Avec la loi et le décret Peillon et l’acte III de la décentralisation, vers où allons-nous ?

Tristan Béal a présenté les 5 raisons de la grève massive du 12 février 2013 dans un précédent numéro (1)Article bien repris dans Libération. Essayons de voir vers où nous allons avec ce gouvernement. Car derrière la nécessité de modifier les rythmes scolaires, nous vivons là une nouvelle attaque contre les principes républicains de l’école.

De ce point de vue, l’école devrait être un lieu d’enseignement qui  regroupe enseignants et élèves protégés des intrusions des organisations et des dogmes de la société civile mais aussi des collectivités locales et de l’État. Hollande, Ayrault et Peillon permettent aujourd’hui aux collectivités locales et donc aux maires de s’inviter dans l’école en prenant en charge une partie du temps des enfants (qui là ne sont plus des élèves !) par des non-enseignants. La brèche est alors ouverte à la privatisation de l’école une fois que les collectivités locales sous-traiteront ce temps périscolaire à des structures privées ou associatives de toutes natures.
Sur les nouveaux cadeaux consentis aux écoles privées confessionnelles dans le cadre de la politique Peillon, nous vous invitons à lire l’article de notre ami Eddy Khaldi.

Voilà pourquoi nous militons pour une refondation républicaine de l’école qui redonnerait force et vigueur au serment de Vincennes de 1960 où 11 millions de citoyens appelaient à revenir au principe des « fonds publics uniquement pour l’école publique »?  Il faut donc abroger toutes les lois de financement public des écoles privées, de la loi Debré à la loi Carle, qui forment un dualisme scolaire où les écoles privées confessionnelles sont obligatoirement financées par tous les ménages y compris par ceux qui sont hostiles au financement public des écoles privées.

Mais croyez-vous que le gouvernement va s’arrêter là ? Que nenni ! Le gouvernement socialiste prévoit dans l’acte III de la décentralisation de soumettre l’orientation scolaire aux besoins des entreprises locales…
Les centres d’information et d’orientation (CIO), les centres de formation des apprentis, seraient décentralisés vers les conseils régionaux qui devront, d’après la loi, élaborer « en fonction des besoins locaux » (sous-entendu des entreprises) des « contrats d’objectifs et de moyens » avec les académies.

Tout cela se fait sous l’inspiration du président (Europe Écologie) de la commission jeunesse de l’Association des régions de France (ARF) qui n’est autre que le vice-président du Conseil régional Rhône-Alpes, Philippe Meirieu.
Ce n’est pas pour nous un inconnu : ancien bras droit du ministre Claude Allègre au ministère de l’Education nationale, il organisait hier au ministère la triple attaque contre les principes de l’école émancipatrice par les politiques néolibérales (contre les principes républicains), communautaristes (contre la laïcité) et pédagogiques (contre la liberté pédagogique des enseignants) ; aujourd’hui, il continue via l’acte III de la décentralisation à la soumission de l’école à l’économie locale via le nouveau « guichet unique ». La porte est ouverte à terme, sous prétexte d’économies budgétaires, à la fusion de ce guichet unique avec Pôle emploi et les missions locales. Le Medef le rêvait, les politiques néolibéraux leur servent cela sur un plateau !

Notes de bas de page

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1 Article bien repris dans Libération