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Déconfinons le travail et donnons-lui le pouvoir. Le vrai !

par Jacques Duplessis

 

NDLR : En complément de ce texte, on pourra lire dans l’ouvrage Penser la République sociale pour le XXe siècle. Tome II de B. Teper et P. Nicolas (voir ci-contre la Librairie militante du journal) la parabole des « vaches de Monsieur le comte » illustrant une possible socialisation progressive de l’entreprise.
Voir http://www.gaucherepublicaine.org/wp-content/uploads/2015/08/Les-vaches-de-M-le-comte.pps

 

 

 

 

Il n’est de jour qu’à longueur d’antenne ou de discours, l’incantation ne résonne à nos oreilles dans cette crise majeure : comment faire pour éviter que le temps d’après ne reproduise le temps d’avant ?
Comment sortir du cercle vicieux qui nous a conduits à devoir subir, une fois encore, des évènements que notre techno-chefferie ne maîtrise plus, à l’évidence ?
Comment faire en sorte que les amateurs qui nous gouvernent soient dessaisis de leviers qu’ils disaient savoir et pouvoir manier mieux que les autres, quand ils en sont réduits à la gesticulation permanente pour faire oublier à quel point, rarement atteint dans l’histoire, ils leur échappent ?
Comment imaginer que la répétition de mensonges d’État, assénés sans vergogne comme autant de planches de salut pathétiques en forme de sauve qui peut face au Covid-19, cesse de pourrir l’esprit public et de miner la confiance des citoyens ou, par voie de conséquence, de menacer la paix civile ?
Comment s’assurer enfin que les préoccupations de l’heure d’avant, chômage, climat, réduction des inégalités, souveraineté et indépendance, ne cèdent finalement la place à la facilité, par paresse, panique ou nécessité, dès que les clignotants repasseront au vert sur le plan sanitaire ?
Nous ne sommes en effet pas à l’abri du fait que l’euphorie de la liberté retrouvée – si elle l’est jamais totalement – conduise à oublier ce qui fâche et ne vienne bientôt tuer dans l’œuf les belles résolutions prises au plus fort de la crise. Mais aussi peut-être l’apparition d’une conscience nouvelle bien qu’encore un peu confuse : celle de notre défaite matérielle et morale face à une bestiole microscopique mais tellement révélatrice de nos fractures et de nos certitudes imbéciles.
Comment pourrait-on donc envisager de rebondir dans le cadre même qui, en l’espèce et une fois de plus, vient de nous révéler ses failles béantes ? Un logiciel était à l’œuvre, il l’est encore et jusqu’à nouvel ordre, au sens propre du terme. Le reconduisons-nous ? Le révisons-nous ? L’amendons-nous ? Le restaurons-nous ? Ou bien le changeons-nous ? Rappelons-nous Albert Einstein : « La folie, c’est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent ».
Or une piste existe dont personne ne semble vouloir parler. Voilà pourtant deux siècles à peu près qu’elle est sur la table et qu’on paraît ne pas la voir ni oser s’en saisir, peut-être en raison de sa radicalité et de son caractère authentiquement révolutionnaire, au sens étymologique du terme : la transformation de notre société par la réhabilitation, l’émancipation du monde du travail via son avènement – enfin – sur la scène de l’histoire en tant qu’acteur de premier plan. Mais qu’entend-on plus précisément par-là ?
De l’aveu même du chef de ce qui reste d’État, la contribution des grands indispensables du moment mérite au minimum reconnaissance, face à l’évidence de leur caractère incontournable dans la mécanique sociale, qu’il s’agisse des forçats de la tournée de livraison à domicile, des virtuoses de la caisse enregistreuse en passant par les fourmis de la sainte alliance logistique ou les petites mains corvéables à merci du service public qui, au nom de leur dévouement même, ont longtemps hésité à mettre les pieds dans le plat.
Alors une petite prime avant de retourner à la niche ? Que nenni. Une infirmière de Rouen a déjà giflé M. Macron en parole, et en majesté, lui et sa très condescendante proposition d’un royal coup de pouce de 500 euros si ingénument exprimée dans le plus pur style giscardien-Louis Quinzième qu’on avait cru tombé aux oubliettes depuis 1981. Pas de ça Lisette, son aumône ou ses miettes, elle le lui a dit clairement, à Monsieur le Président, qu’à son humble avis, il pouvait se les mettre quelque part.
Ce qu’exprime cette femme, et que partagent beaucoup de nos concitoyens, c’est donc bien la prise de conscience que, cette fois, la coupe est pleine. L’avenir ne passe pas par la quête effrénée d’un hypothétique et furtif pouvoir d’achat supplémentaire mais par l’affirmation d’une prétention nouvelle au pouvoir tout court. Oui, au vrai pouvoir. Avec prise directe et effective sur les décisions, contrôle des petites ou des grandes, initiative – pourquoi pas ? – sur les allocations de ressources et les investissements, les choix prioritaires, les orientations, l’organisation du travail et tout le toutim.
Les subterfuges, les atermoiements, les illusions, les tours de passe-passe, ça suffit. Assez des demi-mesures ou des faux-semblants abrités derrière le mur des Tartuffes et les moulinets démagos. Ils veulent désormais accéder aux manettes. Mais pas leur apparence enrobée d’habits de fumée. Et pas dans dix ans. Maintenant.
Alors comment ?
C’est tellement simple qu’on peine à penser que la solution ne soit pas déjà à l’œuvre, ou plutôt, comme ce n’est visiblement pas encore le cas, qu’il puisse exister de tels blocages ou vents contraires susceptibles d’expliquer qu’elle n’ait pas encore pu émerger logiquement du corps social.
Ah certes, on a souvent évoqué la rengaine de la revalorisation du travail et de ses représentants, laquelle reste la plupart du temps à l’état de pur slogan, régulièrement colporté par des brigades d’élus ou d’apprentis démagogues, de gauche comme de droite, et dans la bouche desquels elle perd vite tout caractère subversif.
Or, déconfiner le monde du travail et lui rendre le pouvoir dont il a été si longtemps privé, conformément à l’ambition légitime qui sourd d’un peu partout en ce début de XXIe siècle, c’est bien autre chose : oser prétendre, comme l’exprime notre infirmière, sortir enfin de la situation de relégation, de soumission, voire de ségrégation dans laquelle le travail se débat, nouveau Tiers-État, depuis les origines du monde moderne, eu égard au statut de véritable décideur en dernier ressort qui échoit au capital financier, c’est à dire l’actionnaire ou le représentant de la puissance publique magnifiquement baptisée « tutelle ».
Transposons le cas de notre infirmière à tous les salariés : elle et ses semblables peuplent les bureaux, les ateliers, les salles de réunions, les salles d’opérations comme les salles de marchés, les conf. tel, les réseaux, les métiers et les secteurs d’activité, et sont aujourd’hui la courroie de transmission essentielle du fonctionnement de l’économie, l’une des deux jambes sur lesquelles repose la performance de toute cellule de base : Entreprise, hôpital, maison de retraite, commerce de proximité, multinationale, start-up, PME : Bref, ce qu’il est convenu d’appeler LA force de travail ou LE facteur travail au sens macro-économique.
Or sans le facteur travail, pas de production matérielle ni intellectuelle, pas de valeur ajoutée, c’est à dire pas de fabrication ni de prestation de services susceptibles d’être vendus sur un marché pour venir s’auto-rémunérer et rémunérer par la même occasion l’autre facteur indispensable au fonctionnement de la production et des échanges : le capital financier qui permet de son côté de créer l’entreprise, de la faire tourner et de payer les fournisseurs en attendant qu’elle soit payée par les clients, enfin d’investir.
Mais pourquoi faut-il donc que le capital financier et lui seul, s’arroge le droit de disposer de l’exclusivité du champ de la décision économique, du pouvoir de direction effectif avec sa composante normative et même disciplinaire, voire parfois, droit de vie ou de mort (économique s’entend) sur les autres acteurs du système ? Sans compter la détention du monopole des choix d’investissement, des orientations à caractère stratégique, l’administration des « ressources humaines », l’environnement, la division du travail, le mode de management, la politique commerciale, les alliances, rachats, OPA, absorptions, fusions acquisitions etc
Pourquoi faut-il que le grand cocu du processus de création de valeur de toute l’histoire soit toujours ces hamsters de travailleurs, ouvriers, agents de maîtrise ou cadres y compris supérieurs, qui pédalent furieusement pendant que les décisions se prennent au-dessus de leurs têtes et qu’ils doivent au surplus les endosser ? Pourquoi ce sempiternel plafond de verre, cet espace très confiné auquel ils n’ont jamais accès, sinon par effraction, ou par accident, quand il est trop tard pour redresser la barre ? Pourquoi n’ont-ils pas institutionnellement droit, en tant que co-auteurs du processus de création de tout ce qui se vend et se consomme, et facteur indispensable au même titre que l’autre, le capital financier, à un partage au moins égal de la parole et de la décision ?
Parce que c’est ainsi depuis des lustres en vertu d’un droit de propriété qui ne s’attache qu’à ceux qui détiennent et investissent du numéraire ou des biens, et non à ceux qui investissent le seul capital dont ils disposent, à savoir leur sueur. Et que voilà bientôt deux siècles et demi que le salariat accepte son statut de déclassé, de pauvre bougre qui turbine en silence, tremble à la moindre contre-performance ou coup de Trafalgar et, par bonheur si tout va bien, n’a d’autre pitance que son salaire réduit à la portion congrue.
Il est peut-être temps de remédier à ce hold-up qui dure depuis l’avènement du capitalisme. C’est le seul moyen de redonner au travailleur une prise sur des évènements qu’il passe sa vie à subir, et partant, à toute la société entendue comme l’addition de ces opérateurs du quotidien qui sont aussi des citoyens auquel le statut démocratique le plus élémentaire est refusé, tant d’un point de vue constitutionnel qu’au plan humain, dès qu’ils franchissent la porte de leur atelier, de leur agence ou de leur bureau.
En théorie pourtant, il est à l’œuvre partout ailleurs et il préside en principe à la vie du pays, comme le rappelle sa constitution ! Pas de part du capital ? Pas de droit de vote ni d’influence sur les décisions, pas de contrôle sur les affaires et leur logique. Oui, la démocratie s’arrête bien à la porte de l’entreprise, publique ou privée, grande ou petite, et prive le salariat ou ses avatars plus récents de tout véritable levier de contrôle.
Alors comment remédier à cet état de fait ? Où trouver la ressource pour avoir voix au chapitre (voire plus) et retourner au bénéfice du monde du travail, la loi d’airain du capital qui ne connaît que ceux qui font partie du saint des saints, à savoir le tour de table financier ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, rien de plus simple : nul besoin de fortune personnelle, d’emprunt ni d’apport particulier. Obtenir tout simplement de voir sa force de travail monétisée, valorisée autrement qu’à travers le seul salaire.
Il suffit en effet que le travail soi-même donne soudain droit à des actions, au même titre que la détention de biens ou de capitaux, et que la montée progressive des salariés dans le capital de l’entreprise se fasse tranquillement, gratuitement et automatiquement au fur et à mesure qu’ils reçoivent des parts en proportion – et en reconnaissance – de leur contribution à la formation de la valeur ajoutée, c’est à dire de la richesse produite par l’entité qui fabrique et qui vend pour qu’ils accèdent, ipso facto au vrai pouvoir, celui qui désigne et révoque les dirigeants et administre toute l’activité, dès lors que leur poids dépassera la barre des 50 %, ce qui, mécaniquement, ne peut manquer d’arriver à terme plus ou moins long.
Cette distribution de capital aux travailleurs en pleine propriété marque de fait leur entrée dans le cercle restreint du véritable pouvoir dirigeant, resté jusque-là inaccessible et inviolé, avec sa dimension symbolique en termes de dignité et la reconnaissance juridique et financière d’une parfaite égalité de droits avec les anciens tauliers, preuve d’une « valeur travail » qui, enfin, n’aurait pas que le nom. Mais encore faudrait-il concentrer les efforts sur cette revendication stratégique, véritable sésame de la puissance effective.
C’est en effet la véritable clé d’une réelle prise de pouvoir, comme dans toute OPA par exemple, et selon les canons mêmes du monde des affaires, ce qui la rend inattaquable. La détention de la plus grande partie de ce capital entendu à la fois comme représentation comptable des apports en société et comme lieu sanctuarisé du pouvoir sans partage, ne souffre aucune discussion en tant que critère décisif, et marqueur emblématique du changement radical de paradigme. En d’autres termes, c’est un transfert de souveraineté qui se joue au sein de l’entreprise même, siège du pouvoir économique, et qui fait écho à celui intervenu, il y a environ 150 ans, dans l’ordre politique avec l’avènement du suffrage universel.
Ainsi l’entreprise rejoindrait-elle la République avec laquelle elle ne fait pas toujours bon ménage sinon quand il y va de ses intérêts directs et qu’elle s’emploie à ensorceler les représentants élus pour parvenir à ses fins. Car la plupart du temps, et sauf nécessité urgente, elle préfère vivre sa vie de son côté, en marge des institutions démocratiques et à l’abri des règles applicables au reste de la Nation.
Comment donc en résumé, faire que le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant ? Eh bien en opérant cette transformation sociale en forme de démocratie appliquée au niveau de toutes les entités économiques qui détiennent aujourd’hui la réalité du pouvoir sur nos vies, par le biais de ce mécanisme simplissime de transfert de pouvoir au peuple des salariés et assimilés, et comme garantie d’un réel pouvoir de contrôle sur la marche du pays.
Il n’y a en effet qu’un lieu du pouvoir dans l’économie telle que nous la connaissons, c’est la détention majoritaire du capital. Si l’on ne veut pas se battre contre des moulins, il faut que celui-ci change de mains, point final. Tout le reste n’est que littérature ou rêverie. A moins de vouloir remettre en cause le marché et la propriété elle-même, et non la socialiser comme on vient de le voir. Mais alors, bon courage !
Vouloir s’en prendre en effet au phénomène même de la propriété apparaîtrait vain, lequel est ancré dans la réalité sociologique des sociétés développées depuis la nuit des temps. Et comme nous n’en changerons pas l’essence de sitôt, autant la répartir avantageusement, en renversant l’ancien rapport de force, contrairement à la démarche habituelle de ceux qui prônent à intervalles réguliers nationalisations ou étatisations qui consistent simplement à remplacer patron privé par patron public sans pour autant faire la moindre place dans la direction effective des opérations à la collectivité des destins embarqués dans l’aventure. Ou pire, à socialiser les pertes tout en privatisant les bénéfices, comme l’histoire l’a si souvent montré.
Place donc aux opérateurs de production eux-mêmes, avec leur savoir-faire et leur intelligence directement interpellée par leurs nouvelles responsabilités de copropriétaires, qui s’avèrent d’ailleurs souvent très capables de s’auto-diriger, au moins aussi bien, à tout le moins, que nombre de patrons autoproclamés ou d’héritage, voire de rencontre, dont l’actualité nous donne chaque jour des exemples de manquements graves en termes de loyauté, de probité, de clairvoyance ou de capacité de discernement.
Gardons donc la propriété individuelle mais débarrassons-la de ses oripeaux archaïques en y associant tous ceux qui en ont l’ambition et la capacité collective. Car eux seuls savent où sont leurs véritables intérêts ainsi que ceux de la Nation à laquelle ils appartiennent. Eux seuls sont capables de réorienter les décisions d’investissement en temps de crise pour satisfaire à l’intérêt général, eux seuls auront un intérêt direct à s’opposer aux délocalisations ou à la division mondialiste du travail, en particulier dans le domaine des médicaments. Mais pas seulement.
Eux seuls constituent également le seul levier capable de réorienter les choix vers des investissements plus respectueux de l’environnement par acceptation de rendements moindres, à vocation industrielle « propre » plutôt que strictement financière. A la différence des spéculateurs, eux seuls sont capables de sobriété car, alimentés par leur salaire au lieu de dépendre du seul profit par nécessité vitale ou esprit de lucre, ils sont à même, parce qu’ils sont citoyens par ailleurs, de faire jouer la raison en faveur de solutions le cas échéant plus coûteuses, mais présentant d’autres avantages en termes d’utilité collective et de bien commun.
Comment mieux éviter enfin, sans violence ni effusion de sang, que les mauvaises habitudes et les abandons ne fassent leur réapparition qu’en franchissant cette étape décisive qu’est le transfert de la propriété de l’entreprise à ses salariés, lesquels ne sont pas plus bêtes que d’autres pour la diriger, avec un peu de formation et d’entraînement, tout en respectant les intérêts des anciens actionnaires devenus minoritaires mais toujours en possession de leurs actions et des droits qui s’y attachent ?
Alors, déconfinons le monde du travail et donnons-lui le vrai pouvoir, avec l’entière propriété de ses outils de travail et la possibilité d’exercer souverainement le contrôle juridique et financier de leur activité ! Avec en filigrane le pari que cette prise de responsabilité nouvelle engendre une dynamique qui fait si cruellement défaut à un modèle entrepreneurial et managérial aujourd’hui à bout de souffle !
Là réside la seule garantie que nous ayons de maîtriser le jour d’après, ensemble et à l’abri de tous les envahisseurs, prédateurs, apprentis sorciers et autres illusionnistes guidés par leur seul intérêt égoïste, l’ambition d’une démonstration de réussite sociale, ou la simple volonté de puissance à titre personnel.

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Le Premier Mai : histoire et actualité d’une journée de luttes

par Hélène Le Cacheux

 

En 1884, lors de son congrès de formation, la Federation of Organized Trades and Labor Unions (FOTDLU) vote une résolution pour établir à partir du 1er mai 1886, (soit deux ans plus tard, planification importante, à mes yeux) la journée de 8 heures par une grève générale dans tous les États-Unis. À l’époque la journée était de 10, 12 ou 14 heures, enfants compris.

Le 1er mai 1886, 12 000 usines ont été paralysées dans tout le pays. Le 2 mai, lors d’un meeting en soutien à 1200 ouvriers licenciés, la police intervient et fait 6 morts et des centaines de blessés. Le 3 mai, le mouvement prend de l’ampleur, ce sont maintenant 340 000 travailleurs qui sont en grève. Le 4 mai, une réunion populaire sur la place Haymarket est organisée. Tout Chicago est en grève. Le matin même, la police attaque une manifestation de 3000 grévistes. Le soir, alors qu’il ne restait que quelques participants, 180 policiers font irruption sur la place, alors que la réunion était autorisée, le capitaine de police donne ordre à ses troupes d’ouvrir le feu. C’est à cet instant qu’une bombe éclate dans les rangs de la police. La police fait tomber un tonnerre de plomb sur les ouvriers. L’issue est fatidique, plusieurs morts et des centaines de blessés dans la classe ouvrière et 6 morts dans les rangs de la police. Le 5 mai, à Milwaukee, la police réprime dans le sang un meeting de travailleurs, 9 d’entre eux finissent en prison.

À Chicago, des milliers de travailleurs sont emprisonnés dont 8 anarchistes : August Spies, Michael Schwab, Samuel Fielden, Albert R. Parsons, Adolf Fischer, George Engel, Louis Lingg y Oscar Neebe, tous membres de l’Association International du Peuple Travailleur. 7 d’entre eux ont été condamnés à mort et le 8e à 15 ans de réclusion. À noter la plaidoirie de Augusto Spies : « Vous pouvez prononcer votre sentence, mais au moins que l’on sache qu’en Illinois, 8 hommes ont été condamnés à mort pour avoir cru en un bien-être futur. »
Cette journée a marqué durablement le mouvement ouvrier sous le nom du massacre de Haymarket Square. Les condamnés toujours vivants furent relâchés trois ans plus tard, faute de preuve. Lors du congrès fondateur de la Deuxième internationale (ou Internationale socialiste) qui s’est tenu à Paris en 1889 les participants sont tombés d’accord pour faire de la journée de 8 heures la revendication principale dans tous les pays du monde

L’idée est venue d’organiser une grande manifestation internationale ouvrière. Raymond Lavigne, un syndicaliste français, a proposé la date du 1er mai pour commémore le massacre de Haymarket Square. Une idée que Rosa Luxembourg qualifiera de « brillante » bien des années plus tard. Le 1er mai  sous la forme que nous connaissons aujourd’hui n’est encore qu’à ses balbutiements mais ce qui est à noter à ce moment de son histoire c’est la volonté internationaliste des revendications des ouvriers. Le 1er mai 1890, dans beaucoup de pays d’Europe les prolétaires font grève pour obtenir la journée de 8 heures pour tous. En France cette journée est tristement marquée par les événements de Fourmies où après des arrestations de syndicalistes, la foule a demandé leur libération et la police a tiré, bilan 10 morts dont deux enfants.

Ensuite, chaque année, le 1er mai, des grèves étaient organisées avec toujours la même revendication qui a débuté à Chicago dans le sang. La fleur symbole de cette journée était l’églantine, fleur rouge éponyme du révolutionnaire français Fabre d’Eglantine. Cette habitude est désormais ancrée dans le mouvement ouvrier quel que soit le continent. Rosa Luxembourg dira en 1913 à propos de ce jour si symbolique « Une manifestation internationale, directe de masse : la grève comme une manifestation et un moyen de lutter pour la journée de 8 h, la paix mondiale et le socialisme. » Ce n’est qu’en 1919, qu’en France, le sénat imposera la journée de travail de 8 h aux salariés et, dans la foulée, déclare le 1er mai journée chômé (pas férié).

Ce rappel historique pour nous remémorer les origines sanglantes du 1er mai, rien n’est acquis et tout est conquis de haute lutte. Si cette tradition perdure encore de nos jours, elle a quand même subi quelques attaques au cours du XXe siècle. En Europe sous les dictatures Hitler, Mussolini, Franco… elle fut interdite et réprimée. En France, Pétain en a fait la « fête du travail et de la concorde nationale » et a souhaité que le muguet en soit l’emblème, l’églantine étant trop connotée à gauche…

Source : https://www.lepartidegauche.fr/le-1er-mai-histoire-et-actualite-dune-journee-de-luttes/

A lire, à voir ou à écouter
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Chansons déconfinées 3

par Philippe Barre

 

Troisième édition de notre rubrique. Des chansons engagées, drôles, poétiques et un slam pour rythmer nos combats…

  • Éric Charles, syndicaliste, gréviste et récidiviste ! « Le 11 mai » sur une musique de Pete Seeger et Graeme  Allwright … (Jusqu’à la ceinture)
    https://vimeo.com/413761870
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Pandémie : à voir et à lire

par ReSPUBLICA

 

Frédéric Pierru : « Dans l’après-Covid,
on jugera la gestion de l’hôpital comme une vraie folie »

EXTRAIT

La crise du coronavirus jette une lumière crue sur la fragilité de l’hôpital public. En 2019, les sociologues Frédéric Pierru, Pierre-André Juven et Fanny Vincent publiaient La casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public aux Éditions Raisons d’Agir, qui proposent aujourd’hui l’ouvrage en accès libre. Les trois chercheurs y analysent les différentes réformes politiques qui ont sacrifié l’hôpital public sur l’autel de la gestion budgétaire et l’ont abandonné face à cette question insoluble : comment soigner toujours plus de patients avec toujours moins de moyens ?
Rationalisation intensive de l’organisation du personnel, bureaucratisation de l’activité médicale via la très décriée tarification à l’activité (T2A), marchandisation du soin : la catastrophe que nous traversons actuellement résulte en grande partie de choix politiques, comme nous l’explique Frédéric Pierru.

Le Conseil national de la Résistance avait pour ambition de faire de l’hôpital un service public ouvert à toute la population. Quelles sont les mesures qui ont remis en cause cette objectif ?
Il existe une première rupture profonde avec le plan Juppé de 1995 sur la Sécurité sociale, porté par l’idée qu’il faudrait restructurer le parc hospitalier qui serait surdimensionné – ce qu’on appelle l’hospitalo-centrisme français. Mais le vrai tournant a lieu au cours des années 2000 avec l’apparition en 2004 du plan « Hôpital 2007 », porté par Jean-François Mattei, qui encourage des partenariats public-privé et instaure la tarification à l’activité (T2A).
Lire la suite : https://www.lemediatv.fr/articles/entretiens/frederic-pierru-dans-lapres-covid-on-jugera-la-gestion-de-lhopital-comme-une-vraie-folie-J-fEEI_IQFmsLofew2y–g

Henri Pena-Ruiz : chronique du 27 avril

« En lieu et place de l’internationalisme il y a désormais le mondialisme du marché coextensif à la planète entière, où se meuvent les chiffres à deux pattes, prêts à tout pour faire que le coût du travail tende vers zéro. Voilà l’horizon indépassable que les économistes néo-libéraux nous ont organisé. »
Lire : https://www.marianne.net/debattons/billets/chronique-intempestive-mondialisme-ou-internationalisme

L’initiative #SoignonsEnsemble

Reçu de Julien Vernaudon et Frédérick Stambach :  « Notre tribune n’ayant pas été acceptée par le Monde et sans réponse de Libération, une diffusion par RESPUBLICA serait-elle possible ? Cela serait un véritable atout pour faire avancer nos propositions.
https://www.change.org/p/assembl%C3%A9e-nationale-pouvoir-sanitaire-aux-soignants-et-aux-usagers-appel-aux-citoyens-confin%C3%A9s?recruiter=1083075421&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm
_campaign=share_petition
et un hashtag de diffusion : #SoignonsEnsemble.

Merci pour votre diffusion et votre signature. »

« Penser la pandémie » 1 – Politique des sciences : à regarder sur YouTube

L’analyse politique de la pandémie de Covid-19 et du confinement, d’un point de vue global et national, s’articule autour de deux grandes questions. D’une part, de nombreuses personnes s’interrogent sur le degré d’impréparation institutionnelle et d’amateurisme politique du gouvernement, qui ne semble avoir pris que très tard la mesure du choc qui arrivait. Que savait-on ? Qu’aurait-on pu faire ? Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Y a-t-il des problèmes spécifiques à la France dans cette gestion de crise, et lesquels ?
Mais très vite se pose une deuxième question, encore plus lourde politiquement : celle du virus comme révélateur de défaillances structurelles dans le système scientifique, sanitaire, administratif et industriel français. Que nous dit ce moment paroxystique sur la crise latente de notre organisation sociale et politique ?
Pour tenter de répondre à ces questions, il est nécessaire de croiser une perspective scientifique, particulièrement médicale et épidémiologique, avec une réflexion politique, en tenant compte de deux niveaux de temporalité : l’enchaînement chronologique des événements depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019, ainsi qu’une temporalité de long terme, soucieuse des évolutions structurelles en France et dans l’OCDE. C’est à cette tâche que s’est attelé un groupe de scientifiques issus du collectif RogueESR, qui milite pour la reconstruction d’un service public de la science à la fois fort, libre et engagé au service de l’intérêt général.

La vidéo qui suit, d’une quinzaine de minutes, porte sur l’épidémie et les réactions institutionnelles en amont du confinement ; deux autres volets, plus brefs, viendront dans les jours à venir, sur les enjeux sanitaires, sociaux et politiques du déconfinement.

P-Y M

https://www.youtube.com/watch?v=iVH9GJzkxGs&feature=emb_logo

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« Le Temps des ouvriers » : une série documentaire Arte à ne pas manquer !

par Rachel Haller

 

Disponible gratuitement sur le site d’Arte ainsi que sur la plateforme Youtube (pour ceux qui auraient un débit plus limité) jusqu’à la fin du mois de juin, le documentaire « Le temps des ouvriers » réalisé par Stan Neumann est un très bel outil d’éducation populaire sur l’histoire ouvrière.


La série est organisée chronologiquement et comporte quatre volets, d’une durée d’une heure chacun environ : « le temps de l’usine (1700-1820) », « le temps des barricades 1820-1890 », « le temps à la chaîne (1880-1935) » et « le temps de la destruction (1936 à nos jours) ». La réalisation impeccable alterne entretiens avec des historiens, des ouvriers ou des philosophes et animations explicatives qui permettent de mieux comprendre certains concepts ou évolutions économiques, le tout avec une voix off confiée à Bernard Lavilliers. Le documentaire permet aussi de découvrir de nombreux documents d’archives très précieux (photographies, journaux ouvriers, cahiers revendicatifs) qui donnent corps à ces travailleurs qui bien souvent n’ont guère pu laisser de trace et qui permettent au spectateur de se rapprocher des protagonistes de l’histoire.
En effet, un aspect très émouvant de la série est sa dimension humaine : elle intègre le vécu et le ressenti des ouvriers, en particulier la question du temps que l’usine confisque à ces ouvriers, mais aussi des anecdotes amusantes qui constituaient le quotidien de ces hommes et femmes. Dans le même esprit, le film est rythmé par plusieurs chansons ouvrières en référence à des événements historiques, certaines forcément moins connues puisqu’en langues étrangères. Le documentaire, réalisé sous les conseils de Xavier Vigna (historien français auteur d’une somme sur les ouvriers français), s’efforce en effet de proposer une histoire ouvrière d’un point de vue européen. Il revient ainsi dans le premier épisode sur la naissance de la condition ouvrière avec l’apparition des fabriques (factories) en Angleterre et le phénomène d’enclosure qui a poussé les paysans hors des campagnes vers les usines et la révolte luddite qui s’en suivit.
Le documentaire passe ensuite par les passages obligés (la Commune, le taylorisme, la grève de 1936, la Guerre civile espagnole, Solidarnosc), mais fait aussi des détours, comme par exemple en Italie où les ouvriers donnaient des prénoms hors du calendrier chrétien (comme Communardo) pour affirmer une certaine liberté. Autre pratique ouvrière moins connue mise en lumière par le deuxième volet, la « perruque », qui est un objet réalisé par l’ouvrier pour son propre profit, présentée par Robert Kosman (ancien ouvrier de Renault et syndicaliste).
Bref, que l’on soit friand d’histoire ouvrière ou complètement néophyte, ce documentaire est une très belle synthèse qui mérite absolument d’être vue !

International
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« Face à l’inconnu… La pandémie et le système-monde » (et Cuba, et le Venezuela..) 

par Venezuela Infos

 

Source : https://wp.me/p2ahp2-5hi

Ignacio Ramonet vient de rédiger une dense étude de 26 pages sur la pandémie du Covid-19, où il démonte notamment l’idée qu’elle aurait pris l’humanité par surprise, et en particulier les grandes puissances. De nombreuses études et rapports de services de renseignement l’annonçaient : « La plus importante, peut-être, de ces analyses a été présentée en novembre 2008 par le National Intelligence Council (NIC), le bureau d’anticipation géopolitique de la CIA, qui a publié pour la Maison Blanche un rapport intitulé Global Trends 2025 : A Transformed World », précise Ramonet. « Ce document confidentiel comprenait des recherches d’environ 2 500 experts indépendants d’universités de 35 pays d’Europe, de Chine, d’Inde, d’Afrique, d’Amérique Latine et du monde arabo-musulman.»

 

« Avec un sens inhabituel de l’anticipation, il annonçait avant 2025 l’apparition d’une nouvelle maladie respiratoire humaine, hautement transmissible et virulente pour laquelle il n’existe pas de contre-mesures adéquates, et qui pourrait devenir une pandémie globale » souligne-t-il. Ramonet explique qu’un rapport plus récent, réalisé par le Pentagone en 2017 (alors que Trump occupait déjà la Maison Blanche), a confirmé que l’alerte de « la menace la plus probable et significative pour les citoyens étasuniens est une nouvelle maladie respiratoire ». Ramonet rappelle également des avertissements de l’Organisation Mondiale de la Santé et de plusieurs scientifiques.

L’étude fait un tour d’horizon de toutes les conséquences avérées ou possibles de la pandémie sur les plans social, technologique, économique et politique, tel l’avènement du capitalisme numérique : « La quarantaine mondiale menace, sur toute la planète, la survie économique d’innombrables entreprises de divertissement, de culture et de loisirs (théâtres, musées, librairies, cinémas, stades, salles de concert, etc.) D’autre part, les mastodontes numériques tels que Google, Amazon, Facebook ou Netflix, qui dominaient déjà le marché, connaissent un grand moment de triomphe commercial. L’injection massive d’argent et, surtout, de macro-données qu’ils reçoivent leur permettra de développer de manière exponentielle leur maîtrise de l’intelligence algorithmique. Pour dominer encore plus, à l’échelle mondiale, la sphère de la communication numérique. Ces gigantesques plates-formes technologiques sont les gagnants absolus, en termes économiques, de ce moment tragique de l’histoire. Cela confirme que, dans le capitalisme, après l’ère du charbon et de l’acier, l’ère des chemins de fer et de l’électricité, et l’ère du pétrole, le temps est venu pour les données, la nouvelle matière première dominante de l’ère post-pandémique.»

Sur le plan médical, l’auteur souligne l’importance de la solidarité de Cuba avec d’autres pays dans la bataille contre le Covid-19, malgré les dommages causés par le blocus des États-Unis. « L’île a été la première à venir en aide à la Chine quand la pandémie a éclaté. Depuis lors, les autorités cubaines n’ont cessé d’envoyer des brigades de médecins et de personnel sanitaire pour combattre le Covid-19 dans une vingtaine de pays, répondant aux demandes angoissées de leurs gouvernements (..) Le monde est en train de découvrir ce que les principaux médias dominants internationaux ont essayé de cacher jusqu’à présent : Cuba est une superpuissance médicale.»

Le journaliste et spécialiste de la communication évoque également l’importance du modèle vénézuélien : « De nombreux experts considèrent que l’Islande et la Nouvelle-Zélande, ainsi que la Corée du Sud, sont les nations qui ont le mieux fait face à la pandémie. Mais il faut ajouter le cas du Venezuela. Bien que les médias internationaux dominants refusent de l’admettre, le président Nicolas Maduro a été, en Amérique du Sud, le leader qui a le plus rapidement compris comment agir de manière drastique contre l’agent pathogène. Grâce à la batterie de mesures (confinement, fermeture des frontières, fouilles volontaires de maison en maison, hospitalisation de toutes les personnes positives) décidées par son gouvernement – et malgré le blocus économique, financier et commercial illégal imposé par les États-Unis, et les menaces militaires –, le Venezuela a pu éviter les erreurs commises en Italie, en Espagne ou aux États-Unis et sauver des centaines de vies. La ″méthode du Venezuela″ s’est avérée être l’une des plus efficaces au monde. L’OMS a reconnu que le nombre de personnes infectées au Venezuela est plus faible en Amérique latine qu’au Brésil, au Chili, en Équateur, au Pérou, au Mexique, au Panama, en République dominicaine, en Colombie, en Argentine, au Costa Rica, en Uruguay, au Honduras et en Bolivie. »

Note de Venezuelainfos: depuis le début de la pandémie jusqu’au 29 avril 2020, le Venezuela a limité à 331 le nombre de personnes infectées. Sur ce total on ne compte que 10 décès, soit un taux de 0,3 par million d’habitant(e)s. 142 patient(e)s sont guéri(e)s (soit un taux de guérison de 42,9 %). 89 continuent à recevoir des soins dans les hôpitaux, 66 dans les Centres de Diagnostic Intégral (CDI), et 24 dans les cliniques. Pour consulter les chiffres du Covid-19 au Venezuela et dans le monde, l’OMS a mis en ligne une carte en temps réel: https://covid19.who.int/

Photo : Des milliers de vénézuélien(ne)s rentrent chez eux, fuyant le Covid-19 qui explose en Colombie, au Pérou, au Brésil et en Équateur. Malgré les attaques contre sa monnaie, la guerre des prix menée par le secteur privé, la chute des cours du pétrole et le blocus maritime des Etats-Unis, le gouvernement bolivarien s’efforce de maintenir une assistance sociale de base. Pour ces citoyen(ne)s arrivant à la frontière, le protocole de sécurité vénézuélien prévoit une assistance médicale totalement gratuite, des tests obligatoires et un confinement de 15 jours avant de se rendre dans leur État. Des refuges de confinement et des autobus publics ont été mis en place pour transporter ensuite, gratuitement, les personnes concernées chez elles. (Note de Venezuelainfos)

Sources: Prensa Latina et traduction FR de l’étude par Jean-Claude Romettino.

Courrier des lecteurs
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Suites « Organisation territoriale et décentralisation »

Réactions et réponse

par ReSPUBLICA

 

Après la publication de l’article « Organisation territoriale et décentralisation » de Philippe Duffau dans notre précédent numéro, nous avons reçu d’Hugues Clepkens (nousappelons@orange.fr) la contribution suivante :

L’actuelle pandémie n’est certes pas encore la plus meurtrière de l’histoire. Bien d’autres l’ont hélas précédée : peste, choléra, grippe espagnole… mais elle constitue un épisode lourd de sens dans la longue série des catastrophes récentes : deux guerres mondiales, plusieurs crises économiques, accidents écologiques de plus en plus nombreux et violents.
Elle représente surtout la manifestation de l’impuissance des institutions à prévoir puis à protéger toute la population de la planète ; ce qui fonde pourtant la légitimité de tout pouvoir public.
Les instances mondiales, régionales ou locales n’ont pas eu la capacité de faire prévaloir, à temps, l’intérêt général, ce qui aurait permis sinon d’éviter, tout du moins de fournir les moyens de lutte adaptés, apportant la preuve évidente que la suprématie de l’intérêt privé est sans issue.
Nous appelons tous et chacun à agir pour que d’autres catastrophes de grande ampleur soient combattues à temps car il est de l’intérêt de tous de protéger leur bien commun : la Terre ; la protection de l’environnement ne consiste pas à sauvegarder la planète comme une pièce de musée intouchable, mais à permettre aux générations humaines futures d’y vivre en harmonie dans la nature ; l’Homme en étant l’un des éléments.
La concentration du bénéfice de la production des richesses entre les mains de quelques uns ne permet pas de répondre à cet enjeu primordial : pour survivre, l’humanité a besoin d’institutions pour régler son activité, dont la légitimité démocratique et l’autorité s’imposent à tous ; l’accumulation de richesses au bénéfice d’un petit nombre au détriment de l’ensemble du reste des Hommes doit donc être déclarée illégitime.
Le temps est venu de poser en principe général la prééminence de l’intérêt public exprimé et défendu par les représentants légitimes des Hommes. Seul doit échapper à la suprématie de tout pouvoir, qu’il soit public ou privé, ce qui ressortit aux choix philosophiques de chaque individu et de ses droits propres, dans la limite de ceux d’autrui.
Pour que l’intérêt public et la liberté individuelle soient ainsi garantis, encore faudrait-il que les institutions chargées de le satisfaire et de la protéger, soient adaptées en conséquence. Aussi…
Nous appelons à la rénovation de quatre niveaux d’exercice de la puissance publique consentie démocratiquement qui doivent servir de cadre à l’activité de tous, collectivités publiques ou privées comme individus :
– mondial, pour tout ce qui ne peut être conçu qu’à ce niveau et imposé aux Hommes par eux-mêmes
– « régional » au sens de zones de la planète au sein desquelles la culture des peuples qui y vivent amènent ceux-ci à partager un projet commun
– national
– local
Dans la zone « Europe » ainsi définie, les institutions politiques doivent exclusivement reposer sur le consentement des peuples et fonctionner selon trois niveaux d’intégration, en forme de cocarde :
– un niveau central, dans lequel s’associent les pays européens déterminés à avancer vers plus d’intégration confédérale, puis fédérale.
– une première couronne, au sein de laquelle sont réunis les pays de culture européenne qui souhaitent participer au projet européen sans y abandonner leur autonomie.
– une deuxième couronne conçue pour associer des pays situés en périphérie de l’Europe et qui veulent partager un certain nombre de valeurs et de projets communs avec ceux des deux niveaux précédents, tout en appartenant à une autre zone « régionale » que l’européenne.
À l’intérieur du territoire national français, une organisation simplifiée et clarifiée doit être substituée à la confusion actuelle, qui reposera sur le principe de subsidiarité et composera une structure à trois niveaux de collectivités publiques; ces collectivités locales « nouvelles » étant libres de s’associer pour la satisfaction des besoins qui l’imposerait :
– l’État, chargé des compétences reconnues comme d’intérêt national ;
– une quarantaine de départements « nouveaux », remplaçant les régions actuelles et intégrant les départements existants ;
– des communes « nouvelles », dont la taille et l’organisation correspondent au vécu des citoyens du XXIème siècle et non pas à celui de leurs ancêtres d’il y a plus de deux cents ans.
******
Les principes et les idées destinées à assurer le bien-être de l’Homme et la survie de son espèce sont exprimées dans de multiples Déclarations, Chartes, Traités voire Constitutions ; toutefois, les instruments collectifs créés pour les mettre en œuvre ont démontré leur inefficacité dans des circonstances cruciales. L’objectif commun doit être à présent de rassembler et coordonner ces textes mais surtout, de concevoir les institutions démocratiques communes, donc publiques, chargées de les appliquer et de les faire respecter.
Nous appelons à l’engagement de la réforme des institutions internationales et nationales existantes, en vue de l’application et du respect de ces principes et objectifs.
Signataires : Stéphane Béchy (89), Joël Boscher (35), Yves Camier (62), Hugues Clepkens (36), Patrice Girot (95), Nicolas Kada (38), Stéphane Pintre (06), Boris Pétroff (94), Emile Tornatore (06) ; citoyens.
Adresse de courriel : nousappelons@orange.fr

 

Réponse de l’auteur, Philippe Duffau :

Je vous remercie pour cette contribution très intéressante.

L’impuissance des institutions à prévenir et à protéger toute la population que vous pointez du doigts, à juste raison, résulte d’un biais idéologique empêchant d’appréhender la pandémie dans le sens d’une réaction conforme à l’intérêt général. Ce biais idéologique repose sur le dogme du libre-échange sans contraintes notamment sociales et écologiques, de limiter au minimum l’intervention de la puissance publique dans l’économie sauf pour sauver les profits et les dividendes, de la primauté accordée à l’économique sur l’intérêt général humain dont la santé publique…

Dans les faits : priorité accordée à l’économique sur la santé

Cela se vérifie au travers de quelques exemples :

  • Pour des raisons d’austérité budgétaire et donc de respect des 3 %, la liquidation des stocks de masques en 2012 a été programmée d’où la pénurie de cette 1e arme contre le Covid-19, d’où les mensonges « Les masques ne servent à rien, les tests sont inutiles. »,
  • Accorder des passe-droits à Airbus en ne l’obligeant pas à fournir ses masques afin de lui permettre de poursuivre sa production alors que les avions sont cloués au sol,
  • Suspendre très tardivement les visas avec la Chine alors que 25 pays de l’espace Schengen l’avaient fait, sauf la France, pour poursuivre les échanges commerciaux,
  • Au niveau mondial : 10 000 milliards sont versés aux entreprises soit 10 % du PIB mondial et 50 milliards seulement pour la recherche d’un vaccin…

Le gouvernement a constamment agi selon une logique de poursuite des activités économiques d’où les contradictions : « Restez chez vous et allez travailler. »

Pourtant, décréter la mobilisation générale de l’industrie pour fournir les masques, les tests, les blouses, les respirateurs auraient permis à la fois de préserver la santé de la population tout en maintenant un minimum d’activités économiques par l’isolement des seules personnes contaminées.

Principe de subsidiarité

Comme cela est dit dans votre contribution, la question de la subsidiarité doit avoir toute sa place à condition qu’elle soit décidée démocratiquement et non imposée du haut. Selon ce principe, afin d’obtenir un résultat optimum, les décisions devraient prises au niveau mondial (avec une ONU démocratique ?), au niveau régional (Europe mais pas celle de Maastricht), national et local. Toute décision devrait faire l’objet d’une élaboration démocratique montante.

Nécessité de sortir du libéralisme économique

N’oublions pas le poids de la finance spéculative, des multinationales qui biaise tout pour préserver avant tout leurs intérêts contre l’intérêt général humain : privatiser les profits et socialiser le reste.

Environnement

Enfin, je partage votre avis sur l’environnement. La préservation des grands équilibres planétaires ne doit pas se faire contre l’humain. Elle doit viser à préserver un environnement dans lequel les humains peuvent vivre en harmonie.

Rappelons une pensée de Karl Marx : il considérait la nature comme étant le corps non organique de l’homme et, à ce titre, estimait que « L’être humain vit de la nature : la nature est son corps avec lequel il doit maintenir un processus constant pour ne pas mourir. »

 

Commentaire de Respublica pour que le débat se poursuive :

La rédaction trouve la contribution très intéressante, mais elle se demande néanmoins comment aboutir à l’organisation décrite ci-dessus par les défenseurs du projet. Nous voudrions en savoir plus sur la manière d’arriver à un tel schéma, en effet de nombreux obstacles législatifs s’y opposent pour l’instant. Comment y parvenir alors que cela nécessite de changer la Constitution et diverses lois et donc d’être majoritaire politiquement ?



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