L’affrontement social contre la politique de Macron, c’est pour demain

Si l’on en croit les documents que Médiapart s’est procurés, la loi El Khomri II (sans Madame El Khomri), cela démarre ce mois-ci avant la fin des législatives :

14 juin : projet de loi d’habilitation envoyé au Conseil d’État
28 juin : projet de loi présenté au Conseil des ministres
24 au 28 juillet : vote à l’Assemblée nationale
avant le 28 août : envoi des ordonnances au Conseil d’État
20 septembre : adoption du paquet d’ordonnances

La loi Macron-El Khomri I est passée par le 49-3 anti-démocratique, la loi Macron-El Khomri II est prévue par le processus anti-démocratique des ordonnances, c’est-à-dire sans débat parlementaire sur le fond du sujet car le débat n’aura lieu que sur la loi d’habilitation mais pas sur le contenu réel des ordonnances elles-mêmes. Le nouveau président veut ainsi éviter la possibilité de riposte immédiate des salariés et de leurs organisations syndicales revendicatives. Pour cela, il souhaite « boucler » le processus avant l’automne.
Toujours la même stratégie de la « grenouille chauffée » : les politiques d’austérité néolibérales se suivent par « tranches de saucisson » sans que soit présenté explicitement le projet global. Ainsi se suivent les actions du mouvement réformateur néolibéral sur les retraites, sur les lois travail, sur le financement de la protection sociale, sur les services publics, sur l’école, sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes, etc.
Nous ne connaissons pas encore le futur contenu des ordonnances mais nous savons déjà que la ligne directrice sera d’augmenter fortement le degré de soumission des salariés aux décisions du patronat pour que ce dernier puisse bénéficier rapidement de la loi Macron-El-Khomri I.
Est-ce que le mouvement syndical revendicatif sera capable d’engager la première épreuve des forces dès septembre 2017 ?
Est-ce qu’une union des forces sociales (syndicales, associatives et politiques) pourra, parallèlement aux luttes sociales animées par le mouvement syndical revendicatif, développer un processus d’éducation populaire refondée (avec de plusieurs centaines d’initiatives publiques), du même type que le processus utilisé par la grande Attac pour préparer le Non au traité constitutionnel européen du 29 mai 2005 ?
Voilà les questions auxquelles le peuple mobilisé doit répondre !

Mais comme nous devons tenir compte des faiblesses du mouvement social par le passé, il conviendra, nous semble-t-il, en plus des deux axes de la mobilisation présentés ci-dessus, de mettre en discussion dans les débats non pas les programmes politiques des uns et des autres mais la question du modèle politique alternatif (avec ses principes constitutifs, ses ruptures nécessaires, ses exigences indispensables et sa stratégie) qui peut répondre aux besoins des citoyens, des travailleurs et de leurs familles. Car c’est bien ce qui a manqué pour poursuivre sur la victoire du non au TCE après le 29 mai 2005. Cela éviterait de réitérer les méthodes du vieux monde avec les actions en cartel non démocratique d’organisations où les débats centraux sont écartés par les dirigeants du cartel au nom de cette idée nauséabonde qui est l’une des causes du déclin de l’altermondialisme, à savoir « qu’on ne discute plus de ce qui divise même si c’est très important » et qu’on ne discute que sur ce qui fait déjà consensus.
Oui, on a le droit de changer de stratégie et de méthodes de travail au vu des résultats culturels, sociaux et politiques qu’ont produits la stratégie et les méthodes de travail employées par le passé. Oui, il faut développer la critique de l’économie politique, la critique des priorités culturelles et politiques passées, la critique des séquences politiques passées. Notre journal ReSPUBLICA associé au Réseau Education Populaire (REP) s’efforcera de répondre aux sollicitations qui naîtront ici et là dans le mouvement social et politique.
Non, il n’y a pas de fatalité à voir que l’extrême droite se développe plus vite et plus fort que la gauche critique en période de crise. A condition de ne pas attendre la prochaine présidentielle pour « faire barrage à l’extrême droite » et d’être capable de se remettre en question quand on n’a pas le soutien populaire suffisant. C’est tout de suite qu’il faut porter le fer contre la cause centrale du développement de l’extrême droite, à savoir les politiques néolibérales rendues obligatoires par le capitalisme lui-même pour lutter contre sa crise du capital et donc du profit.
N’hésitez plus à nous écrire, à nous téléphoner, à nous inviter en débat ouvert, en formation, etc.
Hasta la victoria siempre !