La revue l’Histoire (n° de mai) rappelle les circonstances de l’entrée du « peuple souverain » sur la scène politique avec la Révolution française, quelques distinctions utiles entre le peuple abstrait et le peuple concret, son inscription définitive comme communauté morale et entité politique dans la République et dans tout système politique démocratique.
Au moment où dans un contexte de crise inégalée depuis des décennies,  certains feignent de s’inquiéter de séquestrations de dirigeants d’entreprise ou  du saccage de bureaux d’une sous-préfecture, il faut peut-être revenir sur  quelques évidences.
Les luttes sociales ne peuvent être dépourvues de  violence que si les acteurs en cause ont le sentiment d’une appartenance réelle  à une communauté d’intérêts, représentative de l’intérêt général.
Pêcheurs et  agriculteurs montrent assez souvent l’abîme qui sépare quelques technocrates de  la vie concrète et les formes d’action utilisées par ces catégories ne sont pas  moins brutales que celles reprochées aux salariés qui constatent à la fois la  casse de leur outil de travail, l’absence de protection juridique suffisante  face à des pratiques patronales abusives et la complaisance des pouvoirs publics  face à ces pratiques.
La mise en pièce du droit du travail par les majorités  de 1995, 2002 et 2007, l’abondance de dégrèvements fiscaux, les milliards  remboursés aux entreprises (11, 4 milliards d’euros au 1er trimestre), les  délais de paiement pour régler les dettes sociales ou fiscales à l’Etat ou aux  Urssaf, les licenciements d’aubaine ne sont pas des réponses à la crise.
Les  entreprises demandent des aides aux collectivités territoriales mais le Medef  refuse tout nouvel impôt pour remplacer la taxe professionnelle.
Provocation  supplémentaire ? Même pas ! Certains confondent depuis longtemps le mérite, le  hasard de la naissance et le simple fonctionnement du système  capitaliste !
Alors quand Sarkozy propose une 18 ème loi sécuritaire, oui  depuis 2002, 17 ont été votées, on sait que la sagesse n’est pas près d’arriver  dans le débat public.
Se moquer du monde, tout en rognant l’espace  démocratique, n’est pas la voie pour sortir de la crise.
Le caractère  aggravant de l’action en bande est dans le Code pénal. Veut-on revenir à la loi  anti-casseurs de 1970 ? On sait à quoi elle a servi.
Quant à l’interdiction  du port de la cagoule, nul doute que cela effraie les vrais casseurs, les  gangsters chevronnés ou les prédateurs en col blanc qui ont ruiné la  planète!
