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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°557 - vendredi 24 août 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Ils nous refont le coup de la vignette et de la charité avec les franchises médicales!

Belle interview de Roselyne Bachelot dans le journal "sud-ouest" le 17 août. Comme quoi les supercheries d'hier semblent encore bonnes aujourd'hui. Hier, on nous promettait que le produit de la vignette auto irait pour les personnes agées.
On sait aujourd'hui que cela a été dans les caisses de l'Etat, point barre! Et pour les personnes agées, macache!
Et bien le subterfuge est réutilisé par le gouvernement. Je vous propose donc de lire l'interview de notre ministre avec mes commentaires en plus, bien sûr!

Sud-Ouest: "Vous êtes d'abord ministre de la Santé. Les franchises de remboursement ont semblé peu équitables.

Roselyne Bachelot: Je vous arrête immédiatement. Les bénéficiaires de la couverture maladie universelle, les femmes enceintes et les enfants en sont exemptés, ce qui représente dix millions de personnes dans notre pays. Ensuite, ces franchises servent à financer les trois priorités du président de la République : le plan Alzheimer, la lutte contre le cancer et les soins palliatifs. Tout le monde est d'accord sur ces priorités. Les finance-t-on en laissant dériver les comptes publics, alors que l'Assurance maladie a un déficit de 6,5 milliards d'euros cette année ? Ou bien réfléchit-on à une prise en charge qui représentera au pis 4 euros par mois ?
Quelle est la personne qui ne peut pas payer 4 euros par mois sur des objectifs aussi importants ?

Evariste: C'est plus pour les personnes agées, c'est pour le plan Alzheimer, le cancer et les soins palliatifs! Elle est pas belle l'histoire du mouvement perpétuel! Bien évidemment, aucune indication sur les mécanismes administratifs pour que cet argent n'aille pas en fait ailleurs que pour les objectifs donnés. En fait, les promesses n'engagent que ceux qui y croient!

En matière d'Assurance maladie, serez-vous la ministre d'un nouveau plan de redressement ?
Dès mon arrivée à ce ministère, j'ai été alertée sur une nouvelle dérive des comptes. On ne peut plus se contenter d'un plan d'urgence. Avec le gouvernement, nous menons quatre grandes réformes de fond qui aboutiront en 2008-2009. D'abord, nous allons poser la question du financement, c'est le travail qui a été demandé à Eric Besson sur la TVA sociale.

Evariste: le ministre Douste-Blazy nous avait fait le coup en 2004: les franchises allaient sauver la Sécu! Résultat ,on a eu les franchises de 1 euro sur les consultations, l'augmentation du forfait hospitalier,la franchise des 18 euros sur les actes de plus de 91 euros, et le déficit comptable de la Sécu est toujours le même! La Bachelot nous remet le couvert du Douste-Blazy sans vergogne! Depuis longtemps, l'UFAL et les Etats généraux de la santé et de l'assurance-maladie(EGSAM) nous avait bien dit que ces franchises étaient là plus pour privatiser la Sécu( par l'arrivée des multinationales de l'assurance dans la complémentaire santé) que pour équilibrer ses comptes! ''

Cela veut-il dire que la TVA sociale sera mise en oeuvre ?''
Non, non, non ! Un travail de réflexion a été demandé, je ne présume pas des solutions. Ensuite, j'ai demandé à Bertrand Fragonard[1] de réfléchir sur le « bouclier social », à partir d'une idée de Martin Hirsch. Le « reste à charge » pour les bénéficiaires des prestations serait fonction des revenus.

Evariste:Voilà la TVA anti-sociale promise par Sarko et Borloo! Lê financement le plus injuste, celui qui favorise les plus riches !
Alors que depuis 25 ans dans les richesses produites(mesurées par le produit intérieur brut,le PIB,la part des revenus du travail et des cotisations sociales a baissé de 10 points qui ont été transférée aux profits(soit 170 milliards d'euros par an), au lieu de revenir sur ces dix points, on va encore employer un prélèvement qui favorise les plus riches.
Ah! Mais voilà la Bachelot nous refait le coup de la charité pour les plus pauvres! Voilà un gouvernement qui vient de favoriser les plus riches par un "bouclier fiscal" inique et qui utilise la charité chrétienne de Martin Hirsch pour essayer de nous faire passer la pilule! Cela fait des années que les mesures dite du "communautarisme social "n'ont fait qu'aggraver les inégalités sociales de santé. Ce que nous avons besoin , c'est d'un accès aux soins de qualité pour tous avec un remboursements à 100% et un financement qui reviennnent sur les 10 points de PIB (voir plus haut!) volés au monde du travail par les politiques néolibérales depuis 25 ans!

Conseil d'Evariste: ne les écouter plus, et mobilisez-vous pour le 29 septembre prochain contre les franchises médicales et pour l'accès aux soins pour tous!

Notes

[1] Président de la deuxième chambre de la Cour des comptes.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - M. Sarkozy ou la leçon du capital

Pour qui veut prendre la mesure des bouleversement sociaux et politiques fondamentaux en cours, les premières semaines de la présidence de M. Sarkozy sont du plus haut intérêt.
Toutes les tendances à l’oeuvre depuis le début des années 80 se condensent et se nouent pour dessiner les traits de la nouvelle réalité politique.

On se souvient que les années 80 furent les « années-fric ». Vite dégrisés de l’ivresse de mai 1981, les mêmes socialistes qui promettaient la « rupture avec le capitalisme » (en cent jours » !) et faisaient mine d’enfiler la tenue des Jacobins de 1793 se rallièrent à grande vitesse à la « France qui gagne ». Marx et Jaurès devaient s’effacer devant Bernard Tapie et Yves Montand, héros et hérauts de « Vive la crise » [1].

On a souvent dit que les années 80, en France, mais aussi et surtout aux États-Unis et en Grande-Bretagne marquaient une rupture avec le consensus keynésien d’après la seconde guerre mondiale, pour retourner au « libéralisme » capitaliste pur. Serge Halimi parle du Grand bon en arrière [2]. Il y a du vrai là-dedans : la dérégulation de l’économie, la liquidation systématique des acquis sociaux mais aussi de tous les moyens inventés depuis le « New Deal » pour maintenir les antagonismes de classes dans des limites compatibles avec le maintien du mode de production capitaliste, tout cela semblait marquer un retour en arrière, vers le capitalisme du tournant du XIXe et du XX siècle. Cette analyse de la nouvelle « horreur économique » [3] a produit en réaction « l’antilibéralisme », devenu le drapeau d’une gauche déboussolée.

Cette analyse est cependant notoirement insuffisante voire franchement erronée [4]. Le capitalisme libéral du XIXe et de la première moitié du XXe siècle restait lié par mille liens à l’ancienne société, aristocratique et bourgeoise à la fois, révolutionnaire sur le plan de la production, mais conservatrice sur le plan de la culture et des moeurs, soucieuse du « bon goût » et des « bonnes moeurs », défendant des valeurs héritées de formations sociales mourantes ou déjà mortes. Le capitalisme moderne est profondément différent. Profondément différent en ceci qu’il est véritablement capitaliste, qu’il est un capitalisme pur, débarrassé des scories des époques antérieures.

Ce capitalisme a rompu toutes ses attaches avec le capital patrimonial, avec ce capital qui a encore un lien avec la propriété foncière et immobilière ou même la propriété d’une entreprise. Le capitaliste moderne est propriétaire de capitaux qui s’investissent au gré des circonstances dans le pétrole, le bâtiment, la banque ou l’industrie du sexe. Galbraith faisait remarquer, à propos de la crise de 1929 que le spéculateur est un capitaliste qui veut être débarrassé de tous les ennuis qu’apporte la propriété... C’est cela même le prototype du capitalisme pur. La propriété capitalisme n’est pas la propriété de valeurs d’usage - fussent des valeurs d’usage destinées à faire suer le travail pour en extraire la plus-value. C’est la propriété de capitaux, c’est-à-dire de titres à obtenir sa part de la plus-value globale extraite par le mode de production capitaliste. Les « anti-libéraux » dénoncent ce capitalisme purement spéculatif, qui n’a plus aucun soucis de l’investissement à long terme et procède à des « licenciements boursiers ». Toute cette phraséologie creuse ne fait qu’exprimer le regret du « bon vieux temps », celui du capitalisme de grand-papa où le patron avait « son usine » et « ses ouvriers ». Elle oppose un capitalisme vertueux (celui d’hier, heureusement modéré par le compromis keynésien) au capitalisme vicieux, au « turbo-capitalisme » d’aujourd’hui. Au monde inversé de l’idéologie dominante d’aujourd’hui, l’anti-libéralisme n’a rien d’autre à opposer que la représentation idéologique du monde d’hier. Inutile de s’étonner, de jouer les vertus effarouchées, le capitalisme que nous avons sous les yeux est celui que décrit Marx qui ne parle pas des formations sociales dont il est le contemporain mais de l’essence même de ce rapport social qu’est le capital.

Ce capitalisme enfin débarrassé des scories du vieux monde n’a plus aucun besoin de s’encombrer des justifications idéologiques et des oripeaux d’une structure sociale aujourd’hui disparue. La bourgeoisie traditionnelle avait besoin de se mouler dans la tradition culturelle héritée de l’aristocratie, c’est-à-dire d’une classe qui mettait un point d’honneur à ne pas travailler et à se livrer à des occupations ayant en elles-mêmes leur propre valeur. La bourgeoisie montante avait besoin d’un système de légitimation qui correspondait plus à la réalité sociale, mais seulement aux fantômes du passé. De la même façon, elle devait protéger la religion et la famille et faire l’apologie de la nation, puisque c’était seulement dans le cadre national qu’elle trouvait sa base arrière pour conquérir le monde et le bras armé dont elle avait besoin pour se protéger contre ses ennemis, principalement les classes laborieuses en qui elle a tout de suite reconnu les « classes dangereuses ».

Plus rien de tout cela ne tient encore debout. Seuls d’incorrigibles retardataires peuvent encore protester contre « l’ordre moral ». La famille est vouée aux gémonies. La capitalisme « mobile » ne veut plus être freiné par des attaches familiales ou des rites ancestraux comme le repos dominical. On peut encore rendre hommage à la religion instituée, transformée en spectacle, d’autant que, fidèle à elle-même, l’Église catholique marque son attachement indélébile à l’ordre impérial qui gouverne le monde. Mais les prescriptions de l’Église dès qu’elles pourraient remettre en cause une source de profit intéressante sont ignorées superbement par les défenseur de l’ordre : ainsi de la commercialisation du vivant et des techniques de manipulation de la procréation humaine. Quant à la culture, elle n’est qu’une survivance qu’on exploite commercialement sans le moindre scrupule. L’art a cédé la place aux « industries culturelles », qui vont du traditionnel « commerce de la librairie » à la massive production pornographique.

L’évolution du personnel politique accompagne ces mutations. Mrs Thatcher, M. Reagan et même G.W. Bush appartiennent encore au personnel politique à l’ancienne. Réactionnaires et défenseurs de "la loi et de l’ordre", ils cèdent maintenant la place à une nouvelle « race » d’hommes politiques « décomplexés » - puisque le terme est à la mode. Tony Blair, produit de marketing lancé par la presse financière et le groupe Murdoch (un des piliers aux USA de la « majorité morale »...) a été le fer de lance de la destruction du vieux « Labour Party ». En Italie, c’est Silvio Berlusconi, l’homme le plus riche d’Italie et possesseur de plusieurs chaînes de télévision, de journaux et de plusieurs maisons d’éditions qui s’est payé un parti politique comme on se paye une chaîne de magasins. Sa richesse aux origines suspectes[5] est devenue un argument électoral. Un cynisme grossier, un discours où « tout est possible », les professions de foi religieuse chez quelqu’un qui a lancé le porno à la télévision italienne, un culot sans borne, ne reculant devant aucun mensonge, un mépris radical des règles de la vie civile et civilisée telle qu’on la concevait jusqu’à présent, mais aussi un vrai talent de bonimenteur et une pugnacité politique incontestable, tel est le « bonaparte » de la « seconde » république italienne.[6]

Nicolas Sarkozy est un ami de Silvio Berlusconi, de qui il a beaucoup appris. Comme lui, il est lié aux médias. Martin Bouygues, Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré sont de ses proches. Rothschild (Libération), Minc et Bolloré (Le Monde) lui donnent une prise sur la presse qui se prétend indépendante. La capacité de faire tenir en un même discours des éléments parfaitement contradictoires (puisés dans l’arsenal du FN, dans le discours libéral ou clérical, comme dans la rhétorique républicaine) et de parler comme un voyou quand il le veut le rapprochent encore du « cavaliere ». La passion de l’argent, assumée et transformée en argument politique vient compléter le portrait du dernier « bonaparte » de la Ve République. Le luxe ostentatoire, de mauvais goût dans la bourgeoisie traditionnelle, est ici un élément d’une stratégie de communication : repas au Fouquet’s, le soir de l’élection, escapade sur le yacht de Bolloré, vacances tapageuses dans une résidence de milliardaire dans le New Hampshire, des amitiés affichées avec tous les nababs de la ploutocratie mondialisée, mais aussi un mépris affiché de la culture en général et de la littérature en particulier, M. Sarkozy prend à rebrousse-poils toutes les postures traditionnelles de la classe politique française. Mais en même temps, il accomplit l’évolution des dernières décennies.

Qui ne voit, en effet, la continuité de style, de manière de parler et d’idéologie de Bernard Tapie, ministre de la ville de François Mitterrand à Nicolas Sarkozy - pour ne rien dire du trait commun entre ces deux-là, Jean-Louis Borloo ! Qui ne voit que le mépris de la culture et des choses de l’esprit a dominé les dernières décennies[7]. Tout le « sarkozysme » était là depuis déjà pas mal de temps, mais recouvert de discours pompeux, balayés dorénavant par le célèbre « kärcher » de notre nouveau président.

 

Il est devenu « très tendance » de citer Gramsci. M. Sarkozy lui-même s’est laissé ce nom par son porte-plume Guaino. Citons donc à notre tour Gramsci : si la gauche (ou ce qu’il en reste après sa sarkoïsation) veut faire face à la situation, elle doit prendre la mesure du changement et de la nécessité impérieuse d’une contre-offensive, et comprendre qu’il s’agit de se fixer pour tâche la « formation d’une volonté collective nationale-populaire » et d’une « réforme intellectuelle et morale »[8]. Pour ceux qui incrimineraient le peuple intoxiqué par les médias, Gramsci ajoute : « Peut-il y avoir une réforme culturelle, c’est-à-dire une élévation civile des couches inférieures dans la société sans une réforme économique préalable et une mutation dans les positions sociales et dans le monde économique ? Pour ceci une réforme intellectuelle et morale ne peut pas ne pas être liée à un programme de réforme économique, au contraire, le programme de réforme économique est précisément le mode concret sous lequel se présente toute réforme intellectuelle et morale. »

Notes

[1] Sur toute cette période, pour se rafraîchir la mémoire ou pour apprendre l’histoire, on lira le livre de François Cusset, La décennie. Le grand cauchemar des années 80, aux éditions La Découverte, 2006, ISBN : 9782707146540

[2] S. Halimi, Le grand bon arrière, Fayard 2004

[3] voir le livre éponyme de Viviane Forrester et la critique que nous en avons faite dans Denis Collin, La fin du travail et la mondialisation. Idéologie et réalité sociale, L’Harmattan, 1997

[4] voir Collin 1997 et Denis Collin, Revive la République, Armand Colin, 2005

[5] Voir L’odeur de l’argent de Marco Travaglio et Elio Veltri, Fayard, 2001

[6] La « victoire » à l’arraché de la coalition de centre-gauche en 2006 a bien montré la capacité de résistance du berlusconisme pourtant miné par les scandales et une situation économique peu florissante... Voir sur ce site notre article « Pourquoi Prodi n’a pas croqué le caïman »

[7] Il suffit de voir le sort réservé aux « humanités » dans notre système d’enseignement pour s’en rendre compte.

[8] Voir « Brèves notes sur Machiavel, Cahiers de prison, XIII

Denis Collin

2 - Franchises : bien vu, mais encore

L’Etat doit des milliards à la Sécu, sur les cotisations de ses fonctionnaires, qu’il encaisse pourtant, sur les exonérations de cotisations des entreprises que la loi qu’il a promulguée l’obligerait à compenser. Ministres, Président de la République, Députés, Sénateurs, utilisent cet argent à d’autres usages, souvent les leurs.

L’art de gouverner est cousin de l’art de manipuler. Le Président invente donc une sorte d’impôt nouveau, qui ira directement à la Sécu pour compenser les dettes de l’Etat. Baptisé franchise, il se substituera à l’argent de la fiscalité habituelle. Tour de passe passe machiavélique qui sen prend aux plus faibles, les malades, souvent âgés.

Une formidable propagande accompagne ce mauvais tour : « Il faut que les gens participent à leurs dépenses de santé », nous dit on, en ignorant que précisément l’argent de la Sécu vient déjà des cotisations, prélèvement énorme sur la masse salariale des travailleurs. « Il faut responsabiliser les malades » nous dit on, en ignorant que les adhérents des complémentaires de santé, non obligatoires, ont déjà un comportement très responsable.

Au lieu de poursuivre et punir les abus d’une minorité, on détourne l’argent des malades gagné par leurs cotisations obligatoires. Ils se soigneront moins, mourront plus vite, en retraite ou avant, seuls les riches pourront augmenter encore leur espérance de vie. Rupture : la nouvelle société à deux vitesses est bien là.

Claude Barratier

3 - Sarkozy et l’effet Barnum

Sur le site de l’AFIS, Association Française pour l’Information Scientifique, on trouve un article intitulé « L’effet Barnum, une simple curiosité ? » (par François Filiatrault - Science... et pseudosciences n° 256, mars 2003). Je vous invite à aller le lire.

Cet effet Barnum peut être complété d’une analyse de cet effet en religion et en politique par le simple fait qu’il mêle l’émotion, la croyance infondée scientifiquement, l’autosatisfaction et la confiance en celui qui nous flatte.

Pour ce qui est de la religion, il va de soi que le discours du religieux nous invite à penser que nos sacrifices nous rendent formidables, surhumains, dans une société de facilité, de laisser-aller généralisé. De plus, notre foi nous rend si remarquables que nous serons parmi les élus, ceux que Dieu sauvera. Du coup, cela nous permet de rester un bon adepte aveugle.

En politique, c’est pareil. Il est évident, par exemple, que Sarkozy et ses conseillers en communication jouent avec l’effet Barnum. Pendant la campagne, les discours du futur président furent si nombreux et variés qu’ils semblaient s’adresser à chaque Français pour lui faire comprendre qu’il était exceptionnel et que Nicolas allait personnellement s’occuper de lui s’il était élu. Depuis l’élection, il ne se passe pas un jour sans que Sarkozy n’aille à la rencontre de gens qui réussissent pour leur expliquer qu’ils sont merveilleux, ou à la rencontre d’un fait divers sordide afin de faire prendre conscience aux Français qu’ils sont des gens respectables, qu’ils ont la douleur belle et le malheur noble. Ainsi, il passe aux yeux des naïfs pour celui qui les comprend, qui a bien analysé leurs besoins, et les gens lui font confiance, restant aveugles sur la politique de casse sociale menée par le gouvernement.

Dans une interview toute récente, Nicolas Sarkozy déclare que pour économiser du personnel dans l’Éducation nationale il y aurait peut-être des allégements en heures de cours. De cette façon, il fera sans doute comprendre aux enseignants qu’ils sont formidables puisqu’ils peuvent faire passer un savoir avec peu de moyens (j’entends déjà les prochains discours : « J’ai confiance en vous, vous êtes les gardiens du patrimoine culturel français, je compte sur vous »), et il contribuera par la même occasion à fabriquer d’autres incultes incapables de voir à quel point on les manipule.

Stéphane Arlen président de l'association Faire Le Jour
www.fairelejour.org

4 - Big NS Brother

Deux internautes condamnés par la justice au mépris de la loi "informatique et libertés", hausse du prix du lait, TVA sociale, franchises brisant l’égalité d’accès pour tous à la santé..., ne croyez pas que tout cela ne soit pas lié, cela correspond au contraire à un plan parfaitement tracé.

Ce gouvernement ne comprend que la répression bête et aveugle, mais pas sans arrière-pensée... Comme sur les routes, le petit internaute qui télécharge quelques MP3 en subira les conséquences, comme les chômeurs eux aussi de plus en plus sanctionnés. Mais tout cela n’a rien d’aléatoire, et file au contraire à l’accomplissement d’un objectif parfaitement clair : une société précarisée, soumise et ultra contrôlée.

Société précarisée...

Malgré toute la propagande sur les chômeurs prétendument "assistés", et tout ce déploiement de force anti-chômeurs, les Assedic sont bien obligées de constater que seuls 2 % des chômeurs "abusent" du système, c’est-à-dire que 98 % sont de véritables demandeurs en recherche d’emploi. Un camouflet pour Sarkozy qui prétendait vouloir opposer la France qui se lève tôt à une autre supposée se lever tard...

Cependant le triplement des sanctions et la multiplication des radiations, surtout, a bien un autre but : truquer les chiffres du chômage. Cacher la vérité sur le sous-emploi en France, accentué par une précarité sociale grandissante, qui frappe maintenant jusque dans les classes moyennes. La CGT dénonçait justement dans un récent communiqué la situation dramatique de nombres de chômeurs radiés se retrouvant du jour au lendemain sans rien, et surtout sans autre raison qu’une "épuration statistique" des listings de l’ANPE, souvent de manière totalement injustifiée.

Qu’on ne croit pas pour autant que la raison ne soit que le simple trucage des chiffres du chômage. Le but est bien est au-delà, de provoquer une insécurité croissante chez ceux qui ont un emploi même précaire, doublée d’une culpabilisation massive des chômeurs qui seront bientôt contraints d’accepter tout et n’importe quoi, au mépris de leurs qualifications comme dans la région Rhône-Alpes qui a organisera cet été une opération visant à recruter plus de 800 saisonniers parmi les allocataires du RMI et les jeunes sans emploi pour faire les vendanges dans le vignoble du Beaujolais, au mépris de leur niveau de qualification, de diplôme et de formation. Le RSA (Revenu de solidarité active) proposé par Martin Hirsch (Haut Commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté), en guise de "vitrine sociale" de la politique ultra libérale du gouvernement Fillon n’est rien d’autre que cela, et au profit bien évidemment des employeurs qui bénéficieront ainsi d’une main-d’oeuvre peu coûteuse et maléable à souhait.

... société soumise...

Car le but d’une société précarisée, c’est bien sûr d’introduire une société soumise. Par la peur du chômage, par la précarisation à outrance, par la fragilisation de la situation de chaque individu, chaque salarié. N’allons pas voir ailleurs les réformes réclamées à cor et à cri par le Médef, et bientôt accordées par le gouvernement Fillon sur un contrat de travail unique qui fusionnera CDI et CDD bien évidemment au profit de ce dernier ; de même le « toilettage » prévisible du Code du travail, tandis que le droit de grève est déjà habilement remis en cause. Le but est bien sûr une société où les droits des travailleurs, et leur possibilité de se défendre seraient anihilées par une restriction progressive de leur protection juridique d’une part, et de leur capacité à s’y opposer d’autre part.

La politique de privatisation massive des services publics, au profit de sociétés privées sans foi ni loi tel SFR, Club-Internet ou Téléperformances qui écrasent leurs salariés au mépris du droit social, n’ayant évidemment pas d’autre but que défaire la puissance d’action des syndicats qui subsiste encore chez les fonctionnaires dont le nombre est appelé à se réduire comme une peau de chagrin. Hier France Telecom, aujourd’hui EDF-GDF, demain la SNCF, tout passera dans le mixeur de la déréglementation, y compris les salariés, poussés au suicide de voies sans issue en impasses... On le voit partout, de Renault à PSA, d’EDF à France Telecom, jamais nous n’avions connu un tel phénomène en France de suicides en série sous la pression de patrons sans scrupule au nom de la productivité...

Et au-delà des salariés, ce sont tous les Français qui sont visés par le rouleau compresseur sarko-libéral : une société précarisée, soumise, c’est contenir la grogne sur le prix du lait, contraindre les Français à la résignation sur la TVA sociale, les franchises qui vont casser le principe qu’on croyait encore hier inaliénable de l’égalité d’accès pour tous à la santé, la dégradation des conditions de travail et de vie, la baisse généralisée du niveau de vie pour la plupart des ménages modestes et les classes moyennes.

Et pour parvenir à cette soumission du peuple, il faut un moyen, le contrôle politique des medias et des moyens de communication, dont un particulièrement qui échappe (pour l’instant encore) au pouvoir sarkozyste : internet. Nicolas Sarkozy en a compris l’importance au lendemain de l’échec sur le référendum quand la campagne du « non » presque exclusivement relayée sur la toile a balayé celle du « oui » soutenue pourtant massivement par les télés et la presse. Et comme pour tuer son chien, il lui faut bien lui diagnostiquer la rage, la « lutte contre le piratage et pour la protection des droits d’auteur » est soudainement devenu le « dada » de notre président. Le but : contrôler internet derrière l’alibi des droits d’auteur de Doc Gyneco et de Johnny.

... société ultra contrôlée.

Car pour parvenir à imposer sa politique anti-sociale, le gouvernement élu en agitant le spectre de la peur et du désordre civil sur des tons sécuritaires, ne peut évidemment en rester là. Il doit étouffer la pensée critique, en imposant une omerta médiatico-idéologique sur le pays. Le contrôle des média lui est acquis par la main-mise des puissants amis de Nicolas Sarkozy - Arnaud, Bolloré, Lagardère, Bouygues et Pinault notamment - sur la presse et la télévision. Mais reste un « monde » incontrôlé, celui d’internet. Pas de problème, sa prise de contrôle est parfaitement organisée et sera effective en quelques mois à peine.

Soyons clairs, on sait très bien que derrière les MP3, c’est la main-mise économique du web que l’on veut imposer au profit des grands groupes de l’industrie du loisir - du puissant Microsoft dont le patron Bill Gates est aussi un « ami » de Sarkozy, et dont l’empire est menacé par l’émergence des logiciels libres -, aux "majors" du disque et autres Vivendi, dont la Sacem et les lobbies du "droit d’auteur" ne sont que les marionnettes. Johnny Halliday, qui s’est lancé avec frénésie dans l’immobilier et la restauration à Los Angeles, alors qu’il pleurait sur le "piratage informatique" il y a quelques mois, fait cet été la brillante démonstration de l’hypocrisie de la propagande gouvernementale qui voudrait nous faire croire que les droits d’auteur sont menacés.

Cela est bien évidemment faux, et la démonstration est simple : dans les années 80, aurait-on imaginé que l’on fasse la chasse à tous ceux qui copaient des cassettes audio et se les échangeaient dans les cours de collèges et de lycées, entre collègues de boulot, en famille ou entre amis ? Les MP3 d’aujourd’hui ne sont que la continuité des cassettes d’hier, avec d’ailleurs une dégradation de la qualité équivalente à celle de la cassette par rapport au vinyl, soit environ 20 % en crête réelle. Le MP3, comme tous les autres formats numériques d’ailleurs, WMA, ACC ou autres OGG, étant en fait issus de la compression du format réel pour obtenir une taille acceptable par rapport au format original. Ce format de données utilisant un système de compression partiellement destructif, il ne retransmet jamais intégralement le spectre des fréquences audio. Autrement dit compresser un fichier musical provenant d’un CD audio au format MP3 réduit bien évidemment la qualité[1]... Cela bien évidemment, les medias soumis aux grandes industries du loisir se garderont bien de vous le dire, et pour cause !

Mais en vérité, Sarkozy et son gouvernement se moquent bien des MP3 et des droits d’auteurs. En revanche, ils sont soucieux des intérêts financiers des industries du loisir, car celles-ci sont souvent liés aux groupes des médias, dont l’instrumentalisation est nécessaire pour imposer au peuple la propagande gouvernementale au profit de sa politique.

Alors les MP3 sont devenus les jouets d’enjeux qui les dépassent bien largement. Comme si la cassette audio et les walkmans de nos années 80 étaient devenues à l’époque les clés d’une propagande d’Etat, dont le but n’est en fait rien d’autre que le contrôle de l’expression politique en France, et le prétexte justifiant la main-mise des grands patrons des médias et du loisir sur le web, seul espace encore libre face à 95 % de la presse et 100 % de la télévision détenu par le conglomérat du pouvoir politique, médiatique et économique au profit de Nicolas Sarkozy.

Il faut dire que l’expérience amère du référendum de 2005 est passée par là. L’UMP a tiré les leçons de cette campagne du "non", qui, exclusivement relayée sur le web a tout de même permis au camps des « nonistes » de l’emporter largement contre des médias qui soutenaient le "oui" dans leur totalité, parfois même au mépris des règles démocratiques les plus élémentaires en tentant d’imposer tantôt la peur d’une victoire du « non », tantôt la diabolisation du camps du « non ». Cet échec a suscité bien des réflexions à l’UMP dans la commission consacrée aux médias et au web. Notamment celle qu’il fallait reprendre à tout prix le "contrôle" d’un internet jugé "hostile" aux thèses ultra libérales en général, et à celles de Nicolas Sarkozy en particulier.

Les lois DADVI et LCEN ne sont là que pour cela, rétablir le contrôle d’internet. Economique donc d’abord, en se rangeant fermement du côté des grands groupes de l’industrie du loisir, clé de ce contrôle, par l’adhésion inconditionnelle à leurs thèses sur le téléchargement de MP3. En assurant le contrôle économique d’internet, l’assurance de leurs profits financiers en développant la thèse d’un téléchargement « légal » (autrement dit « profitable » financièrement) face à « l’illégalisation » de l’échange de fichiers sur internet - comme si donc dans les années 80 on avait interdit et pénalisé l’échange de cassettes audio dans les cours d’école pour protéger la vente de disques dans les magasins), Nicolas Sarkozy espère bien évidemment être payé en retour d’une adhésion toute aussi inconditionnelle à sa propagande d’Etat pour manipuler l’opinion publique au profit de sa politique anti-sociale.

Les médias "officiels" détenus par Bouygues, Lagardère, Pinault, Arnaud et Bolloré notamment qui détiennent à eux cinq la presque totalité de la presse et de la télévision, tous ces gens étant par ailleurs proches de Sarkozy, on devine à quelle fin politique profite le contrôle économique d’internet.

Comme sous les années de plomb du gaullisme au giscardisme, où les radios pirates incarnaient une forme de résistance et de liberté, le MP3 est donc devenu le symbole d’une résistance tout aussi démocratique face au contrôle des empires industriels, économiques et politiques du totalitarisme sarkozyste qui voudrait imposer une société d’injustice sociale, d’inégalités croissantes et d’écrasement des masses populaires au profit d’une élite ultra libérale fin prête à renvoyer la légalisation sociale et les droits du peuple au XIXe siècle.

Notes

[1] voir explication sur le format MP3 : [charger le lien]

Source

Bruno-José Lebeau

5 - Le peuple avait pourtant dit non

Sarkozy

Le peuple avait pourtant dit non, on va donc faire voter le Parlement!

Des son élection le président de la république Nicolas Sarkozy a proposé d'élaborer une version « resserrée » du traité constitutionnel européen rejeté par les français le 29 mai 2005, qui sera soumise à un vote des parlementaires. Faisant fi de ce fait du choix et de la volonté des électeurs.

Depuis que le non l'a emporté lors du référendum du 29 mai, « personne n'a proposé une nouvelle stratégie, un nouveau traité », déclarait il

M. Sarkozy a donc suggéré d’établir à partir du texte initial un texte plus court fondé sur la seule première partie du traité", qui comprenait les éléments purement institutionnels et de la faire ratifier par le parlement.

Le nouveau texte aurait donc « pour seul objet d'organiser le fonctionnement de l'Europe ». "C'est peut être moins ambitieux que le texte constitutionnel initial, mais on ne peut pas rester sans institutions", avait-il argumenté.

Ce texte resserré et consensuel fera l'objet le moment venu d'une approbation par le Parlement, a-t-il ajouté. Passant de ce fait au dessus de la volonté d’une majorité de français dans laquelle il faut inclure une grosse partie de cocus qui l’ont placé la ou il est.

Le président de la république a par ailleurs jugé nécessaire de ne plus procéder à de nouveaux élargissements tant que de nouvelles institutions n'ont pas été adoptées sauf pour la Turquie bien évidement ou après avoir promis de tout faire pour que la Turquie n’adhère pas à l’UE.

L'échec des référendums français et néerlandais a été en partie provoqué par l'hostilité des peuples à une Europe sans frontière" qui ne voulait pas de la Turquie dans L’UE.

Est-ce que celui qui élu avec les voix de la droite pour appeler des personnalités de gauche tient compte de l'avis du peuple qui a dit majoritairement NON le 29 mai 2005 ? C’est donc cela la rupture ?

Et une fois ce traité « resserré et consensuel » approuvé par le parlement, on repartira donc pour de nouvelles adhésions?

Mais Monsieur Sarkozy n'est pas à une trahison près envers le peuple français, n'est ce pas... A quoi peuvent bien encore servir des élections dans un pays qui ne respecte pas le choix de son peuple ?

Vu que Mr Sarkozy a su désorganiser une opposition déjà moribonde et que plus personne n’est capable démocratiquement de s’opposer a lui, que reste il pour se faire entendre ?

Nous devons nous attendre à des heures graves et bien chaudes.

Au non de tous les cocus de France je vous remercie Mister président

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Claude Bodin

3 - combat laïque

1 - L’hommage zélé du clergé espagnol à ses «martyrs»

L’archevêque de Valence défend un projet de sanctuaire pour les religieux tués par les républicains pendant la guerre civile.

Outre la spectaculaire Cité des arts et des sciences de l’architecte Calatrava, les touristes pourront bientôt admirer à Valence un monument à la gloire du national-catholicisme cher à Franco. Le «sanctuaire des martyrs valenciens», dont les travaux en sont à la première phase, ne passera pas inaperçu : construit sur les restes de l’usine chimique de Cross, idéalement placé (près de la mer et de l’auditorium Hemisfèric), ce temple design de 3 000 m2 sera recouvert de carreaux de faïence multicolores. L’édifice servira de paroisse et pourra accueillir près de 900 fidèles, mais sa raison d’être a surtout une portée symbolique propre à diviser les Espagnols : il rend hommage aux centaines de religieux valenciens assassinés au début de la guerre civile (1936-1939) par des milices anarcho-communistes.

Pacte de sang. Après le putsch du général Franco de juillet 1936, l’Eglise n’avait guère tardé à se ranger aux côtés du Caudillo, ce qui avait exacerbé l’anticléricalisme des défenseurs de la Deuxième République, née en 1931. Dès l’été 1937, la hiérarchie catholique signait en effet un pacte de sang avec le dictateur, une alliance qui n’a pas suscité depuis de mea culpa parmi les prélats. A l’exception notable du cardinal Tarancón, dans les années 70 (qui menaça à deux reprises d’excommunier Franco), les responsables de l’épiscopat ne se sont jamais démarqués nettement de la dictature.

Alors même que le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero s’apprête à faire voter - en septembre - une loi en faveur des victimes du franquisme, cette initiative entend précisément en prendre le contre-pied. Son auteur, l’ultraconservateur archevêque de Valence Agustín García-Gasco, semble avoir voulu réaliser un coup d’éclat avant son imminent départ en retraite. Avec la bénédiction des autorités ecclésiastiques de Madrid, ce mémorial se veut le symbole des «persécutions religieuses» des années 30 - l’épiscopat espagnol estime que 6 832 religieux, dont 4 184 prêtres et 12 évêques, ont été tués à l’époque. Depuis lors, l’Eglise œuvre sans relâche afin que ces victimes soient reconnues en tant que «martyrs», dont on précise qu’ils ont été tués «par haine pour la foi». Cette tâche impossible dans la foulée du ­concile ­Vatican II (les papes Jean XXIII et Paul VI détestaient Franco), a été facilitée avec l’arrivée de Jean Paul II (grâce à qui le fondateur espagnol de l’Opus Dei, Escríva de Balaguer, a été canonisé, en octobre 2002), puis par Benoît XVI. En 2001, 226 religieux valenciens morts pendant la guerre civile ont été béatifiés. Il y a deux ans, le ­Vatican a donné son onction à la ­canonisation de 250 autres prêtres de la région, tués aussi par des «rouges». Fin octobre, 498 religieux espagnols seront béatifiés à Rome.

C’est au nom de ces «martyrs» que s’érige à Valence le très polémique sanctuaire, qui sera visible depuis le fleuve Turia, le front de mer et le futur circuit de Formule 1, et dont la facture a été confiée à deux prestigieux architectes, Ordura et Aloy. Les nombreux opposants à ce projet dénoncent une collusion entre l’archevêché de Valence et la mairie - aux mains des conservateurs du Parti populaire - qui a cédé des terrains pourtant hautement convoités par les promoteurs immobiliers.

Bras de fer. Pour le Forum de la mémoire historique, à Valence, le sanctuaire relève de la double provocation. Cette association qui défend la mémoire des centaines de milliers d’Espagnols victimes du franquisme (assassinés, incarcérés ou forcés à l’exil) est déjà engagée depuis des mois dans un bras de fer avec la municipalité. La mairie veut étendre l’actuel cimetière sur une gigantesque fosse commune dans laquelle, selon le Forum, gisent 26 500 républicains fusillés par les franquistes. Au printemps, un tribunal a donné raison au Forum. «Quel scandale, s’indigne la présidente, Amparo Salvador. On nous met des bâtons dans les roues pour protéger la fosse commune. Par contre, les pouvoirs publics offrent sur un plateau une basilique pour honorer des martyrs qui, sous le franquisme, avaient déjà reçu un hommage officiel !» Sous le règne du Caudillo, jusqu’à 1975, le sabre et le goupillon faisaient bon ménage. Franco avait dépensé des fortunes pour donner une sépulture digne à tous ceux «tombés pour Dieu et pour la patrie», les militaires en particulier, mais aussi les prêtres, religieuses et évêques. «Pendant le franquisme, innombrables étaient les cortèges religieux en mémoire des martyrs, qui traversaient solennellement villes et villages vers les cimetières et les chapelles, rappelle l’historien Julián Casanova. Mais, pour l’Eglise, cela n’était pas suffisant : il lui fallait aussi les ­béatifier.»

Ce zèle clérical se manifeste aujourd’hui avec d’autant plus de force que l’épiscopat espagnol est en guerre ouverte contre le gouvernement Zapatero, accusé de «travailler en faveur du mal» et de promouvoir des réformes «dégradantes» - droits des homosexuels, facilitation du divorce, investigations sur les cellules souches, fin du catéchisme obligatoire à l’école…

Lieu de culte. Le projet de loi sur la «mémoire historique», qui sera voté à l’automne, a spécialement déclenché l’ire des évêques. Il prévoit des réparations morales pour les victimes du franquisme et leurs descendants, l’éradication des symboles de l’ancien régime (noms de rue, statues…) et, probablement, le changement de statut du Valle de los Caídos («la vallée des Tombés»), mausolée et lieu de culte de Franco, situé à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Sous l’impulsion des partis de gauche, la basilique du Valle de los Caídos pourrait être transformée en musée.

Un changement auquel s’opposent farouchement le Parti populaire, les nostalgiques du franquisme, ainsi que l’épiscopat. «L’Eglise espagnole n’a jamais clairement rompu avec la dictature, poursuit l’historien Julián Casanova. Le problème n’est pas qu’elle honore ses martyrs, c’est son droit le plus légitime. Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’elle demeure l’unique institution qui, en plein XXIe siècle, défend la mémoire des vainqueurs de la guerre civile et continue d’humilier les familles des vaincus.» A Valence, un homme politique local, Enric Capilla, qui se dit à la fois «catholique et de gauche», est persuadé que le sanctuaire des martyrs valenciens n’augure rien de bon : «Au lieu d’édifier des monuments polémiques qui vont rouvrir des blessures, l’archevêché devrait se préoccuper de ses églises vides.»

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FRANÇOIS MUSSEAU Libération

4 - néo-libéralisme

1 - Les ordinateurs financiers spéculent jusqu’au crash, sans intervention humaine.

Sous le titre « L’ordinateur a planté le système », le journal « Libération » daté d’aujourd’hui 16 août publie un article intéressant bien qu’un peu paresseux, qui reprend ce qui préoccupe ces jours-ci la presse américaine à propos de l’actuelle crise boursière. Je cite ces lignes à retenir :

« Les ordinateurs n’y comprennent plus rien. Les remous qui brouillent les marchés financiers, en raison de l’éclatement de la bulle immobilière américaine et du naufrage du marché du crédit, mystifient les calculateurs géants des grandes banques d’affaires. (…) Le problème, tel que la presse financière américaine l’analysait hier, provient du fait que tous ces fonds sont gérés par des ordinateurs qui font du trading seuls, pratiquement sans intervention de l’homme, et souvent d’ordinateur à ordinateur. Ces machines utilisent des modèles, parfois mis au point par des Prix Nobel, qui anticipent l’avenir en se basant sur les comportements passés. Un responsable de Goldman Sachs a expliqué hier au Financial Times que ce qui venait de se produire, ne devait arriver que tous les cent mille ans, selon les projections informatiques des ordinateurs de la banque. Or ces modèles, très semblables entre eux, ont tendance à réagir comme les moutons de Panurge.
(…) Certains analystes pointent un risque «systémique», en notant que l’un des inconvénients de ce trading, généralisé par l’ordinateur seul, est que la machine ne tient pas compte de l’effet sur le marché de ses propres comportements. Dans certaines situations, les modèles informatiques utilisés par la finance peuvent devenir le moteur des marchés, met en garde un expert. »

       (« Libération », Jeudi 16 août, page 2 et 4).

S’il ne s’agissait pas de nous autres, il serait permis de rire un peu du sort dérisoire de ce grand singe évolué, l’être humain, qui s’est finalement autopiégé par une ultime ruse de la technique, sa plus « chère » créature.

En effet, après avoir fait sa révolution néolithique il y a quelques millénaires, l’humanité vient d’effectuer en 30 ans une complète contre-révolution primitive, régressant de la prévoyance pacifique vers un retour radical à la prédation économique à court terme (chasse et cueillette au lieu de l’agriculture et de l’élevage, en quelque sorte, et la guerre de tous contre tous), soit un capitalisme financier sauvage, déconnecté de l’économie réelle, dont le tour de force consiste à avoir confié le destin du monde à des ordinateurs en réseau programmés par des fous furieux et des charlatans.

On l’a vu avec la patiente démolition de tout les mécanismes que la civilisation avait patiemment édifiés pour protéger l’homme contre sa propre barbarie, et notamment des lois protégeant les plus faibles, comme la sécurité sociale et les retraites, ennemis farouches du nouveau paradigme paléolithique et cruel des dits « fonds de pension ».

Tous les verrous ont sauté quand les flux financiers irresponsables sont devenus les pilotes dans l’avion, avec la complicité des dirigeants politiques occidentaux de la génération de Reagan, Thatcher-Blair et Mitterrand, et alors que nous nous sommes privés à jamais de tout instrument de recours, comme par exemple avec cette énormité significative : « l’indépendance » de la banque centrale européenne face à une raison collective qui serait incarnée par la politique (volontairement soumise et impuissantée) et les citoyens (muselés et distraits par le pain, les jeux et les faux-débats).

Songeons que si, par une catastrophe subite de type nucléaire ou cosmique, toute vie humaine devait subitement disparaître, le show financier continuerait pour rien, et les ordinateurs des banques d’affaires continueraient à spéculer automatiquement comme si de rien de n’était en brassant des biens immatériels, jusqu’à épuisement progressif des énormes réserves de fioul prévues pour leurs groupes électrogènes. Une fin du monde cauchemardesque et un beau sujet de roman !

Ajoutez à cela la montée simultanée des périls climatique, chimique, atomique, neuroleptique, médiatique, éducatif, mafiosi et terroriste, bref l’irakisation progressive du monde, tous phénomènes découlant largement de cette dictature « apolitique » de la technique financière laissée à elle-même, et vous avez un constat assez réaliste de l’illusion paresseuse des gauches politiques et syndicales de tous pays, qui ne veulent toujours pas s’affronter courageusement aux vrais enjeux tant qu’il est encore temps.

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Luc Douillard

5 - à lire, à voir ou à écouter

1 - L'insécurité sociale : qu'est-ce qu'être protégé ?

Comme d'autres ouvrages actuels, ce livre de Robert Castel[1] s'intéresse au vieillissement de notre modèle social occidental est plus singulièrement français. Il a en plus le mérite de définir le concept d'insécurité sociale et de le replacer dans le contexte historique de la société humaine.

S'appuyant sur la véracité du constat de Hobbes, sans pour autant cautionner le "Léviathan", il est rappelé qu'une forte présence de l'Etat est la seule antidote à l'insécurité sociale, poison qui menace la stabilité politique et sociale des démocraties modernes, comme il a toujours menacé les sociétés humaines.

Il apparaît clairement qu'une séquence historique s'achève dans la seconde moitié du XXème siècle, avec l'avènement des droits individuels et collectifs, la création de la Sécurité Sociale, l'organisation des protections du travail. Aujourd'hui, tout cela est remis en cause, ou en question.

Une autre séquence a démarré, sous nos yeux. A nous de la comprendre avec lucidité, et de rechercher les nouvelles réponses pour inventer un nouvel ordre social, qui se voudra la plus juste possible. Robert Castel lance quelques pistes en fin de livre, tout sociologue qu'il est, et donc professionnel du constat, on regrettera que cette partie ne soit pas plus approfondie.

Frappé de mondialisation et répondant à de nouveaux besoins, le travail est en mutation. Une véritable "sécurité sociale du travail" est à concevoir, après examen de cette mutation. Les périodes de formation, de réadaptation, d'insertion et de réinsertion sont à redéfinir avec souplesse et exigence pour soutenir les salariés dont la mobilité est une réalité acquise. Les "effets de pallier" sont à proscrire. La solidarité est menacée parce qu'elle s'est confondue avec l'assistanat. Si elle ne doit pas être remise en cause (le gouvernement actuel y travaille âprement), elle doit être remise en question.

Ce sont des réflexions à mener avec urgence, pour en dégager une proposition politique en phase avec notre temps.

Notes

[1] L'insécurité sociale, Robert Castel, La République des Idées - SEUIL - 2003. [charger le lien]

Source

Yvan Lubraneski Membre du PS et de la LICRA

2 - Quelques perles du livre de Yasmina Reza sur Sarkozy

L'Aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza - éd. Flammarion - 186p., 18€.

"Non content de dominer les rentrées politique, sociale, économique, people, artistique, touristique, le président de la République réussira également le tour de force de dominer la rentrée littéraire", écrivait il y a peu sur son blog le chroniqueur littéraire Pierre Assouline. Il évoquait la sortie de "L’Aube le soir ou la nuit", un récit dans lequel Yasmina Reza raconte la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, qu'elle a suivi dans plusieurs déplacements.

En France, Flammarion a réservé la diffusion des extraits du livre au Nouvel Observateur. Très rares sont les journalistes qui ont pu feuilleter le manuscrit. Tout est prêt désormais pour un grand vacarme médiatique bien organisé.

C'est donc via la Suisse que nous sont parvenus les extraits du livre: le journal suisse La Liberté, partenaire de Rue89, nous a adressé quelques-unes des perles trouvées dans le livre de Reza. Ci-dessous, nous publions leur florilège.

"Nicolas Sarkozy peut être rassuré: sa biographe de campagne ne l'a pas massacré. Si elle le châtie, elle l'aime aussi", écrit Antoine Menusier dans La Liberté. Tout au plus le candidat apparaît-il parfois "comme un petit être perdu qui cherche l'assentiment –ses fins de phrases en hein?, adressées à ses collaborateurs"...

La rencontre (2006)
Dans le bureau de la place Beauvau où nous nous voyons pour la première fois, il écoute gentiment puis très vite je perçois, de façon infime, mais c'est une chose qui m'est familière, l'impatience. Il a compris. Il est "honoré" que je veuille faire son portrait. Il dit, bref vous voulez être là. Je dis oui.

New York, face aux représentants des principales organisations juives (septembre 2006)
Je suis numéro un des sondages bien que je sois ami de l'Amérique et d'Israël. Je ne dis pas ça par prétention. J'ai 51 ans, je suis calme. Ne vous laissez pas enfermer par les articles de journalistes stupides qui n'y comprennent rien. Une partie des élites me détestent beaucoup plus qu'Israël et les Américains.

De retour d'un déplacement en province (octobre 2006)
Dans l'avion qui nous ramène à Paris, il prononce ces deux phrases.
–J'aime Chimène Badi, A LA FOLIE.
–Je vais vous faire sursauter, je ne considère pas que Dick Rivers soit un naze.

Rencontre avec le président algérien Bouteflika à Alger (novembre 2006)
Vous avez du cran et du caractère (dit l'Algérien au Français). Des qualités essentielles. La souffrance se lit sur votre visage. Vous avez quelques rides. Deux kilos de plus ne vous feraient pas de mal.
—On s'approche de l'échéance monsieur le Président. Mais je ne suis pas anxieux. Je suis prêt.

En avion vers Lyon, dialogue avec l'auteur (novembre 2006)
Guaino (Henri Guaino, la plume du candidat), il est difficile mais il a du génie (dit Nicolas Sarkozy). Ils veulent m'enlever Guaino. Moi j'ai besoin de Guaino. J'ai besoin de gens comme ça, qui ne sont pas lisses. J'aime les fêlés, ils me rassurent.
—Ils te rassurent de quoi?
—Je ne sais pas… C'est le propre de l'inquiétude, tu ne sais pas d'où ça vient.

Candidat à la candidature (30 novembre 2006)
Il est candidat. Ne connaissant rien à la dramaturgie politique, j'avoue ne pas comprendre l'importance de cette annonce, s'agissant d'un homme que tout le monde considère comme candidat depuis la nuit des temps.
Samuel Fringant, chef de cabinet adjoint, me dit, dans la mythologie présidentielle c'est le moment où tu franchis le Rubicon. Tu ne peux plus revenir en arrière.

A Marseille (anecdote non datée)
Une femme perchée sur un feu rouge: "Qu'est-ce que tu fais chez nous putain de ta mère! Casse-toi!" Il lève les yeux vers elle. Puis continue en souriant sa marche houleuse. Si souvent je l'ai vu attraper des journaux, les regarder vite, sans lire, vite tourner les pages. J'ai mis longtemps à comprendre ce que je voyais tant l'esprit se satisfait d'idées reçues, ils sont blindés, ils ont la peau dure… Un jour, subitement, une évidence m'a frappée et j'ai dit, tu te protèges. Il faut bien, a-t-il répondu.

Nicolas Sarkozy et Henri Guaino préparent le discours de la déclaration officielle de candidature (14 janvier 2007):
Henri: Pour moi, la grande idée, c'est le travail.
Nicolas: Oui, oui! Oui! Le fil conducteur c'est le travail! Pour moi, il y a deux idées, la France n'est pas finie, et le travail.

"Le Silence des agneaux"(janvier 2007)
Il a vu chez lui, sur sa nouvelle télévision, "Le Silence des agneaux", il a trouvé le film formidable et aussi Jodie Foster, il dit plusieurs fois que Jodie Foster est formidable, formidable aussi l'écran large…

Disparition de l'abbé Pierre (22 janvier 2007)
C'est infiniment pénétré qu'il commente, en sortant du pénitencier, pour la presse locale, la disparition de l'abbé Pierre survenue dans la nuit, et avec la même gravité de visage, le même ton de condoléances, la réconfortante non-candidature de Nicolas Hulot… Dans l'avion:
—Heureusement qu'on n'a pas eu l'abbé Pierre mort dimanche 14…

Dans un avion (12 mars 2007)
Les sondages du matin donnent pour la première fois Bayrou à égalité avec Royal, juste derrière lui. Peut-être que son humeur n'a rien à voir avec cela. Après un temps:
—Frank (son porte-parole)! Il y a des bonbons?

Réunion avec son entourage, Nicolas Sarkozy parle (non daté)
Je vous dis une chose. Si on n'avait pas l'identité nationale, on serait derrière Ségolène. On est sur le premier tour, mes amis. Si je suis à 30%, c'est qu'on a les électeurs de Le Pen. Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge.

Premier tour de l'élection présidentielle (22 avril 2007)
A 18h45, il revient (il est encore sorti pour parler au téléphone). Les enfants, les enfants (désormais il ne cessera de dire les enfants), ce n'est plus un sondage mais une estimation sur les bureaux de vote. Nous 31, Ségo 25-26, Bayrou 17, Le Pen 11. Ovation sur Le Pen 11. Il se penche vers Simone Veil et l'embrasse, c'est mon petit talisman, c'est pas la plus facile mais…

Second tour, Yasmina Reza s'adresse à la mère de Nicolas Sarkozy, Andrée (6 mai 2007)
Je dis à sa mère: "Votre fils vient d'être élu président de la République, je vous regarde Madame depuis cinq minutes, vous êtes calme, peu bavarde..." "Oh vous savez, dit-elle, le jour le plus émouvant est le jour où il a été élu à Neuilly, car il avait 27 ans".

Source

Pascal Riché Rue89

Agenda

mardi 11 septembre 2007, 10:00

MOUVEMENT POUR LA PAIX ET CONTRE LE TERRORISME

A Paris

PROGRAMME DE LA CONFÉRENCE DU 11 SEPTEMBRE 2007

1 - LE DROIT FACE AU TERRORISME (10 h - 12 h)

Avec

2 - LE TERRORISME CONTRE LES LIBERTÉS (13 h - 15 h)

Conséquences du terrorisme :

Avec

3 - S'UNIR CONTRE LE TERRORISME ET LES TERRORISTES (15 h - 17 h) Le rôle de la société civile Constitution de l'alliance internationale contre le terrorisme Avec

L'entrée à la conférence sera gratuite mais se fera strictement sur invitation.
Réservations ouvertes dès maintenant
Renseignements, demande d'invitation :
Mail: mpctasso@aol.com - Téléphone 06 26 66 42 23

Rassemblement en hommage à toutes les victimes d'attentats
à 19 h au Mur de la Paix (Champ de Mars)

Voir l'agenda complet en ligne

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"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
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