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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°586 - jeudi 17 avril 2008

Envoyé à 40539 courriels inscrits

Respublica soutient cet évènement organisé par l'Ufal, et vous propose donc ce numéro spécial pour vous y inviter !
La Rédaction

1 - chronique d'Evariste

1 - Tous à l’Université populaire laïque (UPL) des 8 au 12 mai 2008 à Mazères (09)

Se former dans une ambiance fraternelle, festive et conviviale sur différents sujets intéressants les citoyens et leurs familles, voilà l’objectif de la 4ème édition d’UPL organisée par l’UFAL. A l’époque politique, sociale et environnementale qui est la notre, débattre des sujets qui intéressent les citoyens et leurs familles, n’est-ce pas un passage obligé ?

Qui n’a pas pesté contre la non-indépendance des médias souvent aux ordres du pouvoir ?
Qui ne se pose pas la question du comment faire pour avoir une activité consommateurs ?
Qui ne s’est jamais posé la question de la sécurité des patients ?
Qui ne s’est pas posé la question de ce que nous apporte les bouleversements en Amérique latine ?
Qui n’est pas intéressé par la diffusion d’un film réalisé par une militante de l’UFAL sur le combat des femmes dans un pays d’Afrique du Nord ?
Qui n’est pas intéressé par une réflexion sur la laïcité économique comme pendant de la laïcité opérante dans le domaine idéologique et religieux ?

On pourra ensuite poursuivre sur la nécessité du développement durable face au valeurs du libéralisme, le combat laïque et féministe avec la présence de Mohammed Sifaoui, condamné à mort par les islamistes,

Se tiendront aussi des échanges sur le savoir-faire pour engager une campagne d’éducation populaire, organiser des réunions publiques efficaces et mener des actions de proximité avec le concours d’une UFAL spécialisée dans ce domaine. Par ailleurs, des soirées culturelles agrémenteront le séjour, et à cette occasion, l’UFAL fêtera ses 20 ans en présence d’André Fortané, son président-fondateur, 93 ans.

Par ce petit numéro "spécial UPL", ReSPUBLICA entend s’associer avec enthousiasme et intérêt à cette université populaire ouverte à tous ceux qui souhaitent s’y rendre, et nous espérons que vous y serez nombreux. Cette UPL symbolise un groupe de militants rassemblés autour de convictions fortes, mais également la volonté que nous partageons tous : ne plus laisser le libéralisme poursuivre son entreprise de déstructuration sociale et individuelle. L’éducation populaire et l’échange fraternel sont nos armes pour retisser les liens qui nous unissent, nous citoyens de la gauche républicaine, laïque et sociale.

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - université populaire laïque

1 - Programme de la 4ème édition de l'Université populaire laïque

La 4ème édition de l'Université populaire laïque (UPL) se tiendra du 8 au 12 mai Domaine de Garrabaut à Mazère (09). En voici le programme.

Jeudi 8 mai

14h30 à 16h30 : L’indépendance des médias : animé par Michel NAUDY, avec un représentant d’Acrimed
17h à 18h30 : Formes alternatives de rapports entre producteurs et consommateurs : animé par Thierry KOPERNIK
20h : Secteur Santé et Protection sociale : La sécurité des patients, animé par Garance UPHAM

Vendredi 9 mai

9h à 11h : Que se passe-t-il en Amérique du Sud ? avec Gaël BRUSTIER
11h à 12h : Projection d’un film de Horria SAIHI sur la condition féminine en Algérie
14h 30 à 17h : Santé et protection sociale : La laïcité économique face aux profiteurs de l’hospitalisation privée, animé par Slim GHEDAMSI et Raymond MARI et avec Lucette GUIBERT
17h à 18h30 : Contribution pour une nouvelle méthodologie de pensée, par Raphaël FAVIER
20h : Les 20 ans de l’UFAL : témoignage filmé d’André FORTANE, textes…
21h : Théâtre avec Teatro Vivo : Le réveil

Samedi 10 mai

9h à 12h : Secteur Développement durable : Réflexions sur le dogme de la croissance, avec Guillaume CAMPIONI, Christian GAUDRAY
14h30 à 17h : Secteur Laïcité et féminisme : débat animé par Jocelyne CLARKE et Horria SAIHI, avec Mohamed SIFAOUI (journaliste), Caroline BRANCHER (Prochoix) et Claude BEAUFILS
17h à 18h30 : Les actions de proximité, avec Jean-Luc LAGUIONNIE (exemple de l’UFAL 87)
20h : Soirée festive : « le Duo Parleur »

Dimanche 11 mai

9h à 12h : Secteur Développement durable : Kyoto et l’économie du carbone, par Aurélien BERNIER
14h30 à 16h : Comment organiser le travail d’éducation populaire : avec Lucette GUIBERT, Dominique MOURLANE et Bernard TEPER
16h 30 à 18h30 : Secteur Laïcité et féminisme : suite du débat du samedi
20h : Théâtre avec Teatro Vivo : Ay ay ay café

Coupon d'inscription et plus d'informations ici

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

2 - 4ème édition de l'Université populaire laïque : informations utiles

Voici quelques informations utiles et pratiques sur la quatrième édition de l'Université populaire laïque.

Les tarifs :

Tarifs en pension complète 4 jours et 4 nuits 160 €
De 1 à 3 jours (hébergement, petit-déjeuner et 2 repas) 55 € par jour
Repas sans hébergement (midi ou soir) 13 €
Gratuit pour les jeunes enfants (avec une animatrice pour les prendre en charge en journée)

Pré-inscription à renvoyer à :
l'UFAL Nationale
27 rue de la Réunion
75020 PARIS
Tel : 01 46 27 09 25 / email : ufalsiege@ufal.org

(le solde sera à verser avant le 25 avril)

En ce qui concerne l'hébergement militant (pour les personnes à faible revenu) contacter l'UFAL

Moyens d'accès :

Accès par le train :

A l’arrivée à Toulouse Matabiau il existe une navette jusqu’à Saverdun toute les 1/2 heure à partir de 7h50 du matin.
De Saverdun à Mazères nous mettrons une navette voiture en place à la demande pour vous transporter.

Accès par la route :

En venant de Toulouse ou de Carcassonne prendre l’autoroute A66. Sortie Saverdun Mazères.
Direction centre de Mazères puis route de Calmont
Le Domaine de Garrabaud est sur la gauche à la sortie de la ville.
Par la RN20 à Saverdun prendre la direction Mazères et suivre les indications

Coupon d'inscription et programme disponibles ici

L'Union Des FAmilles Laïques www.ufal.org

3 - Atelier: La laïcité économique face aux profiteurs de l'hospitalisation privée

Extrait du rapport d’orientation adopté lors de notre dernière assemblée générale.
Le principe de laïcité rend possible la loi générale : il protège les citoyens de la " loi " du marché, c’est-à-dire des forces qui ouvrent en faveur des seuls intérêts particuliers .
La laïcité trouve aussi son application dans le domaine économique pour défendre nos droits universels (santé, éducations…), nos biens communs (eau, services publics…). Elle contraint les intérêts financiers privés à l’obligation de respecter des limites dans leur volonté de tout marchandiser et d’utiliser l’argent public pour leurs profits.

L’Ufal a mis en lumière le scandale des Caisses Pivots dont bénéficient les Cliniques Privées, les dysfonctionnements qui entourent la mesure liée à la facturation aux malades du ticket modérateur à 18 €, et a montré comment l’argent des malades bénéficie aux intérêts financiers d’un groupe de Cliniques Privées, et cela avec la bénédiction des pouvoirs publics et plus précisément des dirigeants de la CNAM. Différents journaux ont repris ces informations (Le Canard Enchainé, l’Humanité, Marianne, le Parisien) et ont permis au scandale d’éclater.
Cette campagne a été relayée à l’Assemblée nationale lors de la séance des questions au gouvernement du mercredi 18 décembre.
L’action engagée n’est pas finie. Localement nous avons les éléments permettant de nous opposer à certaines cliniques de ce groupe dans la défense de l’hôpital public. Au niveau national, l’UFAL envisage également une action en justice car nous sommes habilités à défendre les assurés sociaux devant les tribunaux.
Le travail de dénonciation, se poursuit, l’appel a témoignage avec le livre noir de l’hospitalisation privée est lancé pour que les citoyens puissent avoir l’ensemble des éléments leur permettant de comprendre ce qui se passe et de défendre pleinement leurs droits à la santé (voir sur le site http://www.ufal.org).

Celui par lequel le scandale est arrivé est depuis peu le nouveau responsable du secteur Santé Protection Sociale de l’Ufal ; avec les citoyens présents, il animera l’atelier de ce secteur, le samedi 10 Mai après-midi à l’UPL. Il y parlera de cette affaire, mais aussi du travail quotidien visant à défendre nos services de santé et notre droit à avoir une santé publique digne de ce nom.
L’UPL est pour nous l’occasion de développer devant un large public la liaison fondamentale entre le combat laïque et le combat social dans ce domaine. Nous espérons vous retrouver nombreux pour discuter ensemble de ces questions.

Le Secteur Santé Protection Sociale De L'UFAL

4 - Atelier: Enterrer la culture de la croissance, c'est à dire la culture inculquée par le libéralisme

Tout est là, sous nos yeux. Emeutes de la faim, flambée des cours des matières premières alimentaires et industrielles, accroissement des inégalités, dégradation de la santé du fait des causes environnementales, réduction rapide de la biodiversité, apparition des conséquences non linéaires des changements climatiques, augmentation irrémédiable des cours des énergies fossiles, crise financière, accélération du processus de privatisation et de marchandisation de toutes les activités humaines, travail de sape détruisant toute solidarité, culture de la consommation, retour de l’idéologie du travail, etc., etc. Le lien entre tous ces éléments n’est pas toujours évident et pour cause : la culture déversée chaque jour par le libéralisme masque les possibilités de liens, endort les esprits et travaille à l’affaiblissement des réactions constructives
Notre monde ne tourne pas rond. Tout le monde le sait ou le ressent. Tout le monde peut le constater s’il se donne la peine de regarder. Et pourtant l’inaction perdure. Pourquoi ? Avant tout parce que les dirigeants actuels cumulent (au moins...) deux grandes tares.
Primo, ils ont tous peu ou prou fait leur apprentissage politique pendant les trente glorieuses. C’est à dire qu’ils sont formatés par la vision d’une société de forte croissance, de plein emploi et de désintérêt total pour les ressources et le monde environnant.
Secundo, ces hommes politiques sont engoncés dans les dogmes néolibéraux qui les ont fait renoncer à l’intérêt général pour servir la domination, l’émiettement social et l’enrichissement toujours plus grand d’une oligarchie de la finance.

Dans ce contexte, qui est le notre, il est urgent de définir le projet de société qui va permettre d’apporter des réponses à tous ces graves problèmes. Contre la division des citoyens, la séparation des savoirs, notre arme doit être une vision globale et systémique. Il ne peut y avoir de petite recette, de tour de passe-passe, de petit projet de relance. L’approche globale est nécessaire pour repenser notre rapport au monde et construire une société sur d’autres bases que les dogmes libéraux. Car depuis la révolution industrielle, l’éthique et la culture du libéralisme conçoivent le monde comme un objet inépuisable avec lequel les êtres humains n’ont aucun lien véritable. Suivant cette éthique, l’activité des êtres humains ne vise que la production de " valeurs ", et non la production de " richesses "...

Soyons résolus de ne plus servir, et nous voilà libre.

Aussi, face aux changements dont nous serons les acteurs, nous, individus, devons prendre leur part. De fait, un vaste projet d’éducation populaire et citoyenne est nécessaire. Là où le libéralisme déshabille l’individu-citoyen pour en faire un être social solitaire, seule l’éducation populaire, la transmission du savoir et l’élévation des connaissances, peuvent armer l’individu pour qu’il soit à nouveau apte à prendre sa part dans le débat public, pour qu’il soit à nouveau un citoyen. Et le chantier populaire de notre époque est celui d’un renversement culturel et éthique. Nos valeurs sont entretenus par le libéralisme : dogme de la croissance, consommation, gaspillage, valeur de l’argent et de la possession, marchandisation du " temps de loisir ", culte du travail, autant de comportements qui alimentent l’état actuel du monde. De fait, nous devons ensemble redéfinir un projet social et pour réussir cette révolution, le temps consacré à l’information, au débat et à l’élaboration commune est incontournable. Notre temps est celui d’un changement de culture et d’éthique pour lutter contre ce qui fonde le libéralisme.

Nos valeurs ne doivent plus être les leurs.

Dans ce projet, le " développement durable " est le nom du domaine alliant à la fois l’économie, le social, l’écologie et les savoirs scientifiques au sens large. Il ne peut pas être réduit à la seule écologie car la réflexion pour changer le fonctionnement du monde passe par une nouvelle conception de la politique qui doit se faire " par l’homme et pour l’homme ". Cette politique doit assurer une solidarité synchronique et diachronique sur des bases humanistes et démocratiques, mais doit aussi reposer sur une assise forte, c’est à dire sur une culture et une éthique individuelle contraires à celles que rabâche à longueur d’antenne les tenants du libéralisme.

Ne rien faire...

C’est à court terme porter atteinte à la santé, creuser les inégalités, bouleverser et appauvrir irréversiblement le monde vivant.
A moyen terme, c’est devoir gérer des mouvements de population, des famines, une nouvelle géopolitique pleine de tensions.
A long terme, c’est mettre un terme à toute possibilité de démocratie et entériner l’instabilité planétaire pour des dizaines d’années.
Mais alors que tout montre que nous allons droit dans un mur, nos dirigeants appuient sur l’accélérateur au lieu de regarder vers où tourner pour éviter le mur que dresse le libéralisme.
Toutefois, si nous commençons à y travailler suffisamment à l’avance (c’est-à-dire maintenant) afin d’anticiper ce virage nous serons à même de boucler nos ceintures, et ce virage (certainement assez sec) ne sera pas grand chose comparé au mur que l’inaction rapproche rapidement de nous. Comme toujours, l’anticipation est la solution pour prévenir ce qui peut arriver. Le projet d’éducation populaire sur le développement durable n’a d’autre but que de donner à chacun des lunettes afin qu’il puisse voir ce mur se rapprocher. Gageons que les citoyens ainsi armés et avertis ne laisseront pas les chauffeurs ivres continuer à foncer droit dans le mur.


Aussi, à l’heure où le gouvernement ne veut plus que la solidarité rembourse le prix des lunettes, le secteur développement durable de l’UFAL vous convie à vous réunir à l’UPL de Mazères pour que les citoyens ainsi assemblés testent leur vue et leur sagacité sur les problèmes de notre temps et de notre avenir.


Rendez-vous samedi 10 mai de 9h à 12h : « Réflexions sur le dogme de la croissance », avec Guillaume CAMPIONI, Christian GAUDRAY, et dimanche 11 mai 9h à12h « Kyoto et l'économie du carbone » par Aurélien BERNIER.

Christian GAUDRAY Responsable du secteur développement durable de l'UFAL

Guillaume Desguerriers

5 - Atelier: Une analyse claire, une stratégie cohérente pour rendre des actions efficaces

Notre responsabilité est de créer les conditions d’une citoyenneté résistante face à la destruction de notre environnement, de promouvoir les droits universels pour tous les citoyens et leurs familles. Car ce n’est pas tout d’avoir raison... encore faut-il le faire savoir !

Ce n’est pas tout d’avoir de nombreux orateurs dans les différents secteurs thématiques aptes à animer des conférences dans toute la France, encore faut-il capitaliser ce savoir et le diffuser. Améliorer la capacité à parler en public, garder et diffuser les interventions (vidéo et audio), tisser des relations avec des organisateurs de rencontres citoyennes, vulgariser les thèmes discutés au sein du Comité Consultatif de l’UFAL pour les rendre accessibles au public, toutes ces activités sont des taches du secteur Éducation Populaire.

Comprendre pour agir mieux et augmenter l’impact des actions citoyennes

Entre le bougisme protestataire de témoignage et les discussions philosophiques déconnectées de la réalité, l’éducation populaire doit permettre aux citoyens, militants ou non, de comprendre les réformes, de préparer des actions pour sensibiliser autour d’eux, d’élaborer les stratégies permettant des mobilisations réussies et favoriser l’articulation des connaissances avec les actions de proximité. C’est en redonnant prise aux citoyens sur leur vie que le fatalisme sera vaincu, que des termes comme Démocratie ou Souveraineté Populaire retrouveront un sens profond.

Éducation populaire tournée vers l’action

Le secteur " éducation populaire " a aussi pour vocation de développer la boite à outils de diffusion des savoirs et connaissances pratiques. Il est un secteur visant à aider les actions locales pour aller au devant des citoyens. Il s’agit alors de voir comment organiser une réunion publique, comment communiquer avec les anonymes venus écouter, comment organiser une campagne de sensibilisation et d’adhésions, comment obtenir des subventions, comment s’organiser autour d’un site web, comment utiliser la presse pour améliorer la visibilité des actions, comment monter des listes de discussion et de diffusion, comment organiser des stages de formation et des ateliers de lecture, comment tenir une caméra, etc.

L’éducation populaire vise à diffuser les savoirs et les connaissances permettant de rendre efficace l’impact des citoyens dans la société, pour que la démocratie participative ne soit pas un artifice de politiciens, mais une réalité appartenant aux seuls citoyens. Il s’agit d’armer les citoyens sur les sujets qui les touchent eux et leurs familles : la laïcité, l’éducation, le féminisme, la santé, les services publics, la consommation et le développement durable.
Dans ce cadre l’UFAL développe son action auprès des personnes, militantes ou non, désireuses de participer à leur façon dans notre société.
De tout cela, et de bien d’autres choses encore, il sera question à l’UPL, le Dimanche 11 Mai, de 14H30 à 16H30.

Lucette Guibert Responsable secteur Éducation Populaire à l'UFAL

6 - Atelier: Audiovisuel public, le boomerang ?

Assistez à l'atelier sur les médias (un avant goût du contenu, ci-après) le Jeudi 8 mai de 14h30 à 16h30 : L’indépendance des médias : animé par Michel NAUDY, avec un représentant d’Acrimed.

Il est assez probable que les voituriers du Plaza-Athénée de l’avenue Montaigne à Paris ne sont guère familiers du spectacle qui leur a été donné le 13 février dernier : plusieurs milliers de salariés du service public de l’audiovisuel battant un macadam d’habitude réservé aux Bentley et aux Maserati…

Pour la première fois depuis 33 ans et le démantèlement de l’ORTF par Giscard d’Estaing, on n’avait rien vu de pareil : syndicats unanimes, défilé très fréquenté, grève bien suivie. Personne ne s’y est trompé chez les salariés : l’annonce par Sarkozy de la suppression des recettes publicitaires pour la télévision publique prélude de fait une " réduction de la voilure " comme le disent les amateurs d’euphémisme. Avec Bouygues, Bolloré et Lagardère en embuscade, il s’agit d’en finir à terme avec le service public, de le transformer en ghetto, de confier le pactole de la publicité commerciale aux " copains " du Président et, cerise sur le gâteau, de se débarrasser au passage des quelques gêneurs qui survivent encore vers l’esplanade Henri de France. On a trop oublié à ce propos que la disparition de l’ORTF qui induisait déjà une logique de concurrence interne s’était accompagnée du licenciement de plusieurs dizaines de journalistes mal en cours. Depuis, à de rares et brèves périodes près, on assiste à un lent affaiblissement du service public télévisé des trois points de vue de la production, des programmes et de l’information. La création de l’éphémère Cinquième, la " télé champagne " que Mitterrand avait cru judicieux d’affermer à Berlusconi très vite suivie de la privatisation de TF1 par Léotard donnaient le ton. En alternance, la droite comme les courants majoritaires du Parti Socialiste se sont employés à encourager une marchandisation de la création accompagnée des progrès remarquables du journalisme de connivence.
Sarkozy, lui, veut finir le travail. Maître du flou et de l’à-peu-près, il s’est appliqué à ne rien prévoir de sérieux pour suppléer à la disparition de la manne publicitaire pour le service public. Taxer à 10 % les recettes publicitaires des télévisions privées et à 2 % celles des fournisseurs d’accès à Internet ? On entend déjà les gémissements libéraux qui ne vont pas tarder à crier à l’écorché. Mme Albanel, ministre de tutelle, vient même d’évoquer la taxation de la publicité sur la presse écrite qui, chacun le sait, se porte comme un charme dans ce pays…
En lançant son ballon le 8 janvier, Sarkozy, s’est cru malin : une télévision publique sans recettes publicitaires, quoi de plus cohérent, de plus vertueux même ? Au détail prés qu’avec une augmentation moyenne de 1 % de la redevance tandis que les contrats d’objectifs officiels prévoient une hausse annuelle de 3, 5 % de la dépense, " l’éthique " présidentielle ressemble fort à un attrape-nigauds.
Il semble cependant que l’opération de Sarkozy sera moins aisée à mener que prévu. La réforme structurante portée par le Président de la République lui-même… (qui) a créé un choc comme le dit Mme Albanel, peut aussi provoquer un choc en retour. Genre boomerang. Le grand succès de la journée du 13 février pourrait être le premier indice annonciateur d’un renforcement d’une résistance sociale plus générale aux entreprises ultra du Président de la République.

Michel Naudy journaliste, porte-parole du MARS-GR

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