Mode d'emploi

Soutenir et financer

Bien que le journal électronique soit rédigé par des contributeurs non rémunérés, nous devons faire face à des frais (notamment informatique). C'est pour cela que votre aide financière est la bienvenue pour nous permettre de continuer à vous informer sur les combats de la Gauche Républicaine et Laïque. Pour ce faire vous pouvez faire une adhésion de soutien en vous inspirant du barème ci-après et en nous envoyant sur papier libre vos Noms, Prénoms, Adresse et courriel à :

Les Amis de ReSPUBLICA
27, rue de la Réunion
75020 PARIS

Barème indicatif :
Chômeurs, RMIstes, Etudiants : 10 €
SMIC et au-delà : entre 25 € et 100 €

 
A la une
Rubriques :
  • A la une
  • lettre 972
  • Respublica le média

Avec vous, ReSPUBLICA va faire peau neuve et se développer !

par ReSPUBLICA

 

Ceux d’entre vous qui nous lisent depuis un certain temps sont habitués à voir venir en fin d’année un appel à dons – seule source de revenus de notre média gratuit et indépendant. C’est grâce à ces apports, les vôtres, que nous existons depuis le début du siècle.

En ce début juin nous revenons vers nos lecteurs d’une façon inhabituelle, pour une collecte participative plus ambitieuse. Vos retours positifs ont en effet encouragé  la rédaction et l’association «Les Amis de Respublica » à entamer une refondation du journal pour qu’il puisse élargir son audience et mieux répondre politiquement, dans une conjoncture fort difficile pour notre pays.

La récente assemblée générale de l’association a validé le projet. Le budget de l’opération ayant été précisé, nous sommes aujourd’hui amenés, pour compléter les ressources nécessaires, à ouvrir une collecte participative sur KissKissBankBank, valable jusqu’au 14 juillet 2021, dont vous pouvez prendre connaissance ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/campagne-de-financement-participatif-pour-la-refondation-du-site-de-respublica.

Au-delà de l’apport financier, tout ce qui contribue à faire connaître les analyses de ReSPUBLICA est un plus, car l’appui apporté à  ce média indépendant de la gauche républicaine est bel et bien un geste politique ! Alors n’hésitez pas à relayer cet appel autour de vous, et aussi les articles de fond du journal. Ecrivez à Evariste pour débattre !

Merci déjà à toutes et tous. Après la suspension estivale du 15 juillet à la fin août, nous vous donnons rendez-vous au mois de septembre pour découvrir la nouvelle formule de ReSPUBLICA.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- Combat social
Rubriques :
  • - Combat social
  • lettre 972
  • Syndicats

Audiences syndicales des salariés du privé : focus 2021

par Zohra Ramdane

 

Avant de commenter ces derniers résultats, fournissons les résultats globaux. A noter que nous sommes en possession des résultats par branches et secteurs.

Nombre de salariés inscrits 14 118 287
Nombre de votants 5 398 796
Nombre de suffrages valablement exprimés 5 016 355
Taux de participation 38,24 %

 

Organisations syndicales ayant obtenu une audience supérieure ou égale
à 8 %
(seuil de représentation nationale) :

Organisations syndicales
 Nombre de suffrages valablement exprimés
% de voix obtenues
CFDT

1 343 055

26,77

CGT

1 151 897

22,96

CGT-FO

764 329

15,24

CFE-CGC

 777

11,92
CFTC

476 564

9,50

 

Organisations syndicales ayant obtenu une audience inférieure à 8 % :

Organisations syndicales
 Nombre de suffrages valablement exprimés
% de voix obtenues
UNSA

  300 391

5,99

Solidaires

184 513

3,68

Autres listes (< 1%)

     190 896

3,81

Audience de la CFE-CGC dans les collèges électoraux dans lesquels ses règles statutaires lui donnent vocation à présenter des candidats : 20,71 %.

Analyse de ReSPUBLICA

D’abord notons une nouvelle augmentation légère mais continuelle de l’abstention. Ensuite que le top 5 des syndicats ayant obtenus plus de 8 % reste le même. Mais ces 5 centrales ont diminué en nombre absolu de suffrages, sauf la CFE-CGC. Ceci marque l’accroissement du nombre de cadres dans le salariat en CDI. Le patronat faisant de plus en plus appel à l’intérim, aux stagiaires, au travail précaire dans les catégories populaires, ce sous-prolétariat participe beaucoup moins aux élections professionnelles.

Si l’écart augmente entre le premier syndicat du privé (la CFDT) et le deuxième (la CGT), cela s’explique par la baisse du nombre de votants pour la CFDT (40.000 voix) environ quatre fois moins important que celui de la CGT (150.000 voix).

En ce qui concerne l’audience générale du salariat (privé et public), ce résultat des élections professionnelles dans le privé conforte la première place de la CFDT dans l’ensemble du salariat, même si la CGT est toujours en tête dans le public, mais d’une très courte tête.

Sur une période longue, ce résultat consacre l’érosion faible mais constante de l’audience du syndicalisme revendicatif  face au syndicalisme d’accompagnement du système – bien qu’il ne faille pas croire à l’homogénéité de chaque centrale syndicale. On peut montrer au contraire que la multiplication des structures syndicales a été de pair avec une croissance de l’hétérogénéité de chaque centrale. Chaque centrale syndicale pouvant faire coexister en son sein plusieurs formes de syndicalisme, à savoir le syndicalisme nostalgique du passé, le syndicalisme d’accompagnement du système capitaliste, le syndicalisme de contestation populiste, le syndicalisme revendicatif (qui s’organise pour créer un rapport de forces pour obtenir satisfaction sur des revendications significatives), voire le syndicalisme révolutionnaire.
Autre caractéristique de l’archipellisation du syndicalisme réel : certains syndicats sont globalement à gauche quand d’autres peuvent faire coexister des membres qui vont de l’extrême gauche jusqu’à l’extrême droite. Et pour les syndicats globalement à gauche, la pénétration de la gauche identitaire face à la gauche laïque et sociale est de plus en plus importante depuis que le néolibéralisme est devenu dominant en France dans les années 1982-83.

Ce recul lent mais constant du syndicalisme revendicatif face aux autres formes du syndicalisme favorise le mouvement abstentionniste syndical et politique, principalement dans les couches populaires et dans le sous-prolétariat (précaire, intérimaire et chômeur).

Cela appellera ultérieurement à une refondation-convergence du syndicalisme, tant dans le projet syndical que dans son rapport au salarié, que dans les formes d’action (par exemple les randonnées urbaines une fois par mois jusqu’à épuisement des travailleurs ne rapportent plus rien en termes de satisfaction revendicative alors que se développe la pratique d’aller jusqu’au blocage de l’activité comme méthode revendicative), que dans la formation politique et l’éducation populaire refondée. Mais ceci est une autre histoire…

- Pour la démocratie
Rubriques :
  • - Pour la démocratie
  • lettre 972
  • obéissance

Pourquoi obéissons-nous ?

par Florent Bussy

 

Face aux grands maux de notre temps, comment se fait-il qu’il y ait tant d’apathie, si peu d’opposition ? Sur le plan écologique et sur le plan économique et social. Comment le néolibéralisme réussit-il à imposer ses contre-réformes alors qu’elles sont soutenues de manière minoritaire ? Comment le productivisme et le consumérisme poursuivent-ils leur course vers la pénurie et le chaos sans que rien ne semble devoir les arrêter, alors même que l’écologie est une des premières préoccupations de nos concitoyens ?

 

La question de l’obéissance n’a rien de nouveau. Elle se pose depuis que des autorités existent, donc depuis très longtemps comme on peut l’imaginer. Il a existé de nombreuses catastrophes dans l’histoire humaine qui ont engendré leur lot d’obéissance aveugle et irrationnelle. Des sacrifices humains à la domination féminine, des génocides au dogmatisme religieux, des guerres à l’arbitraire politique. Comment se fait-il que les oppositions qui ont toujours existé au monde tel qu’il va n’aient pas été plus communes et que l’obéissance l’emporte autant sur le refus, alors que ce dernier semble le plus souvent le plus rationnel.

Nous sommes tous membres d’une société, d’une culture, d’un ou plusieurs groupes. Le plus souvent, nous sommes élevés par des adultes, qui nous ont appris ce qui est indispensable à la vie et qui nous ont transmis une langue, des croyances, des savoirs, des valeurs. De ce fait, il y a beaucoup de reproduction d’une génération à l’autre, même si le changement ne peut pas être évité. Dans le cadre de la formation d’un corps politique, village, tribu, ville, nation, les rapports d’autorité signifient que certains sont en charge des décisions qui concernent la collectivité et que tous doivent s’y conformer. Mais, parmi ces décisions, de nombreuses sont prises en étant au service d’une idéologie, d’une croyance, d’un intérêt particulier ou d’une folie. Qu’il s’agisse des colonisations entreprises au nom de l’évangélisation ou de l’enrichissement, de la guerre au nom du prestige de la nation, des intérêts de la religion ou de la volonté de puissance, du productivisme au nom de la soumission de la nature et de la production du profit.

L’obéissance est acquise par la force et la peur, aussi bien que par le conditionnement et la manipulation. Elle implique nécessairement un fort sentiment de fatalisme, même si elle n’exclut pas le désir de révolte. Elle s’accompagne aussi souvent de consentement. On peut donc comprendre l’obéissance à la fois par la peur, par l’impuissance et par l’acceptation. Pourtant, au regard de notre désir de justice, de vérité, de liberté, de sécurité, elle reste largement obscure. Pourquoi obéir à des ordres souvent absurdes, aux conséquences qu’on peut prévoir à l’avance désastreuses, qui nous privent de notre liberté, qui traduisent des inégalités grossières ?

Nous sommes largement conditionnés à l’obéissance, depuis que nous sommes sommes enfants, par rapport à nos parents, aux enseignants, plus largement aux adultes. On nous apprend d’abord à obéir et souvent jamais à nous interroger sur le sens de ce que l’on nous demande de faire. Or l’obéissance n’a pas la même signification quand on obéit dans son propre intérêt ou dans l’intérêt de celui qui nous commande, quand on obéit aveuglément ou de manière critique, quand on obéit par peur ou par liberté. C’est pourquoi, la désobéissance civile a gagné ses lettres de noblesse avec le refus de Thoreau de payer ses impôts, quand ceux-ci devaient servir à financer une guerre coloniale contre le Mexique.

On fait souvent appel, au cours de l’éducation des enfants ainsi que pour organiser la société, à tous les ressorts de la soumission, afin d’obtenir l’obéissance, autrement dit l’absence de révolte ou de résistance, la passivité. Comme on valorise l’obéissance pour obtenir l’ordre et la tranquillité, on récolte des êtres obéissants mais soumis, fatalistes. On sépare l’humanité entre ceux qui commandent et ceux qui doivent obéir, qu’ils le veuillent ou non, et qui, pour la plupart, le font sans être en mesure de penser au sens de ce qu’ils font. On promeut donc cette passivité, pour les bénéfices qu’elle apporte à ceux qui commandent.

Dès lors, il n’y a rien d’étonnant à ce que l’obéissance soit « la chose du monde la mieux partagée ». On trouve tous de bonnes raisons d’obéir et les autorités auxquelles on nous a appris à obéir ou on se sent le devoir d’obéir pullulent. Il existe une prédisposition à l’obéissance qui fait qu’une majorité d’entre nous se soumet dans de très nombreuses circonstances. Une des questions centrales posées par les grandes catastrophes du XXe siècle est celle de l’obéissance. Comment la bombe A a-t-elle pu être larguée sur Hiroshima ? Comment les camps d’extermination ont-il pu être construits et le Zyklon B livré ? Comment des gendarmes français ont-ils pu procéder à l’arrestation d’enfants juifs pendant la guerre ? C’est à ces questions que Stanley Milgram a essayé de répondre à travers sa célèbre expérience menée à l’Université de Yale. Il met en évidence l’apparition d’un état qu’il qualifie d’« agentique », c’est-à-dire de déresponsabilisation par soumission à l’autorité, considérée comme seule comptable des actions menées.
Cet état agentique peut prendre des formes très différentes, du serment de fidélité et obéissance personnelle due à Pétain ou Hitler à qui on jure allégeance, jusqu’au fatalisme du progrès, de l’évangélisation au fil de l’épée jusqu’au respect de nombreuses traditions irrationnelles comme les mutilations sexuelles (principalement à l’égard des filles). Sur de nombreux sujets pourtant, on peut penser qu’on s’est libéré de pratiques anciennes liberticides. Mais cela ne suffit pas à faire disparaître toute soumission abusive. Nous sommes conditionnés à obéir et, si jamais nous ne le sommes pas bien ou pas suffisamment, les propagandes diverses y pallient, nous ne sommes jamais laissés à nous-mêmes, parce que, pour les sociétés, il s’agit d’un état potentiellement dangereux, pas simplement dans les régimes totalitaires qui veulent tout contrôler, jusqu’aux pensées, mais aussi pour les États libéraux qui ont besoin d’intégrer constamment chacun dans la collectivité et, au moins, d’empêcher les actes d’insoumission et les organisations contestataires. L’obéissance quasiment aveugle, la soumission est vitale dans tout système fondé sur l’inégalité, parce qu’elle est la condition de sa prolongation. Les églises, les institutions scolaires, militaires ou politiques, les médias ont tous cette fonction de production de la soumission, de manière plus ou moins exclusive. Il est illusoire de croire que les libertés individuelles seraient favorisées de manière aveugle dans une société, sans préoccupation pour l’organisation sociale. Au contraire, on peut penser que, dans une société qui se vante d’être libérale, les individus sont des atomes sociaux, c’est-à-dire des êtres séparés les uns des autres, mais pourtant unis par un système économique qui les définit d’abord comme des producteurs et des consommateurs.

Sur le plan écologique, celui qui concentre toute notre attention politique aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de changer nos modes de production et de consommation comme nous le souhaiterions, parce qu’il nous est difficile de rompre avec la soumission à l’organisation économique dans laquelle nous vivons, dont nous dépendons pour nous nourrir et pour vivre. Nous obéissons sans le vouloir, parce que rien ne nous invite à faire autrement ni à réfléchir à d’autres modes de vie.

Günther Anders a inventé le concept de « décalage prométhéen » pour expliquer l’origine des nombreuses catastrophes humaines du XXe siècle(1)Cf Florent Bussy, Günther Anders et nos catastrophes, Paris, Le passager clandestin, 2020.. Nos facultés mentales suivent des cours différents, nos capacités techniques ont enflé considérablement, sans que les autres se soient adaptées. Ainsi, la construction des bombes atomiques montre un décalage prométhéen entre ce que nous faisons et ce que nous sommes capables de nous représenter (penser à la destruction de millions de morts ne fait pas partie de ce que nous sommes en mesure de faire), entre le faire et le sentir ou l’imaginer. De même, nous sommes emportés par le mouvement de l’innovation technique, non simplement parce que cela nous serait imposé de manière autoritaire, mais parce que nous ne faisons pas le lien entre ce que nous voulons d’un côté (la nouveauté technique, les progrès de la médecine, etc.) et ce que nous déplorons de l’autre (la prédation de la nature, le gaspillage, etc.), alors qu’il n’y a qu’un lien de cause à conséquence entre les deux et que nous sommes ainsi divisés à l’intérieur de nous-mêmes, sans être capables d’unir les différents aspects de notre vie et de notre désir.

Si nous obéissons aux injonctions consuméristes, c’est parce que nous en tirons des promesses de bonheur. Si nous souscrivons à l’innovation technique, c’est parce que nous n’acceptons pas l’idée de stagnation et que nous ne concevons pas d’humanité hors de la modernité, de la croissance, de l’inventivité. Même si nous déplorons les ravages infligés à la planète, le gaspillage des ressources et, éventuellement, les inégalités galopantes, notre imagination nous laisse impuissants et nous ne sommes pas en mesure de faire un pas de côté véritable du côté de la décroissance, sans craindre la pénurie, la tristesse, le chômage, la décadence.

C’est pourquoi il est nécessaire de reconnecter nos facultés, de redonner de l’unité à notre désir, de résister à toutes les propagandes qui produisent la division avec nous-mêmes, entre nos désirs de paix, d’harmonie, de simplicité, de respect, de préservation et nos fantasmes d’échapper à notre condition, par l’abondance dont la principale concrétisation est le gaspillage, par la transformation radicale de nos milieux de vie et leur prétendue maîtrise. L’obéissance aveugle produit toujours des catastrophes. Seule une culture de l’insoumission, de la contestation de toutes les organisations censément naturelles, autrement dit une culture de la démocratie, pourra nous permettre de penser et d’agir en commun hors des sentiers de l’obéissance aveugle.

—–

Florent Bussy est professeur de philosophie.
Derniers ouvrages parus:
Le vertige de l’illimité, société de consommation et mythe de la démesure (Robert Laffont, 2020)
Alternatives (Utopia, 2021)

Notes de bas de page

1 Cf Florent Bussy, Günther Anders et nos catastrophes, Paris, Le passager clandestin, 2020.
- Proche et Moyen-Orient
Rubriques :
  • - Proche et Moyen-Orient
  • Israël
  • lettre 972
  • Palestine

J'éprouve le besoin de m'excuser auprès de vous, enfants de Gaza et d'Askelon...

Traduit de l'hébreu par Jean-Luc Allouche.

par David Grossman

 

Samedi 22 mai, au lendemain du cessez-le-feu, Juifs et Arabes d’Israël manifestaient ensemble place Habima à Tel-Aviv. L’écrivain David Grossman a prononcé ce discours que nous publions intégralement.

Erev tov, massa’ alkheïr, bonsoir,

Permettez-moi de consacrer mes propos de ce soir aux enfants des localités israéliennes en bordure de la bande de Gaza, aux enfants de Gaza et à tous les enfants qui ont subi dans leur chair et dans leur âme la guerre qui vient de s’achever. La frénésie de chaque camp à « graver dans la conscience » sa propre victoire a provoqué de minuscules défaites. Une génération entière d’enfants, à Gaza et à Ashkelon, va grandir et vivre sans doute avec le traumatisme des tirs, des explosions et des sirènes d’alerte.

Vous, les enfants, qui avez réellement conscience des brûlures du conflit, j’éprouve le besoin de m’excuser auprès de vous parce que nous n’avons pas réussi à créer en votre faveur une réalité meilleure et plus bienfaisante, le genre de réalité à laquelle chaque enfant dans le monde a droit.

Chères amies et chers amis,

La dernière guerre vient de prouver à quel point les deux camps, Israël et le Hamas, sont bloqués, prisonniers du cercle vicieux meurtrier qu’ils ont forgé de leurs propres mains. A quel point ils fonctionnent depuis des décennies comme un système automatique qui ne sait que tourner en boucle, une fois après l’autre, d’une puissance toujours plus grande.

Une salve de roquettes de plus et un autre bombardement, une salve, un raid aérien, des missiles Qassam et Dôme d’Acier, et des alertes… Et encore une fois, cette commotion cadencée qui nous est si familière, de plus en plus forte, s’embrasant d’elle-même et brouillant notre jugement.

Puis arrive ce moment où il est évident que la guerre n’a plus d’objet, ce que tout le monde sait, en Israël et à Gaza, mais on ne peut pas arrêter, impossible de baisser les armes, comme si la force en soi devenait la fin et non un moyen. Et cet énorme marteau-pilon continue à frapper encore et encore et, à Beer Sheva comme à Gaza, les enfants tremblent de peur, tandis que des experts intarissables envahissent les médias, déversent des éloges sur nous-mêmes et salissent nos ennemis, alors que nous, otages de tous les extrémistes de tout acabit, sommes là, bouche bée, à regarder comment des êtres humains deviennent des cibles dans la « banque des objectifs », des mères dans la rue protégeant de leur corps leurs enfants, des gratte-ciel s’écrouler comme des châteaux de cartes, et des familles entières liquidées en un clin d’œil.

Et tout cela peut se poursuivre pour l’éternité – ce mécanisme ne possède pas de disjoncteur de sécurité – sauf si Joe Biden esquisse un léger signe de la main et, soudain, voilà que nous nous réveillons du charme hypnotique de la destruction et regardons autour de nous en nous interrogeant : qu’est-ce qui s’est passé là ? Qu’est-ce qui est encore arrivé là ? Et pourquoi sentons-nous que les éléments les plus extrémistes du conflit nous ont encore manipulés ? Et comment se fait-il qu’après l’enfer qu’ont vécu des millions d’individus à Gaza et en Israël, nous demeurons à peu près au même point de départ ?

Et, par-dessus tout, je pose la question : comment se fait-il qu’Israël, mon pays, un Etat à la puissance formidable de création, d’invention et d’audace, fait tourner depuis plus d’un siècle les meules du conflit et se montre incapable de transformer son énorme force militaire en levier qui change la réalité, nous libère de la malédiction des guerres cycliques ? Qui nous ouvre une voie différente ?

Certes, il est plus facile de faire la guerre que la paix. Dans la réalité de notre existence, en fait, la guerre, nous continuons à la faire, tandis que la paix exige des démarches psychiques douloureuses et compliquées, autant d’initiatives menaçant des peuples qui se sont habitués à ne presque que combattre.

Nous, les Israéliens, nous refusons encore de comprendre que s’est achevée l’ère où notre puissance pouvait déterminer une réalité qui soit commode exclusivement pour nous, qui réponde à nos besoins et à nos intérêts.

La dernière guerre va-t-elle faire entrer dans nos cervelles que, à beaucoup près, notre puissance militaire n’est déjà presque plus pertinente ? Que peu importe à quel point est longue et lourde l’épée que nous brandissons, au total, n’importe quelle épée se révèle une épée à double-tranchant ?

La guerre actuelle vient de s’achever, et la question brûlante qui se pose désormais à l’intérieur d’Israël, c’est de savoir quelles seront les relations entre les Juifs et les Arabes.

Ce qui s’est produit dans les villes d’Israël est épouvantable. Il n’existe aucun moyen de le justifier. Commettre un lynchage sur des passants parce qu’ils sont juifs ou arabes, voilà la définition la plus méprisable de la haine et de la cruauté. Les victimes ont été assassinées et leur humanité déniée. Les assassins, dans ces moments-là, se sont métamorphosées en bêtes sauvages.

Mais, désormais – maintenant que les esprits se sont calmés et que le règne de la loi commence enfin à s’en prendre aux criminels – il est possible de parler de ce qui est arrivé, d’essayer de comprendre ce qui s’est révélé dans les deux sociétés et ses racines. Car de cette lucidité dépend notre avenir, Juifs et Arabes.

Israël est en passe d’entamer bientôt une cinquième campagne électorale. Les événements du mois de mai et l’intensité de la haine qui s’est déchaînée entre Arabes et Juifs occuperont une place majeure dans ces élections. Il n’est pas difficile d’imaginer comment les politiciens détourneront la frayeur et la méfiance vers le racisme et la soif de vengeance. Les plus bas instincts qui viennent d’exploser dans la réalité israélienne serviront de matière combustible à cette campagne électorale, et la besogne des agitateurs sera plus aisée que jamais.

Nous tous, il me semble, nous savons qui va en bénéficier. Nous tous, nous savons aussi quelle sera la réalité ici si tous les extrémistes nationalistes et racistes promulguent les lois. C’est pourquoi le véritable combat n’est pas entre Arabes et Juifs mais entre ceux – des deux bords – qui aspirent à vivre en paix, dans une coopération digne, et ceux – des deux bords – qui se nourrissent dans leur mentalité et leur idéologie de la haine et de la violence.

Puissions-nous réussir à rétablir et à renforcer, à nouveau, les forces saines dans les sociétés, ceux d’entre nous qui refusent d’être des collabos du désespoir. De sorte que si devait éclater encore une vague meurtrière de ce genre – et je crains que cela ne se produise dans quelques années – nous puissions lui opposer une résistance réfléchie et mûre comme, me semble-t-il, c’est déjà le cas ces jours-ci, dans d’innombrables rencontres, des discussions et des initiatives magnifiques. A mes yeux, et comme nous le prouvons par notre rassemblement ici, aujourd’hui, par notre détermination, notre soumoud en faveur de l’idée de paix, d’égalité et de coopération digne entre les deux peuples et notre « malgré tout », source d’un grand espoir en ces jours de ténèbres, laissent entrevoir qu’existe une chance que nous trouvions la voie que nous avons presque perdue, la voie compliquée et exigeante de vivre ici ensemble, dans une équité complète, et en paix, nous, Arabes, Juifs, êtres humains.

- Protection sociale
Rubriques :
  • - Protection sociale
  • lettre 972
  • Sécurité sociale

« Pour que vive la Sécurité sociale ! »

Deuxième étape de la campagne de la Convergence Services publics

par Convergence nationale des Collectifs de défense et de développement des Services Publics

 

La Convergence nationale Services publics, ses collectifs et ses partenaires syndicaux, associatifs et politiques, ont décidé de lancer une campagne « Pour que vive la Sécurité Sociale !», prévue par le programme du Conseil national de la Résistance, pour les 75 ans des ordonnances des 4 et du 19 octobre 1945 et des 4 grandes lois d’Ambroise Croizat de 1946.

Les quatre conditions portées alors par les constructeurs de la Sécurité sociale furent, pour le régime général :
• la solidarité entre les branches de la Sécurité sociale (détruite par les ordonnances de Gaulle-Pompidou de 1967),
• le financement par le salaire socialisé (modifié d’abord par la CSG de Mitterrand-Rocard – et par chacun de ses successeurs),
• le principe de la solidarité (à chacun selon ses besoins, chacun y contribuant selon ses moyens) amenuisé à partir du forfait hospitalier du deuxième gouvernement Mitterrand-Mauroy et accentué par tous ses successeurs,
• et enfin, et ce ne fut pas le moindre, la gestion de la Sécurité sociale, non pas assurée par l’État ou le privé, mais directement par les représentants élus par les assurés sociaux représentant 75 % des conseils d’administration (supprimée par le paritarisme des ordonnances de Gaulle-Pompidou de 1967 et par la décision de ne pas organiser l’élection en 1989 par Mitterrand-Rocard et puis par sa suppression en 1995 par Chirac–Juppé).

La Convergence Nationale Services Publics rappelle que le but de la Sécurité Sociale est d’assurer une protection de haut niveau de la naissance à la mort de tous les assurés sociaux et de leurs familles. La Convergence Nationale Services Publics propose que la Sécurité Sociale doit se réapproprier la définition de la santé de l’OMS de 1946 à savoir que la santé n’est pas l’absence de maladie et d’infirmité mais un état de bien-être physique, social et psychique. Elle doit donc prendre en charge tous les déterminants de la santé et combattre toutes les inégalités sociales de santé.
Cette campagne a débuté par l’appel de Saint-Étienne du 4 octobre 2020 signé par 38 organisations et par 75 personnalités. Elle s’est poursuivie par des réunions en visioconférence sur la Sécurité sociale intégrale (100 % Sécu), sur la branche Autonomie, sur le nécessaire pôle public du médicament et contre la privatisation de la santé, sur la nécessité d’un retour à la gestion de la Sécurité Sociale par les assurés sociaux et sur la mobilisation et le rassemblement indispensable pour cette reconquête d’une Sécurité Sociale solidaire avec l’appel du 22 mai. Cette reconquête doit d’abord porter sur les branches Santé-Assurance-maladie, Retraites, Famille (avec ses prestations familiales, logement et précarité), Accidents du travail et maladies professionnelles et Autonomie. Mais elle doit aussi viser à élargir la protection sociale pour assurer la sécurité du salaire, du logement, de l’alimentation, en lien avec les services publics. Un appel commun entre la Convergence nationale Services publics et la Coordination nationale des lieux de culture occupés a entraîné une conférence de presse nationale pour présenter les dizaines de manifestations prévues le 22 mai demandant une année « blanche » pour l’assurance-chômage et l’abrogation du décret du 30 mars (avec un recours auprès du Conseil d’État qui sera déposé le 21 mai) ainsi que des nouveaux droits sociaux et la défense de la sécurité sociale. Un autre partenariat a été scellé entre la Convergence et le journal L’Humanité.

Le Conseil d’administration de la Convergence a également, mis en discussion une initiative de la Convergence, de ses collectifs et de ses partenaires fin septembre ou début octobre aux fins de mobiliser, d’abord contre le PLFSS, puis durant l’année 2021 et 2022 jusqu’au 24 avril 2022, 75ème anniversaire des premières élections de la Sécurité sociale.

La Convergence appelle donc les assurés sociaux à créer des collectifs locaux de la Convergence et de s’y rassembler et assurer une forte mobilisation pour une refondation solidaire de la Sécurité Sociale dont notre pays a fort besoin. Dit autrement, la Convergence souhaite engager avec le plus grand nombre la problématique suivante : « Quel plan de reconquête de la Sécurité sociale ? » en reposant les questions écartées par le capitalisme néolibéral à savoir la satisfaction des besoins de santé de toute la population, la démocratie et le financement nécessaire.

Médias
Rubriques :
  • Médias
  • lettre 972
  • Respublica le média

Le rôle de ReSPUBLICA dans la séquence politique actuelle

A propos du devenir du Chili

par ReSPUBLICA

 

Le site « Arguments pour la lutte sociale »  a partagé la Une de notre correspondant en Amérique latine, Lucho, sur l’élection de la Constituante au Chili avec la réserve suivante : l’article aurait la faiblesse « de ne pas avancer sur les moyens de se débarrasser des institutions post-Pinochet ».

D’abord, nous considérons cet échange comme une discussion au sein du peuple et nous remercions ce site de l’avoir engagé. Cela nous change des discours de haine politique à gauche qui sont souvent chez leurs auteurs une compensation de leur échec politique.
En plus, cela va nous permettre de préciser le rôle que nous assignons au journal ReSPUBLICA aux côtés des deux autres outils de notre Réseau que sont notre centre de ressources, le Réseau Education Populaire (REP), et notre appel « Combat laïque-Combat social, fédérer le peuple ».
D’abord, nous avons choisi de nous adresser avec ReSPUBLICA à plusieurs milliers de têtes de réseaux politiques, syndicaux et associatifs sur une diffusion hebdomadaire à plus de 25.000 abonnés. Nous le faisons car nous avons pris acte des reculs des conquis démocratiques, sociaux et laïques notamment dans la séquence 1957-59, en 1967 et de façon continue de 1983 à nos jours. Malgré l’intensification des politiques anti-démocratiques, anti-sociales et anti-laïques, les directions des organisations politiques et syndicales liées aux travailleurs n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Il s’agit donc pour nous de prendre le chemin de la reconquête de nouveaux droits démocratiques, laïques et sociaux, en y ajoutant aujourd’hui la nécessaire transition énergétique et écologique et la non moins nécessaire transition vers une socialisation progressive des entreprises.
Insérés dans les mouvements sociaux et leurs organisations, nous pensons que la séquence actuelle nécessite un travail en réseau pour mener la bataille, pour recréer des liens sociaux et politiques avec la classe populaire ouvrière et employée et pour une nouvelle hégémonie culturelle dans les organisations, dans les mouvements sociaux, dans le peuple. Nouvelle hégémonie culturelle visant à permettre les séquences suivantes : celle d’un nouveau bloc historique autour de la classe populaire ouvrière et employée, celle de la centralisation des luttes syndicales et politiques, celle du développement des principes républicains, celle des ruptures nécessaires et assumées, celle des exigences indispensables à la stratégie de l’évolution révolutionnaire.
Pour revenir à la séquence actuelle, le rôle de notre journal ResPUBLICA est d’abord d’informer face à la désinformation des médias dominants, Informer, c’est pour nous transmettre une analyse du réel dans une perspective socio-historique sans laquelle nous ne pouvons pas cheminer vers l’idéal. C’est très exactement ce que Lucho et Luis ont fait dans l’article partagé cité en début de ce texte.
Ce qui ne nous empêche pas d’être d’accord sur le fait qu’il faille également « aborder la marche vers un autre monde, une autre société ».
Mais qui doit faire ce type de proposition ? Pour nous, c’est l’organisation nationale ou les organisations nationales qui centralisent les luttes dans le pays considéré. Avec bien sûr, la possibilité et même la nécessité de pouvoir en discuter avec eux de façon internationaliste mais jamais de façon supranationaliste (1)N’oublions pas l’histoire des Internationales. Les deux dernières Internationales n’ont pas brillé lorsqu’elles ont voulu être des Supranationales. C’est un autre débat qui mériterait d’être mené. Lucho et Luis nous ont permis de comprendre le réel. Si nous arrivons à avoir un débat internationaliste avec les organisations correspondantes, nous serons prêts à en rendre compte.
Step by step (Une marche après l’autre), disent nos amis anglais.

Notes de bas de page

1 N’oublions pas l’histoire des Internationales. Les deux dernières Internationales n’ont pas brillé lorsqu’elles ont voulu être des Supranationales. C’est un autre débat qui mériterait d’être mené


Si vous ne souhaitez plus recevoir cette lettre, désinscrivez-vous en cliquant ici.

ReSPUBLICA, le journal de la gauche républicaine est édité par l'association :
"Les Amis de ReSPUBLICA"
27, rue de la Réunion
75020 PARIS
Courriel : respublica@gaucherepublicaine.org
Site: gaucherepublicaine.org