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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°570 - lundi 1 octobre 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Guerre ou Paix

De l'identité de la République

Il est parfois dangereux de tomber dans une « dépersonnalisation ». Certes, le Pacte Républicain est une construction tournée vers l'avenir. Certes, il fait partie de ces contrats résolument futuristes au sens où il propose aux intervenants de s'élever et de collaborer à un cadre de vie sereine. Mais le fondement tout cela n'est pas « la gloire » d'avoir une République ou la construction d'un édifice dont on pourrait alors tirer quelques fiertés. La fondation du Pacte Républicain se trouve dans le désir de mener des existences sereines, d'avoir un maximum de possibilités pour non pas vivre luxueusement, mais vivre une vie tranquille, en accord avec soi, en paix avec les autres, c'est à dire ceux que l'on rencontre dès que l'on sort de sa demeure. La fierté et l'orgueil d'être et de se revendiquer citoyen de la République, membre de ce Pacte qui unis les citoyens, certes il en faut. Mais jamais ces sentiments ne doivent éclipser la recherche de la paix, de la tranquillité, de la confiance heureuse que l'individu peut avoir dans son cadre de vie. Rien n'est rose, rien n'est facile, rien n'est donné, mais la République c'est l'opportunité de travailler aux conditions d'existence sereine. Le Pacte Républicain n'est pas l'imposition d'une norme, il n'est pas une constellation de micro-fascismes, il doit travailler à être le cadre permettant à l'individu de vivre son existence comme il l'entend sans l'imposer aux autres, sans violences échangées les autres, mais collaborant à la préservation de ce cadre qui permet de vie douce pour tous les membres du Pacte Républicain. De fait, le Pacte Républicain est une oeuvre de pacification, de tranquillisation des rapports. Son but ultime est d'être tourné vers la vie.

Imaginer que la République est née toute immaculée est un leurre. La construction de la République est une progression, une lutte pour s'arracher des héritages lénifiants. Il faudra attendre 1981 pour que la République, rompant avec les chrétiens soucieux d'imposer à tous leur norme sexuelle, offre aux individus la possibilité de vivre librement leur intimité hétéro ou homosexuelle. Il faudra attendre 1973 pour briser un peu plus la vision patriarcale et faire en sorte qu'une femme mariée puisse disposer de son propre moyen de paiement sans l'accord écrit de son mari. Ici et là traîne encore les relents des chaînes qui marquent notre histoire. Toujours le maire récite aux futurs époux qu'ils « se doivent ... », preuve que l'ingérence dans la vie privée, dans l'intimité d'une relation, est encore de mise. Gageons que le Pacte Républicain finira par rompre définitivement avec ce qu'il fût sous la IIIe République (un instrument de lutte contre les royalistes catholiques) et que dans un futur proche, il laissera aux seuls intéressés le soin de définir en toute liberté l'intimité qui sera la leur sans qu'ils ne reçoivent de « devoirs » en ce domaine, fusse de la République elle-même. Le pacte Républicain n'est là que pour gérer la chose publique, non remplacer une religion par des consignes sur ce qui relève de l'intime. La route est donc encore longue. Mais le guide reste le même : créer le cadre au sein duquel tout individu peut participer à ce cadre, et en échange recevoir la possibilité de vivre sereinement son existence, pour peu qu'il souhaite la mener sans imposer aux autres sa façon de vivre. Refuser la contraception à quiconque est une ingérence dans l'intimité d'autrui. A l'inverse, offrir la possibilité de la contraception est une liberté donnée à chaque individu pour gérer sa vie comme bon lui semble.
Parce qu'il tranquillise les existences et les rapports entre les individus, le Pacte Républicain est en permanence une construction vers davantage de paix. Et cette direction est LA trajectoire de la République, celle qui lui donne un sens.

La guerre est plus simple que la paix

Le désengagement de l'action du Pacte Républicain est précisément la détérioration de ce cadre de vie. Les individus ne sont plus alors des citoyens, ils ne sont que des individus seuls, mis à nus, livrés à eux mêmes pour (sur)vivre. Or, en l'absence de loi, c'est celle de la jungle qui prévaut. Là où le Pacte Républicain est désactivé, le travail de pacification s'arrête et fait place à la résurgence de tout ce que ce Pacte avait permis d'écarter : insatisfactions, misères, frustrations, méfiances, peurs, éloignements, énervements, moeurs violentes, ignorances, brutalités. Le cocktail est pire lorsque l'on condamne les individus à subir la dégradation sans la possibilité de s'en échapper. Alors c'est l'explosion qui couve, et elle survient tôt ou tard.
Les émeutes de Villiers-le-bel sont le résultat de cette tenaille génératrice de frustrations.

Les remèdes

D'abord la condamnation immédiate des violences. Aucune paix ne se construit sur la violence.
Mais aucune paix ne se construit sur une logique de frustration. L'arrêt des violences doit être suivi des actes de pacification. Or, le président Sarkozy prône non le réinvestissement du Pacte Républicain, mais le renforcement de la répression pour combattre la frustration et la violence. Il faut le dire et le répéter : cette voie est criminelle. Aujourd'hui, en France, le chef de l'Etat sacrifie les corps et les vies des citoyens de notre pays, policiers et habitants des citées, dans le seul but d'appliquer la construction sociale des libéraux anglo-saxons. Honte à lui. Nicolas Sarkozy n'est pas un citoyen, il est le Bush de la France. Il est celui qui travaille à ruiner les vies de notre nation. S'en étonnera t-on, la logique de l'affrontement n'amène qu'à la guerre ! La logique de l'investissement pour la paix conduit... à la paix. Cette paix à été construite par le Pacte Républicain. Mais cette paix a un prix. Elle coûte de l'argent, des efforts, mais elle demande surtout de tourner le dos à l'idéal de vie enclose, sécurisée et sélectionnée d'une banlieue comme Neuilly. Pour éviter ce prix éthique, on peut bien de faire tuer quelques habitants et policiers. Leur vie a visiblement bien peu de valeurs... vivement-sarko

En déclarant devant l'assemblée nationale : « Je voudrais dire que la police dans les quartiers existe et qu'elle y fait son vrai métier et non pas ce que vous vouliez lui faire faire, du sport avec les jeunes », sans le savoir, Michèle Alliot-Marie pointe très exactement la ligne de démarquation qui distingue son éthique vulgaire et l'éthique d'un citoyen de la République. La vulgarité est la marque d'un esprit qui compte pour rien l'existence des individus et sacrifie leurs corps à la logique de la guerre et de l'affrontement. Le libéralisme anglo-saxon que l'on importe en France est une logique de guerre civile. Partout où il passe, il sacrifie de la chair humaine.

L'éthique du républicain n'est pas une construction idéaliste, elle n'a pas pour but une idée abstraite. Le républicain connaît le prix de la paix et il l'assume. Ce prix est la condition pour une société pacifiée. Oublier que la République est liée aux corps des citoyens revient à lui faire perdre le plus précieux de ses guides, le plus cardinal de ses repères, son but fondateur : la paix pour vivre.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - politique française

1 - Le président de la République n'a pas répondu aux attentes des citoyens et du peuple

En fidèles serviteurs des classes fortunées et du Medef, le Président de la République et son gouvernement ont su trouver durant l'été dernier dans l'application du bouclier fiscal 15 milliards pour permettre aux riches d'être encore plus riches.
En fidèle défenseur de ses intérêts, le Président de la République a su trouver les moyens pour augmenter son salaire de 170%.
Mais pour améliorer le pouvoir d'achat de ses concitoyens, le Président n'a pas trouvé un centime !
Quelles sont les préoccupations des citoyens et de leur famille en terme de pouvoir d'achat ?

universite-edf

N'importe quoi !!!
crédit : La Belette

Le poids des dépenses de logement est passé de 31% à 44% entre 2001 et 2006 pour les 20% de ménages les plus modestes (rappelons qu'il etait de 25% en 1978). Aucune réponse ! Aucune annonce en terme d'offre de logement, notamment de logement social. Pire, le Président ignore que les loyers ne sont plus indexés depuis bientôt deux ans sur l'indice du coût de la construction qui ne représente que 20% du nouvel indice de référence des loyers. Et c'est en fragilisant les garanties offertes aux bailleurs que le Président pense régler le problème : réduction de la caution à un mois de loyer au lieu de généraliser le cautionnement par la puissance publique pour les ménages aux revenus modestes.
Les prix des matières premières flambent et sont répercutés sur les consommateurs pour maintenir les marges astronomiques de la grande distribution, le Président répond que nous pourrons faire nos achats le dimanche. Où sont les mesures pour revaloriser les salaires ? Quelles sont les mesures pour favoriser l'emploi ? En économie, la méthode Coué n'a jamais fonctionné.
L'énergie coûte de plus en plus cher et augmente bien plus rapidement que les revenus. Aucune réponse, le sujet n'a même pas été abordé. Pire, la seule annonce aura été un désengagement supplémentaire de l'État dans le capital d'EDF, bien public qui assure l'égalité, l'indépendance et la sécurité de notre approvisionnement en électricité.

On le voit, l'intervention d'hier soir n'aura été qu'un rideau de fumée pour cacher l'absence totale de perspective pour régler la baisse du pouvoir d'achat des citoyens et leur famille, et, signe des temps, seul le Medef le félicite ce matin : tout un symbole !
Monsieur Sarkozy aurait mieux fait de rester dîner au Fouquet's avec ses richissimes amis.

Voir cet article sur son site d'origine

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - Les émeutes de Villiers-le-Bel

Une fois de plus, échec des politiques anti-sociales et communautaristes et franchissement d’un nouveau seuil de violence.

Après la ronde des Minguettes de 1981, l’interventionnisme de l’Etat et la politique du gouvernement 1981-1982 a permis une relative accalmie des violences urbaines. Malheureusement, le tournant néolibéral de 1983 a ouvert la voie aux violences urbaines (entre autres Vaulx-en-Velin 90, émeutes de 2005, place Clichy en 2006, aujourd’hui, un nouveau stade de la violence à Villiers-le-Bel). Mais le mal est plus profond et tout ne peut pas être expliqué uniquement par le néolibéralisme. Nous disons à l’UFAL depuis longtemps que seule la globalisation de l’analyse et des combats peut résoudre ce fléau. Tous les discours « monocause » sont insipides et inopérants. Nous savons à l’UFAL que les quartiers populaires sont un concentré de tous les problèmes politiques, laïques, sociaux, républicains et démocratiques. Il convient donc de les traiter en soi et pour soi. Cette fois-ci, un nouveau seuil a été franchi, des fusils à chevrotine et à grenaille ont été massivement utilisés contre la police et une partie de la population a soutenu les émeutiers.

Malheureusement, cela renforce la pertinence de l’analyse de l’UFAL devant le cancer des idées d’extrême droite, la vacuité des discours politiciens de gauche et de droite, l’impasse théorique et pratique de la majorité des forces anti-libérales et altermondialistes.

Si nous n’arrivons pas à provoquer un sursaut, il est à parier que l’américanisation de la politique française entraîne demain un nouveau stade encore plus grave.

Rappelons que notre analyse est que les quartiers populaires sont un concentré des conséquences néfastes des politiques anti-sociales, communautaristes et anti-démocratiques qui se font jour de plus en plus dans la vie politique et sociale française. Résoudre les problèmes des quartiers populaires, c’est entrer dans un cycle de résolution des problèmes de tous. Il est donc nécessaire d’avoir une analyse juste de l’état des quartiers populaires, de définir des politiques efficaces et de créer les outils de ces politiques. Il faut donc globaliser les combats pour résoudre ce nœud de contradictions exacerbés que sont les quartiers populaires.

Mais pour globaliser les combats, il faut sérier les analyses et les solutions.

Police : la politique menée par Sarkozy est la pire de toutes

La politique de Jospin-Chevènement a été trop timorée et insuffisamment efficace, notamment dans l’installation de la police de proximité. Mais la politique de Sarkozy depuis 2002, qui a supprimé la police de proximité, précipite les quartiers populaires dans une américanisation de la politique.

La politique de Sarkozy, qui a supprimé la rotation des gardiens de la paix dans les BAC (brigades anti-criminalité), est désastreuse.

Il faut rompre avec la seule enquête de l’IGPN sur les « bavures » et il faut systématiser les enquêtes judiciaires avec un corps d’enquêteurs indépendants de la police et de la gendarmerie.

Par ailleurs, l’aggravation de la stigmatisation des « minorités visibles », conséquence immédiate des politiques quantitatives de M. Brice Hortefeux, dresse de plus en plus la jeunesse et une partie de la population contre les forces de police, même quand celle-ci fait correctement son nécessaire travail. C’est intolérable !

Il faut revenir à une police de proximité avec un statut pérenne et en liaison avec tous les autres acteurs (acteurs sociaux notamment). Il faut revenir à une rotation des gardiens de la paix dans les BAC. Il faut revoir tout le dispositif de contrôle démocratique des forces de police en lien avec une commission ad hoc de la représentation nationale parlementaire.
Il faut changer de politique globale.

Accélération de la ghettoïsation de l’urbanisme : combien de temps faudra-t-il pour comprendre que c’est un fléau ?

Cela fait un quart de siècle que s’est intensifié la ghettoïsation de la France. Le cancer des permis de construire donnés par des maires qui sont prisonniers de la couche sociale dominante de leur commune va un jour sauter aux yeux ! Dis-moi ta situation matérielle et je te dirai où tu habites. C’est le tabou de toutes les politiques. Destruction de toute mixité sociale. Ségrégation spatiale et peur de l’autre se développent.
C’est une pathologie sociale dramatique. Même la loi SRU, notoirement insuffisante, est contournée par la plupart des communes. Comment satisfaire l’égoïsme de chaque catégorie sociale et résoudre ce fléau ? Impossible. Il faut au contraire développer une volonté générale kantienne qui surplombe ces égoïsmes.

Accélération des politiques communautaristes : une raison cachée des échecs depuis un quart de siècle !

Les politiques néolibérales pour se mettre en œuvre ont passé un accord politique avec toutes les forces communautaristes. Tentative d’achat de la paix sociale avec les communautarismes ethniques et religieux qui ont partout échoués (principalement dans les municipalités de gauche mais aussi dans celles de droite) mais surtout développement du communautarisme social avec des politiques tournant le dos aux principes universels laïques et républicains (CMU au lieu de couverture sociale de qualité pour tous, assistance au chômage au lieu de politiques de plein emploi, réduction générale des services publics sauf chez les riches au lieu de mettre tous les services publics dans tous les quartiers, favoriser la vie à Paris au lieu d’avoir ce souci sur toute la plaque urbaine francilienne, etc.). Accepter par exemple des quartiers avec 40 à 50% de chômeurs, c’est du communautarisme social. Cela doit être combattu vigoureusement. Pas seulement dans la tête des néolibéraux de gauche et de droite, mais aussi auprès de nombre de soi-disant antilibéraux et altermondialistes. Notre tâche d’éducation populaire laïque et sociale est donc énorme.

Nous appelons donc toutes les forces du mouvement social à engager un débat serein sur tous ces problèmes en acceptant de remettre en cause toutes les « vérités révélées » qui ont eu cours jusqu’ici, et d’engager un énorme travail d’éducation populaire laïque, écologique et social pour in fine construire une politique alternative d’émancipation humaine.

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Bernard Teper

3 - Le 1er meeting unitaire pour un référendum a eu lieu !

Mardi soir, les communistes ont organisé un grand meeting à Paris dans la célèbre salle de gauche du gymnase Japy. Comme il y a 2 ans, une campagne unitaire de gauche y démarrait. Mais cette fois-ci l’enjeu est différent : obtenir un référendum !

Une campagne unitaire

Dans ses propos, chaque intervenant a insisté sur l’enjeu de cette campagne et s'est félicité de constater le caractère unitaire des forces de gauche. Ce dernier point est essentiel pour la réussite de l’entreprise. Et comme en 2005, le PCF se retrouver à jouer le rôle central, en mettant les moyens de son organisation à disposition d’un arc de force large à gauche. Sans cette générosité politique, tout serait compliqué. Preuve que le communisme ne vit pas qu'au travers d'un parti, mais qu'il trouve sa place dans une composante plus large sans perdre pour autant son identité.
Ce 1er meeting organisé par le CNR (Comité National pour un Référendum) a réuni pour commencer Eric Coquerelle du MARS, le secrétaire général des JC, Christian Picquet de la LCR, George Sarre du MCR, Marie-Noëlle Lienemann députée européenne PS et Francis Würtz député européen PCF. Les 2 dirigeants politiques les plus attendus étaient, bien évidemment, Jean-Luc Mélenchon sénateur PS et président de PRS, et l’hôte Marie-George Buffet, député et secrétaire générale du PCF.

Convaincre les députés et sénateurs de gauche

Peu de journalistes se sont intéressés à ce meeting. On a pu noter 2 caméras : celle de France 2 et celle de canal + (pour l'émission dimanche+). Cette seconde équipe a d'ailleurs profité de l'occasion pour interroger beaucoup de militants sur un sujet annexe : à quand la création d’une alliance PRS-PCF ? Bien entendu, le débat n’était pas celui-ci (il viendra en temps et heure) mais preuve est faite que la création d'une force politique unitaire pour la gauche nouvelle a dépassé les frontières du simple militantisme pour gagner les citoyens de ce pays.
Mais l’importance du moment est la lutte unitaire pour l’obtention d’un référendum sur le TCE-bis ; lutte difficile car il faut convaincre les députés et sénateurs socialistes, radicaux de gauche et Verts de voter contre la ratification au congrès malgré la tentation de l’abstention que préconise nombre de dirigeants du PS. Marie-George Buffet a clairement annoncé la décision des communistes : « Tous voteront contre ! » Elle a aussi souligné l’implication décisive et résolu de son parti dans le CNR.

Le peuple aux commandes

Cette demande de référendum, à propos d’une modification de la constitution, rejoint un débat fondateur de notre Pacte Républicain. En 1791, les députés devaient rédiger une constitution. Au cours des débats, un député, pas encore classé à droite (et pour cause) proposa d’octroyer au roi un droit de véto. Selon lui, le pouvoir du peuple se devait d’être limité par le représentant du divin. Le roi se leva et déclara : « A gauche, ceux qui sont opposés à ce droit. » On y retrouva le peuple, les damnés, le Tiers État, tous les individus, y compris des nobles, ayant le peuple pour appartenance. A sa droite se placèrent l’ancienne noblesse conservatrice, le clergé, les belles personnes d’alors. Ainsi, en France, et de manière emblématique, sont nées sur la question de la souveraineté populaire contre celle des élites autoproclamées, ce que l'on nomme depuis : la gauche et la droite.
Qui avait raison ? Cette somme d'individualités qui se reconnaît dans ce que l'on désigne par « Le peuple » !

Thierry Duval

4 - Vers des Etats généraux de toutes les forces de transformation sociale

Le forum organisé par « Maintenant à gauche ! », le 24 Novembre à Paris, a été d’un grand intérêt.

Les débats ont confirmé l’objectif, largement partagé, de faire converger l’ensemble de la gauche de transformation sociale.
Dans cette perspective, il a été notamment convenu :

  1. d’organiser en 2008 des Etats Généraux de toutes les forces de transformation sociale et de mettre en place un comité unitaire de préparation qui garantisse le pluralisme et l’ouverture de cette grande initiative.
  2. d’initier partout des espaces des débats avec le type de démarche que « Maintenant à gauche ! » a mis en œuvre pour ce forum.
  3. de saisir toutes les occasions de mobilisation sociale pour proposer et débattre des alternatives nécessaires et de faire de la campagne pour l’exigence d’un référendum sur le nouveau traité européen un axe fort de l’action commune de la gauche de transformation.

Avec ces propositions, il nous appartient désormais de créer la dynamique permettant de réunir les conditions pour la construction d’une nouvelle force politique à gauche. Ci-après le texte de mon intervention lors de ce forum.

Marc Dolez

 

__« Mes chers camarades,

Pour rentrer immédiatement dans le vif de mon propos, je dirai qu’il y a urgence à enclencher le processus de construction d’une nouvelle force politique à gauche, urgence dictée à la fois par la situation politique et sociale, dont nous partageons largement l’analyse, et par l’état actuel de la gauche.__ La construction de cette nouvelle force politique est en effet indispensable pour porter le projet de transformation sociale, que je crois aussi nous appelons largement de nos vœux, pour imposer majoritairement à gauche la rupture avec toutes les politiques économiques menées depuis 25 ans, c'est-à-dire depuis le tournant libéral de 1983.
Avant de savoir avec qui construire cette nouvelle force, il faut d’abord répondre à la question : pour quoi faire ?
Nous y avons répondu pour l’essentiel dans le courant de la journée, ce qui exclut de construire une chapelle de plus tout comme l’idée d’un parti de toute la gauche qui irait des communistes au Modem !

Cette nouvelle force a donc vocation à rassembler toutes les forces de la transformation sociale, qui peuvent venir d’horizons différents : républicains, communistes, écologistes, altermondialistes, féministes… et bien sûr socialistes.

A cet égard, et s’il était besoin de vous rassurer, je vous indique qu’au Parti Socialiste il y a beaucoup de militants qui ne se résignent pas et qui ne renoncent pas, beaucoup de militants qui veulent lutter contre le capital et son système. S’ils n’ont pas encore renoncé à se battre à l’intérieur du Parti Socialiste, beaucoup, dont je suis, ne se font plus guère d’illusions sur la possibilité d’enrayer sa mutation en parti démocrate et la possibilité de le replacer au cœur de la gauche.

Pour réussir la construction de cette nouvelle force politique, la participation de socialistes, aux côtés de beaucoup d’autres, est absolument indispensable, comme cela a été le cas, il y a 2 ans, dans la bataille du non au T.C.E.
Construire cette nouvelle force c’est en réalité refuser le bipartisme actuel : nous le constatons aujourd’hui de manière affligeante, que cela soit sur les retraites, l’université et le traité européen, UMP et PS sont d’accord sur le fond, mise à part la méthode !
Nous, nous affirmons que droite et gauche ont de profondes divergences sur le fond. Il y a urgence à engager le processus car la situation l’exige et c’est pourquoi je ne pense pas qu’il faille attendre davantage pour en afficher clairement la perspective et prendre des initiatives en ce sens.
Attendre d’avantage ne faciliterait rien, car il y aura toujours une bonne raison d’attendre : une échéance électorale, le congrès de telle ou telle organisation. Cela pourrait être l’une des conclusions de notre journée, nous pourrions par exemple décider de l’organisation d’Etats Généraux de la gauche pour la transformation sociale et ce dès le printemps 2008.

Dans la période qui vient, il importe aussi de jeter les bases de cette nouvelle force en menant ensemble la bataille pour l’exigence démocratique du référendum et refuser que la souveraineté populaire soit bafouée. Dans le débat sur l’avenir des retraites, nous devrions ensemble récuser l’idée de devoir travailler plus longtemps et plaider pour un alignement par le haut.

Le parti que nous avons à construire doit être à la fois celui de la protestation et de la proposition.
C’est notre responsabilité collective, une responsabilité historique, que de participer à cette construction. Si non, qui d’autre le fera ?
Parce que cette perspective répond à une aspiration profonde de notre peuple, nous allons la concrétiser. Alors, au travail ! »

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Marc Dolez www.marc-dolez.net

5 - Interview de Christian Picquet (LCR)

Pourquoi était-ce important pour vous de venir à la convention de « Maintenant à gauche ! », le 24 Novembre à Paris ?

Premièrement, pour moi, c'est un prolongement d'un dialogue que nous avons commencé il y a deux ans à l'occasion de la sortie de nos livres sur la question de la République et deuxièmement, parce qu'il y a un an nous battions les estrades ensemble pour le rejet du TCE. Et à cette occasion, nous avons fait une double démonstration : le libéralisme est minoritaire en France ; les politiques d'accompagnement à gauche du libéralisme étaient en opposition par rapport aux attentes du peuple de gauche. Aujourd'hui, ce dialogue en 2004, cette campagne en 2005, d'une certaine manière, on en retrouve les enjeux dans l'actuel mouvement contre le CPE.

Vous êtes membre de la direction nationale de la LCR. La question de la République est-elle pertinente dans votre organisation ?

Je suis encore loin d'avoir convaincu tous mes camarades. Je pense qu'il faut que la tradition politique qui est la mienne se rapproprie un débat d'un siècle dans le mouvement ouvrier dont Jaurès a été l'une des expressions, à savoir la question de la République était un enjeu du combat social. L'exigence républicaine les formes qu'elle a prise en France ne peut s'expliquer indépendamment des combats qui l'ont porté du fait que le mouvement ouvrier naissant puis le mouvement ouvrier dans sa force du 20e ont en permanence renouvelé cette exigence républicaine. Quand on veut faire de la politique à gauche, quand on ne veut pas se dérober aux enjeux, il faut prendre à bras le corps un problème comme la République à un moment où le capitalisme veut revenir sur les conquêtes sociales des 60 dernières années, mais veut aller plus loin et remettre en cause deux siècles de combat pour l'émancipation. Les libéraux vous disent aujourd'hui qu'il faut en revenir avec le Robespierrisme, les acquis de la Révolution française. Quand on veut faire de la politique à gauche, on ne peut pas se dérober face à cet enjeu. Je mène ce débat à la LCR. Ce débat progresse. Finalement, pour moi, la question de la République, c'est la question de la démocratie. Et la question de la démocratie, c'est la question de la souveraineté du peuple.

Quelle union des gauches souhaitez-vous ?

L'union des gauches face à la droite pour la battre, pas de problème. En revanche, on ne pourra pas unir dans la même coalition dans le même gouvernement, des gauches qui sont porteurs de projets totalement différents. Aujourd'hui, il y a à gauche un projet qui consiste à accompagner en la limitant à l'offensive libérale. Pour Ségolène Royale, il faut adapter la France au modèle de Tony Blair. Et il y a une autre orientation. Celle que nous avons défini lors de la campagne du NON qui est de dire : il faut oser la rupture. Sinon, on ne sera pas à la hauteur de ce qu'exprime dans les urnes, dans la rue et dans les grèves la population de ce pays. Aujourd'hui, plus que d'unir les gauches dans une coalition ou dans le même gouvernement, il s'agit de faire en sorte que la gauche de rupture devienne hégémonique à gauche. C'est cela l'enjeu fondamental.

Quel contenu au projet alternatif au libéralisme proposez vous ?

Je vois 3 grands piliers :

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Pour La République Sociale (PRS)

6 - Dictateur potentiel ?

« On ne cèdera pas et on ne reculera pas ». En assénant ce propos de manière péremptoire le 20 novembre 2007, le président de la république élu le 6 mai 2007 par 53 % des électeurs s’étant exprimés, n’a-t-il pas tombé le masque ? Ne s’affirme t-il pas ainsi comme un dictateur potentiel en voulant imposer, sous prétexte de l’équité, une contre-réforme destinée à remettre en cause les régimes spéciaux de retraites des travailleurs de la SNCF, de la RATP, d’EDF-GDF, pour ensuite compléter cela dès 2008 en portant le temps de cotisation de 40 années à 41, 42 années, voire plus, tous régimes de retraites confondus pour l’ensemble des salariés ?

Employer les termes « réforme» et « équité » est une véritable imposture reprise complaisamment par des médias aux ordres.

Réformer signifie améliorer ce qui existe et non pas le dégrader. En l’espèce, comme pour les salariés du privé depuis 1993 grâce au gouvernement de Messieurs MITTERRAND-BALLADUR et pour les fonctionnaires en 2003 grâce au gouvernement de Messieurs CHIRAC-RAFFARIN-SARKOZY, en voulant porter de 37,5 années à 40 années le temps de cotisation des travailleurs bénéficiant d’un régime spécial de retraite (non déficitaire, avec des pensions de retraites certes d’un meilleur niveau en raison d’un taux de cotisation supérieur par rapport au régime général de retraite), il s’agit bien d’aboutir à une dégradation de leur régime par rapport à ce dont ils disposent encore actuellement. Dès lors, il ne s’agit pas d’une amélioration du régime de retraites des travailleurs de la SNCF, de la RATP, d’EDF-GDF, mais bien d’une régression qui est recherchée. En conséquence, l’emploi du terme « réforme » est impropre et inexact : il faut employer le terme de contre-réforme, car aller à l’encontre de l’amélioration, c’est bien dégrader, détériorer. Il faut dénoncer cette malhonnêteté intellectuelle, cette propagande visant à détourner le sens des mots et à faire accepter ce détournement.

Lorsque la contre-réforme aboutit à la régression sociale généralisée pour l’ensemble des travailleurs en les alignant tous sur un même régime de retraite revu à la baisse, dégradé par étapes, selon la résistance rencontrée, n’est-ce pas cela l’équité invoquée par notre bon président ? En outre, selon lui, il faut savoir arrêter une grève ! Ne lui est-il pas venu à l’esprit l’idée suivant laquelle il faut aussi savoir cesser de vouloir s’attaquer aux acquis sociaux obtenus de haute lutte et après bien des sacrifices y compris par la mort d’hommes, de femmes, d’enfants et que, seule cette volonté de les remettre en cause est à l’origine de la grève, seul moyen dont disposent les salariés pour défendre leurs droits ?

Si cet important personnage était un authentique démocrate, pourquoi ne soumettrait-il pas au vote de l’ensemble des citoyennes et citoyens de ce pays, la question se déclinant de la manière suivante :

La réponse à cette question posée en ces termes ne sera peut-être pas celle attendue par le président de la république, d’autant plus que, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le retour à 37,5 années de période de cotisation pour tous, avec la référence aux six meilleurs mois pour le calcul de la pension à verser, implique une augmentation nécessaire de 15 points de cotisation étalée sur 40 ans, soit 0,37 point de cotisation supplémentaire par an[2].

En voulant imposer autoritairement par une contre-réforme menée au nom de l’équité, une régression des droits à la retraite des travailleurs bénéficiant d’un régime spécial de retraite, notre cher président n’agit-il pas comme fondé de pouvoir du MEDEF (renommé par nos soins Mouvement des Exploiteurs et pour la Défense de l’Esclavage en France) ?

Sinon, comment expliquer sa présence à l’université d’été du MEDEF, fait sans précédent de la part d’un président de la république ? N’a-t-il pas ainsi choisi clairement le camp de ceux qui font leur, le projet de société prôné par Monsieur Denis KESSLER, ex-numéro 2 du MEDEF dans la revue Challenges du 4 octobre 2007 et énoncé de la manière suivante : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ! »[3].

Ainsi, notre bon président n’est-il pas le mandataire chargé par le MEDEF de mener à bien la contre-réforme pour réduire les droits des salariés au niveau de ce qu’ils étaient avant les accords de Matignon du 7 juin 1936 consacrant la lutte victorieuse du monde du travail au début du gouvernement du Front Populaire, voire à les ramener en deça et pour rétablir dans ses prérogatives de droit divin une classe possédante qui, à l’époque pour contrer et punir les travailleurs d’avoir osé affirmer leur dignité et revendiquer le droit à une vie meilleure, n’avait pas hésité à choisir Hitler plutôt que le Front Populaire, en faisant expressément le choix de la défaite pour reprendre le titre d’un ouvrage de l’historienne Annie LACROIX-RIZ (Armand Colin, 2006) ?

Et, pour atteindre cet objectif, notre bon président ne devra t-il pas briser la résistance à laquelle il doit faire face de la part des travailleurs concernés et de l’ensemble des salariés si la contestation vient à s’étendre ? Ne prendra t-il pas prétexte de cette dernière pour recourir à l’article 16 de la constitution du 4 octobre 1958 pour instaurer en toute légalité une dictature ? Pour ce faire, ne lui faudra t-il pas agir par une dure répression comme le fit en son temps Adolphe Thiers, le massacreur de la Commune de Paris en 1871, avec la complicité de Bismarck, le chancelier de l’Empire allemand, qui pour l’occasion lui facilita la tâche en libérant les soldats français capturés lors de la désastreuse guerre franco-prussienne de 1870-1871, afin de réprimer le peuple parisien qui avait osé prendre en main son destin et paya cette audace d’au moins 25 000 morts, la bourgeoisie française de l’époque ayant ainsi montré son véritable visage ? Et celle d’aujourd’hui, se prépare-t-elle à renouveler un tel exploit ?

S’il doit en arriver à de telles extrémités, notre bon président fera bien de se souvenir que parmi les droits naturels et imprescriptibles de l’homme figurant dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 (DDHC), laquelle a valeur constitutionnelle, il y a la résistance à l’oppression. Tout comme, il ne peut ignorer, en dépit de son caractère désormais uniquement historique, l’article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen figurant en préambule de la constitution du 24 juin 1793, lequel dispose :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Il faut espérer que notre bon président méditera sur ces citations avant de chercher à imposer à tout prix la contre-réforme permettant la remise en cause des acquis sociaux et des droits des salariés comme le souhaitent ses commanditaires du MEDEF, où figure son propre frère parmi les hauts responsables de l’organisation patronale.

Tout comme, il est hautement souhaitable qu’il prenne l’exacte mesure des prérogatives du peuple disposant du droit de résister à un gouvernement despotique, avant de chercher à imposer par un vote parlementaire le traité adopté à Lisbonne, qui, malgré un habillage différent, n’est pas autre chose que celui rejeté par le peuple de ce pays par référendum le 29 mai 2005, avec plus de 54 % des suffrages exprimés. En ignorant et en méprisant ce choix clairement affirmé le 29 mai 2005 par le peuple français souverain, notre bon président risque d’être à l’origine d’une forfaiture susceptible de conduire les citoyennes et les citoyens de ce pays à faire usage de leur droit constitutionnel à la résistance à l’oppression en application de l’article 2 de la DDHC de 1789.

Notes

[1] Ne sont pas comptabilisés parmi les travailleurs, les députés, les membres du gouvernement, le président de la république qui vient de voir multipliée par 3 sa rémunération, ni les militaires...

[2] Voir à ce sujet l’article « Retraites : au nom de l’équité » par Annick COUPÉ, Politis n° 976 du 15 au 21 novembre 2007, p.6

[3] Dans un article intitulé : « Adieu 1945, rattachons notre pays au monde »

Jean-Paul BOIRE

7 - Vous avez dit privilégiés ?

Ou la nécessité de distinguer les privilèges bateaux des bateaux des privilégiés.

Soyons clairs : les cheminots et consorts, en faisant grève, emmerdent l’immense majorité des Français. Mais ils rendent surtout un sacré service au pouvoir en place. Grâce à eux, il est devenu absolument indécent de poser une question cruciale : qui est privilégié en France ?

Les grèves actuelles semblent accréditer l'idée que le privilège, c'est un contrat de travail spécifique, un statut procurant une protection particulière, une garantie d'emploi, de bonnes conditions d'accès à la retraite. Certes, les « cheminots » (comme si ce mot n'avait pas, en soi, terriblement vieilli...Il pue le charbon !) n'exercent certainement pas le pire des boulots, et ils sont carrément odieux lorsqu'ils évoquent des conditions de travail pathétiques : des millions de Français ne dorment pas tous les jours chez eux, passent des week-ends au poste, assurent des gardes et assument des responsabilités, et tout cheminot peut s'en rendre compte lorsque, frappé d'une crise lors de son shopping un dimanche matin dans la zone économique de son patelin, il trouve des infirmières en ordre de marche, de l'essence pour son auto, des renseignements sur son téléphone et mille autres damnés de la terre à son service (public). La pénibilité du travail des contrôleurs de trains, laissez-nous rire : c'est sur des blagues pareilles que les démolisseurs sociaux de la droite ont beau jeu de moudre leur grain. Mais revenons à la question : qui est privilégié ? Au niveau de salaire de ces travailleurs du train, il est absolument impossible de parler de privilège. Mais il faudrait en dire autant de dix ou douze autres millions de travailleurs.

Je sais, le terme fait vieille gauche rouge, mais il a un sens.

Petite définition

Car un privilégié, si l'on cherche une définition, c'est justement celui dont les revenus et le rang social sont sans commune mesure avec son travail, ses compétences ou son utilité sociale. C'est quelqu'un qui a le bonheur de gagner dix mille euros en déplaçant une épingle, alors que d'autres, pour déplacer une tonne, en gagneraient cinquante.

C'est le dentiste qui, travaillant trois jours par semaine, revend impunément une prothèse douze fois le prix qu'il l'a payée au prothésiste (il « a des frais »), en aggravant au passage la note pour une mutuelle, et se demande ensuite s'il rachète une deuxième grosse BMW ou s'il prend l'option « cris de bêtes d'Afrique » dans son 4x4. Allez donc, après ça, chicaner à un cheminot une prime pour travail la nuit de Noël...

C'est le cadre très supérieur qui, comme plus d'un tiers des zozos de ce calibre, n'est à la tête de revenus annuels proches du demi-million d'euros, que par héritage (l'héritage de situation, disent toutes les études, est un facteur de recrutement supérieur à tous les MBA en France : regardez les noms des intéressés, feuilletez l'annuaire du MEDEF, on se croirait au Bal des Débutantes ou entre deux pages du Who's who). Allez donc reprocher aux enfants de cheminots d'avoir pu, pendant des années, bénéficier de conditions facilités de recrutement.

Le privilégié, c'est celui dont l'argent a si peu d'odeur qu'il peut l'entasser sans craindre le fisc, en accumulant les SCI à but lucratif, les studios en cours de paiement, les investissements sous les tropiques, les sociétés bidons aux soldes d'exercices perpétuellement négatifs. Allez donc froncer le sourcil sur les fiches de paie des conducteurs de train.

Nous marchons sur la tête. Quand on voit le niveau du marché immobilier à Paris ou sur la Côte d'Azur et le nombre de transactions supérieures à 1 million d'euros que réalisent des particuliers chaque jour, peut-on envisager qu'en travaillant deux ans de moins, les « régimes sociaux » vont ruiner la France ? Mieux : on stigmatise les artistes et les footballeurs grassement payés, mais que dire de tous ceux qui ne se sont donnés que la peine de naître, avec un patrimoine copieux et des rentes de situations qui les conduisent à la tête de sociétés qu'ils n'ont pas bâties et qu'ils ne dirigent pas vraiment, dans des conseils d'administration où ils traînent leur bleu-croisé comme ces vicomtes de jadis aéraient leurs dentelles, grands dépendeurs d'andouilles soucieux d'avoir leur photo dans Voici après avoir licencié deux mille personnes, ou d'ouvrir un musée d'art contemporain dont chaque pièce, chaque carreau, chaque centimètre carré, si l'on y réfléchit, a été payé par tous ceux qui, depuis trois générations, ont bossé pour la famille. Qui oserait dire, pourtant, à la télé, à une heure de grande écoute, dans un de ces débats assommants où Jacques Marseille ricane et où l'UMP de service parle d'équité, que les dirigeants et les clients de LVMH sont plus privilégiés que les cheminots du dépôt d'Ivry ?

Les jouisseurs de richesse

Cet été, je regardais le port de plaisance de La Ciotat. Je m'y connais un peu en bateaux, j'ai une barcasse de 4m70 pour aller pêcher les girelles. Dans cet entassement de coques ensommeillées (la plupart ne sortent qu'un jour ou deux par an, en moyenne, évidemment), j'ai compté soixante-quatre « unités » dont le prix dépassait à l'évidence, hors entretien, le niveau de l'ISF. Et le double, si l'on se place à 500 000 euros. Je suppose que les heureux possesseurs de ces beautés ne logent pas dans la rue, et j'aurais tendance à penser qu'ils ont une villa plutôt qu'un modeste deux-pièces. Le prix mensuel de l'« anneau » peut atteindre un SMIC, ce qui donne à penser que leurs revenus autorisent cette ponction. Comptez une cinquantaine de ports de ce calibre entre Marseille et Nice, plus Marseille, plus Nice ; même chose pour le Languedoc, la côte Atlantique, la Corse, les ports étrangers. Bref, rien qu'à scruter les ports de plaisance, on se demande comment il se fait que si peu de foyers paient l'ISF en France. Et qui possède ces splendeurs (qu'évidemment, je jalouse : il faut assumer ses désirs) ? Des profs ? des infirmiers ? des cheminots ? des fonctionnaires ? Ah non, ils ont d'autres privilèges, dit-on en Sarkoland. Ils ont la garantie de l'emploi, ces salauds.

Je repose la question : qui achète ces trucs ? Eh bien, je suis allé questionner un marchand. Figurez-vous que ce marché roule sur les professions libérales (pas mal d'avocats et de notaires, tous les radiologues, beaucoup de médecins : il était temps que l'on augmente leur consultation de 10%), sur les gros commerçants (on sait que ce sont des damnés de la terre, voués à des retraites pitoyables), des « entrepreneurs » (de construction) et sur des « gens de l'immobilier ». Plus une faune indéfinissable de gens qui « ont les moyens », que ce soit parce qu'ils vendent de l'andouille en gros, parce qu'ils exploitent un domaine viticole hérité, parce qu'ils ont des parts dans une société. Bref, moins ils travaillent, plus ils empochent. Je ne ris pas et je te mets au défi, toi qui me lis en me traitant de vieux bolchévik, de prouver le contraire. Mieux : budget de la santé, hausse des prix, gouffre des investissements publics, crise du logement, abus de biens sociaux et tyrannie des bénéfices financiers, mettez les maux dont nous souffrons en relation avec les sources de revenu de ces bienheureux. Ils se disent, pour certains, « créateurs de richesse ». C'est faux : ils jouissent de la richesse qu'on crée pour eux. Nous sommes au-delà de la rétribution, et même du profit légitime : sachez-le, notre pays a un cancer, c'est cette inégalité des destins, et il y a là une bombe.

Le bateau de la République coule à pic

Alors on comprend que cela vaut le coup, pour les défenseurs de la France-gling-gling, celle qui pète au Fouquet's et roucoule désormais à l'Elysée, de se payer les régimes spéciaux en grande urgence : ils ont l'opinion pour eux, le faubourg Saint-Germain peut compter sur le Kremlin-Bicêtre pour taper sur le privilégié du dépôt Saint-Lazare. Et pendant ce temps, travaillant plus pour gagner plus, le fils Machin des Tubes et Roulements Machin, grâce à une OPA amicale, gagne en huit secondes ce qu'un cheminot gagnerait en huit cents vies.

Le malheur, c'est qu'on se vautre dans les rituels d'une grève poisseuse, avec ses « otages » et ses « galères », ; avec ses micro-trottoirs et ses micros-quais pleins de haine ou de résignation : pas un mot, dans le commentaire journalistique, pour situer la vie des privilégiés de la SNCF, de GDF et d'EDF (qui ne paient pas leurs factures d'énergie, les salauds !) en la comparant à celle de vrais privilégiés. La mauvais habitude est prise : on admire trop les riches, désormais, pour se demander si leur richesse est légitime. Nous sommes intoxiqués. Nous sommes complices. Nous sommes foutus. Le char de l'Etat roule dans la joncaille, et le bateau de la République, qui carburait au social, coule à pic dans les vagues du yacht de Bolloré. Plouf !

Jacques Gaillard écrivain

8 - Les millions de l'UIMM ont aussi « fluidifié » la presse

Selon un ancien responsable de la fédération patronale, entendu par les flics, de l’argent a aussi été versé à des journalistes.

Les anciens responsables de l’UIMM ont commencé à défiler à la brigade financière. Mardi 27 novembre, Denis Gautier-Sauvagnac, démissionnaire le 15 novembre après que le scandale des millions retirés en liquide des comptes, a été mis en garde à vue, ainsi qu’une poignée de cadres de la fédération patronale, les flics s’attelant à retrouver la destination de plus de 20 millions d’euros retirés en liquide à la BNP-Paribas depuis l’an 2000 et la banque Martin-Maurel. Dans quelles poches se sont retrouvés les billets ? Mystère. « DGS », comme on le surnomme, a eu un éclair de génie en expliquant qu’ils avaient servi à fluidifier les « relations sociales ». En plein Novembre noir, le mot a fait mouche. Mais le grand prudent n’a pas dit un mot de plus. Il a même fait savoir qu’il serait une vraie tombe comme l’officier de gendarmerie Michel Roussin, ancien bras droit de Chirac et spectateur muet de bien des choses…

Avant « DGS », Pierre Guillen, vice-président de l’UIMM et délégué général – donc détenteur des cordons de la bourse - entre 1984 et 1994, a connu bien des secrets. Il a passé le relais dès 1994 à Gautier-Sauvagnac (devenu délégué général avant d’être élu président de la fédération métallurgique en 2006). Guillen s’en est ouvert devant quelques proches triés sur le volet, expliquant qu’en effet « des tiers avaient été payés, dont des hommes politiques, et des journalistes ». Bien que pas très bien portant, il s’est rendu comme simple témoin à la brigade financière et, sur procès-verbal, a réitéré ces informations. A croire que l’argent des fédérations a fluidifié aussi la presse… Mais Guillen, un vieux copain d’Alfred Sirven puisqu’il figurait en plusieurs lignes de l’agenda téléphonique du grand argentier secret d’Elf, s’est gardé d’aller plus loin, et les flics qui comptaient sur lui pour progresser dans leur enquête en sont fort marris… A Bakchich, qui lui demandait de ses nouvelles mardi 26 au téléphone, Pierre Guillen a assuré « être malade, ne pas vouloir témoigner ».
Soudainement, il avait perdu la mémoire.

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3 - santé

1 - La rupture du lien entre les honoraires médicaux et les tarifs de remboursement

Le cas particulier de la chirurgie.


Pour illustrer le phénomène de l’instauration d’une médecine à plusieurs vitesses, la chirurgie est un exemple saisissant.
Dans cette spécialité composées d’actes lourds, souvent urgents, et ayant un impact important sur la santé, l’offre de soins est particulièrement sélective.
Aujourd’hui, à l’exception des interventions qui confinent aux limites de la science et qui sont essentiellement réalisées dans des services hospitaliers publics extrêmement spécialisés, la chirurgie s’est déplacée vers les établissements privés.

En fait, ce sont les chirurgiens souvent issus du service public où ils ont constitué leur notoriété, qui émigrent de plus en plus tôt vers des horizons beaucoup plus lucratifs.

Pour les malades, les solutions sont de trois ordres :


Voilà donc la situation (qui s’aggrave) qu’affrontent aujourd’hui les malades qui ne peuvent plus se soigner pour des pathologies lourdes que s’ils en ont les moyens.
Et qui, faut-il le rappeler, sont taxés, en plus du forfait hospitalier, d’une franchise de 18 Euros sur le coût de l’acte médical !!

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L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - Pollution des eaux par les médicaments. Fond d'estuaires et autosatisfaction des analyses officielles de l'eau potable.

Un article intéressant dans "Libération" de ce matin mardi 27 novembre (page 28).
Cela fait des années qu'on essaye de briser le mur de silence. En vain. (On avait déjà constaté qu'il est possible d'étudier précisément la consommation de cocaïne ou d'héroïne d'une ville en étudiant ses rejets. Mais ces études n'intéressent pas les Français, parait-il).

Lorsque vous lisez une analyse autosatisfaite de la qualité de l'eau potable diffusée par votre élu local (ou par sa régie municipale, privatisée ou pas), vous constaterez invariablement que les analyses des eaux qu'on rend publiques pour rassurer l'usager ne concernent que les taux de nitrates (et la présence plus qu'improbable de microbes, après le traitement au chlore, voire la turbidité), parfois les pesticides. Mais lesquels ?

Alors que le vrai problème, celui dont il vaudrait mieux ne pas parler pour jamais paniquer le consommateur ni l'électeur, ce sont les polluants persistants comme les métaux lourds (et encore les pesticides, voire les traces de radioactivité, minimes mais dont il est serait si intéressant de surveiller la courbe.)

Ainsi que ces rejets massifs de médicaments dont l'effet toxique est si difficile à apprécier en raison de l'absence d'études méthodiques sur la transformation finale des produits et de leurs synergies imprévisibles en "bouillon de culture". Il a été dit parfois qu'il seraient responsables de la montée des allergies, de la baisse de la fertilité humaine, etc. Allez savoir, puisqu'en haut lieu on préfère ne pas trop savoir. En effet, il suffit de ne pas étudier ce qui pollue le plus, pour garantir de bons résultats. Evidemment, il vaudrait mieux ne pas trop boire les eaux d'un fond d'estuaire de grand fleuve, comme au Havre ou à Bordeaux ?

Heureusement qu'à Nantes, on a l'effet "Estuaire" (et des élus verts peu contestataires ? ça rime ?), qui nous protègent de tout souci.

Luc Douillard

 

Que cherchez-vous? Hélène Budzinski, chimiste à l'université de Bordeaux et au CNRS.
«La pollution des eaux par les médicaments»

«Parmi toutes les sources de pollution des eaux, il en est une qui devient de plus en plus préoccupante : c’est celle due à la consommation de médicaments par l'’homme et par les animaux d’élevage. Je dirige une équipe qui travaille à évaluer l'’état de contamination des rivières et des océans. Nous essayons, de façon générale, d’identifier les sources de contamination et leur impact sur la santé, et de hiérarchiser les risques liés à cette dissémination. Nous avons été parmi les premiers, il y a une dizaine d’années, à soulever la question du devenir, dans l’environnement, des molécules utilisées en pharmacie et para-pharmacie.

Cassure de l’'ADN. On trouve de tout dans les rivières. Des hormones issues des contraceptifs, des anticancéreux, des opioïdes, des anti-inflammatoires, des antibiotiques… Cette affluence s’explique aisément : la population augmente, la consommation de ces produits aussi, plus vite d’ailleurs que la démographie, et les stations d’épuration des eaux usées saturent, et cela d’autant plus qu’'elles n’'ont pas été conçues pour bloquer ce genre de molécules. Une partie d’entre elles passe donc des urines aux rivières. Certaines y arrivent dégradées, d’autres sous leur forme initiale. Nous tentons, sur le terrain, de les repérer, d’évaluer leur concentration, de trouver leurs sources. Et d’évaluer, en laboratoire, leur toxicité et de modéliser leur impact possible sur la chaîne d’organismes qui utilise ces eaux contaminées : la faune, la flore, les cultures, l'’homme et les animaux domestiques. Nous travaillons typiquement au laboratoire sur des poissons ou des moules. Il arrive que nous observions des phénomènes comme une cassure de l’'ADN après une exposition à telle ou telle molécule. Mais cela ne suffit pas à conclure. Il faut évaluer les capacités de l’organisme à réparer ces cassures. Et voir si ce qui se passe au niveau d’un poisson est significatif au niveau d’une population de poissons. On manque encore de données dans ce champ d’investigation très large et très neuf.

Sa complexité est renforcée par le fait que les molécules se modifient dans l’'eau. Les produits de leur dégradation sont parfois plus toxiques que la molécule initiale. Et puis, il y a le problème des mélanges, dans l’'eau, entre des substances qui peuvent par synergie être plus toxiques que de façon individuelle. Lesquelles ? Cette question est posée pour les produits chimiques réévalués au niveau européen dans le cadre des accords Reach. Mais l’industrie pharmaceutique va devoir, elle aussi, se préoccuper de l’impact environnemental de ses molécules.

Toxicologie. Pour nous, c’est tout un nouveau domaine de collaborations qui s’ouvre entre spécialistes de l’écologie, de la toxicologie, de l’épidémiologie. Un exemple : il apparaît que les antibiotiques donnés en grande quantité au bétail se retrouvent dans les lisiers, lesquels sont épandus, et peuvent entrer dans les plantes… Avec quels effets ? Nous venons de lancer sur cette question un programme de recherche coordonné par l’Inra. Elle est importante, à l’heure où l’on s’efforce de diminuer la circulation des antibiotiques, pour ne pas accélérer l’apparition de bactéries résistantes à ces précieuses molécules médicamenteuses.»

Propos recueillis par Corinne BENSIMON, Libération, 27 novembre 2007.

 

Luc Douillard

3 - Nous sommes tous des Saint-Affricains !

Comme nous l'avons dit et redit lors de la Journée de l'Assemblée nationale du 27 novembre 2007 consacrée aux Hôpitaux de proximité, à leur nécessaire maintien et à leur nécessaire modernisation, notre société voit disparaître ses services publics et ses services au public de manière accélérée : postes, commissariats, Assedic, tribunaux, écoles, transports... sont de plus en plus réduits ou supprimés au nom d'une concentration imbécile socialement et anti-économique, et évidemment anti-écologique, puisqu'on pousse de plus en plus les usagers sur les routes, au détriment de leur sécurité, de leur temps, et de leurs moyens financiers.

L'hôpital est depuis longtemps attaqué systématiquement, et tous les moyens sont bons pour supprimer des services ou des sites, ou réduire ceux qui résistent. Depuis l'été, les décisions de Mme BACHELOT et de M. SARKOZY accélèrent un mouvement de "restructuration" qui est une nouvelle destruction des notions qui nous sont fondamentales de proximité, d'égalité, de solidarité et de démocratie.

On ne compte plus les localités qui voient leurs services attaqués ou diminués ou fermés : maternités de Clamecy, Lannemezan, Quimperlé, Ivry, Condé sur Escaut, Lourdes, Carhaix, Grandville... chirurgie de Pertuis, Nogent le Rotrou, Champagnole, Valréas..., SMUR sur Lézignan... Un service attaqué, c'est tout un site hospitalier fragilisé, des autres services à leur tour menacés, des médecins libéraux du secteur touché déstabilisés et inquiets : ce phénomène "boule de neige" accentue la désertification médicale et les "zones blanches".

On pourrait allonger une liste qui touche au moins une centaine de sites de chirurgies et de maternités depuis 1997 si on suit les informations données par les professionnels eux-mêmes (les représentants des CME-Commissions Médicales d'Établissements).

Partout les dossiers constitutés par personnels, élus et usagers ne sont pas pris en compte : par exemple nos amis de Pertuis n'ont même pas eu la possibilité d'expérimenter leur projet de réseau sanitaire qu'ils avaient mis des mois à préparer ! Le scandale est autant sanitaire, démocratique qu'humain...

Partout la démocratie est bafouée, et même les décisions de justice qui nous sont parfois favorables sont non appliquées : ainsi sur Lannemezan, la justice donne raison au maintien de la maternité, mais Mme BACHELOT se sent au dessus de la justice et impose la fermeture ! On croit rêver !

Partout les promesses et protocoles ne sont pas tenus, et là encore ceux qui devraient montrer l'exemple de la rigueur et de l'honnenêté sont les premiers à fouler leurs propres écrits : le cas de Saint Affrique est notoirement le plus symptomatique (Cf. ci-dessous) mais nous avons un grand nombre de cas de fermetures de services qui se font des années avant les dates annoncées, Lure, Luxeuil, Nogent, Clamecy... parmi bien d'autres !

Une pratique très souvent brutale et antidémocratique, une désertification accélérée, un aménagement égalitaire du territoire ignoré, les besoins réels des populations bafoués et totalement ignorés... Dans quelle société vivons nous en 2007 !!! REFUSONS LA !

Nous devons réagir, et soutenir partout où elles se situent les mobilisations citoyennes les plus larges et les plus pluralistes pour défendre notre vision égalitaire et humaniste du service public.

Nous devons soutenir nos amis de Saint Affrique qui sont en ce sens symboliques : ils cumulent l'engagement démocratique intense dans le temps et dans l'espace, ils maintiennent une résistance exemplaire qui sert à tous, partout en France, ils s'opposent à un pouvoir souvent pervers...

NOUS SOMMES TOUS DES SAINT AFFRICAINS !
C'est pourquoi nous vous renvoyons le texte de notre président d'honneur, Alain FAUCONNIER SOYONS PRETS A MANIFESTER AVEC EUX LE 1° DECEMBRE !

Merci de le diffuser largement

Amitiés solidaires

Contact pour la Coordination : Michel.Antony@wanadoo.fr ou Postmaster@coordination-nationale.org

 

Texte d'Alain FAUCONNIER,
Maire de St-Affrique, Vice-Président Région Midi-Pyrénées, Président d’Honneur de la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

Lundi soir 26 novembre 2007 : 20H30, le bassin de vie du saint-affricain a connu, une fois de plus, une mobilisation sans précédent. Après les 1 500 personnes à la réunion publique du 30 juillet, c’est plus de 2 000 personnes rassemblées dans la salle des fêtes, des colonnes et au caveau. Nos concitoyens ont été informés de la situation ubuesque consécutive à une lettre du Cabinet du Ministre sur l’activité chirurgicale de l’hôpital de St-Affrique.

Un accord avait été obtenu début septembre sur la poursuite de l’activité chirurgicale de courte durée adossée à un protocole sous l’autorité du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier. Cet accord satisfaisait l’ensemble des acteurs et garantissait la sécurité sanitaire du bassin de vie de St-Affrique (30 000 personnes).

Le Ministère est revenu sur ses engagements en introduisant l’obligation de fermeture après 18 heures et les week-end et jours fériés. Ce qui est inacceptable et ne sera jamais accepté !

En effet, cette même lettre précise la nécessité du maintien d’une chirurgie viscérale permanente en raison de l’exception géographique de la Maternité. Cela signifierait que les chirurgiens et les différents personnels de blocs seraient, après 18 h et les week-end d’astreinte et seraient interdits d’activité à l’exception d’éventuelles césariennes. C’est économiquement absurde et c’est médicalement inacceptable ! Suite à cette réunion, il a été décidé :

Les citoyens saint-affricains, autour de leurs élus et de leurs médecins, libéraux et hospitaliers, sont déterminés et ont décidé d’établir autour de leur hôpital un véritable cordon humain pour le protéger. Ils ne cèderont jamais même s’ils sont poussés à des situations les plus extrêmes ! L’accord proposé est un accord raisonnable, le refus des technocrates du Ministère de la Santé n’a aucune justification, ni économique, ni médicale et ne relève que de considérations idéologiques inacceptables !

 

La Coordination Nationale Des Comités De Défense Des Hôpitaux Et Maternités De Proximité www.coordination-nationale.org/

4 - services publics

1 - Pour sauver l'université, la recherche et les sciences humaines... les personnels de l'Université Panthéon-Sorbonne se mobilisent

L'assemblée générale des personnels de l'Université Paris 1, réunie à l'appel de l'ensemble des organisations syndicales ce mardi 27 novembre 2007, a décidé d'exprimer son *opposition à la loi de réforme de l'université et d'appeler l'ensemble du monde universitaire mais aussi l'ensemble des citoyens français soucieux de préserver une université de qualité, ouverte, démocratique et autonome, à se mobiliser pour en défendre les principes :

Pour atteindre ces objectifs et défendre ainsi la valeur d'un système universitaire de qualité, ouvert, démocratique et indépendant qui n'a rien d'autre à envier aux écoles privées ou élitistes que leurs financements privilégiés y compris de l'Etat, nous appelons à participer au débat organisé à Jussieu de 12 h à 14 h jeudi 29 novembre et nous appelons l'ensemble du monde universitaire et scientifique à se mobiliser :

  1. à rejoindre les manifestations publiques organisées aujourd'hui et dans les prochains jours ;
  2. à diffuser des tracts et à faire de l'information systématique sur les conséquences de cette loi au détriment de l'université ;
  3. à organiser des ateliers de débats et de mobilisation ainsi que des journées banalisées pour favoriser l'élaboration de dispositifs d'une autre réforme de l'université ;
  4. nous appelons l'ensemble des acteurs de l'université et notamment les syndicats enseignants* à effectuer un débrayage jeudi 29 novembre 2007 et à déclencher un vaste mouvement de grève de tous les personnels le mardi 4 décembre 2007 ;
  5. nous appelons tous les acteurs de l'université à se mobiliser pour obtenir que le gouvernement s'engage à *suspendre la mise en oeuvre de cette loi.

Sorbonne, mardi 27 novembre 14 h. 15

Jérôme VALLUY

2 - Journée de mobilisation des représentants de la justice contre la réforme de la carte judiciaire

Les 7 600 magistrats français, des dizaines de milliers de greffiers et employés du monde judiciaire et les 40 000 avocats du pays sont appelés à faire grève jeudi 29 novembre et à se mobiliser pour protester contre la réforme de la carte judiciaire. Cette journée, exceptionnelle par son ampleur dans un univers peu enclin à protester, est organisée à l'initiative des trois syndicats de magistrats, de toutes les confédérations et les organisations catégorielles pour les greffiers et employés, ainsi que par les organisations représentatives des avocats.

Magistrats et avocats ne cesseront pas toute activité : ils traiteront les affaires urgentes et les procédures où des personnes sont détenues, mais sont appelés à renvoyer les audiences non urgentes. Les syndicats leur demandent des rassemblements et des actions symboliques devant les palais de justice.

A Paris, une délégation de représentants syndicaux et des bâtonniers se rendront à l'Assemblée nationale. "Nous nous adressons aux parlementaires, puisque nous n'avons été ni consultés, ni entendus par la ministre", dit Bruno Thouzellier, président de l'Union syndicale des magistrats (majoritaire).

La réforme ne passera pas devant le Parlement mais sera matérialisée par décret. De nombreux élus locaux de droite comme de gauche soutiennent le mouvement, qui marquera le point d'orgue d'une série de manifestations, occupations de tribunaux, grèves de la faim et "journées ville morte", commencées dès le lancement de cette réforme l'été dernier.

A moins de quatre mois des élections municipales, beaucoup d'élus UMP se dressent contre un projet qu'ils jugent dangereux électoralement et ravageur pour les villes moyennes. Plusieurs d'entre eux ont refusé de voter le budget de la justice.

Le Parti socialiste a organisé, de son côté, une manifestation d'élus devant le ministère de la justice le 19 novembre.

300 JURIDICTIONS SUPPRIMÉES

La ministre de la justice, Rachida Dati, a achevé, le 16 novembre, un "tour de France" de présentation de cette réforme qui prévoit la suppression d'ici à 2011 de plus de 300 juridictions jugées trop petites, 178 tribunaux d'instance, 23 tribunaux de grande instance sur 181, 55 tribunaux de commerce, 63 conseils de prud'hommes. Soutenue par le président de la République, la ministre explique sa démarche par la nécessité de rationaliser une répartition des juridictions qualifiée d'obsolète, car inchangée depuis 1958. Elle souligne qu'aucun poste ne sera supprimé et que les moyens seront regroupés dans de plus grands tribunaux. Il s'agit, dit-elle, de gagner en rapidité et en efficacité.

Les opposants contestent le principe de la réforme qui touche, disent-ils, les juridictions les plus proches des citoyens et qui fonctionnent le plus rapidement et le mieux. Ils jugent paradoxal de vouloir réformer une carte inchangée depuis 1958 par de seules fermetures de tribunaux, sans ouvertures de juridictions et sans augmentation de budget.

La justice en France, qui compte depuis 1958, 20 millions d'habitants de plus, est débordée par les contentieux civils en augmentation, tels que les divorces et les tutelles, mais aussi par les dossiers pénaux nouveaux, comme les violences urbaines et la corruption française et internationale.

Les syndicats déclarent douter d'une application rapide, qui posera, selon eux, trop de problèmes pratiques aux tribunaux.

La mobilisation intervient alors que d'autres conflits opposent ministère et magistrature, notamment sur le choix de Rachida Dati, qui se considère "chef des procureurs", de féminiser le corps des procureurs généraux, ou sur des projets de réforme, comme celui qui prévoit d'organiser la comparution en justice des malades mentaux, texte épinglé par le Conseil d'Etat, qui demande à la chancellerie de revoir sa copie.

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LEMONDE.FR

3 - Tous contre la carte judiciaire

La corde au cou à Paris, autour d’un pique-nique devant le tribunal à Toulouse, en opération ville morte à Guingamp: avocats, magistrats et greffiers se sont mobilisés jeudi contre la réforme de la carte judiciaire un peu partout en France.

«Touche pas à mon tribunal»

A Paris, les manifestants se sont massés devant deux lieux symboliques: l'Assemblée nationale et le ministère de la Justice. Près du Palais-Bourbon sont réunis l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), les organisations nationales d'avocats et des syndicats de greffiers, qui voulaient d'abord interpeller les députés.

Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) et des syndicats de fonctionnaires de justice ont centré leur action sur le ministère de la Justice, place Vendôme, interdite d'accès par un important cordon de forces de l'ordre.

1.200 à 4.000 personnes

Les cortèges de robes noires, 1.200 personnes selon la police, 3 à 4.000 selon les organisateurs, ont fini par se rejoindre près de la Chancellerie autour des mêmes préoccupations et slogans : «touche pas à mon tribunal», «moins de justice = plus d'Outreau», «non à la carte des déserts». Une marionnette représentant la garde des Sceaux proclame: «Rachida Dati fossoyeuse de la justice».

L'Union fédérale des magistrats (UFM) et la Conférence des bâtonniers ont été reçues à 14h15 par le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, suivis, à 15h51, par le syndicat C.justice, qui représente les fonctionnaires de la catégorie C. « Les miséreux de la justice» explique sans rire sa secrétaire générale, Lydie Quirié. «La rencontre s’est très bien passée, M. Accoyer a été très surpris par notre situation: après 40 ans de travail, notre pension de retraite s’élève à 930 euros nets par mois en moyenne», a-t-elle ajouté.

Journée «cabinets fermés»

Des professionnels de la justice également mobilisés dans d’autres villes. «On parle d'une réforme. On a juste un démantèlement de la carte judiciaire, sans débat ni prise en compte des situations sur le terrain», a critiqué à Nancy Eric Bocciarelli, membre du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). A Marseille, une intersyndicale des personnels de justice brocardait des « soldes chez Dati : 178 TI supprimés sur 473, 23 TGI sur 181». Une journée « cabinets fermés» a été organisée à Châlons-en-Champagne (Marne). A Saint-Nazaire, une quinzaine d'avocats a passé la nuit au tribunal en signe de protestation. Les avocats lyonnais ont proposé des consultations gratuites.

Une mobilisation pour rien?

La crainte partout exprimée est que soit défait le maillage judiciaire du pays. «Tout le monde parle de désert judiciaire, mais nous ici en plein centre Bretagne avec la suppression de tribunal de Pontivy (Morbihan) c'est plus un désert qu'il va y avoir, c'est un gouffre où plus rien ne repousse même en arrosant, avec zéro juridiction de Saint-Brieuc à Vannes (120 km) et de Rennes à Quimper (200 km)», selon Me Jean-Marc Allain.

Les fonctionnaires et greffiers redoutent surtout que la réforme menace «le service public de la justice de proximité», en éloignant de leur tribunal les justiciables. « Entendez-vous dans nos campagnes mourir nos juridictions » pouvait-on lire sur la pancarte d'une greffière de Dinan (Côtes d'armor) dont le tribunal doit être fermé.

Une mobilisation pour rien? Le porte-parole de la Chancellerie, Guillaume Didier, a laissé entendre que la réforme n'était pas négociable car déjà entrée « dans sa phase de mise en oeuvre et d'accompagnement ». Des négociations sont néanmoins en cours notamment pour indemniser les fonctionnaires et les avocats touchés.

 

Robert Badinter du côté des magistrats

Magistrats et avocats ont un allié de poids. A quelques heures de la manifestation contre la réforme de la carte judiciaire, l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter s’est exprimé jeudi sur France Inter. « C'est un mouvement comme je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu, c'est vraiment une vague profonde de révolte contre la réforme » lancée par la garde des Sceaux Rachida Dati, a-t-il déclaré. « Le malaise est extrêmement profond dans la magistrature (...) je ne me souviens pas d'avoir vu autant d'anxiété et autant d'amertume », a insisté le sénateur PS des Hauts-de-Seine.

«Simulacre de concertation»

S’il estime que « sur le principe de la réforme, on ne peut pas ne pas être d'accord », il a néanmoins condamné le manque de pédagogie du gouvernement: « La réforme a besoin d'être expliquée, elle ne l'a pas été ». « On a perdu une occasion unique, on aurait dû, cour d'appel par cour d'appel, déterminer ce qu'est aujourd'hui la demande de justice de la part des justiciables et modifier en conséquence la carte (...) Il n'y a pas eu d'étude d'impact », a-t-il regretté. Et de tacler Rachida Dati, qui a plusieurs fois vanté la création du comité consultatif, réunissant 21 avocats, magistrats et greffiers, pour préparer la réforme. Un « simulacre de concertation » selon Robert Badinter. Et pour cause: ce comité national ne s'est plus jamais réuni depuis son installation par l'actuelle ministre de la Justice, fin juin. L’ancien ministre a proposé sa renaissance sous la forme d' « une sorte d'instance de recours » auprès de laquelle faire valoir les critiques.

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20Minutes.fr

5 - International

1 - Au sujet de l'article « L'opportunisme humanitaire de Chávez» publié par Libération le 19 novembre

(http://www.liberation.fr/rebonds/292184.FR.php)

Un relevé des contrevérités et des omissions s'impose

Dans son édition du 19 novembre, Libération a publié une tribune présentée par 22 universitaires, intellectuels, écrivains, philosophes, journalistes, artistes, diplomates internationaux (soutenue par 42 autres « personnalités internationales ») dénonçant la supposée dérive anti-démocratique du président vénézuélien Hugo Chávez et demandant aux « démocrates du monde de ne pas laisser mourir l'une des plus anciennes démocraties d'Amérique latine ».

Quoi que les uns et les autres pensions de la personnalité du président vénézuélien et de la nature de la « révolution bolivarienne », il convient de ne pas tricher avec les faits qui, respectés, doivent être portés au jugement du lecteur afin qu'il puisse, librement et en conscience, se forger une opinion sur un sujet concernant un pays situé à des milliers de kilomètres des rédactions parisiennes. De la qualité de l'information dépend celle du débat démocratique. La négliger au profit d'une démarche partisane maltraite le débat d'idées. En proposant ce texte truffé de contrevérités, les auteurs - dont certains sont des intellectuels reconnus dans l'espace public français - abusent les lecteurs et le débat démocratique.

- Sur le projet de réforme de la Constitution vénézuélienne

La première preuve du caractère anti-démocratique d'Hugo Chávez est évidente : (son) « projet de réforme (a été) rédigé sans consultation».

C'est tout simplement faux. Préparée par le président de la République bolivarienne du Venezuela et l'Assemblée nationale du pays, cette réforme a donné lieu à l'élaboration d'un projet adopté par le Congrès le 2 novembre. Dans le cadre de son mandat, l'Assemblée nationale a procédé à des consultations des secteurs organisés de la société (partis, syndicats, étudiants, patronat, secteur agricole, mouvements indigènes etc.).

Ici, les auteurs et les signataires omettent volontairement de préciser qu'une large consultation a eu lieu dans tout le pays entre le 15 août et le 15 octobre. Plus de 9 000 ateliers publics ont notamment été organisés (auxquels ont participé, localement, des forces de l'opposition). Des dizaines de milliers de communications téléphoniques (un numéro spécial a été créé à cet effet) ont également été traités.

Bien qu'ayant largement boycotté ce processus de débat public au niveau national, l'opposition, via les porte-parole de ses principales forces (Acción democrática et Movimiento al socialismo - sociaux-démocrates -, Primero justicia -droite ultra - , Fedecameras - le syndicat patronal -), sont intervenus devant les parlementaires en session.

Le projet aurait également été élaboré «sans respecter la procédure établie par la Constitution en vigueur ». C'est un mensonge. La procédure a rigoureusement été suivie. Elle est établie par les articles 342 et 343 de la Constitution qui précisent que « l'initiative de la réforme de la Constitution est prise par l'Assemblée nationale après le vote de la majorité de ses membres, par le Président ou la Présidente de la République en Conseil des ministres ou à la demande d'un nombre qui ne peut être inférieur à moins de 15% d'électeurs ou électrices inscrites au registre civil et électoral » et qu'elle est « transmise par l'Assemblée nationale … ( qui approuve) … le projet de réforme constitutionnelle dans un délai supérieur à deux ans à partir de la date à laquelle elle est informée et la demande de réforme approuvée. » Enfin, « le projet de réforme est considéré approuvé après approbation des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale».

- Un texte « rejeté » ?

Les auteurs et les signataires affirment que ce nouveau texte est « rejeté par la majorité des Vénézuéliens… » . Aucune enquête d'opinion au Venezuela ne permet de prononcer une telle sentence. Partagés, les sondages pronostiquent, pour la plupart, une victoire du « oui » au projet soumis par le président vénézuélien. Ceci dit, les sondages importent peu. En effet, contrairement aux dispositions existantes dans beaucoup de pays, au Venezuela, toute Constitution ou réforme constitutionnelle doit, in fine, être approuvée par une majorité de citoyens par référendum national.

Les auteurs soulignent que ce « rejet » existe aussi « à l'intérieur même du camp du président ». Il est vrai que des avis divers s'expriment au sein de la mouvance bolivarienne. Cela prouve que le « camp du président » n'est pas un bloc monolithique et qu'une diversité de courants façonne le consensus bolivarien. Certains, pour des raisons différentes (question du statut des élus locaux et provinciaux et de leur articulation avec le gouvernement, du niveau des transferts de compétences, de la collecte et de la distribution de l'impôt, du niveau de socialisme -certains pensent que la notion est trop floue, d'autres que le projet ne va pas assez loin, d'autres encore que le mot ne devrait pas apparaître dans la Constitution - etc.) appellent à l'abstention, d'autres au « non », d'autres encore à un « oui critique ».

- Vers la dictature ?

Pour les auteurs, « ce nouveau texte constitutionnel propose la réélection indéfinie du président ». Le terme « réélection indéfinie », largement colporté par les médias internationaux, n'apparaît dans aucun article du texte. Ce concept n'existe pas dans le cadre de la réforme, même lorsqu'il s'agit de l'article relatif au mandat présidentiel. Controversé, celui-ci ne propose pas une « réélection indéfinie » mais revient, il est vrai, sur une disposition de la Constitution de 1999 prévoyant de limiter le mandat présidentiel à deux exercices maximum. Ainsi, l'article 230 stipule que « la période du mandat présidentiel est de 7 ans. Le président ou la présidente peut être réélu ou réélue ». Ni plus, ni moins. Cette proposition, si elle devenait réalité au lendemain du vote du 2 décembre, ferait du Venezuela un pays fonctionnant sur le même mode qu'une vingtaine de pays de l'Union européenne… à ceci près que la Constitution vénézuélienne, contrairement à l'ensemble des constitutions des pays européens, prévoit la possibilité de révoquer le président à mi-mandat (article 72).

Le projet « entend supprimer tout contrôle des pouvoirs de l'État sur les actions de l'exécutif. Il constitue une véritable entorse aux principes fondamentaux de la démocratie et de l'État de droit. » Par rapport à la Constitution de 1999, la réforme ne propose aucune modification allant dans le sens d'une remise en cause du rapport entre l'exécutif et les autres pouvoirs. Par exemple, l'article 16 dresse la liste de plusieurs pouvoirs présidentiels soumis à l'accord du Parlement et l'article 73 définit les conditions permettant au Parlement de soumettre directement des projets de lois à référendum.

Par ailleurs, tous les principes fondamentaux de la démocratie et de l'état de droit sont réaffirmés dans ce projet de réforme constitutionnelle. Il garanti le jeu de la démocratie représentative, du pluralisme des partis et des opinions, et de la compétition électorale (« tous les citoyens et citoyennes ont le droit de s'associer à des fins politiques » (article 67)).

- Des consultations populaires malhonnêtes ?

« La tenue d'un référendum ne garantira pas l'expression d'un suffrage impartial car, depuis des années déjà, le Conseil national électoral, instance chargée de superviser les processus électoraux au Venezuela, est placé sous la coupe du gouvernement et de ses partisans. Quant au vote électronique, instauré dans le pays depuis 2004, il se prête à toutes les manipulations. »

Ces arguments, utilisés au Venezuela par la frange la plus radicale des opposants au processus bolivarien, ne résistent pas à l'épreuve des faits. Toutes les élections et consultations au Venezuela ont été jugées libres et honnêtes par tous les observateurs internationaux, qu'il s'agisse de ceux du Centre Carter (mondialement respecté pour ses actions en faveur des processus de démocratisation et de l'observation d'élections), de l'Organisation des Etats américains ou de l'Union européenne. Teodoro Petkoff lui même avait d'ailleurs critiqué ouvertement une partie de l'opposition lors des élections présidentielles de 2006 lorsqu'elle affirmait que le scrutin n'était pas valide. Quant à la fiabilité du vote électronique, l'étude statistique scientifique menée par les équipes du Centre Carter a prouvé que le procédé est incontestable.

- Opportunisme humanitaire ?

Les auteurs accusent le président vénézuélien d'avoir, « pendant des années, (…) ignoré le sort des Vénézuéliens otages des Farc et (de) ne (s'être) nullement soucié de leur famille. »

Jusqu'à aujourd'hui, personne ne sait si des Vénézuéliens comptent effectivement parmi les otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). En 2002, Hugo Chávez s'était pourtant préoccupé du sort de Richard Boulton, homme d'affaires vénézuélien, que tout le monde pensait otage de la guérilla colombienne. Il a même réussi, en juillet 2002, à organiser une opération de sauvetage qui a abouti à la libération de M.Boulton. C'est alors que les autorités ont découvert qu'il avait en réalité été repris aux paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC).

- La question de la course aux armements

Pour les auteurs, « le Président se livre à une course aux armements que rien ne justifie, mettant en péril la paix et la sécurité du pays et de la région, au lieu d'utiliser les ressources pétrolières pour un développement durable du pays et résoudre les graves problèmes économiques et sociaux du peuple vénézuélien. » De même, « le Président a créé une milice civile armée de plusieurs centaines de milliers d'hommes, dépassant en nombre les effectifs de la Force armée nationale, dans le but de contrôler la société vénézuélienne. »

S'il est vrai que le gouvernement vénézuélien a récemment acheté 25 avions de chasse russe, c'est pour remplacer la flotte de F-16 qui n'était plus utilisable à cause de l'embargo d'équipements militaires imposé par les Etats-Unis. De même, 100 000 fusils d'assaut Kalachnikov ont bien été achetés pour remplacer un stock de vieux fusils belges périmés.

Par ailleurs, la tradition d'intervention militaire des Etats-Unis dans la région et l'existence d'un « plan d'urgence » contre le Venezuela lancé en 2005 par l'administration Bush constituent deux facteurs qui peuvent expliquer la décision vénézuélienne.

Cependant, il est difficile de parler de « course aux armements » quand on sait que le Chili et la Colombie ont dépensé bien plus que le Venezuela pour leur armement ces dernières années. Il faut aussi rappeler que le Venezuela du président Chávez dépense beaucoup moins pour son budget militaire que ce ne fut le cas avec les gouvernements précédents.

Quant aux « graves problèmes économiques et sociaux du peuple vénézuélien », il convient de rappeler aux auteurs que les budgets consacrés aux dépenses sociales ont plus que doublé depuis 1998.

Enfin, l'existence d'une « milice civile armée de plusieurs centaines de milliers d'hommes, dépassant en nombre les effectifs de la Force armée nationale » dont l'objectif serait de « contrôler la société vénézuélienne » ne répond à aucune observation objective. On se souvient aussi que parmi les rédacteurs, certains dévoilaient déjà aux yeux du monde l'existence de la quatrième armée du monde en Irak.

- Le retour de l'idée socialiste au 21ème siècle, le vrai problème ?

Dans leur conclusion, les auteurs affirment que « les Vénézuéliens ont vécu en démocratie depuis 1958 ». C'est formellement vrai, mais faut-il rappeler aux auteurs que deux partis politiques - Acción Democrática (AD) et Copei - se sont partagés sans relâche les rênes d'un pouvoir corrompu qui a appauvri la majorité de la population pendant 40 ans jusqu'à ce que la démission forcée du social-démocrate Carlos Andrés Pérez (AD) en 1993 amorce l'explosion du système politique du pays, ouvrant la voie à la reconstruction d'un espace public en 1998 ?

Au fond, la crainte majeure des auteurs, dissimulée au milieu d'un texte truffé de contrevérités soigneusement élaborées, concerne le retour, par le Venezuela, de l'idée du socialisme au 21ème siècle.

Ceci est un sujet de débat théorique et politique majeur, mais la prestation des auteurs montre que là n'était pas leur préoccupation.

Christophe Ventura militant altermondialiste

Gaël Brustier militant altermondialiste

2 - Troisième guerre mondiale: le casus belli iranien est-il crédible?

Nicolas Sarkozy a récemment déclaré de façon non ambiguë à Washington que le problème nucléaire iranien pourrait être réglé au moyen de sanctions prises par l'ONU et l'Union européenne, émettant tout de suite une réserve sur la volonté de poursuivre le dialogue avec Téhéran. Selon le président français, la détention d'armes nucléaires par l'Iran est inadmissible, mais tout le monde, y compris ce pays, a le droit d'accéder au nucléaire civil.

Il est peu probable que cette façon de mettre l'accent sur l'Iran ait plu à George W. Bush. En effet, le président américain a récemment appelé à "empêcher l'Iran d'accéder aux technologies nucléaires en vue d'éviter une troisième guerre mondiale". "Le terme est un symbole de la représentation de la réalité dans la conscience". Si l'on suit cette logique, une conclusion s'impose: si George W. Bush a mentionné une troisième guerre mondiale, il doit avoir une réelle notion de celle-ci. Quel peut être son scénario?

Aucune logique ne peut expliquer le lien fait de entre une troisième guerre mondiale et l'Iran. L'Iran ne peut être à la tête d'aucune coalition importante dans une guerre mondiale: ni maintenant, ni dans un avenir prévisible. Il ne peut pas non plus représenter un casus belli susceptible d'entraîner l'apparition et la confrontation de ces coalitions. Toute incartade militaire de l'Iran aurait pour conséquence l'anéantissement instantané de cet Etat et sa disparition de la carte politique du monde. En outre, si les événements prennent cette tournure, l'Iran ne pourra en aucun cas espérer s'attirer de sympathies dans le monde.

D'autre part, la possibilité d'une opération militaire américaine en Iran ne peut être exclue. Les conséquences d'une telle folie politique seraient épouvantables, aussi bien pour Téhéran que pour Washington. Ce qui se produit actuellement en Irak s'apparenterait alors à un jeu d'enfants. Mais même dans ce cas, une troisième guerre mondiale serait impossible. Dans les conditions actuelles, elle ne peut être déclenchée que par une confrontation militaire entre les principales puissances nucléaires, ce qui marquerait la fin de l'histoire mondiale.

Les positions de la Russie et des Etats-Unis sont cruciales dans le scénario d'une troisième guerre mondiale hypothétique, car les armes nucléaires de ces Etats (à la différence des autres Etats, même nucléaires) jouent un rôle fondamental dans le monde contemporain. Il serait non seulement politiquement naïf, mais aussi erroné d'admettre que les deux supergrands ne seront pas entraînés dans une telle guerre. Si ces deux pays devenaient alliés, cela rendrait une troisième guerre mondiale impossible par définition. Mais puisque de l'avis de George W. Bush, elle est tout de même possible, alors une confrontation militaire de grande envergure entre les Etats-Unis et la Russie l'est également.

A l'époque "prénucléaire", en reprenant les paroles du théoricien militaire allemand Karl von Clausewitz, la guerre pouvait encore être considérée comme "la continuation de la politique par d'autres moyens". Mais une guerre entre deux puissances détenant un potentiel nucléaire d'envergure mondiale se distingue par le point suivant: elle ne peut avoir de vainqueur. Tous les rêves de remporter une victoire militaire sont inévitablement brisés par la perspective imminente de brûler dans les flammes d'une riposte nucléaire. Il ne peut être question que d'ordre successif: si tu frappes le premier, tu mourras deuxième.

Etant donné que les propos faisant allusion à une troisième guerre mondiale appartiennent au président américain, et que la menace iranienne est pour le moins "tirée par les cheveux", on ne peut éviter d'en tirer des conclusions alarmantes pour la Russie. L'idée maîtresse du président américain se réduit à ceci: pour atteindre leurs objectifs, les Etats-Unis sont même prêts à déclencher une troisième guerre mondiale, sans faire attention ni prêter l'oreille à personne. La logique élémentaire ne suggère aucune autre conclusion.

Espérons que les paroles de George W. Bush s'inscrivent dans la lignée de ses discours où il a confondu notamment l'Autriche et l'Australie (il est vrai, on ne comprend pas avec quoi on peut confondre une troisième guerre mondiale). Dans un cas, cela s'est limité aux pancartes sarcastiques des habitants de Vienne "En Autriche, il n'y pas de kangourous!". Dans l'autre, il est non seulement question d'ignorance, mais aussi de mépris hautain envers les habitants de la planète, y compris les Américains. Il s'agit d'ailleurs non pas de mépris au niveau des Etats ou des ethnies, mais au niveau social et biologique, car une troisième guerre mondiale et la disparition de la civilisation humaine sur Terre sont synonymes.

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Alexandre Koldobski

6 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Liberté de la presse, des journalistes et devoir d’informer.

« La face cachée de Reporters sans frontières (De la CIA aux faucons du Pentagone) »

En librairie, nov. 2007. 272 pages (36 chapitres, six annexes), 20 euros. Editions Aden.

Préambule (extraits).

Liberté de la presse, des journalistes et devoir d’informer.

La devise de Reporters sans frontières est simple. « Nous défendons le droit d’expression des journalistes ». Le public comprend : « notre droit à l’information ».
Ici commence un quiproquo majeur.

RSF ne prétend pas lutter pour le droit du public à bénéficier d’une information vraie. Le lecteur a peu à voir dans cette affaire. Le centre du combat, c’est le journaliste. Il faut qu’il ait le droit de publier ses articles. N’importe lesquels, quitte à raviver la douleur des victimes d’un génocide. Dans un débat au Québec devant un public nombreux, le 28 avril 2005,[1] il revendiqua le droit pour les journalistes d’écrire des articles « révisionnistes et négationnistes ».
Au cours d’une intervention prononcée le 8 novembre 2002 lors d’un colloque à l'Université de la paix et au Centre mondial de la paix de Verdun, André Lewin, ancien ambassadeur de France, ancien porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, s’est étonné du contenu du livre de Robert Ménard « La censure des bien-pensants» (écrit avec son épouse, Emmanuelle Duverger) : « Pour Robert Ménard, après réflexion, l'appel au génocide (ici au Rwuanda) ne peut servir d'argument à quelque censure que ce soit, du moment qu'il émane d'un journaliste, car ce serait selon lui l'expression d'une opinion. D'ailleurs, en toute logique, Robert Ménard écrit ensuite que Faurisson, l'universitaire négationniste bien connu, a le droit de prétendre que l'holocauste n'a pas pu exister et donc n'a pas eu lieu, il a le droit de l'écrire et même de l'enseigner à ses étudiants. Cette « dénégation» d'un fait avéré n'est en réalité pas une opinion, mais un mensonge. Et pour Robert Ménard, finalement un mensonge une fois imprimé n'est plus tout à fait un mensonge, puisqu'il a acquis en quelque sorte droit de cité.»[2]
Ce n’est donc pas la vérité qui est au cœur du combat de Robert Ménard.
Le bourrage de crâne de la population états-unienne par des médias surabondants (les USA comptent 1.700 quotidiens, 11.000 stations de radio, 2.000 chaînes de télévision et 11.500 magazines) alertant à l’unisson sur les armes de destruction massive (ADM) de Saddam Hussein ne lui inspira pas une campagne de presse (…).

face-cachee Ce qui émeut RSF, ce n’est pas le licenciement des journalistes exempts de faute professionnelle mais cependant victimes d’une restructuration par les magnats de la presse, princes de l’industrie et de la finance, ni le fait que ces patrons disposent du droit (dont ils usent plus ou moins délicatement) de dicter une ligne éditoriale à des journaux prétendus objectifs.
Non, ce que veut RSF c’est que partout, toujours, les journalistes qui contestent un pouvoir populaire aient les mêmes débouchés pour le même discours (et qu’importe s’il véhicule des mensonges) que ceux qui soutiennent, en groupe serré, les pouvoirs au service des oligarchies. Ainsi l’unanimisme médiatique fera-t-il un grand pas en avant, grimé en pluralité.
Quand la presse pauvre des pays riches, la voix des citoyens les moins favorisés, sera absorbée par les banques, on ne recueillera pas dans l’oreille le moindre soupir de RSF. Quand la presse pauvre des pays pauvres, celle qui rend compte d’une politique d’indépendance et de récupération pour tous des richesses nationales, affronte en un combat inégal une presse riche, militante et phagocytaire, RSF s’inquiète des entraves législatives qui freineraient cette dernière dans sa marche gloutonne. Quand la presse des pays envahis est soumise aux diktats des militaires étrangers, RSF parle de liberté retrouvée.
Dans chacun de ces cas, la pensée unique triomphe, masquée par une pléthore de titres véhiculant le même credo. C’est la loi du plus fort, c’est celle de l’Empire qui se proclame emblématique de la démocratie, tandis que les cris du faible sont dénoncés comme dictatoriaux.
Qu’importe le contenu, dit en substance RSF, parlons du droit des contenants.
Or, la dissociation du droit de dire et du devoir de ne pas mentir est une escroquerie intellectuelle et une atteinte à la démocratie. L’absence d’analyse des répercussions de la mainmise de l’argent sur la presse en est une autre. Clamer que le journaliste doit pouvoir écrire sans ajouter que le lecteur a le droit de savoir, c’est mépriser ce dernier. Rechigner à désavouer les trucages, les impostures, les mystifications, les falsifications, c’est décrédibiliser toute la corporation. Agir comme si le journalisme était une profession à part, plus qu’un autre intouchable, c’est fabriquer un clan, c’est le désigner comme mafia[3]. Exalter les réflexes de solidarité corporatiste dès qu’un organe de presse est mis en cause, c’est afficher que ce pouvoir-là ne supporte pas un contrepouvoir. Poser en principe que la possession d’une carte de presse, l’accès à un micro, confèrent un droit au monologue est révélateur d’un penchant autocratique.
Oui, la liberté d’écrire des contrevérités ou des vérités partielles, de façonner l’opinion par les choix de thèmes arbitrairement priorisés, d’en occulter d’autres, de ne pas rendre de comptes, cette liberté-là est liberticide.
L’affirmation selon laquelle la démocratie fleurit là où paraît une presse nombreuse est aussi une duperie. Non ! La démocratie est là où la presse dit vrai. Mille journaux qui mentent valent moins qu’une pauvre feuille de chou qui rapporte les faits réels. Quand le secrétaire général de RSF explique : « J’ai 52 ans, je suis de la génération d’après mai 68, et j’ai toujours pensé que le journalisme était une manière, pas seulement de commenter le monde, mais de le changer. »[4], il nous dit tout de go que le travail d’un journaliste consiste à donner son avis et à intervenir politiquement. Il évacue son premier travail : apporter de l’information, vérifiée, sincère, objective, aussi complète que possible.
Oublier que les lecteurs ont connu les mêmes écoles que les journalistes (et parfois plus longtemps), ont eu les mêmes maîtres et se sont construits à la lecture des mêmes penseurs, c’est accorder indûment aux seconds une supériorité intellectuelle qui résiste rarement à la confrontation entre le producteur de copies et le consommateur.
Soutenir que l’Etat ne doit pas intervenir (légiférer) dans le domaine de la presse, c’est accorder un pouvoir sans partage aux puissances d’argent, ouvrir un boulevard à tous les bonimenteurs sans vergogne, encourager à toutes les surenchères racoleuses, à toutes les manipulations, à tous les complots, à tous les putschs, c’est dérouler les barbelés de la propagande camouflés sous le duvet de l’information.
Pour que la presse fasse son travail, que les journalistes soient respectés, que le lecteur puisse lire, écouter, visionner en confiance, il faut des médias dont le rôle, les droits et les devoirs sont cadrés par la loi, des journalistes dont la hiérarchie est du métier et non de la finance ; il faut des conditions favorables à une minimum d’indépendance sans laquelle il n’y a pas de déontologie autre que proclamée, c’est-à-dire un supra mensonge qui couronne tous les autres en essayant de les nier.
(…) Si le grand public connaît les noms des syndicats des autres salariés, des étudiants et du patronat, si chacun sait ce que recouvrent les sigles CGT, UNEF, MEDEF, qui peut dire comment les journalistes sont organisés, qui a entendu une déclaration d’un de leurs syndicats quand un grand reporter est enlevé ou tué ou licencié, ou contraint par l’actionnaire principal de jeter son papier dans la corbeille ? Un usurpateur s’est substitué à eux, un coucou a pondu un œuf dans leur nid, un intrus y est né, y a grossi démesurément. Il s’appelle Reporters sans frontières, aberration génétique dont le bec s’ouvre sur un estomac insatiable qui engloutit argent des contribuables français et européens, dons de richissimes sponsors privés, contributions d’anonymes compatissants et, plus discrètement, les billets verts de l’Oncle Sam qui n’a jamais confondu organisation humanitaire et relais médiatique de sa politique guerrière. Parce que Reporters sans frontières ne répugne pas à propager des fausses nouvelles utiles à l’Empire, parce qu’elle s’évertue à minimiser les crimes de l’US Army contre les grands reporters, parce qu’elle revendique son mutisme sur les effets pervers de la concentration de la presse dans les mains des puissances financières, parce qu’elle dirige l’essentiel de ses tirs idéologiques sur les plus faibles, elle n’aide ni ne protège les journalistes, elle participe à la déconsidération dont ils souffrent. Elle les met en danger.
C’est ce qui sera démontré dans les pages qui suivent.

 

Ecrivain et cyberjournaliste, ex-référent littéraire d’Attac-France, Maxime Vivas (prix Roger Vailland 1997) a publié plusieurs livres (romans, polars, humour, essai), des nouvelles et des centaines d’articles traduits en plusieurs langues sur des dizaines de sites Internet. Il écrit également pour la presse quotidienne et assure chaque semaine une chronique littéraire sur Radio Mon Païs à Toulouse.

Licencié en Communications Sociales (IHECS, Bruxelles), le journaliste vénézuélien Thierry Deronne a fondé plusieurs télévisions associatives (Teletambores, Camunare Rojo TV), l´Ecole Populaire et Latinoaméricaine de Cinéma (Caracas), le Journal International de Quartier. Il est vice-président de la Télévision Publique nationale du Venezuela Vive TV.

Notes

[1] Ménard ne fait là que répéter une antienne. Dans son livre « Ces journalistes que l'on veut faire taire » (Albin Michel, mars 2001, il qualifie d’« anomalie contre laquelle nous luttons » la loi Gayssot à laquelle il reproche de renforcer « les sanctions visant les propos racistes, antisémites, xénophobes. » (Page 168).Voir la vidéo sur Google : www.ebabylone.com/encyclopedie_Reporters_sans_fronti%E8res.html (et cliquer tout en bas de la page sur Vidéo). (Le 16 août 2007, sur France Culture, il justifiera crûment le recours à la torture « sans aucune limite ». Voir détails page 265)

[2] afnu.france.free.fr/doc%20lewin/Verduncolloque.doc

[3] 115 syndicalistes ont été assassinés dans le monde en 2005. La Colombie est le pays le plus dangereux pour eux : 70 y ont trouvé la mort. Or, le syndicalisme est nécessaire à la démocratie. Pourquoi n’est-ce pas dit plus fort, plus souvent ? La vie de ces hommes qui, partout dans le monde, ont rendu possible les conquêtes sociales et ont fait avancer le droit du travail (dont bénéficient aussi les journalistes) vaut-elle moins que d’autres ?

[4] forum.nouvelobs.com/archives/forum_284.html

Thierry Deronne

Agenda

samedi 1 décembre 2007, 14:30

FÊTE DE LA LAÏCITE

SALLE MITTERRAND
A LORGUES

Par l'Association pour le respect, l’application intégrale de la loi de 1905

Participation aux frais : 15€ Scolaires, étudiants, chômeurs :10 €

 

Renseignements et réservations :

Patrice Decorte : 06 22 08 79 29

mardi 4 décembre 2007, 09:00

Pour une réelle péréquation des richesses entre collectivités locales

au Sénat salle Clemenceau,

Télécharger l'invitation au colloque

Bonjour,

Je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint, l'invitation au colloque " Pour une réelle péréquation des richesses entre collectivités locales " que j'organise,

avec la participation de Mairie Conseils (Caisse des Dépôts), de l'Institut de la Décentralisation et des principales associations d'élus.

Le sujet de cette journée me tient particulièrement à cœur. Il nous concerne tous, même s'il rebute parfois par trop de technicité. C'est pourquoi, au cours des débats, des exemples de réussite en France et en Europe seront mis en avant et confrontés au témoignage des élus. Cette approche pragmatique permettra d'ébaucher des pistes concrètes d'évolution.

Vous pouvez encore vous inscrire en envoyant un message à l'adresse suivante : g.delfau@senat.fr ou par fax au 01 42 34 40 19.

Dans l'attente de vous accueillir à cette occasion, je vous prie de croire en l'expression de mes plus cordiales salutations.

Gérard DELFAU
Sénateur de l'Hérault

contact au Sénat : F. Faye - 01 42 34 30 73

NB: le compte-rendu des débats sera par le suite disponible sur mon site à l'adresse suivante : http://gerarddelfau.over-blog.com/

mardi 4 décembre 2007, 20:30

Face à un monde unipolaire : Résistances cubaine et latino-américaines

Limoges
Amphi Blanqui (derrière la Mairie de Limoges)

Conférence – Débat

Animée par:

Ignacio RAMONET
Journaliste, écrivain et directeur du Monde diplomatique

Il dédicacera son livre :
Fidel Castro, biographie à deux voix

Soirée organisée conjointement par:

mercredi 5 décembre 2007, 19:00

Rassemblés contre l’homophobie

à Montpellier,
salle Pétrarque.

Nos constats sont souvent les mêmes :
Malgré un cadre légal qui évolue positivement et qui aujourd’hui condamne les actes homophobes (les agressions verbales, physiques et/ou morales, et de nombreuses discriminations), les mentalités restent encore trop souvent prisonnières des idées reçues et des préjugés qui peuvent aboutir à des discriminations sous différentes formes, que ce soit au travail, à l’école, dans la vie de tous les jours….
De trop nombreuses personnes considèrent encore qu’il est « naturel » d’avoir une attitude discriminatoire, voire violente à l’égard de leur enfant, de leur voisin, de leur collègue de travail, de leur client, en raison de leur homosexualité et de leur transidentité, qu’elle soit réelle ou supposée. Trop longue est la liste de nos concitoyen(ne)s qui sont confronté(e)s à ces pratiques homophobes, transphobes et illégales.
De la même manière, de trop nombreuses personnes trouvent naturel d’être sexiste, raciste, et considèrent que la différence justifie la discrimination voire l’agression.

Citoyens engagés dans une association, individus, responsables syndicaux, politiques, institutionnels, nous sommes nombreuses et nombreux à nous mobiliser contre ces injustices quotidiennes.
Parce que l’homophobie ne soit plus une fatalité, nous souhaitons inciter également nos concitoyen(ne)s à ne plus subir et à agir pour que les mentalités évoluent positivement. Les victimes de ces discriminations ne doivent plus se sentir isolées et démunies face aux pratiques homophobes

Nous vous proposons de nous rejoindre le mercredi 5 décembre, à 19h00, salle Pétrarque, à Montpellier, pour en savoir plus sur nos constats ainsi que sur nos initiatives et pouvoir échanger avec nous.

Co-organisateurs de la rencontre : AGLH, Amnesty International, ANGEL, CFDT, Union locale CGT de Montpellier, Démocratie et Courage (Léo-Lagrange), GEST, Le Refuge, LMDE, MJS, Montpellier contre la violence, Les « Oubliés de la Mémoire », RAJ LR, SOS homophobie, SOS Racisme, UNEF
Avec le soutien de Com’In, Homosexualité et Socialisme (HES) et GayKitschCamp (GKC)

Contact presse : Fred Burguin-Casy, 06-18-28-32-84 (fred.burguin-casy@sos-homophobie.org)

samedi 19 janvier 2008, 08:00

1ère CONFERENCE DU SUD DE LA FRANCE SUR L'HOMOPARENTALITE

CENTRE RABELAIS
Boulevard Sarrail (Esplanade)
MONTPELLIER

APGL organisée par l'Antenne Languedoc-Roussillon de l'Association des Parents Gays et Lesbiens (APGL)

Le programme de cette conférence se veut d'aborder toutes les situations rencontrées par les homosexuels pour fonder une famille et vivre leur parentalité. Des thèmes encore peu accessibles comme le désir d'enfant chez les transexuels et la gestion pour autrui (GPA, mères porteuses) seront aussi abordés.

Toutes les infos (inscriptions, programmes, etc) à cette adresse: http://conf.homoparentalite.free.fr/

Voir l'agenda complet en ligne

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Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
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