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La LRU jusqu’à la lie ?

Après une dizaine d’années de réformes (pacte de la recherche en 2004, création de l’A.N.R et de l’A.E.R.E.S en 2006, loi L.R.U. en 2007, réforme des formations à l’enseignement – dite « mastérisation » – en 2008) imposées par les gouvernements successifs avec le soutien de la C.P.U mais contre l’avis de la majorité de la communauté universitaire, le gouvernement actuel a tenté de donner le spectacle de l’écoute et de la consultation lors des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche tenues à l’automne 2012. Les discours officiels ont même été jusqu’à pointer les défauts de démocratie au sein des nouvelles structures, les vices de la recherche sur projets, la faillite annoncée de la formation des enseignants (F.D.E), le gouffre abyssal de la question financière, l’illégitimité des formes de l’évaluation.

Pourtant, face à une « consultation » très contrôlée et très verrouillée, face aux nominations ministérielles qui avaient déjà largement récompensé celles et ceux qui avaient le mieux accompagné les réformes, et face aux refus du ministère de prendre les mesures d’urgence qui s’imposaient, c’est sans illusion que SLU a participé à ces Assises, tout au moins au niveau « national », le seul qui convienne à une politique universitaire de service public.

Aujourd’hui, le nouveau projet de loi, qu’il faut lire avec le rapport Le Déaut pour en comprendre les termes et les principes, dépasse toutes les craintes que nous pouvions avoir, d’autant plus qu’il s’agit comme nous l’ont dit MM. Fontanille et Houzel (lors de notre audition au M.E.S.R. le 31 janvier 2013), d’une « loi normale » qui n’est pas adossée à une loi de « de programmation » budgétaire. Non seulement ce projet de loi ne corrige pas, ne remédie pas, n’entend rien, mais il renforce encore les dispositifs législatifs qui ont conduit à la situation actuelle de faillite financière qui frappe la moitié des universités françaises, comme le montre notre comparatif point à point avec la L.R.U .

Comme en 2008, la cerise sur le gâteau est le projet de réforme de la formation des enseignants, extérieur au projet de loi et au rapport Le Déaut, mais qui en déploie les logiques du point de vue des formations et des disciplines. Même si la réforme précédente est en partie déconstruite, son socle —la fameuse « mastérisation » qui crée mécaniquement une lourde rivalité entre le concours de recrutement et le diplôme— reste intouché.

Bilan : si les réformes prévues par le gouvernement sont transformées en loi, plus rien ne s’opposera aux logiques de la loi L.R.U., des R.C.E. et de la mastérisation, qui ont largement montré leur nocivité et que la communauté universitaire a massivement refusées.

Face à la gravité et à l’urgence de la situation, S.L.U. appelle à ce que tous les conseils, quels qu’ils soient, conseils centraux, conseils d’U.F.R., conseils de département, conseils de laboratoires, se saisissent des questions posées par la nouvelle loi de l’E.S.R. comme par la réforme de la F.D.E. et fassent voter des motions pour faire entendre la voix des universitaires et des chercheurs. Comme en 2008-2009, le site de SLU regroupera et diffusera toutes les motions qui lui seront envoyées (et a d’ores et déjà commencé à le faire : motions de Paris III, Paris-X Nanterre, Université Paris-Est Créteil, 11e section du CNU….).SLU appelle aussi à ne pas élaborer et à ne pas faire remonter les maquettes en vue de la réforme de la F.D.E. Nous savons depuis 2009 que nous pouvons bloquer une partie du processus en refusant d’y participer.

Enfin, nous vous appelons à relayer le plus largement possible cet appel auprès des collègues de toutes disciplines. Seul un mouvement d’ampleur nous permettra de peser sur notre avenir.

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