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Rendez-vous pour la célébration des communes insurrectionnelles !

Des avancées inachevées au projet pour aujourd’hui

par ReSPUBLICA

 

Le travail de transformation engagé par la Commune de Paris fut gigantesque. Tant de choses en si peu de temps Rappelons les textes publiés dans ReSPUBLICA pour les 150 ans de la Commune :

Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée
Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée. Seconde partie – Action culturelle et éducation politique des masses (dans ce numéro)
Les combats inachevés des Communardes
Printemps 1871, la floraison des Communes dans toute la France… et au-delà même de l’Hexagone !

Le travail des Communards s’est inscrit dans une visée radicalement émancipatrice : il s’agit de libérer l’être humain de toutes ses chaînes. La vision est également fondamentalement anticipatrice. Nombreuses sont les mesures qui seront immédiatement ajournées. Mais presque aussi nombreuses sont celles qui triompheront progressivement à mesure que les idées d’une République démocratique, sociale et laïque s’imposent. D’autres resteront à l’état de projet inabouti, sans oublier que des avancées que l’on aurait pu croire définitives peuvent, à l’occasion de soubresauts politiques ou de la victoire de majorités dotées de programmes réactionnaires, être puissamment remises en cause, en France ou ailleurs.

Or l’actualité récente fourmille d’exemples attestant que l’ambition initiale de la Commune de Paris reste plus que jamais un projet rassembleur « d’ici et de maintenant ». Les mobilisations des « indignés » de tous les pays montre si besoin était l’urgence de la réalisation de la République sociale. C’est cela le message transmis par les Communards. Célébrons-les pour leur 150e anniversaire et tentons de nous situer à la hauteur des enjeux !

A prolonger par une soirée « Laïcité et République sociale »…

Suite à la visioconférence du 6 février dernier et aux prises de position dans ce journal mais aussi dans d’autres médias (dans Marianne et deux fois dans le journal Le Monde), suite en particulier à notre soutien aux chercheurs Beaud et Noiriel contre l’attaque en meute de la gauche identitaire, nous vous convions à une nouvelle rencontre le mercredi 31 mars de 18 h 30 à 21 h. Ordre du jour provisoire :

  • 150e anniversaire de la Commune : quels enseignements pouvons-nous en tirer aujourd’hui pour notre combat ? débat introduit par Philippe D.
  • Point sur les débats parlementaires sur la loi « confortant les principes de la République », débat introduit par Arnaud de M.
  • Comment sortir des pensées magiques ou religieuses et de la confusion généralisée dans laquelle nous sommes, débat introduit par Jean-Claude B.

C’est une soirée sur inscription. Pour recevoir le lien de visionnage, on peut s’inscrire sur : Journal Respublicaevariste@gaucherepublicaine.org  – Réseau Éducation populaire: reseaueducationpopulaire@gmail.com – Combat laïque-Combat social, fédérer le peuple : combatlaiquecombatsocial@gmail.com 

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Les Communes de Paris : l’émancipation anticipée

Seconde partie - Action culturelle et éducation politique des masses

par Évariste

 

Suite de l’article du numéro précédent.

Action culturelle

Une politique culturelle dynamique est promue. Dans l’esprit des Communards, les théâtres doivent être considérés comme de grands établissements d’instruction. Ils doivent appartenir à des fédérations d’artistes. Le peintre Gustave Courbet est élu président de la Fédération des artistes de Paris. Dès le 25 mars, par une note insérée à l’Officiel, le comité central signalait au public qu’il avait fait occuper tant le Louvre que les Tuileries « dans le but de mettre à l’abri et de faire respecter des chefs-d’œuvre et les objets précieux qui le contiennent ». Le même numéro de l’officiel annonce que les Tuileries, fermées depuis le 4 septembre par le gouvernement, seront ouvertes au public ainsi que les musées. Mais c’est seulement le 15 avril que le Louvre fut effectivement rouvert aux artistes et aux gens du peuple. Deux jours après, tous les jardins, parcs et autres lieux publics de promenade fermés jusque-là pour cause de dureté militaire furent aussi mis à la disposition de tous.

L’Académie des sciences continua de se réunir à partir du 17 avril. Des savants comme Chevreuil et Milnes-Edward purent s’y livrer en toute quiétude à des controverses du plus haut intérêt. Stanislas Meunier y donna lecture de son intéressant mémoire sur le métamorphisme des météorites.
Molié plaça le Muséum d’histoire naturelle « sous la sauvegarde des citoyens ». Il fit appel au public pour « prêter aide aux gardiens » et au besoin agir afin de « garantir les intérêts généraux » de l’établissement.

Au Collège de France, les cours d’arabe reprirent le 15 avril à raison de deux par semaine. L’École des beaux-arts fonctionnait et/ou ne manqua pas de prévenir les élèves que le concours pour les grands prix de Rome aurait lieu en 1871 comme les années précédentes.

Émile Perrin directeur de l’Opéra, n’ayant rien fait pour parer aux difficultés de la situation et ayant accumulé des obstacles afin d’empêcher une représentation nationale au profit des victimes de la lutté des artistes musiciens, fut révoqué par le délégué à l’intérieur Cournet, à la date du 9 mai. En même temps, Cournet, considérant que malgré la crise, l’art et les artistes ne devaient pas « rester en souffrance », nomma Eugène Garnier directeur de l’Opéra à titre provisoire et institua une commission composée de A. Regnard, Lefebvre Roncier, R. Pugnot, Edmond Levraud, Seimer et lui-même afin de « veiller aux intérêts de l’art musical ». Le nouveau directeur fut présenté au personnel de l’Opéra par deux délégués de la Commune le 12 mai, jour des bombardements violents sur Asnières, Clichy et Neuilly et des attaques sur Vanves. On y prononça une allocution : à cette occasion, Garnier suscita une représentation du personnel à raison d’un délégué par catégorie et lança l’idée d’une association des artistes de l’Opéra analogue à la société du Théâtre français.

Du côté du Conservatoire de musique, on semble avoir été moins pressés d’agir. C’est seulement le 15 mai, beaucoup trop tard, que la délégation à l’enseignement songea à réformer cet établissement.

Réorganisation et protection des bibliothèques publiques

C’est surtout du côté des grandes bibliothèques publiques que se remarque l’effort de la Commune.

Le 1er avril, le comité de l’intérieur et de la sûreté générale, désirant prouver qu’il entendait « conserver soigneusement aux générations futures tout ce qui se rapporte à la gloire et à la science du passé », délégua à la Bibliothèque nationale « avec pleins pouvoirs » le citoyen Jules Vincent. En réalité, il faut voir là une mesure politique au premier chef. La Commune prenait ses précautions : presque tous les conservateurs et bibliothécaires de la rue de Richelieu, les Delisle, les Dauban et autres, étaient connus comme de fieffés réactionnaires. La Commune craignait que la Bibliothèque nationale ne devînt un foyer contre-révolutionnaire.

Aussitôt nommé, Vincent réuni le personnel de la BN, il fut décidé, d’un commun accord, que sans porter atteinte aux règlements en vigueur dans l’établissement, des mesures seraient prises pour « sauvegarder l’intégrité et la conservation des collections ». Vincent obtint des fonctionnaires et employés l’engagement « de se renfermer dans les strictes limites de leur rôle » et d’être «fidèle à leurs devoirs professionnels ». Mais cet engagement ne fut pas tenu. Une bonne partie du haut personnel prit du large. Ce fut la gabegie. Tenu pour responsable, Vincent fut relevé de ses fonctions par arrêté de Vaillant en date du 27 avril sur la proposition même de Cournet. La délégation de l’enseignement, à l’encontre de Vincent, était décidée à une « réorganisation radicale de la BN ». Elle fit désigner Elie Reclus comme directeur avec, comme adjoint, le citoyen Guizard. Le 11 mai, Vaillant révoqua d’un seul coup 25 fonctionnaires qui avaient déserté leur poste, parmi lesquels « le sieur Léopold Delisle », chef du département des manuscrits. À l’Officiel du 12 mai parut une nouvelle fournée de 28 bibliothécaires, conservateurs ou attachés, relevés de leurs fonctions.

La bibliothèque Mazarine avait été forcée de fermer par suite de la pénurie de personnel. Elle fut rouverte le 8 mai sous la direction de B. Gastineau et les fuyards De Sacy, Philarète Chasles, Jules Sandeau, Moreau, Darembert, Cocheris et Lauredent-Larcher en furent déclarés démissionnaires.

Benjamin Gastineau fut nommé aussi inspecteur des bibliothèques communales. Par arrêté du 12 mai il mit un terme au pillage des bibliothèques publiques par les privilégiés. Il dénonça devant l’opinion ceux qui n’avait pas craint de se tailler une bibliothèque dans les fonds publics  « en empruntant les livres qu’ils rendraient rarement et en privant ainsi les travailleurs des ouvrages les plus nécessaires les plus précieux ». Gastineau supprima d’une façon absolue le prêt de livres à domicile et ordonna à tous ceux qui avaient ainsi emprunté des ouvrages de les rendre dans les huit jours.

La fédération artistique des arts plastiques

Il y eut à la Commune, parmi les artistes, un mouvement original à base fédéraliste.

Le mouvement des peintres, sculpteurs, graveurs, artistes industriels fut de beaucoup le plus remarquable. Il n’y avait qu’un signe à faire pour rassembler tous les « bohèmes » du Quartier Latin, tous les artistes qui s’étaient plus ou moins mêlés à l’opposition au Second Empire et aux manifestations estudiantines, aux groupements secrets blanquistes et aux sociétés de Libre Pensée. Autorisé par la commune, Gustave Courbet, dans un appel fameux et vibrant que l’Officiel se fit un devoir de reproduire, invita ses confrères à se réunir. Le grand peintre révolutionnaire, ami de Vallès, de Vermorel de P. Denis, disait entre autres :

Aujourd’hui, j’en appelle aux artistes ; j’en appelle à leur intelligence, à leurs sentiments, à leur reconnaissance. Paris les a nourris comme une mère et leur a donné leur génie. Les artistes, à sept heures, doivent partout leurs efforts (c’est une dette d’honneur) concourir à la reconstitution de son état moral et au rétablissement des arts qui sont sa fortune…
La revanche est prise, le génie aura son essor ; car les vrais prussiens n’étaient pas ceux qui nous attaquaient d’abord…
Ah ! Paris, Paris, la grande ville, vient de secouer la poussière de toute féodalité. Les prussiens les plus cruels, les exploiteurs du pauvre, étaient à Versailles. Sa révolution est d’autant plus équitable qu’elle part du peuple. Ses apôtres sont ouvriers, son Christ a été Proudhon. Depuis 1 800 ans, les hommes de cœur mouraient en soupirant, mais le peuple héroïque de Paris vaincra les mystagogues et les tourmenteurs de Versailles. L’homme se gouvernera lui-même, la fédération sera comprise et Paris aura la plus grande part de gloire que jamais l’histoire ait enregistrée… »

Une commission provisoire élabora tout d’abord un programme destiné à être soumise à une assemblée générale des artistes. Cette assemblée se tint le 13 avril dans le grand amphithéâtre de l’École de Médecine. Elle était placée, comme l’écrivit emphatiquement Courbet, « sous le protectorat de la Commune ». Ce fut un succès. La salle était pleine et tous les arts plastiques y étaient largement représentés. On comptait plus de 400 personnes, parmi lesquelles Feyen, Perrin et Héreau comme peintres, Moulin et Delaplanche comme sculpteurs, Bertall comme caricaturiste, Michelin pour la gravure. Il y avait beaucoup d’architectes et d’ornemanistes. Courbet – qui devait être élu membre de la Commune quelques jours plus tard – présidait, assisté de Moulins et d’Eugène Pottier. La présence du futur auteur de l’Internationale dans cette assemblée peut paraître étrange, mais il faut savoir que Pottier était un dessinateur industriel de talent, très apprécié, qui avait fondé avant la guerre la chambre syndicale de sa profession, et l’avait fait adhérer en bloc à l’Internationale. C’est au titre de dessinateur que Pottier donna lecture à l’assemblée du rapport rédigé par lui au nom de la commission préparatoire.

Un homme comme Delion  qui attribue gratuitement à Pottier la marotte de vouloir être « législateur des arts » et qui entrevoit la barbarie comme résultante du socialisme, qualifie ce rapport de « simple, clair, ingénieux ». Marquet de Vasselot, peu tendre en général pour les Communards, se demande de son côté si le rapport de Pottier n’est pas « l’idéal du rapport rêvé par les artistes ». Ces appréciations flatteuses ont d’autant plus de valeur qu’elles sont postérieures à la Commune. En les lisant on comprend pourquoi l’Officiel de la Commune tint à insérer en entier le rapport de Pottier en spécifiant que ce « document, très intéressant, contenait  des considérations vraiment élevées sur les besoins et les destinées de l’art contemporain ».

Que demandait Pottier ? Le ralliement de tous les artistes adhérant aux principes de la révolution communaliste dans une vaste fédération prenant pour plate-forme :

La libre expansion de l’art, dégagée de toute tutelle gouvernementale et de tout privilège ;
L’égalité des droits entre tous les membres de la fédération.
L’indépendance et la dignité de chaque artiste mise sous le la sauvegarde de tous par la création d’un comité élu au suffrage universel des artistes. »

Ce comité comprenait 47 membres élus pour un an au scrutin de liste et au vote secret par tous les citoyens, justifiant de la qualité d’artiste. Sur ces 47 membres, chaque spécialité se trouvait représentée. Il y avait 16 peintres, des sculpteurs, 5 architectes, 11 graveurs lithographes, des membres de l’art décoratif. La durée du mandat était d’un an, mais afin de laisser un élément de stabilité dans le comité, 15 membres choisis par le comité lui-même restaient deux ans en fonction. Pottier, emporté par l’enthousiasme, qualifiait ce comité de « gouvernement du monde des arts par les artistes ». Il faut dire qu’il lui assignait une triple vaste mission : 1- la conservation des trésors du passé ; 2- la mise en œuvre et en lumière de tous les éléments du présent ; 3- la régénération de l’avenir par l’enseignement.

Tous les monuments, galeries, collections et musées publics étaient placés sous la surveillance administrative du comité qui se chargeait d’en dresser les plans, inventaires, catalogues, de les mettre à la disposition du public, d’en signaler les réparations urgentes, d’en nommer ou révoquer les fonctionnaires. Le comité se proposait d’organiser des expositions nationales et internationales, n’admettant que des œuvres représentant des créations originales, repoussant toute exhibition mercantile « tendant à substituer le nom de l’éditeur ou du fabricant à celui du véritable créateur ». Il n’était pas prévu de récompense, mais la Commune devait répartir ses travaux ordinaires entre les artistes désignés par le suffrage universel des exposants. Les travaux extraordinaires étaient attribués à la suite d’un concours.

Le comité entendait surveiller l’enseignement du dessin et du modelage dans les écoles primaires et professionnelles communales. Il désirait favoriser l’introduction des « méthodes attrayantes » et désigner les sujets d’élite dont les études seraient complétées aux frais de la Commune. Enfin était envisagé la création d’un organe de la fédération : l’Officiel des arts, qui devait être soigneusement expurgé de toute trace mercantile. Pour résoudre les questions litigieuses, des arbitres étaient prévus et le comité s’engageait « par la reproduction populaire des chefs-d’œuvre », par l’image, par l’affiche, à concourir à la « régénération », à « l’inauguration du luxe communal », aux « splendeurs de l’avenir et à la république universelle ». C’était là un vaste et ambitieux programme dépassant évidemment de loin les possibilités de réalisation de la Commune.

Les élections à la commission fédérale eurent lieu au Louvre le 17 avril. La liste présentée par la Sociale, journal d’André Léo, passa tout entière. Gustave Courbet, le grand sculpteur Dalou et Boileau fils composèrent le bureau de la commission qui siégea désormais à « l’ex ministère des Beaux-Arts », rue de Rivoli. Elle collabora avec Vaillant, s’occupant entre autres de la réorganisation du musée du Louvre, proposant la suppression de l’emploi d’architectes au musée de Luxembourg comme inutile, faisant nommer André Gill, Glück et Chapuis comme conservateurs de ce même musée, prenant des dispositions pour l’orientation artistique de l’enseignement primaire…

La fédération artistique (art lyrique et dramatique)

Parallèlement au mouvement des artistes de l’art plastique se développa un mouvement des artistes de l’art lyrique et dramatique.

Une première réunion tenue à l’Alcazar, Faubourg-Poissonnière, le 10 avril, jeta les bases d’une fédération artistique, étant donné, dit le procès-verbal plutôt confus, « qu’au nom de la démocratie et de la fraternité il est bien d’appeler sous le même drapeau les membres d’une même famille ayant les mêmes goûts, les mêmes aspirations et liées en quelque sorte par des relations quotidiennes ». Cette première réunion nomma une commission exécutive provisoire composée des citoyens Paul Burani, auteur dramatique, président, Antonin Louis, secrétaire, Nicole et Fernand, assesseurs. Il est curieux de noter que le secrétaire de la fédération naissante deviendra plus tard le chansonnier de la réaction boulangiste, puis de la réaction nationaliste et en antidreyfusarde. Ce ne fut du reste qu’un secrétaire éphémère, puisque quelques jours plus tard les communications du groupement indiquent comme secrétaire Paul Burani. Il semble bien qu’il y eut des dissentiments entre les membres de la commission exécutive provisoire touchant l’orientation de la fédération. C’est du moins ce qui ressort non pas seulement du changement de bureau, mais d’une note de Burani annonçant que ses camarades s’étaient réunis le 16 avril sous la présidence du citoyen Pacra pour procéder à la « nomination des cadres » de la fédération et pour convoquer une nouvelle assemblée en vue de nommer une commission chargée d’élaborer les statuts d’une « fédération purement sociale ».

L’assemblée du 18 aboutit tout au moins à une résolution d’ordre pratique. Elle demanda à la Commune la libre disposition des salles de spectacles non occupées appartenant à la ville pour organiser des représentations au bénéfice des veuves, blessés, orphelins et nécessiteux de la garde nationale. Elle apportait le concours gratuit de ses membres et laissait à une commission que choisirait la Commune le soin de centraliser les recettes afin d’en répartir le produit entre les victimes des vingt arrondissements.

A la date du 22 avril, la Commune fit droit à la demande de la fédération artistique. Alors, le comité d’organisation des représentations de bienfaisance se mit à l’œuvre. Il précisa dans un communiqué quelles étaient ses vues et, pour inaugurer la série des représentations, il prépara une « grande solennité musicale et dramatique » pour le 7 mai, dans la vaste salle du Châtelet. Son effort ne s’arrêta pas là ; mais il est difficile de démêler, parmi les concerts et représentations dramatiques de bienfaisance donnés sous le patronage de la Commune, ce qui revient en propre à la fédération artistique de ce qui doit être attribué à d’autres initiatives.

Ce mouvement des artistes lyriques et dramatiques, quoique s’étayant sur une base moins solide que le mouvement des arts plastiques, méritait pourtant d’être signalé.

Efforts visant à l’éducation politique des masses

Dans le domaine de l’éducation politique des masses populaires, on note un effort systématique de la Commune afin d’éclairer la province. Cet effort, qui échut à la délégation aux relations extérieures, ne fut entrepris que fin avril, Pascal Grousset n’ayant pas compris à temps que la délégation devait être surtout un comité de propagande. Des émissaires furent envoyés dans les départements. Un manifeste aux paysans rédigés par André Léo, la future compagne de Benoît Malon, fut répandue en province à plus de 100 000 exemplaires.

Pour rehausser le niveau politique des travailleurs de Paris, on ne peut pas dire qu’il y eut un effort conscient et méthodique de la Commune. Ce qui a été fait dans ce sens par les clubs et les journaux doit être porté au compte de l’initiative individuelle ou collective. Toutefois en raison de son origine, de son caractère, des nécessités de la lutte révolutionnaire, la Commune prit un certain nombre de mesures d’ordre politique et social qui, porté à la connaissance des masses, ne furent pas sans influer sur leur mentalité. La Commune contribua ainsi, sous une forme démonstrative, indirectement, à l’éducation de la classe ouvrière.

Elle y contribua encore sous une forme plus directe par des appels et proclamations. Mais c’est surtout en profitant des grands événements, en utilisant ou en provoquant de puissantes manifestations de masse qu’elle donna au peuple de Paris la conscience de sa force et l’élan nécessaire au combat contre Versailles. A ce sujet, on peut dire que la Commune continua dignement la tradition révolutionnaire française.

Ce serait assurément sortir du cadre de cette étude que d’insister sur les grandes fêtes civiques de la Commune, mais il convient de les évoquer.

Le dimanche 28 mars, 200 000 Parisiens assistèrent à la proclamation solennelle du gouvernement issu de l’insurrection. Ce fut une journée d’enthousiasme débordant. « Jamais depuis la fédération de 1790, prétend Lissagaray, les entrailles de Paris ne furent aussi fortement secouées, »

Le 6 avril eurent lieu dans les grandes artères, pour l’édification de tout un peuple, les funérailles grandioses des premières victimes des versaillais. Benoît Malon estime qu’à la Bastille la foule recueillie s’élevait bien à 200 000 personnes.

Le 29 avril, le défilé imposant et solennel des 10 000 francs-maçons, revêtus de leurs insignes et portant leurs bannières, défilé habilement exploité par la Commune, ne fut pas sans frapper l’imagination populaire.

Enfin le 16 mai, aux applaudissements d’une foule immense, tombait la colonne Vendôme, symbole de la gloire et du carnage militariste.

Conclusion

Telle est dans ses grandes lignes l’œuvre de la Commune sur le plan culturel. Il nous reste à la résumer et à apprécier.

Au point de vue de l’enseignement primaire, Amédée Dunois a fort judicieusement noté : « si peu qu’il leur ait été donné de faire, les communards n’en sont pas moins entrés bien avant la démocratie bourgeoise dans la voie d’une réorganisation complète de l’enseignement du peuple. »

C’est là un fait indéniable : au milieu du tumulte de la poudre, la Commune a trouvé le moyen de fixer la quadruple base de l’enseignement populaire : obligation, gratuité, laïcité, instruction professionnelle. Elle a fait mieux : elle s’est employée à transformer tout de suite ces principes en réalité vivante. Au surplus, Jules Ferry, préfet de la Seine, dans une circulaire aux maires d’arrondissement datée de fin mai 1871, a reconnu formellement l’effort de laïcité de la Commune.

En période calme la démocratie bourgeoise devait mettre dix ans à reconnaître l’obligation et la gratuité de l’enseignement primaire. Elle devait laisser passer 15 ans avant de proclamer la laïcité de l’enseignement. Elle attendit 33 ans pour interdire l’enseignement aux congréganistes de tout ordre et de toute nature, tout au moins sur le papier. Aujourd’hui enfin, un siècle et demi après la Commune, nous sommes à même de juger que rien de sérieux n’a été fait pour associer l’atelier à l’école. Cette simple comparaison en dit assez long sur la « valeur réformatrice » de la démocratie bourgeoise et de la démocratie prolétarienne.

Au point de vue de la culture supérieure et du développement de l’art, l’étude serrée de la Commune détruit les légendes ineptes forgées par les versaillais.

Ces fédérés soi-disant « plus dévastateurs que les Goths, les Vandales et les Huns, plus barbares que les hordes d’Alaric, de Genséric et d’Attila », étaient les dignes citoyens de ce Paris où l’art et le génie ont rassemblé les plus éblouissantes merveilles. Ah ! Sans doute, il est facile de jouer sur les mots en portant au compte de la « barbarie ouvrière » les destructions qui sont le fait de la guerre impitoyable entre Versailles et Paris. Mais, heureusement, le journal officiel versaillais est là pour témoigner en faveur de la Commune. Il reconnaît qu’à part les bibliothèques du Louvre du Palais-Royal, dévorées par l’incendie consécutif à la bataille des rues, toutes les grandes bibliothèques parisiennes, le riche dépôt des archives nationales sont restées intactes. Il reconnaît également que tous les musées ont été respectés par les communaux. Parlant du Louvre il écrit : « nos beaux marbres, nos grandes toiles sont préservées. Nous n’avons rien perdu, absolument rien. » Parlant des autres musées, il dit : « le musée de Cluny étalera encore ses faïences, ses cristaux, ses armures, ses bijoux, ses meubles… Le Luxembourg nous rend intactes les toiles de l’école française contemporaine. Le musée de Sèvres, transporté dans Paris… a miraculeusement échappé aux communaux. Nous avons perdu les Gobelins, avec les magnifiques tapisseries qu’il contenait, mais les tapisseries de la couronne nous restent. »

Non seulement, comme on l’a vu par ailleurs, la Commune, malgré le péril et les difficultés de l’heure, s’occupa des bibliothèques, des musées et de l’enseignement supérieur, mais encouragea un mouvement artistique original qui laissa des traces profondes. On est frappé comme l’a remarqué Marquet de Vasselot de la similitude qui existe entre les statuts de la Société nationale des beaux-arts constitués en 1890 et ceux de la fédération de 1871. Lorsque le sous-secrétaire d’État Turquet, en 1880, créait la Société des artistes français, il adoptait une partie du programme tracé par Pothier, tout en réservant les droits de l’État en ce qui concerne le salon officiel.

Il faut marquer enfin fortement que l’art dramatique et la musique sous toutes ses formes ne cessèrent pas d’exercer leur action pendant la Commune. Dominant le bruit des canons, les musiques de divers bataillons de la garde nationale donnèrent des concerts dans les quartiers ouvriers. La tragédienne Agar « hurla » la Marseillaise, pour employer l’expression gracieuse du Figaro : Fernand Desaulnée fut applaudi dans Soit maudit Bonaparte ! Pièce de sa composition. Les citoyennes Amiati et Bordas continuèrent d’être chaleureusement bissées et le grand Opéra se mit à étudier l’Hymne à la Liberté de Gossec, qui n’avait pas été exécuté depuis 1793.

Crise sanitaire
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« Face à des pouvoirs qui vident le peuple de sa dimension politique il faut la rétablir »

par Roland Gori

 

Roland Gori est psychanalyste, auteur de nombreux essais traitant des rapports entre médecine et société, et critiquant certaines dérives scientistes dans les sciences médicales et humaines. Il est notamment l’un des initiateurs de l’Appel des appels, lancé afin de « résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social ». Il est aujourd’hui président de son association, et a publié le livre Et si l’effondrement avait déjà eu lieu : L’étrange défaite de nos croyance (éditions Les Liens qui Libèrent, 2020).

Interview réalisée par Le Comptoir.

Le Comptoir : Vous avez longtemps traité de la question de l’importance du rapport au patient, du dialogue et des affects mis à mal par un type de modernité asséchante et scientiste. Est-ce que ces mesures autoritaires prises pour lutter contre la covid-19 ne viennent pas justement mettre en place une biopolitique qui renforce la négation du citoyen en tant que sujet – et partant porte atteinte à la démocratie, qui est certes un ordre politique mais aussi quelque chose qui s’ancre dans les mœurs de l’individu ?

Roland Gori : Notre modernité accroît une hégémonie culturelle, celle de la rationalité instrumentale qui tend à exploiter les individus et le vivant comme un stock d’énergie à exploiter à l’infini. D’où les problèmes actuels dont on ne dit pas suffisamment quelle part est la nôtre dans l’émergence des épidémies par nos modes de vie et nos industries qui modifient notre biotope. Nous sommes prisonniers de valeurs et d’un système de pensée qui datent du début des sociétés thermo-industrielles. Ces astres morts continuent à nous éclairer et les normes qu’ils prescrivent contribuent à la catastrophe dans laquelle nous nous trouvons.

Alors, plutôt que de remettre en cause ces normes dont le système de pensée s’effondre, comme je l’ai analysé dans mon dernier essai, les pouvoirs préfèrent gérer la crise sanitaire avec les moyens traditionnels de la biopolitique des populations. Ces pouvoirs y parviennent tant bien que mal grâce aux nouvelles technologies et aux formidables avancées de la recherche scientifique préemptées par les industries de santé. Mais le problème demeure, d’abord parce que cette prise en charge concerne le court-terme et méconnaît que nous sommes actuellement dans ce que l’on appelle une « transition épidémique », c’est-à-dire une transition culturelle qui s’accompagne toujours de l’émergence des épidémies. Ensuite, au lieu de mobiliser les communautés, les peuples, pour lutter contre la pandémie, les pouvoirs politiques gèrent bureaucratiquement et algorithmiquement les populations avec l’arsenal des moyens de la santé publique, de l’épidémiologie et des nouvelles technologies. C’est la même langue technocratique qui tend à se mondialiser avec des dialectes différents selon les pays et les régimes politiques. Il n’y a pas de représentants des sciences sociales et humaines dans les Conseils de crise, ce qui est significatif d’un déni du caractère social, culturel et psychologique de la crise. Ce qui passe à la trappe dans cette approche de la pandémie, c’est le sujet singulier du colloque médical comme le concept de peuple, un peuple souverain de ses responsabilités politiques et sociales, un sujet responsable et solidaire. À la place vous avez la notion de population qui fait de chaque individu un « segment de population statistique » et du peuple une « collection de catégories statistiques » dépourvue de toute dimension politique. Là est la vraie atteinte à la démocratie et pas dans les « gestes barrières », il faut prendre un peu de recul.

À cette défaite de la solidarité sociale et de la responsabilité subjective s’ajoute la notion d’opinion publique, notion qui témoigne de la dégénérescence des concepts et des moyens de penser le collectif.

Le Comptoir : Cette façon de faire appel aux experts pour justifier tout et son contraire, ces discours contradictoires, mais surtout ces appels au civisme et ces consignes comme « se laver les mains » ou « bien aérer la fenêtre »… Sans parler de ces lois qui semblent impossibles à respecter – et poussent ainsi à leur irrespect. Ne peut-on pas parler ici d’infantilisation ? Le cas échéant, quelles pourraient être les conséquences d’une telle infantilisation ?

Roland Gori : Oui, bien sûr, à première vue, mais à première vue seulement car il ne faut pas confondre les normes sanitaires et les normes sociales quand bien même les premières peuvent légitimer et se mettre au service des secondes. Il ne faut pas prendre de risques sanitaires pour se révolter contre un pouvoir qui pourrait les utiliser pour soumettre la masse. Ce serait aller sur le terrain choisi par les dominants. Au contraire il faut être soucieux des mesures de protection pour mieux porter la résistance sur le terrain politique.

Depuis le XIXe siècle, l’hygiène publique joue deux rôles au moins qu’il ne faut surtout pas confondre. D’une part elle tend à éviter aux humains de tomber malades grâce à un dépistage et à une prévention des facteurs de risques des maladies. Et, d’autre part elle tend à se transformer en « bible » des conduites, en « orthographe » des comportements en « pathologisant » les moindres des anomalies de comportement. La notion « molle » de « troubles du comportement » arrive à point nommé pour séquestrer le plus de monde possible dans des dispositifs de contrôle et de normalisation des citoyens. La néo-psychiatrie est devenue une hygiène du corps social en vue de contrôler et de normaliser, ce n’est pas la même chose que de dépister les facteurs de risques des épidémies et les moyens de s’en protéger. Ce serait une grave erreur. L’extension sociale de la médecine appelée à jouer un rôle de contrôle et de normalisation ne doit pas être confondue avec les services véritables que ses savoirs et ses pratiques rendent, au contraire.

Le politique s’est réduit toujours davantage à une « conduite de conduites » rationalisées en vue d’une production économique et industrielle, un « déblocage épistémologique » comme dit Michel Foucault, qui a permis à la médecine d’étendre à l’infini son pouvoir et son champ de compétence en se mettant au service des pouvoirs. C’est cette « médicalisation de l’existence »1 que Michel Foucault appelle biopolitique, bio-histoire, somatocratie, dans son essai Naissance de la biopolitique. Cet usage social des savoirs médicaux ne doit pas être confondu avec les découvertes et les soins des praticiens.

L’impression d’infantilisation dont vous parlez est davantage une réaction morale qu’une action politique à la perversion sociale et politique des savoirs médicaux. Ce serait se tromper de cible que de s’en prendre aux mesures sanitaires plutôt qu’au pouvoir en place. Bien au contraire les savoirs médico-biologiques peuvent contribuer à la résistance politique en interrogeant les pouvoirs sur leurs choix décisionnels : pourquoi laisser les grandes surfaces ouvertes et fermer les lieux culturels ? Pourquoi entasser les gens dans des transports en commun et fermer les amphithéâtres ? Pourquoi avoir externalisé la fabrication du matériel sanitaire (masques, tests, respirateurs, médicaments…) en faisant prévaloir les intérêts privés sur le Bien Public ?

L’hygiène publique a aussi, dès la fin du XIXe siècle, servi les intérêts du peuple en obligeant les puissants à reconnaître le rôle des facteurs environnementaux dans la fabrique de maladies (professionnelles en particulier ou le mal-logement).

Cette médicalisation du politique et cette politisation du champ de la santé expliquent la dramaturgie de l’« expertise » à laquelle les « experts » se sont livrés au moment de la pandémie. Ils n’étaient plus savants mais « experts » et se sont trouvés associés à la crise d’autorité des politiques. Politiques et experts ont ainsi pris les vices de la « société du spectacle » pour reprendre le concept de Guy Debord. Les informations que les politiques et les scientifiques nous ont offertes se sont transformées en « marchandises » vendues à l’opinion publique à la cantonade des réseaux sociaux et des médias afin d’en capter des parts de marché2.

Le Comptoir : Vous avez beaucoup travaillé sur la question de la normalisation des comportements notamment par l’usage abusif de la raison scientifique, mais aussi par celui des statistiques. Que vous inspire cette façon de faire la politique gouvernée par les statistiques et les modèles ? Peut-on voir là aussi une façon de « nous faire taire » pour reprendre vos mots, de fabriquer du consentement et de l’adhésion car ce qui a été fait serait fait « pour notre bien » ?

Roland Gori : Oui bien sûr, mais là encore il ne faudrait pas « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Depuis le début du libéralisme les pouvoirs politiques ont joué sur deux leviers pour conduire la conduite des citoyens : l’économie et l’opinion au nom desquelles ils rationalisent les comportements et fabriquent des habitus, au sens de Pierre Bourdieu, des schémas de pensée et d’action. La rationalité technoscientifique et les statistiques (qui signifient étymologiquement « en rapport à l’État ») sont au premier plan dans cette manière de gouverner au sein d’un univers désacralisé, désenchanté3. De fait, les prescriptions d’hygiène publique apparaissent comme un ensemble de règles établies et codifiées par le savoir médical et scientifique qui sert à réguler socialement la société et à conformer les comportements par une soumission sociale librement consentie car scientifiquement incontournable. C’est le nouage diabolique qui s’est alors historiquement établi entre le capitalisme (néo)-libéral et les savoirs et les pratiques biopolitiques.

Mais, encore une fois il ne s’agit pas de se mettre en danger pour résister au pouvoir car là est la pire des tentations. Il s’agit pour les citoyens de se réapproprier une démocratie confisquée par la technocratie et la propagande de la com’ qui fait de l’information une marchandise. Il faut donc décider, mais pas décider dans un individualisme de masse assassin et suicidaire, non, décider démocratiquement par plus de science, plus de parole et plus de responsabilité. Face à des pouvoirs qui vident le peuple de sa dimension politique il faut la rétablir. La population c’est le peuple moins la politique, un capital humain sans humanité, il faut rétablir l’humanité. L’opinion publique, c’est le peuple transformé en marchandise, transformé en consommateurs, il faut remettre du politique et dénoncer un pouvoir qui prend ses décisions aux sondages d’opinion !

C’est scandaleux de refuser un confinement pour ne pas froisser les consommateurs de décisions qui leur échappent. De Gaulle disait que « la politique de la France ne doit pas se faire à la corbeille », elle ne doit pas se faire davantage aux sondages d’opinion ! Aujourd’hui elle se fait aux deux. La résistance à cette normalisation sociale insidieuse, à cette infantilisation, elle passe par la restitution de la vérité en sciences et en politique, vérité adultérée par le capitalisme néolibéral. Face aux virus et aux épidémies c’est la fraternité et la solidarité qui prévalent. On ne s’en sortira pas autrement car nous entrons dans une ère de turbulences, une période de « transition épidémique » dont la pandémie de covid-19 est la sentinelle.

 

1 Roland Gori et Marie José Del Volgo, 2005, La santé totalitaire. Essai sur la médicalisation de l’existence, Paris, Flammarion, 2008.

2 Roland Gori, De la société d’imposture au courage de la vérité, Conférence à Bordeaux, Colloque du 24 février 2021.

3 Max Weber, 1904-1905, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Pocket, 1991.

Brèves
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« Les brevets, obstacle aux vaccins pour tous » à lire dans Le Monde diplomatique

par ReSPUBLICA

 

Frédéric Pierru (sociologue), Frédérick Stambach (médecin généraliste) et Julien Vernaudon (praticien hospitalier) signent un article dans le numéro de mars du Monde diplomatique dans lequel ils posent la question de lever la propriété intellectuelle sur les vaccins anti-Covid-19 afin de pouvoir répondre au défi de la vaccination mondiale. En effet, les campagnes de vaccination entreprises depuis décembre 2020 révèlent de criantes disparités entre pays riches et pays en voie de développement (d’après Oxfam, 13 % de la population mondiale vivant dans les pays riches a précommandé 51 % des doses) et même au sein de l’Union européenne, des différences substantielles persistent. Dans ce contexte, les mécanismes mis en place par l’OMS pour permettre l’accès aux vaccins à un plus grand nombre de pays s’avèrent pour l’instant inefficaces et insuffisants. Face à cette situation, les auteurs proposent de recourir à la licence obligatoire, comme le demandent certains pays, ce qui permettrait de suspendre les brevets et de pouvoir produire plus massivement les vaccins en question. Pour prolonger la réflexion, on peut écouter ou voir l’interview de Frédéric Pierru et Julien Vernaudon avec Jacques Sapir chez Sputnik news : « Vaccins : »privatiser les profits, socialiser les coûts ? » (56 min). Les deux auteurs y reviennent notamment plus précisément sur le modèle économique des sociétés pharmaceutiques aujourd’hui dans lequel le coût de la recherche est largement pris en charge par la puissance publique via des investissements dans des start up qui sont ensuite rachetées par les sociétés pharmaceutiques ; une donnée qui plaide également en faveur de la remise en cause de la propriété intellectuelle sur les vaccins. On pourra enfin lire le précédent article des auteurs sur la politique de vaccination : http://www.gaucherepublicaine.org/crise-sanitaire/politique-de-vaccination-linversion-des-priorites/7420449).



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