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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°600 - mercredi 8 octobre 2008

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1 - chronique d'Evariste

1 - 600ième numéro de Respublica: la fin du libéralisme

« En tant que rédacteur en chef, en ce début d’année, j’aurais pu écrire une fois de plus sur la politique désastreuse de notre pays. Mais pour ce premier numéro de l’année 2008, j’ai eu envie de vous écrire que nous allons vivre une époque extraordinaire, car elle sera celle du changement. Le monde de notre enfance s’en va. Il est éteint. Bientôt il ne sera plus que des lignes dans les livres d’histoire des écoles primaires, des noms de rues pour lesquels les enfants interrogeront leurs aînés, de vieux souvenirs partagés au coin d’un feu. Notre monde s’en va, et c’est un autre qui s’ouvre à notre regard. Ce monde est vierge. Il est neuf ; à peine foulé par ceux qui ont été les plus prompts à se l’approprier. » Ainsi commençait l’éditorial n°574 du 11 janvier 2008, le premier de cette année 2008. Et soyons honnête, il était d’une clairvoyance qui dépasse de très haut l’auteur de ces lignes...

Nous vivons la fin d’un monde

Ce 600ième numéro de Respublica marque le début d’une crise ; de « LA » crise. De celle qui va emporter le libéralisme, et notre monde avec lui. En 1929, la crise avait terrassé un système économique, plongeant le monde dans le chaos que l’on sait et préfigurant une seconde guerre mondiale que le traité de Versailles avait inscrite dans le fil de l’Histoire dès 1919. La nouvelle politique économique de Franklin Roosevelt (le fameux « New Deal ») avait sorti les occidentaux de la crise et installé un régime économique qui allait survivre à la grande guerre et perdurer jusqu’au début des années 80, date du virage économique vers le libéralisme anglo-saxon. Thatcher en Angleterre, puis Reagan aux États-Unis d’Amérique colportent alors sur la totalité de la planète l’ultra-libéralisme des think-tanks néoconservateurs. Économiquement, ce libéralisme anglo-saxon n’est pas une rupture avec le capitalisme, il en est simplement le prolongement poussé à l’extrême : extrême voracité, extrême psychose de la possession, extrême névrose de gagner toujours plus.

Mais pour qu’un tel système économique se propage, il lui faut une base éthique, une assise culturelle forte, une réalité factuelle à laquelle l’ancienne gauche, dominée par la super structure socio-économique, s’est toujours refusée de voir. Le libéralisme anglo-saxon martèle donc ses valeurs à travers le monde : peur et méfiance d’autrui, possession comme but de l’existence, égoïsme comme pensée de l’individualisme, socle religieux comme référent du savoir, et le sécuritaire pour seul horizon de la société. Plus que jamais, la vérité profonde de l’individu libéral ne se trouve pas dans un manuel d’économie, mais bien sur le divan du psychologue qui met à jour toute la névrose de celui qui ne se définit que par la peur, la possession et le gain monétaire compulsif. Aujourd’hui, cette culture et cette éthique de vie ont mené le monde au bord du gouffre et ont fait faire un dernier pas en avant : celui de la chute.
Et cette chute va être dure ! Elle va bouleverser l’ordre économique mondial, amener une crise sans précédent depuis 192 car elle concerne le monde entier tel qu’il a été construit depuis 1932. 45 000 milliards de dollars pour les produits liés aux créances douteuses : même le figaro reconnaît l’ampleur du désastre. Déjà dans un précédent éditorial (n°572 fin décembre 2007), Respublica expliquait l’ampleur de la crise et son inéluctabilité... nous y sommes. Dans les médias, seuls les spécialistes bon ton et les politiciens s’interrogent, évitant d’expliquer véritablement ce qui arrive. Peur de la panique, impossibilité à réaliser que leurs idées les ont menés au gouffre... qu’importe ! Les faits sont là, et rien ne pourra plus empêcher l’effondrement.

Vers un autre monde !

Alors quel message faire passer ? Un éditorial de Respublica serait bien étrange s’il invitait à la misère et au découragement. Ce 600ième éditorial rappellera donc que depuis des années nous militons pour que le règne de l’ultra-libéralisme cesse, pour que nous puissions changer ce monde et nos vies. Et il faut croire que le monde change radicalement par des crises comme celle qui arrive. Vérité terrifiante... peut être. Mais face à ce qui nous attends, comprenons que cette crise est la porte du monde de demain. Plusieurs fois, nous avons parlé de la nécessité du deuil, de la nécessité de tourner une page pour qu’un autre monde soit concevable. Cette crise est une page qui se tourne. Une page de l’histoire avec un grand «  H  », car dans deux ou trois ans, notre monde sera radicalement différent de ce qu’il est aujourd’hui, fin 2008.

« Capitalisme d’État sécuritaire » contre « économie en réseau »

Notre système économique s’effondre et il ne survivra pas. Face à nous, l’opportunité unique de changer de fonctionnement se profile, il ne faudra donc pas laisser passer cette chance. Le libéralisme anglo-saxon est mort, et une alternative s’offre désormais à nous : soit un « capitalisme d’État » héritant de la culture sécuritaire du précédent régime ; soit un mode économique plus ouvert où le rôle de chaque individu est renforcé dans une « économie en réseau ».

Le capitalisme d’État est cette forme de régime où l’Etat prend le contrôle de l’appareil économique pour diriger un pays. Nul doute à avoir que cette ligne – bonapartiste – est celle qu’est en train d’épouser Nicolas Sarkozy. Il y a un an, cet homme tentait d’introduire les fameux prêts subprime en France et voulait privatiser la Poste ; aujourd’hui il renfloue la banque Dexia en la nationalisant avec les deniers des individus-citoyens. Pantin de l’Histoire, l’homme de l’Élysée est avant tout un être vulgaire car ne possédant aucune vision historique.
Mais si le capitalisme d’Etat est un changement radical à la tête du décideur économique, l’héritage du libéralisme anglo-saxon dans la culture sociale est, lui, toujours présent. Et un capitalisme d’État signifie l’accélération de la mise en place du régime sécuritaire, autoritaire, liberticide et policier. Le pétainisme d’un Sarkozy poursuivra donc sa dégradation de la justice, sa propagande normative sur les individus, sa culture de la division des citoyens, sa répression contre les plus faibles et l’éviction de quiconque tentera d’affirmer une individualité souveraine. Sarkozy tient le levier sécuritaire, dans un capitalisme l’État il tiendra également le levier économique...

Face à ce modèle de société, une alternative se profile dans un monde tourné vers « l’économie en réseau ». Échanges et dons, ventes et prêts, communications et informations, durant ces dernières années les réseaux ont permis l’atomisation des producteurs et des receveurs. Impossible de nier que les échanges entre les individus prennent de plus en plus d’indépendance vis à vis des chemins contrôlés par les entreprises et par l’État. Le développement de ces échanges est tel que la voie judiciaire et la législation de bridage des échanges sont désormais des priorités pour les entreprises. Exemple emblématique, internet fût à n’en pas douter le moteur de cette révolution et l’efficacité de ce mode d’économie parallèle révéla toute sa puissance de feu en 2005 lors de la campagne contre le TCE. Ignoré et minoré jusque là, l’échange d’informations par le réseau fût l’arme de la victoire populaire.
Dans une économie en réseau, une part très importante des échanges se fera via internet (ou autres) ; chaque individu étant à la fois échangeur, producteur et consommateur de biens, d’énergie, de produits, d’informations. Monde angélique ? ! Ne rêvons pas trop, car les réseaux seront certainement possédés par les grandes firmes de ce secteur (le géant Google en tête). Mais à n’en pas douter, à l’inverse du capitalisme d’Etat bridant et normalisant les individus à la tache, l’économie en réseau vit des échanges, donc de la production, donc de la liberté dont dispose les individus pour être créatifs. Une marge de manœuvre plus grande s’y trouve donc.

Enfin, cette crise pose la nécessité de clairement définir une séparation économique entre ce qui relève de l’intérêt général (sphère publique) et ce qui relève de l’intérêt privé (société civile). La crise du capitalisme met ce fait en évidence, nous avons grand besoin d’une théorie claire de séparation pour asseoir une forme de régulation économique. De fait, nous avons à forger un nouveau concept pour le monde de demain : celui de la « laïcité économique ».

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - La vie du journal et de l'association "Respublica"

1 - 600 numéros pour affirmer l’esprit de gauche !

Cher lecteur, le changement de rédaction fin août 2007 a été l’occasion d’une nouvelle déclaration de ligne (n°561, septembre 2007). Dans les faits, cette déclaration a été une « re-déclaration », car elle n’a été, ni plus ni moins, que l’affirmation de l’esprit de gauche dans lequel votre journal entend tenir sa ligne et vous proposer ses analyses, ses prospectives.
Beaucoup ont noté une dérive de la ligne de Respublica à partir de fin 2005 qui s’est affirmée de plus en plus au cours de l’année 2006 et au début de l’année 2007. C’est cette dérive vers un républicanisme des « deux rives » (mélange de la gauche et la droite) et vers un abandon de la laïcité qui ont amené, en août 2007, à un redressement de la ligne et à la réaffirmation de nos valeurs fondatrices, clairement exprimées dans l’éditorial du n°561.

Respecter « l’esprit de gauche »

Au delà de la Raison, il y a des impressions, des sentiments, des passions qui travaillent les individus. Pour sûr, impossible de laisser l’intuition être la seule maîtresse de nos vies, mais l’intuition est la source des inspirations, des envies et des désirs, autant de choses que la Raison – notamment issue des Lumières – vient compléter, fortifier et parfois guider pour éviter les passions réactionnaires. Ainsi, c’est à la fois la Raison et l’intuition qui nous ont conduit à réaffirmer que la laïcité n’est pas un prétexte pour une cabale contre telle ou telle religion particulière. Respublica a donc réaffirmé que, pour une ligne résolument laïque, si les croyances n’ont pas droit de citée dans la sphère publique, l’état n’en reconnaît aucune et l’individu-citoyen est parfaitement libre de penser, de croire et pratiquer dans la sphère privée les options de vie qu’il estime bien pour lui-même.

« L’esprit de gauche »

Il est difficile de définir exactement ce qu’est « l’esprit de gauche ». Envie de vivre et de bâtir, curiosité et amour du savoir, il est aussi marqué par le désir de souveraineté sur son existence propre et intime. Voila pourquoi le Pacte Républicain (c’est à dire l’action de tous les individus-citoyens) travaille à créer et à garantir les conditions pour que chaque individu qui souscrit à ce Pacte puisse vivre librement sa vie personnelle selon ses choix intimes. Liberté de disposer de son corps jusque dans la mort (euthanasie signifie la « bonne mort »), liberté de penser, liberté de contracter avec un autre individu consentant (ce qui signifie que nul n’impose un modèle normatif de ce que doit être l’amitié, la famille, etc.), liberté de parole, liberté de mouvements, liberté d’adhésion. Tout cela porte un nom : la souveraineté sur son existence personnelle, et la garantie de cette souveraineté fonde la paix (point cardinal sur lequel s’oriente le Pacte Républicain). Paix individuelle et paix sociale, avec toutes les conséquences économiques (en terme notamment de répartition des richesses) qu’un tel but implique. La misère n’a jamais conduit à la pacification, sinon par les armes.

De telles aspirations ont traversé l’histoire, et nous, individus de notre temps, ne sommes que des porteurs de cette tradition, des défenseurs de cette conception de la vie parce qu’elle est également la nôtre. Pour concevoir de telles valeurs de vie, il faut l’usage de tous les savoirs contre l’obscurantisme, mais aussi l’audace de les porter et de les défendre. Tenter, proposer, oser, tout cela fait partie de l’esprit de gauche. L’esprit de gauche reconnaît le risque et l’assume. La soumission à la peur de risque signifie la défaite de l’audace, de l’envie, de la curiosité, de la vie même ! cette défaite est le triomphe du sécuritaire, du contrôle, de la protection castratrice. Le libéralisme anglo-saxon est porteur de cette conception mortifère de la vie à tel point qu’il peint l’individu responsable et mature comme celui « qui a peur » ! et qu’à ces yeux, celui qui ne cède pas à cette crainte de tout et à cette peur des autres est un fou inconscient. Une telle éthique de vie, une telle culture sont à l’évidence très loin de l’esprit de gauche qui peint l’individu citoyen comme celui qui connaît la peur, mais qui a le courage de ne pas lui céder. Ces mythes nous viennent de la nuit des temps, de la République Romaine, de la Démocratie athénienne, du citoyen de Sparte. Autant de mythes fondateurs à l’éthique de l’individu-citoyen. Voilà pourquoi sur cette définition de ce qu’est un « individu mature » se trouve véritablement toute la distinction entre « l’individu-citoyen » du Pacte Républicain et « l’individu-libéral » du capitalisme ; c’est à dire toute la différence entre une philosophie de l’Individualisme-Républicain et une philosophie de l’individualisme-égoïste, théorie des phobocrates défendue par les néoconservateurs nord-américains depuis des décennies. Rien que sur la culture sociale, la différence est flagrante : dans la première optique l’individu soutient et agit avec les autres individus-citoyens pour renforcer les actes de pacification qui garantissent, pour chacun, sa propre souveraineté sur sa vie (par exemple, la laïcité est une construction vers plus de pacification) ; dans la seconde optique, celle de l’individualisme-égoïste, l’individu conçoit d’abord les autres sous l’angle paranoïaque : c’est à dire comme des obstacles à abattre ou des agresseurs potentiels, l’action de concert n’a donc aucun sens hormis celle du fondamentalisme religieux.

L’engagement de la Rédaction de Respublica

La rédaction d’un journal, ce sont des femmes et des hommes, individus-citoyens de ce pays. Tous partagent cet esprit de gauche. Aussi dans ce journal nous n’avons de cesse de proposer des interprétations, d’apporter des idées et construire des nouveautés ; le but étant de concevoir du neuf et de vous donner, à vous, lecteurs, des idées sur lesquelles réfléchir et échanger, mais aussi militer de la manière la plus élémentaire : c’est à dire en discutant simplement avec sa voisine de palier ou son boulanger, avec le client d’un café ou un éboueur dans la rue. L’importance de cet acte de lien social est fondamentalement politique. Pour l’esprit de gauche, l’autre ne se limite pas à une personne parmi les amis ou la famille. L’autre est toute personne qui partage ce Pacte Républicain avec soi. Cette distinction montre pourquoi il n’y a pas plus de trois manifestations de droite par siècle, et pourquoi il y a des gens qui participent à la défense des retraites ou de l’école, du système de santé ou de la justice, même s’ils ne sont pas dans ces catégories. Pour l’esprit de gauche, il n’y a pas que « le clan des amis et de la famille ». Voilà la source de cet universalisme qui se retrouve dans la constitution de 1792, celle-là même qui stipule que tout individu qui embrasse et défend les idéaux du Pacte Républicain est français. Audace extraordinaire, abolition des groupes et des clans, reconnaissance des individus par leur désir de bâtir et de partager ensemble : l’esprit de gauche habite tout entier la révolution française.

Voilà donc notre ligne ! Elle s’est incarnée dans nombre d’éditoriaux. N°559 sur la guerre des valeurs ; n°576 et n°584 sur le courage comme acte fondateur pour refuser la culture et l’éthique matraquées par le libéralisme anglo-saxon ; n°591 sur la ré-appropriation de l’individu et de son autonomie ; n°579 sur cette pseudo-laïcité soit-disant « positive » ; n°583 sur le droit de tout individu à disposer de son corps ; n° 582 sur le rassemblement des forces de gauche ; n° 572 sur la nécessité de deuil pour concevoir un monde nouveau ; n°571 sur la réalité de la valeur « travail » et l’esclavage moderne ; n°568 sur l’identité ; n°570 sur la paix comme but fondamental du Pacte Républicain, etc.

A l’évidence, la conséquence directe d’une telle ligne éditoriale est parfois de se tromper, car oser c’est risquer. Et on ne gagne pas à tous les coups. Mais ne rien proposer, ne rien avancer, ne rien décrypter pour simplement avoir la sécurité de ne jamais se tromper, voilà un prix que notre rédaction se refuse à payer car il implique de ne parler que du passé et de n’avoir que peur pour l’avenir. Or aujourd’hui, plus que jamais, nous devons défendre l’esprit de gauche, c’est à dire aller de l’avant, nous porter vers l’avenir. La crise qui arrive va produire de nombreux dégâts, et il est impératif de nous armer pour concevoir le projet d’un autre monde à notre mesure, et d’avoir la volonté et la force pour l’imposer à ceux qui ont ruiné celui d’aujourd’hui. C’est dans cette perspective, cher lecteur, que nous inscrivons résolument votre journal Respublica, car aucune autre ne nous semble avoir plus de valeur.

Pour le 600ième numéro de Respublica,

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

3 - Lutter contre le néo-libéralisme

1 - L’effondrement du néolibéralisme : un mal pour les citoyens et leurs familles, un bien pour l’humanité

Assurément, ce qu’il est convenu d’appeler la « crise », aura des conséquences lourdes sur les citoyens et leurs familles, et pour cela, l’heure n’est pas à la réjouissance. Pourtant, non seulement l’effondrement du système était prévisible (et on ne pourra pas reprocher à Respublica d’avoir manqué de clairvoyance), mais on peut estimer qu’il arrive à point nommé.

Cette crise n’en est pas vraiment une. Elle n’est que l’aboutissement logique et inéluctable d’un système qui bientôt apparaitra à tous comme une aberration historique, fruit d’une domination culturelle et d’une aliénation des corps intermédiaires permises par les renoncements et la collaboration de la gauche. Comment aurait-il pu en être autrement ? Comment une économie basée essentiellement sur du fictif (les actifs financiers étaient valorisés à quatre fois le PIB mondial) et dont la seule finalité est le sur-enrichissement d’une minorité richissime pouvait-elle perdurer dans une fuite en avant qui la déconnectait de plus en plus de toute réalité et semait toujours plus de misère et de dégradations, en refusant toute régulation, en délaissant tout objectif humaniste, et en s’attachant une classe politique docile et servile ? Comment un système qui dans les pays anglo-saxons reposait sur une augmentation du pouvoir d’achat par un recours massif au crédit, lui-même financé par les montagnes de cash accumulées par quelques pays émergents au premier rang desquels figure la Chine, le tout pour consommer des produits fabriqués dans ces mêmes pays, pouvait-il se perpétuer ?
Cette aberration totale qui a entraîné toute l’humanité dans une course folle pour engraisser quelques uns et plonger une forte minorité dans la misère est en train de prendre fin sous nos yeux. Au regard de la richesse de ceux qui ont contrôlé ce système ces trente dernières années, nous sommes tous pauvres. On est pauvre que parce qu’il y a plus riche que nous, et cela pose problème à beaucoup parce que les riches imposent leur modèle comme un idéal. Le vrai problème n’est pas cette pauvreté. Le vrai problème, c’est la misère. La misère, c’est l’impossibilité de satisfaire ses besoins élémentaires et essentiels. Et la misère, nous la voyons tous progresser autour de nous, comme nous avons assisté à la progression de l’épidémie du sida il y a vingt ans. En détruisant méticuleusement les instruments de solidarité, en se nourrissant de précarité et de misère, en saccageant l’environnement, le néolibéralisme s’est rendu coupable de crime contre l’humanité.
Où en sommes-nous ? Le système néolibéral va tenter d’éviter l’effondrement en mettant à contribution les classes moyennes et en laissant définitivement tomber tous ceux qu’il a précarisé. Mais les classes moyennes sont désormais elles aussi victimes des politiques néolibérales et sont fragilisées. Mais comme « les caisses sont vides », on peut parier que de nouvelles taxes vont apparaître et que ces taxes concerneront l’épargne. Or l’épargne s’est orientée en grande partie vers des supports qui reposent sur les bulles spéculatives, c’est-à-dire sur du fictif. Imposer du fictif ne pourra à terme que précipiter l’effondrement définitif du système.
Dès lors, soit la gauche relève la tête et propose un projet alternatif qui tourne le dos au capitalisme financier, centré sur des nouvelles solidarités avec des objectifs sociaux et environnementaux, et axé sur la satisfaction des besoins des classes moyennes et des classes populaires, soit nous allons assister à une remontée rapide de l’extrême droite, avec son populisme pour hameçonner le peuple, et son autoritarisme pour apprivoiser les peurs.
Résumons : le néolibéralisme s’effondre après avoir semé la désolation sociale et environnementale, et il va tenter de survivre en mettant à contribution des classes moyennes fragilisées, en s’appuyant sur un appareil politique à sa solde avec la gauche qui joue aux abonnés absents et l’extrême droite en embuscade (qui sait mieux que quiconque que la situation lui est potentiellement favorable), le tout avec une vacance de pouvoir aux États-Unis (une grande partie de l’administration a déjà quitté le navire).
Après ce qui précède, affirmer que cette crise « tombe bien » peut apparaitre provocateur et choquer. Pourtant c’est un pas qu’il faut franchir, tant il y avait urgence à redéfinir notre modèle économique et nos modes de vie. Ce n’est pas être adepte de la politique de la terre brûlée que d’affirmer que l’urgence sociale et l’urgence environnementale imposaient un coup d’arrêt à la fuite en avant du néolibéralisme. Et la fin du néolibéralisme ne peut prendre que trois visages : soit l’humanité est précipitée dans la barbarie, soit un pouvoir autoritaire nous plonge dans une société de frustrations, de contraintes et de limitations des libertés, soit la gauche prend enfin conscience de sa responsabilité de définir un projet de rupture qui permet une sortie par une voie civilisée et démocratique, ce qui passera obligatoirement par la définition d’une nouvelle éthique de vie visant la recherche du bonheur et non du profit, en privilégiant l’« être » sur l’« avoir ».

Alexis Secondat

2 - La logique profonde d’une crise est la création

Le fonctionnement du monde n’est pas un long fleuve tranquille. N’en déplaise aux restes de monothéisme encore frénétiquement encastrés dans nos outils de pensée : l’évolution du monde n’est pas continue, progressive, fluide, lente et harmonieuse. Les traditions orientales ont sur ce point quelques siècles d’avance : quand le XIXième siècle européen parle du « sens de l’Histoire », cela faisait bien longtemps que le mouvement cyclique du temps avait été proposé par les sages orientaux.

En effet, nul besoin de se faire bonze (ou « bonzesse » !) pour constater que toute évolution se fait par une succession de zone calme entrecoupées de révolutions (physiques ou conceptuelles), de période de bouillonnements et de fractures parfois fort brutales. Et que périodiquement ces crises surviennent. La crise des années 1930 a enterré un système économique à bout de souffle, et cette même logique de « remise à l’heure de la dette » – que Karl Polanyi décrit si bien – est à l’œuvre aujourd’hui. Notre monde économique est né de la crise des années 1930. il va s’éteindre dans une nouvelle. Pour donner... ? Et telle est justement la question !

La crise rend possible l’alternative politique

Une crise est une période de remise en cause profonde, de brassage, de perte de repères. Parce que ce déséquilibre global traverse toute la société et les individus, alors ce qui était « établi », « sûr », « définitif » et « normal », « évident » ou « universel » ne l’est tout simplement plus. Parce que les grandes tables sont ébranlées (voire s’écroulent...), de nouvelles idées jusque là écrasées, minorées, oubliées ou simplement en gestation, peuvent remonter à la surface, éclore, se diffuser, se développer et occuper une place dans le débat citoyen ; une place qu’elles n’auraient jamais pu avoir si la crise n’avait pas cassé la chape de plomb de la normalité et de la conformité (il suffit d’écouter les média dominants...). Aujourd’hui, nous pouvons proposer la fin du libéralisme ! Une idée encore impossible à soutenir il y a seulement 5 ans. Aujourd’hui, des révolutions conceptuelles concernant ce qu’est un individu, le Pacte Républicain et la souveraineté, le progrès, le bien-être et le bonheur, sont possibles et nous devons les mettre en mouvement.

De fait, la première leçon d’une crise est que les individus doivent se réapproprier le discours, la formation politique, l’éthique et la culture. Ceux qui sont dans les groupes sociaux tenus à l’écart de la culture (parce que le pouvoir en place les avait mis à l’écart) doivent sortir de leur isolement, réclamer la culture, le droit à la parole et à la création. Et ceux qui sont dans les bibliothèques doivent sortir des papiers et aller au devant des autres apporter ce que les livres leur ont appris. Ceux-là doivent se souvenir d’un Pierre Bourdieu sortant dans la rue pour les grèves de 1995. Il y a un temps pour tout. Et dans l’échange, les uns recevront les fondations du savoir, les autres l’énergie d’inventer.
Une crise est un arrêt dans la vie d’une personne : elle nécessite de stopper les affaires courantes, de rediriger ses forces, son temps et son énergie vers d’autres activités. D’une phase d’accumulation et de préparation, on entre dans une phase de dépense et de consumation. C’est le temps de l’épreuve, la même que l’alpiniste qui se prépare pendant des années et un jour décide qu’il doit utiliser tout ce qu’il sait pour gravir le sommet. Refuser cette phase dans nos vies, refuser la logique de crise, c’est n’avoir acquis pour rien.
De fait, le bouillonnement d’idées de Mai 68 doit nous inspirer... Alors l’individu redevient individu-citoyen ; alors la culture de « l’individualisme-égoïste » est contrecarré par celle de « l’individualisme-républicain » qui est la base fondamentale de notre construction politique. La crise qui nous arrive est l’opportunité de révolutionner le mouvement social, d’éduquer les masses et les élites intellectuelles, de construire du politique et de l’individu.

Guillaume Desguerriers

3 - Pendant la « crise », les capitalistes font leurs courses, et les peuples paient la note !

La violence de la nébuleuse financière s’exerce sans complexe : hypnose, pathos, communication falsificatrice, effet de peur. Tout cela n’est ni sérieux ni rationnel, mais la stratégie des turbo-capitalistes s’enfonce dans ses préférences et ses erreurs : il faut sauver les banques maffieuses, et les peuples sont mis à contribution, preuve que la valeur travail est la seule valeur sûre… La valeur du capital vaut papier et les gouvernements n’osent pas dire qu’ils battent monnaie : le pouvoir d’achat des peuples ne vaut pas redistribution du capital, mais les banques d’affaires doivent être sauvées, ceci sans remise en cause de leur fonctionnement, de la concurrence « libre et non faussée » ; cette concurrence n’est en fait que la liberté de se serrer les coudes pour pérenniser un système, … et sans débourser. Les gros actionnaires sont graciés dans l’affaire et les bénéficiaires de parachutes dorés tancés. Qui répondra à la soit-disante « liberté d’entreprendre » par la « liberté d’exploiter et de spéculer » jamais dite ? Bien sûr qu’il faut entreprendre, mais pas en confisquant les richesses produites par le travail.
Les pouvoirs exigent de moraliser, alors qu’il s’agit de changer un système devenu obèse qui fait se dresser les intouchables contre les travailleurs, chaque jour au charbon pour des salaires qui régressent.
Quand d’aucuns annoncent de fait l’autodestruction du système turbo-capitaliste, le début de la fin, les nantis de la finance en appellent aux porte-monnaies des familles et des citoyens, en appellent à un répit octroyé par les travailleurs qui devraient être solidaires du naufrage orchestré par ceux qui sont au manche.
Le peuple français est bien seul avec une gauche molle et divisée, un DSK qui se précipite chez N. Sarkosy pour pouvoir endosser le costume de présidentiable en alternance (et non en alternative), des réactionnaires imbus de leur assurance patriarcale qui taxent S. Royal d’aliénée.
Le peuple paie l’addition, les financiers à l’affût des cadavres des entreprises rachètent à bas prix et gonflent leurs réserves. A qui iront ces réserves ? pour rembourser les citoyens croulant sous les taxes et les « participations », pour une redistribution plus équitable des produits financiers, pour nos écoles républicaines, pour la Recherche ?
Non, les spéculateurs vont continuer à encaisser, jusqu’à ce qu’ils aillent dans le mur : violence alors virtuelle car ils auront prévu un air-bag douillet.
Qui remboursera les 10 points du PIB qui chaque année va du travail au capital ?
Le travail n’est pas un coût, c’est une richesse.
Qui remboursera au monde du travail le coût des entreprises d’abord privatisées et aujourd’hui partiellement nationalisées ?
Ce n’est ni avec le football gangrené par l’argent, ni avec les religions réunies pour nous faire taire que les peuples pouront se libérer.
La vraie gauche a aujourd’hui beaucoup de grain à moudre.

Jocelyne Clarke

4 - La «pseudo-gauche» nous vendra le capitalisme étatique sécuritaire

Économiquement parlant l’alternative va se présenter, car la crise actuelle n’est pas « passagère », ni même le fruit d’un hasard ou de quelques imbéciles de financiers qu’il faudrait rendre coupables de tout. La crise actuelle (comme celle des années 1930) est inscrite dans le fonctionnement même du capitalisme et il faudra construire un autre système par delà cette période si dure.
La droite a son projet qui commence à se faire jour. Elle va immanquablement se tourner vers un capitalisme d’état car elle y a l’opportunité de renouer avec un pouvoir étatique fort sur le plan économique, de renouer avec un pseudo-gaullisme et d’asseoir un pouvoir durable dans les élites sociales. Hélas, cette droite qui pourrait séduire des pseudo-républicains est aussi fortement sécuritaire et réactionnaire. La maladie du libéralisme anglo-saxon l’a atteinte et la droite ne jure que par une éthique sécuritaire, répressive, liberticide et normative. Exclusion, fichage, surveillance étroite et contrôle des citoyens, justice expéditive et pouvoir policier, tout cela est le lot de telles orientations idéologiques et tout cela est contraire à « l’esprit de gauche ».

La pseudo-gauche va se mettre à jour

Pour faire accepter un tel projet politique, la droite a besoin de « l’union sacré pour sauver la nation » et elle va donc se tourner vers la pseudo-gauche de notre pays, qui n’a plus aucune référence aux aspirations de l’esprit de gauche, mais qui est très intéressée par le pouvoir qu’un système étatique lui permettrait de conserver. Aussi lorsque la droite va proposer un passage à un capitalisme d’Etat, sécuritaire et liberticide, elle se tournera vers la pseudo-gauche en l’amadouant : « Nous devons faire l’union sacré ! ». Pour sûr la pseudo-gauche va jouer les divas car elle doit faire illusion devant les électeurs et montrer son « pouvoir ». Aussi elle va faire mine de refuser. Alors la droite de revenir en déclarant « Nous devons faire l’union sacré... et pour cela nous sommes prêts à faire des concessions sociales très difficiles dans le contexte actuel!  ». Et l’affaire sera pliée...
Car tous les membres de la pseudo-gauche sont déjà acquis au capitalisme d’état, mais pour faire bonne figure ils devront faire croire qu’ils auront arraché à la sueur de leur front des mesures sociales exceptionnelles ! Et fièrement, ils énumèreront les poussières sociales qui viendront saupoudrer la chape de plomb du capitalisme étatique, liberticide et régisseur, qu’ils auront contribué à asseoir. Doublement menteur parce que ces mesures ne seront que poudre aux yeux, et parce qu’en mettant en place un capitalisme d’étatique, ils auront reconduit le régime d’alternance qui leur convient très bien et qui leur permet de briguer à peu de frais des nouveaux des mandats électifs (« la droite dirige l’état, et nous avons les postes dans les régions... »).

Être attentifs ensemble !

Les individus-citoyens que nous sommes tous doivent être attentifs, car de leur réaction va dépendre l’avenir de notre pays. Ou bien nous acceptons le discours mielleux de cette pseudo-gauche qui tentera de justifier une adhésion « incontournable » et « salutaire » à un capitalisme d’état concerté avec la droite ; ou bien nous refuserons ce choix par tous les moyens à notre disposition et nous nous donnerons alors la possibilité de sortir d’un capitalisme vorace et sécuritaire. Car peu importe que l’état ou des intérêts privés soient aux commandes économiques si la même logique économique est à l’œuvre, si la même logique éthique et culturelle de répression se poursuit encore.

Gardons cela en tête. Et le jour où les membre de cette pseudo-gauche viendront nous faire gober le capitalisme d’état agrémenté de quelques « mesurettes », alors nous pourrons dire qui il faudra chasser de la gauche. Car être de gauche c’est prendre conscience dès aujourd’hui que le coût humain de la crise va être terrible. Cette crise est un mûr, hélas incontournable, que nous allons subir de plein fouet ; or nous n’avons pas subir cette épreuve pour rien. Nous devons exiger que la crise débouche sur un autre régime qu’un capitalisme étatique et répressif, duplicata de ce que nous connaissons aujourd’hui. Être de gauche, c’est accepter la crise pour changer de régime.

Guillaume Desguerriers

5 - Sur Karl Polanyi, la crise des années 1930 et quelques leçons actuelles

- la grande peur des idéologues libéraux -

Le texte qui suit est un extrait du livre que j’ai fait paraître aux éditions de la Dispute en 2005, intitulé Avez-vous lu Polanyi[1]. Cet extrait commente et met en perspective un texte édité en 1933 dans un grand journal autrichien, peu de temps avant que Polanyi ne soit contraint à l’exil. Ce texte a été récemment retraduit puis publié dans un recueil aux éditions du Seuil : il s’agit des Essais de Karl Polanyi (2008)[2]. Cet article de 1933 marque un moment décisif de l’analyse de Polanyi et annonce une part de la problématique de la Grande Transformation (son ouvrage le plus connu, publié en 1944) : ce sont en effet les racines sociopolitiques des structures économiques que Polanyi nous invite à analyser de façon à promouvoir une compréhension originale du rôle joué par la dette dans les grandes crises du capitalisme.

Autrement dit, les crises financières, plus généralement les crises économiques, ont une dimension proprement politique qui est trop souvent occultée. Les raisons, à l’origine de la création des dettes, s’enracinent dans les institutions, c’est-à-dire les compromis sociaux qui règlent les sociétés. Ces institutions sont ainsi, par nature, variables. Polanyi pointe le fait que la montée de la dette après 1918 permet de maintenir des équilibres sociaux sans lesquels le capitalisme libéral n’aurait pu survivre au choc du premier conflit mondial.
La présente crise de l’automne 2008 procède sans doute d’une même raison structurale, même si les équilibres sociaux actuels que l’interventionnisme « post-néolibéral » veut préserver sont certes différents quant à leur forme. On peut reprendre ici avec profit l’analyse de Jacques Sapir[3] : « Les dérives actuelles de la finance sont le produit de la crise d’un mode d’accumulation, le néo-libéralisme américain, qui prétend développer une économie capitaliste en comprimant toujours plus les salaires (…) Ce mode d’accumulation se met en place sous l’effet du libre-échange. Même Paul Krugman reconnaît aujourd’hui le rôle du libre-échange dans le processus de déflation salariale. Dans ces conditions, seul l’endettement a permis aux classes moyennes de maintenir leur niveau de vie ».
L’occultation des facteurs sociaux, qui ont créé puis façonné le capitalisme sous ses variantes historiques, a sans doute une origine idéologique précise : la volonté de le naturaliser, singulièrement sous la forme financière qu’il a prise depuis la fin des années 1970. La conséquence de cette opération est simple : si le capitalisme, sous toutes ses parures, est l’expression même d’une nature des choses, bien au-delà de toute volonté humaine, alors la politique ne peut rien changer. On ne s’étonnera pas que Pascal Salin, dont les options néolibérales sont connues, ait défendu, il y a peu, dans un quotidien du soir, cette opinion qui est au centre de la révolution conservatrice telle que Hayek l’a théorisée : le capitalisme financier, fruit d’une évolution qui aurait sélectionné spontanément le meilleur des systèmes, ne pourrait être mis en cause, par principe, selon lui.
On ne s’étonnera guère plus que, sur une radio publique dédiée à la culture, Monique Cantos-Sperber, adepte d’un mélange singulier entre socialisme et libéralisme, ait récemment plaidé la cause de la naturalité du capitalisme pour les mêmes raisons, même si elle se faisait certes plus prudente quant à la supériorité de la forme financière du capitalisme… Il nous faudra sans doute revenir plus longuement, un jour, sur le recours à l’argument évolutionniste, dernière ligne de défense des néoconservatismes inquiets, qu’ils soient à la mode néolibérale ou social-libérale. Mais, c’est justement la simple nécessité de survie des sociétés qui va légitimer le retour de l’Etat après des années d’endoctrinement et de pratiques hypercapitalistes… la crainte des idéologues de la modernisation libérale est donc bien fondée ! Cette problématique qui nous occupe n’est pas nouvelle et c’est ce qui nous renvoie à l’œuvre de Polanyi.
Polanyi donne en effet une analyse originale de la naissance du capitalisme. Il affirme que la volonté de créer, au XIXe siècle, un système de marchés autorégulateurs exprime une mutation de l’ordre culturel occidental, qui prétend réduire la terre, le travail et la monnaie à autant de marchandises. Ce projet des sociétés occidentales était largement utopique car, aux premiers mouvements de construction de ces marchés, répondent des contre-mouvements de protection sociale qui sont nécessaires pour la perpétuation même de l’homme. Un double mouvement caractérise ainsi la société libérale du XIXe siècle. Les années 1930 sanctionnent un premier échec de cette tentative, jamais aboutie, visant à l’autonomie radicale de l’économie. Le New Deal, les fascismes et le soviétisme, notamment par la montée de l’économie de redistribution qu’ils impliquent, manifestent alors un retour du politique, face occultée de la société de marché. Évidemment, cette redéfinition des rapports entre économie et société se fait de façon parfois catastrophique, à cause des retards obstinés que justifie l’idéologie libérale.
La grande réaction des années 1980 a été rendue possible par la crise du soviétisme[4], le déchaînement du capital financier étant le symptôme de l’hybris retrouvée des classes dominantes. Ce qui fait retour de nos jours est bien sûr, presque par définition pourrait-on dire, le réel. La crise de légitimité du néocapitalisme peut donner les outils d’un néosocialisme pour le XXième siècle, à condition que les social-démocraties fassent un bilan sincère de l’erreur historique qui consista à accompagner la logique néolibérale et non la combattre. Rien n’est plus incertain.
Pour ce qui est de la France, nombre de socialistes supposés sont prêts à une alliance avec le Mouvement démocrate, dont un vice-président, Jean Peyrelevade, en appelle, encore et toujours, à un plan de déflation. Cet homme d’affaire fut un artisan du tournant de l’expérience de gauche que connut la France en 1982 : il contribua, avec tant d’autres, à l’endiguer, pour promouvoir la révolution conservatrice que nous avons connue dans les années 1980. La gauche peut-elle sérieusement s’allier avec ces promoteurs du « capitalisme total », prompts à en dénoncer les « excès » pour mieux en garder la logique ?

Notes

[1] Pour une recension de ce livre, voir Dorothée Picon : [charger le lien]

[2] Pour un compte-rendu de cet ouvrage, on pourra se référer à « Karl Polanyi, le marché et le socialisme » par Arnault Skornicki : [charger le lien]

[3] Voir Jacques Sapir, « Une décade prodigieuse. La crise financière entre temps court et temps long » Revue de la régulation, n°3, 2ème semestre 2008 : [charger le lien]

[4] Robert Reich, dans un livre récent a tenté de montrer que la mondialisation et la financiarisation de l’économie provenait, au contraire, du changement technique. Or, cette assertion est une thèse faible d’un livre par ailleurs stimulant. CF. Jérôme Maucourant & Véronique Taquin, « Supercapitalisme » ou démocratie ? - À propos de Robert Reich, Supercapitalisme. Le choc entre le système économique émergent et la démocratie (New York, Random House, 2007 ; traduction française, Paris, Vuibert, 2008) : [charger le lien]

Jérôme Maucourant Économiste ; il a assuré l'édition scientifique, avec Michele Cangiani, du livre intitulé "Essais de Polanyi" aux éditions du Seuil (mars 2008) et a publié « Le nazisme comme fascisme radical » (dans H. Amar et alii, Penser le nazisme – éléments de discussion, l’Harmattan, 2007).

6 - Avez-vous lu Polanyi ? (p. 146-152)

(Texte revu par la rédaction de Respublica avec l’accord de l’auteur.)

PREMIÈRE PARTIE
LES DÉTERMINATIONS POLITIQUES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE D’APRÈS LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

1. Les hypothèses de travail

Polanyi écrit : “Les efforts désespérés de la société pour mobiliser les moyens nécessaires à la conduite de la guerre, bien au-delà des capacités de l’économie, avaient occasionné des dommages d’une ampleur telle que la structure sociale n’aurait pu supporter le rétablissement violent de l’équilibre économique” (souligné par Polanyi)[1]. Il s’agit de montrer que le système de crédit international permet de reporter dans le temps les défauts du mode de régulation de la société de marché. À ce point de vue économique, Polanyi ajoute une analyse politique : il estime que la perpétuation de la guerre et le maintien de l’ordre social durant la paix ont imposé un nouveau rapport de force entre classes. Or, ce rapport de force était créateur de dettes dont l’accumulation n’était pas compatible avec un bon fonctionnement de la convertibilité en or des monnaies.
Nous montrerons donc, en premier lieu, comment la Première Guerre mondiale nourrit un ensemble de créances sur le système productif provoquant une surconsommation globale : le raisonnement développé par Polanyi en 1933 suppose que cette surconsommation n’a de sens que par rapport à un équilibre économique réel que le crédit vient perturber. En second lieu, nous montrerons comment les interventions correctrices ont échoué conduisant à l’effondrement de l’économie en 1933. Il ne s’agit pas de déplorer l’absence de “ sens économique ” chez les acteurs, car la naissance de ces multiples créances sur le système économique est une nécessité pour la perpétuation et de la guerre et de l’économie de marché. Polanyi souligne d’abord que les pays, vainqueurs ou vaincus, doivent faire face à trois sortes de créances[2], c’est-à-dire de dettes sociales :

  1. Créance du rentier, “ dont la confiance dans la monnaie et le crédit ” est indispensable au rétablissement de l’économie de marché ; d’où une nécessaire réévaluation de la monnaie et un retour à la convertibilité-or ;
  2. Créance de l’ouvrier, conséquence de la démocratisation consécutive à la guerre. Pour tenir les promesses de guerre ou éviter la révolution, il fallait revaloriser les salaires ;
  3. Créance du paysan, socle de l’ordre social ; la “ surconsommation ” agricole est financée par des méthodes protectionnistes.

Ces trois sources permanentes de surconsommation empêchent une formation suffisante de capital qui aurait pu, à plus long terme, répondre à ce surcroît de la demande globale. La tension continuelle sur celle-ci qui alimente la croissance des années 1920 est rendue possible par l’extraordinaire élasticité du système de crédit international, beaucoup plus réceptif qu’autrefois à des motifs politiques, ce qui fragilise à moyen terme la principale puissance créancière, les États-Unis[3].

2. La crispation sur le passé comme fondement de la crise

Polanyi émet ensuite une hypothèse sur la nature de la crise : celle-ci proviendrait de la volonté de faire perdurer le vieil ordre du monde, d'avant la Première Guerre mondiale, tout en satisfaisant des créances nouvelles, comme si la Grande Guerre n’avait pas eu lieu. Dans ces conditions, la dureté de la liquidation générale va résulter des contraintes imposées par l’étalon-or lui-même. Certes, les déséquilibres européens peuvent être reportés dans le temps par le crédit international : l’élasticité du système financier empêche la résolution des problèmes structurels. La montée de l’endettement permet à de nombreux pays européens de ne pas rembourser les dettes antérieures et l’Amérique peut se faire quelque illusion sur la valeur de ses créances. Ainsi, des deux côtés de l’Atlantique, il existe des bénéfices mutuels à court terme.
Par ailleurs, par le contrôle de l’immigration européenne et les droits de douane, les États-Unis jouissent d’un niveau de vie “ incongrûment élevé ”, comme si le bénéfice extraordinaire des exportations américaines dues à la guerre ne pouvait pas, par principe, être rétrocédé ! Mais pour assainir l'économie, il vaudrait mieux, estime Polanyi, que l’Amérique abandonne ses créances de guerre, quitte à faire baisser ainsi le niveau de vie avec des prélèvements fiscaux. Une autre méthode d’assainissement serait le maintien de ses créances en contrepartie d’une politique d’immigration plus généreuse qui ferait également baisser le niveau de vie moyen. Or, Polanyi note que “ l’Amérique s’est non seulement cramponnée à ses exigences, mais, pour les sauver, a accordé à l’Europe de nouveaux et énormes crédits ”[4].
De même, la politique anglaise consistant à céder aux exigences des rentiers à propos du cours de la Livre britannique est inadéquate. On s’attache à pratiquer une réévaluation de la Livre qui implique une baisse des prix intérieurs. Cette politique anglaise de la “ monnaie forte ” ne peut réussir car la politique de baisse des salaires montre son échec en 1926. Dès lors, pour éviter une baisse de la Livre, il faut que le dollar soit moins attractif. Le soutien de la Livre exige une différence de taux d’intérêt entre Londres et New York[5] : c’est l’objectif de la Cheap Money Policy (“ la politique d’argent bon marché ”) américaine de mai 1927. En conséquence, le déséquilibre anglais est transmis aux États-Unis. Même si l’inflation de la dette n’est plus encouragée en février 1928 par la politique monétaire, le processus d’endettement et de folie boursière est allé si loin que la crise de liquidation est inéluctable. Dès que l’Amérique cesse ses crédits, il ne reste plus “ aux États débiteurs qu’à payer en marchandise ”, ce qui provoque la première crise du crédit en 1931 et la crise monétaire de 1933. La pénurie de crédit contraint les entreprises à pratiquer des prix de liquidation pour se procurer la monnaie nécessaire. D’où la déflation générale. À l’inverse, le cas français montre, en 1928, qu’il est possible d’organiser la dévalorisation de la rente financière par la dévaluation.

SECONDE PARTIE
DE L’IMPOSSIBLE AUTORÉGULATION DE L’ÉCONOMIE

1. La crise financière

Dans La Grande Transformation, Polanyi est beaucoup plus critique qu’en 1933 sur le mécanisme de l’étalon-or, institution dont le fonctionnement, même à moyen terme, lui semble désastreux. Il interprète la crise de 1933 comme le deuxième échec de la “ haute finance ”, le premier étant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. En effet, comme nous venons de le voir, on veut rétablir durablement après la Première Guerre mondiale le mécanisme de l’étalon-or. De façon récurrente, les gouvernements de cette époque veulent ainsi rétablir la convertibilité et entreprennent de réglementer le commerce extérieur, produisant les conditions de la régression des échanges. L’absence de vision politique à long terme ne peut donc enrayer une dynamique de la dette qui ne peut être résolue par les règles monétaires traditionnelles ; l’abandon de l’or par Roosevelt est qualifié de “ geste instinctif de libération ”[6].
Toutefois, il ne nous semble pas que le raisonnement de Polanyi puisse être assimilé à une simple dénonciation des dettes, de la consommation excessive et des taux d’intérêt trop bas. En effet, c’est la politique de la puissance rentière du système, les États-Unis, qui a de graves conséquences, même si ceci n’excuse d’ailleurs en rien les atermoiements des autres puissances. En définitive, c’est la volonté de maintenir un certain type de rente financière, de contrôler l’immigration et de garder une “ liberté ” complète des flux de capitaux grâce au régime de convertibilité qui précipite la crise de la société de marché.

2. Une analyse sociopolitique de la crise monétaire et financière

L’explication de Polanyi dévoile donc les fondements sociaux de première société de marché. Même si la croissance de la dette cause la Grande Dépression des années 1930, il ne faudrait toutefois pas penser que les forces économiques puissent résoudre cette question de la dette dans l’état des institutions du moment. En effet, les dettes économiques expriment des dettes politiques qui sont la condition même d’existence des structures économiques du moment : il s’agit des contreparties des créances de l’ouvrier, du paysan et du rentier. L’étalon-or d’avant-guerre a ainsi, comme tout système monétaire, une fonction politique. L’irruption brutale de formes nouvelles d’interventions politiques avec la fin de l’étalon-or, le New Deal ou les fascismes, signifie l’échec d’une régulation politique que ce système monétaire assurait pour l’ensemble de la société.
On ne peut donc parler de dettes purement économiques. En 1933, Polanyi estime que le système de l’économie de marché, avec ses équilibres sociaux d’avant-guerre, ne peut s’autoréguler et éteindre des dettes qui sont sa condition de possibilité pour perdurer. En 1944, il pose l’hypothèse que les dérèglements de la société de marché sont d’une gravité bien antérieure à la Grande Guerre et que 1900 marque les premières limites de la société de marché. De ce point de vue, l’élasticité du système de crédit d’après-guerre permet simplement le report dans le temps des difficultés. Polanyi démontre, par son analyse sociopolitique, que la société de marché a un caractère d’exception, caractère qui renvoie à la thèse du “ désencastrement de l’économie ”. Les sociétés modernes, hautement monétarisées, voient leurs conditions générales d’existence dépendre entièrement de phénomènes monétaro-marchands. Pourtant, ceux-ci sont l’affaire du politique.

3. Une conception politique de l'économie

Polanyi ne conçoit donc pas de monnaie moderne sans la régulation publique exercée par les banques centrales, même en régime d’étalon-or[7]. La monnaie n’est pas une marchandise, ce qui rend la politique monétaire absolument nécessaire, exigence contestée par les libéraux radicaux. Cela signifie aussi que la politique monétaire n’est en rien un acte purement technique, car les forces sociales qui structurent nécessairement l’institution de la monnaie exposent la société à bien des vicissitudes.
Selon Polanyi, la politique monétaire a un contenu de classe : “ Il faut bien se rendre compte que les classes dominantes elles-mêmes ont prêté appui à la gestion de la monnaie par l’intermédiaire de la Banque centrale. On ne considérait naturellement pas cela comme une ingérence dans l’institution de l’étalon-or ”[8]. C’est au nom d’une monnaie “ saine ”, celle qui permet librement les exportations d’or, qu’on chasse Blum du pouvoir[9]. Le contenu de classe de la politique monétaire s’inscrit dans des compromis sociaux qui sont variables. Ainsi, aux États-Unis, le postulat de la monnaie saine fut refusé en vertu du New Deal ; les États-Unis “ abandonnèrent l’étalon-or à temps ”, ce qui eut pour “ résultat d’enlever à Wall Street toute influence politique ”, préservant ainsi le pays “ d’une catastrophe sociale du type de celles que connut l’Europe continentale ”[10].
Autrement dit, la “ Grande Transformation ”, en son sens démocratique, est possible du fait de l’effacement des impératifs des marchés financiers – dont Polanyi souligne les errances – et de l’abandon de la contrainte monétaire comme l’étalon-or l’institue.

Notes

[1] K ; Polanyi, « Der mechanismus der Weltwirschaftkrise », Der Oesterreischischen Volkswirt, Vol. 25, supplément, p. 2-9, 1933, Vienne, traduit par Maïté Gentet-Nogaro sous le titre : « Le Mécanisme de la crise économique mondiale », Cahiers Monnaie et Financement, 22, Université Lumière Lyon 2, p. 141-162. NOUVELLE TRADUCTION par Françoise Laroche, pp. 337-352 dans : M. Cangiani & J. Maucourant eds., Essais de Karl Polanyi, Seuil, 2008.

[2] Ibid., p. 144-145.

[3] K. Polanyi, La Grande Transformation, Gallimard, 1983, p. 301, 1944 pour l’édition française.

[4] K. Polanyi, “Le mécanisme de la crise économique mondiale”, art. cité, p. 157.

[5]  Ibid., p. 152.

[6] K. Polanyi, La Grande Transformation, op. cit., p. 49.

[7] Ibid., p. 47 et p. 262.

[8] Ibid., p. 260.

[9] Ibid., p. 296.

[10]  Ibid., p. 297.

Jérôme Maucourant Économiste ; il a assuré l'édition scientifique, avec Michele Cangiani, du livre intitulé "Essais de Polanyi" aux éditions du Seuil (mars 2008) et a publié « Le nazisme comme fascisme radical » (dans H. Amar et alii, Penser le nazisme – éléments de discussion, l’Harmattan, 2007).

7 - Nouvelles donnes

A l’heure où nous bouclons ce numéro de Respublica, voilà le monde de nouveau suspendu à la « dictature du court terme ». Cette fois, il ne s’agit pas du taux de rentabilité qu’un fond de pension impose à une entreprise, mais d’éteindre l’incendie qui s’est propagé au système bancaire: si les autorités politiques et les banques centrales ne réussissent à enrayer la « crise de liquidités » dans les jours à venir, le risque d’un basculement vers un scénario de type 1929 existe. Avec des entreprises contraintes de mettre la clé sous la porte parce qu’elles n’ont plus de trésorerie, et toutes les conséquences au niveau social.

Quels que soient la tournure que prendront les évènements et le degré de récession qui nous attend, rien n’exonérera dans les semaines et les mois à venir d’une réflexion sur le fond du système. Car ce qui se déroule sous nos yeux ne peut être considéré comme un simple épisode de dérive spéculative, ou comme une phase basse, naturelle, du cycle économique... Cette fois, c’est bien un type de capitalisme, un « mode de régulation » qui est en train d’exploser, comme l’analyse entre autres l’économiste Jacques Sapir.
On a beaucoup parlé de la dérèglementation du système bancaire et financier pour caractériser le néo-libéralisme. Une autre donnée importante de ce modèle, au niveau mondial, est la compression des salaires, corollaire d’une fiscalité favorable aux profits et aux revenus de la rente financière. Le transfert en 25 ans de dix points de PIB des salaires vers le capital est là pour en attester.

Comment maintenir son niveau de vie si les salaires sont moindres ? Par l’endettement. C’est là que les fameux subprimes interviennent. Ces crédits hypothécaires sont destinés aux familles américaines déjà surendettées ou qui n’ont pas d’apport personnel. Transformés en titres, ils sont diffusés à l’ensemble du système bancaire mondial, sans que personne ne sache très bien où et dans quelles proportions exactes. Le jour où les ménages américains concernés ne peuvent plus rembourser leurs emprunts, ces titres perdent de leur valeur. Mais il est trop tard. L’infection est généralisée.

Pour refonder un nouveau système économique, il ne suffira donc pas simplement d’interdire les crédits hypothécaires et tous les crédits basés sur l’abus de confiance des gens. Il faudra travailler en profondeur, à savoir sur la répartition capital/travail, pour revenir à un équilibre favorable aux salaires et à l’investissement, plutôt qu’aux actionnaires. La seule force des syndicats n’y suffira pas. Il faudra une gauche avec une vision macro-économique forte, capable de convaincre ses partenaires européens de la pertinence d’un modèle qui limite les inégalités de revenus. Une gauche suffisamment armée intellectuellement pour résister aux arguments fallacieux du monde de la finance. Une gauche qui a pour source d’inspiration le New Deal de Roosevelt plutôt que le code éthique du Medef version Laurence Parisot. Une gauche qui a pour ambition de rapatrier ces dix points de PIB du capital vers le travail. Ce qui signifie, dans le modèle français en particulier, plus de cotisations pour la protection sociale, assurance-maladie, retraites par répartition…

Ce modèle romprait avec la croissance basée sur l’endettement excessif des ménages. Quant au financement des entreprises, c’est un enjeu bien trop important pour qu’il soit soumis aux états d’âmes des boursicoteurs moutonniers. L’Etat, qui semble devoir reprendre une large part dans la capitalisation des banques en perdition, aura un rôle primordial sur ce point. Comme sur beaucoup d’autres.

Lacaze

8 - La crise, la crise, la crise…

Loin de nous l’idée d’en nier l’ampleur et d’en sous-estimer les conséquences négatives pour les salariés de tous pays : l’une des caractéristiques, en effet, d’une crise financière, fût-elle artificiellement provoquée par l’aberration et l’avidité des traders et banquiers d’affaires et portant à l’origine sur de pures projections fantasmagoriques, c’est précisément que l’intrication des économies réelle et virtuelle et des décisions ou besoins de leurs agents, aboutit à faire payer par les uns les méfaits des autres ; et certains diront que les classes sociales sont une vieille lune!

Son usage médiatique

Les prises de position et analyses des experts et des dirigeants politiques ou opposants de tous bords se suivent tous les jours ; l’idée forte qui domine, est évidemment l’imputation de la catastrophe à des errements qu’une régulation véritable aurait pu éviter, et non pas le résultat inéluctable de la recherche à tout prix du profit maximum qui anime le capitalisme,  « financier », si l’on veut, depuis que la mondialisation et internet ont largement favorisé ce penchant inhérent au système.
Une autre idée a été complaisamment relayée, c’est celle du rôle renforcé des politiques publiques et donc du politique. Sans vergogne aucune, un Seillière, comme patron des patrons européens, déclare que la nécessité de règles mises en place par les Etats n’a jamais été niée par les « entrepreneurs », sauf pour les bonus, parachutes et volume des stock options tout de même (A peine les Pays-bas annoncent-ils qu’ils veulent légiférer sur ce dernier point, que le chantage à la délocalisation est déjà explicite!).
Peut-on admettre que les élus (du moins dans nos démocraties) ont eu à cœur jusqu’à présent la défense de l’intérêt général sans se préoccuper des conséquences publiques de stratégies privées ? Ou doit-on au contraire penser qu’un certain nombre d’entre eux étaient conscients des risques pris par une dérégulation prétendument capable de faciliter l’investissement, la création d’emplois, l’enrichissement collectif ?
Car c’est bien ainsi qu’ont été vendues aux électeurs les politiques reagano-thatchériennes passées et leurs modulations contemporaines : personne n’a osé dire que la seule raison de ces politiques était de faciliter l’enrichissement personnel des détenteurs d’actions ou des membres de la technocratie managériale.
Les discours officiels préféraient et préfèrent encore évoquer l’obésité de l’Etat (en France, le mammouth!), la réduction des dépenses publiques, la liberté redonnée à tous ceux, braves pionniers, qui voulaient prendre des risques sans être contraints par des formalités administratives pesantes, ou travailler plus pour gagner plus… moyennant quoi, la dérégulation, au nom de la concurrence et du marché présentés comme les seuls moteurs d’une prospérité générale, fut et demeure le catéchisme de la construction européenne, de son élargissement et de son approfondissement, le dogme de l’OMC, du FMI, de la Banque Mondiale etc, etc avec la bénédiction des dirigeants de la droite assumée, au nom de ses principes, et d’une pseudo-gauche, au nom du «  réalisme  »…
Une crise de cette nature, ce peut être l’expression du mûrissement de contradictions, résolues par un changement qualitatif dans les rapports sociaux qui l’ont provoquée : d’où la ritournelle assurant que rien ne serait plus comme avant, que les golden boys avaient vécu et que le capitalisme allait sortir transformé. Voire ! Les premières prises de parole des représentants de la majorité parlementaire, du gouvernement et du président ont fait état de la nécessité de poursuivre les réformes, or aucune desdites réformes ne va dans le sens d’une régulation du capitalisme, toutes, au contraire, facilitent la prise de décision des opérateurs ou des entrepreneurs, libérés de réglementation contraignante quant à l’impact social ou économique de leurs choix . Nul n’a annoncé la fin de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes et le plan Paulson en est une nouvelle, et combien éclatante, illustration. Nul n’a sérieusement songé à faire rendre gorge aux avides pillards dont les agissements ont abouti à des pertes pharamineuses dans le temps où ils se répartissaient pour leur usage personnel $ 95 milliards ! Sans parler de l’indemnité de licenciement pharaonique d’un patron resté en place 18 jours !
Mutatis mutandis, les privilégiés de 1789 l’étaient infiniment moins que ces prédateurs là !
Et en France, c’est bien par un effet de manches et dans le cadre d’une communication politique consciente de l’aigreur du public, qu’on a demandé instamment à quelques dirigeants de renoncer à un parachute doré, sans que les intéressés soient prêts à admettre le bien-fondé de leur sacrifice! Comme disait l’un, « je n’ai pas le sentiment d’avoir démérité ! ». Le problème du mérite, c’est qu’il renvoie toujours à la qualité propre de celui qui l’évalue.

L’entêtement ?

La RGPP continue de plus belle et chacun a relevé l’incongruité d’une démarche qui consiste à offrir la garantie de l’Etat quand on s’apprête à privatiser un service public de plus, comme la Poste. Il ne manque pas de ces pseudo-experts, en fait simples idéologues, pour prétendre démonter que certains pays ont résolu les problèmes de leur crise structurelle en réduisant la dépense publique donc le champ d’intervention de l’Etat : et en route pour l’exemplarité suédoise, depuis qu’elle est sortie de sa longue nuit social-démocrate et où la poste effectivement a un chiffre d’affaire dans lequel la part du courrier diminue! Mais à quoi sert la Poste ? L’oubli, dans ces cas- là, c’est toujours celui de l’histoire, à double titre : la Suède, c’est la Suède, et la rupture dans les règles de gouvernance est datée et a eu lieu dans un contexte international où tous les aboyeurs aboyaient pour le néolibéralisme partout !
Quant à la réduction de la dépense publique, on ne peut la considérer comme un frein à la prospérité générale qu’en niant qu’elle soit elle-même créatrice de valeur : la France attire des investisseurs étrangers, parce que ses réseaux publics, en tout cas financés par le public dès l’origine et pour l’essentiel, son environnement culturel, son niveau de protection sociale, la qualité de vie de ses territoires justifient encore le proverbe « Heureux comme Dieu en France » ; cette accumulation de richesse réelle n’est pas de nature différente que celle que procure l’activité économique en général et il serait inopportun de distraire du PIB l’apport des services publics à sa constitution ; inopportun et faux, trompeur et manipulateur.
Quand un service public dégage des bénéfices, il peut certes en redistribuer sous forme salariale, mais il peut aussi en réinvestir dans l’amélioration du service rendu aux usagers ; quand une entreprise privée dégage du bénéfice, cela intervenant en bout d’opérations comptables, c’est pour le distribuer à ses actionnaires, nominalement co-propriétaires, mais aussi à sa direction, quand bien même aucune originalité stratégique dans les choix d’icelle ne serait en mesure d’expliquer lesdits bénéfices ! Où est le gaspillage ?
La démonstration de la plus grande efficacité d’un service privé par rapport à un service public, ne peut être faite qu’en omettant la satisfaction des missions de service public : les cahiers des charges dont le suivi rigoureux n’existe qu’à l’état d’exception, les délégations de service public, qui doivent être rentables pour la société délégataire, mettent en évidence que toutes choses égales par ailleurs, la différence fondamentale est dans la redistribution de plus-value et non pas dans la simplification de la gestion ou la qualité du service.
A l’échelle macro économique, pour la France par exemple, les masses financières en jeu, privées ou publiques, sont équivalentes mais elles ne sont pas orientées de la même façon.
En persistant dans la voie des réformes néolibérales et dans la restriction du périmètre d’action de l’Etat dont les services publics sont un outil, la majorité démontre qu’elle n’a aucune proposition de long terme pour éviter le retour de crises comparables à celle que nous connaissons. L’invocation de l’obligation de céder à des injonctions « européennes » ne tient pas davantage, la notion de propriété n’étant pas dans les traités, et les dérives biaisées dans l’interprétation qu’en a faite la juridiction de Luxembourg, ont, toutes, été approuvées par nos ministres.
C’est aussi par un pur abus que la comptabilité publique prétend évaluer la valeur foncière et immobilière des installations occupées par des services de l’Etat, pour par exemple obliger tel ou tel ministère à faire figurer dans son budget le loyer, fictif ou pas, des bâtiments qu’il occupe!
L’évaluation du patrimoine de l’Etat ne vise qu’à banaliser son statut alors même qu’on se refuse à mettre en évidence la création de valeur que procurent les services publics : peur sans doute de la concurrence « non faussée » ! Les biens de l’Etat sont des alleux et l’Etat ne se doit rien.
Autre chose est l’appréciation de la valeur marchande de biens désaffectés et remis sur le marché. On n’a, à ce propos, que rarement entendu un acheteur se plaindre du prix ; la presse annonce régulièrement la mise en vente de biens patrimoniaux de l’Etat (hôtels de ministères ou immeubles de bureaux), ils trouvent tous « facilement » preneurs.

L’analyse comme solution ?

De quoi parle-t-on dans la crise ? Objectivement, de la même chose, c’est-à-dire de la valeur, valeur différemment évaluée selon l’usage qu’on en fait, de la place qu’on lui assigne dans le procès de production, travail compris. Le capitalisme régulé, régulier, et le rôle du politique ?
La crise des subprimes est connue depuis le début de l’année 2007. Le rachat d’une banque US par une autre est intervenu très tôt dans le déroulement des événements ; en a-t-on parlé dans la campagne des élections présidentielles en France.   Non. Mme Lagarde, associée dans un cabinet d’avocats d’affaires prestigieux à New-York a bien été nommée ministre des finances ? Les signes patents de la crise liée aux subprimes étaient-ils connus à l'été 2007 ? Oui. En a-t-on tiré, en France, en Europe et ailleurs des conséquences pratiques sur les orientations politiques, sur la réglementation, sur la judiciarisation de comportements si manifestement préjudiciables à l’intérêt général ? Non. Ou peut être dans telle ou telle société financière quand un trader « incontrôlé » fait apparaître un trou de 4,82 milliards d’euros, quand on comprend que le « débouclage »  des positions qu’il avait prises portait sur 10 fois plus ! Début 2008 donc ! Changement de politique économique et financière alors que la France s’apprête à assurer la présidence tournante de l’UE et que des élections municipales se préparent ? Non.
On peut se dire que nos élus prêteront toujours plus d’attention à des élections qu’à l’avenir de la planète, ou à l’irrigation des circuits économiques et financiers ; qu’ils n’apprennent jamais rien des crises ou qu’ils sont mal informés. C’est évidemment vrai pour un certain nombre d’entre eux, ce qui d’ailleurs n’empêche ni leur élection, ni leur réélection ; mais au sommet de l’Etat, c’est plus difficile à croire, non pas parce que le chef de l’exécutif serait omniscient, mais parce que la haute administration française, celle dont les membres sont nommés en conseil des ministres, est non seulement compétente mais aussi parce que ses liens avec les entreprises privées et les banques sont réels, pantouflage et intérêts bien compris obligent.
La description que fait Laurent Fabius (Le Monde-3 octobre) est saisissante : « Il était fou de transformer, bonus astronomiques à la clé, des déchets toxiques financiers en créances titrisées, permettant de spéculer dans l’opacité. Il était fou d’évaluer les actifs des entreprises à leur cours instantané (…) Il était fou de laisser les agences de notation sans visibilité ni contrôle suffisants, les fonds spéculatifs broyer leurs proies et les paradis fiscaux abriter toute cette folie d’enfer… » ; certes…
Revenons au point de départ : la justification de l’entreprise privée, celle du moins qui est généralement avancée par les libéraux plus ou moins orthodoxes, c’est la prise de risque.
Or les compagnies d’assurance font de l’argent, pour leurs actionnaires et leurs dirigeants, avec de l’argent qui ne leur appartient pas ; les banques n’ont pas plus de fonds propres à mettre en balance avec les dépôts de leurs clients ; quant aux traders, chacun sait que ce n’est assurément pas avec leurs capitaux particuliers qu’ils jouent des jeux si dangereux. La rémunération de ces agents économiques est donc la rémunération, exagérée ou pas, d’une activité sans risque pour eux, d’un travail lui-même virtuel.
Mais le crédit ? Ces mécanismes, nous dit-on en effet, sont nécessaires pour assurer la fluidité de la circulation monétaire, le crédit aux entreprises qui produisent et qui investissent, la rémunération et la garantie des dépôts. La question subsidiaire pourrait être : vu par certains le capitalisme est-il un jeu à somme nulle ?  La valeur est-elle créée par la « production » d’un bien matériel, ou l’immatériel et le virtuel doivent-ils aussi être pris en compte de la même façon et selon les mêmes règles ?
La régulation par le marché n’a jamais été qu’une invention idéologique mais pour réduire « la distorsion gigantesque entre la sphère de la finance et celle de la production » (L. F., cit.), réalité déjà évoquée une fois par DSK, alors ministre des finances de Lionel Jospin, devant une Assemblée aussi ahurie qu’inquiète, il faudra se décider à imposer des règles applicables par tous et qui n’imposent pas au nom de la liberté des échanges d’objets non identifiés, que deux mondes dissemblables, le réel et le virtuel, fonctionnassent selon les mêmes lois.
Ce qui doit changer, c’est précisément la facilité avec laquelle sont exonérés de tout faute ceux qui, par appétit du lucre, spéculent sur n’importe quoi, considèrent que l’étalon de l’humanité est sa valeur comptable et, dans ces conditions, sont prêts à blanchir l’argent de tous les trafics qui sont eux-mêmes des négations de l’humanité.
Quel est le système bancaire au monde qui n’a pas d’argent sale dans ses comptes, pour des milliards de dollars ou d’euros ? Qui peut croire qu’une régulation est une réponse suffisante ? Rien ne sert mieux le blanchiment de l’argent sale que la sophistication des outils financiers et le caractère prévisionnel et aléatoire de leur usage.

On devrait se souvenir d'American Psycho, roman de Brett Easton Ellis, publié au début des années 90 ; métaphore flamboyante de l’Amérique et caricature acide des yuppies, on y trouve la vraie morale du capitalisme contemporain. Sans un effort vertueux du politique et la résurrection des citoyens, il y a peu de chances qu’on sorte rapidement de l’horreur barbare qu’il projette.

Jean-Paul Beauquier

9 - Crise économique et financière ces derniers jours le libéralisme économique est mort

Un jour, nos enfants apprendront sûrement que le LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE est mort en ce début de mois d’octobre 2008.

Pourquoi ?

La base du libéralisme économique, c’est le refus de l’interventionnisme de l’ État ; chez les néolibéraux de l’école de Chicago et de la secte du Mont Pèlerin, c’est pire : l’ État doit mourir et, avec lui, tout ce qui socialise : les entreprises publiques, les services sociaux, les services publics.

Au plan mondial, cela s’appelle la mondialisation et l’A.G.C.S

Or, ce que nous constatons depuis ce dernier week-end en Europe, dans le monde après les votes du Congrès américain, c’est que le monde entier est redevenu INTERVENTIONNISTE, donc, le libéralisme économique est mort.

A partir de ce constat : quelles sont les perspectives a court terme et que faire a plus long terme ?

1) Les perspectives :

a. D’une crise cyclique vers une crise systémique :

Nous sommes en droit de penser que de cyclique, la crise va devenir systémique.

Pourquoi ? Parce que la confiance est rompue : personne ne va plus vouloir emprunter et, personne ne va plus vouloir prêter.

Les décisions récentes de « nationalisations » qui ne sont que privatisation de fonds publics, règlent mal les problèmes à court terme et rien à long terme ; c’est la raison pour laquelle, à l’heure où nous rédigeons ces lignes, les bourses du monde entier s’effondrent.
Les sociétés les plus exposées perdent de 10 à 15 % de leur valeur.
Il y a donc rupture de confiance malgré le mini G4 de Sarkozy. Rentré chez soi, chacun reprend ses billes.
La Hollande laisse tomber la Belgique et le Luxembourg avec « les restes » du cadavre Fortis.
Merckel fait cavalier seul en Allemagne : les exemples sont légion !
Les Européens, après avoir rejeté l’idée d’un plan de sauvetage des banques se mettent, individuellement, à sauver ce qui peut l’être.
Nous pouvons donc penser que, de cyclique, la crise va devenir systémique faute d’initiative privée, donc aussi au plan mondial.

b. un interventionnisme défensif :

Pour le moment, cet interventionnisme général est DÉFENSIF ; il s’agit de colmater les brèches à mesure qu’elles apparaissent.

En Amérique, en Angleterre, en Italie, en France, au Benelux, etc., les noms de Lehmann Brothers, Dexia, Natixis et tant d’autres font la « UNE » des journaux télévisés et écrits.

Il est vraisemblable que cet interventionnisme défensif va le rester durant quelques mois encore. Disons jusqu’en Janvier- Février 2009 car il faudra bien que je futur président américain aie le temps d’installer sa nouvelle administration et que les pays puissent faire face aux mauvaises nouvelles qui nous attendent.

Car les sociétés apparemment saines aujourd’hui ne vont pas le rester. Actuellement, elles cachent leur misère dans les recoins de leurs comptabilités mais, bientôt, en fin d’exercice, il faudra bien faire les comptes et la note sera salée !!

2) que faire a plus long terme ?

Passer a un interventionnisme offensif :

Il faudra bien réunir un jour une conférence internationale réunissant toutes les parties : le groupe FMI-Banque Mondiale, la Chine, la Russie, l’Europe, l’Inde, le Brésil et tant d’autres pour définir ce nouvel interventionnisme et les indispensables régulations nouvelles à mettre en place.

Car, ce nouvel interventionnisme peut revêtir plusieurs formes :

Il est donc de notre responsabilité historique de tout faire pour que ce soit cette troisième voie qui soit choisie.

Notre Projet de Fédération regroupant Alter-Ekolos – Communistes Unitaires – Alternatifs – Nos collectifs – Le MAI – etc. est l’une de ces chances historiques de pouvoir peser sur le cours de choses, en regroupant nos plus proches amis de « la gauche de la gauche » et en élargissant, ensuite, dans le bon sens.

C’est aussi pourquoi notre présence dans les multiples luttes qui se déroulent en ce moment est si importante, non pas pour les contrôler, comme certains mais dans le sens d’un contact dynamique avec nos concitoyens qui crée aussi sa propre dynamique.

Contact: Guy Dutron

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La Coordination Gauche Alternative Du Hainaut

4 - laïcité

1 - Un détournement de la lutte contre les discriminations

Dans un communiqué en date du 17 septembre 2008, le MRAP national annonce avoir saisi la Halde, jugeant que le refus d’un couvre-chef musulman dans une auto-école, constituait « une atteinte inacceptable à la dignité humaine ».

La fédération des Landes du MRAP, très investie dans la lutte contre les discriminations tient à se désolidariser de cette démarche qui détourne l’esprit de la lutte contre les discriminations.

La fédération des Landes qui offre au public une permanence quotidienne contre les discriminations, qui a été à l’origine de deux testings dans les lieux de loisirs qui ont conduit à la condamnation des responsables, qui participe à l’information du public afin de le sensibiliser à la lutte contre les discriminations, ne saurait cautionner cette démarche de la direction nationale du mouvement.

La discrimination suppose un traitement inégal et défavorable appliqué à des individus en fonction de critères définis précisément par le code pénal.

Dans le cas d’espèce, un règlement intérieur comportait une règle générale s’appliquant à tous les couvre-chefs. De plus ce règlement intérieur ne semble pas avoir été utilisé de façon circonstanciée à l’encontre des seuls musulmans..

Dès lors la revendication, au nom de la lutte contre les discriminations, d’un statut spécial pour les musulmanes les autorisant à porter leur couvre-chef dans l’auto-école reviendrait à introduire une inégalité entre les clients. Les porteurs de couvre-chefs autres que musulmans se verraient appliquer la règle commune alors que les musulmans seraient exemptés de cette règle. Il y aurait donc pour les porteurs de couvre-chefs autres que musulmans une discrimination pour non-appartenance à la religion concernée..

Dans le cas présent en demandant un statut spécial pour l’islam et ses signes religieux, le MRAP national rompt avec les fondamentaux de la lutte contre les discriminations qui exigent une égalité de traitement entre les individus.

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La Fédération Des Landes Du MRAP

5 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Biographie de l’Argentin Ernesto Guevara de la Serna de Djamal Benmerad

Djamal Benmerad vient de publier une biographie de l’Argentin Ernesto Guevara de la Serna, dit le Che, aux éditions Aléas de Lyon. L’ouvrage nous retrace l’itinéraire militant de ce révolutionnaire mythique. C’est au cours du périple qu’il accomplit, en 1953, en Amérique du Sud, à 23 ans, diplôme de docteur en médecine en poche, que l’intéressé prit la mesure de la misère terrible qui sévit sur son continent.

Il adhère au cours de ce périple brièvement aux jeunesses communistes du Guatemala et s’engage également comme médecin bénévole, auprès des syndicats révolutionnaires ; ceci en soutien au régime progressiste guatémaltèque de Jacobo Arbenz Guzman, régime qui a été rapidement renversé, en juin 1954, par une invasion militaire de l’impérialisme états-unien.

Il fait aussi la connaissance de Hilda Gadea Ontalia, militante péruvienne de l’Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA), qui contribue à sa formation politique et le met aussi en contact avec des guérilleros auteurs de la célèbre attaque, le 26 juillet 1953, de la caserne La Moncada, à Cuba. Parmi ceux-ci figure Nino Lopez, celui qui lui a donné le surnom de Che, interjection de « Tiens ! », qui est employée en Argentine, en Uruguay et dans le sud du Brésil.

C’est toutefois le 8 juillet 1954, à Mexico, qu’un événement capital scelle son destin : sa rencontre avec les frères Castro Ruiz, Fidel et Raul. Il suit, quelque mois plus tard, en même temps que plusieurs dizaines de castristes, un entraînement aux techniques de la guerre révolutionnaire, dans une ferme, que Fidel avait acheté dans la lointaine banlieue de Mexico.

Mais leur projet a failli capoter à deux reprises. Une première fois quand Fidel Castro et quelque-uns de ses camarades sont arrêtés en ville, en juin 1956, pour officiellement « expiration de titre de séjour », puis relâchés quatre jours plus tard. Une seconde fois, le même jour, lorsque Fidel Castro et Che Guevara sont arrêtés, et ne sont relâchés qu’au bout de 57 jours.

Ces deux incidents hâtent leur départ vers l’île de Cuba. Ils embarquent dans cette direction, le 25 novembre 1956, à 81 révolutionnaires sur le Granma, un vieux bateau, prévu pour 25 personnes ; et accostent une semaine plus tard le littoral cubain, après qu’une violente tempête leur fit perdre une part notable de leurs équipements. Surprise ! C’est l’armée de Batista et les bombardiers géants US, B-26, qui les attendaient, et non pas d’autres de leurs camarades comme il était prévu.

Seulement, 12 d’entre eux réussissent à s’échapper vers la Sierra Maestra, où ils créent l’Armée Rebelle, branche militaire du Mouvement du 26 Juillet (M26-7). Les maquisards mènent de front actions armées contre les forces gouvernementales et action politique en direction de la paysannerie pauvre ou sans terre, et en direction des populations des villes en coordination avec le M26-7, branche civile de l’Armée Rebelle, le Parti socialiste populaire (communiste), l’organisation Autentica, le Directoire révolutionnaire des étudiants et les syndicats ouvriers.

Le Che, premier à être nommé commandant dans l’Armée Rebelle, après Fidel Castro et avant Raul Castro, est devenu un personnage légendaire chez les paysans, qu’il soignait eux et leurs enfants ; grâce aussi à l’alphabétisation qu’il leur prodiguait et surtout à ses faits d’armes. Chargé par Fidel Castro d’intensifier le travail de propagande, il crée le journal, Cubano libre, et radio-bemba. Il assume ces tâches en même temps que son commandement d’une unité combattante et sa liaison amoureuse avec Aleida March, une guérillera castriste, avec laquelle il aura une fille : Hilda.

Les États-Unis d’Amérique font parvenir discrètement, par l’intermédiaire de la CIA, d’importants fonds à leur Mouvement, certainement pour éviter que ce dernier ne tombe sous l’influence des pays communistes par le biais de leur financement. Les dirigeants du Mouvement croient, quant à eux, que ces sommes proviennent de riches patriotes cubains.

A la fin du premier semestre 1958, l’annonce par un groupe d’exilés cubain, à Miami, aux États-Unis d’Amérique, d’un Pacte d’opposition à la dictature, et de son projet de mise sur pied d’une Junte de libération fait craindre aux Barbudos la confiscation du fruit de leur combat, par ce qu’ils considèrent ceux-ci comme un clan du pouvoir antipopulaire cubain. Ils décident alors de déclencher une offensive militaire sur La Havane, qu’ils coordonneront le moment venu avec une grève générale dans les villes. Six mois après, Che Guevara est parmi les premiers à entrer dans la capitale, conquise.

Proclamé citoyen cubain, celui-ci occupe successivement les postes d’ambassadeur itinérant de Cuba, de responsable de l’institut de la réforme agraire et de la Banque nationale de Cuba. C’est aussi lui qui négocie, en février 1960, le premier plan quinquennal de coopération économique et commerciale soviéto-cubaine, qui comprend la clause secrète relative à l’installation dans l’île de rampes de lancement de missiles soviétiques.

Il est toutefois très vite déçu par la réalité du socialisme dans les pays concernés et par le fait aussi que ces pays n’aient pas rempli de façon satisfaisante leurs obligations envers Cuba. Il n’hésite d’ailleurs pas de le faire savoir publiquement, en décembre 1963 au siège de l’ONU, et au cours du séminaire afro-asiatique qui s’est tenu, en février 1964, à Alger.

Persuadé cependant de sa vocation de guérillero internationaliste, il répond favorablement à la demande d’aide de l’opposition armée progressiste contre le pouvoir fantoche au Congo. Il s’y rend en mai 1965, accompagné de 150 volontaires cubains. Mais il y renonce avec amertume au bout de dix mois, car les maquisards africains étaient selon lui peu motivés au combat, à cause de leurs chefs, qui se tenaient éloignés de l’inconfort et des risques mortels des maquis.

Pas découragé pour autant, il implante en Bolivie, avec 10 volontaires cubains, de novembre 1966 à octobre 1967, un autre foyer de guérilla. C’est là qu’il élabore sa théorie des focos (foyers, incendies) révolutionnaires, censés s’étendrent de proche en proche à toute la Bolivie, puis aux pays alentours. Il laissera la vie dans ce pays, à 39 ans.

Hakim Arabdiou

Agenda

samedi 11 octobre 2008, 08:30

LA LAÏCITE AUX PRISES AVEC L'INTEGRISME

Espace Rivoli, Bvd Rivoli
La Roche-sur-Yon

Invitation au colloque que le CEDEC (Chrétiens pour une Eglise Dégagée de l'Ecole Confessionnelle) tient à La Roche-sur-Yon le samedi 11 octobre prochain sur un thème d'une grande actualité, et bien sûr en lien avec la laïcité républicaine:

LA LAÏCITE AUX PRISES AVEC L'INTEGRISME

L'atmosphère qui règne lors de ces colloques est toujours très amicale, et nous serions heureux de vous avoir parmi nous.
Nous tenons à remercier tous nos intervenants d'avoir accepté de conduire notre réflexion ce jour-là, et nous espérons que leur grande compétence sera pour vous un appel décisif.

N'oubliez pas que si vous ne pouvez pas vous déplacer le 11 octobre, vous pouvez dès maintenant commander les actes qui rendront compte des débats;

Vous pouvez imprimer cette invitation et nous l'envoyer le plus rapidement possible à CEDEC
100 re de la Fuye
37000 Tours

Pour tout renseignement, vous pouvez téléphoner au 02 47 46 15 76

samedi 11 octobre 2008, 09:00

COLLOQUE POUR LE 60e ANNIVERSAIRE DE LA CHARTE DE LA HAVANE

A L’ASSEMBLÉE NATIONALE

DE 9h-17h

La Charte de La Havane : un outil contre le libre-échange et pour la coopération internationale

Au moment de l’aggravation de la crise financière de 2008, le besoin de reprise en main des grands flux financiers, monétaires et commerciaux mondiaux apparaît comme une urgence. Beaucoup souhaitent un « nouveau Bretton Woods », en référence aux accords internationaux signés en 1944 et qui ont donné naissance, sur une base politique progressiste, à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international et qui devait aussi accoucher de l’Organisation internationale du commerce (OIC).

Précisément, c’est dans la foulée des accords de Bretton Woods et dans le cadre des Nations unies que la Charte de La Havane était signée en 1948 par 53 pays. Alors qu’elle devait fonder l’Organisation internationale du commerce, le Sénat américain refusait de ratifier le texte. C’est donc le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) qui entrait en vigueur, donnant naissance en 1995 à la tristement célèbre Organisation mondiale du commerce (OMC). Pourtant, la Charte de La Havane contient un ensemble de principes et de procédures susceptibles d’assurer un développement raisonnable du commerce international, tout en le sortant du libre-échange. En exhumant ce texte, le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP) souhaite faire œuvre d’éducation populaire : diffuser son contenu et lancer le débat sur son actualité. Car rien ne semble plus urgent, aujourd’hui, que de mettre fin au libre-échange – qu’il s’agisse des capitaux, des marchandises ou des services - pour le remplacer par une coopération internationale mutuellement avantageuse.

Sous la présidence de Jacques Dessallangre, député de l’Aisne

Intervenants :

Pour accéder au programme du colloque, cliquez ici.

Pour vous inscrire au colloque, cliquez ici. Attention, la salle ne contenant que 200 places et le colloque se tenant à l’Assemblée nationale, il est indispensable de s’inscrire préalablement.

samedi 11 octobre 2008, 14:00

Algérie : la semaine sanglante d’octobre 1988

Centre Louis-Lumière
46, rue Louis-Lumière, 75020 Paris
(métro Porte-de-Bagnolet)

TABLE-RONDE

Algérie : la semaine sanglante d’octobre 1988
Récits et enjeux

Le 5 octobre 1988, des milliers de jeunes occupent les rues d’Alger pour réclamer, avec fracas, plus de droits et de justice. En quelques jours, la révolte gagne la plupart des grandes villes du pays. L’état de siège est déclaré : les responsables politiques et militaires répondent par le mépris, et ne tardent pas à ordonner une répression sanglante, d’une ampleur et d’une intensité inégalées depuis l’indépendance. Officiellement de 161 morts, le bilan dépasse, en réalité, les cinq cents morts ; il y a des centaines de blessés et de manifestants arrêtés, et parfois torturés.

Le bouleversement est général, en particulier chez celles et ceux qui avaient résisté contre le colonialisme, lutté pour la libération du pays, comme le fait remarquer Mohammed Harbi : « Les militants de ma génération, qui ont connu la colonisation, ne peuvent pas ne pas être bouleversés par l’image de nos enfants assassinés, les enfants de notre peuple pauvre, les enfants sans espoir ni avenir, les enfants dont les martyrs de nos montagnes et de nos villes pensaient qu’ils seraient les bénéficiaires de la libération de notre pays. » D’aucuns considèrent même que la rupture ainsi intervenue entre le peuple et le pouvoir est consommée, et que rien ne viendra la combler.

Quelles que soient les interprétations qui en ont été faites, le soulèvement d’octobre 1988 a ouvert une brèche de liberté dans un pays dominé par la dictature et le régime du parti unique – une brèche dont les effets ne concernent pas que les Algériens.
Vingt ans après, les participants à cette table-ronde reviennent sur ce soulèvement, et tentent d’en mesurer la portée politique.

Table-ronde organisée à l’initiative de Pluri-elles Algérie et du Manifeste des libertés, avec le soutien de l’ACB (Association de culture berbère), l’AMF (Association des Marocains en France), l’APEL (Association pour l’égalité devant la loi), l’ASPA (Amitié Solidarité avec le peuple algérien), l’ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France), l’ATF (Association des Tunisiens en France), le CEDETIM (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale), la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives), Au nom de la mémoire, Coup de soleil, la Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement, l’Institut Mehdi Ben Barka-Mémoire vivante, la Ligue des droits de l’homme.

Pour participer à cette table-ronde, veuillez réserver : octobre88algerie@mailfr.com

vendredi 24 - samedi 25 octobre 08

Conférence-débat sur la comparaison de la gestion publique et privée de l’eau

Centre culturel de la Bonne Fontaine
à Forcalquier

Attac-04, association d’éducation populaire reconnue d’utilité publique, s’intéresse depuis longtemps aux questions liées à l’eau. Bien commun de l’humanité, l’eau potable, et son assainissement, sont en passe de devenir des enjeux planétaires majeurs. Notre département, avec ses spécificités géographique, climatique et géologique, est largement concerné par ces questions.

C’est dans ce cadre qu’avec le soutien du Conseil général des Alpes de Hte Provence, la mairie de Forcalquier et de l’association Convergence 04 pour la défense et la promotion des services publics, nous organisons les 24 et 25 octobre prochains deux journées sur l’eau.

Le vendredi 24 Octobre, se tiendra une conférence-débat sur la comparaison de la gestion publique et privée de l’eau. Cette conférence sera animée par Marc Laimé, sociologue, journaliste (Monde Diplomatique, Canard Enchaîné) et spécialiste de l’eau. Elle aura lieu à 18h 45 au Centre culturel de la Bonne Fontaine à Forcalquier.

Le samedi 25 Octobre nous organisons une journée de formation destinée aux élus et aux citoyens, qui se tiendra également à la Bonne Fontaine à Forcalquier. Elle sera déclinée en deux ateliers :

Entre les deux ateliers, un repas froid sera servi, nous passerons un chapeau pour en amortir les frais. Nous vous invitons donc à ces manifestations, ainsi que l’ensemble de votre conseil municipal, à qui nous vous demandons de bien vouloir transmettre ce courrier. Nous demandons à tous ceux qui souhaitent participer aux ateliers du samedi de bien vouloir remplir le bulletin d’inscription ci-dessous et nous le renvoyer à l’adresse ci-dessus.
Pour Attac-04, le Président, Jacques Lombard

Bulletin d’inscription

NOM : …………………………….Prénom : ……………………Tél :……………………

Commune : ……………………………. Courriel : ……………………………………….

Je participerai : □ à l’atelier du matin

□ au repas

□ à l’atelier de l’après-midi

vendredi 31 octobre - lundi 3 novembre 08

Vivre la diversité culturelle !?

à Ferrières
Province de Liège, Communauté française de Belgique

Vivre la diversité culturelle !?
48e université de Peuple et Culture

Les Universités de Peuple & Culture offrent un cadre privilégié à celles et ceux qui prennent part à la construction d’une vie démocratique. Elles invitent à des approfondissements méthodologiques, à partir d’expertises et de recherches menées en commun. Suscitant la curiosité pour des approches novatrices, elles éclairent les choix pour des actions futures.

Point d’orgue d’un cycle qui a déjà permis d’aborder la mixité sociale, les inégalités et la laïcité, l’Université de Peuple & Culture 2008 se consacre à la diversité culturelle.

Fait nouveau : elle est organisée en coopération avec Peuple & Culture Wallonie-Bruxelles et l’Université Populaire de la Province de Liège. Elle se tient à Ferrières, dans une région où l’éducation permanente et l’action culturelle représentent un enjeu crucial en termes d’autonomie et de responsabilisation éthique.

A un moment où l’Union Européenne, qui se préoccupe du dialogue interculturel, dans le prolongement de la convention de l’Unesco sur la diversité culturelle, tente néanmoins de mettre en place un plan draconien de refoulement des étrangers, de nombreuses interrogations se posent

Du 31 octobre au 3 novembre 2008, un programme de 4 jours alterne des interventions sur l’égalité des chances, les droits culturels et l’engagement citoyen avec de nombreux ateliers de réflexion et de production.

Des café-débats, des spectacles, des jeux, des ciné-débats, des animations philo pour les enfants, des visites… prolongent et accompagnent, dans une ambiance chaleureuse et conviviale, des travaux ouverts sur des perspectives de changement.

Pour plus de renseignements, pour demander le programme complet ou pour vous inscrire à la 48e université de Peuple & Culture, merci de nous contacter par mail ou par téléphone:

Université Populaire
nancy.hardy@pac-g.be
04 36 52 871 - 04 76 22 89 46

Avec le soutien :

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