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ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°540 - vendredi 25 mai 2007

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1 - chronique d'Evariste

1 - Les sept péchés capitaux de Sarko

Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, c’est moderne, il faut travailler plus pour gagner plein d’argent, et il faut en plus bosser le lundi de Pentecôte pour être solidaire des plus démunis. Eh bien, c’est non ! Pour protester, je n’écris qu’une chronique de quelques lignes, et je vous joins un texte d’un journaliste de « Témoignage chrétien ». Et que plus personne n’aille me traiter de sectaire et de bouffeur de curés, après cela !
Le texte que je vous fais parvenir, ci-dessous, est très pertinent, car il démonte, sur l’impôt républicain, qui doit être progressif, les arguments libéraux de Nicolas Sarkozy et de son équipe. Sur l’impôt sur l’héritage, on peut penser que l’auteur sous-estime l’ampleur des droits payés par les citoyens. Mais le plus grave n’est pas là. Si on écoute Nicolas Sarkozy, et qu’on supprime les droits de succession, c’est l’institution sacrée du mariage qui va disparaître, car chacun sait que beaucoup de mariages ne sont dus qu’à la recherche d’avantages financiers, et qu’il vaut mieux payer les droits de succession de son époux, plutôt que de l’homme avec qui on vit dans le péché.

Dernier signe de mauvaise humeur, la semaine prochaine, non seulement Respublica ne travaillera pas le lundi de Pentecôte, mais en plus vous n’aurez qu’un seul numéro, qui sortira le vendredi 1er juin. Donc, fin de la chronique, je bulle jusqu’à la semaine prochaine, et vous laisse prendre connaissance de cet article d’Ivan Du roy, journaliste à Témoignage chrétien, et par ailleurs membre du conseil d’administration d’Attac.

Evariste

 

« A écouter Nicolas Sarkozy, le sursaut économique viendra de la fin du « matraquage fiscal ». Ce discours s'appuie sur des idées reçues, en grande partie fausses. Les propositions fiscales de Sarkozy ne profiteront pas aux salariés même s'ils travaillent plus, mais aux plus riches qui, eux, sont certains de s'enrichir davantage en spéculant. Décryptage de l'une des plus grandes escroqueries de la campagne.

L'impôt va mal. Des réformes successives l'ont rendu incompréhensible pour le commun des mortels sans en améliorer l'équité. Il entraverait le développement économique et la création d'emplois. Il ferait fuir de nombreux créateurs d'entreprises vers des cieux, et surtout des taux, plus cléments. Il empêcherait des parents, après une vie de dur labeur, de léguer à leurs enfants maison familiale et pécule financier patiemment mis de côté. Face au discours ambiant alimenté par les pieux mensonges sarkozystes, nous avons jugé urgent, avec la précieuse aide de Vincent Drezet, secrétaire général du Syndicat national unifié des impôts (Snui)[1], de rétablir quelques vérités fiscales pour que ceux qui s'apprêtent à voter pour le candidat de l'UMP, notamment dans les classes populaires et moyennes, aient pleinement conscience des conséquences de leur acte. « L'impôt est l'ami de la cohésion sociale et n'est pas l'ennemi de l'activité économique. Moins d'impôts, ce n'est pas forcément plus d'emplois. Tout dépend de l'affectation des dépenses », tient à préciser le syndicaliste. L'enjeu fiscal cache un véritable choix de société. « Une année de scolarisation en collège coûte 7 400 euros par an selon les estimations de l'OCDE. Qui pourrait payer si cela était privé ? illustre Vincent Drezet. Tout le monde bénéficie de l'impôt, en particulier les entreprises, donc il est normal que chacun y contribue ».

La teneur du débat présidentiel n'a pas été à la hauteur de l'enjeu. Les lieux communs ont foisonné, rarement les questions de fond. Vaut-il mieux supprimer l'impôt sur la fortune (ISF) ou réduire la TVA sur plusieurs produits de première nécessité, tels les médicaments ou l'eau ? Quid des impôts locaux ? Comment intégrer une fiscalité écologique qui ne nuit pas aux ménages les plus modestes ? « L'impôt ne peut pas tout, mais ne doit pas rester à l'écart de tels enjeux. La fiscalité vient en appui des politiques. Il y a des écueils à éviter, comme dire « il suffit de » ou « il faut taxer cela ». Si, par exemple, on taxe davantage les plus-values, comme le proposent plusieurs candidats de gauche. Quand survient un crack boursier, adieu les plus-values et donc les taxes. Comment fait-on pour équilibrer le budget ? Il n'y a pas d'assiette miracle, mais une question de choix sur la manière de répartir l'impôt ». Un véritable débat serait salutaire. À moins de considérer comme légitimes les inégalités actuelles, et l'instauration durable, deux siècles après l'abolition des privilèges, d'une aristocratie de patrimoine divin, qui ne se définirait non par son titre de noblesse mais par les sept, huit, neuf voire dix chiffres caractérisant son patrimoine. C'est cela que propose Sarkozy.

Mensonge n°1 : « L'impôt est un frein à l'emploi »

Qui n'a pas entendu cette lancinante rengaine ? En France, les bénéfices des entreprises sont théoriquement imposés à 33,3 %. Comme tous les autres pays d'Europe de l'Ouest, ce taux a considérablement baissé en vingt ans. Il était de 45 % en 1986. Sur la même période, le chômage n'a pas vraiment diminué. Au contraire ! Des entreprises moins imposées ne créent donc pas forcément plus d'emplois. Aucun dispositif n'existe pour qu'une entreprise qui réinvestit ses bénéfices soit moins taxée. Que les profits servent à financer la recherche, à créer des emplois ou à rétribuer des actionnaires, la taxation est la même. Appliquer un taux d'imposition moindre sur les bénéfices réinvestis est tout à fait envisageable. « Encore faut-il définir ce qu'est un réinvestissement productif, pour éviter que cela serve au rachat d'actions », prévient Vincent Drezet.

Le taux de l'impôt sur les sociétés demeure très théorique. Les PME réalisant de petits bénéfices profitent d'un taux d'imposition de 15 %[2]. Moins compréhensibles sont les taux appliqués de fait aux entreprises du Cac 40. Leurs bénéfices cumulés ont frôlé la barre des 100 milliards d'euros en 2006. Ces fleurons de l'économie française auraient dû rapporter à eux seuls 33 milliards d'euros à la collectivité au sein de laquelle elles ont prospéré. Or, cet impôt a ramené en tout 41 milliards d'euros dans les caisses au titre des 2,6 millions d'entreprises installées sur le territoire. Celles-ci, particulièrement les plus importantes, ne paient pas 33,3% d'impôt. Sur la période 2004-2005 (le taux était alors de 35%), BNP-Paribas s'est par exemple acquittée d'un taux de 25% comparé à ses bénéfices, 23,1% pour le cosmétique L'Oréal, 19,3% pour le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis, 12,3% pour le voiturier Renault ou encore 9,2% pour les communicants de Publicis[3]...

Comment est-il possible que des entreprises extrêmement florissantes ne s'acquittent que partiellement de l'impôt sur les bénéfices ? « Ce sont les miracles de la comptabilité », sourit Vincent Drezet. « Les grandes entreprises transfèrent une partie de leur compte et donc de leurs bénéfices à l'étranger ». Exemple ? Un groupe français détient une filiale en Suisse. Celle-ci fournit des prestations surfacturées à la maison mère. Ces surfacturations sont déductibles des bénéfices, et donc de l'impôt, en France mais entrent dans le calcul des bénéfices globaux de l'entreprise. Les actionnaires applaudissent. « Ces pratiques sont difficiles à combattre pour nous, vérificateurs, qui intervenons trois ou quatre ans après. Et nous devons avoir des comparatifs pour prouver qu'une prestation a été surfacturée. Cela a aussi des incidences sociales, car la mise en place de ce système implique des restructurations pour réorganiser les sociétés ». Comment éviter de telles dérives ? « Par une harmonisation des bases - l'assiette sur laquelle est perçu l'impôt - au niveau européen et un engagement de ne plus baisser les taux pour ne pas entretenir la concurrence fiscale. Pour l'instant, chaque État joue solo ».

Mensonge n°2 : « Travailler plus pour gagner plus »

Sarkozy martèle ce slogan à l'envi. Il oublie qu'en France mieux vaut être très à l'aise financièrement et... ne rien faire. Ou plutôt se contenter de percevoir les dividendes de son patrimoine financier, via un plan épargne-action ou un fonds commun de placement. « Quelqu'un qui tire l'essentiel de son revenu de son patrimoine financier sera imposé au maximum à 27% », précise Vincent Drezet. Et ce, grâce aux défiscalisations ou aux réductions d'impôts appliquées à certains types d'épargne. « Cela permet de bénéficier du barème proportionnel et non progressif. Le salarié, lui, est imposé au barème progressif. Avec les niches fiscales, à revenu égal et après impôt, la fiscalité est favorable à l'actionnaire ». Cette inégalité profite aux 3% des Français les plus riches qui possèdent 36% du patrimoine financier (alors que les 75% les moins riches en possèdent 19%). Coût de ces mesures dérogatoires : 13 milliards d'euros, bien plus que le déficit de la sécurité sociale. Elles profitent d'abord aux gros détenteurs du capital plutôt qu'aux modestes souscripteurs d'un livret A. Salariés et actionnaires sont aussi inégaux devant la fraude. Un salarié qui fraude est vite repéré alors que le contrôle d'une personne suspectée de placer son argent au Luxembourg nécessite des moyens beaucoup plus importants. L'une des solutions, selon Vincent Drezet, serait de « développer une assiette large où tous les revenus soient imposés au barème progressif ». Sur le modèle de la CSG par exemple, seule contribution sociale à être payée par tous les types de revenus.

Mensonge n°3 : « Les crédits d'impôt profitent à tous les contribuables »

Les crédits d'impôt, en particulier sur l'emploi d'une personne à domicile, ont eu des effets positifs. « Les classes moyennes qui emploient quelqu'un à domicile quatre heures par semaine ont pu le déclarer, ce qui permet à l'employé de bénéficier d'une protection sociale et d'un droit à la retraite. Il faut donc maintenir une réduction », reconnaît Vincent Drezet. Mais le plafond donnant droit à une réduction, fixée en 2005 à 15 000 euros, bénéficie, encore une fois, aux plus aisés. Exemple : un couple avec deux enfants, déclarant des revenus annuels de 70 000 euros, soit un revenu mensuel frôlant les 6 000 euros net (moins de 10% des ménages les plus riches disposent d'un tel niveau de revenus, selon l'Insee) emploie une personne à domicile à plein temps au Smic. Grâce au crédit d'impôt de 7500 euros (50% du plafond), ce couple est exonéré de l'impôt sur le revenu. « Comble de la mesure : dans le même temps, le salarié à domicile aura été, lui, imposable... », souligne le Snui. « La réduction moyenne d'impôt liée à l'emploi à domicile est de 2 300 euros. Si nous avions un plafond donnant droit à une réduction de 5000 euros au lieu des 15 000 actuels, on maintient l'effet d'aubaine et on récupère un milliard d'euros », explique son secrétaire général.

Cet exemple pose la question des multiples niches fiscales : 400 en 2005 ! Exonérations d'impôt sur l'épargne, aides aux propriétaires immobiliers (dispositif « Robien »), dons aux oeuvres (déduction de 66%), investissements dans les Dom-Tom... Ces niches représentent un manque à gagner pour l'Etat de 50 milliards d'euros, dont 30 milliards au titre d'exonération de l'impôt sur le revenu. Leurs principaux bénéficiaires ont les moyens de se payer les conseils avisés de cabinets spécialisés dans la finance. « Dans certains cas, il vaut mieux supprimer une niche fiscale et redonner des moyens à la politique publique. On peut récupérer entre 7 et 15 milliards en fonction des niches que l'on déciderait de supprimer ou de réduire », propose Vincent Drezet. À elles seules les réductions d'impôt liées aux investissements outre-mer représentent 300 millions d'euros. Sans aucun contrôle sur leurs effets en matière de développement.

Mensonge n°4 : « Consacrer plus de la moitié de ses revenus à payer des impôts est scandaleux »

Depuis 2006, un « bouclier fiscal » plafonne la somme des impôts à payer - impôts locaux (taxe foncière et d'habitation), impôt sur le revenu et ISF - à 60 % des revenus d'un contribuable. Cette mesure du gouvernement Villepin n'a pas suscité de grandes vagues de protestation. « Les gens projettent sur leur situation personnelle un discours qui ne les concerne pas », observe Vincent Drezet. En France, le revenu médian est de 1 800 euros. Payer 50% d'impôt dans cette situation serait bien évidemment scandaleux. « Les quelques contribuables qui gagnent quinze millions d'euros par an peuvent supporter une imposition à 75%. Ceux qui ont les moyens d'entretenir leur patrimoine peuvent s'acquitter de l'impôt. Sinon, ils en vendent une partie. Les impôts sur les stocks (ISF, taxes foncières) diminueront d'autant ».

La mise en place de ce bouclier fiscal coûte chaque année 400 millions d'euros à la collectivité. « Dont 350 millions d'euros profitent à 16 000 personnes », précise le fonctionnaire de Bercy. Le Trésor public vient ainsi de rembourser à un particulier un trop perçu de... 820 000 euros. On est très loin des montants de la prime pour l'emploi ! L'heureux gagnant - pardon, bénéficiaire - avait versé 848 000 euros au titre de l'ISF. Ce contribuable possède de nombreux biens immobiliers. Ayant, en 2006, investi dans des travaux et des acquisitions, ses bénéfices après impôts ont été beaucoup plus faibles que d'habitude. Il s'est donc vu rembourser la quasi-totalité de l'ISF. « Quelqu'un qui crée une entreprise, et donc investit plus qu'il ne perçoit, va être provisoirement exonéré, mais sortira ensuite du dispositif. Ceux qui restent dans le bouclier fiscal sont ceux qui, soumis à l'ISF, profitent déjà de son plafonnement ». Soit 5 000 personnes environ, dont les deux tiers ont un patrimoine net supérieur à 6,9 millions d'euros. Nicolas Sarkozy propose de porter le bouclier fiscal à 50 % en y intégrant les contributions sociales. On appelle cela la rupture.

Mensonge n°5 : « L'ISF est un impôt injuste »

Pauvres riches ! Le syndrome « île de Ré » a fait couler beaucoup d'encre. À cause de l'augmentation du prix du foncier, des îliens se sont retrouvés soumis à l'ISF malgré des revenus modestes. Les pourfendeurs de l'ISF en ont profité pour dénoncer son caractère inique. Face à quelques situations ubuesques, qui peuvent faire l'objet d'une demande de recours gracieux auprès du fisc, faut-il supprimer l'ISF ? « On peut s'en passer si on impose progressivement les revenus, y compris les revenus du patrimoine, propose Vincent Drezet. L'ISF n'est pas spécialement juste. La moitié de ses contribuables paie moins de 2 300 euros. Et 90 % des contributeurs n'excèdent pas 5 000 euros. Les vrais gagnants de sa suppression ne seront pas ceux qui possèdent un patrimoine de 700 000 euros, mais ceux qui ont dix fois plus ». L'ISF pose en fait la question de l'imposition du patrimoine, rarement abordée. Le patrimoine des ménages représente 8 000 milliards d'euros. Les 10% les plus riches en détiennent 46%, soit 3800 milliards. Les 50% les plus pauvres n'en détiennent que 9%. Le patrimoine est le reflet des inégalités qui se creusent. La mise en place d'un impôt progressif intégrant les oeuvres d'art, les forêts et les biens professionnels - aujourd'hui exonérés - pourrait même permettre de baisser le taux d'imposition.

Mensonge n°6 : « L'impôt sur l'héritage est abusif ».

Quel impôt plus impopulaire que celui sur les droits de succession ?
Pourtant, un quart de la population seulement s'en acquitte quand survient le décès d'un parent. En 2006, cela concernait 144 000 successions imposables sur 537 000 décès. « Les gens ont l'impression qu'on leur pique ce qu'ils ont patiemment mis de côté, mais la plupart ne sont pas concernés. En général, ceux qui ont constitué un patrimoine pendant leur vie sont exonérés », insiste Vincent Drezet.
La moitié des héritiers perçoit moins de 55 300 euros. Quant au patrimoine moyen transmis, il avoisine les 100 000 euros. Ces héritages se font pour l'essentiel en ligne directe. Grâce aux abattements, ils ne sont donc pas imposables, ou très peu. Reste les grandes fortunes accumulées et léguées au conjoint ou aux enfants. « Personne ne constitue une richesse tout seul dans son coin. Il s'enrichit dans le cadre d'une société et bénéficie d'une action publique efficace. Il est donc normal qu'on laisse une part de son patrimoine, notamment s'il est hérité de plusieurs générations », argumente Vincent Drezet.

Mensonge n°7 : « Les riches fuient la France »

Selon le rapport du sénateur Philippe Marini, 649 personnes redevables à l'ISF ont quitté la France en 2005. Soit deux par jour. À ce rythme, il faudra quand même plus de 600 ans pour que la France se vide de ses riches. Mais pour Vincent Drezet, les motifs de départ, variables selon les destinations, ne sont pas si évidents. « Selon une mission du Sénat sur la fuite des cerveaux, les raisons personnelles et professionnelles prévalent. La fiscalité arrive après. Vers la Belgique, où l'impôt sur le revenu est plus élevé, ce sont des entrepreneurs qui partent à la retraite et ne veulent pas être imposés sur leurs plus-values ni payer l'ISF. Vers la City de Londres, ce sont plutôt des jeunes couples qui s'installent pour des raisons professionnelles. Quand ils ont des enfants, ils reviennent en France pour bénéficier des services publics ». L'étude de Philippe Marini ne prend pas en compte que les départs. « Combien de gens reviennent ? Combien d'étranger s'installent ? Sur 100 000 Britanniques résidant en France, tous ne sont pas des RMIstes ni des fraudeurs du fisc ! », s'agace Vincent Drezet. « Nous demandons une enquête qui soit vraiment exhaustive ». Une telle étude dira combien de personnes s'installent en France avec bagages et comptes en banque pour bénéficier de ses services publics et de sa protection sociale, en partie financés par l'impôt. »

Notes

[1] Le Snui vient d'éditer un livre : Quels impôts demain ? état de l'impôt et réformes fiscales (Syllepse, 8€).

[2] Taux applicable aux PME dont le chiffre d'affaires n'excède pas 7,6 millions d'euros et réalisant des bénéfices inférieurs à 38 000 euros.

[3] Selon les chiffres établis par Alternatives économiques (septembre 2006) à partir des rapports annuels des entreprises.

Source

Ivan Du Roy journaliste à Témoignage chrétien

2 - Elections 2007

1 - En 30 ans, la gauche a-t-elle brûlé tous ses jokers ? (1re partie)

A l’issue de la nette victoire de Nicolas Sarkozy, et d’une probable lourde défaite de la gauche aux prochaines législatives, il est de bon ton, chez certains, d’expliquer que cette victoire est normale, qu’il y a un virage à droite en France, et que notre pays a toujours été conservateur. 53 % des 15,5 millions de salariés du privé, souvent les plus vulnérables socialement, ont voté à droite. 75 % des retraités ont fait de même.
Pourtant, une analyse objective montre que si la France s’est livrée à la droite, c’est davantage par dépit que par passion. Depuis 1977, les électeurs ont été d’une indulgence exceptionnelle avec une gauche à qui ils ont beaucoup pardonné, et souvent redonné une nouvelle chance, malgré l’ampleur des déceptions précédentes. Résumé rapide des trente dernières années.

1977-1981 : Le peuple veut battre la droite, et condamne la division

Dans l’élan du programme commun de gouvernement entre les socialistes, les communistes et les radicaux, la gauche, largement victorieuse des municipales de 1977, ne peut que remporter les législatives, un an après. C’est sans compter sur la politique de division orchestrée par la direction du Parti communiste et son secrétaire, Georges Marchais. Se livrant à une surenchère sur le smic et les nationalisations, le PCF réussit l’impensable : faire perdre la gauche aux législatives de 1978, et donner un sursis inespéré à la droite. Pendant trois ans, ce parti multipliera les attaques contre le PS, amalgamé à la bande des trois, avec le RPR et l’UDF. A six mois du premier tour, les sondages accordent 60 % à Giscard. Mais les électeurs ne veulent plus de la droite, et sont exaspérés de la division. La sanction sera rude pour le PCF, en 1981, il chute de 20 % et 15 %, et ne peut empêcher François Mitterrand, à qui il se rallie entre les deux tours, de gagner les présidentielles.

1981-1986 : Premières déceptions, premières sanctions

La gauche victorieuse prend des premières mesures. Elle fait dans la symbolique, sous l’impulsion de Robert Badinter, et abolit courageusement la peine de mort. La droite, à chaque fait divers dramatique, multiplie les manifestations haineuses, aux cris de « Badinter assassin ». Economiquement, la gauche prend des mesures sociales comme la trente-neuvième heure, la cinquième semaine de congés payés, et le remboursement de l’IVG. En 1983, après plusieurs dévaluations, elle décide, sous l’impulsion de Delors, de mettre en place une politique de rigueur, que le premier secrétaire du Parti socialiste, un certain Lionel Jospin, qualifie de provisoire. On commence à mettre en place la flexibilité, sous la demande du CNPF. Les salaires sont bloqués. En 1983, c'est un ras-de-marée RPR aux municipales. La bataille de l'école publique est perdue, en 1984, après une manifestation de 1 million de personnes à Versailles, appuyée par la droite et la hiérarchie catholique. Fabius remplace Mauroy, le PCF sort du gouvernement. Ce sont les années Tapie. Yves Montand et Serge July disent « Vive la crise », le chômage de masse augmente. Le Front national commence une fulgurante progression. Le PS répond en récupérant la Marche des Beurs, et en lançant SOS Racisme. L’antifascisme, par ailleurs nécessaire, remplace le socialisme. En 1986, la droite gagne nettement les élections, et c’est une première cohabitation.

1988-1993 : une deuxième chance, un résultat catastrophique

En deux ans, la droite revancharde a perdu tout crédit auprès des électeurs. L’assassinat de Malek Oussekine, lors des grandes manifestations étudiantes contre la loi Devaquet, en 1986, quelques autres bavures policières, que Pasqua a promis de couvrir, montrent à toute une jeunesse, et aux citoyens de ce pays, une image brutale et répressive du gouvernement. Mitterrand apparaît comme le seul rempart à l'Etat-RPR. A quelques jours des présidentielles, l’exécution au lance-flammes des militants indépendantistes kanaks, dans la grotte d’Ouvéa, n’a pas l’effet escompté pour Chirac. Mitterrand, qui l’a dominé lors de la cohabitation, l’écrase aux présidentielles, redonnant une nouvelle chance à la gauche.

Trois premiers ministres, Michel Rocard, Edith Cresson et Pierre Bérégovoy, vont transformer en cauchemar ces cinq années. On créé le RMI, mais on précarise le travail, et on multiplie les temps partiels. Au nom de la volonté du franc fort, on continue d'arrimer le franc au mark, pénalisant les exportations de la France, on va perdre un million d’emplois à cause de cette politique. Lionel Jospin va autoriser les signes religieux, dont le voile islamiste, à l’école, en 1989, bafouant les principes laïques. C’est l’ouverture au centre, en appelant notamment Jean-Pierre Soissons, député-maire centriste d’Auxerre. La France va participer à la première guerre d’Irak. Les scandales éclaboussent le Parti socialiste, tandis que le PCF continue sa chute, et que le FN progresse à chaque élection. Dans ce contexte, Julien Dray et Jean-Pierre Chevènement se démarquent du discours angélique de toute la gauche, en pointant la gravité de la situation dans les quartiers populaires, et la détresse des habitants qui se sentent abondonnés. Ils ne sont pas entendus, et subissent de dures attaques de ceux qui leur reprochent de consolider le discours du FN.

La construction européenne s’accélère, et François Mitterrand, soutenu par presque toute la droite, et les médias, gagne de justesse le référendum de Maastricht. Chevènement quitte le PS, et créé le MRC, mais il n’est pas suivi par beaucoup de militants. Les partis se réclamant de l’écologie font de bons scores aux élections locales. En 1992, sont signés les scandaleux accords Lang-Cloupet, qui voit le ministre socialiste gaver de subventions les écoles confessionnelles majoritairement catholiques. Les discours sociétaux se substituent aux antagonismes sociaux. Ayant perdu le peuple, discréditée, la gauche essuie une des plus sévères défaites de son histoire, aux législatives de 1993.

1997-2002 : plus dure sera la chute

En 1993, Balladur a été nommé premier ministre, et il se hâte, en plein été, de toucher les retraites du privé, les faisant passer de 37,5 années à 40, et imposant un calcul sur les 25 meilleures années, au lieu des 10 précédemment. Grisé par les sondages, conseillé par Sarkozy, et soutenu par l’UDF, il décide d’en finir avec Chirac, et de se présenter. Ce dernier rétablira miraculeusement la situation, grâce aux discours d’un certain Henri Guaino, sur la fracture sociale. Débordant Lionel Jospin, candidat socialiste, sur la gauche, il rétablit une situation désespérée, se qualifie pour le deuxième tour, et l’emporte contre le premier secrétaire du PS, qui d'ailleurs, il l'avouera plus tard, n'a jamais cru en la victoire.

Six mois plus tard, Chirac renie toutes ses promesses, et Juppé, son premier ministre, impose un budget d’austérité, faisant payer aux ménages une ardoise de 120 milliards de francs pour remplir les caisses que Sarkozy a vidées pendant son passage à Bercy. Ensuite, vient l’épreuve de forces de décembre 2005, qui voit le pays bloqué par la grève des cheminots pendant près d’un mois. Juppé doit reculer, et se voit, après un tel échec, paralysé dans son action.

En 1997, Chirac, bien que possédant une assemblée très largement de droite, dissout le Parlement, et provoque de nouvelles élections. A la surprise générale, la droite perd. Lors de la campagne, Jospin parle à gauche, contrairement à 1995, s'engage sur les 35 heures et pose des conditions sur la construction européenne. Il se retrouve à Matignon, avec un gouvernement de gauche plurielle, Jospin-Hue-Chevènement-Voynet.

D'entrée, il ratifie le pacte d’Amsterdam, reniant les quatre conditions qu’il avait exposées lors de la campagne. Il ne revient pas sur les mesures Balladur, sur les retraites du privé. Mais il impose les trente-cinq heures, que Martine Aubry doit mettre en place. Le Medef entre en résistance, sous la conduite des duettistes Seillières-Kessler. Les trois premières années, domptées par une croissance exceptionnelle, par les 35 heures et les emplois-jeunes, permettent au gouvernement de créer près de deux millions d’emplois, et de faire reculer de manière spectaculaire le chômage. Mais il privatise davantage que le précédent gouvernement Balladur.

Jean-Pierre Chevènement refuse la régularisation de tous les sans-papiers, demandé par une partie du PS et par toute la gauche plurielle. Bruxelles essaie d'imposer la charte des langues régionales, que la gauche approuve, mais que le conseil d'Etat juge incompatible avec la constitution française.
Dans l'esprit de l'Europe des régions, les accords de Matignon, sur la Corse, mettent le feu aux poudres. Jean-Pierre Chevènement quitte le gouvernement. La situation sera plus difficile les deux dernières années, où le chômage progresse de nouveau. La droite saura jouer remarquablement d’une demande de sécurité des classes populaires que la gauche ne sait pas entendre, pour axer la fin de la campagne sur ce thème. En signant les accords de Barcelone, avec Chirac, dans le cadre de la mise en concurrence de tous les services publics, Lionel Jospin encouragera nombre d’électeurs de gauche à voter plus à gauche, notamment pour les partis trotskistes, crédités à eux deux de près de 10 % des voix. Mais l’éparpillement et la perte de confiance dans le PS feront que ce sera Le Pen qui sera au deuxième tour, et que pour la première fois, la gauche en sera éliminée.

1997-2006 : Un mouvement social qui a toujours répondu présent

L’explosion de joie du 10 mai 1981 venait de loin. Elle n’était que la continuation de la révolte de mai 68 et de la grève générale qui avait marquée cette époque. Elle était la suite des grandes manifestations étudiantes et ouvrières, notamment les sidérurgistes, en 1979. Elle poursuivait le combat des femmes pour le droit à l’avortement, contre l’ordre moral de la droite et de l’extrême droite.

Pourtant, depuis les années 1980, un matraquage idéologique explique aux citoyens et aux salariés que le libéralisme et le modèle anglo-saxon sont l’avenir, et que notre vieux modèle français, son Etat-providence, sont ringards. Mais un Madelin, qui développe ces thèses, ne fait que 4 % aux élections.

Le mouvement social se calme quand la gauche est au pouvoir. Mais dès que la droite revient, il se montre disponible. En 1986, les manifestations étudiantes contre la réforme Devaquet éveillent une nouvelle génération à la conscience politique.

Le 16 janvier 1994, les laïques font descendre dans les rues de Paris 1 million de manifestants, quand Bayrou voulait libérer le financement des écoles privées.

En décembre 1995, les syndicats de la fonction publique, notamment les cheminots, sont soutenus dans leur grève par la majorité de la population.

En 2003, quand il s’agit de défendre les retraites, on voit six journées de grève générale en deux mois dans la fonction publique, et onze journée dans l’Education nationale.

En 2003, Sarkozy perd le référendum sur la Corse, qui voulait faire de la Corse une exception française quant aux institutions régissant l’île.
En 2004 et 2005, la campagne référendaire pour le traité constitutionnel européen voit tout un peuple se soulever contre l’axe UMP-UDF-PS-Verts, qui veulent convaincre les électeurs du bien-fondé du vote « oui ». La presque totalité des médias, tous les grands chroniqueurs, la grande majorité des élus, sont sur cette position. Pourtant, sous l’impulsion d’Attac, et du Parti communiste, la contre-attaque militante, sur internet et dans les meetings, s’organisent. Sur des bases différentes, mais surtout marquées par le refus du dumping social et la préservation du modèle social, laïque et républicain de notre pays, 55 % des électeurs votent non, infligeant un camouflet à UMP et au PS.

En 2006, lors de la campagne contre le CPE, dans l’unité, syndicats ouvriers et étudiants infligeront, suite à une mobilisation remarquablement organisée, un recul fatal pour lui à Villepin, qui devra retirer un projet qui aurait précarisé l’ensemble des jeunes salariés.

Dans les urnes, et dans la rue, nul ne peut donc reprocher, depuis trente années, au peuple français de ne pas avoir répondu présent quand il s’agissait de lutter contre l’offensive libérale.

 

Suite et fin la semaine prochaine :
La faillite des lendemains de victoire de la campagne du non
Pourquoi Sarkozy a gagné en reprenant un discours républicain abandonné par la gauche

Pierre Cassen

2 - Le «tout sauf Sarkozy» a justifié trop de dérapages à gauche : lettre à mes vieux amis

C'est fait. J'ai voté Ségolène Royal. Et je l'ai fait en souhaitant qu'elle gagne. C'était un voeu tardif, mais raisonné, et un pari. Voeu non exaucé Pari perdu. J'ai voté Royal. Pas à cause d'elle. Pas à cause de son programme, qui changeait au fil des jours, et des publics.
Pas à cause d ceux et celles parfois vous, mes ami(e)s de longue date qui la soutenaient J'ai voté Ségolène Royal malgré vous, malgré vos arguments, vos justifications, vos injonctions, et vos lyriques incantations.

Il aurait fallu, à vous écouter, que je vote pour elle parce qu'elle est une femme, et que j'en suis une autre. Mais je ne sais toujours pas ce qu'est une «femme» c'est sur cette incertitude que s'est bâti, en grande partie, le MLF, et que j'y ai, avec vous, passionnément participé.

Il aurait fallu que je vote pour elle afin que toutes les femmes de ce pays, que dis-je, de la planète, à la minute même de son élection, relèvent la tête, se redressent et se sentent, enfin, lavées des «siècles d'infini servage» qu'elles eurent à subir. Je crois aux symboles, mais pas à la caricature que vous en donniez. Il aurait fallu que je vote pour elle parce qu'elle était une victime, victime d'innombrables attaques, insultes et humiliations misogynes. Comme vous, je hais le sexisme et, avec certain(e)s d'entre vous, j'ai passé des années à le traquer dans tous ses états, le débusquer dans ses plus infimes manifestations, ses avatars les plus imperceptibles y compris lorsqu'il s'attaquait aux hommes : aux mecs qui «n'en avaient pas».
Mais ce sexisme-là, c'était vraiment le dernier de vous soucis : avoir raillé la jupe de Ségolène Royal était un crime de lèse-humanité, avoir traité son adversaire de «cocu», ou de «nabot» toutes épithètes venues elles aussi du plus vieux fonds machiste du monde ne vous gênait en rien. Le sexisme c'est mal quand ça s'attaque aux femmes, s'il atteint par ricochet les hommes, c'est bien fait pour leur poire.
Z'avaient qu'à pas naître du mauvais côté du genre.

Et il en fut de même pour l'injure xénophobe ou raciste. Il fut dit que l'adversaire de Royal était un «néoconservateur américain avec un passeport français». Et aussi qu'il était inconvenant de voir l'Elysée brigué par un homme qui n'a «qu'un seul grand-parent français», mais qui «aurait pu faire une très belle carrière en Hongrie» : Sarkozy était expéditivement dénaturalisé par un homme, de gauche (à l'époque !), tout aussi expéditivement reconduit à la frontière par un autre, d'extrême droite. Qui a réagi ? Qui s'est indigné ? Qui a protesté ?
Lanzmann oui, Finkielkraut aussi, mais pas vous. Vous, vous riiez, vous disiez : il «l'a bien cherché, avec son ministère de l'identité nationale» ! Vous disiez : «On ne va quand même défendre Sarko !» ; et vous disiez encore : « Tout sauf Sarkozy !»

Avez-vous seulement regardé qui vous côtoyiez dans vos réunions, vos écrits, vos blogs ? Avez-vous entendu les arguments de ceux qui, pour mieux soutenir Ségolène Royal, avaient entrepris de diaboliser Sarkozy ?
D'en faire un émule de Pétain, voire de Hitler ? Ou pire. TSS, «tout sauf Sarkozy», votre cri de ralliement était aussi le nom d'un site où cohabitent harmonieusement des intellectuels d'extrême gauche et des militants de droite extrême, des penseurs anticolonialistes, des philosophes hédonistes, et des négationnistes patentés. Sarkozy y est vilipendé comme «agent sioniste», représenté au centre d'une étoile à six branches, dont deux se nomment Washington et Tel-Aviv. Le soutien à Ségolène réussissait, en un seul mouvement, ce tour de force : tout à la fois hitlériser Sarkozy et le judaïser.

Nul parmi les thuriféraires de «la France présidente», nul correspondant des «désirs d'avenir», nul parmi vous ne jugea utile de protester, de se démarquer de ces propos, de les désavouer, de dire «nous n'accepterons jamais de ces discours-là, nous ne voulons pas de ces voix-là». Non. Les antisémites et les racistes les plus abjects étaient à vos côtés, mais c'est à Sarkozy que vous dessiniez la petite moustache d'Adolf. TSS promettait de «faire ravaler sa kippa» au juif Sarkozy, mais c'est ce «juif» qui pour vous était la réincarnation de Hitler.

Tout cela vous ne pouviez pas l'ignorer. Pas un mot pourtant de votre part, pas une protestation : l'union sacrée contre Sarko-Hitler, Sarko-le-Juif devait être sans faille. Pensiez-vous aux voix de ceux qui, stupéfaits, lisaient déclarations, tracts et blogs immondes et espéraient, en vain, que, du côté de la France présidente, quelque chose en soit dit ? Aujourd'hui les jeux sont faits. On parle partout de résistance, et un blog s'intitule «Ici Londres». Le front uni, le TSS prospèrent, allégrement c'est même pour l'éviter que je souhaitais la victoire de la gauche : une gauche victorieuse sait se débarrasser de ses alliés les plus compromettants, pas une gauche affaiblie. Et vous, mes ami(e)s de longue date, prolongerez-vous l'union sacrée ?

Continuerez-vous à côtoyer, en sifflotant d'un air absent, des alliés racistes et négationnistes ? Direz-vous encore mais j'oublie, vous l'aviez déjà dit : «L'ennui avec Sarko, c'est qu'il va susciter de l'antisémitisme.» «Susciter» !

Source

Liliane Kandel sociologue.

3 - Qui diabolise qui ?

Lettre à ma vieille amie qui confond l’antisarkozysme républicain et l’antisarkozysme antisémite

Liliane Kandel vient de publier dans Rebonds dans Libération un texte intitulé « Lettre à mes vieux amis », dans lequel elle regrette que ces « vieux amis » n’aient pas passé la campagne électorale à défendre Nicolas Sarkozy contre les attaques antisémites provenant du site d’extrême droite « Tout sauf Sarkozy » [1]. Elle a raison, ce manque d’émoi méritait d’être signalé. En revanche, elle tend à amalgamer les arguments — républicains et rationnels — venant de toutes les tendances de gauche avec la bêtise haineuse de ce site web. Quitte à laisser planer ce doute insidieux : personne à gauche n’aurait dénoncé l’antisémitisme de ces attaques parce qu’au fond tout le monde était d’accord. Ne lui a-t-on pas confié, comme une menace un peu douteuse, que l’élection de Sarkozy risquait de « susciter » l’antisémitisme ?

Comme je suis l’une de ses « vieilles amies » et que j’ai moi même fermement bataillé contre le projet et les arguments de Nicolas Sarkozy, dans le site et la revue ProChoix et dans Charlie Hebdo, je me suis sentie un peu visée. Je connais bien l’argument, développé finement dans ce texte, mais beaucoup plus grossièrement par certains soutiens de Nicolas Sarkozy. Il a servi à intimider tout adversaire résolu du candidat de l’UMP pendant les dernières semaines de la campagne.
Notamment à partir du moment où Marianne et Charlie Hebdo ont dégainé.
L’un en publiant un dossier à charge sur les méthodes quasi mafieuses et sur les pressions exercées sur la presse. L’autre en démontrant combien le projet du candidat de l’UMP était nocif pour l’égalité, la laïcité, à la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs et au final le vivre-ensemble.

Qu’ont répliqué les partisans et soutiens de Nicolas Sarkozy ? Ont-ils répondu point par point, mis en avant des preuves allant dans le sens inverse ? Ils auraient été bien en peine… Le niveau de la contre-attaque a été plus bas, mais autrement plus efficace. Il a suffi mettre en avant les attaques antisémites venant de groupuscules et de sites internet antisémites, comme le site « Tout sauf Sarkozy », de crier à la « diabolisation », et le tour fût joué.

J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui, au nom de l’anti-totalitarisme, militent contre la réduction de la pensée à des réflexes pavloviens de compagnons de route. Je crois avoir prouvé combien je partage leur vigilance, notamment contre la Tentation obscurantiste d’une certaine gauche. C’est dire si je suis stupéfaite d’en voir certains, je pense bien sûr à André Glucksmann, sombrer avec si peu de retenue dans le culte de la personnalité, l’aveuglement sans bornes et plus encore dans la « diabolisation de la diabolisation » de leurs adversaires. Sans parler des procès « en inconscient antisémite », décidément trop banalisés.

Non pas que je sois soudainement devenue naïve vis-à-vis de l’inconscient d’une certaine gauche extrême dans ce domaine. Je suis simplement agacée de la facilité avec laquelle toute la gauche anti-sarkozyste est mise dans le même sac ! A commencer par l’émoi suscité par cette phrase écrite dans le rapport du PS, signé par Eric Besson, qui décrit Nicolas Sarkozy comme « un néoconservateur français avec un passeport américain ». Nicolas Sarkozy n’a-t-il vraiment, en aucun cas, donné prise à cette caricature ? Est-elle si injuste ? Lui qui déclare avoir George Bush pour modèle, être fier d’être appelé « Sarkozy l’américain » et ne cache pas vouloir rompre avec le modèle social, culturel et économique à la française ? Cette phrase est la seule citée pour démontrer l’inconscient antisémite de l’antisarkozysme de gauche. Est-ce à dire que tous les opposants à un atlantisme complaisant envers les néo-conservateurs américains sont antisémites ? Réalise-t-on l’inconscient et la portée de ce sous-entendu ?

Qu’on se rassure, Eric Besson a bien expié. Il en est même devenu sarkozsyte ! Et Nicolas Sarkozy lui-même ne semble pas avoir beaucoup souffert des attaques abjectes de certains sites internet, ni même des moustaches hitlériennes grabouillées par des anonymes sur ses affiches de campagnes.

Que voudrait-on de plus ? Que tous les adversaires de Nicolas Sarkozy fassent acte de repentance ? Se mettent à genoux et s’excusent de ne pas avoir défendu notre nouveau et talentueux président de la République contre ses détracteurs ? Dans les mois à venir, si l’on continue sur ce mode, les partisans de Sarkozy pourraient ainsi ridiculiser et tuer dans l’œuf toute opposition crédible. Il leur suffira de mettre en avant les casseurs, les blocages imbéciles, venant d’autonomes décérébrés ou mieux des Indigènes de la République, pour faire oublier toutes les autres revendications, justifiées et donc potentiellement efficaces. Quel talent…

Dernière chose, je fais partie de ces « vieux amis » qui craignent que l’élection de Nicolas Sarkozy ne fasse (encore plus) monter l’antisémitisme. Non pas parce que la France vient d’élire un président mettant en avant ses racines juives bien sûr ! Ni même parce que, comme à l’époque de Mendès-France, ce succès décomplexera l’inconscient de certains ! Mais bien parce que le projet politique de Nicolas Sarkozy est un cocktail propre à alimenter les tensions et les ressentis inter-communautaires : concurrence des immigrations (certaines seraient plus « subies » que d’autres), tri sélectif dans la mémoire (certains devoirs de mémoire relèvent de l’histoire, d’autres de la « haine de soi ») etc. Sans parler de la solidarité affichée autour de son projet communautariste par des intellectuels d’ordinaire connus pour leur vigilance envers le communautarisme. Ce qui risque de prêter le flanc au « deux poids deux mesures », cette propagande victimaire et antisémite qui fleurit si bien sur le terreau de l’ultra-sécuritaire. Un terreau qui va continuer de pourrir. C’est surtout pour cela que j’en veux aux sarkozystes, et même à ceux qui nous reprochent de ne pas avoir défendu Sarkozy contre l’antisémitisme. Ils ne peuvent pas nous demander de jouer les pompiers au service de pyromanes.

Caroline Fourest Dernier ouvrage paru : Le Choc des préjugés : sécuritaires et victimaires (Calmann-Lévy)

Notes

[1] Cf La vraie histoire du site TSS, [charger le lien]

Source

Caroline Fourest

4 - Pour contrer le libéralisme, il faut construire une nouvelle gauche révolutionnaire, laïque, démocratique et républicaine (2e partie)

Les causes de la défaite de la gauche à la source de la victoire de Sarkozy

Le « non » de gauche n’a pas profité aux organisations de la gauche antilibérale lors de cette élection. Le choix laissé aux électeurs de gauche face au danger d’un Le Pen au second tour, argumentant le vote utile de façon outrancière a rabattu, certes, une partie des voix du « Non » de gauche vers Ségolène dès le premier tour, mais bien plus, c’est Sarkozy qui a su capter les voix des « non » de droite et de gauche par un discours faisant retour sur la nation, sur le sentiment d’appartenance des Français à un grand pays dont ils peuvent être fiers.
Il a, à différents égards, remis la nation au devant de la scène et avec elle la République : Il a donné l‘illusion d’un changement de cap de la droite qu’il incarne sur l’Europe, à travers l’idée de l’utiliser pour qu’elle protége la France des effets anarchiques de la mondialisation alors qu’elle est à son service ; Il a joué sur le besoin d’une revalorisation de l’image des Français, de la fierté de l’être, fréquemment malmenée derrière le thème envahissant de la repentance et de la mise en concurrence des mémoires, cheval de Troie du communautarisme ; Il a développé un discours très pragmatique sur le rapport entre nation et immigration, avançant l’idée que la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde, une idée qui n’est pas sans fondement largement partagée par les milieux populaires, qu’il a détourné pour justifier cette politique trompeuse de l’immigration choisie ainsi mise totalement au service de l’économie libérale. ; Il a su aussi redonner confiance dans une France capable de maîtriser son destin, pourtant décidé largement à Bruxelles, à l’OMC au G8 ou à la Banque Mondiale, en proposant le retour au « plein emploi ». Autrement dit, en affirmant que ce problème pouvait être résolu au niveau de la France, ce qui est faux en dehors d’une remise en cause de fond du libéralisme, prenant ainsi à contre pied les économistes et politiques de tous bords appointant au système qui ne cessaient de dire depuis des années qu’il fallait en faire le deuil… S’il a coupé l’herbe sous le pied au FN, il a aussi pris le contre-pied de la gauche et spécialement antilibérale, sur des sujets comme l’immigration, véritable problème de société nié par un politiquement correcte de gauche interdisant de le mettre en débat. Pour donner du crédit à son statut de candidat défendant l’idée de la nation et de république, il est allé jusqu’à s’agréer fallacieusement les pensées de Jaurès, sur ce terrain abandonné par l’ex-gauche plurielle et honnie par l’extrême gauche.
Cette orientation, ces choix de campagne du candidat Sarkozy, n’ont pas été fait au hasard mais se sont appuyés sur une situation où le courant antilibéral et altermondialiste, le mieux à même en principe à lui porter les coups les plus dures et à rassembler potentiellement ceux du « non » de gauche, ne voyaient que dans l’internationalisme une solution aux problèmes, selon l’idée que les résistances ne seraient plus nationales mais le fait de résistances de minorités diverses, ethniques, culturelles, religieuses, remplaçant la solidarité des peuples dans le cadre de la lutte des classes par un mouvement social sans frontières et segmenté. Une conception reléguant l’idée de nation au sentiment nauséabond du nationalisme et encourageant ces minorités à réclamer dans le désordre de l’histoire des comptes, entre autres, aux Français et à la république d’aujourd’hui n’ayant aucune responsabilité sur des méfaits, tels l’esclavage et le colonialisme, dont des rois, des Empereurs et des majorités politiques au service de l’impérialisme français, en d’autres temps, se sont rendus coupables.

Une attitude de mise en procès de la France et des Français, justifiant entre autres, à l’aune des bons sentiments, de mettre au centre des revendications de cette gauche antilibérale la régularisation de tous les sans-papiers, le fait de les reloger en priorité (rappelons-nous l’affaire du squat de Cachan), que la société française leur fasse toute leur place y compris avec le droit de vote à toutes les élections (de la LCR au PCF), avec en toile de fond finalement la libre installation des immigrés en France. Un victimage justifiant l’oubli des millions de personnes qui vivent en France de façon régulière, Français ou pas, et pour qui on ne se mobilise guère avec le même enthousiasme sur des grandes questions économiques et sociales, en dehors des discours médiatiques. Cet internationalisme s’appuyant sur les minorités et croyant par-là contrer le libéralisme, se voyait ainsi appliqué en France, opposant certaines fractions de la population les unes aux autres au nom des revendications identitaires, culturelles et religieuses, divisant le peuple, sa capacité à réagir.

Tout ceci participait de l’oubli que c’est toujours lorsqu’il a su s’unir que le peuple a pu arracher de grands acquis sociaux, ainsi que peser, entre autres, en faveur des indépendances contre le colonialisme. Tout ce qui a pu être conquis pour le grand nombre l’a été au nom de toute la nation, ce qui a contribué à la forger comme république laïque et sociale unique en son genre, accueillante, pouvant bénéficier à tous ceux qui y viennent dans des conditions propres à ce qu’ils puissent y vivre.

C’était aussi, en reléguant la nation, reléguer ainsi le fruit de l’histoire d’un peuple courageux et rendre litigieux tout sentiment se rapportant à son appartenance. Sarkozy a su s’emparer de cela pour mettre en lieu et place de cette culpabilité du peuple cultivée par cette frange de la gauche, la fierté d’être français, y compris pour ce que cela signifiait tout particulièrement pour ceux du « non » de gauche, pour ceux qui se sentaient les héritiers de cette nation là et qu’ils avaient défendu à travers leur « non ». Toute la gauche antilibérale a été de ce point de vue hors jeu et aveugle, hors de toute analyse sérieuse des enjeux, enfermée dans une vision uniquement sociale et humanitaire des problèmes et incapable par là même de les porter au niveau des réponses d’un projet politique cohérent et responsable. Elle n’a pas su ou pas voulu, dépasser un sentimentalisme bon teint qui donne peut-être bonne conscience à certains mais ne résout rien, bien au contraire, en alimentant une confusion qui sert l’adversaire.

Le pire dans tout cela, c’est que le capitalisme mondialisé, sans frontière et sans nationalité, faiseur de l’empire de « l’argent-roi », rêve justement d’un monde segmenté en minorités annihilant toute résistance des peuples par cette division, favorisant l’effacement des nations qui seules sont capables à l’échelle nécessaire de jouer un rôle de contrepouvoirs dans ce contexte, telles qu’elles le font en Amérique latine en s’unissant en ce moment même pour y faire face. Précisément, c’est cette division en minorité, en communautés, qui marque la société américaine, qui a permis au conservatisme américain de ne rencontrer qu’une faible résistance à sa politique, et aucun mouvement social à l’échelle même d’un seul de ses Etats contre son ultra-libéralisme depuis des décennies.

Un divorce entre le peuple et la gauche autour de la question de la nation

Il y a un sentiment de crainte diffus qui habite les Français concernant le danger de la disparition de la France comme entité, comme identité, face à l’Europe, à la décentralisation, à la domination de l’économie par la mondialisation, qui font partie des référents culturels du PS d’aujourd’hui, mais aussi face à tout un courant idéologique de gauche, celle qui se revendique antilibérale, qui préfère faire des sans-papiers l’emblème de la lutte pour la justice sociale plutôt que les ouvriers, qui défend le financement public des lieux de culte, la reconnaissance des minorités, plutôt que la laïcité. Précisément, c’est pourtant cette dernière qui porte le politique au-dessus des différences pour faire de la citoyenneté la première de nos valeurs communes, levier d’une culture démocratique qui favorise la prise de conscience de l’importance des choix collectifs, des enjeux de l’intérêt général qui s’y expriment, par exemple, contre le libéralisme.

Le Président élu a entendu cette intuition du peuple de France, exprimée à travers la victoire contre le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005, que le plus important demeurait sans doute de ne pas céder au sacrifice de la nation, et a su la récupérer à défaut qu’elle fut prise en compte par un autre candidat, et ce, sans danger vis-à-vis de la gauche qui cultive, chaque organisation à sa façon, depuis des années, le sentiment de son rejet. Le candidat Sarkozy pouvait sans inquiétude récupérer ce thème et sans même y mettre beaucoup de contenu, tant il n’avait rien à craindre de la gauche sur ce sujet. Voilà comment, notre actuel Président a pu être élu, grâce à ce jeu entre une gauche centriste oublieuse de ses valeurs et une gauche antilibérale communautariste, niant la nation et oublieuse de la notion de peuple. Une situation de confusion politique qui pousse encore un peu plus les Français à s’en remettre à un homme providentiel.
On comprend comment, dans cette situation, François Fillon pouvait exprimer le projet du nouveau gouvernement en ces termes " Face aux appels dérisoires à la « résistance », nous allons inviter les Français à construire une espérance commune. Face aux extrémistes qui pensent qu'en cassant les vitrines on casse une victoire électorale, nous allons opposer la force calme de la démocratie". Il opposait "Face à ceux qui, à gauche, rêvent d'une cohabitation stérile, « une majorité claire et ouverte à tous les talents."
Résolument, une seule solution, changer de monde Jean-François Kahn invite dans l’éditorial de son avant-dernier numéro intitulé, « N’ayons pas peur », à la constitution, dans le sillon du vote « centriste révolutionnaire » d’une grande alliance démocratique et républicaine, qui fasse table rase du PS et de ses valeurs traditionnellement ancrées à gauche ainsi que des forces antilibérales. Il s’agit ici d’initier un nouveau type de rassemblement à la recherche de cette politique du milieu introuvable et improbable, tournant le dos à tout changement de société mettant en cause le capitalisme dans ses fondements. C’est croire pouvoir, aménager un système qui nous entraîne vers le chaos derrière de fausses bonnes intentions et le renoncement à oser penser un autre monde. On ne pourra pas contrecarrer le pouvoir financier, la logique de privation des richesses qui domine le monde sous le signe de l’exploitation, du sud au nord et du nord au sud, sans remettre résolument en cause par la mobilisation des peuples et des nations où ils ont leurs repères, le système lui-même, qui n’est pas aménageable sous le signe d’une gestion bien ordonnée entre intérêts économiques et besoins humains, comme le centrisme prétend en détenir la clé et qui nous a valu la supercherie de l’ouverture du gouvernement actuel et celle de Ségolène.
Il y a une vision postmoderne dans la volonté de répondre aux grands problèmes par une politique qui prétend partir des besoins des gens, car cela justifie les programmes patchwork qui ne défendent plus d’idées, de conception générale du monde, de vision et de choix fondamentaux, l’absence de projet de sociétés qui s’affrontent. L’indifférenciation gauche droite et l’échangisme entre les deux favorise cette tendance à l’effacement de tout contenu à la faveur de la politique spectacle. Sarkozy de ce côté là a été le meilleur, d’autant qu’il a su créer, en s’appuyant sur les faiblesses idéologiques et les mauvais choix d’orientation de la gauche, l’illusion d’avoir un projet pour la France auquel pouvaient s’identifier une large partie du peuple, des Français, un projet pour beaucoup structuré autour de la valeur de la nation.
Une nouvelle page de l’histoire de la propagande est en train de s’écrire, de l’idéologie du consensus, avec pour nouvel alambic, l’ouverture, le centrisme tout azimut comme modernisation libérale de la vie politique. Une pseudo révolution qui ne se révèle être qu’une métamorphose du politique de plus dans un seul but, en finir avec toutes résistances liées à l’idée de lutte des classes, éliminer toute conscience que l’origine de toutes les inégalités est contenue dans l’exploitation de l’homme par l’homme, dans le fait que celui qui vend sa force de travail manuelle ou intellectuelle est spolié de ce qu’il crée. C’est dans ce sens que le combat doit être mené en faveur d’une autre répartition des richesses, qui ne saurait répondre qu’à des besoins individualistes mais à l’exigence du bonheur commun. C’est seulement dans la capacité à faire retour sur cette démarche fondamentale que la gauche peut demain reprendre du sens, à moins qu’il faille inventer une nouvelle organisation politique capable de porter un tel projet radical en dehors duquel il n’y a pas d’alternative possible, un projet anticapitaliste et révolutionnaire, démocratique, républicain, laïque et social.

Guylain Chevrier Docteur en Histoire

5 - Les laïques surpris de voir Djamel Bourras chez Bayrou

Djamel Bourras, l'ex judoka, très convoité par le milieu politique, a finalement été débauché par l'équipe de François Bayrou. Notamment par l'entremise du député-maire de Drancy, l'UDF Jean-Christophe Lagarde. Il va représenter les couleurs du tout nouveau Mouvement démocrate en Seine-Saint-Denis.

Problème, ce choix fait grincer des dents les partisans laïques et républicains de François Bayrou, à commencer par Corinne Lepage. En effet, Djamel Bourras fréquente volontiers les associations islamistes comme l'UOIF (il a même participé à son Congrès annuel en 2002) et il a pris radicalement position contre la loi sur les signes religieux à l'école publique (il a même participé aux manifestations que l'UOIF désavouait alors pour leur manque de modération).

Source

ProChoix

6 - Désavoué par les militants communistes, Aounit se lance dans une candidature communautariste contre la gauche laïque

Ca y est, il se lance.

M. Aounit, après avoir été l’éphémère directeur de campagne de Marie-George Buffet, se présente aux élections législatives dans la « ville dont il est l’enfant ».
Depuis plusieurs années, au nom de la diversité et usant de sa fonction de président du Mrap, Mouloud Aounit brosse le poil des médias dans le sens communautariste. Après avoir médiatisé l’affaire du voile avec les sœurs Lévy à Aubervilliers, participé à un débat en compagnie de Tarek Ramadan, réclamé la libération de Papon en 2000, refusé de manifester après l’assassinat d’Ilan Halimi, attaqué Charlie Hebdo et France Soir pour les caricatures, mais oublié de condamner aussi les assassinats du Hamas, il se présente au suffrage des électeurs. Parlera-t-il publiquement du lobby juif dans l’espoir de concentrer sur lui des électeurs supplémentaires?
Pourtant la débâcle lors de sa candidature interne au PCF pour les élections législatives à Aubervilliers, à 1 contre 10, aurait dû lui refroidir l’ego et le faire réfléchir. Il s’est présenté à la candidature de la candidature auprès des communistes, contre Mériem Derkaoui. Ne manquant d’aucun culot, et clamant urbi et orbi qu’il avait avec lui tout un réseau de soutiens, il s’est présenté contre elle comme le candidat… de la diversité (sic !).
Les communistes d’Aubervilliers lui ont signifié par un vote massif qu’ils ne le sélectionnaient pas comme leur candidat, bien qu’il soit le directeur de campagne de la candidate communiste aux élections présidentielles. Pour les représenter, les communistes d’Aubervilliers ont préféré une femme de terrain à un agité de l’écran. Il est vrai que sa prestation lors de l’émission télévisée l’arène de France avait quelque peu surpris, surtout lorsque le président du Mrap, placé du côté des religieux, a mis sur un pied d’égalité Redeker et… Ben Laden !
Quand on cherche à attirer sur soi à tout prix un vote communautariste, on ne s’embarrasse pas de finesse d’analyse.

C’est certainement douloureux pour cet homme de constater qu’il fait du sur place malgré tous ses moulinets incantatoires. Depuis 20 ans qu’il dirige le Mrap, il a vu ses « concurrents » de SOS racisme évoluer vers des responsabilités politiques diverses comme député européen, porte-parole du PS, membre du CES, etc.. Lui, personne ne l’a sollicité, sauf pour la photo. Personne n’a remarqué sa forte personnalité, sa persévérance dans son analyse du racisme, sa pertinence intellectuelle, ses projets de société pour éradiquer le racisme. Les gens sont certainement mauvaise langue mal intentionnée, ou racistes, qui ne voient en lui qu’un moulin à paroles (« le perroquet » dit de lui le dirigeant d’un organisme public qui le fréquente régulièrement) cherchant à exister à tout prix sur la scène médiatique et enfilant les truismes les uns derrière les autres.

M. Aounit a pourtant le sens du sacrifice, et en particulier de celui du Mrap que ses déclarations mènent à une perte de crédibilité généralisée et à une succession d’hémorragies d’adhérents. Pourtant, sans le titre de Président de ce mouvement historique, Mouloud Aounit n’est rien. Et comme le Mrap, déconsidéré et devenu coquille vide d’adhérents sous ses impulsions, est en train de sombrer, Aounit va sombrer avec si personne ne vient à sa rescousse. Encore lui faudra-il trouver des amis pour le secourir.

Lui qui veut, avec sa communauté, « faire et défaire les maires », tel qu’il l’a déclaré au journal Le Monde, montre bien sa conception de la citoyenneté et de la démocratie : elle se résume à un rapport de force intercommunautaire.
Ce sont des conceptions à l’opposé de celles qui ont fondé le Mrap à l’issue de la Résistance. On comprend ainsi pourquoi ce dernier se désertifie, n’ayant plus que 1500 adhérents contrôlés par quelques duègnes et autres potiches dans les instances dirigeantes, et dont la seule fonction reste d’étouffer les protestations internes de ceux qui résistent encore à cette mise en rang derrière le guide. Comme ont appris à le faire toutes ces avant-gardes qui ont régulièrement trahi l’espoir et tué dans l’oeuf les élans démocratiques au profit du centralisme autocratique, des servant(e)s lui passent les plats où il peut mirer sa grandeur.

Il suffit de consulter son site de candidat pour être effondré par sa platitude et par le manque de perspectives. Aucune vision de société, aucun projet réel n’y figurent, hormis la caution de l’administration pour le logement des plus démunis, proposition qui est repiquée au programme de Bayrou.
On comprend que ce vide existentiel n’ait pas apporté beaucoup de personnalités en soutien à sa candidature. Sur une vingtaine d’anciens dirigeants du Mrap, seul l’avocat Pierre Mairat le soutient. On ne voit nulle part les noms de figures historiques du Mouvement comme Charles Palant, Albert Lévy, François Grémy, Roland Rappaport ou Marie-george Pau-Langevin pour n’en citer que quelques uns. On ne voit pas plus les personnalités d’Aubervilliers qu’Aounit côtoyait avant ses dérives d’indigène mégalomaniaque, comme Didier Daennincks qui a pris publiquement ses distances après les frasques médiatiques du Président du Mrap. Assourdissant est le silence de l’ancien maire d’Aubervilliers, Jack Ralite, qui avait pourtant usé de beaucoup de patience pour aider le jeune Mouloud à se construire une personnalité. Ce n’est pas Jean Ferrat, un des plus anciens adhérents du Mrap et qui a quitté le Mouvement après toutes ces manœuvres de basse cuisine politicienne à visée médiatique, qui viendra soutenir le candidat Aounit. Certes, parmi la dizaine de noms composant son comité de soutien, figurent celui du pro-voile Vincent Geisser, la caution des communautaristes, et ceux de quelques indigénistes comme Mg Gaillot. Figure aussi un certain Saad Khiari, édité par une société d’extrême droite qui a Papon à son catalogue ainsi que le père Lelong, ami du sinistre révisionniste Garaudy et qui a été désigné par la famille Papon pour prononcer quelques mots sur le cercueil.
Engoncé dans son ego surdimensionné, Aounit n’a jamais su se mettre au service des autres. Il a abandonné M.G. Buffet à qui, responsable de campagne falot, il n’a guère apporté. Il a certainement oublié la morale de « la grenouille et le bœuf » : Il se rêve avant d’éclater.
Il s’imagine déjà aux commandes de la mairie d’Aubervilliers après son tour de piste comme candidat aux législatives qui lui aura permis de se forger une image de celui qui « incarne » à lui tout seul, et surtout uniquement tout seul, la diversité.
Replié dans une approche communautariste aux antipodes de la citoyenneté, il se veut représenter la revanche des exclus. Il oublie qu’un homme politique ne construit pas une action sur la revanche d’une communauté, sur la confusion entre l’universalisme, les droits qui en découlent, et la bienveillance envers ceux qui musèlent la liberté d’expression au nom de la religion et de leurs croyances.
Il oublie que pour diriger une ville comme Aubervilliers, il ne suffit pas de parler et de dégotter le scandale qui attire sur soi les médias. Il faut apprendre, modestement, les rouages qui permettent d’organiser la cité et de faire vivre ensemble dans l’égalité. Il faut écouter, rester modeste, et ne pas se prendre pour le phare aux rives de la plaine Saint Denis. Aubervilliers mérite un maire, avec des projets au service des citoyens et de ce qui fonde la citoyenneté dans un pays où la laïcité est un rempart contre l’obscurantisme et le clientélisme.

Suzette Toignon

7 - Mohamed Sik, candidat des Verts dans les Yvelines

Que faire quand on pense qu’il faut combattre la laïcité, valoriser les « cultures », et surtout empêcher les populations arabo-musulmanes de s’intégrer dans le creuset républicain, pour les enfermer dans une identité religieuse communautariste ? Faire de la politique, et se présenter aux législatives ! Dans ce cas, dans quelle organisation est-ce le plus facile ? Chez les Verts ! Comment obtenir l’investiture ? En multipliant les adhésions des proches, à une époque où les effectifs fondent comme neige au soleil.

Dans la 9e circonscription des Yvelines, les Verts ont donc choisi comme candidat Mohammed Sik. Certains diront que c’est très bien, c’est un signe d’ouverture aux Français d’origine étrangère et qu’il n’y aurait rien à dire !
Sauf si cette candidature n’était pas le résultat d’une OPA sur le groupe local des Verts des Mureaux accompagnée d’une démarche ultra communautariste du candidat en question. OPA communautaire dans le sens ou la trentaine d’adhésions « spontanées » entre 2004 et 2005 sont en réalité les amis des cousins, cousines, épouse, frères et sœurs autour du candidat, fait unique dans les Yvelines ou il semblerait que dans le même temps tous les autres groupes locaux des VERTS ont au contraire perdu beaucoup d’adhérent, sans parler de ceux qui sont aujourd’hui candidats du mouvement démocrate comme Monique Le SAUX.
Il faut savoir qu’après une tentative d’entrisme au PS en 2001 qui a échoué malgré son engagement avec les socialistes dans la campagne des municipales, Mohamed Sik s’est rabattu sur les Verts, qui moins structurés et moins nombreux l’ont sûrement accueilli sans vraiment connaître ses réelles intentions.
Lorsque nous sommes tombés sur l’article de Mohammed SIK dans le « Courrier de Mantes » du 14 mars 2007 les doutes n’étaient plus permis quand à son engagement ultra communautariste pour une laïcité ‘’ouverte’’ ou selon lui l’injustice sociale ne frapperait que ‘’les arabes, les noirs, les pauvres et les musulmans’’. Sus à cette France raciste qui ne reconnaît pas tous ses enfants… Ou pire encore lorsqu’il décrit la future confrontation du monde entre le nationalisme, l’islamisme et…l’écologie dont on ne sait pas très bien ce qu’elle vient faire avec ces . . ismes. Il y avait déjà des doutes sur l’OPA de Slimane TIR à Roubaix, nous pouvons en avoir aussi sur celle de Mohamed Sik dans les Yvelines. Alors une question se pose ; Ou vont les Verts ? En tout cas, sûrement pas vers le « vivre ensemble » avec ses différences, comme le proclame ce candidat, et les mêmes droits pour tous mais plutôt le vivre séparément avec la différence des droits.

Lucette Jeanpierre

3 - combat laïque

1 - Enfants en danger

Je suis allée voir le documentaire "Jesus Camp", réalisé par Heidi Ewing et Rachel Grady en 2006.
J'ai eu froid dans le dos.

Des enfants à partir de cinq ans sont envoyés dans des espèces de colonies de vacances où ils subissent l'endoctrinement bien orchestré de la part de pasteurs pentecôtistes. Pendant toute la durée de la colonie les petites têtes blondes (pas un seul enfant noir... la colonie doit coûter cher... il faut bien subventionner les évangéliques) apprennent qu'il ne faut pas lire Harry Potter (donc il faut renoncer au rêve, à l'imaginaire, à la fantaisie), qu'il ne faut pas se raconter des histoires de fantômes (car seuls des chants sur Jésus peuvent élever l'âme), qu'il faut s'engager à dire NON à l'avortement, que ce n'est pas la peine de se demander si l'homosexualité est bien ou mal puisque la réponse est dans la Bible, qu'il faut vénérer le président Bush, dont une énorme silhouette en carton est présentée aux enfants pour qu'ils puissent se sentir proches de lui.

Pour rendre le "stage" attrayant on met des paroles religieuses sur une musique qui plaît aux enfants modernes.

Pour les culpabiliser on leur demande d'avoir honte de leurs pêchés et de se repentir en hurlant afin de libérer leur corps et leur âme des impuretés.

Les enfants crient, pleurent, tremblent, entrent en transe et s'effondrent.
On les emmène devant la Maison Blanche pour des manifestations contre l'avortement.
On leur dit que le pêché est puni de mort, donc on leur fait croire que la peine de mort est bien.
On leur fait promettre de rester fidèles aux enseignements toute leur vie, de ne pas se laisser tenter pas Satan.
On leur demande de prononcer leurs premiers prêches.
Le pasteur femme interviewée à la radio locale a fini par déclarer que la démocratie va s'autodétruire et que le pays (la terre?) ne pourra être sauvé que par Jésus (Bush).
Elle est persuadée qu'il faut endoctriner les petits américains comme les musulmans ou les juifs endoctrinent les leurs.
Beaucoup d'enfants sont éduqués à la maison par leurs parents, qui leur disent que la théorie de l'évolution de Darwin n'est pas crédible et que seul le créationnisme explique qui nous sommes.
Ils leur racontent aussi que le réchauffement de la planète est loin d'être le danger qu'on veut faire croire.
Certes ces enfants-là sont nourris et éduqués, ils ne sont pas obligés de travailler ou de se prostituer pour survivre, mais ils sont en danger. On est en train d'en faire de bons soldats de l'"armée de Dieu/Bush", on est en train de les priver des plaisirs de la lecture, de la réflexion personnelle, on est en train de les ramener au Moyen-Age.

Rosa Valentini

2 - Des religieuses en prison

Le quartier réservé aux femmes à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis comptait, jusqu'à ces dernières années, parmi le personnel de surveillance, des religieuses, les sœurs de Marie Joseph de la Miséricorde ; il y a encore actuellement quelques religieuses dans ce quartier, essentiellement à des fonctions d'infirmière. Cet ordre est présent au dépôt du Palais de Justice de Paris depuis le 19e siècle, en vertu d'une convention passée avec le ministère de la Justice. La liberté de croyance et de culte est naturellement essentielle, mais la présence de religieuses, à titre de personnel permanent, a de quoi surprendre dans un pays où la laïcité est une valeur fondamentale.

Il peut être argué que ces religieuses, surveillantes, enseignantes ou infirmières, exercent avant tout le métier pour lequel leur congrégation est en l'occurrence rémunérée, sans faire état de leur statut de religieuses. Sauf que, exercer une activité avec un uniforme religieux, avec des insignes, confère de fait une identité religieuse, allant à l'encontre du principe de laïcité. Principe qui fonde l'exercice même d'un service public, dans un lieu non confessionnel. On peut y voir une forme passive de prosélytisme, dans la mesure où cela met en avant une religion, occultant par la même les autres religions. Mais, il n'y a sans doute pas qu'une forme passive de prosélytisme à dénoncer ; les religieuses de la congrégation en question semblent avoir exercer une influence sur des femmes incarcérées dans l'établissement de Fleury-Mérogis, vers la fin des années 1990, les incitant à ne pas recourir, dans certaines situations, à une interruption volontaire de grossesse, par le biais de pressions morales. Cela constitue une atteinte insupportable à la liberté de choix des femmes ; liberté que même l'enfermement ne peut théoriquement enlever.

Il est sans doute aisé d'influencer dans ses choix quelqu'un qui est en situation de détresse matérielle, psychologique, morale ; mais précisément ne pas céder à cette facilité c'est être, en toutes circonstances, respectueux des personnes. Refuser à des hommes ou à des femmes cette forme de respect est simplement indigne ; indigne des valeurs de la République. Que penser de l'état qui laisse perdurer de telles possibilités, sans doute sous la pression de certains ordres religieux, mais aussi séduit peut-être par le fait que ces personnels sont probablement moins rémunérés que les autres personnels et que leur droit de grève ne s'exerce jamais ?

Ban Public dénonce clairement de telles pratiques, certes en passe de disparaître puisqu'il ne resterait actuellement qu'une dizaine de religieuses dans 3 prisons (la MA de Fleury-Mérogis, l'hôpital de Fresnes, le centre pénitentiaire de Rennes). Mais, n'y aurait-il qu'une religieuse au titre de personnel pénitentiaire que cela serait encore trop. La nouvelle garde des Sceaux, ministre de la Justice, Rachida Dati, a-t-elle prêté attention à cette altérité de la MAF de Fleury-Mérogis, lors de son passage dans cet établissement, le jour même de sa nomination ? Ou bien l'objet de cette visite était-il avant tout médiatique, avec en toile de fond cette phrase inlassablement martelée "nous serons intraitables sur la délinquance des mineurs" ? Il est tout autant nécessaire d'être intraitable sur le devoir de laïcité du service public pénitentiaire.

Daniel Deriot Membre de BAN PUBLIC (association de communication sur les problèmes liés à l'univers carcéral)
Secrétaire de l'association des droits de l'homme de CHALON S/S (SAONE ET LOIRE)

3 - L’offense aux sentiments religieux n’est pas la discrimination religieuse

Nos codes pénaux ne sanctionnent plus les conduites visant des entités divines mais seulement ce qui porte directement atteinte à l’intégrité des personnes. La loi envisage ces personnes soit pour elles-mêmes, comme des sujets de droit protégés contre les atteintes à leur intégrité physique, psychique, ou juridique ; soit parce qu’elles entrent dans des catégories sociales qui sont victimes de discriminations reconnues - vieillards, femmes, enfants, homosexuels, colonisés, esclaves, noirs…

La discrimination religieuse peut bien sûr figurer dans cette liste, mais à une condition expresse. La victime doit démontrer qu’elle a subi une atteinte directe à son intégrité physique, psychique, ou juridique : on l’a battue, harcelée au travail, insultée dans la rue ; on a refusé de lui louer un logement, de lui donner une promotion ou un emploi… du seul fait qu’elle est catholique, sikh, bouddhiste ou musulmane.

Depuis les années 80, un nouveau motif de plainte judiciaire a fait son apparition : des « victimes » invoquent une « offense » faite à leurs « sentiments religieux ». Elles assurent que telle affiche, tel film, telle caricature, tel article de journal, tel livre… « blesse leurs sentiments religieux ». Même en France, où le droit pénal s’est considérablement détaché de la religion et des notions rattachées à l’idée de péché - superstition, blasphème, hérésie, sacrilège… -, des juges ont commencé à accepter cette nouvelle incrimination.

Ainsi, en 2005, quand l’association Croyances et Libertés, représentant l’épiscopat français, a fait interdire la campagne publicitaire de la firme de prêt-à-porter Marithé et François Girbaud, qui détournait le tableau de Léonard de Vinci, La Cène. Deux juges successifs, en référé puis en appel, ont estimé que cette publicité constituait « un acte d'intrusion agressive et gratuite dans les tréfonds des croyances intimes », et qu’elle faisait « gravement injure aux sentiments religieux et à la foi des catholiques ». De manière implicite, ces jugements constituaient « les catholiques » en une catégorie sociale victime de discrimination. Il fallut un arrêt de la Cour de Cassation, en novembre 2006, pour que l’évidence juridique soit rétablie : la campagne publicitaire des Girbaud « n'avait pas pour vocation d'outrager les fidèles de confession catholique, ni de les atteindre dans leur considération en raison de leur obédience, et ne constituait pas d'injure, d’attaque personnelle et directe dirigée contre un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse. Elle relève de la liberté d'expression. » Dans cet arrêt, les juges de la Cour de cassation se sont bornés à passer en revue les critères de discrimination et à démontrer que la publicité des Girbaud n’en relevait pas. Dès lors, elle était protégée par le droit à la liberté d’expression.

Tout au long du débat dans la presse, des dignitaires de l’Eglise catholique avaient invoqué un « droit au respect de leurs croyances » qui serait une composante essentielle de leur « droit à la liberté religieuse ». Rappelons qu’en droit français la liberté de religion consiste, en tout et pour tout, à librement exercer et exprimer sa foi. Rien, dans le code pénal, n’ordonne le « respect des croyances » : les idées religieuses, comme toutes les opinions, s’exposent à la critique en vertu du droit à la liberté d’expression.

Il en va de même pour l’« offense aux sentiments religieux », qui n’a encore, dieux merci, aucune réalité juridique. En effet, invoquer le respect de mes sentiments religieux, ce serait les intégrer à la dignité de ma personne. Or un sujet de droits civiques un citoyen , ne peut pas étendre son exigence de dignité jusque là, car l’atteinte aux « sentiments religieux » n’est ni un préjudice matériel (physique) ni un préjudice moral (comme dans le cas du harcèlement moral). Quand des croyants évoquent leurs « sentiments » religieux, ils signifient que la critique les atteint au plus profond d’eux-mêmes, dans leur adhésion à ce qu’ils considèrent comme plus important que leur vie (ils pourraient mourir pour défendre l’honneur du christianisme, ou celui du Prophète). En somme, ils imposent à tous les citoyens leur ontologie particulière, selon laquelle c’est l’ordre divin et non le droit humain qui fonde la personne, et ils posent que le fait de ne pas l’admettre équivaut à les insulter.

La récente affaire des « caricatures de Mahomet » a montré à quel point les souffrances des croyants peuvent être intenses et les conduire à des extrémités catastrophiques. Nous autres, laïques, ne pouvons pas nous borner à rejeter ces souffrances sous prétexte qu’elles ont été manipulées, ou qu’elles sont inauthentiques. Mais nous pouvons opposer quelques arguments aux « victimes » de ce « préjudice » qui accepteraient de débattre. D’abord, toutes les religions – et l’islam comme les autres -- font une place essentielle à la liberté humaine. Ne pas l’admetttre, c’est être un fanatique, et non pas un croyant. Ensuite, si l’on introduisait dans le droit pénal un grief d’« atteinte aux sentiments » (c’est-à-dire aux convictions les plus intenses de chacun), l’institution judiciaire serait vite engorgée. Car les croyants respectueux de la liberté humaine, les laïques, les démocrates, les libéraux, les partisans du pluralisme des convictions…, intenteraient à leur tour des procès aux fanatiques.

Enfin, ceux qui détiennent le pouvoir judiciaire seraient contraints de trancher entre ces convictions antagonistes, et rien ne garantit aux fanatiques qu’ils seraient les seuls à profiter de l’autoritarisme généralisé qui s’ensuivrait.

Somme toute, ces lignes espèrent démontrer aux croyants que la liberté d’expression est la meilleure protection imaginable pour leurs « sentiments religieux ». Et aux laïques, que leur sympathie pour les souffrances des croyants les conduit, en réalité, à ne défendre parmi eux que les seuls fanatiques.

Jeanne Favret-Saada chercheur en anthropologie. Elle vient de publier un livre sur l'affaire « des caricatures de Mahomet » : Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins, Paris, 2007, Les Prairies ordinaires.

4 - débats républicains

1 - La nation, un concept républicain: pour une solution républicaine au conflit israélo-palestinien

Il paraît important de terminer cette série d'articles sur le concept républicain de la nation (hormis certes l'article 16 sur les conclusions à en tirer) sur la vision républicaine d'une résolution du conflit israélo-palestinien, vu les invraisemblables positions racistes dites « antisionistes » de nos islamogauchistes qui cachent un antisémitisme haineux (haine ancestral du juif), avec toutes les positions qui en découlent a minima « des bobos de la gauche bien pensante et pensant bien » n'hésitant pas à pontifier sans référence aux principes républicains avec leur bonne conscience « légendaire » sur le thème d'une « paix juste et durable », positions alimentées, il faut bien toujours le reconnaître et le souligner par une politique hypernationaliste, colonialiste et théocratique de l'état d'Israël, scandaleusement tolérée elle aussi par la communauté internationale sous influence bushiste et pour notre pays par une grande partie de la communauté juive et par la droite à relent raciste anti-arabe. Il est temps pour les républicains, surtout les républicains de la gauche laïque anticapitaliste, de faire entendre leur voix sur ce sujet qui empoisonne la vie sociale de nos quartiers dans les villes et de nos organisations associatives.

Résumons dons, sans parti pris a priori, la situation actuelle de la Palestine à partir du déroulement historique admis par les historiens « neutres et indépendants »

Un peuple de l'antiquité, défini par des critères habituels culturels, religieux, politiques que l'on admet pour l'antiquité, le peuple juif, habitant le territoire que l'on appelait à l'époque la Judée, est vaincu par l'armée romaine qui détruit tous ses symboles religieux et politiques, et organisent systématiquement à plusieurs reprises son expulsion de ce territoire (dont les édits d'HADRIEN des années 132 à 135): (c'est l'équivalent dans notre époque contemporaine, du nettoyage ethnique de la population arménienne de son territoire par les nationalistes turcs de 1915 à 1920). Les communautés juives dispersées dans le monde à partir de cette date, prospèrent (notamment par la conversion au judaïsme avant l'arrivée du christianisme et de l'islam dans le bassin méditerranéen, l'Europe, l'Afrique et l'Asie), en gardant des critères ethnico-historiques et culturels autour de la pratique d'une religion bien différenciée avec sa langue religieuse (l'hébreu), et résistent à l'oppression chrétienne et musulmane au fil des siècles, oppression qui a toujours connue des épisodes sanglants de massacres jusqu'aux pogroms européens du 19ème et 20ème siècle et aux massacres du moyen orient tout au cours du 20ème siècle, avec bien sur l'épisode de la Shoah perpétrée par les nazis et leurs valets antisémites. C'est de cette oppression que naît au 19e siècle en Europe un mouvement de résistance fondé sur l'élaboration d'une revendication de type national pour les communautés juives, le Sionisme, qui agit pour obtenir un état sur la terres de la filiation historique, la Palestine (nouveau nom de la Judée). Et le début du « retour » s'organise peu à peu par des méthodes classiques de colonisation, car évidemment, depuis le temps de l'Antiquité, la Palestine avait été occupée par une population islamisée (majoritairement) et arabisée (totalement pour la langue) qui se voyait dépossédée de ce qu'elle considérait à son tour (et il faut le souligner aussi à juste titre dans la vision évolutive de l'histoire) comme ses terres ancestrales.

En effet, contrairement à la propagande sioniste le pays n'était pas vide (ou presque) d'habitants au 19ème siècle, même si tous les historiens sérieux indépendants admettent qu'au moins entre 1900 et 1940, une émigration autour de 200 mille personnes originaires surtout de Syrie est venue s'ajoutée aux descendants bien réels des 410 000 habitants recensés par l'administration ottomane dans les années 1860 et suivantes. Un sentiment de résistance à la dépossession coloniale de ces populations arabisées et majoritairement musulmanes naquit alors et se transforma en sentiment national arabe palestinien à partir de 1920-1930. Nous avons alors la constitution « politique » de 2 nations, au sens républicain du terme, fondées toutes les 2 sur un besoin et un sentiment de libération nationale, mais se faisant férocement la guerre pour la possession d'un même territoire, avec pour conséquence tous les débordements de type massacres (perpétrés de part et d'autre) et déplacements de population (la « naqba » pour les arabes palestiniens) qu'a suivi la création de l'état d'Israël en 1948.

Pour la bonne compréhension, il est utile d'ajouter les données suivantes (sources indépendantes):

En 1948, l'état d'Israël s'est constitué avec 650 000 personnes se déclarant issues du peuple juif;
En 1948, étaient recensés 740 000 arabes palestiniens dans le territoire du mandat britannique dit de Palestine (territoire un peu réduit depuis 1920 par la création de l'état de Transjordanie, devenue depuis la Jordanie);
En 1948, toujours, donc, 600 000 réfugiés palestiniens ont été recensé hors de l'état d'Israël, 140 000 « arabes palestiniens » étant restés dans l'état d'Israël.

L'état d'Israël compte aujourd'hui 7 millions d'habitants dont 1 400 000 arabes palestiniens majoritairement musulmans, 300 000 minorités soutenant la création de l'état d'Israël comme les Druzes, les Samaritains, les Circassiens, etc., et autres populations refusées comme juives par le rabbinat, et donc 5 300 000 citoyens considérés comme juifs, la moitié environ sont issus de populations ayant été chassées ou discriminées avec violence par les états arabes musulmans alentour)

Les réfugiés palestiniens sont actuellement recensés comme 2 500 000 personnes, 700 000 vivant en Cisjordanie et 1000 000 dans la bande de Gaza, donc dans le futur état palestinien)

A ce nombre il faut ajouter 1 700 000 personnes vivant en Jordanie et qui ont la nationalité jordanienne et qui forment donc la majorité de la nation jordanienne, et 2 000 000 de personnes environs vivant dans les pays du Golfe, en Egypte et en Amérique ;

Revenons à notre conception républicaine de la nation;

D'abord, il n'y a pas de solutions « juste » pour l'une ou l'autre partie, donc fondée sur des justifications ethnico-historiques, mais seulement des solutions permettant l'existence de 2 nations dans des frontières reconnues par elles et par la communauté internationale Il est nécessaire en effet de rappeler que pour 2 populations ayant chacune choisi sa langue nationale (l'hébreu moderne et l'arabe), il est indispensable qu'elles s'organisent dans 2 territoires nationaux distincts pour assumer leurs volontés de destin, (même si ultérieurement elles peuvent s'unir par une délégation de souveraineté dans une structure de type fédérale). La proposition par les islamogauchistes patentés et masqués de créer un seul état israélo-palestinien soit-disant laïque ou son dérivé idéologique dit d'état binational, ne sert qu'à faire passer dans les faits la volonté d'opprimer une population se reconnaissant comme faisant parti d'une nation par l'autre partie de la population imposant sa domination numérique)

La seule proposition de réglement de conflit selon ces critères de solutions républicaines est celle de l'Initiative de Genève de décembre 2003, réalisés par des hommes politiques de premier plan israélin (comme Yossi Beilin) et palestinien (comme Yasser Abed Rabbo) avec des accords équilibrés de tracés de frontières fondés sur celui de l'armistice de 1949, de réparations financières des réfugiés palestiniens et une aide à s'installer dans leur territoire national.

Rappelons à ce sujet que les solution républicaines des conflits nationaux excluent le Droit individuel et collectif au retour (cf les accords bilatéraux d'après 1991 Allemagne-Pologne -Tchéquie qui exclue le retour des 8 millions d'allemands dans les territoires nationaux reconnus des Polonais et des Tchèques.) L'accord contenu à ce sujet dans l'Initiative de Genève propose seulement des possibilités individuelles et humanitaires de retour dans le territoire israélien

En conséquence le devoir des organisations politiques françaises se voulant républicaines ainsi que le devoir de toutes les organisations associatives républicaines est de populariser ces accords de l'Initiative de Genève dans la société civile française au nom de notre conception républicaine, ce qui est un enjeu fondamental devant l'état de décomposition politique républicaine de notre pays (la fin des subventions publiques à celles qui préconisent la domination d'une communauté sur une autre quelle qu'elle soit et vantant quelque solution masquée à ce sujet doit dans le contexte actuel de conflit, être effective)

Mais une fois cette solution actée dans les faits (et il faudra bien se donner les moyens au niveau des états pour arriver à sa réalisation), cela ne suffit pas, car pour nous républicains laiques ce n'est qu'une étape intermédiaire. En effet, nous avons déjà vu que notre conception de l'état-nation ne prenait sa dimension émancipatrice que ce si la laïcité s'instaurait en son sein.

Certes, le futur état arabe palestinien devra alors instaurer un état laïque et se débarrasser à cette occasion des organisations criminelles que sont le Hamas, le Djihad islamique et autres organisations islamistes admiratrices de l'idéologie nazie, mais l'état d'Israël devra profondément se transformer. En effet l'état d'Israël , même si, de la part de tous les analystes politiques il est fondé sur une volonté national (il n'est pas possible dans cet article d'en faire la démonstration), il n'en est pas moins vrai qu'il se réfère à une conception ethnico-historique d'un peuple (le peuple juif dont les membres dispersés peuvent se réfugier en son sein en cas de persécution, entre autres) , avec, pour le définir, des critères religieux, ce qui en a fait un état théocratique, rejetant en citoyens de seconde zone en particulier les arabes israéliens. L'étape suivante, après la solution des accords de l'Initiative de Genève sera dons de transformer l'état d'Israël en un état laïque, dans lequel la nation israélienne qui se réalisera autour de la langue de l'hébreu moderne se constituera avec des citoyens quelles que soient leur origine, leur religion et avec une totale égalité des droits.

TOUT CELA FAIT PARTI DE L'ENJEU QUE CONSTITUE L'EDUCATION POPULAIRE A LAQUELLE DOIVENT S'ATTACHER LES REPUBLICAINS QUI VEULENT VOIR PARTOUT SE REALISER LA REPUBLIQUE SOCIALE FONDEE SUR LE CONCEPT REPUBLICAIN DE LA NATION.

Valentin Boudras-Chapon

2 - Pour François Burgat, l’islamisme est « une régression féconde » (VI ème et dernière partie)

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Lire la 5ème partie

Le renversement dans les années 1980 du régime progressiste d’Afghanistan par la coalition impérialo-islamistes

Nous aurions espéré voir, que là aussi, aussi bien le chercheur que l’homme de gauche, nous révéler les véritables enjeux de la guerre d’Afghanistan, qui avait vu s’affronter, en 1980, d’une part, le régime progressiste de Najibullah et l’armée rouge, à laquelle il avait fait imprudemment appel à l’aide, et d’autre part, la coalition islamiste et impérialiste mondiales. Or celui-ci reproduit aujourd’hui encore la mystification des peuples musulmans et d’Occident, par les impérialistes, les monarques réactionnaires du golfe et les mouvements islamistes.

Ainsi, parle-t-il de « participation victorieuse des islamistes à la résistance contre l’occupation c’est moi qui souligne, H.A soviétique de l’Afghanistan» et de « victoire des combattants » c’est moi qui souligne, H.A islamistes, dans ce pays. Rappelons, qu’en 1980, Valéry Giscard d’Estaing, le principal rédacteur de l’ultra-libéral et antilaïque Traité constitutionnel européen, avait déclaré : « Pour combattre le communisme nous devons lui opposer une idéologie. A l’Ouest, nous n’avons rien. C’est pourquoi nous devons nous appuyer sur l’islam ». Lors de cet affrontement, les mouvements islamistes du monde entier avaient participé au recrutement de mercenaires, parmi la jeunesse musulmane, encadrée ensuite par les services secrets du dictateur islamiste pakistanais, Zia el Haq, et entraîné et fortement armés par la CIA, dans les bases arrières de Peshawar, au Pakistan.

Nous nous attendions à ce que notre auteur nous montre aussi, comment cette coalition avait réussi à faire croire à ces jeunes qu’ils allaient combattre pour l’islam, alors qu’ils avaient servi de chaire à canon, pour défendre les intérêts des impérialistes, des multinationales et des milliardaires musulmans. Parmi ces « combattants » figurait l’une des créatures de la CIA, devenue tristement célèbre, par la suite ; le terroriste- milliardaire, Oussan Ben Laden. Les islamistes des pays musulmans avaient également mené la guerre de l’image sur ce conflit. Grâce aux pétrodollars, n’importe quel groupe islamiste d’un coin perdu d’Algérie (c’est très probablement le cas pour d’autres pays musulmans, en Europe et aux Etats-Unis), disposait d’un téléviseur couleur (perle rare et très chère à l’époque) et de cassettes vidéos (technologie encore hors de portée de la gauche désargentée des pays musulmans) pour montrer par exemple, comment Dieu envoyait un grand un oiseau abattre les avions Mig ou Sukhoï, et les chars d’assaut T. 60 soviétiques.

Les insinuations malveillantes de François Burgat à l’égard de l’ensemble des élites et des oppositions non islamistes des pays musulmans

La quête éperdue de cette universitaire à servir les islamistes n’a d’égale que la haine qu’il voue aux « élites » non islamistes, dans les pays musulmans, élites qu’il essaie, vaille que vaille, de discréditer, en les désignant ou en leur adjoignant systématiquement des termes disqualifiant. Il tente par cette pratique de créer un effet de contraste qui soit favorable à ses amis islamistes. Sa hantise est que ces intellectuels, ces militants et ces opposants puissent être vues comme une alternative crédible, par la gauche et les minorités musulmanes, d’Europe.
C’est ainsi qu’il les traite d’« élite acculturée », d’élite « dite laïque », d’« infime élite qui avait intériorisée » les valeurs du Nord judéo-chrétien, soit dit en passant les mêmes que celles, qu’il jure ses grands dieux, que les islamistes sont les seuls porteurs parmi les peuples musulmans. Il réduit également toutes ces élites à des « oppositions plus ou moins préfabriquées (ou cooptée) à des fins cosmétiques pour les besoins de la mise en scène d’un pluralisme destiné avant tout à l’exportation ».

Mais qui sont donc ces femmes et ces hommes, ces militantes et ces militants, ces intellectuels et ces opposants qu’il fustige tant, et dont il passe sous silence le combat, parfois de toute une vie, pour les libertés syndicales, les droits sociaux, les droits des femmes, les libertés fondamentales, combat pour lequel ils avaient payé et paient encore un lourd tribu ? Burgat sait parfaitement qu’il ne s’agit pas seulement de béni-oui-oui. Mais il n’a pas le courage de les nommer. Peut-être le fera-t-il à l’avenir ? Ces élites, qu’il maltraite, ont d’abord été et pendant des décennies, presque uniquement, les communistes et l’extrême gauche, et peu ou prou, les nationalistes de gauche qui incarnaient dans ces pays, les valeurs du progrès politique, économique et social. Font partie de ces élites, ces franges des couches moyennes musulmanes modernistes et laïques et des théologiens musulmans libéraux.

Sources :
Textes de François Burgat :

Hakim Arabdiou

5 - à lire, à voir ou à écouter

1 - « De la destruction du savoir en temps de paix Ecole, Université, Patrimoine, Recherche »

Sous la direction de Corinne Abensour
Œuvre collective de Kathleen Barbereau,
Frédéric Kleman, Jean-Loïc Le Quellec,
Jacques Maillard, Pascal Polisset, Bernard Sergent,
Jean-Philippe Testefort et Edith Wolf.
Editions Mille et une nuits
456 pages
19 €
mars 2207

Il ne s’agit pas là du nième livre écrit par un parent en colère ou un enseignant découragé… C’est une œuvre collective de réflexion et d’analyse qui nous est offerte.

Les auteurs qu’ils soient enseignants, chercheurs ou sociologues établissent le même diagnostic et mènent le même combat contre tous ceux qui voudraient mettre fin à la transmission des savoirs.

Les différentes réformes qui se sont succédé depuis la loi Haby de 1975 présentent une continuité et non une rupture d’après les auteurs qui y voient une adaptation du système scolaire aux directives européennes et aux besoins propres du patronat. Il faut à la fois des dépenses publiques les plus réduites possibles et à la fois disposer d’une main d’œuvre corvéable, jetable et capable de s’adapter.

La loi prétendue progressiste dite loi d’orientation Jospin de juillet 1989 a permis de remettre en question les règles d’égalité de traitement entre les établissements et à instituer une concurrence entre écoles, préparant le terrain à de nouvelles « innovations ».

« Le « projet d’établissement » a beaucoup contribué à domestiquer les récalcitrants. Les dotations budgétaires des établissements sont devenues systématiquement insuffisantes pour assurer les horaires encore définis nationalement. L’astuce a consisté pour les inspections académiques à moduler ces dotations par des crédits occasionnels en fonction de la docilité manifestéé aux « innovations » destructrices prônées par la loi de 1989.Dès lors, les établissements se sont retrouvés en concurrence les uns avec les autres…. »

Effectivement, il y a là un risque de voir se mettre en place une éducation qui perde son caractère national.

Des voix commencent à s’élever pour demander que la décentralisation soit menée à son terme avec des établissements détenant un caractère propre et des chefs d’établissements véritables chefs d’entreprises cherchant des sources de financements…

Même une certaine « gauche » rompt avec les principes républicains affichés en préconisant une certaine marchandisation de l’école. « …La campagne sur le respect de l’école lancée par Jack Lang était sponsorisée par la firme Morgan et on pouvait commander d’un simple clic un tee-shirt de cette marque, sur le site du ministère ».

L'argumentation développée est pertinente et rigoureuse et le lecteur y trouvera des clefs de compréhensiion sur les évolutions en cours et les politiques de destruction du savoir. Je n'ai qu'une critique à formuler c'est d'y retrouver encore une fois une condamnation un peu expéditive, sans réelle démonstration de la méthode dite semi globale...

Ceci étant dit, l'intérêt du livre c'est aussi d'aborder aussi la question du patrimoine et de la recherche, sujet de préoccupation et d'inquiétude qu'il le faut pas minimiser.

Dans l'une des contributions , intitulée « Trois musées aux gémonies », Bernard Sergent, chercheur au CNRS explique bien que derrière l'initiative personnelle, très médiatique du président Jacques Chirac conduisant à créer un nouveau musée dit d'art premier, voué exclusivement au tourisme, se cache une opération peu reluisante.

« le musée de l'Homme de Paul Rivet a cessé d'exister », l'ethnologie mise en caisses n'a surtout pas été déménagée au quai Branly.

« Le résultat est, avec la casse de trois musées, une très grande catastrophe culturelle qui n'a rien à envier à la Révolution culturelle chinoise, ou même à l'Afghanistan des talibans. Avec cette « nuance » que la casse française se déroule dans un pays qui se veut démocratique, en temps de paix. »...

Ce processus de marchandisation, de destruction de savoirs « non rentables » , de démantèlement des services publics de la Recherche, de l'Education et de la Culture se poursuivra inéluctablement, à moins que nous puissions l'arrêter.

Jean-François Chalot

Agenda

vendredi 25 - lundi 28 mai 07

3ème Université Populaire Laïque (UPL) de l'UFAL

week-end de Pentecôte 2007 à Annonay (Ardèche)
au centre du Groupement des Œuvres Laïques, chemin du Grand Mûrier

Programme:

une série de thèmes qui vont apparaître d'une actualité brûlante après les résultats de l'élection présidentielle, à traiter en ateliers ou en débats pléniers :

Vendredi 25 mai

Dans quelle mesure, le réchauffement climatique provient -il de l'effet de serre? par Christiane Causse

Quel perspective pour le secteur développement durable ? par Christian Gaudray et Guillaume Campioni

Samedi 26 mai

Eradiquer le chômage et la précarité, par Gérard Lalot (ATTAC France)

Agenda national et international de l'UFAL par le SN de l'UFAL

réunions des secteurs thématiques de l'UFAL (laïcité, santé/protection sociale, féminisme et laïcité, école, services publics, développement durable)

soirée méchoui grillades

Dimanche 27 mai

Quelle solidarité internationale pour le féminisme et la laïcité ? avec Jocelyne Clarke, Bernard Teper et des féministes laïques algériennes

Le financement de la protection sociale, par R. Thaller, spécialiste de la protection sociale

Réunion des secteurs thématiques (suite de la veille)

soirée musicale

Lundi 28 mai

Développer l'éducation populaire laïque tournée vers l'action par le SN de l'UFAL, avec Jean-François Chalot, Bernard Teper et des personnalités extérieures

Bureau national de l'UFAL ouvert aux participants

 

L'organisation matérielle

FORMULE CLASSIQUE: hébergement en chambres de 2 ou 4 lits sur place dans le Centre avec 3 nuits du vendredi au Lundi, 3 petits déjeuners, 2 repas le samedi et 2 le dimanche forfait à 125 euros pour une personne, 230 euros pour un couple, 90 euros pour chômeur ou personne en précarité.

Les chèques vacances sont acceptés.

Acompte de 40 euros par personne à verser avant le 1er mai dernier délai à UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

FORMULE A LA CARTE:

Pour la formule à la carte il sera demandé une participation forfaitaire de 20 euros pour les frais fixes (dont location des salles...)

acompte de

à verser avant le 1er mai dernier délai, à l'UFAL-Rhône-Alpes 40, rue des écureuils 38500-Coublevie

L'hébergement des enfants sera gratuit et ils seront pris en charge lors des principaux débats.

mardi 29 mai 2007

Après l’élection de Sarkozy, comment défendre les principes laïques et républicains ?

à Mantes, salle Agora

Réunion-débat

Sous la présidence d'Hayet Morillon, présidente de l'Ufal du Mantois

Avec:

Un pot amical clôturera la soirée

jeudi 31 mai 2007

La violence et les jeunes, si on en parlait?

Centre Culturel et de la Vie associative
234 Cours Emile Zola , Villeurbanne
Métro Flachet

Sur l'invitation de:

avec la participation de Pascale Crozon Interviendront à la Tribune: - Jean-Claude Santana (président de l4UFAL du Rhône, auditionné par la Commission Stasi) - Malika Haddad (NPNS) - Dominique Ginet - psychologue. Maître de conférence à Lyon 2 - Un représentant du syndicat national des officiers de Police (UNSA)

vendredi 1 juin 2007

Conférence-débat sur le Darfour

3, place Georges Braque, La Courneuve

Organisée par Africa
avec la participation de
Dominique Sopo, Président de S.O.S. Racisme

En silence, tout comme il y a 12 ans au Rwanda, se déroule le premier génocide du 21ème siècle dans une région de l’ouest du Soudan : Le Darfour.

Depuis l’hiver 2003, 300.000 hommes, femmes et enfants y sont morts de l’incurie médiatique et politique.

Pour comprendre la situation, et afin d’organiser la nécessaire solidarité, AFRICA organise une conférence-débat informative.

Restauration rapide sur place

samedi 9 juin 2007

Rencontre avec Julien Landfried sur "Contre le communautarisme"

à la librairie l’Apostrophe
2 rue Théophile Roussel
75012-Paris
Métro : Ledru-Rollin (ligne 8)

"République et Socialisme - C.E.R.I.S.E" vous convie au 4ème samedi de CERISE

Plan d’accès sur mappy.com / pagesjaunes.com en cliquant ici

mardi 12 juin 2007

Afrique, pillage à huis clos

dans les salons de la Fondation des Français Libres
59, rue Vergniaud, 75013 Paris - 01.53.62.81.81

105e dîner-débat de l’Académie du Gaullisme

Animé par Jacques Dauer, président de l’Académie du Gaullisme

et présidé par

Xavier Harel, écrivain, journaliste à La Tribune

Thème : Afrique, pillage à huis clos

Avec précision et force détails, Xavier Harel analyse et démontre que le cynisme de quelques grands dirigeants, qu’ils soient « politiques » ou à la tête de sociétés multinationales, n’a d’égal que leur cupidité et leur amoralité ; ils pillent sans vergogne l’une des principales richesses de l’Afrique : l’or noir, contribuant ainsi à accentuer la pauvreté des populations. La corruption est leur arme préférée.

Pour participer, écrire à Jacques Dauer
18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine
(accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme)
06.81.24.15.95 - 01.64.24.65.98

Prix du repas : adhérent 38 € ; non-adhérents 41 € ; moins de vingt-cinq ans 25 €.

samedi 16 juin 2007

La vie chère

Salle de la Maison des syndicats, place de la Myrpe, à Bergerac

Réunion – débat

Avec Pierre Cassen, rédacteur en chef de Respublica, porte-parole de l’Ufal 78

Débat organisé par la Libre-Pensée Dordogne

Voir l'agenda complet en ligne

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27 rue de la Réunion
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