Esprit de cour dans certains médias
Non content d’avoir fortement dévalué notre pays, Emmanuel Macron nous propose de le supporter encore deux ans, ce qui est inhumain. Si c’était le cas, dans quel état la France sortirait de ce tunnel ? Il semble content de faire reculer la France. Il profite de la guerre en Ukraine pour pérorer dans les télévisions alors qu’il n’a plus aucune influence internationale.
Alors que la cote du Premier ministre François Bayrou a encore baissé après sa prestation devant la commission parlementaire sur les sévices de l’école privée catholique de Bétharram (il perd de nouveau 4 points à 20 % d’avis favorables), l’émission « C’est dans l’air » sur France 5 a trouvé que François Bayrou a réussi son audition. Nous vous proposons donc une devinette : pourquoi n’y avait-il pas 6 macronistes sur le plateau ? C’est qu’ils n’étaient que 5 ! Triste service public de l’audiovisuel !
Décryptage de l’allocution présidentielle
Emmanuel Macron a une fois de plus dit, lors de son allocution-fleuve, qu’il n’utilisera pas le seul moyen de résoudre le problème des retraites, à savoir de faire en sorte, pour la justice sociale, que les plus fortunés en revenus et patrimoine paient en proportion et de manière progressive plus que les couches moyennes. Il a utilisé de faux arguments et tenté de justifier que la justice sociale ne devait pas toucher l’oligarchie.
Entêtement dans l’esprit ultralibéral
Pire, il a utilisé cette allocution pour proposer que le financement de la Sécurité sociale se fasse via la TVA, appelée sociale pour l’occasion. C’est le moyen le plus anti-distributif qui soit. Ce qui veut dire qu’il a décidé de continuer sa politique de ruissellement du bas vers le haut de la hiérarchie sociale en faisant des cadeaux continuels à ses amis de l’oligarchie française sans contrepartie.
Le prétexte fallacieux des dépenses publiques et de l’allongement de la durée de vie
Il nous a refait le coup des dépenses publiques plus fortes en France que dans d’autres pays européens. Et pas un journaliste, et pour cause, dans les médias dominants pour lui répondre que l’on ne pouvait pas comparer des choses non comparables. Le premier poste des dépenses sociales en France est les retraites, qui sont classées comme dépenses publiques. Aux États-Unis, la majorité des retraites sont classées à juste titre comme dépenses privées. Dans certains pays européens, le système est mixte. Un collégien en France, une fois qu’il a compris cela, sait alors que l’on ne peut pas comparer les dépenses publiques françaises et américaines ou étrangères si elles ne comportent pas les mêmes agrégats. Il s’agit en fait d’un mensonge volontaire du chef de l’État. Ou alors, c’est à désespérer de l’ENA !
En plus, il fait des comparaisons internationales où il compare l’âge légal de départ à la retraite en France avec l’âge à l’étranger pour avoir un taux plein ou une retraite complète. La question devient de savoir s’il fait la différence entre ces « âges » ou s’il le fait exprès ? Dans les deux cas, c’est une honte ! Quant à sa phrase « on doit travailler plus longtemps puisque l’on vit plus longtemps », il faudra qu’il ose se ridiculiser en tentant de démontrer ce dogme. Heureusement que les grandes avancées sociales ont toujours diminué le temps de travail et qu’aujourd’hui, il n’y a aucune difficulté à le diminuer à condition d’appliquer une justice sociale et fiscale. Emmanuel Macron a même licencié Pierre Louis Bras, l’un des meilleurs connaisseurs du système des retraites, de la présidence du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) parce qu’il avait fourni les données montrant qu’il n’y avait pas le feu au lac des retraites !
L’argent magique pour les nantis vs baisse des dépenses sociales
En fait pour Emmanuel Macron et tout l’extrême centre français et européen avec lui, « l’argent magique » qui provient du ruissellement du bas vers le haut de la hiérarchie sociale (CICE, Crédit impôt recherche, baisse des taux réels des impôts pour l’oligarchie et le dernier décile, etc.) ou de la planche à billet de la Banque centrale européenne ou de la baisse des dépenses sociales pour le plus grand nombre, est fléché uniquement vers le renforcement des armées, le financement des dividendes, les géants de l’agro-industrie via la PAC.
Pour Emmanuel Macron et tout l’extrême centre français et européen avec lui, « l’argent magique » qui provient du ruissellement du bas vers le haut de la hiérarchie sociale est fléché uniquement vers le renforcement des armées, le financement des dividendes, les géants de l’agro-industrie via la PAC.
Et pour la baisse des dépenses sociales, Emmanuel Macron est « cash », cela doit provenir du système de retraites, des dépenses de santé et des allocations chômage. Il a même osé montrer un graphique sans tenir compte du niveau de la précarité et de la pauvreté qui augmente en France. En revanche, il a oublié de dire que les baisses d’impôts des plus riches et les aides aux grandes entreprises sans contrepartie sont la principale raison du dérapage des comptes publics, alors que l’on n’a vu aucune relance de l’économie en compensation.
Si on rajoute le fait que la grande bourgeoisie et les grandes entreprises n’ont pas utilisé les baisses d’impôts et cadeaux fiscaux des entreprises pour investir plus, que la productivité de l’économie française a chuté plus qu’ailleurs en Europe, on comprend les 1 000 milliards de dettes supplémentaires produites par la politique menée par l’extrême centre français depuis 2017. Le chômage est reparti à la hausse et les plans sociaux s’accumulent. Nous venons d’apprendre que Safra, le seul constructeur français d’autobus à hydrogène, est repris par le groupe chinois Wanrun à la barre du tribunal de commerce d’Albi contre l’avis des salariés. Une fois de plus, il n’est prévu aucune planification sur des technologies d’avenir.
La France plus attractive ?
Il a dit que la France était devenue le pays le plus attractif de l’Europe pour les investissements étrangers. Il a oublié de dire que la France attirait moins d’investissements étrangers que l’Espagne, la Pologne, le Royaume-Uni et le Portugal. De plus, chaque investissement réalisé en France produit moins de création d’emploi qu’ailleurs.
Le Président des riches
Il n’a pas été content que Cécile Duflot d’Oxfam lui dise qu’il était le président des riches. Il serait plus exact d’affirmer qu’il est le président qui mène une politique favorable aux plus riches. Pourtant, il a dit qu’il ne fallait pas taxer les riches, car sinon ils allaient partir. Dans toute l’histoire du monde, à chaque fois qu’il y a eu un peu plus de justice sociale et fiscale, le nombre de départs fut insignifiant. Mais en plus, le taux de pauvreté a augmenté depuis 2017 à 14,4 % (dont 31,4 % pour les familles monoparentales). Idem pour le nombre de jeunes sans emploi ni en formation, qui, depuis sa réélection, est passé de 11 % à 12,8 %. Il a oublié de dire que ce sont les plus aisés qui ont profité des baisses des impôts (ISF supprimé, flat tax, etc.). Il a même critiqué l’Assemblée nationale qui a voté la taxe Zucman, alors que cette taxe est minime et très insuffisante pour une vraie justice sociale et fiscale.
L’extrême centre est irresponsable par nature
Parler cinq minutes du sujet environnemental, soit 2,8 % du total, disons que c’est trop peu, dit Jean-Marc Jancovici ! Nous avons eu droit à des slogans sans preuve tangible. Il a dit que la France contrôlait toute la chaîne amont pour les voitures électriques. Concernant la voiture électrique, alors qu’il y a 4 ou 5 étapes entre la mine et la voiture (le constructeur de la voiture, le fabricant de batteries, le fabricant des matériaux actifs pour la batterie, le raffineur des métaux, et l’extracteur de minerai), il est impossible d’être sûr des choix écologiques effectués dès la première étape quand la France se trouve uniquement à la cinquième. Ou alors, il faut le prouver.
Macron parle de l’économie circulaire pour ne pas importer le lithium nécessaire aux voitures électriques. Mais la faiblesse du parc actuel et donc des mises au rebut des voitures électriques ne permet pas d’ouvrir la possibilité d’une économie circulaire. Il faudrait d’abord avoir un parc suffisant pour que cela soit une réalité.
Macron a été très confus sur la pêche, les extractions minières dans les grands fonds et les puits de carbone océanique. La France n’a toujours pas protégé les aires marines qui devraient l’être. Elle n’a toujours pas engagé sérieusement le combat contre les passoires thermiques, pour le développement des transports publics au détriment de la voiture individuelle, contre le transport routier professionnel et le développement du fret ferroviaire, engagé la transition industrielle à la hauteur des enjeux, engagé la transition de la PAC agricole vers une agro-écologie.
Grâce à deux historiens dont nous avons déjà parlé dans les colonnes de ReSPUBLICA(1)L’extrême centre ou le poison français de Pierre Serna « L’extrême centre ou le poison français » (1789-2019), de Pierre Serna – ReSPUBLICA et Les irresponsables de Johann Chapoutot avec comme sous-titre « qui a porté Hitler au pouvoir » Des barons (voleurs) au cabinet – ReSPUBLICA., nous savons que dans l’histoire de France, l’extrême centre a toujours entraîné un recul démocratique et une poussée d’autoritarisme, et que ce même extrême centre peut nous conduire vers la pire extrême droite possible. Et ce ne sont pas les résultats des dernières élections aux États-Unis et dans l’Union européenne et en France les résultats des dernières élections partielles et des sondages actuels qui nous rassureront. Non seulement l’extrême centre fait de la France une société injuste d’héritiers(2)Mise en page 1 ; L’Injustice en héritage. Repenser la transmission du patrimoine (La Découverte, 368 pages, 23 euros) ;Note du CAE n° 69 (décembre 2021) ; Thomas Piketty, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, avec le livre le capital au 21e siècle(Seuil, 2013) et le livre Capital et Idéologie ; La France, les inégalités et l’ascenseur social – ECOSCOPE ; La mobilité des individus le long de l’échelle des revenus en France sur la période 2003‑2021 − Economie et Statistique / Economics and Statistics n° 545 – 2024 | Insee., mais elle risque de faire aussi le lit de l’extrême droite.
Le barrage dit « républicain » en question
Donc, nous ne pouvons pas nous contenter de ne rien faire, ou de faire à l’identique de ce que nous avons fait dans une période révolue. Mais nous ne pouvons pas plus nous contenter de n’avoir comme objectif que de faire réélire ad vitam aeternam l’extrême centre avec la stratégie dite à tort du « front républicain ». Dans la mesure où l’on voit aujourd’hui un accord de toutes les droites (avec le RN compris) entre Macron, Bayrou et Le Pen pour éviter toute censure du gouvernement. Nous reviendrons donc sur ce sujet ultérieurement après différents débats dans divers coins de France pour proposer une stratégie gauche de gauche pour un bloc historique populaire en majorité absolue.
Notes de bas de page
↑1 | L’extrême centre ou le poison français de Pierre Serna « L’extrême centre ou le poison français » (1789-2019), de Pierre Serna – ReSPUBLICA et Les irresponsables de Johann Chapoutot avec comme sous-titre « qui a porté Hitler au pouvoir » Des barons (voleurs) au cabinet – ReSPUBLICA. |
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↑2 | Mise en page 1 ; L’Injustice en héritage. Repenser la transmission du patrimoine (La Découverte, 368 pages, 23 euros) ;Note du CAE n° 69 (décembre 2021) ; Thomas Piketty, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, avec le livre le capital au 21e siècle(Seuil, 2013) et le livre Capital et Idéologie ; La France, les inégalités et l’ascenseur social – ECOSCOPE ; La mobilité des individus le long de l’échelle des revenus en France sur la période 2003‑2021 − Economie et Statistique / Economics and Statistics n° 545 – 2024 | Insee. |