Chronique d'Evariste
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Quand le sage montre la lune...

par Évariste
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QUAND LE SAGE MONTRE LA LUNE, LE SOUMIS VOLONTAIRE REGARDE LE DOIGT.
UNE SEULE SOLUTION, LA RÉVOLUTION RÉPUBLICAINE !

Qu’est-ce qui est important pour les nouveaux chiens de garde officiants dans les médias : que Barack Obama et François Hollande puissent se faire des blagues d’un drôle : « Alors, tu n’as plus de cravate » ! Ça, c’est de l’information à la mode néolibérale.

Pourtant la « fête » est finie.Mais le soumis volontaire qui passe son temps à se poser la question de savoir si c’est normal ou pas normal que François Hollande ait choisi pour Matignon Jean-Marc Ayrault plutôt que Martine Aubry — ce dont tous les citoyens éclairés se f… éperdument — continue à regarder le doigt.
Pourtant la « fête » est finie. Et, oui, la présidentielle Française s’est passée dans un moment de fête : la crise qui vient dans la zone euro n’a que très peu été présente dans la campagne. Merci à la Banque centrale européenne (BCE) d’avoir prêté le 31 décembre 2011 et le 1er mars 2012, un total de plus de 1000 milliards d’euros aux banques privées à but lucratif pour les actionnaires pour éviter de gâcher la fête de la présidentielle ! Mais, comme l’a dit le président de la BCE, on ne peut concevoir la continuation de ces prêts. Et puis Christine Lagarde pour le FMI et le directeur de la Bundesbank ont fait des déclarations de fermeté néolibérale.
Pourtant la « fête » est finie. Après l’Équateur, le Venezuela, la Bolivie, l’Argentine, l’Islande, c’est au tour du peuple grec de se préparer à entrer en scène. Car tant que les serviles volontaires, magnifiés par les nouveaux chiens de garde médiatiques, acceptent de pleurer sur le sort des spéculateurs et de leurs associés néolibéraux de droite ou de gauche et de se comporter en « bobos » donnant des conseils ici et là, à tel ou tel peuple, le « jeu » peut continuer : les plus riches continuent à s’enrichir et c’est les pauvres qui épongent les dettes de la bourgeoisie grassouillette pendant que les « bobos » commentent contre la raison du peuple. Ah ! Jusqu’au jour, où le peuple dit « stop ! »
Pourtant la « fête » est finie. La BCE a annoncé la suspension des prêts aux banques privées à but lucratif pour les actionnaires, les négociations de la Grèce avec le Fonds monétaire international (FMI) sont rompues.
Pourtant la « fête » est finie. Les taux à dix ans explosent pour le Portugal, l’Italie et l’Espagne et ce qui n’est pas le moindre, l’écart entre les taux à dix ans et les taux courts diminue fortement ce qui annonce l’approfondissement de la triple crise économique, financière et de la dette publique. Même le « spread » (écart des taux) entre l’Allemagne et la France augmente. Voici l’état des taux :

On pourrait rajouter que le succès de la vente allemande de 4,55 milliards d’obligations d’État à 0 % montre que la bourgeoisie a de moins en moins confiance dans l’avenir.

Pourtant la « fête » est finie. Rendez-vous est donné le 17 juin pour savoir si le peuple grec mettra en tête de leur vote le Collectif de la gauche radicale (Syrisa) lui permettant d’empocher le bonus de 50 députés supplémentaires et de rompre avec la politique d’austérité des néolibéraux de gauche et de droite. La lutte des classes prendrait alors un cours nouveau au grand dam des nouveaux chiens de garde médiatiques toujours en place et des « bobos » en mal de nombrilisme. La « société du spectacle » si bien décrite par Guy Debord pourrait être fracturée.
Pourtant la « fête » est finie. Les adeptes de la prééminence, y compris dans la gauche de gauche, qui pensent régler tous les problèmes politiques, sociaux, laïques, écologiques avec une seule idée, vont pouvoir retrouver leurs niches. « La nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines. » Jean Jaurès, Discours à la jeunesse, Lycée d’Albi (1903). Le peuple, et plus particulièrement la classe des ouvriers et des employés, comprend de plus en plus que c’est la globalisation des combats qui est à l’ordre du jour. De retour dans leurs niches, les « prééminents » ou les « surplombants » n’encombreront que ceux qui croient à la simplification du monde. Ce qui montera alors est la demande sociale non de l’appel à la simplification, mais de la clarification du complexe autour d’un modèle politique alternatif. Dans ce cadre, nous participerons à ce débat avec la proposition du modèle politique de la République sociale. Voilà précisé notre travail d’éducation populaire tournée vers l’action vécue comme un travail culturel pour une transformation globale, sociale et politique.
Même pour François Hollande, la « fête » est finie. Devant l’approfondissement de la triple crise économique, financière et de la dette publique qui s’annonce, le problème n’est plus de savoir si le programme du PS ou du président de la République est bon ou moins bon (ce programme n’engage que ceux qui y croit donc pas nous qui préférons agir selon la raison plutôt que selon la croyance), mais bien de savoir si François Hollande saura ne pas devenir Hollandréou1 comme souhaité par les néolibéraux de droite et de gauche.
Même pour vous, la « fête » est finie. Les commentateurs et les « je vous l’avais bien dit  » ((surtout s’ils ont dit le contraire et agit selon le contraire de leurs propos d’aujourd’hui)), pourraient perdre de leur superbe. Vous devez devenir des acteurs.

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  1. raccourcissement du couple Hollande-Papandréou []
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Ami(e)s qui lisez Respublica,

Voici treize ans déjà que ReSPUBLICA alimente les réflexions et les débats de la gauche républicaine, laïque et sociale de façon objectivement indépendante des forces partisanes et a fortiori financières. Voilà pourquoi sans doute son audience n’a cessé de s’élargir auprès des militants.
Si, récemment, nous avons salué la création du Parti de Gauche et nous sommes montrés favorables à la stratégie du Front de Gauche contre le sarko-césarisme, notre objectif principal reste d’éclairer les crises de fin de cycle du capitalisme et de jeter quelques lueurs sur les changements de modèles économiques, politiques, écologiques, sociétaux… qui s’annoncent.

Ce qui nous guide sur ce chemin, ce sont les amorces de République sociale dont le passé nous a donné quelques exemples (sous l’égide de Jaurès, en 1936 et avec le CNR….) et légué plus particulièrement les principes de solidarité et de de laïcité. Mais la référence au passé sera stérile si nous échouons à diagnostiquer les récentes erreurs de parcours de la gauche, à prendre en compte les nouvelles exigences de la mondialisation et du développement écologique et social, bref si nous nous enfermons dans une analyse politicienne et franco-française sans donner place à une vison globale et internationale des luttes ni à l’imagination des lendemains. Comme nous nous plaisons à le dire “le chemin importe davantage que le bout du chemin” ! A cet égard, nous ne cesserons de lier l’objectif d’éducation populaire à l’exigence de formulation des débats de la gauche républicaine, laïque et sociale : c’est la raison d’être du Réseau Education Populaire avec lequel nous coordonnons un certain nombre d’initiatives et partagerons prochainement un agenda commun.

Pour cela, nous avons besoin de vous et d’abord de vos avis : si le site ne comporte pas de forum, nous tentons de répondre à vos commentaires. Nous sollicitons également des textes à publier de votre part.
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Par avance merci, et au plaisir de vous lire !

Lutter contre le néo-libéralisme
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Quel doit être notre objectif : croissance ou développement écologique et social ?

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Est-ce que la croissance pour la croissance suffit au bonheur des hommes et des femmes de la planète ? Voilà la question que l’on se pose face au leitmotiv du nouveau président François Hollande. Cette question mérite d’être posée car c’est un mot-valise qui peut susciter des espoirs mais qui va surtout produire de la déception, et cela très vite.
Tout d’abord, posons-nous la question : de la croissance pour qui ? Est-ce pour la bourgeoisie néolibérale ou pour les couches populaires (53 % de la population ayant travaillé ou travaillant) et les couches moyennes intermédiaires (24 %) ? Pendant les « 30 piteuses », c’est-à-dire les 30 dernières années (avec de nombreuses années de gouvernement de « gauche pas très à gauche »), la croissance s’est accompagnée de celle des inégalités avec la déformation du partage de la valeur ajoutée de 9,3 points de PIB par an (soit 186 milliards en euros 2010) et l’augmentation de la pauvreté (comme le montre la dernière étude d’ATD Quart monde). Ce point montrant l’acuité de la lutte des classes est central.
Ensuite, la croissance, qu’elle soit hollandaise ou pas, ne peut pas en elle-même résoudre la triple crise économique, financière et de la dette publique. D’abord parce qu’il y a crise de la profitabilité du capitalisme lui-même, que la crise financière a d’autres causes. Quant à la crise de la dette, il faut d’abord analyser le phénomène avant de faire croire aux miracles. On peut toujours mettre des cierges dans les églises pour résorber la dette mais de plus en plus de citoyens et de salariés deviennent au moins dubitatifs devant l’utilisation de slogans pour résoudre un problème social, économique, culturel et politique.
En première approche, on peut diviser la dette en trois parties inégales.

  1. Il y a de la bonne dette, celle qui finance ce qui est nécessaire à la satisfaction des besoins sociaux et écologiques des salariés, des citoyens et de leurs familles. Vive la bonne dette ! Il faut donc la rembourser !
  2. Il y a la dette produite par la crise financière et par le jeu de la patate chaude visant d’une part à transformer une dette privée inutile pour les citoyens en dette publique et d’autre part en la mutualisant de plus en plus, ce qui la fait “payer” par ceux qui n’en sont pas la cause. C’est de la mauvaise dette illégitime et il ne faut pas la rembourser !
  3. Puis, il y a la dette produite par les cadeaux fiscaux aux plus riches augmentant de façon inexorable les inégalités sociales. C’est de la mauvaise dette et il ne faut pas la rembourser !

Voilà pourquoi François Hollande devrait écouter le Collectif national pour un audit citoyen de la dette publique!
On a donc compris que pour résoudre la triple crise, il faut changer de paradigme et tourner la page du capitalisme lui-même en produisant un modèle politique alternatif1.
Nous ne passerons pas sous silence le fait que le développement passe aussi par une harmonisation sociale et fiscale européenne par le haut, l’accroissement de la démocratie nationale et internationale et par une internationalisation solidaire.
Nous ne passerons pas sous silence le fait que ce développement écologique et social implique une réindustrialisation forte de la France et de l’Union européenne.
Nous ne passerons pas sous silence que ce développement écologique et social passe par une modification des indicateurs de développement pour ne pas subir ad vitam la dictature du PIB qui augmente chaque fois qu’on pollue et chaque fois qu’une production inutile s’effectue !
Nous ne passerons pas sous silence que ce développement ne peut plus se concevoir sans une transition énergétique radicale avec un pourcentage de moins en moins d’énergies fossiles, de moins en moins d’énergie nucléaire de génération 2 et 3, de plus en plus d’énergies renouvelables et d’abord et surtout une diminution drastique des pertes de chaleur, notamment dans l’habitat.
Nous ne passerons pas sous silence que ce développement écologique et social ne peut plus se concevoir sans avoir une réflexion sur l’utilité des choses produites pour les citoyens, les salariés et leurs familles et donc sur la fin de la prééminence du profit dans les choix citoyens.
Nous ne sommes pas abusés par les oxymores de l’écologisme des « bobos » des couches moyennes supérieures (soit-disant radicalisées), tels que « décroissance heureuse » ou « sobriété abondante », qui visent à se détourner de la lutte des classes, seul moteur de l’histoire ; il nous revient donc de participer à la production d’un nouveau modèle alternatif - la République sociale - pour tourner la page du modèle néolibéral actuellement « épuisé ». Avec ses quatre ruptures (démocratique, laïque, sociale et écologique) et ses 10 principes (liberté, égalité, fraternité, démocratie, laïcité, solidarité, sûreté, universalité, souveraineté populaire, développement écologique et social). On est loin des incantations ecclésiales de François Hollande et de ses amis sur la croissance !

  1. C’est pourquoi le ]
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La Croissance par l’Industrie

par Yves Durrieu

 

La rédaction de Respublica a décidé de passer cet article, car il défend une idée qui nous est chère à savoir que le développement économique d’un pays développé ne peut se construire sur longue période qu’avec un développement industriel primordial. Nous regrettons néanmoins la non-prise en compte dans l’article de la différenciation entre croissance et développement qui empêche de penser la liaison entre le développement industriel et le nécessaire développement écologique et social. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.
NLDR

La Croissance par l’Industrie

L’UE et la France en particulier ont reconnu depuis peu que c’est l’industrie qui commande la croissance : c‘est elle qui permet de faire une place dans le monde aux pays exportant leur production, celle-ci déterminant si la balance commerciale est positive ou négative. C’est elle qui entraîne la productivité d’un pays à la hausse. C’est elle qui incite à développer l’enseignement et la formation professionnelle, sans lesquelles un pays est réduit au déclin. Néanmoins des obstacles sont dressés contre ce développement industriel ; pourtant, sans industrie, pas de croissance. Des rencontres ont analysé ce défi et proposé des solutions.

Lire la suite au format PDF : La Croissance par l’Industrie

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Jaurès assassiné (une seconde fois)

par Grégory Salle

Source de l'article

 

Jaurès et Condorcet, deux hommes de rupture avec  l’idéologie dominante dont les noms sont utilisés pour conserver l’idéologie dominante avec la Fondation Jean-Jaurès pour le PS et le Cercle Condorcet pour la Ligue de l’enseignement. C’est bien pourquoi notre rôle est de développer une éducation populaire pour l’action.

NDLR

À propos de 2012-2017 : quel avenir pour l’enseignement supérieur et la recherche ?, publié par la Fondation Jean Jaurès.

« [F]aire vivre le débat public et (…) concourir ainsi à la rénovation de la pensée socialiste » : telle est la « mission » revendiquée par la Fondation Jean Jaurès ; une mission suffisamment impérative pour qu’elle figure comme « avertissement » en prélude à ses publications. L’emploi du terme « rénovation » au lieu de celui de « renouvellement » (un peu comme « réformateur » est devenu le décalque avili de « réformiste ») fait déjà tiquer. Rénovation, ça fleure davantage le replâtrage bureaucratique que la haute inspiration doctrinale. Mais n’extrapolons pas à partir d’un si faible indice. Et voyons ce que l’on nous propose comme idées socialistes remises à neuf.

En avril dernier, quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, la Fondation Jean Jaurès publiait dans sa collection « Les Essais » un opuscule intitulé 2012-2017 : quel avenir pour l’enseignement supérieur et la recherche ? [3], signé par Michel Destot. Maire de Grenoble et député de l’Isère, ce dernier est aussi membre de l’équipe de campagne du candidat du PS à l’investiture présidentielle. Et l’opuscule, parsemé de clins d’œil appuyés à François Hollande, se présente expressément comme une feuille de route pour un éventuel futur gouvernement de « gauche ». Or, son contenu est, à bien des égards, proprement effarant. Pas seulement parce qu’on pourrait escompter quelque chose de plus substantiel à se mettre sous la dent, même pour une note à visée pratique. Mais parce qu’en plus il répète avec un art consommé du psittacisme la novlangue managériale inepte dont nous sommes déjà abreuvés par ceux qui ont, au moins, le mérite d’être des adversaires politiques déclarés. Ce qui est, on en conviendra sans peine, un tout petit peu problématique quand on prétend avancer sous la barrière jaurésienne.

Dès le premier regard, les choses commencent mal : tous les signes extérieurs sont fâcheux. La parodie n’est pas toujours loin ; le plus souvent on est en plein dedans.

La quatrième de couverture, d’abord. Ce qui est censé résumer l’esprit de l’ouvrage, sinon sa lettre, débute ainsi : « L’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation sont les clés de la croissance de demain. Mais la France souffre aujourd’hui du peu de synergies existantes entre l’université, la recherche et l’industrie et peine, dès lors, à activer les leviers d’une nouvelle compétitivité ». Pas besoin d’être lexicologue pour deviner qu’il y a, comment dire… comme un problème. Ce n’est pas seulement qu’on entend là exactement la même rengaine que la droite nous chante (nous braille, plutôt) sur tous les tons depuis au moins dix ans. C’est qu’on ferait difficilement mieux en si peu de mots pour faire plus éloigné de toute référence – même vague – au socialisme – même anémié – et imiter plutôt une banale plaquette d’entreprise.

Le profil de l’auteur, ensuite. Outre la mention de sa formation (ingénieur des arts et métiers et docteur en physique) et de ses fonctions politiques (député-maire de Grenoble et président de l’Association des maires des grandes villes de France), Michel Destot est présenté comme ayant « créé et dirigé une start-up de haute technologie » et comme auteur d’un essai, précédemment publié (déjà) par la Fondation Jean Jaurès, intitulé ETI et PME : pour une innovation compétitive (sic), dont 2012-2017 : quel avenir… se veut la « suite logique ». Comme carte de visite, pour qui entend contribuer au renouvellement de la pensée socialiste, tout de suite, ça fait rêver. Nul doute que Jaurès, s’il avait eu la joie de connaître notre époque, aurait abandonné les mots d’ordre poussiéreux du socialisme à l’ancienne pour promouvoir avec gourmandise ces belles valeurs que sont l’innovation et la compétitivité, sans parler de l’alliance magique des deux, innovation compétitive ou compétitivité innovante (avantage du baratin : son élasticité).

La bibliographie, enfin. Ah, la bibliographie… Dans son genre, elle fait très fort. Elle ne cite pas Jaurès, évidemment. Même pas en épigraphe, histoire d’avoir une entrée en matière un peu chic. Pensez-vous ! Ce n’est pas comme si ce vieux barbon avait jamais réfléchi à ces questions1 … La bibliographie ne cite d’ailleurs aucun penseur socialiste. Ni aucun penseur ayant réfléchi à la fois à l’éducation et au socialisme, comme Émile Durkheim, malgré une référence solennelle dans le préambule au ministère de l’Instruction publique sous la Troisième République. Ni aucun penseur tout court, en fait. Pour quoi faire ? Mon pauvre ami ! Les idées, c’est bien beau, mais la réalité concrète, hein ? Mieux encore : le livret ne cite aucun des ouvrages – trop nombreux pour être mentionnés ici2 – consacrés ces dernières années à la situation de l’université en France comme à l’étranger ou au développement de l’Espace européen de la recherche. Aucune référence, pas même envers les plus modérés (autour du collectif Refonder l’université par exemple) ; alors ceux qui le sont moins, et qui ont même l’impudence d’inscrire leur analyse dans celle des transformations générales du capitalisme, vous n’y pensez pas… Foin des livres, ces vieilleries inutiles : la bibliographie est essentiellement constituée de rapports,  qui plus est pas tous du meilleur tonneau, et dont le point commun le plus remarquable est de n’avoir aucune espèce de rapport, même lointain, avec le socialisme, même le plus affadi.

L’exploit est d’autant plus remarquable que Michel Destot n’est nullement un auteur isolé, ayant d’autres chats à fouetter que de fréquenter les librairies : il s’est entouré d’un groupe de travail associant pas moins d’une quinzaine de personnes, où les entrepreneurs côtoient les universitaires, sans que la distinction entre les deux soit toujours facile à établir d’ailleurs. Ceci explique sans doute cela. Il faut reconnaître, en tout cas, une admirable constance dans la volonté de s’éloigner le plus possible de tout ce qui pourrait ressembler à des réflexes progressistes. Un journal est cité comme source ? Ce sera Les Échos, pas L’Humanité (cette feuille de chou communiste fondée par… par qui, déjà?). Une revue ? Ce sera Commentaire, pas Contretemps. So-cia-lis-te on vous dit !

La liste de ces contributeurs plus ou moins lointains trahit au passage un beau décalage. « Il va sans dire – explique la conclusion – qu’il est absolument nécessaire de placer les forces syndicales de la recherche et de l’enseignement supérieur au centre du dispositif de concertation ». « Il va sans dire », « absolument nécessaire » : ça, c’est de la résolution résolue ! Seul petit accroc : on ne trouve aucun représentant syndical dans la liste de ces contributeurs et aucun syndicat n’est nommément cité dans le corps du texte ou dans la bibliographie (les organisations comme Sauvons la Recherche et Sauvons l’Université étant tout aussi superbement ignorées). L’honneur est sauf.

Le contenu est à l’avenant, c’est-à-dire qu’il se lit les poings serrés. Pour repérer la rénovation là-dedans, il faut s’accrocher : plus convenu, tu meurs. C’est un déferlement du brouet gestionnaire le plus niais et/ou le plus détestable qui sert de prêt-à-penser à l’époque, celle de la « société de la connaissance qui doit innover en permanence pour être compétitive » (p. 55) : faire fructifier le « capital humain », rester en piste pour la « compétition mondiale pour le savoir », équilibrer la « gouvernance », favoriser les « synergies », renforcer les « pôles de compétitivité » pour donner naissance à des « campus de rang mondial »… et s’empresser, pour ce faire, de rapprocher les universités des entreprises en subsumant l’enseignement supérieur et la recherche dans la sacro-sainte « innovation », sous la houlette d’un « ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation » – dans la stricte application des logiques qui ont présidé au niveau européen à la construction de l’« Espace européen de la recherche » et désormais à l’« Europe de l’innovation ». Promotion du « chercheur-entrepreneur » à tous les étages ! Il faut créer, nous expliquent Michel Destot et son équipe, un « continuum enseignement supérieur-recherche-industrie ». Elle est bien bonne : ça s’appelle en langage technocratique le « triangle de la connaissance » et c’est exactement l’un des principes directeurs de la politique néolibérale début de siècle. Tout ceci est déroulé avec comme fil rouge une promotion des réussites grenobloises, palmarès à l’appui, évidemment. Bref, la « nouvelle vision de l’enseignement supérieur et de la recherche qui affronte sans détour les nécessaires changements » (p. 99) ressemble comme deux gouttes d’eau aux brochures de promotion ministérielle de ces dernières années. C’est presque aussi original que c’est socialiste – et la prouesse n’était pas aisée à réaliser.

Soyons fair-play, il y a quand même quelques éléments d’originalité. Par exemple, l’ouvrage réussit l’exploit de ne mentionner ni la stratégie de Lisbonne, ni le processus de Bologne – chapeau, il fallait le faire ! Il mentionne cependant le programme « Horizon 2020 » qui a pris la relève de Lisbonne depuis 2010, ainsi que leur déclinaison nationale, la SNRI (Stratégie nationale de recherche et d’innovation). Sauf que l’auteur n’a pas tout compris, ou feint de ne pas comprendre. Il suggère que ce programme européen est factice ou incohérent (l’auteur propose d’ « engager notre pays dans la définition d’une “véritable” stratégie européenne de recherche » – c’est l’une des dix propositions qui structurent l’essai) et assure que la stratégie nationale qui le décline est un « cuisant échec » (p. 62). Pas sûr que les choses soient aussi simples. Car on peut soutenir que les principes qui organisent l’édification du « marché européen de la connaissance » sont au contraire, dans leur genre (un genre qui – euphémisme – n’est guère socialiste) parfaitement cohérents. Quant à cet « échec » prétendu, il a tout l’air d’une réussite : la preuve, sa vision du monde a triomphé à tel point que ceux qui sont censés la combattre y souscrivent éhontément. Même façon de voir, mêmes mots pour l’exprimer. Ce ne sont pas les principes des « réformes » accomplies ces dernières années qui sont pris pour cible (ils ne sont même pas envisagés avec un regard tant soit peu distancié), mais tout au plus leur modestie, leur ineffectivité, leur incohérence supposées.

Car le but ultime, vous comprenez bien, est le suivant (p. 9) : face aux « clivages », « dépassionner le débat », « forger des consensus », « rechercher des solutions au cœur de l’intérêt général »… Vous le sentez, le souffle du socialisme ajusté à son époque ? Lorsque le maire de Grenoble est amené à promouvoir ses vues en interview, il n’y va du reste pas par quatre chemins : ce qu’il faut, c’est restaurer (ou rétablir) la confiance3. Ah, la confiance, voilà le nœud du problème ! En plus, ça tombe bien, c’est vraiment une valeur phare du socialisme. C’était le problème de Raoul Villain : le gars n’avait sûrement pas assez confiance.

Parmi les dix mesures proposées, la première est : « Développer la professionnalisation de l’enseignement en revalorisant les filières courtes ». Ça, c’est ce qui s’appelle tracer la voie de l’émancipation ! C’est que le socialisme, c’est bien joli, mais la soumission aux contraintes du marché du travail et la bonne marche de la reproduction du capital, c’est quand même vachement mieux. Pour celles et ceux qui n’ont pas encore compris : « La recherche menée par les scientifiques doit nourrir la créativité et l’inventivité des entrepreneurs, des ETI et des PME. La recherche développe la connaissance et la modernité, architecture de notre avenir. L’innovation relève du domaine des entreprises, de celles et de ceux qui créent la valeur ajoutée et la croissance dans un monde concurrentiel et compétitif » (p. 69-70). C’est clair (si tant est que ce charabia soit clair) maintenant ? Tous unis pour soutenir les « PME innovantes », c’est ça le jaurésisme du xxie siècle ! Au détour d’une note, Facebook est présenté comme exemple achevé d’une « innovation » permise par « l’interdisciplinarité et la fertilisation croisée des disciplines ». Si les réseaux sociaux c’est pas du socialisme… On pourrait s’amuser à multiplier les exemples. Sauf que l’amusement cède vite sa place à un rire jaune, du moins si l’on entend par « socialisme » autre chose qu’un vocable patiemment vidé de son sens pour n’en faire qu’un simple conditionnement (disons packaging, pour se faire comprendre des socialistes « modernes »).

Alors évidemment, si on a décidé d’être charitable, on peut repérer des inflexions, des passages qui ont vaguement (mais alors très vaguement) l’air de gauche : une critique des inégalités par ci, une annonce de revalorisation de la condition étudiante par là, ailleurs un mot aimable pour la démocratisation ou une pique émoussée contre les « sceaux pompeux mais incertains de “l’excellence”, de “l’initiative”, etc. » (p. 18-19) ou contre l’AERES, et même une allusion – timorée et éphémère, rassurez-vous – à l’existence des classes sociales. Certes, on peut trouver telle ou telle proposition digne d’intérêt. C’est bien le moins ! Mais on ne peut pas se contenter de se consoler en se répétant le truisme selon lequel c’est toujours mieux que quelque chose de pire.

On est d’ailleurs parfaitement en droit de défendre les positions qui sont contenues dans cet opuscule. Mais pourquoi cet acharnement saugrenu à vouloir absolument les faire passer pour du socialisme et les placer sous le patronage de Jaurès ? La Fondation du même nom prend soin, dans son avertissement préalable, de préciser qu’elle ne reprend pas forcément à son compte toutes les analyses et propositions contenues dans les livrets qu’elle édite. C’est bien peu face à la honte que devraient éprouver celles et ceux qui l’animent de détourner ainsi à leur profit, et la figure de Jean Jaurès, et la pensée socialiste.

 *

La composition du gouvernement qui vient à l’instant d’être annoncée fournit un épilogue tout à fait croustillant. D’un côté, devient ministre de l’Éducation : Vincent Peillon, connu pour être un spécialiste de… Jaurès. De l’autre, devient ministre à l’Enseignement supérieur et la Recherche : Geneviève Fioraso, ancienne cadre marketing chez France Télécom, P-D.G de la Sem Minatec Entreprises, et ancienne directrice de cabinet de… Michel Destot. La brochure 2012-2017… incarnée. On sait au moins à quoi s’en tenir. On n’est d’ailleurs pas étonné ; en revanche, une campagne de débaptisation de ce parti qui usurpe son nom s’impose…

  1. Voir l’anthologie ]
  2. On peut commencer par lire, sur le site de Contretemps, les articles de ]
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Souffrir au travail dans ce monde cruel

par Fabienne Hurmic

 

L’utilisation de techniques de plus en plus contraignantes et sophistiquées, l’accroissement des cadences de travail, les impératifs de productivité et la rentabilité, la concurrence internationale et la demande des actionnaires de profits de plus en plus importants font qu’un grand nombre de salariés déclarent éprouver une souffrance au travail. Ce phénomène est en constante augmentation depuis ces dix dernières années aussi bien dans les entreprises privées que dans la fonction publique qui de façon insidieuse s’inspire des méthodes de management anglo-saxonnes en remplaçant peu à peu l’aspect humain par la rentabilité et la gestion.
Le manque de travail pour tous en est à mon sens la principale cause de cette acceptation silencieuse ; car la peur de perdre son travail pour ceux qui ont la chance d’en avoir un, cette peur a remplacé peu à peu toute forme de protestation, impliquant des situations difficilement soutenables en forçant à accepter et à supporter chaque jour en silence des situations conflictuelles ; et ce depuis que nous sommes sous le joug de la primauté actionnariale.
Le travail qui devrait permettre aux individus de s’épanouir devient peu à peu source d’aliénation, et emprisonne l’individu dans un cercle peu honorable, ou le règne du chacun pour soi est de rigueur, ou la délation est monnaie courante, car beaucoup sont prêts à tout accepter pour garder un travail devenu si rare. Ce climat nauséabond engendre des situations de stress insupportables.
Un levier emporte les individus dans ce monde opaque et lourd de conséquences sur la santé mentale et physique des salariés : la peur, la peur du licenciement entrainant le chômage voir la précarité.
Les méthodes de management qui ont tendance à considérer l’être humain, comme un pion sans âme ; ôtent toute dignité aux individus qui deviennent alors des valeurs ajoutées.
Souvent des défauts de formation des managers ou des inadaptations aux méthodes d’encadrement sont source de ce mal-être, entrainent des arrêts de travail, des maladies nerveuses, des dépressions, etc. L’augmentation des pathologies de surcharge (burn-out, karôshi [mort par excès de travail], troubles musculo-squelettiques, dopage) montre que le travail est de plus en plus oppressant, alors que paradoxalement il devient de plus en plus rare en Europe. D’où la question jusqu’où va-t-on presser le travailleur pour augmenter encore les profits ?
Il existe pourtant des contrepouvoirs au sein même des entreprises qui peuvent par des actions reconnues faire bloquer, retarder, alerter ou permettre une prise de conscience des employeurs face à ces problèmes récurrents, mais malheureusement la flamme syndicale s’est peu à peu éteinte en France, car nous avons vécu dans la soie sans même nous en apercevoir et nos jeunes sont majoritairement peu enclins à connaitre leurs droits, ni même parfois leurs devoirs, pas tous bien sûr…
Cette tension permanente. Ces manipulations intellectuelles, médiatiques et morales, entrainent bien des déboires aussi bien aux salariés qu’aux entreprises elles-mêmes qui sont alors prises à leur propre piège, les arrêts de travail se multiplient, les médecins du travail n’ont jamais été autant sollicités. Le stress serait à l’origine de 50 % à 60 % de l’ensemble des journées de travail perdues en France.

Au niveau des statistiques

En 2000, le stress et la souffrance au travail ont constitué la 2e cause de maladie en Europe, 28 % des salariés se sentaient alors concernés selon une étude européenne.
Une autre étude de La Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail basée sur des sondages d’opinion soulignait qu’en 2005 6 % des femmes et 4.5 % des hommes ont subi des faits de harcèlement moral sur leur lieu de travail.
Selon une autre étude réalisée par le CSA en juin 2009, 41 % des salariés français se considéraient comme stressés. 17 % des salariés déclaraient être l’objet de comportements systématiquement hostiles, 6 % de comportements méprisants, 9 % de non-reconnaissance de leur travail et 2 % d’atteinte à leur dignité.
Bien sûr tous ces éléments sont subjectifs, certains voyant une atteinte à leur dignité par exemple là ou pour un même comportement d’autres n’auront pas vécu la situation comme une atteinte de la même façon.
En 1998, un petit livre de Marie France Hirigoyen qui dénonça le harcèlement moral permit une prise de conscience, et au niveau du droit du travail les choses évoluent ; les « risques psychosociaux » sont maintenant reconnus dans le droit du travail ; les lois changent, exemple le 26 avril 2007 un accord-cadre contre le harcèlement moral et la violence au travail a été conclu ; le 26 mars 2010, un accord national interprofessionnel sur le harcèlement et la violence au travail a été signé.
Le débat sur le sujet dans l’espace public a pris de l’ampleur à l’automne 2009, à la suite des suicides à France Télécom qui serait au nombre de 21 d’après mes recherches un rapport révèle que Technologia, le cabinet spécialisé dans la détection des risques psycho-sociaux, ainsi que la médecine du travail avaient alerté France Télécom dès 2008 que l’unité à laquelle appartenait Nicolas G. un des malheureux disparus, faisait courir des risques « graves » à la santé de ses membres ; mais l’opérateur n’a pour autant pas mis en place les mesures préconisées. Pis, selon les extraits du rapport parus dans Le Parisien, l’opérateur a alors augmenté la cadence.
Bien sûr, ce mal-être ne concerne pas l’ensemble des salariés, les pistonnés, certains politiques, certains syndiqués bien placés, ou autres privilégiés ne se reconnaitrons certainement pas dans cette lecture, car les réseaux divers et variés ont une importance considérable dans l’obtention d’un emploi et je n’ai pas l’intention de globaliser puisque le mot est à la mode mon raisonnement à l’ensemble du monde du travail, mais je pense pouvoir affirmer qu’une majorité silencieuse affronte le monde actuel de façon brutale et sans aucune préparation.
Remettre l’humain au centre de l’union tant professionnelle syndicale, associative est un devoir que tout citoyen se doit d’accomplir et c’est en changeant peu à peu nos comportements individuels que nous pourrons accéder à une humanité meilleure en nous indignant, mais aussi en agissant à notre petit niveau. Pour nos enfants, pour les générations futures, nous nous devons, par l’éducation, le partage, la tolérance, la résistance et l’indignation individuelle et collective, d’ouvrir nos esprits afin de casser les nouveaux dogmes qui nous sont imposés au nom de la rentabilité à outrance afin de se détourner de cette guerre économique.
C’est un changement complet de société qui est en train de se produire actuellement, quelques pistes s’offrent à ma réflexion.
Ces trois dernières années, près de 900 sites industriels ont fermé en France, entrainant la suppression de 100 000 emplois selon l’observatoire Trendeo.
Notre vieux continent continu à faire preuve de naïveté face aux compétiteurs internationaux, nos marchés publics sont ouverts à 84 % alors qu’aux USA par exemple ils le sont seulement à 12 %, mais il ne faut pas oublier que la mondialisation a aussi permis à près de 2 milliards d’hommes et de femmes d’entrer dans la production de bien et de services.
Le temps n’est-il pas venu de faire un protectionnisme positif, européen social et écologique, revenir à un libéralisme humaniste équitable et tempéré, qui n’exclurait pas l’ouverture au monde et aux cultures à l’opposé du nationalisme et du repli identitaire si dangereux ?
Le chemin sera long et difficile, car les mutations idéologiques se font lentement, mais nous avons des outils indispensables entre nos mains l’envie de changement et le devoir de laisser à nos enfants une planète harmonieuse ou les relations humaines, la fraternité auront repris peu à peu leur place.

Conclusion

Les conséquences du système économique actuel sur le monde du travail entrainent l’absentéisme, la démotivation la baisse de productivité, les mouvements sociaux, les procédures judiciaires, les conflits, les tensions, les violences internes et externes, le stress le harcèlement moral, le harcèlement managérial ; peu à peu, le salarié ordinaire se replie sur lui, la vie professionnelle devient peu à peu insupportable, le goût pour la vie sociale se détériore, la tension monte en famille. Le bien-être des salariés dans leur travail est une condition indispensable au bon fonctionnement de l’entreprise : l’amélioration de la prévention concernant les risques psychosociaux est donc un impératif, non seulement en raison de leurs impacts sur la santé des salariés, mais aussi en raison de leurs coûts économiques qu’ils engendrent pour l’entreprise.

Protection sociale
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Santé : que penser des engagements du nouveau Président ?

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

http://wwww.reseaueducationpopulaire.info

 

Voici le résumé des engagements pris durant la campagne par François Hollande, dans le domaine de la santé, de la dépendance et du handicap. Beaucoup de bonnes mesures sont prévues, nous verrons si elles seront concrétisées, dans la mesure où certains engagements ne sont pas chiffrés (pas de chiffrage sur les Missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation -MIGAC- supplémentaires, ni sur la réforme de la tarification à l’activité -T2A).
Nous pouvons regretter que cela n’aille pas assez loin avec certaines propositions comportant des risques : pas de suppression des dépassements d’honoraires, malheureuse confirmation du secteur 2, manque de clarté sur les partenariats publics-privés, pas d’engagement à augmenter le remboursement de l’assurance-maladie, autorisation d’une contractualisation mutuelles-assurance-maladie hors intervention de l’assurance-maladie, rien sur le développement des maisons de retraite publiques, rien sur l’arrêt de la tendance à la privatisation des lits hospitaliers, etc. (Pour comparer avec des propositions plus conformes aux intérêts des assurés sociaux concernant le système de santé et d’assurance-maladie, voir les pages 56 à 92 du livre Contre les prédateurs de la santé, écrit par Catherine Jousse, Christophe Prudhomme et Bernard Teper dans la collection « Osez la République sociale » (2ème édition, éd.)

Hôpital et ARS

  • Nous ne pouvons que nous réjouir de voir le projet présidentiel imposer un délai maximum d’une demi-heure pour accéder aux soins d’urgence, notamment en créant de nouveaux Smur dans les zones isolées et des transports héliportés dans les zones de montagne et territoires ultramarins.
  • Nous ne pouvons que nous réjouir à l’idée de favoriser les projets de santé territoriaux en lien avec les hôpitaux. Encore faut-il préciser concrètement ce que cela veut dire. Par exemple, faut-il comprendre qu’il y aura un accroissement de la démocratie sanitaire et sociale, régulièrement réduite depuis les ordonnances de 1967, la contre-réforme Juppé de 1995 et la loi Sarkozy-Bachelot de 2009 ?
  • Nous ne pouvons que nous réjouir d’une volonté de réformer la tarification à l’activité (T2A) et de la compléter par un financement des missions d’intérêt général ou des missions sociales.
  • Nous nous réjouissons de la volonté de supprimer la convergence tarifaire public/privé car il ne peut pas y avoir d’égalité entre un hôpital public et une clinique privée à but lucratif pour des actionnaires.
  • Nous ne pouvons que nous réjouir de la volonté de négocier un « nouveau pacte social » pour les personnels hospitaliers, prenant en compte la promotion sociale, les conditions de travail et les contraintes liées aux nouvelles organisations territoriales. Mais nous jugerons sur les actes pour voir si ce n’est pas un simple effet d’annonce
  • Nous ne pouvons que nous réjouir du projet de doter chaque établissement de santé d’un centre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) pour enfin pouvoir appliquer la loi.
  • Nous ne pouvons que nous réjouir à l’annonce d’une nouvelle loi sur la santé mentale, garantissant « l’accessibilité du système de soins en santé mentale, à renforcer le dépistage et les capacités en établissement ».
  • Nous sommes plus circonspects sur le projet de renforcer la démocratie dans les ARS, car de deux choses l’une : ou c’est un effet d’annonce, ou c’est revenir à la gestion de la Sécurité sociale par les élus des assurés sociaux, comme prévu par le Conseil national de la Résistance.

Assurance maladie et complémentaires

  • Fixer un Ondam autour de 3 % par an sur 2013-17 et atteindre l’équilibre des comptes de la sécurité sociale en 2017, en supprimant notamment des niches sociales et en élargissant l’assiette de prélèvement nous paraît totalement insuffisant concernant les recettes. Il convient plutôt de modifier la répartition des richesses qui fait qu’en 30 ans le manque à gagner pour les salaires et les prestations sociales est de 9,3 points de PIB, soit 186 milliards d’euros par an. Ne pas vouloir modifier radicalement la répartition des richesses (ce que les économistes appellent le partage de la valeur ajoutée), c’est refuser de faire des propositions réalistes et constructives.
  • Sur les complémentaires santé, la proposition présidentielle de lancer un débat sur la place et le rôle des complémentaires est louable mais nous préférerions un engagement concret. La proposition présidentielle de permettre aux mutuelles de contractualiser (par conventionnement) avec les professionnels de santé afin de favoriser l’accès aux soins est surprenante, car pourquoi ce genre d’initiative ne serait-il pas pris par l’assurance-maladie? Pourquoi vouloir « doubler » l’assurance-maladie alors qu’il suffit de rétablir un partage des richesses plus juste pour qu’elle rembourse mieux ? La proposition présidentielle de rétablir une taxation fortement différenciée entre les contrats complémentaires dits solidaires et responsables et les autres semble aller dans le bon sens mais pourquoi dès lors ne pas aller au bout de la logique en rompant avec la « concurrence libre et faussée » entre les mutuelles, les instituts de prévoyance et les assurances à but lucratif pour les actionnaires et atteindre à terme la suppression de la sinistre Union nationale des organismes complémentaires à l’assurance-maladie (UNOCAM) de la non-moins sinistre contre-réforme Juppé de 1995 ?

Soins de ville

  • Nous approuvons le projet de réduire les inégalités territoriales d’accès aux soins en développant l’offre de premier recours, notamment en créant des pôles de soins de proximité, adossés éventuellement à des hôpitaux que nous souhaitons publics !
  • Nous approuvons le projet présidentiel de créer des pôles santé de proximité et d’organiser un accès à un service d’urgence en moins d’une demi-heure en tout point du territoire (si cela est calculé durant les heures de pointe !).
  • Nous approuvons le projet présidentiel d’instaurer à titre expérimental le tiers payant chez les médecins de premier recours mais nous souhaitons sa généralisation rapide.
  • Nous approuvons le projet de compléter le paiement à l’acte par une part forfaitaire accrue bien que nous souhaitions en plus le développement d’autres formes de rémunération médicale.
  • Nous approuvons le projet de relever le numerus clausus des médecins mais nous regrettons par contre que cela ne soit pas fait par région aux fins de supprimer la désertification médicale.
  • Nous approuvons l’idée présidentielle de revaloriser la filière de médecine générale
  • Étant pour la suppression pure et simple du secteur 2 car il faut en finir avec les dépassements d’honoraires, tout le monde comprendra que nous jugions le projet présidentiel d’encadrement de l’installation des médecins de secteur 2 dans les zones sur dotées comme un palliatif insuffisant.
  • Nous trouvons également que la politique d’incitation administrative à l’installation dans les zones sous-dotées de jeunes médecins est timorée. Il convient en fait de développer le salariat médical durant les études contre l’obligation d’exercer pendant 5 ans dans les zones sous-dotées, de fixer un numerus clausus plus élevé dans les zones sous-dotés et de revenir sur la liberté d’installation, c’est-à-dire d’instituer un système du type de celui qui est en vigueur pour les pharmaciens.
  • Nous sommes en désaccord avec le projet d’encadrement des dépassements d’honoraires car nous sommes pour la suppression des dépassements d’honoraires : 6 milliards et demi de dépassements , cela suffit!
  • Nous approuvons le projet de suppression du droit d’entrée dans le dispositif de l’aide médicale d’État (AME).

Médicament

  • Nous approuvons l’idée présidentielle de baisser le niveau de consommation et les prix des médicaments et de relancer le recours aux médicaments génériques. Mais dans ce dernier cas, à condition que ce qu’on appelle le générique soit totalement identique au médicament remplacé. Car il ne suffit pas de respecter le princeps, il faut aussi ne pas modifier les compléments qui peuvent avoir des effets secondaires plus forts que dans le médicament initial.
  • Nous approuvons la volonté présidentielle de modifier la loi du 29 décembre 2011 sur la sécurité sanitaire du médicament, notamment sur la déclaration des conflits d’intérêts, l’obligation pour chaque nouveau médicament d’être soumis à des essais comparatifs avec les médicaments existants avant sa mise sur le marché et la possibilité pour les victimes d’un médicament d’engager une action de groupe. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et nous préférerions la suppression des conflits d’intérêts…
  • Nous regrettons que l’augmentation des capacités de recherche publique des médicaments financés sur fonds publics ne soit pas envisagée, pour éviter le calcul de rentabilité dans la recherche.

Santé publique

  • Nous approuvons l’idée de lancer un Plan national de santé publique pour l’enfant et l’adolescent, de reconduire le Plan cancer (mais nous souhaiterions permettre le libre choix du traitement par les médecins hospitaliers) et le Plan Alzheimer (en revoyant certaines mesures du plan 2008-12) mais le manque de précision de la promesse rend celle-ci peut contraignante !
  • Et pourquoi créer un « forfait contraception » pour les mineures alors que pour diminuer le nombre des IVG, il faudrait plutôt la gratuité ?
  • Nous approuvons des deux mains le projet de renforcer la médecine scolaire, mais là aussi le fait que cela ne soit pas chiffré nous laisse sur notre faim. Car c’est un plan massif de prévention qu’il faudrait installer.
  • Nous approuvons des deux mains le projet présidentiel d’installer un centre d’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans chaque hôpital.
  • Nous approuvons de vouloir se préoccuper du dispositif des « lanceurs d’alerte » et des conflits d’intérêts pour prévenir les crises sanitaires, mais nous rappelons que nous sommes pour l’éradication des conflits d’intérêts.
  • Nous approuvons que soit ouverte la possibilité d’actions judiciaires collectives.
  • Nous approuvons l’idée d’expérimenter de nouvelles actions pour la réduction des risques des usagers de drogues, mais sans supprimer les salles de consommation encadrées sous contrôle médical.
  • Nous approuvons l’idée du plan spécifique pour la santé des personnes incarcérées, mais nous espérons que ce ne sera pas seulement un slogan.

Dépendance/handicap

  • Nous prenons acte de la volonté de financement d’un cinquième risque par une cotisation spécifique pour la perte d’autonomie, mais nous préférerions son traitement par l’assurance-maladie au nom de la définition de la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir que la santé n’est pas seulement une absence de maladie mais correspond à « un état de bien-être physique, mental et social ».
  • Nous approuvons le projet de doubler les plafonds de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour les personnes les moins autonomes (GIR1 et GIR2), pour un coût évalué à 220 millions d’euros, et de financer à hauteur de 140 millions d’euros l’adaptation de 80.000 logements par an pour favoriser le maintien à domicile. Nous regrettons que ne soit pas promue l’égalité en droits de l’APA sur tout le territoire national.
  • Nous approuvons le projet de créer un congé adapté, un plan d’aide et de formation pour les aidants mais nous préférerions un plan visant à augmenter le nombre de professionnels du secteur. Car nous voyons bien l’inconvénient du projet néolibéral de spécialiser les femmes pour s’occuper des personnes âgées et des handicapés, sans rémunération,en lieu et place des professionnels formés pour cela.
  • Nous approuvons le projet de développer une approche de la perte d’autonomie indépendamment de l’âge et de mettre en place des maisons de l’autonomie, mais tant que cela n’est pas chiffré, cela n’engage pas beaucoup !

Bioéthique

Enfin, nous approuvons le projet présidentiel de modifier la loi Leonetti sur la fin de vie et d’accorder une aide médicalisée à mourir dans des conditions contrôlées, d’autoriser l’aide médicale à la procréation (AMP) aux couples de femmes, d’autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines.

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Santé : chronique avril-mai 2012

par Bernard Teper
Co-animateur du Réseau Education Populaire.
Auteur avec Michel Zerbato de « Néolibéralisme et crise de la dette ».
Auteur avec Catherine Jousse et Christophe Prudhomme « Contre les prédateurs de la santé ».

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A quand la suppression des franchises ?

Près de deux tiers des Français interrogés par l’institut CSA sont défavorables au système des franchises sur les soins retenues sur les remboursements effectués par l’assurance maladie, c’est ce que montre un sondage commandé par l’association Aides. Cela corrobore l’ancienne enquête d’opinion Ipsos réalisée pour le Collectif inter associatif sur la santé (Ciss) en octobre 2007.
65 % des personnes interrogées estiment que l’idée de tels dispositifs vont « plutôt dans le mauvais sens car ils pénalisent les personnes les plus malades ou les plus démunies et peuvent générer un retard dans l’accès aux soins ».
Il est néanmoins intéressant de constater que cette enquête d’opinion montre une différence entre les personnes se déclarant sympathisants de droite, favorables aux franchises (à 58 % pour l’UMP et 51 % pour le Modem), et les sympathisants de gauche et d’extrême-droite, qui y sont majoritairement hostiles (86 % pour le Front de gauche, 77 % pour le PS, 85 % pour Europe écologie, 73 % pour le Front national).
Environ 87 % des personnes interrogées se déclarent plutôt (27 %) voire tout à fait (60 %) favorables à une dispense des franchises pour les personnes atteinte d’une maladie chronique ou d’une affection de longue durée (ALD).
Elles sont 80 % à se dire plutôt (33 %) voire tout à fait (47 %) favorables à une telle dispense en faveur des personnes vivant sous le seuil de pauvreté (954 euros par mois).
Nous pouvons néanmoins regretter que le président François Hollande ait déclaré qu’il n’aurait « pas les moyens » de le faire. La suppression des franchises avait été annoncée par le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, par la candidate d’ Europe écologie-Les Verts (EELV), Eva Joly, et par le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou.

Oui à la publication des frais de gestion et d’acquisition des complémentaires santé

Le conseil de l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (Unocam) a rendu en avril un avis défavorable au projet d’arrêté transmis par la direction de la sécurité sociale (DSS) instaurant l’obligation, pour ces organismes, de publier leurs frais de gestion et d’acquisition.
Ce projet fait suite à la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2012 qui prévoit que les mutuelles, les institutions de prévoyance et les entreprises d’assurance à but lucratif pour les actionnaires communiquent annuellement ces frais à chacun de leurs adhérents ou souscripteurs d’un contrat santé dit responsable. Ils devront être exprimés en pourcentage des cotisations ou primes liées aux risques souscrits.
Pour justifier cet avis, l’Unocam déclare que « sous prétexte d’améliorer l’information des adhérents et assurés, cette disposition contraindra désormais les organismes (…) à communiquer sur plusieurs composantes de leurs prix de revient, ce qui est inédit dans notre économie ». A noter que cet avis n’a pas été voté à l’unanimité.
Il va de soi que cette transparence, si elle existait, montrerait que les frais de gestion des complémentaires santé (15 à 28 %) sont exorbitants face à ceux de la Sécurité sociale (4 à 6 %) et favoriserait l’idée que c’est à la Sécurité sociale d’assurer le remboursement des frais de santé aux assurés sociaux…

L’aide aux personnes âgées, premier poste des dépenses des départements

Selon une étude de l’Association des départements de France (ADF), les dépenses d’action sociale des départements ont été presque multipliées par 5 entre 1985 et 2010, passant de 6,3 milliards d’euros (117 euros par habitant) à 29,1 milliards (472 euros par habitant). L’action sociale représentant 57 % des dépenses de fonctionnement en 2010, contre 50 % en 1986.
L’aide aux personnes âgées constitue le deuxième poste des dépenses d’action sociale départementales sur l’ensemble de la France et le premier en métropole.
En 2010, les dépenses d’APA s’élèvent à 5,1 milliards d’euros, dont 3,2 milliards d’euros pour les bénéficiaires de l’APA résidant à domicile, 1,9 milliard d’euros pour ceux vivant en établissement.
Il est à noter, depuis 2008, que la part des départements dans le financement de l’APA n’a cessé de croître, passant de 56 % en 2002 à 70 % en 2010, alors que celle de la CNSA [Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie] n’a fait que régresser.
A quand l’incorporation de la CNSA dans la sécurité sociale et plus particulièrement dans l’assurance-maladie ?

Handicap : une progression des dépenses « soutenue »

Concernant l’aide aux personnes handicapées, la progression des dépenses entre 1985 et 2010 a été de +5,8 % en euros courants et +3,8 % en euros constants, augmentant l’ensemble des dépenses d’action sociale des départements (qui regroupent la gestion du RSA, l’aide aux personnes âgées, l’aide à la famille et à l’enfance et l’aide aux personnes handicapées).
La prestation de compensation du handicap (PCH) est devenue depuis 2009 la principale prestation versée aux personnes handicapées. On dénombre 150.178 bénéficiaires de la PCH au 31 décembre 2010, pour une dépense à la charge des départements de 1,1 milliard d’euros.

Bernard Teper

Humeur
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Les vaches sacrées sont-elles toutes atteintes ?

par Jean ESTIVILL
Conseiller Municipal, Président des élus du Parti de Gauche de Savigny, Président de l’Essonne de l’UFAL (Union des Associations des Familles Laïques)
http://www.savigny-egalite.com

 

Les vaches sacrées des médias : elles sont plus ou moins cultivées, plus ou moins honnêtes intellectuellement, plus ou moins attachées à la main qui remplit leur mangeoire et qui bien sûr ne doivent pas donner l’impression qu’elle pourrait prochainement ne plus assumer cette alimentaire fonction.

Avouerai-je que surpris par le « grand journal » que je ne regarde plus depuis longtemps, je me suis attardé quand j’ai vu le traitement infligé au tout puissant Sarkozy, et que j’ai eu un sentiment de compassion. Les charognards avaient flairé la mort politique toute proche et sans osé mordre franchement, à l’instar d’Apathie annonçaient la curée. Depuis le temps que je dénonce Sarkozy et le combats avec mes amis, personne ne me soupçonnera d’une quelconque complaisance à l’égard d’un homme qui a porté une politique aussi contraire à mes principes et à mes valeurs. Mais alors là oui, je dois l’avouer devant ce spectacle, je me suis surpris à mépriser ces valets et à me retrouver ce court instant d’un coté, le sien, car ce ne pouvait être celui de ces résistants d’après la libération, qui déjà s’empressaient de montrer qu’ils sauraient servir le nouveau pouvoir. Triste spectacle certes qui ne peut engendrer que le dégout, mais aussi quelle confirmation du danger que représentent pour la démocratie, un pouvoir si nécessaire celui de l’information confiée à des médiocres. Des médiocres qui ne l’ont pas toujours été, mais voilà le pouvoir de l’oligarchie dont ils dépendent, le rôle des institutions les réduit, pratiquement tous à cette sale et dangereuse besogne. Qui résiste, journaliste devenu vache sacrée ? Lequel s’est élevé pour dénoncer la foule qui hurle ce cri stupide et abject aux meetings des Le Pen « On est chez nous ». Cette fonction si noble d’éclairer, de veiller à débusquer la vérité est devenu pratiquement impossible à retrouver chez eux.

L’exemple de Bourdin, parce qu’il a été durant toute cette campagne l’un des plus « résistants » à cette pente est édifiant. Obéissant sans aucun doute à d’autres motivations que celles de plaire à un pouvoir, pas non plus pour mettre en évidence une contradiction chez son invité, non, simplement pour se montrer pugnace et se la jouer style apathie, figure imposée de la médiacratie bien évidemment, présente en l’occurrence la même aberration dans le raisonnement : il pose la question à Jean Luc Mélénchon « faut-il interdire le Front national ? » On comprend sa filouterie, Jean-Luc Mélenchon a depuis le début demandé l’interdiction de ce parti qui n’a jamais rompu sa filiation avec Pétain et dont le fondateur n’a pas hésité à éditer des chants nazis, faisant régulièrement connaître ses attaches non par des dérapages incontrôlés, mais des déclarations destinées à bien le situer comme d’affirmer que l’horreur de la Shoa n’est qu’un détail. Si Mélenchon réponds oui, et Bourdin insiste, il aurait cette réponse qui lui permettrait de s’exclamer : « Comment monsieur Mélenchon vous voulez dissoudre un parti qui a recueilli 7 millions de voix, et on imagine la suite “quelle étrange conception de la démocratie” ! Question tordue qui ne donne que l’apparence de la pertinence, de la quête du défaut de cohérence de Mélenchon s’il répond non, de négation de la démocratie si c’est oui. Posons la même question à Bourdin : lorsque Hitler fait une poignée de voix faut-il comme ce fut le cas avec les ligues factieuses en France en 36, interdire le parti nazi ? Chacun sait ce qu’une telle mesure aurait empêché de malheurs au monde. On imagine, du moins je l’espère, la réponse de Bourdin. Quelques années plus tard, des millions d’Allemands votent pour le parti nazi. Aurait-il été démocratique si on en avait eu les moyens de le dissoudre ? Le nombre de votants changeait-il la nature, la fonction, les buts en un mot l’idéologie du national-socialisme ? En posant sa question à Jean Luc Mélenchon, Bourdin s’est fait une obligation de répondre à cette question qui n’est pas d’actualité, mais relève de l’histoire bien entendu. Chiche monsieur Bourdin.