Pourquoi la stratégie de Syriza est-elle riche d’enseignements ?

Jusqu’ici la stratégie de la douceur pour faire plier Angela Merkel a échoué. François Hollande pensait que sa victoire électorale dans la deuxième économie de la zone euro lui permettrait d’aller quémander un assouplissement de la politique néolibérale à la chancelière allemande. Un mois après son élection, il acceptait le diktat allemand qui refusait de faire payer ses contribuables. De même Matteo Renzi pensait que sa victoire électorale dans la troisième économie de la zone euro lui permettrait d’aller quémander lui aussi un assouplissement de même nature. Il eut droit à un ridicule plan Juncker. Ce matamore accepta le diktat allemand qui refusait une fois de plus de faire payer ses contribuables.

Alexis Tsipras et de Yannis Varoufakis ne pouvait pas tenter une troisième fois d’engager la stratégie de la douceur car l’économie de la Grèce est encore moins forte que celle de la France et de l’Italie. A noter que ce ne sont plus les banques qui sont majoritaires dans la masse des créances grecques, mais les institutions européennes et donc les Etats de la zone euro (1)Sur 320 milliards d’euros de dette publique grecque, 32 milliards sont détenus par le FMI, 141,8 milliards par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et donc par chaque Etat au prorata de son importance, 27,7 milliards par la BCE, 53 milliards par des États européens ayant accordé des prêts bilatéraux. . D’autre part, l’économie grecque est, selon le ministre grec des finances Yannis Varoufakis, « aux abois » car les échéances des remboursements des dettes sont proches (cet été pour la BCE). (suite…)

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Sur 320 milliards d’euros de dette publique grecque, 32 milliards sont détenus par le FMI, 141,8 milliards par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et donc par chaque Etat au prorata de son importance, 27,7 milliards par la BCE, 53 milliards par des États européens ayant accordé des prêts bilatéraux.

Premiers enseignements de la victoire de Syriza en Grèce pour la situation francaise

Après la crise de 2007-2008 qui a envoyé une onde de choc sur le néolibéralisme mondial, la victoire des amis d’Alexis Tsipras est la première secousse importante pour l’ordolibéralisme européen. L’agenda européen est bouleversé. C’est un tournant historique puisque les deux forces néolibérales (droite et parti socialiste) qui ont gouverné la Grèce depuis 40 ans, ensemble ou séparées, sortent éliminées à court terme de la course au pouvoir.
Qui a gagné ? Une coalition de gauche anti-austérité demandant une relance économique, une relance des bas salaires, une lutte efficace contre le chômage, la restructuration forte de la dette.
Un nouveau rapport des forces est constitué qui permet au moins un espoir que ne permettaient pas les politiques néolibérales.
Le peuple grec a fait le constat que les politiques d’austérité augmentaient la dette, le chômage, la misère, la pauvreté.
Cette victoire ne règle pas la situation mais ouvre un processus bloqué par les néolibéraux de droite et de gauche. Il est à noter que comme les premières « aides » ont surtout permis le remboursement aux banques privées à but lucratif pour les actionnaires, aujourd’hui la grande majorité des créances grecques sont auprès des institutions européennes, ce qui va rendre le rapport de forces d’autant plus violent.

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Syriza, la conscience de la Grèce

Après la percée de Syriza, la coalition de la gauche radicale, aux dernières élections législatives grecques (voir notre analyse sur les résultats des élections en Grèce), nous voilà repartis comme prévu pour de nouvelles élections en juin 2012. Nous avons montré dans cet autre article que la gauche de gauche (celle qui est en rupture avec les politiques néolibérales, c’est-à-dire Syriza et KKE) pouvait déjà « empocher » le bonus de 50 députés donné à celui arrivé en tête de la consultation, à la place de la droite néolibérale (ND, Nouvelle démocratie), soit un écart de 100 députés entre les deux lignes contradictoires au profit de la gauche de gauche. Mais le KKE (parti communiste néo-stalinien), qui ne veut s’allier avec personne, a permis que ce bonus aille à la droite néolibérale. Il reste donc au peuple grec à donner à Syriza les 3 % supplémentaires lui permettant d’« empocher » seule le bonus du premier parti. Ce n’est pas insurmontable. (suite…)