Des difficultés pour lire cette lettre ? Cliquez ici : lettre en ligne - Pour vous désabonner, ici : désinscrire

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine

n°607 - mercredi 7 janvier 2009

Envoyé à 39951 courriels inscrits

Mode d'emploi:

Adhésion de soutien:
Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75 020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants: 10 euros
SMIC et au-delà: entre 25 euros et 100 euros

1 - chronique d'Evariste

1 - Chers lectrices et lecteurs !

Comme l’année dernière, je prends le temps d’un éditorial plus personnel pour marquer le début de cette année 2009. Comme l’année dernière, je ne vais pas consacrer ces lignes à l’énumération et au décorticage de tous ces maux qui s’abattent sur notre société et sur nos vies en tant qu’individus. Nous connaissons les responsables et votre journal tache de vous offrir toujours plus d’armes, d’idées et d’analyses pour non seulement critiquer, mais également construire l’avenir. Car, à l’inverse de l’année dernière, j’ai aujourd’hui à cœur de vous dire que le soleil se lève à l’Est.

L’année dernière, j’insistais sur l’avenir ouvert car il me semblait primordial de voir que le deuil d’un monde, s’il apporte son lot de nostalgies, est aussi l’ouverture sur un avenir nouveau. Aujourd’hui, la crise annoncée il y a un an est effective et elle précipite la chute de l’ancien monde. Parce que les partis de la gauche du XXème siècle s’effondrent, la naissance des mouvements pour le XXIème est en train de se réaliser. Parce que le capitalisme rentre dans sa crise structurelle, les possibilités de bâtir du neuf s’offrent à nouveau. Parce que des idéologies ont montré leur limites, alors un bain intellectuel fait d’idées nouvelles, de pensées oubliées et de livres trop vite rangés, commence à bouillonner et produit les premières trames pour la tradition de cette nouvelle gauche naissante.

L’engagement de Respublica

Respublica est un journal « engagé ». « Engagé » ne veut pas dire être à la botte, aux ordres ou au service de quelqu’un ou d’un parti. « Engagé » veut dire savoir faire des choix. La ligne de Respublica est un refus clair et net de l’équivalence des idées, du relativisme culturel, de l’égalité de toutes les pensées pour la construction politique. Ce choix est un choix entre ce qui nous semble injuste et ce qui nous semble propice à la vie individuelle humaine digne, c’est à dire une vie heureuse. L’accès aux soins pour tous en fonction des besoins, la laïcité, la défense de l’éducation, l’égalité de tous les citoyens, la défense des groupes sociaux les plus faibles et les plus vulnérables, la culture du savoir et de la distinction, l’édification d’une paix sociale reposant sur la paix individuelle, la promotion de l’audace et de la culture, l’avancée des libertés individuelles ; enfin, l’édification d’un Pacte Républicain unissant des individus et faisant d’eux des citoyens. Voila ce que veut dire « engagé »...
En cette période de crise, il faut nous rappeler ce qu’est « l’esprit de gauche ». Nous rappeler qu’il est engagé ; nous rappeler que s’il ne cherche pas nécessairement la révolution, il accepte l’épreuve, la crise, comme des opportunités pour dépasser, propulser des idées nouvelles, créer du neuf. Rien que le nombre des victimes du libéralisme suffit à vouloir un changement radical.

La tradition de la gauche du XXIème siècle

Parce que la tradition de la gauche XIXème et du XXème siècles s’écroule et tombe en errance, alors la tradition de la gauche XXIème siècle peut naître, se construire et s’édifier. Parlons-en de cette tradition de la nouvelle gauche ! Bien sûr, il ne s’agit pas de tout détruire et de faire table rase de ce que fût la gauche du XXème siècle. Mais il s’agit de peser ce qui fût utile et ce qu’il est nécessaire de changer. À l’évidence, la gauche du XXème fut désastreuse dès qu’elle s’engouffra dans le suivisme, et elle eut ses coups de génie dès qu’elle revendiqua son autonomie, assuma son identité républicaine, laïque et sa culture française. Car nous sommes français, nous sommes républicains. Notre tradition n’est ni allemande, ni russe, et notre pays est porteur d’une richesse de pensées et de références que la tradition de la gauche du XXIème siècle entend assumer et sur laquelle les militants doivent s’appuyer.
Comprenant Mai 68, cette nouvelle gauche refuse désormais «  le chèque en blanc  » donné à l’émancipation collective, prétendue souveraine, dont découlerait presque magiquement l’émancipation de l’individu. Mai 68 et l’effondrement des pays soviétiques révélèrent cette ornière idéologique. L’émancipation individuelle répond à des pensées et des idées, des concepts et des références qui lui sont propres. Ainsi, cette nouvelle tradition défend – et assume ! – que l’émancipation collective et l’émancipation individuelle sont toutes deux largement indépendantes et qu’elles doivent être menées conjointement. Car les deux sont indispensables à produire la paix qui est l’objectif cardinal du Pacte Républicain. Or, aucune paix collective n’existe sans la paix individuelle, c’est à dire la mise à disposition des éléments permettant à chacun de mener sa vie intime comme il l’entend.

Jean Jaurès et Louise Michel

Deux figures emblématiques dont la tradition de cette nouvelle gauche est riche, car liée à notre culture. Louise Michel, animatrice de la commune, défendant les travailleurs (aujourd’hui les «  employés du libéralisme  »), mais aussi anarchiste libertaire montrant par là l’importance, dans sa pensée, de la nécessité de concevoir l’individu comme n’étant pas qu’un élément constitutif du collectif, mais comme une entité à considérer en soi, avec des exigences et des idées propres qui ne découlent en rien de l’émancipation collective.
Et l’autre face de la médaille : Jean Jaurès, figure du Pacte Républicain. Il est vrai que même si la République de Jaurès est différente de la notre car l’époque a changé, reste que les idéaux d’émancipation sont les mêmes. D’ailleurs, si Jean Jaurès était laïque, républicain, socialiste (d’un socialisme qui n’a guère à voir avec celui de la seconde moitié du XXème siècle) et défenseur de l’émancipation collective, il était également nietzschéen pour sa pensée de l’individu-citoyen contre l’individu-égoïste : pour l’individualisme-républicain contre l’individualisme de droite. Car Jaurès, défenseur de l’émancipation des foules, invitait les gens à devenir maître de leur vie, à prendre conscience qu’elle ne peut être complète que lorsque, soi-même, on décide de la construire, de la «  sculpter  » (pour reprendre ici l’expression de Pindare). Là encore, cette figure travestie pour servir la tradition de la gauche du XXème siècle, reprend la totalité de sa dimension dans la tradition naissante de la nouvelle gauche française. Lui et Louise Michel : deux faces d’une unique médaille frappée aux couleurs de la gauche du XXIème siècle.

Dire de quoi demain sera fait serait lire dans le tarot (et ce n’est pas la compétence d’un rédacteur en chef...), mais assurément, en une année, des pièces ont bougé. La crise, hier imminente, est aujourd’hui une réalité. Le projet sarkozyste d’un néo-bonapartisme y trouve un nouveau ressort pour construire cette société dont rêvent les réactionnaires : sécuritaire, liberticide, esclavage moderne, travail comme valeur, argent-maître, individualisme-égoïste, économie et média étatiques, avec des individus-isolés, sans droits, pour peupler un tel pays.
Jean Jaurès et Louise Michel n’incarnent pas seulement la lutte contre un projet économique et social, leur force vient de leur capacité à voir que tout projet politique repose, fondamentalement et avant tout, sur une base culturelle et éthique : Quelle société ? Quels individus ? Quels libertés ? Quelle vision de la vie ? Quelles valeurs pour vivre ?

2009 sera encore une année de luttes, de combats, de résistances...
Mais 2009 sera également une année de construction, de projets, de débats pour l’avenir qui s’ouvre.
Ce sera aussi l’année des élections européennes qui seront l’écho de la campagne contre le TCE en 2005. Ces élections peuvent être un raz de marée et faire basculer le visage actuel de la gauche française. Cette année nous avons l’opportunité de goûter le prix des efforts que nous mettrons à construire la nouvelle gauche, comme ce fabuleux soir du 29 Mai 2005. À nous de nous de saisir cette opportunité à bras le corps pour construire notre avenir et nous prouver que nous pouvons vaincre les résistances qui nous barrent la route et à nouveau savourer la victoire.
De la part de la rédaction de Respublica : Bonne année à vous, individu-citoyens, membres du Pacte Républicain, acteurs de cette nouvelle gauche.

 

« Qu’est-ce que le bonheur ? — Le sentiment que la puissance grandit — qu’une résistance est surmontée. »
Nietzsche

Évariste Pour réagir aux articles,
écrire à evariste@gaucherepublicaine.org

2 - Reconstruire la Gauche

1 - Adresse du journal RESPUBLICA au Parti de Gauche

Depuis la dissolution d'Initiative Républicaine, dont le journal électronique Respublica était le principal média, nous, Les amis de Respublica, désespérions de trouver un jour un parti politique susceptible de défendre les principes auxquels nous sommes attachés. Dans un appel lancé en juin dernier, nous avions dit notre crainte que le non de gauche qui s'était exprimé lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen ne soit pas représenté dans le prochain Parlement. Aussi la constitution du Parti de Gauche est-elle un heureux événement.

Elle est un heureux événement pour nous qui attendions que le combat laïque et social se traduise politiquement dans le paysage politique français comme au niveau européen. Elle l'est pour tous les Républicains de gauche qui, après l'échec programmé de la stratégie des Républicains des deux Rives, après les multiples renoncements de la gauche institutionnelle, étaient orphelins de parti. Elle est, enfin, un heureux événement pour le peuple qui assiste, impuissant, au transfert d'une part toujours plus importante de la richesse nationale vers les profits, au démantèlement de l'école républicaine, à la remise en question des conquêtes sociales de la Résistance, à la destruction des services publics et de la protection sociale solidaire, à la disparition des droits-créances.

Le « non » au Traité Constitutionnel Européen avait révélé l'aspiration profonde du peuple français : être protégé de l'Europe néolibérale. A l'heure de la crise financière, les peuples ont besoin, plus que jamais, d'une gauche qui, face à la voracité du capitalisme financier, ne cède en rien sur ses principes. En cette période où l'idéologie néolibérale affirme son hégémonie, les peuples ont besoin, plus que jamais, d'une gauche qui ne se fourvoie pas dans des appels à la résignation et à la compromission. En cette période d'exacerbation des communautarismes, les peuples ont besoin d'un droit républicain fondé sur le principe de laïcité. A l'heure où la souveraineté populaire est bafouée, les peuples ont besoin d'un modèle politique capable de réaffirmer, contre une gouvernance mondiale diffuse, le principe de la volonté générale.

Pour le journal Respublica,

Voir cet article sur son site d'origine

Marie Perret professeur agrégée de philosophie

2 - Emergence d’un monde nouveau : pour une redéfinition de nos tâches et de nos idéaux.

Comme nous l’avons souvent écrit dans Respublica, la crise actuelle n’est pas une petite crise d’ajustement du capitalisme, mais bien le symptôme de la fin d’une époque / ère. Le turbo-capitalisme, dernier avatar d’un capitalisme ayant pour seul but le monopole financier est en train de s’auto détruire sous nos yeux.

Marx écrivait en 1859 dans la Critique de l’Economie politique : « Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vielle société. C’est pourquoi l’humanité ne se propose jamais que des tâches qu’elle peut résoudre, car à y regarder de plus près, il se trouvera toujours que la tâche elle même ne surgit que là ou les conditions matérielles pour la résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir ».
Il est surprenant de constater à quel point cette analyse prend tout son sens aujourd’hui. Les rapports de production du passé ne fonctionnent tout simplement plus suffisamment pour permettre un développement optimal des forces productives. Ce développement est pourtant indispensable pour limiter la baisse relative ou même absolue du profit en cas de crise. Et c’est bien entendu au moment de la transformation de la valeur en prix que se déclenche la crise, qui prend aujourd’hui sa source dans la sphère de la haute finance mondialisée.

Ceci dit, un nouveau mode de production existe déjà aujourd’hui de manière sous jacente. Il est permis de penser que celui-ci va bientôt se substituer à l’ancien et va ainsi libérer de nouvelles forces productives.

C’est pourquoi, il est dérisoire et vain de s’acharner à sauver un rapport de production qui arrivé historiquement à son terme. Les plans de relance kéneysiens montreront bien vite leurs limites, car pour le moment ils ne visent qu’à retarder l’issue fatale du turbo capitalisme.
En dehors des émotions de chacun, la ligne de partage entre conservateurs et progressistes se dessine à travers cette question : sommes nous, oui ou non, conscient que nous vivons un « pli historique » qui engendrera un nouveau mode de production ? Ou sommes nous simplement les défenseurs « sociaux » de l’ancien monde, avec ou sans « Taxe Tobin » ?
Si nous réfléchissons par analogie, la crise d’aujourd’hui est comparable, non pas à 1929, mais plutôt à celle du XVIième siècle. En effet, on y constate les mêmes remises en cause de la mesure de la valeur et des prix, qu’après la découverte du Nouveau Monde. De la même manière, on y retrouve l’hyper-inflation qui résulta de l’injection massive de l’or et de l’argent de l’Amérique des Incas et qui constitua le facteur déclencheur d’une gigantesque crise économique, politique et religieuse. Faisons donc en sorte que la crise actuelle n’aboutisse pas à une « guerre de trente ans » qui vit ressurgir l’anthropophagie en Europe du XVIIieme siècle.
C’est dans ces moments qu’un nouveau monde surgit. Mais pour voir le jour, il faut que celui-ci vive déjà en germe dans le vieux monde comme l’écrivait le philosophe allemand dans le passage que nous citions plus haut. Aujourd’hui, l’Economie Globale en Réseau existe à l’état embryonnaire depuis une vingtaine d’années. Contradiction dialectique du turbo-capitalisme, elle porte en son sein l’antidote de cette organisation économique dont elle est contemporaine. La généralisation d’internet et sa fusion avec d’autres réseaux tel que la téléphonie mobile ou encore l’outil GPS de localisation, constitue l’élément déclencheur et la face visible de cette nouvelle époque en gestation. Cette innovation est si décisive qu’elle provoque la modification des secteurs de productions des biens et des services, et engendre une destruction de pans entiers de l’économie en imposant une nouvelle forme de médiation. Métier de la communication, de l’imprimerie, de l’audit et de l’ingénierie, du commerce de détail, de la distribution, sont, parmi d’autres, affectés et modifiés par internet. Les relations commerciales, humaines et même affectives sont transfigurées par cette communication numérique en réseau. Cette toile relationnelle remet déjà en cause les monopôles existants, en particulier ceux dont les activités parasites sont les plus flagrantes. Des professions disparaîtront comme les caissières des super marchés, par exemple, d’autres s’adapteront et abandonneront leurs petites boutiques qu’ils remplaceront définitivement par un site web, comme les agents immobiliers.
Ce principe de réseau, avec toutes les combinaisons et les agrégations possibles peut être étendu dès aujourd’hui à des processus de production tout à fait palpables et concrets. Prenons l’exemple, de la production énergétique, et plus particulièrement électrique. En l’état des connaissances et des innovations actuelles, rien ne s’oppose techniquement à la mise en place d’un vaste réseau d’abord sur une base régionale ou nationale, pour ensuite s’étendre au monde entier, ou de multiples acteurs (particuliers, entreprises…) pourraient être tout à la fois producteur et consommateur d’énergie électrique. Comme sur internet, où aujourd’hui nous produisons et consommons simultanément de l’information, on peut tout à fait imaginer qu’un particulier possédant des panneaux photos voltaïques sur son toit (ou de la biomasse, ou des éoliennes…), pourrait consommer plus qu’il ne produit à certaines heures et donc acheter de l’énergie sur le réseau, et à d’autres heures produire plus qu’il ne consomme et donc vendre son énergie sur ce même réseau.
Voilà pour aujourd’hui, mais dans les années et les décennies futures d’autres secteurs économiques pourraient entrer dans cette Economie Globale en Réseau. Et en tout premier lieu l’échange de services existant entre particuliers, ou entre entreprises ou encore entre particuliers et entreprises. Cela existe déjà à l’état de germe dans ce que certains appellent «  l’économie solidaire », et d’ailleurs la crise est un formidable accélérateur de cette économie d’échange non monétaire. Nous constatons aussi les débuts de l’échange de services physiques avec les réussites de certaines starts-up.
Mais l’élément qui fera basculer la macro-économie dans cette Economie Globale en Réseau sera la création et la circulation monétaire. Dernièrement nous avons publié un article dans Respublica qui s’intitulait : « Oui, l’Humanité peut exister sans les banques! » (n°603), c’est à cela que nous faisions allusion. Le quasi monopole des banques multinationales à produire de la monnaie en générant une économie de la dette, est en phase d’autodestruction. C’est ce que nous indique la crise financière que nous traversons. Il faut donc qu’un nouveau système monétaire « accouche » de cette débâcle. Et ce nouveau système ne peut être qu’en réseau. Il faudrait pour cela que les personnes physiques ou morales puissent être des banques, qu’elles puissent prêter en réseau. C’est tout à fait possible techniquement. Pour que cette création monétaire en réseau existe faut-il encore que deux conditions soient remplies : casser le monopole des banques, et par ailleurs organiser le marché d’échange sur une base « de vertu ».
En abordant le problème de la régulation de l’Economie Globale en Réseau, nous touchons là le point essentiel, c’est à dire les orientations politiques dont nous serions les partisans dans cette nouvelle société.
Nous estimons en effet que nos idéaux de Liberté, d’égalité et de fraternité sont tout à fait compatibles avec une libération des forces productives de l’Economie Globale en Réseau. En effet, pour que cette forme économique existe, il est indispensable que soit garanti, élargi mais non pas mis sous tutelle ou monopôle « le bien commun »! Ce « communisme » est indispensable à la fluidité et à l’efficacité du Réseau et de l’échange des matières « communes » tel que l’eau douce ou de mer, l’air ou le vent, l’énergie solaire, la matière atomique, le vivant et le biologique etc… Le Réseau que nous défendons doit en quelque sorte permettre une réappropriation collectivement individuelle des richesses naturelles. Ni individualiste, ni collectiviste, la société dont nous sommes partisans, dans la lignée des idéaux de la Commune de Paris de 1871, est régie par la libre association et l’épanouissement de l’individu producteur et consommateur dans un ensemble collectif servant uniquement de cadre à sa libération. Oui, nous devons être des Fédérés au sens que donnaient les Communards à ce mot. La République dans ce cas de figure retrouve naturellement sa place centrale et novatrice.
Car l’existence de la République permet justement la séparation entre l’espace public ou « commun » et l’espace privé, elle aura donc, d’après nous, la fonction essentielle de garantir et d’élargir le « commun » et de veiller à « la vertu » de l’Economie Globale en Réseau. La République est le propriétaire du « bien commun » inaliénable, car il s’agit bien là d’une réappropriation collective au service de l’individu-citoyen dont les fonctions de producteur et de consommateur sont enfin réunifiées.
Libérer l’individu, garantir et élargir le « commun » par la République sont pour nous les conditions essentielles pour permettre à l’Economie Globale en Réseau d’atteindre le stade d’un nouveau mode de production. C’est le sens de notre engagement politique. Nous œuvrons donc à son avènement rapide pour éviter la barbarie d’un monde qui refuserait de disparaître et une nouvelle guerre de trente ans du XXIieme siècle.
Voilà en quelques lignes l’ébauche de notre projet politique républicain pour un monde meilleur. Si c’est bien « le passant qui fait le chemin », il est indispensable qu’une force politique naisse de la lutte sociale pour faire vivre au quotidien ce nouveau monde que nous espérons.
Aujourd’hui le Parti de Gauche peut modestement y contribuer.

Philippe Hervé

Laura Hervé

3 - Proche-Orient

1 - Des habitants de Gaza et de Sderot appellent à une nouvelle trêve

Quelque 1 800 Israéliens et Palestiniens, dont 500 habitants de Sderot, ont signé une pétition appelant à la fin de l’opération militaire israélienne à Gaza et à la reprise du dialogue entre Israël et le Hamas

Yediot Aharonot, 29 décembre 2008

http://www.ynetnews.com/articles/0,...

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

Malgré les tirs continus de roquettes sur leur ville depuis Gaza, tirs qui durent depuis des années, quelque 500 habitants de Sderot ont récemment signé une pétition appelant à l’arrêt des opérations de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et à une nouvelle trêve avec le Hamas.

Arik Yalin, 43 ans, habitant de Sderot, a déclaré que plus de 1 800 Israéliens et Palestiniens avaient déjà signé cette pétition : "Il y a environ un mois, nous nous sommes rendu compte que la situation allait se détériorer et mener à un chaos total. Il est important pour nous de faire entendre une opinion qui représente de nombreux habitants qui se trouvent à portée de feu, mais qui croient que nous pouvons et devons essayer de résoudre ce conflit d’une manière pacifique. Pendant 8 ans, nous avons vécu l’expérience très dure que constitue la vie sous le feu des roquettes. Nous avons été gravement atteints, physiquement et mentalement. Notre besoin de faire entendre une voix différente découle de notre ardent désir de modifier la situation et d’entamer des négociations avec l’autre côté afin d’arrêter les violences."

D’après Arik Yalin, une opération militaire ne fera qu’augmenter la haine des deux côtés et diminuer les chances de parvenir à un accord. "Nous supposons qu’au bout du compte, il y aura un accord qui interviendra, d’une manière ou d’une autre. La seule question est : combien d’innocents vont se faire tuer en attendant."

Hakim Hassona, propriétaire d’une société de grutage à Gaza, a salué cette initiative : "Pourquoi utiliser la violence quand il n’y a pas de vainqueur dans cette guerre ? Au fond, nous sommes cousins et voisins, et il n’y a aucune nécessité d’en arriver là. Ils disent qu’un assaut sera dissuasif. Mais quelle sorte de dissuasion ? Cela ne mènera qu’à davantage de haine. Il n’y a pas une seule famille à Gaza qui n’ait un proche touché par les opérations militaires (...) L’homme de la rue ne veut pas la guerre, il veut vivre en paix."

Le groupe « Une Voix Différente », formé par Arik Yalin et ses amis, souhaite promouvoir le dialogue entre Israël et les responsables du Hamas à Gaza. Plusieurs dizaines de membres du groupe maintiennent un contact régulier avec des habitants de Gaza.

Voir cet article sur son site d'origine

La Paix Maintenant www.lapaixmaintenant.org

2 - La manif du 3 janvier a été détournée !

Les mots d’ordre de cette manif, à laquelle j’ai participé, étaient pourtant clairs : l’Appel du collectif national pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens !
La liste des signataires était réconfortante et large. Il y avait, bien sur, de nombreuses organisations de soutien aux palestiniens et à la Palestine, le PCF, des organisations républicaines, des associations pour la paix, y compris des associations juives.

Les termes du communiqué de la GUPS étaient clairs, aussi (je cite) : « … 9- Le bureau de la GUPS refuse l’attaque militaire contre Gaza par  l’armé  Israélien, et refuse aussi toutes les attaques contre les civiles palestiniens, et les attaques de Hamas contre  les civiles israéliens.
10- L’Union Générale des Etudiants de Palestine en France, appelle à mobiliser aux tous les fronts en vue d’encourager tous les initiatives pacifiques entre les Palestiniens et les Israéliens, contre les discours des extrémistes dans tous les camps.
 ». Cet appel a été démenti depuis.

C’était une manif familiale, il y avait des gamins et des gamines, des enfants dans des poussettes, avec père et mère, qui ne sont pas les excités habituels des manifs pro-islam radical. Et ça, c’est nouveau : l’identification aux autres qui souffrent de la guerre ne s’embarrassait pas d’analyse. Ils étaient là, toutes générations ensemble, souvent encadrés par des jeunes en djellaba, certains brandissant le Coran. La dignité et la solidarité ne peuvent donc plus s’exprimer qu’à travers la religion ? Triste constat !

La manif du 3 janvier a été détournée et c’était angoissant à plusieurs titres
Le PCF qui appelait à la manif était noyé dans la masse énorme, de ce qui m’a paru être la plus grosse manif anti-israélienne pro Hamas en France.
Comme faisait remarquer, atterrée, la copine qui m’accompagnait, laïque algérienne communiste, qui a du quitté son pays à cause des islamistes et du pouvoir mafieux pro islamiste: « quand on n’appelle à une manif, on se doit de l’encadrer. »

Les mots d’ordre manquaient de nuances, pas un seul pour la paix ! Je n’ai vu qu’une seule banderole pour la création d’une force d’interposition. Les organisations telles que la LDH, le MRAP et l’Union des juifs pour la paix étaient peu visibles.
J’ai remonté toute la manif, un temps avec le Parti de Gauche, peu nombreux et sans mégaphone ; impossible pour eux de faire entendre leurs slogans.

La fin de la manif était un appel à la prière repris par des centaines de voix sur la grandeur de Dieu ! Piégée, j’ai assisté au plus grand détournement de manif de ma vie militante. Ce n’était pas les habituelles manœuvres de groupuscules qui scindent un cortège, qui ralentissent et noyautent ! Non, c’était toute la manif qui a été phagocytée, les manifestants réellement pour la paix, incapables de se faire entendre et de se démarquer. Un sentiment d’impuissance terrible !

Alors, je le dis avec colère. Je n’ai pas manifesté pour le choc des civilisations. J’ai manifesté pour l’arrêt du massacre, pour la seule solution durable : « deux peuples deux états laïques ! ». La prochaine manif, il est nécessaire que le carré des laïques soit visible, avec des pancartes et des banderoles sur nos mots d’ordre.

« Deux peuples, deux états laïques », ce ne sera compréhensible que si on examine comment l’offensive profite aux « apôtres » de la guerre, de part et d’autre, guerre qui va au delà des territoires.
La stratégie mise en jeu par Israël semble être  celle décrite par Naomi Klein dans son livre « la stratégie du choc ; le capitalisme du désastre ». « Tapis de bombes » ou « plomb durci », c’est la même tactique de terreur, après un blocus qui touche toute la population civile, comme en Irak.
Mais contrairement à ce que nous avons eu comme informations aseptisées sur l’Irak, la couverture médiatique de ce conflit montre l’horreur. Dans quel but ? Cette attaque israélienne a été préparée de longue date.

Lier le combat laïque et le combat social au niveau international nécessite de décrypter comment ce conflit profite de manière durable, et planétaire, au capitalisme du désastre. L’allié de ce capitalisme, c’est le choc des civilisations et les communautarismes religieux.

Arrêtons le massacre !

Lucette Guibert Responsable secteur Éducation Populaire à l'UFAL

3 - Nous refusons d’être piégés par les islamistes du Hamas, du Jihad islamiste et du Hezbollah !

La manifestation du samedi 3 Janvier 2009 pour protester contre l’agression totalement disproportionnée de l’armée israélienne à Gaza a pour le moins un bilan mitigé. Certes, les gens sont venus en nombre, mais un malaise se pose à la représentation de la gauche et de l’extrême gauche qui ont appelé à cette manifestation : ils se sont retrouver à marcher dans une manifestation organisée par le Hamas, le Hezbollah, le Jihad Islamiste et leurs partenaires... Car c’est bien là ce qui s’est passé !

Quelques militants de gauche et d’extrême gauche (qui ont très faiblement mobilisés) se sont retrouvés littéralement noyés dans une foule dont les opinions sont aux antipodes de ce qu’incarne le mouvement républicain français et de ce que prône la gauche du XXIème siècle. Plus de 90 % des manifestants ont défendu une vision du monde intégriste, communautariste, fondée sur la guerre des civilisations, anti-laïque, anti-républicaine et prôné un relativisme culturel dont on connaît toutes les dérives néfastes, notamment en Angleterre. Rappelons qu’en Palestine, les députés du Hamas venaient de voter, juste avant les bombardements de Gaza, la modification de la loi pénale et son remplacement par la chari’a pour l’ensemble du territoire palestinien (il s’agit notamment des lapidations, des amputations, et même de la crucifixion des justiciables en fonction des crimes commis, en plus de l’emprisonnement et de la peine capitale en cours dans le code pénal actuel).
Pire, beaucoup de ceux qui souhaitaient une manifestation étaient pour la paix. Or, ils se sont retrouvés au milieu de cette foule scandant la haine, la destruction et l’anéantissement pur et simple de l’état d’Israël.

Mais critiquer l’intégrisme ne doit pas effacer le regard contre la politique de l’Etat d’Israël : elle est absolument condamnable ! Autant pour sa réaction disproportionnée, qui frappe des civils palestiniens innocents, que pour sa politique permanente de colonisation de la Cisjordanie et sa politique d’affaiblissement de l’Autorité palestinienne en favorisant le Hamas, au même titre que les USA ont aidé, formé et financé les intégristes islamistes (les talibans) contre l’Union Soviétique durant la guerre d’Afghanistan.

Face aux intégristes et belliqueux de tous bords, la ligne de crête de ReSPUBLICA reste « Deux Etats pour les deux peuples dans les frontières de 1967  » comme l’ont proposé l’Appel de Genève de Yossi Beilin (négociateur israëlien à Taba) et Yasser Rabbo (ancien ministre de l’Information de Yasser Arafat), mais également la déclaration de Nusseibeh (représentant de l’Autorité Palestinienne à Jérusalem et ancien recteur de l’Université Al-Qods) – Ayalon (ancien responsable des services secrets israëliens).

Tenir la ligne du Pacte Républicain

Concernant cette manifestation du samedi 3 janvier. Une analogie vient en tête... celle de la campagne référendaire de 2005. Pour défendre le non au TCE, avons-nous fait une seule manifestation ou un seul meeting avec le non de droite ou d’extrême droite ? La réponse est non, non, trois fois non. Et c’est ce refus de faire table rase de ce que nous sommes qui nous interdit de nous allier avec n’importe qui, sous prétexte d’un unique point commun, fussent le non au TCE, la défense de Gaza ou la lutte contre l’impérialisme américain. L’erreur de cette fois-ci vient peut-être de l’émotion forte devant la violence, aussi est-elle compréhensible. Mais une seconde manifestation au coté de telles positions politiques et idéologiques ne pourrait que jeter définitivement le flou sur les valeurs qui sont les nôtres. Il en va de la crédibilité, de la clarté de nos positions, de la fermeté de l’idéologie du Pacte Républicain.
« Les ennemis de nos ennemis sont nos amis » est une position souvent prônée par un gauchisme toujours en mal d’alliances, se perdant en coups tactiques à court terme (d’où son isolement perpétuel et ses positions purement contestataires). Cette logique peut conduire aux pires horreurs. Nous devons avoir le courage d’affirmer notre identité : « Non, les ennemis de mes ennemis ne sont pas nécessairement mes amis ! » Et aucune émotion brute, ou pire ! aucune perspective électoraliste, quelle qu’elle soit, ne doit venir entacher la netteté de notre identité. Le gain d’une telle contorsion idéologique serait bien éphémère et pitoyable par rapport au discrédit jeté sur nos idées et à l’abandon de nombres de sympathisants républicains. Plus nous serons précis, clairs et fermes sur nos positions, plus nous affirmerons notre identité qui est l’identité qui intéresse le peuple français. Nous sommes viscéralement des républicains. Notre culture, notre identité est républicaine.

Le front de gauche sur le non au traité de Lisbonne en 2005, ou la clarification récentes des socialistes républicains d’avec les positions d’un PS galopant avec le social-libéralisme vers le néolibéralisme, sont des choix permettant de construire du clair, du net, du précis. C’est à dire : ce que veulent les français ! Nous devons garder cette ligne de clarification, et nous y tenir. Personne ne doit plus pouvoir dire : les militants de la gauche républicaine et laïque défilent dans la foule des intégristes, des anti-laïques, des communautaristes, de ceux qui ont fait reculer les droits de femmes et de ceux qui veulent l’anéantissement pur et simple d’un État et d’un peuple. Nous ne souhaitons à l’avenir ni défiler avec la droite ou l’extrême droite, ni défiler avec les intégristes religieux, qu’ils soient islamistes, chrétiens, juifs, hindouistes, ou autres.
L’erreur est humaine, et c’est ce qui fût fait ce samedi 3 Janvier 2009. Nous devons mettre un point d’honneur à ne plus la commettre dorénavant, afin de pouvoir dire un jour : « Ce samedi 3 janvier, ce fût la dernière fois ! »

Guillaume Desguerriers

4 - Israël est l’opium du peuple, et autres tabous arabes

Une intellectuelle arabe en colère contre l’hypocrisie et les tabous du monde arabe. Elle la crie en rappelant certains faits enfouis au nom d’une cause palestinienne que tous les pays arabes, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à démolir, tout en maintenant une posture de circonstance, bien utile aux dictateurs pour se maintenir au pouvoir. Aujourd’hui, Mona Eltahawy sera haïe un peu partout et qualifiée de traître. Comme tous ceux, d’où qu’ils viennent, qui font la part des choses, qui préfèrent le critique à l’apologétique et pour qui la réalité n’est pas monochrome

The Globe and Mail, 30 décembre 2008

Traduction. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

« Pourquoi vous, une Arabe, n’écrivez-vous pas sur Gaza ? »

Les messages ont commencé à arriver peu après que les bombardements israéliens sur Gaza eurent tué près de 300 Palestiniens. Implicitement, on me pressait de tracer la ligne : le Hamas, c’est bien, Israël, c’est mal. Dites-le ! Dites-le ! Sinon, vous n’êtes pas assez arabe, pas assez musulmane, pas assez !

Mais que dire d’un conflit qui, depuis 60 ans, nourrit le sentiment des Arabes et des Israéliens d’être des victimes et leur attente que tout s’arrête et qu’on fasse attention à eux, car que vaut un massacre ailleurs, au Congo ou au Darfour, comparé à leur sort ? Tout n’a-t-il pas été déjà dit ?

Et puis, le suicide d’un cycliste en Irak a déclenché quelque chose en moi qui m’a décidé à écrire, pour pleurer la faillite morale née de l’amnésie qui sévit au Moyen-Orient.

Dimanche dernier, un homme sur une bicyclette s’est fait sauter lors d’une manifestation anti-israélienne dans la ville irakienne de Mossoul. Cette technique, légitimée par des dirigeants religieux dans le monde arabe en tant qu’arme contre Israël, s’est détraquée et s’est retournée contre des Arabes qui manifestaient contre les bombardements israéliens sur Gaza.

Ce cercle vicieux, qui se termine dans les rues de Mossoul, ne peut être compris qu’en paraphrasant Karl Marx : Israël est l’opium du peuple. Comment expliquer autrement l’amnésie collective qui frappe le Moyen-Orient ?

Tzipi Livni, la ministre israélienne des affaires étrangères, a-t-elle oublié qu’il y a à peine un an, elle avait failli se débarrasser de son premier ministre Ehoud Olmert pour sa gestion catastrophique de la guerre d’Israël de 2006 au Liban, déclenchée dans des circonstances furieusement similaires à celles qui ont précédé le bombardement de Gaza ? Et pourtant, elle fait le tour des médias américains en expliquant pourquoi Israël devait agir contre le Hamas. Israël veut-il faire du Hamas des héros, comme il l’a fait avec le Hezbollah ?

Tiens, et en parlant du Hezbollah : Hassan Nasrallah a-t-il oublié que, alors qu’il fulmine contre l’Egypte qui contribue au blocus de Gaza, il vit dans un pays (le Liban) qui garde plusieurs générations de réfugiés palestiniens dans des camps qui sont des prisons virtuelles ?

Et les manifestants en Jordanie et au Liban ? Qui leur rappellera qu’en 1970, la Jordanie a tué plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens en tentant contrôler des groupes palestiniens (épisode connu sous le terme de Septembre Noir, ndt), forçant ainsi l’OLP à s’exiler au Liban où, en 1982, les milices phalangistes, des Libanais chrétiens, ont massacré 3 000 réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila ?

Pas un seul phalangiste n’a répondu de ce massacre. Une commission d’enquête israélienne, en 1983, a reconnu Ariel Sharon, alors ministre de la défense, indirectement responsable des tueries perpétrées lors de l’invasion du Liban par Israël en 1982. Mais vous pouvez être tranquilles : il n’y aura pas d’enquête arabe. C’est Israël qui donne un sens à notre victimisation. Les horreurs que nous nous infligeons les uns aux autres ne comptent pas.

Il est difficile de critiquer les Palestiniens au moment où tant d’entre eux ont trouvé la mort ces derniers jours, mais les maîtres du Hamas de Gaza ne sont que les derniers d’une longue liste de leaders à démolir leur cause. Pour ceux d’entre nous qui regrettons que la religion ne soit pas séparée de la politique, le Hamas a confirmé nos craintes : les islamistes se soucient davantage d’un affrontement avec Israël que du sort de leur peuple. Où était la colère quand deux fillettes palestiniennes ont été tuées à Gaza quand des roquettes du Hamas, dirigées contre Israël, sont tombées trop près, la veille du début des bombardements israéliens ?

Quant à l’Egypte, le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, est responsable d’une politique désastreuse qui, d’un côté, maintient en vigueur un traité de paix signé en 1979 par Anouar Sadate avec Israël et, de l’autre, laisse les médias d’Etat exprimer leur furie contre Israël en suscitant ainsi une haine quasi hystérique contre ce pays chez l’Egyptien moyen.

Oui, l’occupation par Israël de terres arabes met en colère les Egyptiens, mais il n’existe absolument aucun espace dans les médias égyptiens ni dans les cercles intellectuels permettant de discuter d’Israël autrement que comme d’un ennemi. M. Moubarak tire les marrons du feu d’une politique qui consiste à monter les camps les uns contre les autres, de manière à se rendre indispensable.

Mais ma question est : où est la colère des Egyptiens et des autres, partout dans la région, contre les violations des droits de l’homme et contre l’oppression dans leurs pays ? Si de si grosses foules s’étaient rassemblées chaque semaine dans chacune des capitales arabes, cela fait longtemps que leurs dictateurs auraient été renversés.

C’est un déshonneur suprême fait à la mémoire des Palestiniens tués ces trois derniers jours que d’appeler à davantage de violences. Cela a échoué depuis 60 ans.

Nous honorons les morts en frappant, jusqu’à nous heurter aux tabous, et continuons à frapper. Parler au Hamas ? Israël doit le faire s’il veut en finir avec la violence. Se concentrer sur les questions intérieures dans chaque pays arabe en ignorant l’opium qu’est Israël ? Les Egyptiens, les Jordaniens, les Libanais et les Syriens doivent le faire, avant que leurs pays n’échouent au nom de la Palestine.

Les Palestiniens n’ont pas encore leur Etat. Quelle honte ce serait si les pays arabes, les uns après les autres, tombaient au nom de la Palestine.

Voir cet article sur son site d'origine

Mona Eltahawy

5 - Le Hamas montre son vrai visage

Tous les démocrates et amoureux de la liberté peuvent frémir. Les députés palestiniens du Hamas, qui forment la majorité au conseil législatif palestinien, viennent d’approuver l’adoption d’une loi inspirée de la Charia. Cette loi prévoit l’introduction de nouvelles sanctions pénales : lapidations, amputations mais aussi crucifixions sont les traitements inhumains mis à l’ordre du jour.

La peine de mort est prévue en cas de trahison, collusion avec un ennemi, utilisation d’armes contre des palestiniens et homicides. Concernant les mœurs, c’est toujours la même haine de toute liberté qui anime les députés du Hamas. La lapidation s’appliquerait à tout musulman qui boit, fabrique et même possède de l’alcool. Même sanction pour ceux qui joueraient à des jeux d’argent ou porteraient atteinte aux valeurs islamiques. Quant aux voleurs, c’est l’amputation. Plus largement, tout comportement jugé « anti-islamiste » sera tout simplement puni par lapidation.

Lors de la commémoration du 21ième anniversaire de sa création, il y a quelques jours, le Hamas a fait prêter serment à la population de Gaza sur la "fidélité à l’organisation des Frères musulmans", et non pas à la Palestine ou à l’Etat de Palestine. Ce qui est anormal pour ne pas dire une trahison.

Les mouvements communautaristes, tels que les indigènes de la République, qui ont apporté officiellement leur soutien au Hamas nuisent à l’intérêt des Palestiniens et à la cause pro-Palestinienne dans son ensemble. La nécessaire critique de la politique israélienne ne doit en aucune manière se transformer en soutien inconditionnel à une organisation intégriste qui légalise la torture envers le peuple qu’elle prétend pourtant défendre dès qu’il s’agit d’Israël.

 

Source : journal El-Hayat du 24/12/2008, cité par le journal électronique libanais Médiarabe.info.

Caroline Brancher

6 - Comment Israël a mis en selle le Hamas

L’Humanité du 2 janvier 2009

Tel-Aviv a favorisé délibérément l’implantation du mouvement islamiste, il y a vingt ans, pour diviser les Palestiniens et peser sur l’OLP et Yasser Arafat.

Comment expliquer qu’en moins de vingt ans le Hamas soit devenu la première force politique dans les territoires occupés, au point de prendre le dessus sur le Fatah à Gaza et de le chasser au terme de terribles affrontements en juin 2007 ? Est-ce parce qu’il s’est posé en farouche opposant à Israël et aux accords d’Oslo et, partant, à l’OLP dont il ne fait pas partie et qu’il accuse d’avoir abandonné la revendication d’un État palestinien sur l’ensemble de la Palestine historique d’avant le partage de 1948 ? Ou parce que, comme tout mouvement islamiste, il a su pallier l’absence de l’Autorité palestinienne sur le terrain social, n’hésitant pas au besoin à instrumentaliser la corruption et l’enrichissement de certains dirigeants du Fatah ? Sans doute les deux à la fois. Mais on ne peut faire l’impasse sur le fait qu’Israël a fait en sorte de mettre en selle le Hamas, faisant tout pour disqualifier les laïcs au profit d’islamistes, tellement commodes à haïr.
Retour en arrière. À Gaza, durant les années 1970, Israël avait fort à faire avec le Fatah et les organisations de gauche palestiniennes. Et quand Ahmed Yassine, de retour du Caire, fraîchement diplômé d’Al-Azhar, crée une association islamique de bienfaisance, il est encouragé par l’administration militaire en charge de ce territoire. Selon l’hebdomadaire israélien Koteret Rashit, cité par le Monde du 18 novembre 1987, « le gouvernement militaire était convaincu que ces activités affaibliraient l’OLP et les organisations de gauche à Gaza ». Les islamistes, ajoutait-il, « étaient autorisés à faire venir de l’argent de l’étranger ». Et c’est ainsi qu’à l’ombre de la répression israélienne à l’endroit de l’OLP, les islamistes prennent leur envol, développent un important réseau d’aide sociale, mettent en place un réseau scolaire et l’université à Gaza - d’où sortiront les élites politiques du Hamas.
En octobre 1987, bien que pris de court par le début de l’Intifada, ils ne tardent pas à prendre le train en marche et, le 14 décembre de la même année, fondent le Hamas, lequel se sentant suffisamment fort se donne pour objectifs la création d’un État islamique et la réduction de l’influence de l’OLP ! C’est alors qu’Israël feint de découvrir la menace que représente le Hamas, alors que celui-ci bénéficiait jusque-là d’un préjugé favorable.
Quand sont signés les accords d’Oslo en 1993, le Hamas s’y oppose et s’emploie à les torpiller en multipliant les attentats suicide. Comme en écho, Israël négocie d’une main mais poursuit la colonisation de l’autre en multipliant les entraves pour retarder la création d’un État palestinien prévu alors au plus tard pour… la fin 1998.
L’arrivée d’Ariel Sharon au pouvoir en 2001, qui partage avec le Hamas une même hostilité aux accords d’Oslo, constitue un tournant majeur. Les attentats commis par les islamistes sont attribués à Arafat, dont Sharon interdit toute sortie de Ramallah. Israël entreprend de détruire les infrastructures de l’Autorité palestinienne qui préfiguraient les contours du futur État palestinien. Le port et l’aéroport de Gaza, des édifices publics, la radio-télévision, soit 2 000 institutions (80 % des infrastructures palestiniennes) financées par l’UE, sont ainsi détruits. Ce à quoi s’ajoutent l’arrachage de 950 000 arbres fruitiers et oliviers, le dynamitage de 62 000 habitations, les morts de civils…, et en arrière-plan les assassinats ciblés de cadres connus de l’OLP. En affaiblissant une Autorité palestinienne arc-boutée sur les seules résolutions onusiennes, ne disposant d’aucune marge de manœuvre, Israël a ouvert le champ au Hamas.
L’Occident, quant à lui, a forcé la main à l’OLP pour organiser des élections législatives en 2006 alors que tout indiquait que le Hamas allait les remporter. Et quand ce fut chose faite, Washington et l’UE décidèrent, de concert avec Israël, de couper les vivres aux Palestiniens. Et c’est ainsi que, se nourrissant des échecs successifs du processus de paix, du refus d’Israël d’appliquer les résolutions de l’ONU et autres « feuilles de route », le Hamas a pu « prospérer » avant de prendre le pouvoir à Gaza en juin 2007.

Voir cet article sur son site d'origine

Hassane Zerrouky

7 - Samuel Huntigton est mort mais à Gaza son idéologie tue encore

Le décès du politologue états-unien Samuel Huntington survient alors que son orientation triomphe avec la décision prise par Israël de soumettre les populations palestiniennes de la bande de Gaza à un bombardement d’une violence inouïe, et ce en mettant en avant l’argument de l’affrontement avec le parti religieux Hamas.

L’affrontement Israël-Hamas est le scénario rêvé des tenants de la théorie du « choc des civilisations » élaborée par Huntington. L’urgence, pour les fabricants de paix que nous sommes, est bien sûr de ne pas se laisser berner par les apparences. Le différend entre Israël et la Palestine n’est pas un choc de civilisations. Il y a d’ailleurs bien plus de différences culturelles entre un Biélorusse tout juste arrivé en Israël et un séfarade qu’entre ce dernier et les Palestiniens…

Mais certaines théories ont la dent dure. Le regard « civilisationniste » somme chacun de choisir sa civilisation, et Huntington précise même que chacune d’elle est fondée en dernier recours sur l’appartenance religieuse. Quelle absurdité ! Et les Français alors ? Sont-ils plus proches des Australiens ou de leurs voisins méditerranéens ? Quant aux Japonais, la théorie « civilisationniste » les place dans le camp de l’Occident ! Le critère d’Huntington est surtout d’être aligné ou non sur la politique internationale des Etats-Unis.

Cette notion n’est là que pour donner une nouvelle justification à la guerre, c’est la version moderne de la « guerre juste », qui était une distinction introduite par les théologiens du XVIème siècle, fondateurs du droit international. L’horreur dont est capable l’humain, les charniers de 14-18, et surtout la Shoah, ont par réaction conduit les hommes à dicter de nouvelles règles de droit international qui condamnent à priori tout recours à la force armée et en réservent l’usage exclusif au Conseil de sécurité de l’ONU.

Revenir sur cette grande œuvre humaine, c’est ni plus ni moins la fonction de la théorie du choc des civilisations. Justifier l’injustifiable, désigner des ennemis pour anéantir l’esprit critique au sein de chaque Nation. Est-il permis d’être pour un Etat palestinien libre et prospère ? Est-il permis d’être à la fois pour un Israël à l’abri des attaques ? Pour Huntington, pour Tsipi Livni, qui gouverne Israël, pour Benyamin Nethanyahou, qui veut gouverner à sa place, pour le Hamas, la réponse est NON. Il faut choisir son camp. Il faut choisir sa civilisation.

Pour les laïcs, pour les militants de la paix, pour les militants de gauche solidaires des victimes du massacre de Gaza, le combat est permanent et incessant pour qu’avec Huntington meure aussi son idéologie.

Voir cet article sur son site d'origine

Raquel Garrido Parti de Gauche
www.lepartidegauche.fr

4 - laïcité

1 - Les faussaires de l'universalisme

Avec les récentes profanations de carrés musulmans et l’incendie criminel d’une mosquée, c’est une fois de plus la question de l’islam qui se retrouve propulsé au cœur de l’actualité. Si ces actes répugnants devraient susciter l’indignation générale et ainsi renforcer notre cohésion nationale, malheureusement il n’en est rien. Et certains « universalistes » vont même jusqu’à horrifier dans la mesure où ils minimisent la gravité des faits en expliquant que ces actes ne seraient, après tout, que de simples incivilités. Ces déclarations, tout autant que les profanations elles mêmes, sont choquantes. En tant que militants, ce type d’allégations devraient nous interpeler car elles sont malheureusement loin d’être anodines.

En vérité, l’islam et l’islamisme sont aujourd’hui le sujet majeur qui divise toute la gauche. Et le malaise est double. Au moment de l’affaire du voile, on a découvert avec stupeur cette partie de la gauche qui s’était alliée avec les islamistes par un prétendu anti-racisme et anti-impérialisme. Aujourd’hui, le camp laïque subit une autre mutation. Certains militants, qui avaient autrefois combattu pour dénoncer le danger islamiste et la montée du communautarisme, ont petit à petit dérivé pour endosser les habits du racisme anti-musulman, salissant ainsi l’idéal universaliste et laïque. De laïque, même s’ils continuent à s’auto-proclamer comme tels, il ne reste aujourd’hui pas grand chose.

Depuis un certain temps, ces faux laïques se sont transformés en marche pied de l’extrême droite en cultivant à l’égard de l’islam et des musulmans la même paranoïa et les mêmes thèses haineuses. La seule différence qui existe encore entre eux et le reste de l’extrême droite est que les faux laïques n’incitent pas directement à la violence (tout en en créant néanmoins l’atmosphère à terme) à l’égard de la population musulmane. Leur discours est en réalité beaucoup plus pervers et, en conséquence de quoi, moins détectable.

Pour véhiculer leur thèse, les faux laïques se cachent habilement derrière ce qu’ils appellent une « critique acerbe de l’islam ». Le but est évidemment de chercher à se dédouaner de toute accusation en racisme. C’est sans compter sur le fait qu’ils développent à l’égard des musulmans un discours paternaliste les assimilant tous à des malades et à des handicapés qu’il faut forcer à se débarrasser de l’islam, religion présentée comme étant une maladie. Le comble du lamentable est atteint lorsque les faux laïques se présentent comme une chance pour les musulmans, ces derniers étant invités à les remercier. Remercier de quoi d’ailleurs ? D’être considérés avec un tel mépris ?
Derrière leur fameux « c’est l’islam qui pose problème », c’est donc bien l’idée suivante qui est théorisée : les musulmans seraient par essence des attardés incapables de rejeter, par la réflexion et la raison, les sourates caduques sexistes et attentatoires aux droits de l’homme. En résumé, on sort ici du champ de la simple critique d’une religion (par ailleurs tout à fait légitime) pour endosser celle du racisme.

Pour donner du point à leurs arguments, voici les axes développés par les faux laïques (et qu’ils n’ont fait que copier chez les théoriciens du racisme anti-musulman) :
Affichant le plus grand mépris vis à vis de l’histoire de l’islam et de ses différents courants (dont certains étaient rationalistes), ils martèlent que l’islam est une idéologie comparable au nazisme. Mahomet serait l’incarnation personnifiée d’Hitler qui a laissé à travers le Coran le programme politique que les musulmans mettront en application dans un futur que nos faux laïques, tels des oiseaux de mauvais augure, nous assurent tout proche.
Si nos faux laïques se réclament du féminisme, le sexisme et l’homophobie ne sont dénoncés que lorsqu’ils proviennent de l’islam. Et cela répond davantage à une volonté de stigmatiser la communauté musulmane (qui aurait l’apanage du sexisme et de l’homophobie) qu’une réelle adhésion à la lutte contre le patriarcat. En effet, voir nos faux laïques minimiser l’homophobie culturelle (qui tue puisqu’elle pousse des jeunes au suicide) tout en s’insurgeant contre l’homophobie d’Etat (dès qu’elle provient d’un pays musulman) a de quoi laisser rêveur.
Les faux laïques ont un point commun avec les islamistes : celui de partager la même vision essentialiste, réactionnaire et tout au moins conservatrice de l’islam. S’appuyant sur une lecture littérale du Coran, ils affirment que l’islam n’est pas réformable et que le droit musulman doit être à jamais figé dans le temps. Un islamiste ne dirait pas mieux. En vérité, les faux laïques ont tout intérêt à ce que l’islam ne se réforme jamais puisque cela leur permet tout simplement d’en rajouter à foison sur l’incapacité des musulmans à toute auto-critique de leur religion…
Inciter à la haine des musulmans est nié en tant que racisme à part entière. Leur lutte contre le racisme se réduit donc à la dénonciation de l’antisémitisme et du racisme anti-blanc alors que le véritable universalisme s’applique à dénoncer tous les racismes, sans exception.

Le projet politique des faux laïques se réduit à une phrase toute simple : «  éradiquer l’islam  ». Et l’éradiquer non pas de la sphère publique, comme le souhaitent les véritables laïques et cela quelque soit la religion, mais de la sphère privée. Interdire le voile dans toute la société, interdire toute pratique de l’islam tel est le programme. Et cela au nom de la «  laïcité  » qui est en réalité ici complètement détournée de son sens au plus grand bonheur de ses adversaires qui ont ici la preuve que certains laïques sont définitivement des anticléricaux primaires.

Les faux laïques justifient leur moindre parole au nom du fameux « politiquement incorrect ». Ne nous laissons pas abuser. Si le politiquement incorrect fût un antidote salvateur contre la bien pensance de gauche qui a longtemps prédominé en refusant tout débat serein sur l’immigration et la délinquance, ce concept est aujourd’hui complètement détourné de son sens par les réactionnaires de tout poil qui le revendiquent pour tenir des propos racistes, sexistes et homophobes. Cela vaut pour nos faux laïques. Et leur accusation de « boboïsme » (qu’ils jettent continuellement à la figure de ceux qui, loin d’abandonner certaines thématiques à l’extrême droite, refusent de sombrer pour autant dans le racisme) est strictement identique à celle qui consistait à accuser systématiquement de lepénisme toute personne abordant le thème de l’insécurité ou de l’immigration afin de discréditer sa parole.

Se réclamer à la fois de l’universalisme tout en tenant un discours à l’égard des musulmans digne de l’antisémitisme des années trente, il fallait vraiment oser. Aujourd’hui dans une impasse idéologique, nos faux universalistes se retrouvent également dans une impasse stratégique aussi bien que politique.

En refusant d’aborder le problème de l’islamisme à sa source et en prétendant y faire échec par le biais de politiques sécuritaires et liberticides à l’encontre des seuls musulmans, ils ne font qu’exacerber encore davantage les crispations identitaires. Penser qu’on va régler une bonne fois pour toute le problème de l’islam politique en interdisant le voile partout est une idée aussi stupide et liberticide que celle qui consistait à faire interdire le FN en 2002 pour faire reculer l’extrême droite.

En menant un combat athée auprès des musulmans, les faux laïques ne font que renforcer le discours intégriste qui n’a de cesse que d’assimiler la laïcité à l’athéisme afin de mieux la discréditer auprès des arabo-musulmans.

En érigeant en dogme l’idée que pour s’émanciper il faut obligatoirement rejeter l’islam, les faux laïques se sont à jamais coupés des musulmans progressistes qui se battent (et risquent parfois leur vie) pour une auto-critique de l’islam visant à adapter l’islam à la modernité. Il s’agit une fois de plus d’une très grave erreur stratégique puisque, pour que la lutte contre l’islamisme soit efficace, ce totalitarisme doit être combattu aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur de l’islam.

Renforcer l’intégrisme au lieu de l’endiguer, diviser le camp laïque alors qu’il aurait aujourd’hui besoin d’être rassemblé, renvoyer dans les cordes les musulmans progressistes (pourtant de précieux alliés), quel exploit. Mais les faux laïques auront commis leur ultime erreur en rejetant les nombreuses sympathies qu’ils n’ont pas manqué de susciter auprès de militants apparentés FN. Ainsi, ils se sont dissociés de leurs seuls alliés politiques objectifs qui ne comprennent plus très bien ce dédain soudain dont on fait preuve à leur égard.
Ce suicide politique est d’autant plus incohérent que les faux laïques ont soutenu envers et contre tout le député d’extrême droite Geert Wilders (qui a le même programme politique que Le Pen rappelons-le) ou encore le récent rassemblement à Cologne de toute l’extrême droite la plus infréquentable d’Europe. Quelles sont les raisons de ce choix ? Essayer tant bien que mal de se faire passer pour respectables alors que la sauce ne prend plus depuis longtemps parmi les militants laïques avertis ?

Quoiqu’il en soit, rejetés par les véritables laïques ainsi que par l’extrême droite, nos faux laïques se retrouvent seuls, complètement isolés sur l’échiquier politique. Un isolement qui va les propulser tous droit dans le fond du précipice, là où est définitivement leur place eux qui ont à jamais trahi l’idéal universaliste et républicain.

Caroline Brancher

2 - Une démarche concordataire

Le gouvernement français et le Saint Siège – dans le cadre européen du processus de Bologne - ont signé un accord sur la reconnaissance des grades et diplômes de l’enseignement supérieur catholique. La France s’engage à reconnaître la valeur des titres et diplômes canoniques (théologie-philosophie, droit canonique) ou profanes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur catholiques reconnus par le Saint Siège.

L’Observatoire Chrétien de la Laïcité s’inquiète du fait que cet accord bilatéral entre l’Etat français et le Saint Siège soit acquis, semble t il, en dehors de toute consultation du Parlement alors qu’il remet en cause l’avis du Conseil d’Etat de 1984 estimant que l’Université publique a seule la capacité de collation des grades.

L’O.C.L. dénonce une fois de plus la confusion qui naît du double jeu permanent entre le statut étatique du Saint Siège et l’institution religieuse du Vatican

D’une part cet accord soumet les décisions de l’Etat français en matière de collation des grades universitaires à la reconnaissance préalable par le Vatican de la qualification des universités catholiques Les universités catholiques françaises seraient elles les universités d’Etat du Saint Siège? De plus on sait que le Vatican au nom de la « saine doctrine » ignore la liberté de recherche, allant même parfois jusqu’à exiger le licenciement des enseignants dont les idées et recherches lui déplaisent.

D’autre part, sans que soit écartée pour les croyants l’utilité d’une recherche théologique de haut niveau, l’Etat français n’a aucune compétence pour définir la valeur ni des études ni des recherches ni des institutions privées qui s’y consacrent. Le jugement de 1984 du Conseil d’Etat est susceptible d’éviter toute atteinte à la laïcité de l’Université publique et il faut s’y tenir. En ne le respectant pas cet accord est inconstitutionnel.

Jean Riedinger Secrétaire de l’Observatoire Chrétien de la laïcité

5 - obscurantisme religieux

1 - Pour le Vatican, la pilule est une catastrophe écologique

Le Vatican vient de rétrécir, une fois de plus, son champ de vision sociale en décrétant que les dérèglements environnementaux et leurs conséquences négatives sur la fertilité masculine son dus à la pilule utilisée par les femmes en milieu occidental. Ce moyen de contraception est en effet accusé par Pedro José Maria Simon Castellvi, président de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques, de provoquer en Occident une "pollution environnementale" responsable "de l’infertilité masculine (marquée par une baisse constante du nombre de spermatozoïdes chez l’homme) ". D’après les théories exposées ce samedi 03 janvier dans le journal du Vatican, l’Observatoire Romano, la pilule contraceptive "en relâchant des tonnes d’hormones dans la nature" à travers les urines des femmes qui l’utilisent, est coupable "des effets dévastateurs sur l’environnement".

Au nom de l’Humanae Vitae

Opposé à tous moyens de contraception et hostile à toutes formes de vie sexuelle non dédiée à la procréation, le Vatican trouve dans un premier temps une manière politiquement correcte de s’attaquer au contraceptif le plus répandu, dans un communiqué plus dithyrambique en vertu pseudo-écologique qu’en éclaircissements scientifiques. "Nous sommes face à un effet anti-écologique clair qui exige davantage d’explications de la part des fabricants" indique P. Castellvi en se référant à l’encyclique Humanae Viatae de feu-Jean-Paul II, qualifiée de "prophétie scientifique". On rappellera que la pilule et le préservatif y sont bannis comme instrument éminemment criminogènes portant atteinte à la vie. Le quarantième anniversaire de l’encyclique Humanae Vitae en octobre 2008 a donné l’opportunité à Benoît XVI de condamner une nouvelle fois la contraception et ce que J.P. II nommait la "culture de la mort". A cette occasion, l’ancien cardinal Ratzinger avait d’ailleurs sollicité les pharmaciens à refuser de vendre la pilule du lendemain et les gynécologues à ne pas pratiquer d’IVG, en adoptant le statut d’objecteur de conscience…

La pilule comme adversaire des droits humains

Non seulement la pilule corrompt les esprits, pollue l’environnement et rend les hommes infertiles, mais elle porte atteinte aux droits fondamentaux d’après l’article de Castellvi. "En ce soixantième anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Homme, elle viole au moins cinq droits de l’homme importants : le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à l’éducation, le droit à l’information et le droit à l’égalité entre les sexes". D’autant plus meurtrière, la pilule progestative est associée au RU 486 qui "assassine" les fœtus ! "L’embryon, même dans ses premiers jours, est différent d’un ovule… et si rien ne l’en empêche, il finit, neuf mois plus tard par sortir du ventre maternel, prêt à dévorer des litres de lait" déclare Castellvi dans le même article.

En route pour une nouvelle croisade contre l’émancipation féminine, Benoît XVI et son équipe franchissent un stade supplémentaire en tentant de donner des fondements écologiques et scientifiques aux doctrines du Vatican, et d’étendre leur influence en empiétant à nouveau sur l’espace public, au-delà du seuil alloué à la foi.

Voir cet article sur son site d'origine

Nathalie Szuchendler nathszuchendler.wordpress.com
Militante ProChoix

2 - Le triomphe des islamistes de Grozny

La population tchétchène n’est pas encore au bout de sa calvaire. Après quinze années de guerre, le Kremlin a nommé à la tête de la république Ramzan Kadyrov, islamiste pur et dur et petit protégé de Vladimir Poutine en personne.

Déclenchée en 1999 des suites de l’incursion au Daghestan du wahhabite indépendantiste Bassaïev, la deuxième guerre de Tchétchénie, désignée par Poutine comme une opération «  anti-terroriste  », a coûté la vie à entre 100 000 et 300 000 civils tchétchènes.
Pro-fédéral et anti-wahhabite, Kadyrov est donc entré dans les bonnes grâces de Poutine qui lui a décerné la médaille du héros de la Russie. Et quel héros si on peut encore décemment utiliser ce terme pour un tel personnage.
Pendant l’affaire des caricatures, alors qu’il était premier ministre de la République de Tchétchénie, Kadyrov a interdit la présence sur le sol tchétchène d’ONG danoises dont certaines étaient dévouées à l’humanitaire. Kadyrov est décrit comme un nationaliste radical. Violent et antidémocratique, il est également accusé d’actes de torture et de meurtres.

Anna Politkovskaïa, la journaliste assassinée qui s’était brillamment illustrée par son courage en effectuant plusieurs reportages en Tchétchénie pour y dénoncer les atrocités qui s’y déroulaient a écrit dans l’un de ses derniers articles publié le 11 septembre 2006 : « Qu’est-ce que le syndrome Kadyrov ? On peut le caractériser par les traits suivants que sont l’insolence rustre et la cruauté masqués par du courage et de l’amabilité. En Tchétchénie le Kadyrovtsy frappe les hommes et les femmes à partir du moment où ils pensent que c’est nécessaire. Ils les décapitent de la même façon que leurs ennemis Wahhabites. Et tout ceci est justifié et commenté par les plus hautes autorités par "détails afin de soulever des Tchétchènes en faveur de la Russie". »

En résumé, loin d’avoir enrayé l’islamisme et le terrorisme, Poutine et sa brillante équipe n’ont réussi, tout au contraire, qu’à rendre cette région du monde encore plus dangereuse qu’elle ne l’était avant. Et cela en accomplissant ce qui relève d’un double exploit :
L’armée Russe, qui s’est rendue coupable d’actes de sauvagerie inouïe envers la population civile, n’a fait qu’exacerber les haines en poussant des Tchétchènes, désireux de venger leurs proches, vers le chemin du terrorisme. Une guerre bien improductive… et pour aboutir à quel résultat ? Finir par donner les rennes du pouvoir à ceux là même qui se revendiquent de l’islamisme, cette idéologie fascisante dans laquelle le terrorisme islamiste prend naturellement sa source. On tombe donc très loin des objectifs de départ tant clamés par Poutine.

Grozny, ville martyre de l’invasion Russe, a été rebâtie par Kadyrov qui tient plus du chef de secte que d’un véritable président. Pour cause, le culte de la personnalité est partout. "Ensemble, nous bâtissons le futur", dit un des portraits géants du président. Et quel futur !
En guise de projet politique, Ramzan Kadyrov souhaite «  normaliser  » la société tchétchène. Mais ce projet de normalisation n’a strictement rien à voir, comme on aurait pu s’y attendre, à un juste retour à la vie normale après quinze années de guerre. En réalité, l’actuel président souhaite imposer à l’ensemble de la société un ordre moral à cheval entre traditions patriarcales et islam rétrograde.

Désormais, le président l’a décidé, les jeunes filles doivent porter le foulard à l’université. Une mesure qui n’aurait «  rien de très contraignant  » selon les propres mots de Kadyrov. Peut être pour ne pas abattre d’un coup toutes les cartes du radicalisme, Kadyrov a affirmé que celles qui ne veulent pas avoir la tête entièrement recouverte peuvent se contenter d’un ruban négligemment noué sur les cheveux. Entendrons nous certains nous affirmer que Kadyrov est un des ces islamistes modérés avec lequel on peut bien s’accommoder ? Chassez le naturel, il revient au galop. Loin d’être modéré, Kadyrov a promis que les étudiantes, à partir de 2009, devront porter le hidjab. Pour se justifier, le président se dit certain qu’"elles adoreront cela"...

A la manière des intégristes chrétiens qui sont au pouvoir en Pologne, le rappel des normes de bonne conduite est omniprésent dans les médias. A la télévision, une émission est même dédiée à mettre en garde contre les tenues vulgaires et les mœurs déplacées. Bien sûr, cet ordre moral et sexuel vise uniquement les femmes qui, parait-il, en prendraient un peu trop à leur aise et qui sont donc systématiquement pointées du doigt comme étant fautives et impures.

La dégradation de la condition des femmes va donc en s’accélérant dans une société déjà fortement marquée par les traditions patriarcales. En novembre, les corps de sept jeunes filles assassinées par balles ont été découverts dans les environs de Grozny. Selon un responsable du parquet russe pour la Tchétchénie, les sept victimes, âgées de 25 ans à 30 ans, ont probablement "été victimes de criminels" qui auraient vu en elles "des femmes pouvant avoir un mode de vie amoral". Un mode de vie «  amoral  » qui peut donc justifier un abattage en bonne et due forme.
Mais pour Natalia Istemirova, qui dirige l’association de défense des droits de l’homme Memorial à Grozny, la vérité est ailleurs : "Ces assassinats n’ont rien à voir avec des crimes d’honneur parce que, dans ce cas, les jeunes filles, tuées par leur propre famille, sont enterrées et non pas laissées dans un fossé. Et puis en général, les familles font cela en secret. " Selon elle, ces femmes auraient pu "être les témoins gênants de choses qu’elles n’auraient pas dû voir. Le fait que le parquet russe mette en avant l’amoralité des jeunes filles prouve", ajoute-t-elle, "qu’il n’y a pas de volonté de mener une enquête sérieuse". Qui dit vrai ? Personne n’a la réponse mais nul doute que les femmes Tchétchènes n’ont de toute façon pas de beaux jours devant elles. Kadyrov est en train de leur bâtir un futur sombre.

Caroline Brancher

6 - à lire, à voir ou à écouter

1 - Film : Mascarades, de Lyès Salem

Le film Mascarades, du réalisateur franco-algérien Lyès Salem, est diffusé depuis le 10 décembre 2008 dans les salles de cinéma en France.

Il s’agit d’une histoire d’amour entre Rym et Khliffa, une idylle qu’ils sont obligés de tenir secrète parce que leur amour est vu d’un mauvais œil par les habitants de leur village, situé quelque part dans le sud-est de l’Algérie. Mounir, frère et tuteur de la jeune femme –incarné par le réalisateur– baigne tout autant dans les préjugés et reste très sensible au « Qu’en dira-t-on ? ».

Alors, chaque nuit Khliffa doit escalader discrètement le mur d’enceinte de la maison de son amoureuse pour lui adresser quelques paroles étouffées par le mur de la chambre qui les sépare. Ils rêvent tous deux de se marier et de quitter leur village, où un conformisme accablant les empêche de réaliser leur vie.

Bien qu’adorant sa sœur, Mounir souffre des rumeurs véhiculées par les habitants du village : elle sera vieille fille à cause de son étrange maladie (Rym, narcoleptique, souffre de fréquents accès de sommeil auxquels elle succombe en n’importe quel lieu, à n’importe quel moment).

Un soir, Mounir se saoule et annonce sur la place du village le mariage prochain de sa sœur avec un dénommé William Vancooten, un riche étranger. Chacun commence alors à s’intéresser à la main de Rym. Surtout Redouane, un homme d’affaire véreux, qui le méprisait jusqu’alors. En mal de reconnaissance sociale, même factice, le grand-frère ne refuse pas de servir de leurre au malintentionné, afin d’escroquer des paysans ayant besoin d’aide.

Mais il devient fou de rage lorsqu’il découvre la liaison de sa sœur, et plus fou encore lorsqu’il comprend que l’amant en question n’est autre que son meilleur ami. Il estime que leur amitié a été trahie, et qu’il est de toutes les façons hors de question qu’elle épouse un tel « va-nu-pieds ».

Devant la peur, le désespoir et la révolte que suscite en elle la violente réaction de son frère, Rym s’enfuit de la maison familiale en compagnie de son partenaire, et passe la nuit avec lui dans son magasin de cassettes vidéos. Habiba, l’épouse de Mounir, tente en vain de le ramener à la raison, lui rappelant qu’eux aussi avaient eu des rapports sexuels avant leur mariage.

Le lendemain, Khliffa et Rym décident de passer outre l’avis de leurs familles respectives, et de se marier. Ils tiennent toutefois à ce que la cérémonie soit bénie religieusement. L’imam, complice avec le couple, s’arrange avec la religion –comme nombre de ses paires–, pour qu’elle soit au service des croyants : nécessité faisant foi !

Baignant finalement dans le bonheur, la jeune mariée, qui s’apprête à quitter la bourgade avec son époux, réalise subitement qu’elle est guérie du mal qui la rongeait.

Le titre du film, Mascarades, désigne l’hypocrisie et le culte des apparences qui règnent dans le village, sorte de microcosme de la société algérienne. Il y est également question d’un invisible colonel de l’armée, qui symbolise les passe-droits, la corruption et l’impunité des membres du régime, comme dans toute société où la pratique de la citoyenneté est inexistante ou insuffisamment enracinée dans les mœurs.

Le réalisateur a choisi de traiter ces sujets aussi sérieux par la dérision. Cela fait écho par bien des aspects aux satires sociales italienne et algérienne, des années 1970 et 1980, ainsi que le théâtre classique européen. « (…) Il s’agit aussi, explique-t-il, à travers ce film, de montrer autre chose de l’Algérie. J’ai voulu faire un film qui ne donne pas prise à la victimisation : un film qui refuse une certaine tendance, ici en France, à n’admettre de cinéma nord-africain que celui qui parle de la difficulté d’être algérien. »[1]

Le film est aussi, comme il l’explique, une allégorie de l’Algérie : Mounir représente l’Algérie du passé, tandis que Rym et Khliffa représentent l’Algérie moderne de demain. Le réalisateur a également rendu hommage aux femmes algériennes, à travers les rôles positifs, voire progressistes, qu’il fait jouer aux actrices : Rym, Habiba, la grand-mère...

Lyès Salem est né en 1973 à Alger, de mère française et de père algérien. Il vit à Paris depuis l’âge de 15 ans. Il a suivi des études de Lettres Modernes à la Sorbonne, puis une formation d’acteur au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, à Paris. Il a entamé, à partir de 1998, une carrière d’acteur au cinéma et à la télévision, et de comédien au théâtre.

Il réalisa Jean-Farès en 2001, son premier court métrage, qui a été sélectionné pour de nombreux festivals nationaux et internationaux. Il réalisa ensuite un second court métrage, Cousines, qu’il tourna à Alger, et qui a obtenu en 2005 le César du meilleur court métrage.

Mascarades, qui est son premier long métrage, a rencontré un vif succès en Algérie lors de sa distribution dans les salles en septembre dernier. Il vient aussi d’obtenir le Grand prix du meilleur film arabe du Festival international du Caire, et le Grand Prix "Almouhr Alarabi", ainsi que le prix de l’association internationale des critiques cinématographiques, au festival de cinéma de Dubaï, qui s’est déroulé du 11 au 18 décembre 2008. Il a aussi décroché plusieurs récompenses, dont le Premier prix au Festival du film francophone d’Angoulême, et celui du Meilleur espoir féminin pour l’actrice Rym Takoucht (Habiba, dans le film) lors des Journées Cinématographiques de Carthage 2008. Il représentera également l’Algérie aux Oscars du film étranger de 2009, aux États-Unis d’Amérique.

Notes

[1] Le site web du film : [charger le lien]

Hakim Arabdiou

Agenda

samedi 10 janvier 2009, 14:00

Le samedi 10 janvier 2009 : Rendez-vous devant les bureaux de poste !

Devant toutes les postes du pays
http://www.appelpourlaposte.fr/

Le samedi 10 janvier sera une journée nationale de mobilisation des comités locaux contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal.
Le gouvernement veut mettre un terme à l’activité d’un des plus anciens services publics de proximité de notre pays, garant et créateur de liens sociaux. En pleine crise économique, à l’heure où la précarité et la pauvreté progressent, il s’agit de détruire un service public indispensable pour l’aménagement du territoire et la cohésion sociale.
Malgré des centaines de milliers de signatures déjà récoltées par l’ensemble des organisations syndicales et politiques, malgré des manifestations d’ampleur et la popularité de notre lutte, le gouvernement s’entête sur sa décision.
Face à cette obstination, il est nécessaire que l’ensemble de la population et de nos élus et élues manifeste son mécontentement le 10 janvier 2009 devant leur bureau de Poste.
Ce n’est pas au président Sarkozy de décider de l’avenir de La Poste, c’est à la population qu’il revient de se prononcer par le débat public et par la voie du référendum sur l’avenir du service public postal afin qu’il réponde à ses attentes.
Le comité invite la population à venir signer l’appel national contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal devant les bureaux de poste de tout le pays le samedi 10 janvier 2009.
Il se joindra à la manifestation nationale du 29 janvier 2009.

Les organisations signataires de l’appel pour La Poste
• CFTC Postes et Télécommunications • Confédération CFTC • Fédération des Activités Postales et des Télécommunications CGT • CGT Finances • CGT Banque de France • Confédération CGT • Confédération Paysanne • FO Communication • FNEM FO Fédération nationale de l’énergie et des mines Force Ouvrière • Confédération FO • SUD Crédit Foncier • Fédération SUD PTT • Fédération Syndicale Unitaire • Union Syndicale SOLIDAIRES • ACU (Association des communistes unitaires) • Alternative Libertaire • ANECR Association Nationale des Elus Communistes et Républicains • Club Gauche Avenir • CNCU Coordination Nationale des Collectifs Unitaires pour une Alternative au Libéralisme • Debout la République • GUE/NGL Composante française du groupe de la Gauche Unie européenne/Gauche verte Nordique • Les Alternatifs • Les Objecteurs de Croissance • Les Verts • LCR Ligue Communiste Révolutionnaire • Mouvement de la Jeunesse Communiste • Mouvement des Jeunes Socialistes • MRC Mouvement Républicain et Citoyen • NPA Nouveau Parti Anticapitaliste • PCF Parti Communiste Français • Parti Communiste Ouvrier Français • Parti de Gauche • PRG Parti Radical de Gauche • PS Parti Socialiste • AFOC Association Force Ouvrière des Consommateurs • AITEC Association Internationale d’Experts et Chercheurs • Amis de la Confédération paysanne • Confédération Paysanne • APEIS Association Pour l’Emploi, l’Information, et la Solidarité • ATTAC • CNR Conseil National de la Résistance • Convergence des Collectifs de Défense et de Développement des Services Publics • DAL Droit au Logement • Fondation Copernic • INDECOSA CGT • IPAM Initiatives pour un Autre Monde • Jeunes Laïques et Solidaires • LDH Ligue des Droits de l’Homme • Marches Européennes • M’PEP Mouvement politique d’éducation populaire • Réseau Européen des Missions Publiques • Résistance Sociale • UFAL Union des Familles Laïques • UNRPA Union Nationale des Retraités et Personnes Agées

lundi 12 janvier 2009, 19:00

Les débuts du MLF dans le numéro 46 de ProChoix

à la Parole errante, lieu d'Armand Gatti
Maison de l’arbre
9 rue François Debergue à Montreuil-sous-Bois
(métro « Croix de Chavaux »)

Ce numéro comprend un important dossier sur les débuts du mouvement de libération des femmes, ses débats, ses utopies, et les tentatives successives de confiscation auxquelles il s'est heurté.

Fin septembre, les rédactions reçoivent un communiqué des Editions des Femmes leur annonçant l'anniversaire du MLF deux ans en avance... A l'en croire, le mouvement de Libération des femmes aurait été fondé en 1968 par Antoinette Fouque (la propriétaire de cette maison d'édition). Les féministes ayant participé à ce mouvement, divers et dont le premier acte public remonte en réalité à 1970, hésitent entre franche rigolade et consternation : "Encore !" 
Antoinette Fouque — qui porte une vision tout à fait particulière du féminisme (mot qu'elle a longtemps méprisé) — a déjà tenté de s'approprier l'image de ce mouvement. En 1979, elle déposait le sigle du MLF à l'INPI (Institut national de la propriété industrielle) malgré les protestations d'autres courants féministes. A l'époque, ils avaient dénoncé l"'imposture" et les méthodes sectaires de l'organisation à l'origine de cette OPA. Le communiqué de 2008 les oblige à reprendre du service. ProChoix leur a demandé de réagir, de se souvenir et de nous transmettre. 
Un dossier géré par Cathy Bernheim, Cassandre, Sophie Chauveau, Catherine Deudon, Marie-Jo Dhavernas, Françoise Picq, Nadja Ringart

Pour la sortie de ce numéro nous vous convions à débattre

A la Maison de l’arbre se tient depuis le 17 novembre, une importante exposition sur Mai 68, ses différents acteurs, ses expressions, ses prolongements et ses publications... Le Torchon Brûle en fait partie, c’est pourquoi nous avons choisi ce cadre pour présenter ce numéro de ProChoix, qui marquera également le douzième anniversaire de la revue.
Cette rencontre sera aussi l’occasion de parler ensemble des projets autour du quarantième (vrai) anniversaire du mouvement de libération des femmes.

jeudi 15 janvier 2009, 18:00

Vernissage expo photo de Régis Rousseau - La Cuba Linda

Mairie du 13ème arrdt
Paris

Télécharger l'invitation pour avoir tous les renseignements. L'exposition se poursuivra jusqu'au 28 janvier.

Voir l'agenda complet en ligne

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association:
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27 rue de la Réunion
75020 PARIS

Courriel: respublica@gaucherepublicaine.org
Site: http://www.gaucherepublicaine.org