Trois phases se sont succédées concernant la branche famille de la Sécu. Pendant longtemps, la branche famille1 de la Sécurité sociale a suivi un axe progressiste dans la lignée du programme du Conseil national de la Résistance. Puis, après la mise sous tutelle du gouvernement français par le mouvement réformateur néolibéral, les néolibéraux ont géré la branche famille de la Sécurité sociale principalement avec le lobby catholique. Dans la dernière phase, le mouvement réformateur néolibéral, souhaitant rompre, d’une part avec l’universalité des prestations (là ou elles existaient) et d’autre part avec un financement par la cotisation sociale liée à l’instauration d’un droit social conquis grâce au programme du Conseil national de la Résistance, transforme petit à petit la branche famille de la Sécurité sociale « en auxiliaire de l’État en matière de lutte contre la pauvreté au détriment d’une politique familiale inclusive à destination de l’ensemble des familles » selon l’analyse d’Olivier Nobile2. Pire, « une telle politique comporte un risque considérable en termes de délitement de la cohésion sociale entre l’ensemble de familles et préfigure le souhait du Président Macron d’étendre cette politique à d’autres pans essentiels de la protection sociale (Assurance maladie en particulier) ».
Le fait que la branche famille de la Sécurité sociale présente un excédent structurel montre bien que les raisons qui poussent le mouvement réformateur néolibéral n’ont rien à voir avec un déficit qui n’existe pas mais bien d’une politique délibérée visant à supprimer un à un tous les conquis sociaux précédents. Nous sommes bien là dans une politique de lutte de classe visant à terme à baisser la masse des salaires directs et socialisés (surexploitation) comme moyen d’augmenter les taux de profits que l’oligarchie capitaliste n’arrive plus à obtenir dans l’économie réelle.
Tout cela est promu avec un habillage visant à augmenter certaines prestations aux familles les plus pauvres et notamment aux familles monoparentales sous le seuil de pauvreté3. Mais entre ce que l’on retire aux uns et ce que l’on rajoute aux autres, il y a la proportion d’un éléphant et d ‘une alouette ! Cela rappelle les ordonnances travail XXL du président Macron qui augmente l’indemnité du licenciement légal d’un cinquième du salaire à un quart du salaire mensuel par année d’ancienneté qui correspond aussi à une alouette par rapport aux régressions de type diplodocus!
Quant à la politique de la petite enfance, nous voyons le développement des solutions individuelles face aux solutions collectives largement plébiscitées par les familles4. D’autant que ces solutions collectives (crèches collectives pour les zones urbaines et crèches familiales principalement pour les zones rurales et périurbaines) ont un contenu éducatif, sanitaire et de sûreté pour les parents de bien meilleur niveau que les solutions individuelles (de type assistante maternelle-formée en 5 jours chrono- surtout avec le passage récent à 4 bébés par assistante maternelle. Mais tout ceci est très cohérent avec le développement du modèle politique néolibéral accentué par l’arrivée à la présidence du président Macron5. Alors que la solution de progrès pour la petite enfance appelle à reprendre le chemin de l’augmentation d’un programme de plusieurs centaines de milliers de places de crèches collectives ou familiales avec le déplafonnement de la prestation de service permettant aux collectivités locales de financer le fonctionnement de crèches collectives ou familiales de haut niveau. Le tout articulé avec un grand service public de la petite enfance.
Quant aux prestations logements, la solution de progrès réside, à partir des prestations CNAF actuelles d’arriver à une véritable sécurité sociale du logement incluant le paiement des loyers en cas de longue maladie ou de chômage (sur le modèle des indemnités journalières de l’assurance-maladie) doublé d’un retour massif à l’aide à la pierre avec un programme de construction de plusieurs centaines de milliers de logements sociaux par an.
Article rédigé en utilisant les analyses d’Olivier Nobile.