétaire d’Etat : la reconnaissance de ses convictions

« Regards de femmes » félicite Fadela Amara de sa nomination de Secrétaire d’Etat à la politique de la Ville. C’est la juste reconnaissance d’une femme qui se bat avec courage et pugnacité pour que toutes les femmes et jeunes filles en France aient accès aux droits universels, indépendamment de leur religion ou ethnie. C’est un formidable espoir, ici et ailleurs, pour toutes celles et tous ceux que les fondamentalistes veulent enfermer dans une unique identité religieuse.

« Regards de femmes » participe aux actions de Fadela Amara depuis les « Etats généraux des femmes des banlieues » en 2003 et était présente lors de la création de « Ni putes ni soumises ». Nous sommes persuadées que la nouvelle Secrétaire d’Etat veillera au respect de la mixité dans tous les programmes de la politique de la Ville, dans tous les lieux collectifs et refusera tout enfermement, vestimentaire ou idéologique, des femmes.

La nomination de Fadela Amara, ardente défenseur des principes républicains d’égalité entre les hommes et les femmes et de laïcité, est également un avertissement donné aux communautaristes qui veulent fragmenter la société en érigeant des murs entre les personnes et particulièrement entre les hommes et les femmes.

Mais « Regards de Femmes » est stupéfaite de constater que ce gouvernement n’a pas de Ministère des droits des femmes. L’égalité effective des 2 formes que revêt l’espèce humaine est loin d’être réalisée dans notre pays, malheureusement.

Pour atteindre cette égalité primordiale, il est indispensable d’agir à 2 niveaux :

Pour ce faire, un ministère ayant clairement en charge les questions de parité et d’égalité des hommes et des femmes est indispensable.

Nous allons, avec d’autres associations de femmes, interpeller le Premier Ministre à ce sujet.

Michèle Vianès Présidente de Regards de Femmes
Auteur de " Un voile sur la République " Stock, et " Les islamistes en manoeuvre Silence, on manipule "
Editions Hors Commerce

5 - Fadela Amara est au gouvernement !

Cher Evariste,

J'attends avec curiosité les analyses de la majorité des contributeurs de ResPublica, adeptes obstinés et caricaturaux de la diabolisation de Sarkozy. Je leur fais confiance, la "dialectique militante" aura plus d'un tour dans son sac pour expliquer que Fadela est une traîtresse, une naïve, une ambitieuse, ou les trois à la fois !

Pour l'instant je ne vois pas dans la politique de Sarko, les atteintes annoncées aux libertés, les encouragement aux communautarismes de tous poils, le retour de la vieille Droite omniprésente (compte tenu de Fadela, Kouchner, Hirsch, Jouyet), la main-mise sur les médias (tous muets jusqu'au soir du second tour sur les mensonges et dissimulations de Ségo sur son couple, alors qu'on a vu à la Une de Match et autres, les photos de boy-friend de Cécilia; respect de la vie privée à géométrie variable),

Jusqu'à quand une partie de la Gauche Républicaine et Laïque restera-t-elle dominée par la bonne conscience de la tartufferie idéologique anti-Sarko depuis plus d'un an (cacher ce Karcher que je ne saurais voir) orchestrée par les bobos et les cités? Jusqu'à quand remplacera-t-elle l'analyse de la réalité des faits, au profit de fantasmes démagogiques qui lui donnent l'illusion d'exister du 'bon' côté.

Si la politique de Sarko échoue sur l'efficacité économique et sociale ou sur le respect des valeurs Républicaines, il faudra le dénoncer de la façon la plus résolue. Pour l'instant, la lucidité oblige à dire que ce n'est pas le cas. Soyons vigilants mais refusons les procès d'intention et le militantisme fanatisé, contraires à nos valeurs. C'est la condition du renouvellement. Vaste programme !

Robert Tetelboum

6 - Contribution pour une refondation du lien entre le peuple et la gauche

Les candidats de gauche (principalement du Parti Socialiste) qui au second tour des législatives 2007 ont tapé à bras raccourci sur les mesures annoncées par le gouvernement Sarkozy concernant la mise en œuvre d’une TVA anti délocalisation ou sur la mise en œuvre d’une franchise santé destinée à encadrer l’accès aux soins, le tout dans le seul but de justifier la nécessité d’une résistance dans les urnes du second tour à une déferlante de droite à l’Assemblée Nationale pour contenir les ardeurs néo conservatrices du nouveau Président de la République, se trompent de combat.

Les électrices et les électeurs (souvent issus des milieux populaires) qui ont fait massivement le choix de porter leurs suffrages sur la droite, ne sont ni des aveugles, ni des inconscients. Leur vote des 6 mai et 10 juin 2007, ne vaut pas adhésion à la régression sociale qui s’annonce.

Au grand dam des clercs de gauche si prompt à vilipender le peuple quand ce dernier se détourne de ses candidats, force est de constater que le peuple sait lire et qu’il comprend clairement les enjeux qui lui sont proposés.

Ce que ne comprennent pas les grands clercs de gauche, c’est cette évidence toute simple qui fait que les milieux populaires ont choisi la droite parce qu’ils ne veulent plus de la gauche telle qu’elle est, telle qu’elle se présente à eux, son discours, son projet et ses pratiques.

Et si par effraction le gauche devait l’emporter aux municipales et aux cantonales 2008, voire aux Régionales suivantes, l’effet de rééquilibrage ne vaudrait pas pour autant rejet de la droite et retour en grâce de la gauche.

Il s’agirait simplement alors d’un coup de semonce porté à la droite pour que celle-ci n’oublie pas dans la durée qui l’a faite Roi de France et qui lui a confié les clés du pouvoir absolu.

La gauche, non plus ne devrait pas s’aveugler des cortèges de manifestants qui pourraient à tel ou tel autre moment de la mandature 2007 – 2012 déferler à nouveau dans les rues de nos villes. Qu’elle se souvienne simplement de ce qu’il est advenu des manifestations monstres qui ont paralysé le pays en 1995, 2003, 2005 et 2006. Si à chaque fois, la droite a vacillé un court instant, elle n’a pour autant cédée aucun pouce de terrain, et la gauche qui s’était prise à rêver d’un retour au pouvoir s’est à chaque fois retrouvée en lambeaux.

Les milieux populaires ne veulent plus de l’assistanat, comme ils ne veulent plus de l’immigration (qu’elle soit clandestine ou pas), de l’insécurité, de l’absence de civisme, de l’abandon des valeurs traditionnelles de la société française et de la nation, de la repentance systématique, de la prééminence du droit sur les devoirs, du respect absolu du coupable au détriment de sa victime, du partage du travail synonyme de partage de la misère, des vieilles lunes de la gauche pudiquement recouvertes du voile des valeurs de solidarité, d’égalité et de fraternité.

En bref, les milieux populaires, jugés conservateurs (dans la pire acceptation du terme) par les grands clercs de gauche, ne veulent plus d’un progressisme qui les rejette par-dessus bord au profit d’un nouveau et improbable prolétariat imaginaire avec en prime l’affichage permanent d’une bonne conscience portée très haut et à tout bout de champ avec pour têtes de chapitres (en les galvaudant), la solidarité, l’égalité et la fraternité, ô combien valeurs essentielles s’il en est, de notre vieille République.

Tant que la gauche, au-delà de ses composantes traditionnelles et partisanes, n’aura pas pris clairement la mesure de ce phénomène, le lien de la gauche avec le peuple ne pourra plus jamais être renoué, et les victoires électorales majeures ne seront plus jamais au rendez-vous.

Au soir de son élection présidentielle du 10 mai 1981, François MITERRAND avait conseillé à ses proches de profiter pleinement de l’instant parce qu’ils n’auraient sans doute jamais plus l’occasion d’en vivre un de pareille intensité.

François MITTERRAND pensait que la France était un pays ancré à droite sur la longue période mais qu’il pouvait à intervalle de temps historique plus ou moins long se jeter brutalement dans les bras de la gauche ; 1981 en étant la parfaite illustration bien après 1936 et la victoire de Léon BLUM.

Nous sommes sans doute quelques uns qui ne partageons pas ce point de vue réducteur. Nous ne considérons pas que la gauche et le peuple soient deux réalités en parfaite opposition permanente.

Nous pensons que la gauche ne rencontre pas souvent le peuple parce que la gauche refuse d’entendre le peuple pour lui dicter ensuite ce qu’il est raisonnable - et vu de gauche – de faire et de penser.

La réalité vue de gauche n’est pas la réalité. Elle n’est au contraire qu’une vue de la gauche sur la réalité. Ce qui n’est pas la même chose.

Et tant que ce magistère prévaudra à gauche au nom du peuple, alors la gauche sera tenue constamment à distance du pouvoir par la volonté souveraine de ce même peuple qu’elle prétend incarner et qui n’a de leçon à recevoir de personne et certainement pas de la gauche des grands clercs qui prétendent parler et penser en son nom.

Les manœuvres d’appareils visant à rebondir d’élections perdues en élections gagnées (ou perdues à nouveau), notamment autour du Parti Socialiste et de ses querelles séculaires pour exercer le leadership sur la gauche, ne sont pas et ne sont plus de nature à répondre à l’enjeu des années qui viennent. Le cycle ouvert au Congrès d’EPINAY en 1971 s’est refermé, comme s’est du reste refermée la parenthèse de la gauche plurielle de 1997 à 2002. Seule une véritable refondation du lien entre le peuple et la gauche fait sens aujourd’hui. Et rien d’autre ! Cette refondation de la gauche passe nécessairement par une marginalisation à marche forcée de l’extrême gauche et du même coup par une marginalisation conjointe des formations qui portent en elles des valeurs exclusivement sociétales, coupées de la réalité et du vécu du peuple dont elles prétendent faire le bonheur malgré lui.

Aujourd’hui, la gauche doit prendre le temps nécessaire pour repenser son lien avec le peuple d’abord sur un plan idéologique –incluant une grille de lecture concrète de la société et de ses aspirations profondes- ensuite sur un plan organisationnel dépassant les structures partisanes existantes sans céder pour autant à la tentation d’un parti unique réducteur des sensibilités existantes ou d’un parti constitué en courants, dont on sait par avance qu’il sera facteur de divisions à venir et de décalages progressifs avec le peuple et ses aspirations.

La tâche est donc immense. Mais ne pas s’y résoudre au prétexte d’une prochaine alternance par défaut (se dire par exemple que le mécontentement finira bien par monter un jour des profondeurs du peuple pour ensuite se traduire dans les urnes par un soutien massif aux candidats estampillés à gauche) serait la faute majeure d’une gauche définitivement coupée du réel, de la société qu’elle prétend servir et du peuple qu’elle entend protéger.

Jean-Marc Bluy Trésorier MRC 84

7 - La gauche doit réapprendre à parler

Au cours de vingt dernières années, un mur de paroles s’est élevé entre la gauche et le peuple. Entre la classe discutante de gauche, et le peuple. Il faut dire que la gauche n’aime plus tellement le peuple ! Ce à quoi il est attaché lui répugne ! Elle ne porte plus sa voix, cherchant plutôt à imposer les concepts d’une élite logomachique de récente constitution. A imposer, langage aidant, une double vision du monde : angélique, côté face, et diabolique, côte pile. Est décrété angélique tout ce qui porte la marque de l’altérité, de la non-autotochnie, du métissage, de la non-normalité ! Est décrété diabolique tout ce qui porte la marque de l’autochtone hexagonal, de la tradition enracinée, de la normalité cuturelle, du non-métissé. Le peuple, en particulier dans sa partie la plus modeste, s’en est senti discrédité. Il s’en est senti stigmatisé. Devant la diabolisation de la plupart des éléments symboliques et politiques auxquels elles sont attachées, les classes populaires autrefois de gauche sont allées voter ailleurs.

Le croisement de la langue marxiste et de la langue culturelle soixante-huitarde a donné le jour à la langue parlée par la gauche contemporaine. Cette langue, dont les défaites successives de la gauche dans les dernières confrontation électorales majeures indiquent la désuétude, possède une fonction très précise : elle est une sorte de couteau suisse à double tranchant, servant à isoler le peuple (estimé trop ringard) de l’univers politique de gauche, d’une part, et à isoler le discours de gauche de la réalité (estimée trop encombrante), d’autre part. La gauche, entend-on dire parfois, a perdu le peuple. Mais pour perdre le peuple, il a d’abord fallu qu’elle perde la réalité. L’analyse, par cette gauche, des émeutes banlieusardes de novembre 2005, abusivement baptisées du beau nom de “ révolte ”, trahissait cette double perte[1].

Appelons déréalisation le déni du réel social et politique par l’usage de concepts tantôt angélisants, tantôt diabolisants. La destruction par la gauche de l’école républicaine passa par la diabolisation de la culture, du savoir, du cours magistral, des auteurs classiques, de l’autorité, des bons élèves, et l’angélisation de tout ce qui pouvait faire obstacle à la mission traditionnelle de l’école. A l’aide de la nouvelle langue de gauche, l’enseignement devint un enseignement de l’ignorance, les lycées furent transformés en centre de gestion des flux démographiques, et le droit au diplôme s’imposa. Philippe Meirieu devint le Vaugelas d’un des patois ravageurs de cette nouvelle langue de la gauche : le sabir pédagogiste. Le déni de réalité concerna également la sécurité et l’immigration. La langue de gauche interdit que l’on rappelle que la sécurité est le premier des droits politiques. Les substitutions de population dans de nombreuses villes posent à tout autochtone la question de l’identité nationale. Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Que voulons-nous ? L’identité permet à une communauté politique de se percevoir comme telle. La langue de gauche interdit, de par son lexique, de penser ces problèmes.

Les discours tenus par la gauche n’ont plus rendez-vous avec l’histoire. Ils sont en décalage avec elle. Leur temps est passé. Ils ne disent plus rien aux humains d’aujourd’hui. Pourtant, tout au long du siècle dernier, la gauche figurait le parti du sens historique. Le sens historique était son âme comme le sens des affaires était celle de la bourgeoisie. Elle incarnait le sens historique. Avec certitude et aplomb. Elle ne pouvait pas se tromper. La droite figurait le passé, les poubelles de l’histoire, tandis qu’elle, la gauche, était spontanément le présent et l’avenir, le mouvement. Aujourd’hui, le sens historique a déserté la gauche.

La défaite de la gauche est celle d’une langue, mixte de marxisme et de contre-culture. Le peuple ne se reconnaît pas dans ce dialecte pour beaux quartiers cultivés. Voici plusieurs décennies que cette langue de gauche fonctionne comme le Mur de Berlin jadis : protéger une fiction, empêcher l’intrusion du sens historique et du réel dans l’illusion. Comment la gauche peut-elle revenir dans l’histoire ? Comment peut-elle revenir dans la réalité ? Comment peut-elle abattre les murs la séparant du peuple ? Par une révolution culturelle ! Révolution qui passe par le langage : la condition de possibilité d’une refondation de la gauche est une révolution linguistique. Pour renaître, la gauche doit réapprendre à parler.

Notes

[1] Voir Raphaël Draï et Jean-François Mattéi, La République brûle-t-elle ? Editions Michalon, 2006.

Source

Robert Redeker Philosophe.

8 - Déclaration commune de l'ASES et de l'AFS concernant la réforme des universités

L’université française a certainement besoin d’être réformée et surtout d’être sortie de la misère dans laquelle elle est maintenue depuis des années, ainsi que des inégalités qui, en matière d’attribution de moyens, séparent la petite élite des grandes écoles de la masse des étudiants.

La solution est-elle pour autant dans l’autonomie, affichée comme une panacée et que le gouvernement entend mettre en place à marche forcée, sans concertation sérieuse avec les organisations syndicales et moins encore avec les organisations professionnelles et les sociétés savantes d’enseignants chercheurs ? Il convient d’attirer l’attention sur les risques extrêmement sérieux que comporte l’autonomisation des universités, si elle est conduite sans réflexion suffisante : relèvement général des droits d’inscription, accroissement des inégalités entre universités et aggravation par voie de conséquence à la fois des inégalités entre régions et de l’inégalité des chances scolaires, possibilité de multiplication de spécialisations locales sclérosantes pour les diplômés, renforcement du localisme, développement du clientélisme et de l’arbitraire dans la gestion des enseignants-chercheurs (avec la porte ouverte aux pressions économiques ou politiques plus directement exercées sur les enseignants-chercheurs par les présidents ou les conseils d’administration), affaiblissement ou suppression des instances nationales et paritaires d’évaluation et de gestion des carrières, destruction de fait des règles statutaires assurant l’indépendance intellectuelle et scientifique des enseignants-chercheurs.

Quelles précautions ont été prises, quelles garanties existe-t-il pour que ces dangers soient écartés ? Quels moyens seront réellement donnés ? L’autonomie signifiera-t-elle autre chose qu’une gestion assouplie de la pénurie et une diminution de l’aide des différents niveaux de l’Etat ?

Il est fait appel, pour justifier les intentions du gouvernement, à l’exemple de pays voisins, mais s’est-on assuré que cette imitation n’aura pas des conséquences néfastes si on transpose hâtivement dans un cadre particulier, tel que la France, des modèles qui sont bâtis sur d’autres traditions et d’autres bases démographiques ?

A l’heure actuelle, la démarche autoritaire, opaque et précipitée du gouvernement ne peut que susciter les plus vives inquiétudes. Si le but de la réforme est d’améliorer le fonctionnement de l’université et la formation des étudiants, pourquoi ne pas la réaliser dans la concertation avec les premiers concernés : les étudiants eux-mêmes et les enseignants ?

L’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES) et l’Association française de sociologie (AFS) appellent le gouvernement à adopter une méthode de changement plus démocratique et plus respectueuse de l’ensemble des personnes concernées : étudiants, enseignants et chercheurs, personnels administratifs et techniques de l’université. Elles invitent les enseignants-chercheurs et les étudiants à la vigilance et proposent dès à présent de poursuivre le débat pour une réforme qui donne vraiment toutes leurs chances aux universités françaises afin qu’elles deviennent plus performantes, dans le respect des valeurs démocratiques.

Dan Ferrand-Bechmann Présidente de l’Association Française de Sociologie (AFS)

Charles Gadea Président de l’Association des Sociologues Enseignants du Supérieur (ASES)

3 - Europe libérale

1 - Les électeurs se sont invités dans le débat sur le mini-traité européen de Sarkozy

Avec l'aimable autorisation du site Marianne 2007 , je vous livre ci-dessous une interview (propos recueillis par Anna Borrel) que j'ai accordée à ce site concernant l'impact européen méconnu du résultat des élections législatives de dimanche dernier. Sur le même sujet, je publierai jeudi 21 juin une tribune dans le journal Le Figaro, le jour de l'ouverture du sommet européen de cloture de la présidence allemande de l'Union européenne. De même, le lendemain à Bruxelles se réunira le réseau de l'Initiative pour une Asssemblée constituante européenne que nous avons impulsé avec nos camarades allemands du LinksPartei, ainsi que des responsables politiques et associatifs d'une dizaine de pays de l'Union européenne. Cette réunion d'étape doit permettre d'amplifier notre campagne pour l'élection d'une Assemblée constituante européenne qui remette enfin les peuples au poste de commande de la construction européenne.

Marianne2007.info : Pourquoi les bons résultats de la gauche aux élections législatives pourraient-ils compromettre le projet de mini-traité européen ?

Jean-Luc Mélenchon : Pour que le mini-traité soit adoptable par voie parlementaire, comme le souhaite Nicolas Sarkozy, il faut une modification de la Constitution. C'est logique : un traité qui modifie l'organisation des pouvoirs de l'Union européenne nécessite que la Constitution soit révisée. Or pour cela, il faut un vote ratifié par une majorité des 3/5ème du Parlement : Assemblée nationale plus Sénat. Pour que la droite ait cette majorité, j'avais calculé qu'il fallait que l'opposition ait moins de 190 députés. Nous en avons plus de 200 ! Donc l'UMP ne peut pas avoir cette majorité, même avec les voix du Nouveau centre, et même avec les voix de Bayrou. Et comme toute la gauche est d'accord pour dire que l'adoption de ce traité doit passer pas un référendum, nous sommes en situation – au minimum d'imposer une discussion au gouvernement -, au maximum d'obliger la droite à opérer par scrutin référendaire.

Est-ce que c'est une victoire pour la gauche du « non » au projet de Constitution européenne ?

C'est un acquis qui est passé inaperçu pendant les démêlés de la présidentielle parce que la peopelisation a tout emporté, mais les tenants de la gauche du « non » ont obtenu une victoire au congrès socialiste du Mans. La candidate, après des discussions intenses dans la commission du projet socialiste, a accepté l'idée que ce serait aux Français de voter par référendum si un nouveau projet devait être présenté. Elle l'a répété pendant toute la campagne et toute la gauche était au diapason. Bien sûr, il y a toujours quelques mystiques de l'Europe au PS, à qui il suffit de présenter un emballage sur lequel on inscrit « UE » pour qu'ils se tortillent de joie et votent n'importe quoi. Mais ils ne sont pas nombreux…

Vous vous opposerez à ce mini-traité, quel que soit son contenu ?

Il ne s'agit pas de s'y opposer mais de le soumettre à référendum. Evidemment, on va aussi examiner ce qu'il y a dedans. Nous avons critiqué le Traité constitutionnel européen (TCE) pour deux raisons : la première, c'est qu'il ne débouchait pas sur un dispositif démocratique, la seconde, c'était l'institution du libéralisme. On peut imaginer que Monsieur Sarkozy sera assez habile pour voiler toute institutionnalisation du libéralisme. Mais l'Europe démocratique, ce n'est clairement pas son truc…

Ce lundi, le chef de l'Etat consulte différentes personnalités – Edouard Balladur, Jean-Pierre Raffarin, Valérie Giscard-d'Estaing, Simone Veil mais aussi François Bayrou – sur la question de ce mini-traité…

Mais bien sûr ! Il essaye de tricoter un consensus sur le contenu de ce traité parce qu'il sait qu'il va jouer gros ! Dimanche, le système a failli faire « pschitt » ! On a vu que la volatilité politique de ce pays n'était pas terminée. Il n'a pas réussi à nous faire disparaître !

Pourrait-il, malgré tout, faire passer ce traité en force ?

Oui, si le Conseil constitutionnel décide que le mini-traité ne pose aucun problème constitutionnel nouveau par rapport à l'ancien projet. Comme la Constitution française a déjà été modifiée en fonction du TCE, elle n'aurait pas besoin de révision. Résultat : pas besoin de voter. Mais la droite le paierait cher. Cela voudrait clairement dire que la construction européenne devient étrangère au peuple français. Voire qu'elle lui est hostile.

Source

Jean-Luc Mélenchon www.jean-luc-melenchon.fr

4 - combat féministe

1 - Voile : le point de vue de deux membres du conseil d’administration du Mrap

Élues au conseil d’administration du Mrap, nous sommes particulièrement attachées au principe de laïcité dans l’espace public, et en particulier à l’école. Dans sa poursuite aveugle dans la défense du voile, le Mrap national a saisi la Halde des cas de refus opposé aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires et d’encadrer les activités extra scolaires. Il se félicite de la récente délibération de la Halde sur le sujet.

Pour nous, le voile est et reste un signe de l’oppression des femmes par la loi religieuse. La question que l’on doit se poser c’est de se demander s’il est juste d’accepter l’expression symbolique d’une discrimination sexiste. Le port du voile n’est pas un droit de l’Homme et encore moins un droit des femmes, il est une injonction de la Charria. C’est dans ce contexte-là qu’il doit être remis.

Le voile abolit la mixité de l’espace public et matérialise la séparation radicale de l’espace féminin et de l’espace masculin. Il est utilisé par les militants de l’islam politique, courant réactionnaire et politiquement d’extrême droite, comme étant la seule identité des musulmanes et devient une revendication identitaire.

Ces discours prospèrent malheureusement sur le terreau de la relégation sociale et territoriale et des discriminations.

Il appartient à la société française et aux pouvoirs publics de réfléchir et d’agir pour faire évoluer la société pour que chacun y trouve sa place.

Mais il ne faut pas occulter les combats contre l’obscurantisme qui ont traversé les sociétés arabes et maghrébines et c’est aux démocrates de notre société et aux associations des droits de l’Homme comme le Mrap de s’en faire l’écho.

En effet, Maghreb ou Moyen-Orient, les militantes féministes et démocrates ont toujours dénoncé les statuts inégalitaires infligés aux femmes. Très peu de militants arabes ont eu une démarche féministe, même si à la fin du XIXe siècle, un Égyptien, Kassem Amin, a écrit un livre intitulé « La libération de la femme ». Cet homme a initié tout un débat dans la société Egyptienne et dans le monde arabe. C’est à la suite de ce débat qu’ont eu lieu des actes très importants, comme celui de Hoda Shaaraoui qui en 1922 dans une rue du Caire a retiré son voile en public : la rue porte aujourd’hui son nom. Cet acte n’avait rien à voir avec « un dévoilement imposé » par la colonisation, il se situait en rupture avec une oppression millénaire et comme un symbole fort contre celle-ci, ce qui dans le contexte était révolutionnaire.

Au début du siècle des féministes et des militants hommes, tel Tahar Haddad, en Tunisie, posaient déjà le problème de l’émancipation des femmes et de l’égalité des droits et cela a duré une dizaine d’années après l’acte de Hoda Shaaraoui.

De nombreuses femmes ont alors jeté leurs voiles et dans la plupart des villes arabes le port du voile était résiduel. Dès la fin des années 80, et avec en toile de fond la victoire de la révolution islamique iranienne, c’est l’échec des idéologies laïques totalement discréditées par des régimes totalitaires et l’offensive réactionnaire menée à grand renfort de dollar par les États du golfe, Arabie saoudite en tête avec son idéologie wahhabite, qui participera au retour d’une soi-disant tradition qui symbolise l’assignation de la femme à son seul statut sexué.

En France, ces lois d’oppression, que dénoncent les démocrates peuvent êtres appliqués au nom des accords bilatéraux signés conjointement par les autorités Françaises et les pays d’origine. Ce qui est inacceptable car il n’y a aucune légitimité à faire prévaloir pour toutes les personnes résidant sur le sol français des législations qui tournent le dos aux principes de l’égalité de droit que les conquêtes des mouvements féministes et sociaux ont obtenu par leur lutte.

La Direction actuelle du Mrap, « comme dans d’autres associations », a occulté ce débat par un point de vue d’aveugle sur deux questions :
Le premier, au nom d’un relativisme culturel mal compris qui succède à un ethnocentrisme arrogant, on a eu tendance à oublier que le respect d’une culture ou d’une religion n’impose pas de s’y soumettre surtout lorsqu’elles légitiment des oppressions.
Et d’autre part, le fait qu’une religion ou une culture soient effectivement opprimée et discriminée dans un contexte donné, cette situation inique ne peut en aucun cas justifier d’en accepter les oppressions et les contenus réactionnaires.
Enfin, si l’on veut effectivement considérer le féminisme comme un acquis essentiel dans le mouvement pour l’émancipation sociale, revenir à une époque où seule la lutte contre l’exploitation économique devait résoudre l’ensemble des questions d’oppression, et en particulier celles des femmes seraient un recul pour l’ensemble du mouvement d’émancipation.

Avoir refuser de se poser cette question était une erreur de compréhension politique de ce qu'est la lutte pour l’émancipation : le remettre en cause aujourd’hui serait affirmer un renoncement et une trahison à toutes les luttes de libérations.

Certes, s’il s’agit de considérer effectivement les droits afférant aux libertés individuelles et de mener un débat sur ces questions. Pour autant, il s’agit de ne pas valoriser ceux qui contribuent à renforcer toutes les idéologies dominantes.

Certains parle de la liberté de porter le voile dans l’espace public comme un choix qui peut être revendiqué, il y a celles qui le subissent et celles qui en font un objet de militance, en tout cas, il doit être dénoncé sans réserve comme participant à l’affirmation de la domination et de l’oppression des femmes.

Nadia Kurys Vice-présidente du MRAP

Horiya Mekrelouf Présidente du Mrap de Marseille

5 - combat laïque

1 - Suite au texte scélérat de la Halde, Darcos demande aux directeurs de se débrouiller !

Cher Evariste, C’est en lisant le n°544 de ResPublica que j’ai pris connaissance de l’avis scélérat de la HALDE à propos de mamans voilées à qui des enseignants ont interdit d’accompagner des sorties scolaires. Je dis avis scélérat par ce qu’une fois de plus l’Article 1er de notre Constitution est foulé aux pieds ! Eh oui, si la France est sensée être « une République laïque, indivisible et sociale », il y a bien longtemps que ce triptyque est vidé de sa substance (dès le retour de l’Alsace-Moselle concordataire dans le giron de la France en fait, mais ce n’est pas le propos ici !).

D’autres que moi (voir l’excellente analyse de Michèle Vianès, ResPublica n°544) se sont prononcés, notamment, du point de vue juridique sur l’avis de la HALDE. Je n’y reviendrai pas. Par contre, je voudrais insister sur l’impact d’une telle position de la part d’une structure dont l’autorité morale devrait être incontestable. En effet, la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité a vocation à émettre des avis, des recommandations ou à édicter des guides de bonnes pratique en matière de lutte contre les discriminations de tous ordres (faites un tour sur le site oueb, www.halde.fr, c’est instructif…). Ce qui devrait être un outil permettant d’éclairer et d’affirmer les principes intangibles de la République française…devient un machin, véritable guimauve à la sauce anglo-saxonne où le respect de la différence devient…la reconnaissance de la différence des droits ! Incroyable.

Ainsi donc, concernant cette nouvelle affaire de voile, la HALDE recommande que rien ne s’oppose à ce qu’une maman vêtue de la sorte participe à une activité scolaire, arguant du fait que les parents-accompagnants ne sauraient être assimilés à des agents de la fonction publique et qu’ils ne sont donc pas soumis au principe de neutralité de l’Etat. En dehors du fait que je ne savais pas que l’Etat devait être neutre (serions nous Suisses ?) et que j’étais persuadé que la Laïcité de la République française, garante de la paix sociale, devait s’affirmer sans détours, je me demande si ces braves gens ont accompagné une fois dans leur vie une classe, qui à la bibliothèque, qui en promenade ou en pique-nique. Je me demande s’ils ont seulement conscience de l’aura que peut avoir la maman ou le papa d’untel des leurs auprès des enfants. Et au delà, je me demande s’ils savent bien ce que représente ce voile que certains disent islamique…et que seules les femmes devraient porter. Je me demande s’ils ont conscience de la manière dont les enfants construisent leurs représentations du Monde et, partant, leurs relations à l’Autre.

Sous couvert de Tolérance, de Fraternité…et de droit à la différence, la HALDE par l’avis qu’elle vient d’émettre accepte explicitement que ce qui nous différencie prime sur ce qui nous réunit, elle affirme que la République n’est pas indivisible et que le voile, dit islamique, est acceptable, primant de fait sur un des piliers, la Laïcité, de la République. Acceptable même s’il est le signe manifeste de l’oppression, car c’est de cela qu’il s’agit, d’une catégorie d’Humains par une autre, de la femme par l’homme. Et qu’on ne me parle pas de celles qui accepteraient, voir choisiraient, librement de le porter : savent-elles seulement ce que leurs aînées se sont battues pour l’enlever ?!

Quoi qu’il en soit, expression d’une conviction religieuse ou signe d’asservissement, peu importe. La Laïcité, séparation stricte et sans passerelle possible autre qu’intime entre les sphères publiques et privées, ne saurait tolérer le voile à l’école de la République, qu’il soit porté par un agent du service public ou un accompagnateur lors d’une activité scolaire. Le parent qui accompagne l’enseignant est placé sous l’autorité de celui-ci et doit se conformer en tous points aux règles de fonctionnement de l’École publique. L’avis de la HALDE, loin d’éclairer la loi de 2004 relative au port de signes religieux ostensibles à l’École et d’affirmer, par un signe fort, que la Laïcité ne se négocie pas, contraint les enseignants à se débrouiller, les exposant à des sanctions s’il s’avère que le règlement intérieur de l’école n’est pas assez… permissif ! Et bien plus grave encore est le communiqué adressé par le Ministre Xavier DARCOS aux Directeurs d’école, les prévenant de ce que, ayant pris connaissance de l'avis que vient de diffuser la HALDE sur l'accompagnement ou l'encadrement des enfants à l'occasion de sorties scolaires par des mères de famille portant le foulard, il leur rappelle que le choix des parents, auxquels il est proposé d'accompagner les sorties scolaires, doit se faire sans aucune discrimination. Le Ministre va demander aux recteurs de veiller à ce que les règlements types départementaux et les règlements intérieurs des écoles ne contiennent pas de clause qui interdirait, par principe, la participation de certaines catégories de personnes ou limiterait, d'une manière ou d'une autre, le pouvoir d'appréciation du directeur d'école. Il réaffirme, à cet égard, que les maîtres et les directeurs d'école sont les mieux placés pour apprécier les conditions permettant le bon déroulement des sorties scolaires. En bref, les Directeurs d’écoles devront se dépatouiller, comme ils le faisaient depuis 1989 et avant 2004. Lesquels Directeurs ne sont d’ailleurs toujours pas reconnus comme chefs d’Etablissement bien qu’ils en assurent les fonctions !

Alors quoi, la Laïcité serait devenue une vieille lune ? Pourtant, n’est-ce pas Elle qui est l’intelligence de la démocratie ? N’est-ce pas la démocratie laïque qui est la plus haute forme de la démocratie, puisque toutes les croyances et tous les symboles y sont respectés bien qu'aucun de ces symboles ni aucune de ces croyances n'ait le pouvoir de légiférer ou de contraindre ? La paix ainsi fondée sur la raison et l'intérêt commun peut, seule, faire régner l'harmonie et la Concorde. Et c’est tout cela que nos politiques bien-pensants veulent saccager ? Que ne savent-ils que ceux qui sont prêts à sacrifier un peu de Liberté contre un peu de sécurité…ne méritent ni l’une ni l’autre !

Salutation Républicaines et Laïques,

Stéphane Wolf

2 - La tension entre les habitants et les salafistes s’aggrave à Champs-sur-Marne

Mr Jacques BARTHELEMY, Préfet de Seine et Marne

Monsieur le Préfet,

Nous résidons à Champs sur Marne, dans le quartier de la Maréchale, et plus précisément au dessus de la mosquée salafiste (local appartenant à la SCI 29 trente arpents/association amitié Noisy-Champs).

Mme TALLET, maire de Champs, a promulgué 3 arrêtés de fermeture administrative non appliqués pour l’instant et d’ailleurs este en justice contre cette association.

Depuis le 13 juin 2007, jour du procès au TGI de Meaux, les relations avec ces voisins salafistes se dégradent.

Nous qui pensions qu’en attendant le jugement du 18 Juillet, ils feraient profil bas et essaieraient de passer inaperçus il n’en est rien bien au contraire.
Désormais, ils ouvrent les fenêtres et prient devant nos yeux.
Ils se rechaussent à l’extérieur sur des parties communes de la Résidence.
Ils affluent de toute part, en nombre croissant en paradant dans leur tenue.

Veulent-ils nous montrer que les lois de la République ne comptent pas pour eux, que, nous mécréants, sommes quantité et qualité insignifiante ?

Comme dit Tariq Ramadam : dans musulmans français, il y a musulman qui est une conception de la vie, français est une situation géographique et la conception de la vie va au delà de la situation géographique.

La charia n’est que leur seule ligne de conduite et leur logique islamiste est étrangère à notre conception, laïque, démocratique et républicaine.

Pour la population du quartier, cette attitude ostentatoire et provocatrice devient de plus en plus pesante et terriblement difficile à supporter.

Les personnes âgées, qui vivent ici, se sentent harcelées par des va-et- vients incessants et un sentiment d’exaspération va croissant .La proximité des week-ends rend les habitants du quartier stressés voire irascibles.

Si une telle situation perdure, certains d’entre nous vont perdre leur calme et des actes irréparables seront commis.

Ce que nous craignons c’est que même si le jugement rendu leur est défavorable, ils restent là envers et contre tout.

N’oublions pas que ces personnes viennent de Noisy-le Grand où ils ont été expulsés par les CRS, vous, Mr le Préfet, représentant de l’Etat Français , serez obligé d’employer les grands moyens.

Il est urgent, Mr le Préfet que vous preniez conscience que dans votre département, il existe une zone de non-dit où la moindre étincelle se transformera en incendie.

Veuillez, agréez Monsieur le Préfet, l’expression de ma parfaite considération.

UFAL De Champs-sur-Marne

3 - Lancement du Conseil des ex-Musulmans de Grande-Bretagne

Une section du Conseil des ex-Musulmans de Grande-Bretagne sera ouverte à Londres le 21 juin 2007. Elle suit les traces des sections qui opèrent déjà avec succès en Allemagne, Finlande, Danemark, Norvège et Suède. L'Association de la Libre Pensée de Grande-Bretagne et l'Association Nationale Laïque sponsorisent le lancement et soutiennent cette nouvelle organisation.

Le Conseil sera le lieu d'expression de tous ceux qu'on étiquette comme musulmans mais qui ont renoncé à la religion et refusent d'être identifiés par la religion.

La militante des droits humains Maryam Namazie sera la porte-parole de l'organisation dans le pays. Elle a déclaré : "Nous allons représenter l'alternative aux organes tels que le Conseil Musulman de Grande-Bretagne car nous estimons que les gens ne devraient pas être catalogués comme musulmans ou représentés par des organisations rétrogrades comme le Conseil Musulman de Grande-Bretagne. Ceux d'entre nous qui se sont manifestés en publiant leur nom et leur photo représentent les nombreuses personnes qui ne peuvent ou refusent de le faire à cause des menaces que les apostats subissent. En effet ces derniers sont punis de mort par les régimes islamiques. De par notre action nous brisons le tabou lié au rejet de l'Islam et prenons position en faveur des droits et valeurs universels et de la laïcité. Nous sommes sûrs de représenter une majorité en Europe et un vaste mouvement de protestation laïque et humaniste dans des pays comme l'Iran". Le lancement se déroulera le 21 juin.

Voici le Manifeste du Conseil des ex-Musulmans de Grande-Bretagne

Nous demandons :

  1. Des droits universels et une citoyenneté égale pour tous. Nous nous opposons au relativisme culturel et à la tolérance des croyances inhumaines, de la discrimination et des abus au nom du respect de la religion ou de la culture.
  2. La liberté de critiquer la religion.
  3. La liberté de choisir sa religion ou l'athéisme.
  4. La séparation de la religion de l'état et du système légal et scolaire.
  5. L'interdiction des coutumes religieuses, règlements, cérémonies ou activités incompatibles avec ou qui portent atteinte aux droits et libertés des individus.
  6. L'abolition de toutes les coutumes religieuses restrictives et répressives qui constituent un obstacle à l'indépendance et au droit de choisir des femmes et à l'égalité entre les sexes. Nous demandons l'interdiction de la ségrégation sexuelle.
  7. L'interdiction de l'ingérence des autorités et des familles dans la vie privée des femmes et des hommes et dans leurs relations personnelles, affectives et sexuelles.
  8. La protection des enfants contre la manipulation et les abus de la religion et des institutions religieuses.
  9. L'interdiction de toute sorte de soutien financier, matériel et moral de l'état ou d'institutions d'état aux religions et aux activités et institutions religieuses.
  10. L'interdiction de toutes formes d'intimidation et menaces religieuses.

Traduit de l'anglais par Rosa Valentini

Source

Maryam Namazie

6 - débats laïques

1 - "Laissez Christine Boutin vivre"

Diable, me dis-je en me frottant les yeux, mais ça ressemble, je n'y crois pas. Sur Marianne? Ca ressemble à " laissez-les vivre", le slogan des intégristes catholiques, les commandos anti-IVG, les ennemis des femmes laïques et féministes. Et que lis-je? L'auteur de l'article qui signe J.D. trouve normal que Christine Boutin, la conseillère du Vatican, nomme un intégriste catholique (qu'il appelle, lui, un catholique "notoire " pour éviter le terme intégriste), Jean Paul Bolufer comme directeur de son ministère.
Mais ce n'est pas suffisant, elle nomme un prêtre catholique, Jean-Marie Peticlerc, comme chargé de mission auprès de son cabinet !
L'auteur de cet ahurissant article n'approuve pas les associations laïques et féministes qui ont protesté et demandé le renvoi de Christine Boutin. Elles sont " à côté de la plaque" dit-il .
Mais c'est vous, J.D. qui êtes à côté de la plaque ! Il vous faut revoir quelques principes de notre République : elle n'est ni catholique, ni islamique, elle est laïque, notre République.
L'auteur de cet article particulièrement scandaleux sur Marianne ne voit-il pas les conséquences d'une telle décision prise au sommet de l'Etat (nommer un prêtre) ? A quand la nomination d'un rabbin ? D'un imam ? D'un pasteur ?
Et comment, bon sang, fera-t-on appliquer les principes de la laïcité à l'école, dans les services publics, dans les services municipaux etc. si, au sommet de l'Etat laïque, on nomme un prêtre dans un ministère?
Ou cela devient cocasse, c'est lorsque J.D dit sans rire: " le croyant peut exercer des responsabilités publiques mais sans prosélytisme "
Ah oui, un prêtre sans prosélytisme ?
Comment un tel article peut-il passer dans Marianne ?
Les associations féministes et laïques ont protesté et demandé la démission de Christine Boutin ? Elles ont raison et je les soutiens. Parce que je suis moi-même féministe et laïque !

Mireille Popelin

7 - Extrême-droite religieuse

1 - Ras l’front, attaqué en justice par la Fondation Lejeune, est lourdement condamné!

Malgré les méthodes de "délateur professionnel", selon Pierre-André Taguieff, du président de Ras l'Front, René Monzat, nous passons cet article qui relate les problèmes de Ras l'Front 84 avec la Fondation Lejeune, fondation pro-vie de l'extrême droite catholique.
La Rédaction

Le 13 janvier 2005, Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Lejeune, a tenu une conférence dans un établissement scolaire privé d’Avignon. Une manifestation de protestation a été appelée contre cette conférence sur « le contenu des lois bioéthiques », dont chacun sait que c’est une des « entrées » de la fondation Lejeune pour porter son message contre l’avortement . L’appel à cette manifestation, dénonçant la propagande de la Fondation Lejeune et de son président, ainsi que leurs liens avec les commandos anti-avortement, a été distribué et mis en ligne sur différents sites internet, dont celui de Ras l’front.

La fondation Lejeune et son président ont porté plainte pour diffamation contre le responsable de Ras l’front 84 et contre le webmestre du site Ras l’front. Le jugement du tribunal d’Avignon est tombé le 9 mai 2007 :
pour chacun des deux militants, 1500 € d’amende, 1000 € de dommages et intérêts pour la fondation et son président, 1500 € pour les frais de justice, et enfin les frais de publication dans deux journaux.
Soit plus de 8000 € au total !

En faisant condamner financièrement deux militants antifascistes, la fondation Jérôme Lejeune cherche à museler l’association Ras l’front mais au-delà, à faire un exemple en direction de tous les défenseurs des droits des femmes et, en particulier, des défenseurs du droit à l’avortement.

Car, si la fondation Lejeune est connue pour ses recherches médicales et les soins sur la trisomie 21 et d’autres maladies génétiques, elle l’est également pour son activité contre l’avortement. Ainsi, la fondation participe à des manifestations comme la Life Parade, sa vice-présidente (veuve du professeur Lejeune) est membre du comité de soutien de la « Marche pour la vie 2007 » organisée par « 30 ans ça suffit »[1]. Sur son site « Généthique », la fondation Lejeune relaie les informations anti-avortement du monde entier. Récemment, son président, JM Le Méné, interpellait les candidats à la présidence de la République : « Mon seul critère de vote est le respect de la vie commençante. Je ne pourrai pas voter pour un candidat qui accepte de tuer des enfants. »[2] Créée après la mort du professeur Lejeune en 1994, la fondation a obtenu (en moins d’un an !) la reconnaissance d’utilité publique, qui lui permet de recueillir des dons déductibles des impôts... Elle bénéficie évidemment du soutien du Vatican : Jérôme Lejeune était membre de « l’Académie pontificale pour la vie », le Pape Jean-Paul II s’est recueilli sur sa tombe en 1997 et une procédure de béatification est en cours.

A l’heure où la nébuleuse du lobby anti-avortement se fait entendre chaque année un peu plus, où le droit à l’IVG est battu en brèche, tant par la suppression de moyens alloués aux structures médicales que par l’action d’associations anti-avortement, à l’heure où la ministre Christine Boutin nomme comme chef de cabinet une personnalité connue pour ses positions extrémistes, Ras l’front en appelle à la mobilisation pour la liberté d’expression, la défense des droits des femmes et de l’IVG. Pour Ras l’front, choisir de donner naissance ou non est un droit intouchable : c’est pourquoi nous avons décidé de faire appel du jugement.

Afin de porter publiquement cette lutte légitime, de défendre le droit à l’avortement, d’accompagner les militants inculpés, nous appelons à la mobilisation massive de toutes et de tous lors du procès en appel qui devrait se tenir le 12 octobre 2007, à 8h30, à la cour d’appel de Nîmes.

Ras l’front ne pouvant faire face seul aux conséquences financières de ce procès, nous appelons également à la solidarité financière : vous pouvez adresser vos dons à Ras l’front, BP 87, 75561 Paris Cedex 12, mention « solidarité Avignon »

Notes

[1] Collectif créé à l’occasion du 30e anniversaire de la Loi Veil, légalisant l’interruption volontaire de grossesse en janvier 1975, « 30 ans ça suffit » regroupe de nombreuses associations anti-avortement :Laissez-les vivre, la Trêve de Dieu, Renaissance catholique …

[2] Interview à « famille chrétienne » 21-27/04/2007.

Ras L’front

8 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Morituri, un film policier de Okacha Touita contre la mafia politico-islamico-financière qui a saigné l'Algérie

"Morituri te salutant" (ceux qui vont mourir te saluent), déclaraient, en prévision de leur ultime souffle, les gladiateurs à César. En Algérie, les démocrates, les femmes libres, les intellectuels, les artistes et tant d'autres massacrés par les fous d'Allah n'ont jamais eu à saluer. Mais qui sont les égorgeurs, pour qui agissent-ils, dans quels réseaux se fondent-ils, à qui profite le chaos ? Dans Morituri, un film haletant, Okacha Touita tente de démêler les liens tissés entre les islamistes et la mafia politico-financière. La frontière entre les barbus (les tarés à "tête de hérisson") et les clans vivant sur le commerce de la drogue, la prostitution et autres trafics, n'est pas étanche et les passerelles sont nombreuses. Ainsi, nombreux sont les délinquants reconvertis dans l'islamisme.

Dans le marécage du fanatisme et de l'argent sale, un policier se bat. Imaginé par Yasmina Khadra, ce militaire algérien auteur, sous pseudonyme, des livres qui ont inspiré le film, Brahim Llob pourchasse les bourreaux, plonge dans la boue de la mafia algéroise, et tremble pour sa propre famille. Lui-même auteur, esprit fin autant que tenace et indépendant, le commissaire distribue aussi bien les réparties cinglantes que les coups de poings efficaces. Mais l'homme se sait à son tour traqué. La peur est partout, à tout moment.

Si le portrait du commissaire demeure finalement assez classique dans ce genre cinématographique, Morituri dresse le constat effroyable d'un pays qui sombre et se précipite toujours plus loin dans son autodestruction. Quand une société ploie sous les brutes et les salauds, la justice et l'espoir sont engloutis dans la fange. Quand des assassins sanguinaires lobotomisés par la parole coranique sèment la terreur dans un pays tout entier, les mafieux travaillent d'abord à la prospérité de leurs affaires.

Morituri est d'autant plus remarquable que le film a été fait avec de petits moyens, comme l'a déploré le réalisateur à l'issue d'une projection : recours fréquent à des prises de vue uniques par manque de pellicule, utilisation des véritables armes des policiers du commissariat central d'Alger pour économiser le coût de leur location en France, utilisation alternée du français et de l'arabe pour bénéficier d'aides variées, pas d'effets spéciaux, etc. Récemment présenté en Algérie, Morituri est actuellement visible en France, dans trop peu de salles.

Jocelyn Bézecourt www.atheisme.org

Agenda

vendredi 29 juin 2007, 19:00

AURA-T-ON DEMAIN LES MOYENS DE SE SOIGNER?

Maison des Associations
Rue Poterne 21200 BEAUNE

L’Union des Familles Laïques de la Côte d’Or organise une conférence sur le thème de la Santé et de l’Assurance Maladie :

VENEZ PARTICIPER A CETTE CONFERENCE !

Avec Lucette GUIBERT, Responsable du Secteur Santé de l’UFAL
Et la présence de professionnels de la santé

Nombreux échanges !

Contact : ufal21@wanadoo.fr

- Entrée gratuite -

Voir l'agenda complet en ligne

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