n°810 - 17/04/2016
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Chronique d'Evariste
Rubriques :
  • Chronique d'Evariste
  • Combat social
  • Société
  • lettre 810
  • Nuit debout

De quoi « Nuit debout » est-il le nom ?

par Évariste

 

La lente décomposition de la gauche de la gauche et de l’ensemble de ses organisations politiques sans exceptions, l’implosion programmée des néolibéraux solfériniens devait bien susciter de nombreuses nouvelles pratiques sociales. Nous avions déjà relaté la poussée de la demande sociale d’éducation populaire par des structures locales des associations, des partis, des syndicats, des collectifs, des universités populaires, des MJC, des écoles, des universités. D’autant que ces demandes vont de moins en moins vers les responsables nationaux de ces organisations mais bien vers des centres de ressources1 ou des intellectuels.

Par ailleurs, une multitude d’initiatives locales voient le jour dans des domaines très différents dans des secteurs très différents comme l’écologie, le féminisme, l’action solidaire, la laïcité, etc.

Sur le plan électoral, la candidature de Jean-Luc Mélenchon est pour l’instant la seule qui à gauche fait son chemin.

Mais voilà, une nouvelle pratique voit le jour : « Nuit debout ». Au commencement fut le verbe de François Ruffin et de Frédéric Lordon. Lors de l’avant-première du film « Merci Patron » réalisé par Ruffin, fondateur du journal Fakir, à la salle Olympe de Gouges à Paris, c’est Lordon, qui fixa un premier rendez-vous à la Bourse du travail le 23 mars pour débattre de ce qui pourrait « faire peur » à l’oligarchie. Plusieurs réunions se sont alors succédé au même endroit. La décision fut alors prise de ne pas se coucher après la manifestation du 31 mars contre la loi El Khomri à Paris. Le mouvement « Nuit debout » sur la place de la République est alors lancé.

Deux semaines après, le mouvement s’est prolongé et amplifié. Il fait des émules sur d’autres places en province. Assez vite, de nombreuses petites associations thématiques toutes contradictoires les unes avec les autres se mettent à participer aux débats improvisés sur la place. Des jeunes enseignants-chercheurs accourent également. La sociologie des participants change alors.

Cette nouvelle pratique correspond bien à une réaction face au mécontentement de l’offre politique d’une partie du peuple. Et comme dans le cas des Indignés en Espagne ou du mouvement Occupy aux Etats-Unis, les « stratèges politiques » se demandent comment utiliser cette nouvelle pratique sociale pour augmenter le rapport des forces politiques. Bien sûr, pour l’instant, le mouvement français « Nuit Debout » n’a pas l’importance numérique des mouvements américain et espagnol qui ont produit ensuite Bernie Sanders et Podemos via dans chaque cas une proposition stratégique qui leur avait été faite. Mais pour l’instant, ce mouvement « Nuit Debout » refuse toute récupération, impose la venue des militants non badgés.

François Ruffin dans sa dernière intervention sur la place de la République a très justement dit que pour l’instant « Nuit debout » ne faisait pas peur à l’oligarchie. Pour avancer, il fait deux propositions :

« On a une place qui est saturée d’énergie, maintenant il faut qu’elle rencontre autre chose. Ce premier autre chose à rencontrer c’est l’évidence, ce sont les syndicats »
« On se propose de faire un gros temps fort dans le week-end du 30 avril et du 1er mai, et qu’en gros à partir de là démarre une deuxième étape avec des ambassadeurs de la « Nuit debout » dans les quartiers, dans les campagnes et ainsi de suite. »

Bien évidemment, rien ne dit que tout cela débouchera sur un nouveau rapport de force permettant de renouer avec l’émancipation humaine. Mais le retour d’un débat collectif s’interrogeant sur les formes de la démocratie est positif, même si la confusion règne ici et là sur les conditions pour rendre victorieuse une nouvelle hégémonie culturelle, sur le rôle indispensable des couches populaires, sur la nécessité d’un travail conscient et organisé, incluant l’éducation populaire, sur le travail théorique, par exemple sur les lois tendancielles de la formation sociale capitaliste, sur le renouveau des principes du modèle politique d’avenir, etc.

  1. Le Réseau Education Populaire, par exemple, intervient plus de 400 fois par an. []
International
Rubriques :
  • Face au terrorisme
  • International
  • lettre 810
  • Pakistan
  • terrorisme

Escalade de la terreur à Lahore (Pakistan), le dimanche de Pâques

Nous vivons dans un même monde

par Pierre Rousset

 

L’attentat de Lahore visait les chrétiens, mais aussi les enfants et les musulmans partageant un lieu de convivialité populaire. Il rappelle dans ses modalités et objectifs ceux de Bruxelles et de Paris.

L’attentat suicide commis à Lahore – l’une des principales villes du Pakistan – le dimanche 27 mars dernier, a tué au moins 72 personnes et en a blessé plus de 350 autres. Il est l’œuvre de l’une des composantes du mouvement taliban local, le Jamaat-ul-Ahrar. A l’instar de l’Etat islamique à Bruxelles, cinq jours auparavant, il visait à faire le maximum de victimes : la ceinture d’explosif contenait des billes métalliques provoquant des blessures multiples difficiles à soigner. De même qu’à Paris le 13 novembre 2015, c’est un lieu de convivialité et de « mixité » qui s’est transformé en lieu de mort. Les riches ont leurs espaces privatisés et sécurisés. Les autres se côtoient dans les parcs publics où ils viennent pique-niquer en famille, et où les femmes peuvent jouir d’une plus grande liberté d’être.

Le parc public où a eu lieu l’attentat, le Gulshan-e-Iqbal Park, est très fréquenté par les habitants du quartier environnant, mêlant couches populaires et classes moyennes aux revenus modestes. Selon les déclarations du groupe taliban, l’attentat ciblait les familles chrétiennes fêtant Pâques ce dimanche ; mais il savait pourtant que la majorité des victimes seraient musulmanes. Le message est clair : tant que des chrétiens vivront ici, vous et vos enfants ne serez pas en sécurité.

Ainsi, le kamikaze a fait exploser sa ceinture tout près d’une aire de jeu pour les enfants, dont au moins 29 ont perdu la vie, d’autres étant blessés, tous traumatisés. Le choc est profond dans la population pakistanaise qui subi, impuissante, une escalade sans fin de la terreur. Elle a le sentiment désespérant qu’il n’y a plus aucune limite à la violence meurtrière des terroristes.

C’est la seconde fois, des jeunes ont été directement ciblés. La première était à Peshawar, dans le nord-ouest1. Des talibans du TTT2 avaient attaqué, en décembre 2014, une école publique accueillant des enfants de militaires. Plus de 150 personnes avaient trouvé la mort, dont au moins 136 n’étaient âgés que de 10 à 17 ans. Ce drame avait provoqué un profond mouvement de répulsion dans la population, débouchant sur une grève générale spontanée de protestation.

Aujourd’hui, un porte-parole du JuA annonce, après l’attentat de Pâques, que d’autres opérations seront menées à l’avenir, y compris contre « les écoles et universités ». Depuis longtemps, les écoles de filles sont détruites par les talibans dans leurs zones traditionnelles d’implantation : elles n’ont pas droit à l’instruction ; ou des jeunes femmes sont vitriolées sur des campus pour n’avoir pas porté le voile adéquat. Maintenant, écolières et écoliers, étudiantes et étudiants sont directement menacés par des attentats aveugles dont le seul objectif est de semer la terreur dans le pays. Le message du JuA montre qu’il est capable d’opérer dans Lahore, capitale de la province du Pendjab, frontalière de l’Inde, bien loin des territoires pachtous frontaliers de l’Afghanistan.

La majorité des violences intercommunautaires opposent des mouvements sunnites à la minorité chiite ; mais les ahmedis (musulmans non reconnus comme tels par les autres), chrétiens (souvent d’extraction très populaires), hindous.. sont constamment harcelés : villages brûlés, accusations de blasphème, églises attaquées… Les minorités non musulmanes ne représentent plus que quelques pour cent de la population. Il est à craindre que l’exode des petites minorités ne s’accélère, le gouvernement étant incapable de les protéger. Nous assistons à un long et implacable processus d’épuration religieuse.

Face à la terreur talibane, des démocrates sont tentés de faire bloc avec le gouvernement du Parti de la Ligue musulmane de Nawaz Sharif. Pourtant, le Pendjab, avec Lahore pour capitale, est son fief, ainsi que celui de son frère – cela n’a rien empêché. L’actuel gouvernement, comme les précédents, a laissé les écoles coraniques (madrasas) être des pépinières de djihadistes. Il répond à la menace par le renforcement des tribunaux militaires et des pouvoirs discrétionnaires accordés à l’armée et aux agences de sécurité. Chacun sait pourtant que bien des fractions de l’appareil d’Etat entretiennent des relations avec les fondamentalistes, les patronnant en Afghanistan, les utilisant contre l’Inde.

Le Parti awami des Travailleurs (AWP) refuse pour sa part de s’en remettre aux militaires. Si les attentats aveugles sont généralement le fait de mouvements de type taliban, la répression sociale « ciblée » est le fait des forces armées et des tribunaux antiterroristes : syndicalistes enlevés et torturés par les Rangers, représentants paysans assassinés, condamnations de militants de gauche à des peines de prisons à vie, « disparition » de nationalistes baloutches… Il y a au Pakistan une terreur d’Etat exercée contre le mouvement social, au service des grandes familles possédantes. Les accusations infondées de « terrorisme », d’atteinte à la sûreté nationale, nourrissent l’arbitraire tout autant que le « crime » de blasphème. Ainsi de nombreux cadres de masse membres de ou soutenus par l’AWP sont actuellement en détention sous de faux chefs d’accusation.

L’AWP exige du gouvernement qu’il combattent plus efficacement le terrorisme religieux – mais par le renforcement des institutions civiles et non militaires, en recourant à la police et non à l’armée, par la nationalisation des écoles coraniques, la modification des programmes scolaires pour lutter contre le suprématisme religieux et les discours de haine, l’abrogation des lois discriminatoires envers les minorités, le respect de la liberté de presse, l’abandon des politiques néolibérales qui aggravent les inégalités et l’insécurité sociale…

Nusrat Hussain, secrétaire général de l’AWP de la branche Islamabad/Rawalpindi a expliqué lors d’une conférence de presse, que « dans cette situation alarmante, le Parti awami des Travailleurs juge qu’un engagement ferme en faveur de la laïcité (secularism) – les lois et fonctions de l’Etat étant séparées de la religion – est essentiel à la protection et aux libertés de toutes les citoyennes et tous les citoyens, en particulier les minorités religieuses »3.

L’AWP a conclu son communiqué du 28 mars par un appel à l’unité : « Il est grand temps de forger une nouvelle histoire de paix et d’égalité radicales à partir des décombres de notre passé violent. Toutes les forces progressistes, laïques et démocratiques doivent se regrouper sous la bannière de la paix, de la justice et de l’égalité radicales pour toutes et tous. »4.

Cet appel doit être entendu à l’échelle internationale. En Occident, le Pakistan n’a souvent été perçu que comme un « ailleurs », un pays étranger au sens où les tourments subis n’ont aucune commune mesure avec les nôtres. L’évolution du terrorisme djihadiste là-bas et ici, les réponses sécuritaires là-bas et ici, montrent que nous vivons bien dans le même monde. Il ne suffit plus d’affirmer des solidarités, il faut aussi mener des combats communs pour le droit à la vie là-bas et ici.

  1. ESSF (article 33933), Peshawar (Pakistan) : une attaque contre des enfants musulmans menée par des musulmans fanatiques – Les groupes religieux fanatiques sont des fascismes en constitution. []
  2. Tehreek Taliban Pakistan (TTP, Mouvement des talibans du Pakistan). []
  3. ESSF (article 37581), After Sunday’s deadly bomb attack in Lahore (Pakistan) : Strengthen Civilan Institutions and Reform Curriculum to Combat Terrorism. []
  4. ESSF (article 37565), Pakistan : Un nouvel attentat d’extrême droite islamiste qui vise les chrétiens et la démocratie. []
Extrême-droite
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Le FN adore l’école privée

par François Cocq

 

« Nous nous félicitons du rétablissement des aides sociales aux élèves du privé. Le groupe des Patriotes salue la fin de cette injustice. » Voilà comment le groupe FN à la région Île-de-France a salué l’octroi d’aides facultatives à l’enseignement privé remis en vigueur cette semaine par Valérie Pécresse. Il faut dire qu’en matière de prosélytisme du privé dans l’éducation, le FN n’a jamais fait dans la demi-mesure.

On se souvient ainsi de la tribune du Collectif Racine, le prétendu collectif enseignant du FN, parue dans Le Figaro du 2 mai 2013. Il y était affirmé la volonté de promouvoir « le respect des spécificités de l’enseignement privé sous contrat ou hors contrat. » Où l’on constate que non seulement le FN cherche à développer l’enseignement privé mais que celui-ci ne fait pas la distinction entre le « sous contrat » et le « hors contrat ». Le FN a beau jeu de clamer, en matière d’éducation comme sur le reste, qu’il revendique un cadrage national qui s’imposerait à tous partout sur le territoire. Dans les faits, en appelant à la promotion du «hors-contrat », il choisit délibérément de laisser le champ libre pour que les savoirs et les conditions d’enseignement proposés aux enfants soient exonérés du respect de tout encadrement par la communauté nationale. Le FN est décidément un parti de bien piètres patriotes pour qu’il abandonne ainsi (à qui ?) la formation du futur de notre patrie républicaine.

Un tel renoncement exprime également une volonté manifeste de brimer l’émancipation populaire. Car reconnaître aux écoles privées « hors contrat » les prérogatives de l’Ecole régie par l’Education nationale, c’est considérer qu’assurer l’éducation de tous les enfants ne serait plus un devoir pour l’Etat ce qui ne serait envisageable que dès lors que l’éducation ne serait plus un droit pour l’individu.

Valérie Laupies, la conseillère politique pour l’Ecole de Marine Le Pen (et par ailleurs conseillère régionale PACA et membre du bureau politique du FN) enfonce le clou quand elle déclare : « Offrir le privé à ses enfants quand l’Etat n’assure plus la qualité du public est une solution pour les parents. Encore faut-il que l’école privée ne soit pas trop coûteuse, et pour cela, l’Etat doit la subventionner. D’autre part, nous devons respecter le choix des familles qui souhaitent élever leurs enfants dans un cadre d’éducation catholique par exemple ou dans une école ayant une pédagogie très spécifique, à partir du moment où cette éducation ne met pas en péril  la laïcité. » (Riposte laïque du 21 mai 2012).

La Laïcité… nous y voilà. Le FN emploie de grands mots pour de basses besognes. Car là où la laïcité est un principe d’organisation de la société pour créer du commun, le FN en fait on le voit une machine à segmenter : chacun son école et courage ! Il faut dire que dès lors que la séparation est établie, le tri peut se faire. Valérie Laupies ne s’en cache pas en mettant l’accent sur l’enseignement catholique. Et pour cause, celui-ci représente 95% de l’enseignement confessionnel.

Mais attaquer la laïcité, c’est aussi soustraire à l’intérêt général ce qui devrait revenir à tous pour en faire profiter uniquement quelques uns. La délibération de Mme Pécresse dont se félicite le FN francilien en atteste : les lycées privés représentent 204 établissements contre tout juste 469 pour le public. Ce qui est là donné au privé se fait au détriment du public comme l’a démontré Eric Coquerel dans son intervention en séance.

En matière d’éducation côté aussi, le FN se range à la fois du côté de la droite et du côté de la Caste. C’est la même «liberté » factice et contrevenant à l’égalité qui est revendiquée comme la droite pour justifier la promotion de l’enseignement privé, niant en cela l’idée républicaine qui prend sens justement en ce que l’égalité et la liberté se nourrissent indissociablement l’une de l’autre. C’est la Caste qui se retrouve derrière l’écran scolaire protecteur qu’elle essaie de se construire pour mettre à distance la plèbe, servie en cela par les larbins médiatiques qui comme Bertrand Schneider dans Le Parisien du 8 avril commentent la discussion autour de la délibération du Conseil régional d’Île-de-France en considérant que les 1,6 millions d’euros débloqués sont « une somme dérisoire ». Le soutien du FN à l’enseignement privé est on le voit à haute valeur idéologique.

Education populaire
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« Appel du courage laïque, social, démocratique, féministe et républicain »

L'exemple du 94

par ReSPUBLICA

 

NDLR – En raison du succès de la réunion organisée dans le Val-de-Marne, les participants souhaitent voir leur initiative élargie à d’autres départements. ReSPUBLICA soutient une telle campagne de réunions sur la laïcité. Nous communiquerons prochainement à nos lecteurs les informations nécessaires pour signer cet appel ; d’ores et déjà, ceux qui souhaiteraient organiser d’autres manifestations peuvent prendre contact avec Evariste pour ce faire.

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Forts d’une diversité associative, syndicale ou politique qu’ils souhaitent conserver, les signataires ci-dessous ont appelé à une réunion le jeudi 14 avril 2016, à la maison des associations de Créteil, sur la base de l’appel suivant :

Nous sommes tous mobilisés contre la loi scélérate dite loi “El Khomri “. Nous souhaitons tous une mobilisation d’ampleur. Face à tous les processus de fragmentation de la société qui visent à opposer des citoyen-ne-s entre eux, nous entendons tous – dans les discussions et les débats – monter une exigence complémentaire à la nécessaire lutte sociale, à savoir la lutte laïque et féministe. Voilà pourquoi nous reprenons à notre compte la liaison nécessaire entre ces deux combats si bien décrite par le premier directeur de L’Humanité, Jean Jaurès. Comme lui, nous estimons que le principe d’organisation sociale qu’est la laïcité est une des conditions nécessaires du rassemblement du peuple pour retrouver le chemin de l’émancipation humaine. Voilà pourquoi nous estimons que nous devons combattre les deux dérives actuelles à savoir
– d’une part l’ultra-laïcisme anti-laïque qui tente d’utiliser la laïcité contre une seule religion : l’islam,
– d’autre part la laïcité d’imposture, ou laïcité adjectivée, qui n’est que le cache-sexe du communautarisme anglo-saxon et du relativisme culturel.

Liste des premiers signataires du Val-de-Marne

Ali Algul, conseiller municipal communiste, Charles Arambourou, conseiller de l’ordre du GODF, militant laïque, Laurence Arambourou, professeur d’histoire à la retraite et militante laïque, Soad Baba Aïssa, militante féministe et intervenante du Réseau Education Populaire (Rep), Sébastien Baudouin, militant écosocialiste, laïque et républicain, Elisabeth Chamboredon, présidente de l’Ufal 94, ancienne responsable syndicale, Jean-Louis Charbonnier, co-président de l’Ufal de Saint-Maur, François Cocq, président de l’association Agaureps-Prométhée et président d’une association d’élus, Klaus Gerke, co-initiateur du groupe d’appui JLM2017 de Créteil, Claire Giardelli, co-secrétaire du comité 1 du PG 94, Eddy Khaldi, militant laïque,Patrice Leguerinais, militant syndical enseignant, Jeannick Le Lagadec, conseillère départementale du Val-de-Marne Front de Gauche, Maire-adjointe de Champigny-sur-Marne, Mirabelle/Nathalie Lemaire, syndicaliste du service public de l’emploi, c​onseillère municipale Front de Gauche au Plessis-Trévise, Jean-Jacques Mitterrand, ancien directeur de MJC, co-animateur de « 0 de conduite », Odette Mitterrand, conseillère technique et pédagogique Littérature et Cinéma à la retraite et co-animatrice de « 0 de conduite », Pascal Morsu, militant anticapitaliste, Ernesto Navarro, citoyen insoumis, Marie Pialat, cinéaste et responsable de l’association cinématographique « Peuple et pouvoir », Francis Reynaud, dirigeant sportif attaché à la laïcité, Maryvonne Rocheteau, conseillère municipale et présidente de l’Ufal du val de Bièvre, Marie Sadot, militante laïque, Mourad Tagzout, conseiller municipal, Bernard Teper, président de l’Ufal de Créteil, Monique Vézinet, présidente de l’Ufal Ile-de-France et directrice de la rédaction du journal électronique Respublica

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Sur le patronat, qui a bien pu écrire cela ?

par ReSPUBLICA

 

Il n’y a de classe dirigeante que courageuse. A toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées par le courage, par l’acceptation consciente du risque. Dirige celui qui risque ce que les dirigés ne veulent pas risquer. Est respecté celui qui, volontairement, accomplit pour les autres des actes difficiles ou courageux. Est un chef celui qui procure aux autres la sécurité prenant pour soi les dangers.
Le courage, pour l’entrepreneur, c’est l’esprit d’entreprise et le refus de recourir à l’État : pour le technicien, c’est le refus de transiger sur la qualité ; pour le directeur du personnel ou le directeur d’usine, c’est la défense de l’autorité, et avec elle, celle de la discipline et de l’ordre…

Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne comprennent pas bien l’âme patronale. Sans doute y a-t-il des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ce sont de vrais patrons, c’est gagner la bataille. Il y en a beaucoup qui, en grossissant leur fortune, ne se donneront pas une jouissance de plus : en tout cas, ce n’est pas surtout à cela qu’ils songent. Ils sont heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine ardente n’est pas peine perdue.

Non, en vérité, le patronat, tel que la société actuelle le fait, n’est pas une condition enviable. Et ce n’est pas avec des sentiments de colère ou de convoitise que les hommes devraient se regarder les uns les autres, mais avec une sorte de pitié réciproque, qui serait peut-être le prélude de la justice !

Réponse ci-après dans les Tags (L’Humanité, 23 mai 1890)

Brèves
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Maya Surduts nous manquera

par ReSPUBLICA

 

L’hommage de Prochoix : http://www.prochoix.org/wordpress/?p=940

Maya Surduts, qui incarnait la CADAC (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception) depuis plus de vingt ans, vient de nous quitter. C’était une très grande figure du militantisme.
Née à Riga, d’un père physicien et communiste, elle faisait partie de ces émigrés arrivés en France en 1938.
En 1948, après avoir vécu au Cap en Afrique du Sud, comme beaucoup de Juifs baltes, elle se lance dans le militantisme au sein d’une organisation sioniste. Elle revient ensuite en France, étudie le russe et prend fait et cause pour le FLN.
En 1962, elle part aux États-Unis pour tenter de « politiser » un les victimes de discriminations autour du mouvement contre la ségrégation, puis rejoint Cuba.
Elle est expulsée en septembre 1971 par le régime castriste, après y avoir vécu huit ans comme interprète et militante.
De retour en France, elle rejoint le groupe « Révolution » qui l’envoie « infiltrer » le MLAC, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception.
C’est l’inverse qui se produit. Comme beaucoup de militantes persuadées que la lutte contre la domination masculine n’est qu’un volet de la lutte des classes, le féminisme devient sa révolution, son inspiration contre toutes les dominations, et ne la quittera plus.

et l’interview autobiographique de Maya, recueillie par Margaret Maruani, et Rachel Silvera, « Maya Surduts, un féminisme de luttes », Travail, genre et sociétés,  2013/1 (n° 29). Le PDF :  Maya-Surduts

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A L'Express, un Barbier « de qualité » ?

par Pierre Mascomère

 

Présentant la nouvelle formule de l’hebdomadaire L’Express, son directeur, Christophe Barbier, expose les orientations de la rédaction. Cette transparence est toute à son honneur puisqu’il indique franchement le prisme au travers duquel les faits seront présentés et commentés. Ainsi L’Express prônera-t-il le libéralisme économique (libéralisme économique et capitalisme, dont se réclame d ‘ailleurs E. Macron dans l’interview qui suit l’exposé)1.
En revanche Christophe Barbier cite Pierre Mendès France, pour qui, en mai 1953, L’Express a été créé, tout en admettant que « les temps ont changé ».
Il n’y a en effet rien à voir entre l’hebdomadaire à sa création et celui d’aujourd’hui.
Si PMF n’était certes pas un « gauchiste », il n’était pas pour autant un partisan du « libéralisme économique ».
Surtout Christophe Barbier se prononce pour le « fédéralisme européen ». Il n’ignore pas que Pierre Mendès France, dans un magnifique discours à l’ Assemblée nationale en 1957, s’est prononcé contre le Traité de Rome. Il ne fallait surtout pas commencer une Union par des propositions économiques, disait il dans ce discours prémonitoire, car justement les libéraux s’en serviraient pour construire une Union à leur avantage. Ainsi en était-il de « la concurrence libre et non faussée » qui figure bien dans le Traité de Rome et qui devint au fil du temps, comme Pierre Mendès France l’avait prédit, l’alpha et l’oméga de l’Union.
Christophe Barbier connaît bien ce discours et la véritable position de PMF sur l’Union européenne. Mais il veut accoler à la nouvelle formule de l ‘Express la belle image de Pierre Mendès France.
L’interview de E. Macron qui suit, tend d’ailleurs à montrer une certaine ressemblance entre Macron qui fait la première page de la nouvelle formule et Pierre Mendès France alors même que E. Macron voudrait plus de délégations de pouvoir aux instances européennes.
«Ce n’est pas un hasard si on a mis Macron en couverture, c’est le plus proche de Mendès France aujourd’hui», a expliqué Barbier aux journalistes médias (Libération)…..

Il n’y a là que volonté d’enfumage des lecteurs et usage abusif de l’image de Pierre Mendès France.

  1. L’hebdomadaire L’Express et le quotidien Libération, qui ont rapproché leurs rédactions, appartiennent au même groupe, celui du milliardaire P. Drahi, propriétaire, entre autre, de SFR/Numéricable. Voici ce qu’écrivait le 6/10/12 Laurent Joffrin, le directeur de Libération, au sujet de la présidence de François Hollande : « …un gouvernement social-démocrate qui dans le cadre de l’économie de marché, réduise autant que possible les inégalités… fasse fonctionner le capitalisme… il n’y a pas de bochévique au gouvernement. » []
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Sur la disparition des notes à l'école

par ReSPUBLICA

 

Un courrier de Roland Chabannes

Le titre de l’article d’Alain Planche, paru dans le n° du 6 avril, sonne comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais s’agit-il vraiment d’un scoop ? Il est vrai qu’à l’issue du prochain quinquennat, cela ne fera guère qu’un siècle que dans le sillage d’Henri Piéron, chercheurs, enseignants, pédagogues, parents s’interrogent sur la pertinence de l’attribution des notes, sur leur sens, sur leurs liens avec la subjectivité des notateurs et, plus récemment, leur effet sur la motivation des élèves, sur les inégalité scolaires reflet des inégalités sociales.

Rien de bien nouveau, donc, sur le fond. Ni dans la forme : il n’est pas exceptionnel qu’un chercheur, après deux ans de recherches appuyées sur les équipes de soixante-dix établissements scolaires ait le sentiment d’avoir travaillé dans le cadre de la science – science humaine, certes, mais science tout de même- et non dans la compétition sportive, la parfumerie ou le music-hall.  Mais il s’agit d’un directeur d’étude au CNRS : Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ces intellos, Monsieur Poujade ! Pour un peu, ce titre nous aurait fait prêter une attention imméritée à ce que l’auteur de l’article, avec une délicatesse et une retenue qui l’honorent, qualifie d’« attrape-nigaud ». Nous avons bien failli être attrapés. Heureusement que nous voilà prévenus : « même estampillé CNRS, un chercheur peut (…) livrer des résultats d’étude qui ne présentent aucune garantie de scientificité. »
L’étude n’ayant pas été publiée, nous n’en avons pas pu en prendre connaissance, pas plus d’ailleurs que l’auteur de l’article, et ce n’est pas sur elle, mais bien sur l’article lui-même, qu’il convient de jeter un regard critique.
Parmi les reproches adressés à cette recherche figure le défaut d’avoir été menée avec des professeurs qui, ayant décidé de travailler ensemble sont « de facto des militants pédagogiques ».
Il est vrai : s’interroger sur la pertinence du regard qu’on porte sur le travail des élèves relève, pudet dictu, d’une forme de militantisme. Voilà donc où le bât blesse : me voilà reporté bien des années en arrière quand, militant dans un syndicat d’enseignants et appartenant à une tendance appelée « Unité et Action », le bon ton consistait à qualifier de « pédagogisme » tout ce qui ne relevait pas des moyens en postes, des locaux et des effectifs des classes. Ces conditions d’exercice étaient bien nécessaires, certes, comme elles le sont encore, mais laisser croire qu’elles n’étaient pas suffisantes faisait risquer à tout moment de se voir rejeter dans les ténèbres extérieures d’un gauchisme qui n’osait pas dire son nom.
Mais venons-en au fond : que signifie une note ? A quelle légitimité se réfère-t-elle ? A quoi sert-elle ? Comment est-elle vécue ? Existe-t-il une alternative ? Et dans quel sens faut-il militer, si j’ose ce gros mot ?
Les professeurs ont coutume de dire deux choses : qu’ils savent noter, sans injustice, ce qui, sans nul doute, est généralement vrai, mais aussi que la pertinence des notes qu’ils attribuent n’est pas absolue. Elle ne peut être que relative, soit à un niveau soit à un groupe d’élèves.
Les attendus par rapport à un niveau sont rapportés soit à un programme de connaissances, soit, de façon plus subtile, à ce qu’il faut bien appeler, horresco referens, un référentiel de compétences. Qu’est-ce à dire ? qu’avec le référentiel, ce que l’on évalue, ce n’est pas la mémorisation de pures informations, comme celles qui abondent sur internet et se copicollent à loisir
– Ce n’est pas de toi, dit le maître.
– Et alors, répond l’élève, depuis quand les idées ont-elles un maître ?
Ne soyons pas  non plus injustes ; dans le meilleur des cas, le maître aura noté, dans la marge, au coup par coup, qu’on ne voit pas le lien avec le paragraphe qui précède, ou que les notions convoquées ne sont pas les mêmes, que l’argument cité ne va pas dans le sens de la thèse développée. Qu’est-ce à dire ? Que le professeur réfère, dans sa tête, le travail produit à l’idée qu’il se fait d’un travail réussi et aux conditions nécessaires à sa réussite (maîtrise de la cohérence, du champ de vocabulaire concerné, prise en compte du contexte, immédiat et médiat, des conditions de production du texte cité). Le professeur, n’en déplaise à certains, quand il note, le fait par rapport à un référentiel, qu’il a dans sa tête. Quand on parle d’évaluer des compétences explicites, au lieu de chiffrer arbitrairement l’impression globale et subjective qu’on a dans la tête, on ne casse pas le thermomètre, on le place simplement ailleurs que dans la tête.
On annonce clairement que ce qu’on évalue, ce sont des informations dont on sait quoi faire. Le savoir faire, comme disait Bertrand Schwartz, inclut le savoir. Par rapport à ce référentiel, on peut mesurer la pertinence avec laquelle les connaissances sont mobilisées, même si personne n’a jamais prétendu, comme semble l’affirmer l’auteur de l’article, que ces compétences soient « facilement évaluables grâce à la qualité de réalisation de certaines tâches ». C’est, bien au contraire, une évaluation délicate, qui demande du discernement, qui oblige à prendre en compte à la fois l’objectif visé, les conditions de sa réalisation, en matière d’autonomie, d’exigence par rapport au niveau concerné, d’information disponible. Rien de facile, donc. Beaucoup moins facile que de vérifier si les connaissances que j’attends sont correctement étalées, comme dans la réponse à un questionnaire à choix multiples, qui est, de toutes les modalités possibles, la seule qui se prête de façon objective à la pose d’une note.
Rien non plus, a priori, qui soit une évaluation « plus encourageante pour les élèves », ni plus décourageante d’ailleurs, car ce n’est pas d’encouragement ni de découragement qu’il s’agit. Il s’agit de définir, de la façon la plus objective et la plus claire possible pour l’élève, des critères de réussite qui lui permettent d’évaluer les écarts entre ce qu’il a fait et ce qui était attendu, et lui indiquent la direction dans laquelle il devra travailler. Comme disait mon ancien camarade Régis Debray, à propos de l’école républicaine, « une chose est de lever l’écrou, une autre de mettre sur le chemin ».
La plupart des professeurs disent par ailleurs que s’ils savent noter avec justice et attention, ce qui est très généralement vrai, la note est à considérer dans le cadre d’une classe. Un 12/20 dans une très bonne classe vaudrait un 16/20 dans la classe d’à-côté, ce qui aurait de surcroît valeur d’encouragement. Que font-ils, quand ils notent, si ce n’est ce que font les membres d’un jury de concours ?  Ils classent, ce qui est bien  ce qu’on attend d’eux quand il s’agit de distinguer dans la masse des candidats le petit nombre des lauréats. Mais dans une classe, cela a un autre sens, très clair également : la note a pour effet, peut-être même pour objectif, de mettre les élèves en compétition, comme au bon vieux temps des compositions trimestrielles. Il ne s’agit pas de tirer tout le monde en avant, mais de dire quels sont les meilleurs. Ce ne sont pas les princes qui nous gouvernent qui ont inventé l’exaltation obsessionnelle de la compétitivité, mais bien les Jésuites qui faisaient s’affronter dans les classes Romains et Carthaginois fictifs, virtuels, aurions-nous dit.
Un mot encore : Planche fait remonter aux années 80 ce qu’il appelle, d’étrange façon, un « enseignement par compétences ». Il est vrai qu’un fameux rapport de l’OCDE préconise une méthode d’enseignement inspiré de ce qui se pratiquait déjà aux Etats-Unis sous le terme de « pédagogie par objectifs (p.p.o. pour les intimes)».   Il s’agissait d’apprendre de la façon la plus économique possible les gestes, manuels et intellectuels, utiles à l’activité professionnelle. Mais il se trouve que les concepts élaborés en effet, tout d’abord, dans ce cadre se sont trouvés transformés quand ils ont reçu ce que Planche appelle, non sans quelque dédain, me semble-t-il, « le soutien actif des pédagogies dites actives, inspirées de Piaget. » Transformés, oui, révolutionnés même. C’est peut-être un peu difficile à comprendre. Ça s’appelle la dialectique.
Il y a en outre quelque abus à faire partir de Piaget les méthodes d’éducation active. Sans remonter jusqu’à la maïeutique platonicienne, ni même à Rousseau ou Pestalozzi, Piaget se trouve, dans cette coterie, en compagnie de  Claparède, Decroly, Dewey, Makarenko, Maria Montessori, Freinet et quelques autres galopins du même acabit, pour lesquels enseigner, c’est, certes, faire acquérir des connaissances, mais aussi, dans un même mouvement, à en permettre l’appropriation «  active », l’esprit de recherche, l’indépendance d’esprit, le « penser par soi-même des Lumières, toutes les formes intellectuelles et sensibles de l’insoumission.
Le seul repère bibliographique cité par Alain Planche est le livre d’un certain Alain Planche, L’imposture scolaire – La destruction organisée de notre système éducatif par la doctrine des compétences. Rien moins.
J’aimerais y ajouter, pour ma part, le livre de Maria-Alice Médioni, L’évaluation formative au cœur du processus d’apprentissage, Chronique sociale « Pédagogie/Formation », 2016, – au titre plus modeste mais au contenu d’une remarquable luminosité. Bref, utile.

Réponse d’Alain Planche à Roland Chabannes

Je ne vais pas vraiment répondre à Roland Chabannes, car cela serait extrêmement difficile puisque son message n’est pas une critique de mon article, mais un plaidoyer pro domo pour une vie de militant pédagogique qui n’apprécie pas d’avoir été (ou d’être encore) qualifié de pédagogiste.

Roland Chabannes n’a d’ailleurs pas vraiment lu ce que j’avais écrit. D’une part, il n’était pas question pour moi de traiter en quelques lignes d’un sujet aussi large que « la pertinence de l’attribution des notes ». D’autre part, ayant enseigné à l’université, je n’éprouve bien sûr aucun mépris poujadiste pour les « intellos », fussent-ils directeurs de recherche. Mon propos mettait spécifiquement en cause le comportement non scientifique d’un chercheur qui ne publie pas ses travaux, mais diffuse sans aucune prudence dans les médias des résultats simplifiés qui les autorisent à transformer la suppression des notes en ascenseur social. Et cela, je persiste et signe, c’est bien un attrape-nigaud !

Ce n’est pas moi non plus qui affirme que l’évaluation par compétences est réputée (à tort selon moi) « plus encourageante pour les élèves ». C’est l’argument le plus souvent présenté dans les médias pour justifier l’amélioration de leurs résultats dans l’enquête. La conclusion de l’étude précise elle-même que c’est « en favorisant leur implication dans le travail scolaire [que] cette évaluation innovante a permis aux élèves de mieux apprendre ».

De même, il est faux de dire que dans mon article, « parmi les reproches adressés à cette recherche, figure le défaut d’avoir été menée avec des professeurs » que j’accuse d’être « de facto des militants pédagogiques ». Outre que, comme je le précise dans l’article, l’expression n’est pas de moi, mais de François Jarraud, qui est lui-même militant pédagogique, ce que je mets en cause (comme François Jarraud), c’est la possibilité de transposer à l’enseignement de masse des résultats obtenus dans des conditions aussi favorables.

Un dernier mot, pour terminer, sur l’éloge par Roland Chabannes de ce que je qualifie, « d’étrange façon » selon lui, d’enseignement par compétences et de l’évaluation par compétences associée. Je n’ignore rien de ce qu’il en dit, ni de toutes les critiques qu’il adresse à la notation traditionnelle, mais c’est un sujet complexe dont l’histoire s’étend sur plus d’un demi-siècle. Il serait trop long de l’évoquer ici, même de façon simplifiée. Je l’ai déjà largement traité dans mon livre (étayé par une bibliographie consistante) auquel je renverrai donc une nouvelle fois, n’en déplaise à mon contradicteur. Je me contenterai de dire que les défenseurs de ces méthodes d’enseignement qui ont largement déterminé l’évolution de notre système éducatif sont à l’image de Roland Chabannes : ils se gargarisent de mots, mais ignorent superbement les conséquences effectives de leurs théories : baisse générale du niveau scolaire des élèves et augmentation des inégalités sociales. Cela aussi je le montre dans mon livre et je renvoie également au livre de Sandrine Garcia et Anne-Claudine Oller, Réapprendre à lire – De la querelle des méthodes à l’action pédagogique, que j’ai longuement commenté dans ReSPUBLICA.



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