« Le Temps des ouvriers » : une série documentaire Arte à ne pas manquer !

Disponible gratuitement sur le site d’Arte ainsi que sur la plateforme Youtube (pour ceux qui auraient un débit plus limité) jusqu’à la fin du mois de juin, le documentaire « Le temps des ouvriers » réalisé par Stan Neumann est un très bel outil d’éducation populaire sur l’histoire ouvrière.


La série est organisée chronologiquement et comporte quatre volets, d’une durée d’une heure chacun environ : « le temps de l’usine (1700-1820) », « le temps des barricades 1820-1890 », « le temps à la chaîne (1880-1935) » et « le temps de la destruction (1936 à nos jours) ». La réalisation impeccable alterne entretiens avec des historiens, des ouvriers ou des philosophes et animations explicatives qui permettent de mieux comprendre certains concepts ou évolutions économiques, le tout avec une voix off confiée à Bernard Lavilliers. Le documentaire permet aussi de découvrir de nombreux documents d’archives très précieux (photographies, journaux ouvriers, cahiers revendicatifs) qui donnent corps à ces travailleurs qui bien souvent n’ont guère pu laisser de trace et qui permettent au spectateur de se rapprocher des protagonistes de l’histoire.
En effet, un aspect très émouvant de la série est sa dimension humaine : elle intègre le vécu et le ressenti des ouvriers, en particulier la question du temps que l’usine confisque à ces ouvriers, mais aussi des anecdotes amusantes qui constituaient le quotidien de ces hommes et femmes. Dans le même esprit, le film est rythmé par plusieurs chansons ouvrières en référence à des événements historiques, certaines forcément moins connues puisqu’en langues étrangères. Le documentaire, réalisé sous les conseils de Xavier Vigna (historien français auteur d’une somme sur les ouvriers français), s’efforce en effet de proposer une histoire ouvrière d’un point de vue européen. Il revient ainsi dans le premier épisode sur la naissance de la condition ouvrière avec l’apparition des fabriques (factories) en Angleterre et le phénomène d’enclosure qui a poussé les paysans hors des campagnes vers les usines et la révolte luddite qui s’en suivit.
Le documentaire passe ensuite par les passages obligés (la Commune, le taylorisme, la grève de 1936, la Guerre civile espagnole, Solidarnosc), mais fait aussi des détours, comme par exemple en Italie où les ouvriers donnaient des prénoms hors du calendrier chrétien (comme Communardo) pour affirmer une certaine liberté. Autre pratique ouvrière moins connue mise en lumière par le deuxième volet, la “perruque”, qui est un objet réalisé par l’ouvrier pour son propre profit, présentée par Robert Kosman (ancien ouvrier de Renault et syndicaliste).
Bref, que l’on soit friand d’histoire ouvrière ou complètement néophyte, ce documentaire est une très belle synthèse qui mérite absolument d’être vue !